La drôlesse de Jacques Doillon – France – 1979 1h30

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La drôlesse de Jacques Doillon – France – 1979 1h30
La drôlesse
de Jacques Doillon – France – 1979
1h30 - Couleurs
Un dossier réalisé par l'espace Histoire-Image de la médiathèque de Pessac
dans le cadre des Ciné-Mémoires du Pôle régional d'éducation artistique
et de formation au cinéma et à l'audiovisuel (Aquitaine)
Scénario : Jacques Doillon; Denis Ferraris (collaboration)
Production : La Guéville, Lola Films
Producteurs délégués : Danièle Delorme, Yves Robert
Directeur photographie : Philippe Rousselot
Ingénieur du son : Michel Kharat
Décors : Jean-Denis Robert
Costumes : Michèle Cheminal-Teran
Assistant réalisateur : Dominique Besnehard
Casting : Guy Chalaud
Montage : laurent Quaglio ; Marie Robert (assist.)
Lieu et date de tournage : Normandie-automne 1978
Sortie à Paris: 23 mai 1979
Interprétation
Claude Hébert... François
Madeleine Desdevises... Mado
Paulette Lahaye... mère de Mado
Juliette Le Cauchois... mère de François
Fernand Decaen... le beau-père
Janine Huet... la soeur
Odette Maestrini... l'épicière
Ginette Mazure... la photographe
Denise Garnier... secrétaire de marie
Norbert Delozier... le beau-frère
Marie Sanson... la vieille dame
Edouard Besnehard... le boulanger
Festival de Cannes 1979 – Prix du jeune cinéma
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Résumé
François est un jeune homme rejeté de tous traversant une vie de grande solitude. La
vente des cageots et de bouteilles vides lui permet de survivre. Le reste de la journée, il
parcourt la campagne sur sa vieille mobylette. Il croise sur la route, Mado, une
adolescente de 11 ans qui mène une existence misérable avec sa mère brutale. Il
l'enlève et l'entraîne dans le grenier de la ferme appartenant à ses parents, où il vit
reclus et exclu. Au début, Mado a peur, mais au fil des jours, une relation d'amitié
commence à naître. Eux qui ne communiquent que par murmures, pour ne pas être
découverts, se rapprochent de plus en plus. Ces deux laissés pour compte vont mêler
leur solitude et, dans ce nid improvisé, chacun va tenter de donner à l'autre un peu de
son immense amour. Dans ce couple étrange, évidemment platonique, c'est Mado qui
impose son autorité, organisant la vie du "foyer" en dépit des efforts que fait François
pour paraître le "chef de la famille". Un jour, elle le ridiculise parce qu'il refuse de lui
faire un enfant : il l'abandonne dans la campagne et revient la chercher parce qu'il ne
peut se passer d'elle. Menacé d'emprisonnement parce qu'il n'a pas payé l'assurance de
sa mobylette, François est obligé de relâcher Mado. Il la reverra le jour de la
reconstitution de l'enlèvement par la police.
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Bio-filmographie
Jacques Doillon
Cinéaste et scénariste français, né le 15 mars 1944 à Paris.
Après des débuts difficiles, faits de petits boulots, et ensuite de plusieurs stage de
montage, il réalise ses premiers courts métrages... Il signe son premier long métrage, en
1972, avec L'an 01qui l'amène à collaborer avec le dessinateur Gebé. Le tout jeune
metteur en scène reçoit le concours de deux prestigieux collaborateurs: Jean Rouch et
Alain Resnais qui tournent chacun une séquence. En 1974 vient ensuite Les Doigts dans
la tête, oeuvre personnelle et dégantée, reflet fidèle de son époque, qui lui permet
d'attirer l'attention sur son travail.
