Plusieurs étapes à franchir avant de livrer d

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Plusieurs étapes à franchir avant de livrer d
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13 mai 2016
énergie
volaille légumes
herbivores
lait porc bovin-viande environnement observatoire pondeuse ovin-caprin agrobiologie culture
Plusieurs étapes à franchir avant
En mai 2013, la ferme
expérimentale de Trévarez
a débuté la conversion à
l’agriculture biologique de 40 %
de ses surfaces. Depuis mai 2015,
elle livre du lait bio à la Sill.
La journée technique du mois
de mars dernier a été l’occasion
de regarder dans le rétroviseur
les étapes franchies et
d’en tirer des enseignements
pour les conversions qui débutent.
L’agriculture biologique est un mode
de production règlementé et certifié. Il
est indispensable avant de se lancer, de
bien connaître le règlement européen et
le guide de lecture français. Certains
points du cahier des charges sont bien
connus : absence de produits chimiques de
synthèse et d’OGM, respect d’une fertilisation équilibrée, utilisation de semences bio,
désherbage mécanique, limitation des antibiotiques… d’autres le sont moins comme,
par exemple, la durée de 90 jours minimum
d’allaitement pour les veaux, le doublement
des délais d’attente en cas de traitements
allopathiques, ou encore les règles de mixité
bio et conventionnel dans la même exploitation. Il faut identifier les points du cahier
des charges susceptibles de poser problème. Pour certains, ce sera une surface
insuffisante pour le logement des vaches,
pour d’autres, l’impossibilité de loger les
génisses en cases collectives dès 8 jours…
Le bâtiment génisses construit en bois local est conçu pour être en conformité avec le cahier des charges
de l'agriculture biologique.
Chacun devra réfléchir aux adaptations
nécessaires afin de respecter l’intégralité du
cahier des charges. À la ferme expérimentale, le passage en bio s’est accompagné de
la construction de deux bâtiments sur le site
de Guernévez afin de bien séparer le troupeau bio des vaches conventionnelles (possible uniquement en fermes expérimentales
ou écoles). L’un accueille vaches traites et
robot pendant l’hiver depuis 2012, l’autre
achevé en 2015 loge les génisses. Ces bâtiments sont ouverts sur un côté au moins, le
robot est équipé d’une porte de tri permettant aux vaches d’avoir accès au pâturage
dès que les conditions climatiques le permettent. Deux igloos collectifs sur le site
estival permettent d’assurer l’allaitement
des génisses nées au printemps… Tous
ces aménagements permettent de satisfaire les exigences du cahier des charges.
Autonomie alimentaire
En élevage laitier biologique, le principal challenge technique et économique
est d’assurer l’autonomie alimentaire du troupeau et, en particulier d’assurer
des rations hivernales de qualité avec un coût de production maîtrisé. L’alimentation doit être d’origine biologique. Pour réussir économiquement, il faut
aller au-delà du cahier des charges qui fixe des seuils :
- au moins 60 % de la ration annuelle est constituée d’aliments produits sur
l’exploitation,
- au moins 60 % de la MS de la ration journalière provient de fourrages grossiers (pas de limitation de l’ensilage ou de l’enrubanné),
- maximum 20 % de fourrages produits pendant la 1ère année de conversion C1,
- maximum 30 % de fourrages produits en 2e année de conversion si achetés
(100 % si autoproduits).
Le recours à un système maxi pâturage (ou si nécessaire affouragement en
vert) permettra de tirer son épingle du jeu. Avec la mobilité du robot de Trévarez, l’objectif est d’augmenter cette autonomie fourragère et de permettre aux
vaches de pâturer dans un contexte d’accessibilité limitée autour du bâtiment.
À la station de Trévarez, les vaches sont sur le site estival
Les vaches sont à nouveau sur le site estival depuis la fin du mois d’avril 2016. depuis fin avril. Ici, la remorque en position été.
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de livrer du lait biologique
Il est important de trouver un débouché
pour la production et donc de passer un
accord de collecte pour le lait bio. Cela
peut induire des changements de laiterie et
créer quelques tensions pour la période de
conversion.
Presque bio ?
Souvent, par la conduite de l’exploitation
avec le recours à peu d’intrants chimiques,
il est possible d’avoir le sentiment d’ "être
tout proche de la bio". La différence est
toute simple et se résume en un mot : certification. Pour être bio, la production doit
être contrôlée avec au minimum une visite
annuelle par un organisme certificateur
agréé par l’État. Ces contrôles débutent dès
le début de l’engagement, ils ont lieu pendant les deux ans de conversion des terres,
puis ensuite tant que l’exploitation poursuit
son activité bio. Il est possible de convertir son exploitation de manière simultanée,
c’est à dire les terres et le troupeau à la
même date ou de manière plus progressive d’abord les terres, puis le troupeau.
La ferme de Trévarez a opté pour ce mode
de conversion non simultanée. Il offrait
davantage de souplesse pour la conduite
animale dans un contexte de mise en place
de la mobilité du robot expérimental. Ainsi,
la conversion des terres a débuté le 4 mai
2013 pour s’achever deux ans plus tard,
le 4 mai 2015. La conversion du troupeau
a débuté le 4 novembre 2014 (NB : des
conditions précises sont à remplir sur les
reports de stocks alimentaires). À l’issue
de cette période de 6 mois, il a été possible
de livrer du lait bio. Pour la viande, il faudra
être plus patient. Seuls les animaux ayant
consommé une alimentation bio pendant
les trois quarts de leur vie pourront être
valorisés dans le circuit bio.
La bonne connaissance des obligations
liées au bio permettra ou non d’envisager
la conversion à l’agriculture biologique. Les
"Pass'bio" subventionnés par le conseil
régional permettent de vérifier individuellement la faisabilité technique et économique de la conversion et d’approcher les
modifications à mettre en œuvre pour faire
vivre le projet.
Isabelle Pailler
Chambre d’agriculture du Finistère
INFO
L’intégralité des panneaux du rendez-vous
technique de Trévarez "Choisir la production
laitière biologique, réussir la conversion"
sont disponibles sur le site internet CapBio
Bretagne. En 4 ateliers, ils vous permettront
d’avoir toutes les informations techniques
et économiques de la conversion à la ferme
expérimentale. D’autres articles permettront
de compléter cette information.
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