Louis XIV et la politique religieuse
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Louis XIV et la politique religieuse
Louis XIV et la politique religieuse Louis XIV avait compris l'importance de la gloire chrétienne et de l'obéissance religieuse pour son métier de roi. L'absolutisme repose clairement sur une monarchie de droit divin, fortement théorisée par Bossuet dans sa Politique tirée de l'Écriture sainte. Soucieux de défendre l'unité de foi de son royaume, attentif à préserver son autorité sur l'Église de France, Louis XIV n'hésite pas à s'opposer à la papauté, ni à lutter contre jansénistes et protestants. Contre le jansénisme L'association étroite entre l'Église et l'État fait de toute "hérésie" une dissidence séditieuse. Le roi est hostile aux jansénistes dont le loyalisme et "l'esprit de nouveauté" lui paraissent suspects. Les jansénistes suivent la doctrine de l'évêque Jansénius et avaient l’un de leurs principaux centres à Port-Royal-des-Champs, un couvent qui sera détruit. Pour réduire ces catholiques austères et pessimistes à l'obéissance, le Conseil du roi exige en avril 1661 la signature par les prêtres, les religieux et les religieuses d'un formulaire désavouant la doctrine janséniste. Ensuite Louis XIV obtiendra du pape une condamnation du jansénisme (bulle Unigenitus, 1713) qui suscitera aussitôt une vive opposition en France.. La querelle, qui n'est pas éteinte à la mort du roi, agitera encore les esprits au XVIIIe siècle. Les protestants Les protestants ont également à souffrir de l'autoritarisme de Louis le Grand. La période 1661-1679 voit l'application restrictive de l'édit de Nantes. Cependant, la multiplication des tracasseries et des vexations ne ramène au catholicisme que quelques milliers de convertis. De 1679 à octobre 1685, quand est signé l'édit de Fontainebleau (qui révoque celui de Nantes), la politique de Louis XIV se durcit. En vérité, le roi a besoin d'apparaître comme le champion du catholicisme à l'heure où l'empereur Léopold Ier vient de défaire les Turcs assiégeant Vienne (1683), ce qui lui a procuré un immense prestige en Europe. En outre, depuis la guerre de Hollande, Louis se heurte à la coalition des puissances protestantes (Angleterre, Provinces-Unies), traditionnels soutiens des huguenots français. Enfin, Colbert, partisan de la tolérance, car il connaît le poids des réformés dans l'économie du royaume, meurt en 1683. Il laisse le champ libre au clan Le Tellier-Louvois, adepte de la manière forte. Progressivement vidée de toute substance par les interdits, la "république protestante" succombe aux dragonnades, lancées en 1680 dans le Sud-Ouest, qui provoquent des centaines de milliers de conversions forcées. La révocation de l'édit de Nantes, en 1685, fait perdre au royaume environ 200 000 réformés: ils partent enrichir l'Europe protestante. Le "refuge huguenot" de Hollande contribue à la diffusion d'une virulente propagande hostile à Louis XIV. En outre, sur le plan diplomatique, la France s'aliène les puissances protestantes, sans être certaine du ralliement des catholiques – compte tenu de sa politique expansionniste. La résistance passive des "nouveaux convertis" montrent que le fait protestant est irréductible. Il faudra attendre 1787 pour que revienne la tolérance. Louis XIV, roi guerrier "J'ai trop aimé la guerre", avoue le roi sur son lit de mort. De 1661 à 1715, on compte seulement vingt-trois années de paix, pour trente et une années de guerres. La véritable motivation du roi (au-delà du renforcement des frontières du royaume, de la défense du catholicisme, voire de la lutte contre les ambitions espagnoles) est la volonté d'affirmer et d'accroître la suprématie française en Europe. Louis le Grand se croit et se veut le monarque le plus puissant de la Terre, comme le proclame sa devise: Nec pluribus impar ("Non inégal à plusieurs"). Le roi a le goût des armes: il aime passer en revue ses troupes, n'hésite pas à paraître à la tête de ses armées – comme lors des sièges de la guerre de Dévolution. Il bénéficie du concours de ministres, de chefs militaires et d'ingénieurs brillants, du moins dans la première partie de son règne. Turenne, conseiller écouté jusqu'à sa mort, en 1675, et le Grand Condé, qui disparaît en 1686, sont deux des plus grands hommes de guerre de l'époque. La réorganisation des troupes, sous l'égide de Le Tellier puis de son fils Louvois, donne à Louis XIV la première armée européenne, les moyens militaires de sa volonté de gloire: les effectifs augmentent rapidement, passant de 72 000 hommes en 1667 à plus de 200 000 en 1680; la discipline est renforcée, l'entretien des soldats amélioré (magasins de vivres pour éviter les pillages; construction d'hôpitaux militaires; hôtel des Invalides créé en 1674), l'armement modernisé (généralisation du fusil et de la baïonnette, grenades), l'artillerie devient un corps spécialisé. En 1672, Vauban, commissaire général aux fortifications, est mis à la tête du Génie. En quarante ans, il dirige avec succès une cinquantaine de sièges et fortifie sur le pourtour du royaume près de 300 places. "Ville assiégée par Vauban, ville prise; ville fortifiée par Vauban, ville imprenable", disait-on alors. Enfin, même s'il n'a guère le pied marin, le roi soutient Colbert et son fils Seignelay dans leurs efforts pour donner au royaume une marine capable de rivaliser avec les Hollandais et les Anglais.