Lorsque Maurice Pialat décline l'offre de Claude Berri de tourner Un sac de billes, c'est
François Truffaut qui suggère au producteur d'engager Jacques Doillon pour mettre en
image le best-seller de Joseph Joffo. Après trois ans de silence, il tourne successivement
deux films en 1978: La Femme qui pleure et La Drôlesse. Ce dernier film, tourné en
réaction contre L'obsédé de William Wyler, repart avec le « Prix du jeune cinéma » du
Festival de Cannes 1979 dans lequel il est sélectionné en Compétition officielle. 1981,
La Fille prodigue. En 1984, La Pirate provoque de nombreuses réactions et un accueil
partagé. En 1990, Le Petit Criminel est un succès inattendu, qui attire plus de 650 000
spectateurs dans les salles françaises, ce qui fait le plus gros succès commercial de son
auteur à ce jour.
Jacques Doillon s'affirme de plus en plus comme un merveilleux observateur de l'enfance
et de l'adolescence. La Fille de 15 ans en 1989, Le Jeune Werther en 1992, Ponette en
1996, Trop peu d'amour en 1998, Petits Frères en 1999 ou aussi Carrément à l'Ouest
en 2001 sont dans cette lignée. Ses films suscitent encore souvent débat, que ce soient
les drames de la jalousie ou du désordre des sentiments, ou ceux liés à l'enfance ou à la
famille. Par exemple, le prix d'interprétation accordée à l'actrice Victoire Thivisol, âgée
de quatre ans lors du tournage, pour son interprétation de Ponette, au Festival de
Venise 1996, a catalysé beaucoup de tensions autour de l'oeuvre d'un cinéaste parfois
déroutant mais toujours exigeant. En 2003, Raja avec Pascal Gregory.
A ce jour, Jacques Doillon a de plus en plus de mal à trouver le financement des films,
dont certains sont des oeuvres majeures du cinéma mondial.1
En plus de 25 films, Jacques Doillon a construit une des oeuvres les plus personnelles et
les plus exigeantes du cinéma français.
Alain Bergala in Cahier de notes sur... Ponette, Les enfants du cinéma, Paris
Jacques Doillon appartient à une génération, celle aussi de Garrel et de Eustache, qui
prend naissance dans le cinéma français à un moment très inconfortable et qui a érigé
cet inconfort en morale du cinéma. C'est la génération qui arrive dix à quinze ans après
la Nouvelle Vague, et qui ne seront jamais reconnus comme des fils par ceux qui les ont
précédés, et qui avaient eu, eux, la chance d'arriver au bon âge, au bon moment et au
bon endroit, d'être parfaitement synchrones avec l'après-guerre et le bouleversement
général des valeurs et des modes de vie des années 60. Le seul choix qui leur restait
1 Interview de J. Doillon sur Rue89 http://www.rue89.com/2008/04/01/doillon-aujourdhui-personne-ne-financeraitmes-films
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était de se constituer en fratrie d'enfants délaissés par des pères trop jeunes et trop
soucieux de ne pas vieillir. Ils ont fait le choix d'assumer cet inconfort, plutôt dans la
solitude, jamais constitués en groupe ou en école et essayant, tant bien que mal, de
survivre en faisant malgré tout des films selon leur morale du cinéma.
Jacques Doillon n'a même pas choisi le « confort dans l'inconfort » que donne le statut
d'auteur artiste. La revendication d'un style, surtout radical, protège d'une certaine
façon le cinéaste par un statut d'artiste qui permet à la longue, même aux plus
impatients et aux plus inattentifs de le reconnaître, à tous les sens du terme. Rien de tel
chez Doillon qui n'a jamais cherché à capitaliser quoi que ce soit d'un style qui le
caractériserait positivement comme auteur repérable.
Pour partir à la recherche de ce qui lui importe, Doillon pense que toute forme
déterminée en amont, ou a priori, est un handicap quant à l’émergence de cette
justesse des êtres qu’il recherche. Dans ses films, ni le scénario, ni le cadre, ni la mise
en espace des figures ne doivent oblitérer la recherche à main nue de la vérité dans la
situation interhumaine qui est celle du tournage. Le style sera le résultat de cette
recherche vivante, pas son carcan.
