Cuisine familiale : au centre du débat, au cœur de l

en bref
S U C R E
E T
S A N T É
Cuisine familiale :
au centre du débat, au cœur de l’action
Dans le cadre de la dernière édition
des Gastronomades d’Angoulême (voir
également page 6), le Cedus a organisé
un grand débat public sur le thème de
La cuisine familiale au secours de la
nutrition. Témoignant de l’intérêt
grandissant pour ces problématiques,
l’initiative a fait salle comble. Son
objectif ? Proposer à l’assistance un
état des lieux des pratiques actuelles
des Français et expliquer l’intérêt de la
cuisine familiale pour, au quotidien,
prévenir les déséquilibres alimentaires.
L’occasion également de dresser un
premier bilan de l’opération pionnière,
Ma santé a ses recettes ; la cuisine
n’en faites pas tout un plat, lancée par
le Cedus dans la région angoumoise.
Le débat public était animé par
Guillaume Crouzet, rédacteur en chef adjoint
de l'Express magazine.
Le débat, animé par Guillaume Crouzet,
rédacteur en chef adjoint de L’Express
magazine, réunissait le docteur
Dominique-Adèle Cassuto, médecin
nutritionniste à Paris, Marie-Line Huc,
diététicienne à Angoulême et
responsable de l’Association des
diététiciens de langue française (ADLF),
Michelle Le Barzic, psychologue
clinicienne à Paris 1, ainsi que Michel
Roth, directeur des cuisines de l’hôtel
Ritz à Paris. À partir de la projection
d’un film proposant des portraits de
consommateurs, les échanges ont
démarré sur le constat d’un phénomène
typiquement contemporain : si les
Français sont de plus en plus nombreux
à investir dans l’équipement de leur
De gauche à droite : Marie-Line Huc, diététicienne, Michelle Le Barzic, psychologue,
Dominique-Adèle Cassuto, nutritionniste, Michel Roth, chef cuisinier.
cuisine, rares sont ceux, en revanche,
qui y cuisinent réellement !
« L’absence de transmission familiale
conjuguée au défaut d’apprentissage
ou au manque de pratique ont
dramatisé la perception de l’acte
culinaire, aussi simple soit il »,
commente Michelle Le Barzic.
Un comportement qu’il est souhaitable
de faire évoluer car de plus en plus de
spécialistes sont convaincus de tenir,
avec la cuisine familiale, un élément de
réponse déterminant face aux enjeux
de santé publique. « Au plan
nutritionnel, l’essentiel est de respecter
un équilibre sur une semaine plutôt que
sur une journée : la pratique de la
cuisine familiale permet d’atteindre
cette régularité », a expliqué Marie-Line
Huc, en accord avec le docteur Cassuto
qui précise : « cuisiner permet de
savoir de quoi les plats sont composés,
de doser les quantités nécessaires et
d’élargir les goûts. » Avec une triple
conséquence bénéfique : accéder à des
repères sur les portions, diversifier
l’alimentation et partager des moments
de plaisir.
Passage à l’acte
Encore faut-il s’y mettre... Et c’est là
que l’action sur le terrain prend tout
son sens. À travers l’opération Ma
santé a ses recettes, une équipe
pluridisciplinaire (chef et nutritionniste)
mobilisée par le Cedus a proposé à des
acteurs sociaux et familiaux une
journée de formation destinée à les
aider à réhabiliter la cuisine maison
26
grain de sucre N°10 mars 2006
auprès de familles confrontées aux
problèmes de surpoids et/ou de
déstructuration des repas 2.
En quelques mois, une soixantaine de
représentants d’organismes et
institutions (Conseil général, Caisse
d’assurance maladie, MJC, banques
alimentaires...) ont bénéficié de la
formation et accompagnent désormais
le "retour aux fourneaux" de personnes
exposées aux déséquilibres
alimentaires. Concrètement, cela se
traduit par un transfert de compétences
élémentaires mais indispensables :
faire ses courses en fonction de son
budget, réaliser des recettes
appétissantes, simples et peu
onéreuses, composer un repas
équilibré, connaître les modes de
cuisson, prévoir les justes quantités,
doser l’emploi des matières grasses,
sucres et sel... Les témoignages
exprimés lors du débat ont salué la
pertinence et l’efficacité de ce type
d’action. Destinée à être reconduite,
l’opération Ma santé a ses recettes a
également engendré des initiatives
spontanées, comme des ateliers de
lecture de l’étiquetage nutritionnel
figurant sur des produits ou des
"clubs" d’échange de recettes. De
quoi, précisément, en faire tout un plat.
1. Voir également page 25
2. Voir également Grain de sucre n°9
Cedus : Sarah Clisci.
Tél. : 01 44 05 39 85.
E-mail : [email protected]