Discours de fin de mandat d`Augustin de Romanet

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Discours de fin de mandat d`Augustin de Romanet
 Caisse des Dépôts Discours d’Augustin de Romanet, Directeur général de la Caisse des Dépôts‐ le 7 mars 2012 Paris, le 7 mars 2012 1 Caisse des Dépôts Monsieur le Président, mon cher Michel Bouvard, Mesdames et Messieurs les membres de la Commission de surveillance, Cher successeur, cher Antoine Gosset‐Grainville, Mesdames et Messieurs les administrateurs du FSI, Mesdames et Messieurs les représentants des organisations syndicales, Mesdames et Messieurs, Très chers amis, Ce moment est émouvant, et je vous remercie particulièrement de venir le partager avec moi. Le 7 mars 2007, il y a exactement 5 ans, le Président de la République me désignait à la tête du groupe Caisse des Dépôts. Mon mandat s’achève dans quelques heures, et je souhaitais saluer chacune et chacun d’entre vous, directement, ou pour vous qui êtes à Bordeaux, à Angers, à Cholet, à Metz ou dans les directions régionales, par l’intermédiaire de la télévision. Je suis particulièrement heureux qu’à l’occasion de la première tranche de travaux qui vient de s’achever, nous puissions le faire dans ce nouveau hall. Il s’agit‐il d’ailleurs d’un grand événement, car comme vous le savez peut‐être, statistiquement, ce hall est refait tous les 57 ans. Nous sommes dans l’hôtel de Belle‐Isle, qui est l’hôtel du petit‐fils de Fouquet. Saviez‐vous que Fouquet veut dire « écureuil », et que le blason de Fouquet était un écureuil ? C’est un petit clin d’œil à notre relation ancienne avec les Caisses d’Epargne. Nous sommes dans l’hôtel du petit‐fils de Fouquet, qui a été acheté par la Caisse des Dépôts en 1853, détruit par la Commune, et reconstruit en 1873. Le hall avait été refait deux fois : une fois par Jean Tannery, mon prédécesseur à la fin des années 1920, et une fois par Robert Lion, en 1986. Ce hall, nous l’avons voulu ouvert, à l’image de la Caisse des Dépôts. Nous avons voulu conserver cette traverse qui va de la rue de Lille à la Seine, qui sera la deuxième tranche des travaux, qui marque la parenté avec les anciens passages couverts du Paris des XVIII et XIXème siècles, et qui marque l’ouverture de la Maison. Nous l’avons voulu moderne, comme l’était le hall de Pierre Riboulet, sous Robert Lion, dont vous vous souvenez qu’il contenait la flamme de Lichtenstein, qui est désormais mieux mise en valeur dans la cour intérieure d’Austerlitz I. Nous devons ces travaux à l’architecte Philippe Chiambaretta, que je remercie tout particulièrement, et qui respecte ces lieux tout en nous projetant dans l’avenir. C’est un chantier ambitieux, qui a été certifié sur le plan de la qualité environnementale. Enfin, c’est un chantier utile, puisque désormais, nous aurons des salles de réunions avec des fenêtres. Je salue mes amis des organisations syndicales, avec qui, pendant cinq ans, je me suis réuni dans la tristesse d’une pièce, sans fenêtres. Nous aurons un espace « nomade », mais aussi une agence postale, qui rassemblera à la fois la Banque Postale et l’activité courrier, pour illustrer le partenariat de long terme qui nous unit. Je veux remercier chacune et chacun d’entre vous qui avez permis le travail que nous avons accompli depuis 2007. Vous vous en souvenez, en 2007, il existait des interrogations sur notre Groupe, à commencer par votre serviteur, qui était incapable d’expliquer en 30 secondes à quoi nous servions au Journal de 20 heures. Grâce à votre travail, à votre énergie, nous sommes aujourd’hui fiers de dire que nous sommes le premier investisseur institutionnel de long terme du pays, au service des fonds Paris, le 7 mars 2012 2 Caisse des Dépôts propres des PME, de l’économie de la connaissance, du logement et du développement durable. Ce chemin, nous l’avons construit, au départ, avec plus de 200 d’entre vous, et à l’arrivée, avec les 70 000 membres du Groupe. Ces années n’ont pas été simples. Elles ont été marquées par la crise des subprimes, le marasme économique qui s’en est suivi, et la crise des dettes souveraines qui a éclaté à l’automne dernier. Depuis le printemps 2007, le CAC 40 a perdu 44 % de sa valeur. L’économie peine à redécoller, et nous avons enregistré la pire récession que notre pays avait connue depuis la Seconde Guerre Mondiale. Pourtant, pas après pas, vous avez aidé le Groupe à subsister dans la tempête, et nous avons été à l’heure des défis qui nous ont été proposés. Le Groupe s’est mobilisé pour être utile, il s’est développé, il s’est transformé. Dans chacun de vos métiers, vous avez su être ambitieux, et vous avez été en mesure d’offrir les services de la meilleure qualité possible, dans chacune des directions gestionnaires de mandats, dont vous savez qu’elles sont la base du lien qui nous unit à la nation : 
