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Chroniques bleues
Juillet, ses feux d’artifice et ses tragédies grandioses
vendredi 1er juillet 2011, par Bruno Colombari
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Mois le plus pauvre de l’année en matches des Bleus, juillet est aussi celui de Séville, Saint-Denis, Rotterdam,
Francfort et Berlin : sommets du jeu, montagnes russes émotionnelles, larmes et champagne, fêtes nationales et
soirs de drame.
A quoi bon jouer un match international en juillet ? Le septième mois de l’année est celui de tous les paradoxes : c’est celui où les
Bleus se font les plus rares (vingt apparitions en 107 ans), mais c’est aussi celui des plus beaux souvenirs, comme Montevideo en
1930 (premier match de l’histoire de la coupe du monde, contre le Mexique) Séville en 1982 (premier match de coupe du monde
terminé aux tirs au but, contre la RFA), Saint-Denis en 1998 (premier titre mondial) et Rotterdam en 2000 (titre européen acquis au
but en or contre l’Italie), auxquels on pourrait ajouter, pour faire bonne mesure, Francfort en 2006 et les vrais adieux de Zidane face
au Brésil.
Evacuons tout de suite les deux malheureux matches amicaux de début de saison, disputés en 1993 et en 1995 (victoire 3-1 contre
la Russie à Caen et nul 0-0 à Oslo contre la Norvège) à des dates tellement absurdes que l’expérience n’a jamais été renouvelée.
Restent 18 matches de compétition, et à ce moment-là de l’année, ce sont exclusivement des rencontres de phases finales.
Le premier match joué en juillet est donc celui contre le Mexique en 1930 en Uruguay, pour la toute première coupe du monde. La
victoire initiale (4-1) ne suffira pas pour sortir du premier tour avec deux défaites serrées face à l’Argentine (0-1) et au Chili (0-1).
En 1960, l’équipe de France dispute la première coupe d’Europe des Nations, créée sur le modèle de la compétition par clubs qui
existe depuis quatre ans. Après avoir sorti la Grèce (7-1 et 1-1) et l’Autriche (5-2 et 4-2), la France se retrouve dans le dernier carré
qui se dispute alors chez l’un des demi-finalistes, en élimination directe sur un match. Mais Kopa, Fontaine, Kaelbel, Piantoni et
Remetter sont forfaits.
Au Parc, les Bleus dominent la Yougoslavie et mènent 4-2 à un quart d’heure de la fin. L’affaire semble pliée, mais le gardien
Georges Lamia perd soudainement les pédales et encaisse trois buts en cinq minutes sur trois erreurs individuelles. Battus 4-5, les
Bleus laissent filer le match pour la troisième place contre la Tchécoslovaquie (0-2) à Marseille.
6 juillet 1960, France-Yougoslavie (4-5)
Sans le son, admirez le sang-froid de la défense française (maillot foncé) menant 4-2 à un quart d’heure de la finale.
Six ans plus tard, c’est un 13 juillet que l’équipe de France débute la coupe du monde anglaise, mais il n’y a pas de feu d’artifice
face à un Mexique prenable (1-1). Mal organisés, sans idée directrice et sans grand joueur, les Bleus laissent filer la qualification
contre l’Uruguay (1-2) et l’Angleterre (0-2).
Une victoire, un nul et six défaites : le mois de juillet ne réussit décidément pas à l’équipe de France, qui l’évite donc pendant seize
ans. Mais le plus grand reste à venir. Le 4 juillet 1982 à Madrid, la bande à Platini ne fait qu’une bouchée de l’Irlande du Nord, où
Giresse s’offre même le petit plaisir d’un but de la tête. Un amuse-gueule pour le 8 juillet, soir du sommet héroïco-dramatique de
Séville (voir l’article 8 juillet 1982 : RFA-France), suivi deux jours plus tard d’une défaite sans intérêt contre la Pologne (2-3) pour la
troisième place.
12 juillet 1998, France-Brésil (3-0)
Pour ESPN, Manu Petit raconte, en anglais, le millième but de l’histoire des Bleus.
Depuis cette date, le 10 juillet 1982 donc, les Bleus n’ont plus jamais perdu lors du mois de la prise de la Bastille. En 1998, après
deux qualifications au forceps contre le Paraguay et l’Italie, les hommes de Jacquet se lâchent enfin contre la Croatie avec
l’invraisemblable doublé de Thuram, puis face au Brésil, inscrivant le 12 juillet dans le patrimoine historique national.
Deux ans plus tard, l’Euro 2000 se joue essentiellement en juin, sauf la finale de Rotterdam. Face à une Squadra Azzura plus
offensive que prévu, les Bleus sont au rendez-vous, Lemerre fait jaillir du banc trois cavaliers de l’apocalypse (Pires, Wiltord et
Trezeguet) et nous offre un final hitchcockien qui aurait traumatisé dix générations d’Italiens si, en 2006...
2006, c’est la tournée d’adieux de Zidane (les Cahiers du football fabriquent pour l’occasion un T-shirt floqué d’un Good bye
Zinedine prémonitoire), et comme les bonnes tournées d’adieux, elle n’en finit pas. Récital funambulesque le 1er juillet contre un
Brésil pourtant mieux armé que huit ans plus tôt, réalisme froid le 5 contre des Portugais prétentieux et tragédie en trois actes le 9 à
Berlin face à une Italie avide de revanche : panenka presque ratée décommandée aux cardiaques en tout début de match, tête
croisée sortie par un réflexe de Buffon en début de prolongations, expulsion pour un coup de boule sur Materazzi en guise d’ultime
geste sur un terrain.
L’an prochain, la finale de l’Euro se jouera... le 1er juillet à Kiev. Celle de la coupe du monde, en 2014, aura lieu, c’est encore mieux,
un 13 juillet.