argentine - Florent Torchut

Vignes d'ailleurs
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ARGENTINE
Mendoza
BUENOS AIRES
TEXTE : Florent Torchut :: PHOTOS : DR
Implanté.
Implanté au cours de la seconde moitié du XVIe
siècle dans le Nouveau Monde par les Espagnols,
la viticulture, fleuron de la province de Mendoza,
doit beaucoup à l’un de nos compatriotes. En 1853,
le président argentin Domingo Sarmiento charge
Michel Pouget de prendre en main l’Ecole Normale
de l’Agriculture de Mendoza. L’agronome va introduire l’abeille à miel et importer depuis la France
des centaines d’espèces végétales, dont de
nombreux cépages.
Mendoza, ville reine des vins
argentins...
Le Malbec, qui fait aujourd’hui le succès
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Voyagez Vins - AOÛT SEPTRMBRE OCTOBRE 2010
des vins argentins dans le monde, mais aussi le
Cabernet Sauvignon ou encore le Pinot Noir. Cépage
du sud-ouest, le Malbec*, a trouvé en Argentine un
écosystème propice à son rayonnement. Là-bas, les
eaux glacées issues de la fonte de l’Aconcagua, qui
dévalent les flancs de la Cordillère des Andes pour
former le Rio Mendoza, ont presque plus de valeur
que l’or des Incas pour les viticulteurs, les averses
étant rares dans la région. « Ici le Département
Général d’Irrigation est plus important que le
gouvernement », nous glisse l’un d’entre eux. La loi
sur la répartition de l’eau, instaurée en 1884, est la
plus ancienne au monde. Bien avant l’arrivée des
colons espagnols, les indiens Huarpes ont élaboré
un système d’irrigation sophistiqué, qui a permis de
transformer les zones de Lujan de Cuyo et de Maipu,
deux piliers du vin argentin située à deux pas de la
capitale Mendoza, en véritables oasis, à l’instar du
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, a consommer avec modération
Buenos Aires l’anthropophage est une allégorie de
l’Europe, où se croisent descendants d’Italiens, d’Espagnols, de
Français, d’Allemands et des pays de
l’Est. Métro, boulot, dodo sont les maîtres
mots de ce « Paris de l’Amérique du Sud », de cette
mégalopole de douze millions d’âmes « qui ne dort
jamais ». Dans le tumulte porteño*, les rues pavées et
les terrasses de San Telmo et les grands parcs de Palermo
s’affirment comme des enclaves de tranquillité dans la capitale argentine. Pour goûter aux douceurs de fabuleux paysages et savourer les vins du pays, il s’avère plus judicieux de
s’enfuir à un millier de kilomètres vers l’ouest, en direction de
la Cordillère des Andes, à l’instar de San Martin, l’un des héros
de l’Indépendance dont l’Argentine fête cette année son bicentenaire.
Argentine
Escapade
sensorielle
(au pied de la Cordillère)
département de San Rafael, autre centre névralgique de la viticulture mendocina, plus au sud. Le pays compte 225.000 hectares de
vignobles (soit 2,87 % de la superficie mondiale), ce qui en fait le
cinquième producteur de la planète. On trouve des vignes tout le
long des 5.000 kilomètres qui séparent les vallées Calchaquies de
la Terre de Feu, mais c’est à Mendoza que le vin argentin a acquis
ses lettres de noblesse.
Vignoble accroché à la Cordillère des Andes
Cette province du centre-ouest de l’Argentine accrochée à la
Cordillère des Andes, concentre 70 % de la production nationale.
Après avoir longtemps confectionné des vins de table, l’Argentine
a adopté une nouvelle attitude depuis une vingtaine d’années,
privilégiant désormais la qualité à la quantité, ce qui a permis à
ses vins de faire leur entrée sur le marché international, à l’instar
de son voisin chilien. Plus de 1.200 bodegas* se dressent sur ce
territoire au microclimat si particulier. Les hivers sont rudes, les étés
d’une chaleur harassante, avec un fort taux d’insolation. L’amplitude thermique – les températures peuvent passer d’une douzaine
de degrés à l’aube à plus de trente degrés l’après-midi – n’a rien
à envier au dénivelé (les vignobles se trouvent entre 500 et 1.500
mètres d’altitude). Combiné à la pauvreté des sols, très rocailleux,
ces caractéristiques font de Mendoza un vivier viticole unique au
monde Passer quelques jours dans la campagne mendocina se
révèle être un vrai bol d’air frais. Le long d’interminables routes
en asphalte jalonnées de fincas* et de bodegas de part et d’autres
des acequias*, on prend le temps d’apprécier le vent qui agite les
peupliers, dont les feuilles rousses commencent à chuter en ce
début d’hiver austral, tandis que l’on se fait doubler par un vieux
pick-up américain aux ailes rouillés.
