COMMUNIQUÉ DE pRESSE - Centre international d`art et du

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COMMUNIQUÉ DE pRESSE - Centre international d`art et du
COMMUNIQUÉ de presse
« ÊTRE CHOSE »
EXPOSITION COLLECTIVE DÉPLOYÉE SUR DEUX STRUCTURES D’ART
CONTEMPORAIN EN LIMOUSIN : TREIGNAC PROJET ET LE CENTRE D’ART DE
VASSIVIÈRE
Avec Alis/Filliol, Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla, Bruno Botella, Miriam Cahn,
Jason Dodge, David Douard, Diego Marcon, Guy Mees, David Musgrave, Antoine
Nessi, Reto Pulfer, Samuel Richardot, Pamela Rosenkranz, Sterling Ruby, Michael E.
Smith, Benjamin Swaim
Commissaire associé : Gyan Panchal.
VERNISSAGE : SAMEDI 4 JUILLET
15H : TREIGNAC PROJET
18H : CENTRE D’ART DE VASSIVIÈRE
CENTRE D’ART DE VASSIVIÈRE
5 JUILLET - 1ER NOVEMBRE 2015
Juillet/août : ouvert tous les jours de 11h/19h
septembre/novembre : mardi - dimanche 11h/13h et 14h/18h
TREIGNAC PROJET
5 JUILLET - 20 SEPTEMBRE 2015
vendredi - dimanche 14h/19h
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COMMUNIQUÉ de presse
Différents milieux, humains et non humains, coexistent. Ces milieux, lorsqu’ils ne s’ignorent
pas, se rencontrent à peine. Œuvrant à la bordure de ces mondes, les artistes de l’exposition
« Être chose » donnent corps à la possibilité d’une rencontre.
Qu’est-ce qu’être chose ? Est-ce qu’être humain, c’est n’être qu’une chose parmi d’autres ?
Une chose peut-elle être, sans pour autant être humaine ?
L’exposition « Être chose » réunit des artistes qui tentent de donner corps à une expérience
du bord de l’humain. Qu’advient-il du corps lorsque celui-ci s’aventure à la périphérie de luimême, lorsqu’il se frotte à la frontière de sa propre définition ?
Les œuvres rassemblées ici n’envisagent pas nécessairement la séparation entre humains et
non humains en termes de discontinuité. Les corps en sont inéluctablement altérés, fragmentés
et réassemblés. Ils se muent en figures indéfinissables, évoluant à la croisée de ces mondes.
« Être chose », c’est aussi postuler que l’on ne puisse être nommé, que l’on ne puisse assigner
un nom à chaque chose. C’est se garder d’un monde qui ne serait qu’humain.
Projeté dans le phare de Vassivière, Raptor’s Rapture (le ravissement du rapace) de Jennifer
Allora & Guillermo Calzadilla apparaît comme une œuvre clé – la rencontre improbable
d’une flûtiste et d’un vautour, seuls êtres encore identifiables de l’exposition.
La nef du centre d’art, placée sous le signe d’Anthroposomething (quelque chose d’humain)
de David Musgrave, réunit des corps composites. Une figure transrègne, telle que représentée
par Benjamin Swaim, côtoie l’irruption du monstrueux chez Alis/Filliol. Dans l’atelier, Basin
Theology de Sterling Ruby évoque les reliefs d’un repas ou d’une digestion du monde. Plus
loin, on bute sur la tête d’un chien, embaumée par Michael E. Smith. Les œuvres de la salle
des études invitent à composer avec ce paysage fragmenté. La touche fragile des dessins
de Guy Mees semble répondre à la sculpture en forme de rébus de Jason Dodge, dont les
éléments épars évoquent en creux une main absente. Le petit théâtre laisse entrevoir un
monde extérieur à notre portée, à travers les portraits animistes de Miriam Cahn, ou encore la
mue d’un objet domestique en animal imaginaire chez Reto Pulfer.
À Treignac Projet, l’exposition convoque des corps flottants. Au rez-de-chaussée, elle s’ouvre
sur une Machine fantôme d’Antoine Nessi, ectoplasme d’une ère industrielle révolue. La toile
de Samuel Richardot semble figurer une chose presque aussi volatile que les nuées filmées par
Diego Marcon. À l’étage, les œuvres sont le fruit d’une altération de la perception humaine,
à l’instar de la sculpture de Bruno Botella, réalisée pour l’exposition et de l’Alieno d’Alis/Filliol,
qui paraît avoir été modelé à l’aveugle. Un peu plus loin, les traces d’une présence évanouie
peuplent les monochromes abimés de Pamela Rosenkranz, à l’image d’Untouched by Man,
sorte de suaire synthétique, ou encore du survêtement devenu fossile de Michael E. Smith.
