un espoir au Sénégal

Bureau de dépôt Bruxelles X
Numéro d’agrément P405255
N° 326
Du 15 au 31 mai 2006
Bimensuel réservé aux praticiens de l’art dentaire - 15ème année - 1,25 €
Ne paraît pas en juillet, la 1ère quinzaine de janvier et d’août
Exp.: MIC, avenue du Vivier d’Oie 19 bte 1 - 1000 Bruxelles
AIDE
un espoir au Sénégal
Fort de deux expériences humanitaires au cœur de l’Afrique, Yves Parage, dentiste
gaumais, revient d’une mission au Sénégal. L’objectif était d’installer un cabinet
dentaire au sein d’un dispensaire de soins médicaux. Deux particularités caractérisent les projets d’Yves Parage. Il organise entièrement ses missions seul, choisit
des lieux reculés de tout et ouvre ainsi de nouvelles voies là où la demande n’ose
espérer un recours aux nombreux problèmes bucco-dentaires.
Dans ce numéro:
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Enquête: Etes-vous satisfait de votre laboratoire?
Coup d’oeil
Industrie: Kodak, un partenaire de choix en imagerie
Reportage: Symposium Ostéologie
Actualité: Aide humanitaire au Sénégal
Reportage: La souffrance des soignants
Info Produit
Agenda
Lecture
Loisirs: Expo “Murs au coeur de la ville”
Petites Annonces
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A ctualité
Aide humanitaire Sénégal
Un espoir à Sylla
Le corps dentaire du Sénégal se décline selon
deux vocations. Les dentistes diplômés de
l’Université de Dakar ont peu d’opportunité de
s’installer en privé. La plupart travaille dans les
centres hospitaliers d’Etat et sont mis à la disposition du Ministère de la Santé qui les affecte dans
les différents sites du pays pour des contrats
déterminés. La profession est secondée par des
Techniciens Supérieurs en Odontologie (TSO) que
nous pourrions assimiler à des Gradués en dentisterie. Leur niveau de formation est plus avancé
qu’on ne pourrait l’imaginer. Ils maîtrisent toutes
les techniques de bases des soins dentaires. Ils
n’ont pas dans leur attribution les soins endodontologiques, ni prothétiques.
Cette structure ne parvient malheureusement pas
à couvrir l’ensemble du territoire et ce pour des
évidents problèmes géographiques, d’inaccessibilité saisonnière de certaines zones, et donc aussi
pour des efficiences de rentabilité pour les parties
en présence.
C’est à Sylla, village de la région de Matam au
Nord-Est, proche de la Mauritanie, que Yves
Parage a décidé avec l’aide de la Coopération du
Grand Duché de Luxembourg, d’installer un cabinet dentaire fonctionnel. Cette région est coupée
régulièrement du reste du pays par les crues du
fleuve Sénégal et Sylla n’est pas le long de la
nationale, véritable artère qui permet de manière
exclusive un approvisionnement rapide de la
région.
« J’ai sélectionné le Sénégal car mes projets ont
retenu l’intérêt de la Coopération Grand-Ducale
active dans ce pays » précise Yves Parage. « Je
préfère nettement relever le défi de cibler mon
action vers les plus démunis. En Afrique, ceux-ci
se trouvent souvent dans les lieux très retirés et
donc peu accessibles. C’est la raison pour laquelle
les infrastructures sont pauvres. Il faut savoir que
Sylla se trouve à 700 kms des côtes, que la surface de la région est étendue comme la Belgique
et compte 2 dentistes distants de 7 kms pour une
population totale de 450 000 habitants. Enfin,
pour atteindre Sylla,
18kms de piste parfois
impraticable sont nécessaires depuis la nationale».
Tout débute en novembre
dernier avec l’accord des
autorités suite à une première prospection. Il fallait convaincre que Sylla,
malgré son isolement, est
un carrefour important
pour les populations locales. L’objectif est double:
installer de l’équipement
et parvenir à ce qu’on y
affecte du personnel médical permanent pour assurer les soins. « Lors de
mes autres missions, je
passais du temps sur place
à soigner les habitants.
Cela durait 3 à 4 semaines
et puis je partais. Que
restait-il de mon passage?
