alter image - Afrique in visu
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ALTER IMAGE Association loi 1901 Lettre d’infos n°1 Mémoires collectives d’ouvrier(e)s immigré(e)s En Midi-Pyrénées 1 er trimestre 2008 Edito - Alter Image et la « Mémoire collective des ouvriers immigrés en Midi-Pyrénées ». Contexte historique Les Prises de vues L’EPRA Les Radios Petit rappel du projet Depuis plusieurs générations, des ouvriers issus de l’immigration participent pleinement à l’activité économique de la région Midi-Pyrénées. Le processus d’« intégration » dans notre société s’effectue aussi par leur reconnaissance professionnelle et sociale. Afin de préserver les traces et les mémoires de ces différentes immigrations dans l’économie de la région MidiPyrénées, Alter Image a proposé un travail de recherche collective en recueillant des témoignages photographiques et oraux. Il s’agit de mettre en valeur la pluralité et la richesse de ces témoignages, relatifs à la mémoire des ouvriers immigrés dans le tissu industriel des 8 départements de la région MidiPyrénées (en milieu rural et urbain). Cette valorisation d’un patrimoine humain prend une acuité particulière à l’heure où se manifeste la nécessité d’ancrer l’immigration dans la mémoire collective et de lui rendre sa juste place dans une perspective d’histoire commune et partagée. Sara Jabbar-Allen et Gilles Favier croisent leurs regards artistiques en réalisant des portraits photographiques avec la contribution sonore des radios locales associatives. Le but est de recueillir des images et la parole de témoins. Ce travail est réalisé en lien avec la recherche scientifique. Laure Teulières, maître de conférences à l’Université de Toulouse le Mirail et spécialiste de l'histoire des immigrations en MidiPyrénées en assure le suivi. Cette démarche mémorielle concerne la Région MidiPyrénées, pour la période de 2007 à 2009. Il a commencé en 2007 par l’Ariège et se poursuit aujourd’hui par le Tarn et l’Aveyron. Il aboutira à la publication d’un ouvrage et d’un CD, ainsi qu’à une exposition photographique itinérante, à Toulouse et dans chaque département. L’EPRA (Echanges et productions radiophoniques) est une banque de programmes radiophoniques qui diffuse des émissions de proximité produites par 120 radios associatives françaises, et par Radio France Internationale. La convention qui lie l’Epra à ces radios porte sur des programmes orientés vers la lutte contre le racisme, la xénophobie, les dicriminations et vers la promotion de l’intégration. L’Epra diffuse trois heures de programmes par jour et par satellite, à destination de ses partenaires offrant ainsi à chaque radio la possibilité de promouvoir ses productions et d’élargir son champ de diffusion. Ce dispositif qui produit des programmes entièremenent dévoués à la diversité n’est pas très connu. Pourtant, les radios associatives jouent un rôle important dans les territoires, en particulier dans les villes moyennes où elles ont une forte audience. Elles sont un véritable relais du travail de proximité, de la parole citoyenne, lieu de rencontre et de dialogue entre les cultures. Manuel LIBRERO Contexte historique L'action d'Alter-images sur les mémoires d’ouvrier(e)s immigré(e)s porte d'abord sur un territoire, celui de Midi-Pyrénées. Cette perspective croise les orientations les plus récentes de la recherche historique française sur l'immigration, un des chantiers en cours consistant justement à mieux cerner les apports respectifs des migrants dans les différentes régions et au sein de leurs divers sous-espaces. Projet donc à ancrage local, au plus près des sites industriels, anciennes usines ou chantiers où se sont déroulées ces vies de travail. Mais il faut dire aussi qu'une telle démarche s'inscrit dans une perspective plus large. Ces dernières années ont vu en effet s'engager une profonde relecture de l'apport 1 immigré aux sociétés contemporaines. C'est le cas en France, mais également chez bon nombre de nos voisins européens ainsi que dans d'autres grands pays de par le monde. Cette reconnaissance des déplacements humains comme une part constitutive de l'histoire sociale et culturelle a des contrecoups directs sur la façon d'envisager le passé d'une société donnée, à quelque échelle que l'on se place. En France, le retour de