D’abord, le mandat de la direction des fonds d’épargne : aujourd’hui, nous réalisons 4 fois plus de prêts qu’en 2006 ; 
Ensuite, le mandat de la direction des retraites et de la solidarité, qui a absorbé à effectif constant un doublement des liquidations de retraite tout en améliorant singulièrement le droit à l’information, en appliquant les lois en la matière ; 
La direction des services bancaires, que je n’oublie pas, a géré à effectif constant une croissance singulière des ressources collectées, en provenance notamment des professions juridiques. Je n’oublie pas non plus nos informaticiens : entre 2009 et 2014, ils auront permis que 75 % de notre patrimoine applicatif soient modifiés. Venons‐en à nos filiales. En 2007, un certain nombre de personnes regardaient la Caisse des Dépôts comme une belle carcasse de viande qu’elles allaient pouvoir dépecer : « A moi les basses‐côtes, à toi le rumsteak, je garde le jarret ! » Non ! Le Groupe est resté dans son intégrité, et les filiales sont restées regroupées, avec en outre la faculté qu’a montrée le Groupe en créant le Fonds stratégique d’investissement. Souvenez‐vous : quand le Fonds stratégique d’investissement a été créé, je me suis adressé à un collaborateur pour lequel j’ai la plus grande estime, qui est venu me voir le 20 novembre 2008. Il m’a dit : « Monsieur le directeur général, mes convictions m’interdisent de vous soutenir. Ce Fonds stratégique d’investissement va emporter la Maison. » Je lui ai répondu : « Faites‐moi confiance, rien n’emportera la Maison. » Nous avons réussi à intégrer ce Fonds stratégique comme un outil utile. Le Groupe détient aujourd’hui : 
Le premier assureur de personnes en France, avec CNP Assurances ; 
Le principal acteur du Grand Paris, la future première foncière de bureaux et le premier propriétaire de murs de cliniques et d’hôpitaux en France, avec Icade ; 
Le premier bailleur social, et assurément le plus actif d’entre eux, avec la SNI ; 
La société d’ingénierie Egis‐Iosis, classée dans le top 10 des sociétés d’ingénierie européennes, qui a réalisé la plus belle opération d’actionnariat salarié de France depuis 10 ans ; Paris, le 7 mars 2012 3 Caisse des Dépôts 
Le premier acteur de la mobilité durable en Europe, avec Veolia‐Transdev ; 
Le leader mondial et le numéro 4 européen dans le domaine des parcs de loisirs, avec la Compagnie des Alpes ; 
Une société prometteuse, Belambra, qui a rénové 82 % de ses villages de vacances. Le Groupe, qui s’est constitué comme tel avec une marque Groupe et un logo Groupe, n’a pas seulement dépassé tous les objectifs que nous nous étions fixés avec Elan 2020 : il est aussi arrivé à l’heure à tous les rendez‐vous que nous avions avec nos concitoyens : 
Au rendez‐vous du logement social : depuis 2007, nous avons prêté 45 milliards d’euros. 
Au rendez‐vous du financement des entreprises : avec Nacre (l’aide aux chômeurs créateurs d’entreprises), FSI Régions (le nouveau nom d’Avenir Entreprises), Qualium Investissement, CDC Entreprises, Oséo (dont nous possédons 26 %) et le Fonds stratégique d’investissement (dont nous détenons 51 %), nous avons toute la palette qui permet à la puissance publique de pallier les défaillances de marché. La Caisse des Dépôts ne doit pas être un arsenal. Elle doit toujours veiller à aller là où le marché ne va pas spontanément. En réalité, nous avons toutes les bases de ce que nous pourrions appeler une banque publique d’investissement, pour peu que l’on reconnaisse la capacité du groupe Caisse des Dépôts à être l’ensemblier de cette action des pouvoirs publics. Aujourd’hui, dans les PME françaises, une augmentation de capital sur deux est réalisée par un acteur du groupe Caisse des Dépôts. 