Son travail ne relève en rien de l'improvisation au sens ordinaire du terme. Cette
recherche est un travail sérieux, exigeant, tenace, celui du sculpteur qui revient
modeler jour après jour la glaise qui est sa matière première pour rendre compte de
l'apparence et de l'essence d'un homme ou d'une femme. Doillon écrit minutieusement
ses scénarios et ses dialogues, répète longuement les scènes avec ses comédiens et
tourne souvent plus de vingt prises par plan, mais ce travail se fait dans un climat de
mise en risque et de recherches permanentes, comme si pour lui, toute « l'installation »,
était l'ennemi principal de la sincérité et de la justesse de cette recherche. (...)
Une méthode, même singulière, ne saurait suffire à constituer une série de films en
oeuvre. Si Doillon est un auteur au sens fort du terme, c’est qu’il travaille depuis ses
débuts une question qu’il lui appartenait d’explorer, celle du rapport des sentiments au
corps et au langage. Doillon est depuis trente ans un grand cinéaste de l’exploration des
sentiments.
Alain Bergala in Jacques Doillon, cinéaste aux mains nues2
2 http://www.cinematheque.fr/data/document/doillon.pdf
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QUELQUES PISTES DE PRESENTATION
Jacques Doillon dans Le Monde en mai 1979
« La Drôlesse, c'est parti d'un fait divers qui m'a intéréssé. Je me suis penché
dessus, et je me suis aperçu que la réalité ne me donnait pas grand chose.
Avant : quelqu'un prend un enfant sous son bras. Après : il prend quatre ans
de prison. Ce qui m'a agacé, c'est de ne pas en savoir plus. Je suis allé sur place,
j'ai vu la fille et le garçon, et je me suis trouvé devant des murs. Mais ces murs
mêmes, et l'effort de m'être déplacé, le travail d'enquête, m'ont donné l'élan pour
le film. Dès que l'on se pose devant les silences, devant la difficulté de répondre
à certaines questions, c'est long, angoissant, on y met de soi, sinon ça n'a pas d'intérêt. »
« L'entrée en résistance de deux solitaires »
Dès le début du film, l'indifférence de la mère de Mado pour sa fille est marquée. La
première scène de classe exprime la solitude de la petite-fille quand elle annonce à
haute-voix: « Je n'aime pas ma mère » alors que le reste de la classe rédige un poème
pour la fête des mères. L'image suivante montre Mado allongée dans le lit de sa mère et
dès qu'elle l'entend rentrer, elle quitte les draps pour se réfugier dans son propre lit.
Enfin, on voit Mado grattant le dos de sa mère jusqu'au moment où cette dernière la
rejette sans la moindre intention. Quant à François, il vit dans le grenier de la ferme de
ses parents, rejeté de sa famille, sans ami, il se procure de l'argent pour survivre en
vendant des cartons, de la ferraille ou des champignons.
« Pour la première fois, Mado et François vivent chacun sous le regard bienveillant de
l'autre, au lieu d'être en bute à l'hostilité de leurs proches qui les ont abandonnés et
refusent de les écouter. [...] La dimension ludique n'est pas absente de leurs rapports :
Mado joue à se cacher sous les cartons comme François à la kidnapper, mais la petite
fille assume plus volontiers cette part d'elle même (elle joue au placard à souris, à la
dinette) tandis que le jeune homme vit toujours en fonction du regard hypothétique des
adultes. Leur tendresse se partage elle aussi de manière inégale : plus active et directe,
Mado s'irrite souvent des pudeurs et des reculades de son compagnon.