mémoire au sujet de l'immigration, fait majeur dans le développement du pays depuis plus d'un siècle, ne s'est pas fait sans débats ni polémiques. Car cela touche aux représentations de l'identité nationale aussi bien qu'à celles des identités régionales, voire plus locales encore. Mais un pas a d'évidence été franchi, depuis longtemps porté par des mobilisations militantes et associatives, de très nombreuses actions (inter)culturelles, et finalement symbolisé par l'ouverture d'une institution nationale spécifiquement dédiée à cette question : la Cité Nationale de l'Histoire de l’Immigration qui a ouvert ses portes à Paris à l'automne dernier. Le travail entrepris en Midi-Pyrénées arrive donc a point nommé, comme une tentative originale pour remettre au jour une part de ces mémoires en cours de reconnaissance. L'approche de terrain commence par l'Ariège, département ayant une histoire industrielle diversifiée, entre la plaine, le piémont et les activités de montagne – électro-métallurgie, mines ou carrières – entre les versants du Couseran ou du pays de Foix. Des immigrés ont participé précocement à ces activités, venus d'abord d'outre-Pyrénées, puis de bien d'autres origines. Les portraits réalisés rendent compte de cette vaste palette de parcours. Leurs visages et leurs voix offrent une traversée, à échelle humaine, d'un pan d'histoire des pays ariègeois. Laure Teulières Déroulement des prises de vues Septembre 2007 : démarrage du travail de terrain, en commençant par l’Ariège. L’accueil par les personnes interviewées et/ou photographiées a toujours été chaleureux et enthousiaste par rapport aux objectifs de ce projet : « Enfin on s’intéresse au monde ouvrier par le biais de la mémoire d’immigrés ». Même enthousiasme de la part des élus et des acteurs de terrain, syndicats, associations, techniciens travaillant sur la question du patrimoine, qui ont tous aidé à la quête des témoignages en nous mettant (radios et photographe) directement en lien avec des personnes voulant bien témoigner. Le phénomène a vite fait boule de neige et il a rapidement fallu faire une sélection. L’articulation entre photographe et radio à été efficiente. La question de l’immigration faisant souvent partie de la programmation des radios locales, les portraits de 20 minutes ont été diffusés rapidement et achetés par l’EPRA, ce qui permet de mettre à disposition nationalement ces témoignages. Dilek Ak Les témoignages recueillis révèlent que, quelle que soit l’époque, le milieu social ou l’origine, les migrants du XIXe siècle ont tous traversé les mêmes épreuves, ressenti la même douleur de l’éloignement et de l’insécurité et les difficultés d’apprentissage de la langue. Le rôle des mères et leur douleur, en partie due à l’isolement, est souvent revenu au fil des témoignages. En utilisant deux supports différents mais complémentaires (image et son), les photographies parlent là où les mots ne le peuvent. Les sentiments sont ainsi mis en avant, tout comme le vécu de chaque individu à travers le temps. Barrage d’Izourt 2 Mohammed HASNOUI Prochaines étapes Famille BOUFARIT Pays du Couserans La dernière étape de l’Ariège sera le Pays des Portes de l’Ariège, courant mars-avril 2008. S’en suivra le travail dans le département de l’Aveyron. La participation de la DRAC et du Conseil Général de l’Ariège ont été sollicitées. L’ACSE et la Région Midi Pyrénées renouvellent leur soutien pour 2008. Sara JABBAR-ALLEN RADIO TRANSPARENCE 93.7 Radio Transparence, dont l’un des objectifs est de donner à entendre ceux qui n’ont pas habituellement la parole, s’associe au projet. Forte de son expérience dans le domaine de la collecte de témoignages sonores et de son adhésion à l’EPRA, Radio Transparence a choisi de mettre en commun les contacts de son réseau et de travailler en partenariat avec la photographe Sara Jabbar-Allen pour la partie ariègeoise du projet. Les témoins couseranais sont tous deux originaires d'Italie. La plus âgée, Julia DELRIEU, est arrivée lorsqu’elle était encore petite fille dans les années trente. Sa famille fuyait les « camisa negra » et s'est installée dans le Lauragais où de nombreuses autres familles italiennes vivaient déjà des travaux agricoles. Julia évoque les difficultés de sa mère au début. Mais elle estime aussi avoir vécu dans un