Au rendez‐vous du financement de collectivités locales. Comme je le soulignais en 2007, notre force réside dans notre engagement dans les territoires. Ma fierté, c’est la réaction du député d’Eure‐et‐Loir, Philippe Vigier. Il y a un mois et demi, lorsque je suis allé au Parlement pour expliquer notre action en faveur des collectivités locales, Philippe Vigier a pris la parole pour déclarer : « Je veux rendre hommage aux personnels des directions régionales de la Caisse des Dépôts, qui se sont mobilisés dans des délais rapides, avec des formulaires simples, pour me prêter de l’argent. » Puisque, pour la plupart d’entre vous, vous êtes en province, je veux, par l’intermédiaire de la télévision, vous transmettre l’hommage de la représentation nationale, qui nous conduit à nous mobiliser auprès de nos amis de La Poste pour leur dire : « N’oubliez pas que le prêt aux collectivités locales passe par une relation de proximité. » C’est cette relation de proximité qui nous a permis d’investir 400 millions d’euros par an dans les territoires, de réinvestir le conseil aux collectivités locales avec la Scet, dont nous avons acquis 100 %, et qui sera désormais encore plus proche de l’Etablissement public. 
Nous avons aussi honoré le rendez‐vous des mandats publics, qu’il s’agisse du domaine bancaire, des fonds d’épargne, des retraites, ou encore du Programme d’investissements d’avenir – sans que je demande quoi que ce soit. Je n’ai jamais écrit une seule lettre au Premier ministre ou au Président de la République pour demander à gérer des programmes d’investissements d’avenir. Le Président de la République que vous avez servi, cher Raymond Soubie, le Premier ministre et les ministres ont estimé que naturellement, les collaborateurs de la Caisse des Dépôts étaient capables de se mobiliser pour gérer ces 8 milliards d’euros. Je les en remercie, car tous ceux qui nous écoutent se sont efforcés d’être à la hauteur de ce nouveau mandat qui nous a été confié par l’Etat. 
Et puis également, nous avons honoré le rendez‐vous avec La Poste. Nous sommes entrés au capital de La Poste pour notre plus grand bonheur. Dans quelques semaines, nous aurons une agence postale dans ce hall, et je suis très heureux qu’aujourd’hui marque le lancement Paris, le 7 mars 2012 4 Caisse des Dépôts public de la plus grande expérience d’actionnariat de salariés, cette fois‐ci probablement du monde, puisque les salariés de La Poste vont être actionnaires de leur société à hauteur d’environ 2,3 % à la fin de l’année. Un mot pour saluer, avec Michel Bouvard qui est ici présent et tous les membres de la Commission de surveillance, la modernisation de la gouvernance du Groupe que nous avons accomplie. En effet, vous le savez, le système de la Caisse des Dépôts est un système avec une responsabilité totale et entière du directeur général. Cette responsabilité ne se divise pas. Ce qui se passe de bien est de sa responsabilité. Ce qui se passe de moins bien est de sa faute. Néanmoins, comme vous le savez, le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. Et donc j’ai toujours été ami des contre‐pouvoirs, mon cher Michel. Je crois qu’il faut toujours avoir à cœur de confronter ses opinions avec autrui. Le Président Chirac que j’ai servi aimait à citer André Bergeron qui disait « il y a plus d’intelligence dans deux cervelles que dans une seule », dont je persiste à dire qu’elle est d’une profondeur absolue. Donc, avec la Commission de surveillance, nous avons confronté nos points de vue en permanence à la recherche de cet intérêt général introuvable qui fait le siège de notre Maison. La Commission a été associée à toutes les évolutions importantes de notre Groupe, à la rédaction des doctrines d’intervention, au plan stratégique naturellement, et elle a arrêté le modèle prudentiel dont vous savez qu’il est aujourd’hui l’étalon qui permet de mesurer la solidité financière de la Caisse des Dépôts. Je suis heureux de vous dire que ce matin même, nous avons observé que le montant des fonds propres cible de la Caisse des Dépôts est presque l’équivalent du montant des fonds propres que nous avons en caisse, c'est‐à‐dire un peu plus de 20 milliards d’euros. J’ai par ailleurs veillé à pacifier les relations avec l’Etat. Vous savez que les relations entre la Caisse des Dépôts et l’Etat sont traditionnellement sophistiquées. J’ai tenu, dans des règles de respect mutuel, à ce qu’elles puissent se développer de façon pacifique et qu’il s’agisse des nouvelles règles de prélèvement de l’Etat, de la cogestion