Vinothérapie australe
Le visiteur se sent très vite à son aise dans ce terroir qui a fait du
bien-être son leitmotiv. De multiples activités permettent de se
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Vignes d'ailleurs
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Pratique
ARGENTINE
• Se renseigner
Casa de la provincia de Mendoza (Office de tourisme
de la province de Mendoza) – Rue Callao 445 – Buenos Aires – (0054) 11 4371 7301 / (0054) 11 4371
0835 – www.casa.mendoza.gov.ar
Saisons inversées
La meilleure période pour se rendre dans
la région reste la fin de l’été (c’est à dire
les derniers jours de l’hiver chez nous).
Mendoza vit alors au rythme des vendanges, dont le point d’orgue est la Fiesta
Nacional de la Vendimia*, un évènement
institutionnalisé en 1936 en écho aux festivités de la Grèce antique. Chaque année, le
premier week-end de mars, la capitale de la
province reçoit les reines élues par chaque
département de la province au cours d’une
sorte de carnaval mystique mêlant concerts
et ballets folkloriques, agrémentés de
dégustations. La jeune fille qui décroche
le titre de reine de la province à l’issue du
traditionnel défilé dans les artères de la ville
reçoit bien souvent des dizaines de demandes en mariage...
•
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•Y aller
Au départ de Paris, TAM (via le Brésil) et Iberia (via
l’Espagne) proposent les tarifs les plus compétitifs vers
Buenos Aires. Seul Air France propose un vol direct
quotidien depuis Roissy. Compter entre 700 et 1200
euros l’aller-retour.
• Se loger
Les cépages phares
de l’Argentine
Les « Tintos »
Malbec
Figure de proue des vins argentins, le
Malbec est un vin robuste, moyennement
corsé avec une note terreuse (arôme de
fruits rouges, de violette, de vanille, de
chocolat ou encore de café) qui lui donne
une certaine touche de rusticité. Il possède une couleur pourpre intense.
Cabernet Sauvignon
Le « roi des vins rouges » a aussi sa
place au pays des gauchos. Idéal pour
accompagner les savoureuses viandes
rouges argentine, le cabernet sauvignon
se caractérise par son arôme complexe
(poivre vert, cassis, olive noire, truffe ou
réglisse)
Merlot
Proche du cabernet sauvignon, quoique
moins acide et plus léger, c’est l’un des
cépages les plus cultivés en Argentine.
Fruité (prune et cerise) et épicé (poivre
noir et cannelle), il présente une couleur
rouge violacée aux reflets peu intenses.
Tempranillo
Longtemps déprécié, il est en passe d’acquérir ses lettres de noblesse. Avec son
palais franc, c’est un vin qui se dote d’un
ton velouté en vieillissant. Notes de fruits
des bois, de prune, de cerise ou encore
de framboise.
Pinot Noir
Cette variété a trouvé dans le rude climat
de Mendoza les conditions idéales à son
essor. Vin très doux et frais aux reflets
orangés. Le Pinot noir exprime des arômes de fruits rouges et de fleurs.
Les « Blancos »
Chardonnay
Ce vin délicat, caractérisé par sa couleur
jaune pâle aux reflets verts, est aussi très
populaire du côté de la Cordillère des
Andes. Le Chardonnay peut révéler un
arôme d’ananas, de melon, de pomme
verte, voire de pain grillé.
Torrontés
Emblème des vins blancs argentins, le
Torontés est surtout fameux à Salta. Mais
Mendoza produit également des Torontés
de grande qualité. A la fois acide, sec et
fruité, c’est un vin surprenant, à la robe
doré et aux notes de miel, de pêche, de
rose ou même de clou de girofle.
Sauvignon Blanc
Ce cépage s’est particulièrement bien
adapté à la région de Mendoza. Blanc
sec très fin qui recèle d’une note fumée
et légèrement piquante. En Argentine,
ce vin se caractérise par son arôme de
pamplemousse rose, d’herbe fraîche et
de pomme verte.
Découverte
Lexique
•Acequias : petits fossés situés au bord des routes et des
rues qui constituent la base du système d’irrigation imaginée
par les Huarpes, peuple précolombien de la région de Mendoza. Indispensable à la culture du vin dans cette province.
•Bodega : cave ou taverne où l’on peut déguster les vins du
vignoble local.
•Cabalgata : randonnée à cheval dans les vignobles et les
montagnes.
•Finca : grande propriété de l’Intérieur de l’Argentine jouissant bien souvent d’un vignoble.
