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Pour les banques françaises, le marché polonais vire au casse-tête Le secteur doit s’acquitter d’une nouvelle taxe d’un milliard d’euros. Le sauvetage d’un établissement mutualiste a déjà coûté 500 millions. Ces dernières années, les banques occidentales ont eu les yeux de Chimène pour la Pologne , un pays qui a échappé à la récession post-crise financière et devrait afficher en 2015 une croissance de son PIB de 3,6%. Pourtant, pour les nombreuses banques occidentales qui ont investi dans le pays, la machine est en train de se gripper. C’est en particulier le cas pour BNP Paribas, présent en Pologne depuis le rachat de Fortis (via sa filiale BNP Paribas Polska), et qui a fait en 2014 l’acquisition de BGZ pour 1,1 milliard d’euros. C’est également vrai pour le Crédit Agricole, qui y développe son concept de banque universelle sous la marque « Crédit Agricole Bank Polska », et dans une moindre mesure pour Société Générale, qui y détient un petit établissement, Eurobank. Premier coup dur pour les grandes banques implantées en Pologne : le sauvetage en novembre dernier de SK Bank, le principal établissement mutualiste du pays. Une contribution exceptionnelle au fonds de garantie des banques a alors coûté au secteur près de 500 millions d’euros, dont une trentaine de millions pour BNP Paribas (7ème banque du pays, avec 4 % de part de marché) et 6 millions pour le Crédit Agricole. La taxe annuelle qui fait mal aux banques étrangères L’autre mauvaise nouvelle concerne l’instauration au 1er février 2016 d’une taxe annuelle sur les banques, qui leur coûtera collectivement 1 milliard d’euros cette année. « Le parti eurosceptique « Droit et Justice » , qui est arrivé au pouvoir en Pologne en octobre 2015, a promis aux classes populaires une redistribution financée en partie par cette taxe sur les banques, détenues aux trois-quarts par des groupes bancaires étrangers, explique un banquier. Cette taxe ne concerne pas les petits établissements mutualistes et coopératifs polonais ». A titre d’exemple, cet impôt devrait coûter quelque 50 millions d’euros à BNP Paribas en 2016, compte tenu de la taille de ses actifs. Selon une étude de Moody’s publiée début mars, la taxe va entraîner une baisse de revenus qui « va réduire la capacité des banques à générer du capital dans les prochaines années ». L’agence de notation estime en outre que « BGZ BNP Paribas pourrait subir une perte en 2016 en raison de cette taxe, bien que cela dépendra en grande partie de sa capacité à réaliser les synergies opportunes suite à la fusion avec BNP Paribas Polska ». Et de fait, lors de la présentation de ses résultats annuels, la banque a annoncé 94 millions d’euros de synergies additionnelles d’ici à 2017. Mais ce n’est pas tout. Les établissements polonais restent suspendus à un projet de loi en préparation qui prévoit de convertir en zlotys (monnaie polonaise) des prêts immobiliers octroyés par le passé en francs suisses, à des conditions extrêmement défavorables pour les banques. Une mesure destinée au demi-million d’emprunteurs en francs suisses, qui a souffert de la dépréciation de plus de 50 % du zloty par rapport au franc suisse depuis 2008. « Les prêts ont été consentis à 80 % à des gens aisés », relativise un banquier. Selon Moody’s, la banque centrale polonaise estime qu’une conversion pourrait coûter au secteur jusqu’à 8 milliards d’euros. Toutefois, ce projet initial aurait peu de chance d’être adopté en l’état, selon des sources proches du régulateur polonais, le gouvernement n’ayant pas l’intention d’affaiblir son système bancaire. Source : Les Echos