Maîtres des règles qu'ils ont édictées, les jeunes gens se trouvent ainsi confrontés à leurs
propres désirs. Le choix entre la dépendance et la liberté, entre la solitude et la vie à
deux, les mène à mieux se connaître et à réviser leurs relations avec autrui : « Faut que
tu fasses un effort si tu veux qu'on continue » dit Mado à François à qui elle reproche de
ne pas être marrant et de la gourmander quelque peu parce qu'il croit qu' « il y des fois
où il faut faire le sévère, sinon on est rien du tout. »
[...] François et Mado se sont mis AU SECRET, protégés par des rituels (celui de la ficelle
à passer dans le trou afin de se faire ouvrir : comme pour montrer patte blanche) contre
l'horreur extérieure où l'ogre (en fait le beau-père) enlèverait les petites filles pour les
tuer! Pour faire front ils recomposent toute une famille à deux, chacun étant à la fois le
conjoint et le parent de l'autre : elle veut l'appeler papa mais se conduit en épouse; il la
veille comme s'il était sa mère et chacun devient paradoxalement touchant, lui jusque
dans ses mouvements d'autorité et elle dans son conformisme de femme/fille au foyer
compensé par le sentiment qu'elle a, elle aussi, un véritable pouvoir sur lui. Pour Mado
cet enlèvement constitue donc à la fois un jeu, une nouvelle vie et l'expérience de
rapports humains avec quelqu'un qui veut la protéger mais dont la fragilité l'amène aussi
à devoir s'en occuper. Aussi le grenier est-il davantage son refuge que sa prison car c'est
la société des adultes qui est le vrai ennemi. » 3
3 Prédal René, Jacques Doillon, trafic et topologie des sentiments, « La Drôlesse ou l'entrée en résistance de deux
solitaires ».
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L'adolescent et la famille
« Les enfants et les adolescents dans les films de Doillon ne demandent pas la lune.
Leurs attentes sont les plus simples du monde et même, dirons-nous, les plus
traditionnelles. Ils ne vont pas contre la société, contre ses valeurs et ses diktats, mais
cherchent tout simplement à creuser leur trou et à s'insérer. L'enfant et l'adolescent ne
cherchent pas à chambouler le monde, à mettre à mal les habitudes de pensée au nom
d'un désir supérieur issu des rêves de cerveaux purs et non encore déformés par les
codes et les lois qu'impose la société à l'individu. L'enfant ne demande qu'une chose :
l'amour, la sécurité, le gîte et le couvert.
Mais si cette idée de la famille, au sens le plus traditionnel qui soit, est présent chez
Doillon, c'est que la plupart de ces jeunes grandissent dans des milieux en ruines, en
lambeaux. Le foyer et l'amour de "papa-maman" ne leur sont pas donnés. Ils ne peuvent
s'y raccrocher et se projeter dans le monde en prenant appui sur cette base solide.
Dans La Drôlesse, la façon dont le jeune homme clame haut et fort qu'il n'est ni
paresseux, ni voleur, montre qu'il ne cherche pas à aller contre ses valeurs et le sens
qu'on leur donne dans la société. Il comprend que la "valeur travail" est au centre des
rapports entre les hommes. Dans cette campagne, dans ce monde rural, le travail est ce
qui définit l'individu : il est ce qui occupe toute son existence. Celui qui travaille peut
espérer vivre en paix, c'est à dire en bonne entente avec ces concitoyens. Mais celui qui
ne travaille pas ou peu sera non seulement rejeté, mais aussi persécuté. La crainte
d'être différent est donc un des facteurs qui poussent ces jeunes à vouloir être comme
les autres. Être différent, c'est être montré du doigt et faire l'objet de menaces pouvant
être verbales et physiques.
