Haro sur le travail au noir - Fiduciaire Michel Favre SA
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Haro sur le travail au noir - Fiduciaire Michel Favre SA
F I C H E P R AT I Q U E À NOTER FISCALITÉ 61 Pour en savoir plus: Haro sur le travail au noir Département fédéral des finances. www.dff.admin.ch Un projet de loi adopté par les deux Chambres pourrait entrer en vigueur en même temps que le nouveau certificat de salaire. NICOLAS REICHEN ET PASCAL FAVRE / Fiduciaire Michel Favre S elon le Conseil fédéral, la lutte en matière de travail au noir n’est pas assurée de manière coordonnée et pragmatique. Par le projet de loi, celui-ci souhaite mettre en place une série de mesures garantissant une prévention et surtout une répression des cas de travail au noir. QUELQUES CHANGEMENTS Des ALLÉGEMENTS ADMINISTRATIFS dans les assurances sociales, devant faciliter la procédure d’annonce dans le cadre d’activités économiques de portée limitée (travaux domestiques, activités occasionnelles ou très limitées). En établissant un formulaire unique destiné à la Caisse de compensation AVS, par exemple, l’employeur remplira son devoir envers toutes les assurances sociales. Le paiement des cotisations sociales n’interviendra qu’une fois par an. On relèvera une nouveauté très importante: l’employeur prélèvera un impôt à la source qui libérera le travailleur de toute obligation fiscale ultérieure, quel que soit le lieu de domicile du travailleur. L’impôt est versé ensuite à la Caisse de compensation AVS, qui est chargée de le transférer à l’autorité fiscale. La fixation du taux des impôts cantonaux est de la compétence des cantons. L’OBLIGATION POUR LES CANTONS de désigner un service cantonal ou une commission cantonale de contrôle, avec possibi- lité d’intégrer les partenaires sociaux dans le dispositif mis en place et un accroissement des compétences de ces organes de contrôle. UNE MISE EN RÉSEAU des données administratives et un devoir de communication des résultats des contrôles d’employeurs. UN RENFORCEMENT DES SANCTIONS dans le domaine du droit des étrangers et des assurances sociales ainsi que la création d’une nouvelle sanction consistant en une possibilité d’exclusion des procédures d’adjudication de marchés publics. Le projet de loi mise avant tout à assurer une lutte coordonnée et pragmatique contre le travail au noir. COORDINATION. Concrètement, la mise en place, pour chaque canton, d’une unité administrative ou d’une commission de contrôle a pour effet de coordonner la répression et la recherche des cas de travail au noir. Les compétences de l’institution cantonale l’autoriseront notamment à pénétrer à tout moment les locaux des entreprises faisant l’objet d’une enquête, à exiger tous les renseignements nécessaires à l’accomplissement de ses tâches, à vérifier l’identité des travailleurs, ainsi que leurs éven- tuels titres de séjour ou de travail. Elle peut requérir l’aide de la police. Et une obligation incombera aux personnes contrôlées de fournir les documents et les renseignements demandés. Le projet prévoit la collaboration d’autorités cantonales et fédérales en matière d’inspection du travail, d’assurances sociales, de police, d’asile, de fiscalité et d’état civil, entre autres. Ainsi, les informations circuleront obligatoirement entre les administrations dès que l’une d’elles découvre un cas de travail au noir. Les répercussions sur les sociétés qui emploieraient des travailleurs au noir sont évidentes, notamment en matières sociale et fiscale. Il est à relever que la définition du travail au noir est très large selon le projet de loi. L’article 2 énonce, comme constitutif de travail au noir, les cas de tâches accomplies par des employés en violation d’une convention collective de travail – notamment durant leur temps libre – ou encore les travaux exécutés par des employés qui n’en déclareraient pas le salaire aux autorités fiscales. D’autre part, il est prévu que l’organe cantonal de contrôle sur le travail au noir peut informer les autorités en matière de TVA lorsque ses contrôles laissent présumer une infraction à la loi y relative. Ces échanges d’informations ont pour but de découvrir et de sanctionner le plus possible de situations illégales. RÉPRESSION. En cas de violation des dispositions ad hoc, l’employeur risque une condamna- tion d’ordre pénal, soit les arrêts ou une amende, sous réserve de la violation d’une disposition du Code pénal, entraînant l’application de la sanction correspondante. Le projet de nouvelle loi fédérale sur les étrangers prévoit des peines pour un employeur occupant de la main-d’œuvre de façon illégale en fixant l’amende maximale à 500 000 francs et une peine maximale d’emprisonnement d’un an. La sanction est portée à un million de francs d’amende et à trois ans d’emprisonnement en cas de récidive. Dans la loi sur l’assurance chômage, l’amende maximale est portée de 20 000 à 30 000 francs et un employeur qui aurait encaissé des prestations pourrait se voir condamné à rembourser un montant allant jusqu’au double de ceux indûment perçus. Il faut relever enfin que, du point de vue la loi sur l’AVS, l’employeur qui ne déclare pas un travailleur peut se voir condamné à payer, outre la cotisation normale, une pénalité administrative de 50% de la cotisation éludée ou de 100% de cette cotisation en cas de récidive. Et les frais occasionnés par un contrôle ayant mis au jour un cas de travail au noir peuvent être mis à la charge de l’employeur. La date d’entrée en vigueur de cette nouvelle loi n’est pas encore fixée, mais il s’agira probablement de fin 2006 ou début 2007. Soit probablement à un moment proche de celui de l’entrée en vigueur du nouveau certificat de salaire. PME PME Magazine / décembre 2005