d’Oséo, du cadre de gestion pour le Fonds d’épargne, des pactes d’actionnaires que nous avons avec le FSI, des discussions très fermes mais cordiales sur Dexia, à chaque fois, nous avons démontré nos capacités de converger pour l’intérêt général. Si je souhaite vous remercier de tout cela, c’est parce que je sais que cela n’a pas été sans effort et je sais que cela n’a pas été sans sacrifice personnel. Je me souviens un certain hiver quand j’étais allé visiter la direction régionale de Besançon. Je voyais le directeur régional qui parcourait nuit et jour sa région pour aller au secours des équipementiers automobiles, dont vous vous souvenez que fin 2008 et début 2009, ils étaient frappés de plein fouet par un marché qui s’arrêtait. Que faisait le directeur régional de Besançon ? Je vais le citer. C’est Antoine Bréhard. Je lui adresse mon salut. Dans la journée, il s’occupait des équipementiers automobiles et le soir, il allait donner un coup de main au président de l’université qui avait besoin de l’aide de la Caisse des Dépôts pour remplir sa copie du plan Campus. C’est ça la Caisse des Dépôts sur le terrain, ce sont des serviteurs dévoués qui n’ont pas compté leur peine. De cela, je veux vous remercier, vous féliciter. C’est grâce à cela que nous ne sommes pas seulement un holding de participations, mais que nous sommes un Groupe à part entière. Vous sentez à mon émotion que je suis fier de ce que nous avons fait. Le Groupe est solide. Nous n’avons connu ni crise de liquidité, ni crise de solvabilité. Ses capitaux propres sont le double aujourd’hui de ce qu’ils étaient en 1998. Son résultat récurrent est aujourd’hui de l’ordre de 1,5 milliard d’euros par an, il a régulièrement progressé depuis 2007. Le Groupe est reconnu. Nous avons fait faire un sondage : 97 % de nos interlocuteurs institutionnels ou partenaires nous jugent compétents. Nous sommes agiles. Nous nous mobilisons à chaque fois que cela est nécessaire. Désormais, l’avenir vous appartient pour écrire notre histoire future. Je vais maintenant passer devant vous les consignes à mon successeur, Antoine Gosset‐Grainville, et je suis d’autant plus heureux de le faire que cela fait sans doute 15 ans que cela n’avait pas été possible dans des conditions faciles et naturelles. Je veux rendre hommage évidemment à Francis Mayer qui n’avait pu Paris, le 7 mars 2012 5 Caisse des Dépôts le faire en 2007, décédé tragiquement en décembre 2006. Je me souviens que la transmission de pouvoir entre Daniel Lebègue et Francis Mayer n’avait pas été fluide. Il faut sans doute remonter à 1997 pour voir Philippe Lagayette transmettre à Daniel Lebègue ses fonctions. Les cinq consignes que je donnerai brièvement à Antoine Gosset‐Grainville, et qu’il transmettra ‐ je l’espère ‐ à son successeur sont les suivantes. La première, je vais me répéter, notre objet social est l’intérêt général, c’est le plus bel objet social qui soit, mais il ne nous appartient pas et nous n’en sommes pas propriétaires. Nous devons délibérer avec la Commission de surveillance, avec les pouvoirs publics, avec les organisations syndicales, avec la société civile, à Paris, dans les territoires. Nous devons disséquer les demandes qui nous sont faites, essayer de comprendre pourquoi elles nous sont faites, nous forger une conviction, identifier les risques à prendre, nous auto‐limiter et faire les choix des secteurs où notre action sera la plus utile. L’intérêt général, ce n’est pas le pouvoir d’un homme seul. Le directeur général décide dans la solitude de sa fonction et de sa responsabilité mais il doit s’appuyer sur les délibérations, sur les doctrines, sur les échanges avec l’extérieur, ce qui commande l’ouverture à toutes les parties prenantes de la société. La Caisse des Dépôts doit naturellement être en relation avec les fonds souverains de la planète. Elle doit naturellement être en relation avec les grandes entreprises du CAC 40 mais elle ne doit pas oublier non plus les communes rurales. Elle ne doit pas oublier qu’il y a aussi un secteur de l’économie sociale et solidaire qui représente 8 % du PIB français et dans lequel nous investissons chaque année 40 millions d’euros. J’emploie d’ailleurs volontairement ce mot d’investissement parce que, comme vous le savez tous, nous intervenons majoritairement sous forme de subventions dans ce secteur mais ce sont les seules subventions que je revendique parce que je crois que, qu’il s’agisse du micro crédit, des dispositifs locaux d’accompagnement, des entreprises d’insertion, c’est