Le climat d`étable influence la santé

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Le climat d`étable influence la santé
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Vie des filières PRODUCTION ANIMALE
Vendredi 27 janvier 2012
Agri
SANTÉ DES VEAUX (5/6)
Le climat d’étable influence la santé
La vitesse de l’air,
son humidité,
sa concentration en gaz
nocifs et en poussières,
la lumière, le bruit,
la température.
Tous ces facteurs
influent sur le climat
dans l’étable des veaux.
CLIMAT D’ÉTABLE
À LA LOUPE
L
ARCHIVES AGRI
a performance d’un élevage bovin passe par le
confort du bétail. C’est un fait
connu. Les veaux, par contre,
sont souvent oubliés. Généralement logés là où il reste de la
place, ils ne bénéficient pas
toujours de conditions climatiques optimales.
Pas de courant d’air
et une litière sèche
La température, l’humidité
et la vitesse de l’air, la concentration en gaz nocifs et en
poussières, les conditions de
luminosité et la charge sonore
sont les facteurs ayant le plus
d’influence sur la santé des
veaux. Ces paramètres dépendent eux-mêmes d’autres facteurs: météo, construction de
l’étable, densité d’occupation,
alimentation et gestion du
troupeau.
A la différence des bovins
adultes, les veaux produisent
peu de chaleur. De plus, leur
surface corporelle est grande
comparée à leur poids. Ils ont
donc des exigences particulières envers leur lieu de vie.
La température optimale de
l’environnement des veaux est
comprise entre 5 et 20 degrés.
Les veaux souffrent particulièrement des températures
basses associées à des courants d’air.
La litière permet
au veau de créer
un microclimat
Pour réagir à une baisse de
sa température corporelle, un
veau a deux solutions: soit éviter de perdre de la chaleur,
soit augmenter sa propre production de chaleur. Pour limiter les pertes de chaleur, le
Un contrôle du climat
d’étable et un conseil compétent permettent de mettre en évidence les points
faibles et d’apporter les
modifications nécessaires.
La société Pfizer, en collaboration avec le Service
sanitaire bovin, propose
aux détenteurs de bétail
une évaluation, sur place,
du climat de leur étable.
Température, humidité et
vitesse de l’air, concentration en gaz et poussières
et luminosité sont passées
en revue. L’état sanitaire
du troupeau est également
évalué. Le vétérinaire d’exploitation peut ensuite
proposer les mesures adéquates à l’exploitant.
L’idéal est un air aussi proche possible de l’air extérieur, sans courants d’air et avec une litière sèche en suffisance.
veau a besoin d’un logement
sans courant d’air et de suffisamment de litière sèche à disposition. Il peut ainsi s’y enfoncer et créer un microclimat. Pour produire davantage
de chaleur, le veau a besoin
d’un apport énergétique supplémentaire. Les températures élevées en été (écuries
au toit mal ou pas isolé, igloos
en plein soleil) affectent énormément les veaux, dont la capacité à transpirer est très limitée. Des bâtiments frais et
ombragés et une circulation
d’air contrôlée aident les
veaux à évacuer leur trop
plein de chaleur.
60 à 80% d’humidité
L’humidité est inévitable
dans les étables. Elle devrait
se situer à 60, maximum 80%
d’humidité relative dans l’air
(à titre de comparaison, elle
ne devrait pas dépasser 55%
dans nos habitations). Lorsque l’humidité est excessive
dans l’étable, le pelage des
veaux devient humide, ce qui
accentue la nocivité des courants d’air. Dans les endroits
non isolés, de la condensation
et des moisissures apparais-
sent. La litière peut aussi devenir humide.
En pratique: des murs extérieurs très froids et légèrement humides au toucher sont
les premiers signes d’humidité
excessive. Si on observe de la
condensation sur les conduites métalliques libres, l’humidité dépasse en général 80%.
Assurer des échanges
d’air suffisants
Un renouvellement d’air
continu et suffisant est la base
d’un climat d’étable optimal.
L’idéal est d’atteindre un air
d’étable qui soit le plus proche
possible de l’air extérieur.
Dans leurs premières semaines de vie, les veaux ont
absolument besoin d’air frais
sans courant d’air et à la
bonne température. L’air devrait être renouvelé entièrement (sans courant d’air) six à
dix fois par heure.
Attention, le volume d’air
par veau peut être insuffisant
malgré un renouvellement de
l’air optimal!
Les étables à front offrent
de bonnes conditions climatiques lorsqu’elles ne sont pas
trop profondes (maximum 4
fois la hauteur). Au-delà,
l’échange d’air dans le fond de
l’étable n’est plus assuré.
En pratique: les toiles
d’araignées indiquent les endroits où le renouvellement de
l’air est insuffisant.
Halte aux gaz
et aux poussières
L’air extérieur se caractérise par une haute teneur en
oxygène et une faible charge
en germes. L’air de l’étable est
en revanche souvent humide,
chargé de dioxyde de carbone
(CO2), d’ammoniac, d’hydrogène sulfuré, de méthane, de
poussières, de virus et de bactéries.
Des yeux irrités
ou larmoyant
sont une alerte
S’il n’est pas possible d’éviter les germes de l’air dans
l’étable, il est en revanche nécessaire de réduire leur présence Les poumons des veaux
ne deviennent immunologiquement matures qu’après
une année, et sont rapidement
submergés.