monde assez protégé, entourée des siens, une chaleur familiale qui perdure encore avec sa fille et sa petite-fille. Pays de Foix Haute-Ariège: Abdelmalik BOUFARIT est originaire du Maroc, il travaille à l'usine de talc de Luzenac et vit à Foix. Il est également sculpteur sur talc Son témoignage s’inscrit dans une logique intergénérationnelle. Il raconte l'histoire de son père exilé du Maroc pour aller en Belgique, puis la tentative de l'ensemble de la famille de revenir au pays, un pays qui leur était devenu étranger. Abdelmalik Boufarit s'est exilé lui aussi quelques années après la mort de son père pour s'installer en France. Son portrait est très détaillé et particulièrement complet : « L'exil du père », « Le retour au pays » et « L'exil du fils ». Ces trois volets de 20 minutes chacun ont été achetés par l'EPRA. Julia DELRIEU Le destin de la famille de Michèle MANTIONE est sensiblement différent, sa famille étant arrivée après la guerre pour échapper à la misère du sud de l'Italie. Son père et son frère aîné ont travaillé aux mines de 3 Sentein, un travail si difficile qu’il est, dans les faits, réservé aux personnes issues de l'immigration. Michèle Mantione a le sentiment que ses parents se sont sacrifiés pour que leurs autres enfants échappent à cette condition ouvrière si pénible. Ils auraient pu revenir au pays après avoir épargné quelques économies, mais n'ont pas voulu imposer un autre exil à leurs enfants. D'une certaine façon, Michèle Mantione a réalisé le rêve de ses parents en devenant institutrice. Pays des portes d'Ariège. Quelques contacts ont déjà été pris avec une élue appaméenne et avec la section locale de la CGT. A suivre.... Tania HELBRINGER Alter Image Association loi 1901 Pays de Pyrénées Cathares Ce territoire au fort passé industriel a toujours attiré les nouveaux arrivants : ainsi, la population se compose à 75% de personnes non- autochtones. L'industrie textile bénéficiait, au début du siècle, d'une bonne image, permettant des métiers ni fatigants, ni salissants. C’est ce qui a attiré la famille LIBRERO en 1918, dont le grand-père, patriarche à la mémoire vivante, fondateur de l'entreprise familiale poursuit son activité aujourd'hui encore. La conjoncture économique difficile - la concurrence de la Chine notamment –n’a pas permis au petit-fils de reprendre l’activité. Créée en juillet 2005, l’association Alter Image a pour objectif de promouvoir la connaissance des cultures et l’étude des faits sociaux en s’appuyant sur divers supports multimédias. Partant du constat qu’aujourd’hui, un des outils les plus efficaces pour informer le public est le multimédia sous toutes ses formes, Alter Image souhaite pouvoir soutenir les travaux proposés par les professionnels auprès des institutions (Etat, collectivités territoriales…) afin de les rendre accessible au public. Les travaux effectués peuvent être utilisés de diverses manières : • • • • • support pédagogique. illustration de colloques expositions itinérantes utilisée pour sensibilser des publics qui n’ont pas facilement accès à ces informations, et inciter à une meilleure compréhension des faits sociaux et culturels. dossiers de soutien pour des associations. rapprochement entre acteurs sociaux et associations. Contacts : Coordination projet Mémoires d’ouvriers : Sara JABBAR-ALLEN 06.87.73.80.76. [email protected] Elizabeth PONS 06.76.09.71.13. [email protected] Radio: Radio Transparence Tania HELBRINGER 05.61.02.66.11. [email protected] Accompagnement projet : Callojero MANTIONE La naturalisation du grand-père remonte à 1938. Aussitôt naturalisé et à peine majeur, il a effectué deux ans de service militaire et puis la guerre s'est déclenchée. Aujourd’hui, on peut dire que l'entreprise Librero et fils a su garder sa place dans le paysage industriel du Pays des Pyrénées Cathares. CLAP Midi Pyrénées www.clapmp.com Marie-Hélène BOSCH 05.62.27.50.48. [email protected] Photographies ©Sara JABBAR-ALLEN Une autre rencontre forte de ce territoire est celle de la communauté turque à travers Dilek AK. Son père et son oncle étaient employés à la scierie Armengol. Ellemême est née à Laroques d'Olmes et a beaucoup réfléchi à sa double culture, au sacrifice consenti par ses parents et au désir qu'elle a de ne pas les décevoir. Ce portrait a été acheté par l'EPRA. 4