Citizen Kane - WordPress.com

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Citizen Kane (1941), Orson Welles. 2h
Le premier long métrage d’Orson Welles demeure aujourd’hui encore un film à découvrir et à
revoir, non pas juste parce qu’il est cité dans toutes les histoires du septième art et jusqu’aux
guides pour champions ès cinéma, mais parce qu’il surprend vraiment par la richesse et
l’ingéniosité de sa mise en scène. Parmi celle-ci, retenez d’abord son utilisation de la
profondeur de champ. Cette technique permet de réaliser une image nette au premier comme
au dernier plan. Plusieurs actions simultanées peuvent ainsi être mises en scène dans un même
espace et être toutes autant visibles grâce à cette netteté : votre regard peut ainsi repérer ou
créer des associations entre ces différentes actions. En outre, la profondeur de champ est
fréquemment associée au plan-séquence dont la durée permet d’avoir plus de temps pour
saisir ce qui se passe dans l’image. Or dans Citizen Kane les plans filmés avec une profondeur
de champ sont d’une durée trop courte pour vraiment s’apparenter à des plans-séquences, et
ils n’ont pas cette autonomie narrative qui pourraient leur permettre d’être isolés du reste du
film.
L’avis de Nekochka :
Ainsi pour filmer la scène au cours de laquelle Kane et Leland sont à nouveau en présence
l’un de l’autre après ne pas s’être parlés pendant des années, Welles opte pour un plan avec
une grande profondeur de champ. Les deux anciens amis sont unis dans un même cadre.
Tandis que Kane s’impose en amorce, c’est-à-dire au tout premier plan, tapant bruyamment à
la machine, la petite silhouette de Leland se détache à l’arrière plan, tout au fond de la pièce,
Nekochka : filmothèque du net
et se rapproche peu à peu. Cette mise en perspective dans l’image pourrait matérialiser une
ouverture possible vers une réconciliation, comme l’espère Leland qui demande à son ami
s’ils se reparlent. Or, il n’en est rien : Kane brise tout espoir en déclarant tout net à Leland
qu’il est viré, annonce faite au couperet et que vient souligner la brutalité du bruit de la
machine à écrire, bientôt confirmée par une coupe brutale du montage. Leland cadré en gros
plan n’a plus qu’à quitter les lieux, silencieux.
Quelques minutes plus tôt dans la même séquence, un autre élément dans la mise en scène de
Welles a peut-être attiré votre attention. Leland, ivre, est vautré sur sa machine à écrire sans
avoir pu terminer un article qui éreinte la prestation musicale de la compagne de Kane. La
caméra le saisit en contre-plongée, laissant apparaître le plafond, ce qui plaque d’autant le
personnage à sa machine et le rend pathétique.
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