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COMMUNIQUÉ de presse
Tel un organe sorti des décombres, Glory Hole de David Douard recueille la fragile promesse
d’une nidation. Dans un recoin, les toiles auratiques de Samuel Richardot flamboient au-dessus
des idoles démembrées de Benjamin Swaim. Se dévoile alors, tout au bout de l’exposition,
l’immense silhouette d’un gisant, Skeletal tape giant de David Musgrave : les vestiges d’un
golem, qui n’est rien d’autre, à l’origine, qu’un embryon de papier.
L’exposition « Être chose » se déploie sur deux lieux en Limousin, le Centre international
d’art et du paysage de Vassivière et Treignac Projet, en invitant un artiste, Gyan Panchal,
en tant que commissaire associé. L’accrochage est composé à la manière de « climats »
et témoigne d’une approche subjective des œuvres comme autant de façons d’être au
monde. L’exposition s’achemine d’un espace à l’autre dans un cycle où alternent fragments
et condensations. S’y côtoient des familles artistiques aux antipodes les unes des autres, entre
excès et retenue. Comprenant en grande partie des objets, des sculptures et des peintures,
l’exposition contient peu d’images, comme si celles-ci n’étaient pas à même de rendre
compte de ces formes de vie.
Enfin, le propos d’« Être chose » s’inscrit dans une actualité de la recherche en art où une
lecture anthropocentrée du monde est plus que jamais remise en question. Sous l’impulsion de
travaux d’artistes, d’articles et de colloques (notamment The Matter of Contradiction organisé
par Sam Basu, Fabien Giraud, Ida Soulard et Tom Trevatt en 2012 sur l’île de Vassivière) se sont
multipliées les expositions traitant des relations entre l’homme et le non-humain :
« Animism » à Anvers en 2010, « Nature after nature » à Kassel en 2014, « The Noing Uv It » à
Bergen en 2015, « Inhuman » à Kassel en ce moment même... Tout en se nourrissant de ces
réflexions, « Être chose » se fonde avant tout sur l’expérience des œuvres qui ont été à l’origine
de l’exposition, et sur une approche du sensible empreinte d’un voisinage avec la nature
plutôt que d’un quelconque concept.
Marianne Lanavère et Gyan Panchal
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PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION
L’accrochage est composé à la manière de « climats » :
Corps/objets
Certains artistes de l’exposition portent un nouveau regard aux objets du quotidien, familiers,
collectés et modifiés parmi lesquels l’artiste américain Jason Dodge qui questionne le statut
de l’objet contemporain et sa relation à l’homme. L’artiste témoigne d’un moment qui met
ainsi en évidence l’histoire et l’expérience d’un certain nombres d’objets, en apparence
invisible. L’œuvre qui est présentée dans l’exposition, Hand, est composée de cinq objets
qui tous ont causé de façon accidentelle la perte de doigts : une vitre de fenêtre cassée, un
patin à glace, une patte de cheval, un tapis roulant et un capot de voiture. Cinq éléments
disparates qui reconstituent symboliquement une main.
Michael E. Smith soustrait quant à lui la présence humaine de ses œuvres. « Il les a remplacés
par une physiologie et une psychologie des choses. » (CAPC Bordeaux) Il travaille uniquement
à partir de résidus de toutes sortes, tels que des vêtements abandonnés, que l’on peut retrouver
dans deux de ses pièces Untitled (2013) composée d’un pantalon de jogging, de plastique
et d’une huître ou Untitled (2012) composée d’un t-shirt, sweat-shirt, plastique et plumes. Ses
œuvres défient le désastre économique et écologique de notre temps et revendiquent le
matérialisme comme une nécessité vitale.
Le travail du jeune artiste français Antoine Nessi se concentre autour de la confrontation de
deux univers perçus comme antagonistes : celui de l’art et celui de l’industrie. Cette rencontre
se manifeste autour de la machine, instrument à la base de tout processus industriel. Ce qui
l’intéresse plus particulièrement est le potentiel esthétique de ces machines. Dans sa série
de sculptures intitulée Machine Fantôme, dont l’une est présentée à Treignac, il renverse le
statut de ces instruments en les privant de leur fonctionnalité mais également en les rendant
indépendants de toute finalité. Antoine Nessi rend un hommage détourné au travail qualifié,
aux compétences nécessaires à ce type de réalisation ainsi qu’à la puissance des métaux.