•Malbec : signifierait « mauvais en bouche » en vieux fran-
çais. Cette appellation tiendrait son origine d’une querelle entre exploitants de Cahors et de Bordeaux. A moins que son
nom ne provienne du négociant, un certain Malbeck, qui l’a
introduit à Cahors.
•Porteño : du port. Désigne Buenos Aires et ses habitants.
•Vendimia : Vendange.
A Buenos Aires
Rendez-Vous : Dans le quartier chic de Palermo, un
petit hôtel de charme tenu par Fred, un français tombé
amoureux de l’Argentine. Ses onze chambres colorées
offrent un beau panorama du pays des gauchos, en
accord avec les principes du Feng Shui. Rue Bonpland
1484 – (0054) 11 3964 5222 – www.rendezvoushotel.
com.ar
Mansion Vitraux : Au cœur du quartier bohème de
San Telmo, un hôtel à l’architecture contemporaine,
qui fait la part belle aux vins du pays. Dégustation des
vins de la cave chaque soir en compagnie de Gabriel,
le sommelier de la maison. Rue Carlos Calvo 369 –
(0054) 11 4300 6886 – www.mansionvitraux.com
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, a consommer avec modération
relaxer, tout en profitant des richesses
de la région. Composé d’une rangée de
cabanons en bois couleur caramel inspirés
des premières bodegas du début du XXe
siècle, l’hôtel Aguamiel propose notamment des séances de vinothérapie durant
lesquelles ont prend plaisir à plonger son
corps dans un bain de raisins, un exercice
destiné à éliminer les cellules mortes de la
peau, avant de jouir d’un massage à base
d’huile de pépins. Ceux qui cherchent à
s’imprégner du calme de la montagne et
des vignobles s’offriront une cabalgata*.
Les plus intrépides pourront s’adonner à
la pratique du rafting dans les vigoureux
courants du Rio Mendoza, tandis que les
plus softs préfèreront profiter du lever
de soleil sur le Cordon del Plata, avant de
déguster, sentir et marier vin et chocolat. « Une expérience sensorielle unique »,
d’après Chrissie Bettencourt, une jeune
femme à l’origine du projet « Awaken your
senses » (« Vos sens en éveil »). Une truffe au
chocolat d’Equateur, épicée de cardamone,
de cannelle et de miel et enrobée d’une
noix de muscade et de sucre de canne
se révèle sous un autre jour lorsqu’on
l’accompagne d’un verre de Malamado, un
Porto de la bodega Zuccardi, une grande
famille de la région. Terroir privilégiée du
Malbec, Mendoza – dont il ne faudrait pas
sous-estimer les autres cépages, rouges ou
blancs - est aussi le berceau de la production oléicole du pays. Au Club Tapiz, qui
possède son propre atelier de fabrication
d’huile d’olive, les hôtes sont invités à
déguster la spécialité de la maison sur une
tartine de pain grillé à l’heure de l’apéritif,
accompagné d’une coupe de Malbec mais
aussi de Merlot, de Torrontés ou encore de
Chardonnay.
Fondo Vitivinícola de Mendoza (association de
promotion du vin mendocino) – Rue Sarmiento 165,
bureaux 444/449 (quatrième étage), bâtiment Bolsa de
Comercio – Mendoza - (0054) 261 420 4227 / (0054)
261 420 4314 – www.fondovitivinicola.com.ar
A Mendoza
Club Tapiz : Cette maison de campagne construite
en 1890 se situe au pied de la Cordillère des Andes.
Entourée de dix hectares de vignes, la propriété abrite
une ancienne bodega ainsi qu’une fabrique d’huile
d’olive. Tapiz dispose même de sa propre bodega, dans
le secteur d’Agrelo. Lujan de Cuyo – (0054) 261 496
3433 / (0054) 261 496 0957 - www.tapiz.com.ar
Aguamiel : A une vingtaine de minutes de Mendoza,
dans la zone viticole de Maipu, huit cabanons en lattes
de bois inspirés des bodegas du début du XXe siècle
se fondent au milieu des vignes et des cerisiers, offrant
une magnifique vue sur la chaîne du Cordon del
Plata. Services proposés : vinothérapie et dégustation
combinée de chocolat et de vins de la région. Maipu –
(0054) 261 497 5788 – www.hotelaguamiel.com
Lares de Chacras : Une belle demeure de caractère
toute en pierre, dans laquelle on se sent comme chez
soi, située dans un paisible village près de Mendoza.
Dans les environs de l’hôtel, le long des ruelles bordées
d’arbres, on trouve une petite place typique où trône
une vieille église, ainsi qu’une poignée de petits commerces. Lujan de Cuyo – (0054) 261 496 1061 - www.
laresdechacras.com
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