Citizen Kane - WordPress.com

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LE FILM CLUB DE CANNES
Cette simultanéité est très bien rendue par la profondeur de champ,
qui permet à Welles de faire passer dans le même cadre ce qui
demanderait plusieurs plans à d'autres cinéastes. "L'œil du spectateur
choisit de cette manière ce qu'il désire voir dans un plan. Je n'aime pas
lui imposer quoique ce soit". Pour ce premier film, Orson Welles a su
s'entourer d'excellents collaborateurs, jouant admirablement de
l'inexpérience des uns et de l'habileté des autres, comme il a su
conjuguer sa propre ignorance avec ses désirs les plus ambitieux pour
transcender les limites de la technique. Le concours du grand chef
opérateur Gregg Toland, dont la carrière est surtout associée à celle de
William Wyler, a été , de ce point de vue, déterminant. Le scénario a
été écrit en collaboration avec Herman J Mankiewicz (frère du
cinéaste), dont la critique New Yorkaise, Pauline Kael voudra faire le
véritable et unique auteur de Citizen Kane, une thèse qui ne résiste
pas à l'examen. L'auteur de la bande-son et de la musique n'est autre
que Bernard Hermann, le célèbre compositeur de Psycho (Psychose,
1960) d'Alfred Hitchcock. Comme les acteurs, Joseph Cotten, Agnes
Moorehead, Everett Sloane, le musicien est issu du Mercury Theatre et
connait ici sa première prestation cinématographique.
Régulièrement cité parmi les dix meilleurs films de tous les temps,
Citizen Kane rompt avec les codes narratifs traditionnels en brisant la
linéarité alors en usage au profit d’une structure éclatée. Chez Welles,
tous les moyens sont bons pour aborder une histoire. Mieux, le destin
de Kane conserve jusqu’à la fin des zones d’ombre qui s’expriment
dans une mise en scène elliptique ou lacunaire propice à toutes les
supputations. En ce sens, le film gigogne, dans lequel les témoignages
se recoupent et se chevauchent, est d’une richesse infinie.
Esthétiquement, Welles joue sur les contrastes violents entre le noir et
le blanc, l’ombre et la lumière. Ce labyrinthe formel fonctionne à
l’image d’un jeu de piste vertigineux dans lequel chaque plan est
composé avec une méticulosité quasi exeptionnelle. Plus sûrement
encore que les murs de Xanadu, les lignes horizontales, verticales et
transversales isolent constamment Kane des autres personnages. Par
sa cohérence exceptionnelle et ses fulgurances lumineuses, Citizen
Kane est le sésame du cinéma moderne
et LA MJC PICAUD
présentent
CITIZEN KANE
MJC PICAUD
MERCREDI 8 OCTOBRE
19H45
CITIZEN KANE
Réalisé en 1941, ressorti en 2011
Durée :119’ – U S A
Acteurs : Orson Welles, Joseph Cotten
Citizen Kane est qualifié par « l’ American Institute » (*organisation
créée en 1967 aux USA par le président L.B Johnson pour la
préservation des films patrimoniaux), comme le plus grand film de
tous les temps.
SYNOPSIS :
« Rosebud ». En prononçant ce mot énigmatique au seuil de la mort, le
milliardaire Charles Foster Kane semble donner la clé de l’énigme que fût
son existence. Armé de ce seul indice, le directeur des actualités
cinématographiques, « News on the March », charge l’un de ses
journalistes de reconstituer la vie du disparu.
Le réalisateur : Orson Welles est né le 6 mai 1915 à Kenosha dans
le Wisconsin. Il perd ses parents au début de son adolescence. Mais de
sa famille : un père inventeur farfelu, et une mère pianiste, il héritera
d’un sens particulier de la créativité. Précoce et prodige, il s’adonne
dans le cadre scolaire à sa passion pour le théâtre. Très jeune, il
commence à jouer en Europe puis à enseigner le théâtre aux USA. Il
anime également des émissions de radio et laissera en 1938, le
souvenir d’un gigantesque canular mimant l’invasion des Martiens le
soir d’Halloween. C’est à partir de cet épisode sur les ondes, que
débute sa célébrité.
Sa célébrité cinématographique débute en 1941 avec « Citizen Kane »
qui est son premier long métrage, et un film révolutionnaire par son
procédé narratif. Orson Welles n’a que 26 ans !
En 1942, il entreprend « La splendeur des Anderson » qui ne
rencontre pas le succès escompté. Il se concentre alors sur sa carrière
d’acteur avec « Jane Eyre » (1944), puis « La dame de Shanghai »
(1948). Il s’installe ensuite en Europe, où il reprend la une carrière
d’acteur pour financer la réalisation de longs métrages : « Othello »
(1952), « La Soif du mal » (1958), « Le Procès » (1963). Son dernier
film « Vérité et mensonges » sort sur les écrans en 1975. Il disparait
en 1985, à l’âge de 70 ans.
A propos du film « Citizen Kane »:
A propos de ce film, il dira : « Le secret de mon travail, c’est que tout
est fondé sur la parole ».Citizen s’inspire de la vie du milliardaire
William Randolph Hearst. Le personnage de Susan Alexander n’étant
qu’une projection de la comédienne Marion Davis que le magnat
essaya de lancer au cinéma. Plus qu’une simple biographie, ce film est
une véritable autobiographie de son auteur, jeune prodige qui
révolutionnait là le cinéma mondial avant de rompre avec Hollywood.
Dans ce film chef d'œuvre, Welles y est omniprésent : acteur, il subit à
travers le personnage de Kane toutes les métamorphoses de l'âge :
réalisateur, il est reconnaissable à chacun de ses plans, auxquels il
intègre toutes les possibilités de la syntaxe cinématographique. Ainsi
le flashback, déjà utilisé avant lui, correspond-t-il à la structure même
du film (La chute de Kane nous est révélée dès le début). Il n'y a pas de
destin, pas de suspense quant au devenir du personnage, auquel
Welles, qui est avant tout un prodigieux conteur, refuse le statut de
héros. En ce sens, André Bazin a analysé toute l'importance de la
contre plongée, empruntée à Stagecoach (La chevauchée fantastique,
1939) seule influence que reconnait Welles "La persistance de la
contre-plongée dans Citizen Kane fait que nous cessons vite d'en avoir
une conscience claire, alors même que nous continuons à en subir
l'emprise. Il est donc plus vraisemblable que le procédé corresponde à
une intention esthétique précise : nous imposer une certaine vision du
drame. Vision que l'on pourrait qualifier d'infernale, puisque le regard
de bas en haut semble venir de la terre. Cependant que les plafonds, en
interdisant toute échappée dans le décor, complètent la fatalité de cette
malédiction. La volonté de puissance de Kane nous écrase, mais elle est
elle-même écrasée par le décor. Par le truchement de la caméra, nous
sommes en quelque sorte capables de percevoir l'échec de Kane du
même regard qui nous fait subir sa puissance" .