L’artiste français Bruno Botella est venu, dans le cadre de l’exposition, en résidence à Treignac
pour produire une œuvre, une sculpture. Son travail étudie les possibilités liées aux propriétés
des matériaux à leur caractère ductile ou fragile. Il met en place des procédés de fabrication
complexes dont le but serait non pas d’aboutir à un objet déterminé mais de traverser les
états provisoires de la matière.
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PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION
Créatures en mouvement, homme/animal/végétal
Est présentée dans le Phare, comme point de départ de l’exposition, la vidéo Raptor’s rapture
des artistes Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla. Ce film a pour sujet la rencontre entre
l’homme et l’animal par le biais d’une flûte qui a été réalisée par l’Homo Sapiens il y a
35 000 ans à partir d’os d’une aile de vautour, fragment d’un ancêtre. Si cette vidéo a une
dimension anthropologique évidente, elle questionne le rapport temps/espace non humain.
Elle est également une réflexion sur la création d’un espace sensible, sur notre relation au
monde vivant et aux origines de la création.
L’exposition présente deux peintures de l’artiste suisse Miriam Cahn. Le thème de la nature et
ses proportions est abondamment traité dans son œuvre comme en témoignent les pièces
intitulées Nach dem Schnee (2004) et Denkendes Tier (1996). « Ce qu’elle cherche, à travers
la réinterprétation permanente de la grande peinture, c’est un monde et une humanité
d’avant la culture, où hommes, femmes, animaux et plantes ne sont pas encore séparés.
Ainsi, les motifs, grâce à l’efficacité du process, passent d’une image à l’autre : un regard naît
dans un profil d’oiseau et habite ensuite un visage, des êtres humains sont en transition vers un
devenir féminin ou un futur végétal. » (Marie-Cécile Burnichon, art press, 2009).
Comme un prémisse de l’exposition monographique qui lui sera consacrée au centre d’art à
la fin de cette année 2015, l’artiste suisse Reto Pulfer présente ici l’oeuvre textile ZR Autswaus O
(2008) qui fait apparaître un animal marin à partir d’une housse de sofa. Reto Pulfer construit
ses œuvres à partir de systèmes linguistiques. Connu pour ses sculptures réalisées en tissu teint
et dessiné, célébrant à la fois le lieu, l’éphémère et les énergies de différents personnages
et sentiments, son travail est intrinsèquement lié à la mnémonique. Le choix et l’association
de ces objets reflètent les décisions prises par l’artiste lors de la création de ses œuvres :
mélange des matières (textiles, tissus tachés, écritures sur tissus), lutte entre bi-dimensionnalité
et trois-dimensionnalité, et utilisation symbolique des couleurs. Ce système est un labyrinthe
de références subjectives mais également une source infinie d’indices pour le regardeur. Son
travail est éminemment intuitif, physique et intéractif.
David Douard présente ici une sculpture hybride organique et mécanique : sorte de nid
suspendu oscillant entre l’image d’un cocon et celle d’un œil. David Douard insuffle aux objets
qu’il crée une vie fantomatique, cherchant à révéler l’étrangeté du monde. Glory Hole (2013)
est réalisé à partir de matériaux de récupération. « Dans le travail de David Douard, les objets
sont porteurs d’une forme de vie. Son œuvre, marquée par l’utilisation de la technologie, est
proche des mécanismes de l’animisme. » (Rebecca Lamarche-Vadel).
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PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION
Le monstrueux
La sculpture en céramique Basin Theology/GBRO de Sterling Ruby représente une assiette
remplie des restes d’un repas. Cette pièce exceptionnelle, d’un mètre de diamètre, incarne
symboliquement une grande digestion à l’échelle du monde. Sa démarche procède d’une
lecture extrêmement lucide et critique de la société américaine d’aujourd’hui, exprimant
les tensions qui existent entre les désirs individuels et les contraintes sociales qui nous sont
imposées.