un secteur dans lequel la Caisse des Dépôts trouve une fraction de son âme. Mon deuxième conseil est de continuer à se mobiliser sur le management et les ressources humaines. La force de la Caisse des Dépôts, je ne vais pas trop m’étendre parce que vous m’avez souvent entendu sur ce sujet, ce sont ses collaborateurs. Vous savez que j’ai créé une DRH Groupe en 2007. Vous savez que je me suis beaucoup attaché à la mobilité, à la formation professionnelle. Je vois qu’il y a des gens qui dodelinent de la tête en étant dubitatifs, au fond de la pièce, ce qui veut dire que nous avons encore des efforts à faire. Mais c’est sur la qualité de notre management que nous devons faire porter tous les efforts et je suis sensible à la démarche qu’a eue Antoine Gosset‐
Grainville de rencontrer les organisations syndicales dès demain matin. Mon troisième conseil sera bref, c’est celui de l’ancrage territorial. Je pense que nous sommes un chêne avec 920 racines. Ces 920 racines, ce sont les députés et les sénateurs, qui sont en réalité nos actionnaires, mon cher Michel, et qui ont un droit permanent à faire connaître leur sentiment sur l’action de la Caisse des Dépôts, avec discrétion bien sûr et élégance, mais un droit tout de même. Je crois que les directeurs régionaux, qui sont les représentants personnels du directeur général en région, devront le demeurer. Mon quatrième conseil est celui de conserver l’ouverture internationale et les liens avec les fonds souverains. En 2007, nous avions cru qu’ils nous envahiraient, cela n’a pas été le cas parce que la crise est survenue. Je pense que, dans les années qui vont venir, ils vont ressurgir. Enfin, mon cinquième conseil est d’utiliser le levier du bicentenaire en 2016 pour faire de cette maison le laboratoire de la qualité totale. Pour amuser chacun d’entre vous, je citerai les noms, tous plus inventifs les uns que les autres, des plans stratégiques que vous avez mis en place : Target 2015 pour la direction des back‐offices, Oser 2014 pour la direction des retraites et de la solidarité, Horizon 2015 pour la direction des services bancaires, Fonds d'épargne 2016 pour la direction des fonds d’épargne, j’en passe et je n’oublie pas l’audit, les risques, FSFI, la communication, le service Paris, le 7 mars 2012 6 Caisse des Dépôts juridique, le secrétariat général. Dans chacune des directions de la maison, nous avons entamé des travaux de modernisation et il vous appartient de les poursuivre. A partir de demain, la Maison continuera de fonctionner, assumera chacune de ses missions. Antoine Gosset‐Grainville assurera la direction générale, dans la plénitude de ses fonctions, en ayant avec la Commission de surveillance les mêmes relations de travail que celles que j’ai pu avoir. Je vous remercie tous de lui apporter votre soutien, je vais d’ailleurs lui demander de venir me soutenir pour les derniers mots de mon discours. Mon cher Antoine, je suis heureux de te serrer la main et de te passer le témoin. Attention, s’il vous plaît, cette opération ne commence qu’à zéro heure ! Mes très chers amis, vous avez compris que je partais fier du travail accompli, heureux de ces années extraordinaires et serein parce que le Groupe est probablement plus utile que jamais. Dans le livre que j’ai achevé, qui paraîtra dans quelques semaines, j’évoque mon arrivée à la Caisse des Dépôts et je dis que c‘était un moment grave et impressionnant. Grave parce que je succédais à Francis Mayer qui était décédé trois mois auparavant, après un combat héroïque en exercice contre la maladie, et impressionnant en raison de l’histoire de cette institution, née en 1816, de sa taille mais aussi du défi qui m’incombait de lui donner un nouvel élan. Aujourd’hui, presque cinq ans après puisque c’est le 12 mars 2007 que, dans ce même hall, je vous remerciais de m’accueillir, je peux dire que ce moment est émouvant et libérateur. Emouvant, je crois que vous avez compris pourquoi. Pourquoi libérateur ? Dans ma fonction de chef, j’avais en tête la phrase d’Antoine de Saint‐Exupéry, entendue lors de mon service militaire, qui était une invitation à la discrétion pour conduire sereinement ses troupes. La phrase était la suivante : « aimez vos hommes sans le leur dire ». L’armée n’était pas mixte à l’époque. Vous m’avez sans doute trouvé trop pudique et trop réservé mais maintenant, je suis libéré et j’ai le droit de vous le dire : je vous aime ! Merci beaucoup et bon vent à tous ! Paris, le 7 mars 2012 7 

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