Parce qu'ils désirent être comme tout le monde et former des familles lambdas, certains
de ces enfants "jouent à l'école". Dans La Drôlesse ou dans La Vie de famille, les
personnages, vivant une période étrange et en marge du temps de la société, essayent
malgré tout de faire comme si ils étaient identiques aux autres. La façon dont ils voient
l'école et dont ils la reproduisent à leur échelle est assez symptomatique de la vision
qu'ils en ont car, dans les deux cas, les jeunes filles font des dictées, c'est-à-dire
l'exercice le plus contraignant qui soit, un exercice rigide dans lequel il n'y a qu'à se
plier aux règles de l'orthographe, de la grammaire et de la conjugaison. Ainsi, être à
l'école, c'est respecter des règles et se plier aux formes et aux codes. Mais, ici, les deux
jeunes filles semblent l'accepter puisqu'elles ont enfin un cadre familial qui leur
convient. L'école n'est pas considérée comme étant un lieu d'épanouissement visant à ce
que les élèves, par l'intellect, sortent d'eux mêmes. Il s'agirait plutôt ici de quelque
chose de purement formel auquel on se plie avant de retourner dans sa bulle, dans sa
famille. Rien de ce qui vient du dehors ne serait donc susceptible d'apporter un
quelconque contentement. La famille seule est garante d'un équilibre.
Les familles de substitution sont éphémères. Elles sont victimes d?une autorité
supérieure, que cela soit les parents (Les Doigts dans la tête) ou tout simplement la loi
(La Drôlesse, Le Petit criminel). Il est certain que le besoin qu'a l'individu de se sentir
dans une famille, dans un groupe, doit par tous les moyens possibles, légaux ou non,
être satisfait. La loi est obsolète à partir du moment où l'individu ressent qu'un manque,
qu'un besoin ou qu'un désir vital se font sentir. La loi est froide, gravée dans le marbre,
là où l'individu est en fusion, dépassé, submergé par des affects et des besoins auxquels
il est obligé de se soustraire. »
4
4 Guignandon Florian, L'enfant et le monde, être comme tout le monde (site de la Cinémathèque française)
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La "méthode Jacques Doillon"
Jacques Doillon soumet à son cinéma un certain nombre de principes directeurs, plus ou
moins respecté le long de sa carrière qui guide la réalisation d'un film du casting au
montage.
Dans un premier temps, vient le choix du sujet ainsi qu'un premier jet d'écriture.
Le choix des interprètes s'effectue pratiquement en même temps. Qu'il s'agisse ou non
de professionnels, l'auteur reécrit les dialogues et les personnages en fonction des
interprètes. Si les comédiens sont professionnels, Doillon effectue quelques séances de
lecture mais en général, l'ensemble du travail s'effectue lors du tournage. Lorsque les
comédiens sont non-professionnels, le réalisateur procède à un casting de longue
haleine, lorsque son choix est fixé de manière définitive sur certaines personnes, il
entretient des rapports de confiance durant une longue période avant le début du
tournage, le but étant que le personnage du film soit au plus près de la personne qui va
l'interpréter.
En ce qui concerne le tournage, il se déroule systématiquement de façon chronologique
afin que le scénario puisse être reécrit au fur et à mesure.
Pour chaque séquence, le réalisateur commence par mettre en place les déplacements
avec les interprètes. C'est seulement une fois cette mise en place décidée, que l'équipe
technique (aux lumières, à la caméra et au son) peut effectuer son travail. Puis Doillon,
multiplie le nombre des prises, ne s'interdisant pas de parler aux comédiens pendant une
prise, pour les guider, les diriger. Là encore, ce travail au tournage va consister à
accorder les voix, les rythmes et les humeurs des interprètes. Doillon ne va pas contre
eux, mais va au bout de ce qu'ils peuvent lui donner, et joue dessus.
Grâce aux plans-séquences, le montage est assez naturel. Le gros du travail va consister
à effectuer le tri dans la masse des rushes. On comprend le réalisateur quand il explique
que pour tourner un film il y a seulement deux postes de dépense sur lesquels il refuse
de rogner : le casting et la pellicule - les deux postes où pour lui tout se joue, c'est-àdire où se fait le choix puis la direction des interprètes.
in Une introduction au cinéma de Jacques Doillon de Romain Lecler
Pour conclure
La Drôlesse porte à l'écran la rencontre de deux jeunes êtres esseulés par leur cercle
familial; le rejet des parents, la solitude, la fuite... sont des thèmes récurrents dans
l'ensemble de l'oeuvre de Jacques Doillon. Il s'intéresse particulièrement au désordre des
sentiments et se révèle comme un peintre fin et subtil de l'enfance et de l'adolescence.