Le duo italien Alis/Filliol est composé de Davide Gennarino et Andrea Respino. Leur travail
se concentre autour de la sculpture, entre création contrôlée et improvisation, à travers des
formes difformes. Pour Alis/Filliol la sculpture est une expérience physique, un espace intense
dans lequel peuvent être expérimentées de nouvelles techniques. La sculpture intitulée Mofo
(2012) est le résultat de la confrontation artistique de deux individus. Elle réunit et synthétise à
elle-seule différentes techniques et processus de travail. Cette figure monumentale (haute de
370 cm) oscille entre forme hybride et liquide, qui semble constamment changer d’apparence,
faisant ainsi référence tant à la sculpture baroque qu’à la tradition cinématographique et
littéraire de la science-fiction. Alis/Filliol aborde à travers leur deuxième pièce Alieno (2012)
qui est présentée à Treignac, l’un des sujets les plus traditionnels de la statuaire classique, celui
du portrait, qu’ils déforment et « enlaidissent » créant ainsi de puissantes et terribles figures.
David Musgrave est un artiste britannique dont la pratique questionne les incertitudes de la
représentation, de l’expression et du processus de création. Les formes anthropomorphiques
qui structurent son travail sont aussi bien figuratives qu’abstraites. Il interroge l’acte de création
à travers la figure de la mythologie juive du golem. Le dessin Anthroposomething (2001), qui
pourrait incarner à lui seul l’ensemble de l’exposition, est exposé dans la nef du centre d’art
de Vassivière; tandis que la sculpture monumentale Skeletal tape giant (2001) est présentée
à Treignac.
Les œuvres de Benjamin Swaim comportent une dimension vitale et sexuelle très forte, qu’il
exprime à travers son utilisation de la couleur, proche de l’expressionnisme allemand. La
série de peintures Salammbô Schreber, dont deux toiles sont présentées à Vassivière, est ainsi
inspirée de deux noms : celui de l’héroïne du roman Salammbô de Gustave Flaubert et celui
d’un homme qui devient femme : Schreber - auteur des Mémoires d’un névropathe que
commente Freud dans Cinq psychanalyses. « Les dernières huiles sur toile de Benjamin Swaim
nous plongent dans un univers particulier, teinté selon l’artiste, d’un expressionnisme queer
où l’on assisterait à la destitution de la puissance masculine au profit d’un devenir-femme. »
(Galerie Samy Abraham)
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PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION
L’artiste présente également de petites sculptures réalisées à partir de fragments de corps
réassemblés pour former des figures monstrueuses.
Représentations éthérées
Guy Mees est une figure centrale de la scène anversoise d’après guerre (1935-2003). À partir des
années 1980 il travaille essentiellement avec des matériaux fragiles, transparents et poreux, comme
pour les deux grands dessins qui sont exposées à Vassivière Untitled Regenvlaag Impressie Van Een
Roze / Kamer Met Victoria Blauw (1978) et Untitled (1982). Tel un impressionniste, l’artiste ajoute
quelques points au feutre dans la première ou au pastel dans la seconde en périphérie de la feuille.
Diego Marcon présente à Treignac la vidéo qu’il a réalisé en 2013 pendant sa résidence au
Château de l’île de Vassivière intitulée Pour vos beaux yeux : une succession d’apparitions
de nuages dans le ciel. Réalisée en format Super 8, le titre du film est une référence
directe au court-métrage éponyme d’Henri Storck. À la manière d’un impressionniste
contemporain, il réfléchit sur les concepts de regard fixe, d’image et d’impression visuelle.
L’artiste français Samuel Richardot « s’intéresse à l’inconscient de la peinture. Trois peintures
sont exposées à Treignac : Tropique II, Sud et Vorang (2014). La caractéristique de ses dernières
toiles est l’utilisation d’une peinture fortement diluée qu’il répand sur une toile posée au sol et
dont les limites sont déterminées par l’utilisation d’un pochoir. Une attention forte est accordée
aux sensations et à l’imaginaire lors de la construction de ses tableaux. L’ordre qui y règne est
pénétré de l’idée de cosmos.» (J. Emil Sennewald)
Pamela Rosenkranz est une jeune artiste suisse. Elle représente actuellement le pavillon suisse
à la 56ème Biennale de Venise. Deux pièces sont présentées à Treignac : Untouched by Man
(2010) et Because they try to bore holes in my greatest and most beautiful work (2013). Son
travail questionne la condition d’être humain aujourd’hui à l’époque contemporaine, les
apparences et l’image du corps dans la société de consommation.
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