Le veau respire à une fréquence élevée. Il inspire ainsi
beaucoup de poussières, de
virus, de bactéries et de
spores de champignons. Lorsque l’air est chargé en gaz nocifs et en poussière, sa teneur
en oxygène diminue. Il endommage alors les voies respiratoires et les poumons. Ces derniers deviennent alors plus sujets aux infections.
Les valeurs limites pour les
gaz nocifs sont 3000 ppm pour
le CO2, 10 ppm pour l’ammoniac et 0,5 ppm pour l’hydrogène sulfuré.
La mesure de ces gaz n’est
pas aisée, aussi on peut se fier
à certains signes caractéristiques. Des yeux irrités ou larmoyant (concentration élevée
en ammoniac), la perception
de l’odeur caractéristique de
l’hydrogène sulfuré sont des
signaux d’alerte.
En pratique: prendre une
photo numérique avec le flash
en visant juste au dessus de la
couche de litière; des formes
rondes sur l’image sont le
signe d’une forte concentration de poussières. Autre
signe: une épaisse couche de
poussière sur le matériel.
ÉF
Plus de lumière
grâce à la chaux
La lumière a des effets positifs sur le métabolisme. La lumière naturelle du jour agit
contre de nombreux virus,
bactéries et champignons. Des
murs d’étables fraîchement recouverts de chaux reflètent
très bien la lumière et réduisent ainsi les organismes nocifs. Ils sont aussi moins sujets
aux moisissures.
En pratique: quand la surface des ouvertures représente au moins 5% de la surface au sol de l’étable (fenêtres propres et pas d’obstacle
à la lumière), la lumière atteint
40 Lux.
De la tranquilité
pour les veaux
Un niveau sonore élevé
stresse autant les animaux
que les détenteurs. L’ouïe des
bovins est plus sensible que
celle des hommes. Pour les
veaux, on recommande un niveau de 55 dB. Ce niveau est
dépassé dans la majorité des
étables munies de petits ventilateurs.
SERVICE SANITAIRE BOVIN,
TRADUCTION ÉLISE FRIOUD
DIARRHÉE VIRALE BOVINE
Pérenniser les bons résultats de la lutte contre la BVD
Le cheptel bovin suisse
est aujourd’hui
quasiment indemne
de la BVD.
Aux éleveurs de veiller
à ne pas la réintroduire
dans leur troupeau.
L
a diarrhée virale bovine
(BVD) est sur le point
d’être éradiquée en Suisse.
L’année 2012 sera une année
de transition vers un nouveau
système de surveillance, financièrement plus avantageux et qui remplacera l’actuel
programme de lutte. La vigilance reste toutefois de mise.
Acheter seulement
des animaux testés
Grâce aux gros efforts qui
ont été déployés, notamment
par les éleveurs, le cheptel bovin suisse est aujourd’hui indemne de BVD à 99%. Il faut
maintenant éviter à tout prix
que des animaux dits «infectés
permanents» («animaux IP») et
qui peuvent propager le virus,
passent inaperçus. La pré-
sence d’un tel animal dans un
troupeau indemne peut avoir
des répercussions importantes. Les éleveurs doivent
donc veiller à n’acheter que
des bovins testés en provenance
d’exploitations
indemnes de BVD.
Ils peuvent aussi vérifier
l’actuel statut BVD d’une exploitation sur la banque de
données BDTA. Si une exploitation a le statut «Aucun séquestre», elle ne présente pas de
risque BVD. Par contre si une
exploitation a le statut «Animaux individuels sous séquestre», l’exploitation possède des
vaches qui pourraient être
porteuses d’un veau IP. Il y a
alors un risque qu’à la naissance du veau, d’autres bovins
du troupeau soient infectés
par le virus de la BVD. La prudence est donc de mise à
l’achat d’animaux en provenance de telles exploitations.
Les vaches portantes mises
sous séquestre en raison d’un
possible contact avec un animal IP doivent être isolées lors
de la mise bas. Pour éviter la
transmission du virus lors de
la naissance d’un veau IP, l’éleveur doit respecter de strictes
mesures d’hygiène.
Double surveillance
en 2012
Un programme de surveillance spécial est prévu pour
2012 afin de pouvoir éliminer
les derniers animaux IP du
cheptel bovin suisse.
De nouvelles analyses se feront dorénavant sur des
échantillons de lait de citerne
prélevés dans les exploitations laitières et sur des
échantillons de sang prélevés
sur de jeunes bovins dans les
exploitations qui ne livrent
pas de lait. Néanmoins, les
tests effectués jusqu’ici sur
tous les veaux se poursuivront
en parallèle. Ils ne seront
abandonnés que lorsque les
nouvelles méthodes de surveillance, plus avantageuses
économiquement, auront fait
leurs preuves.
Il est donc prévu de maintenir pour le moment les analyses d’échantillons d’oreilles
prélevés sur les veaux nouveau-nés (mise en évidence
du virus), tout en entamant un
nouveau programme d’analyses sur des échantillons de
lait de citerne et sur des
échantillons de sang prélevés
dans des groupes de bovins
(mise en évidence des anticorps).
Cette double surveillance
devrait permettre de déceler
les derniers animaux susceptibles de transmettre le virus et
donc de l’éradiquer définitivement. Le succès de la lutte
Programme de lutte contre la BVD.
contre la BVD sera ainsi assuré à long terme.
ANNE LUGINBÜHL, OVF
INFOS UTILES
www.stopbvd.ch

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