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Présenter un film du patrimoine
Quelques repères
Le public
quel est-il ?
La présentation doit tenir compte du public accueilli (classes, groupes divers,
public habituel, cinéphiles...) qui a des attentes différentes
Intérêts de la présentation
Compléter une culture cinématographique
Une découverte ou redécouverte dans de bonnes conditions, en grand écran
Donner accès à des films oubliés
Porter un regard différent, nouveaux sur des films qui appartiennent à l'histoire
du cinéma
Partager une passion pour un film, pour le cinéma, communiquer son plaisir (le
« gai savoir » )
Choisir le moment de l'intervention : Parler avant et/ou après le film ?
avant : présenter le contexte, relever les points d'intérêts (la difficulté étant de
ne pas déflorer l'intrigue du film)
après : proposer une analyse plus précise et un échange avec la salle
Les besoins pour construire sa présentation :
Se documenter (ouvrages...)
Une certaine culture cinématographique et connaissance du film sont nécessaires.
Quelques pistes pour construire la présentation :
(entre parenthèses, exemples
donnés pour La Drôlesse)
Mettre l'accent sur certains passages même si le film n'est pas connu (la lecture du
poème, le passage de la ficelle comme organisation des règles)
Replacer le film dans son contexte, le genre qu'il représente, le mouvement
auquel il appartient ou pas (représentation de l'enfance et l'adolescence)
Donner quelques clés essentielles sur le film : un retour sur l'histoire de.. ; un
personnage incontournable (Mado) à l'écran ou dans la production ; le décryptage de
certaines scènes importantes pour le sens, dans leur construction formelle (une méthode
de travail spécifique)
l'origine des réalisateurs (Jacques Doillon)
la réception du public à l'époque
Laisser une trace écrite
Fiche spectateur
Chronologie...
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Documents disponibles pour les bibliothèques
Ouvrages
Jacques Doillon, trafic et topologie des sentiments. René Prédal. Cerf-Corlet, 2003
Autres films de Jacques Doillon
Laissés pour compte. 1973 (documentaire)
Les Doigts dans la tête. 1974
Un sac de billes. 1975
La vie de famille. 1985
La fille de quinze ans. 1988
Le Petit Criminel. 1990
Le Jeune Werther. 1993
Ponette. 1995
Carrément à l'ouest. 2001
Raja.2003
A voir aussi, films sur l'adolescence :
Monika. Ingmar Bergman, 1953
Sa Majesté des Mouches. Peter Brook, 1963
Mouchette. Robert Bresson, 1967
Le Genou de Claire. Eric Rohmer, 1970
Mes Petites amoureuses. Jean Eustache, 1974
Down the corner. Joe Comerford, 1977
Sans toit ni loi. Agnès Varda, 1985
Où est la maison de mon ami? Abbas Kiarostami, 1987
L'odeur de la papaye verte. Tran Anh Hung, 1993
Conte des trois diamants. Michel Khleifi, 1994
Un été à la goulette. Férid Boughédir, 1996
Fucking Amal. Lukas Moodysson, 1998
Rosetta. Luc et Jean-P Dardenne, 1999
Plaisirs inconnus. Jia Zhang-Ke, 2000
Sites :
Rétrospective à la Cinémathèque Française :
http://www.almodovar.fr/fr/espacecinephile/evenements/integrale-jacques-doillo.html
Fiche film :
http://www.abc-lefrance.com/fiches/Drolesse.pdf
Archives télévisées de la sortie du film sur le site de l'Ina :
http://ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&num_notice=3&full
=Doillon%2C+Jacques&total_notices=19
http://ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=Doillon%2C+Ja
cques&num_notice=4&total_notices=34
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Documents pareils