Au mieux quelques boîtes de produits ou de médicaments, … Frustrant ! » Cette fois-ci le projet
n’est pas ponctuel. Yves Parage s’est chargé de
l’acheminement et de l’installation du matériel:
deux units mobiles de l’Armée belge, modifiée et
équipées de lumière froide, les pièces à main, un
générateur RX Trophy, un bac à ultra-sons, un sté-
Yves Parage,
homme d’action et de coeur
Ce Gaumais n’est pas un homme ordinaire. Si dans ces
yeux bleus pétillent l’envie d’ouvrir ses horizons, le cœur
est volontairement tourné vers les autres. Pour répondre à
ce besoin de partage, il fait preuve d’une volonté méthodique et d’une tenacité imposante qui ne sont nullement
desservies par un brin d’entêtement qui anime le bonhomme. Il a fondé une ASBL pour offrir un cadre légal à
ses actions. L’Aide Dentaire aux Centres Sanitaires en
Nécessité (ADSN) vit donc actuellement sous sa houlette.
Yves Parage prépare seul ces missions. Il se démène pour
récolter et financer la récupération de matériel avec l’aide d’un ami ingénieur, son garage ressemble à un atelier de MSF. Ce dernier guide parfois ces gestes par GSM lors des difficultés techniques
rencontrées sur le terrain. Seul contact avec la Belgique. Seul recours en cas de panne… Après les
heures du cabinet de Robelmont, la machine humanitaire se met en route. Il prépare les transferts,
avions, bateaux, véhicules routiers, assurent les autorisations indispensables, véritable parcours du
combattant, multiplie les contacts et finalise tout sur place, souvent seul et sans filet. Les frais de
ce type de mission sont énormes. Cette année les moyens n’ont pas permis d’obtenir un véhicule
utilitaire 4x4, indispensable pour les pistes. Il a fallu se contenter d’un véhicule classique de location avec les crevaisons répétées. Yves Parage cofinance lui-même beaucoup ses missions. La
Coopération, les sponsors et les donateurs lui permettent d’atteindre ses objectifs. Mais cela ne suffit pas. Les missions Parage ne sont pas, vous l’aurez compris du tourisme vert, et ne peuvent être
menées que par des qualités indéniables qui ne laissent aucun doute sur la personnalité du personnage.
Chapeau Yves et bonne route …
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rilisateur Harvey, une lampe UV, une développeuse
automatique Siemens et un groupe électrogène
performant . Durant les semaines suivantes, il partage avec le personnel local son expérience et
transfère ses connaissances au TSO local dépêché
sur place dès son arrivée.
« Enfin, mon but était de rencontrer les autorités
à Dakar afin d’affecter à Sylla une équipe permanente qui pourra poursuivre la mission et travailler de manière plus efficace avec le matériel
apporté. » Si les accords sont donnés pour prolonger l’activité de Sylla au-delà de 2006, le matériel
sera entretenu et remplacé à terme par une unit
conventionnelle fixe équipée d’un compresseur et
d’un moteur d’aspiration DURR. Des armoires dentaires Baish rachetées à l’Armée pourront parfaire
l’équipement du cabinet.
Situation dentaire
et conditions de travail
« Ma première mission humanitaire s’est déroulée
au Sénégal, mais plus au Sud dans le delta du Sine
Saloum. Dans cette région, la situation bucco-dentaire est meilleure. Des traces de fluorose chez
les adolescents signent la présence de fluor dans
l’eau de consommation. A Matam, il n’en est
rien. Tous les enfants sont touchés par la carie
dentaire. Cette comparaison me pousse à reconsidérer les stratégies de la mission et d’orienter un
plan préventif notamment par la prise de compléments fluorés. » suggère Yves Parage.
L’urgence est donc bien présente. L’état dentaire
est catastrophique, les gens vivent avec leur souffrance et quand ils en ont l’occasion font des kilomètres (parfois 150kms) en charrette, à pied pour
se rendre chez le dentiste. Un autre paramètre
est de faire évoluer les soins actuels vers une plus
grande efficacité. Les soins en un temps, avec des
produits modernes comme nous utilisons dans nos cabinets (IOV,
comme fond de cavité,…) peuvent
avantageusement remplacer les
deux étapes eugénate-obturation.
Cette évidence a d’ailleurs fait
l’objet de dialogue avec les autorités médicales de Dakar. Même
constat pour l’endo, la technique
en un temps sous digue montrée
par notre confrère Yves Parage
devrait faire évoluer la donne sur la
rapidité des soins.
« Le matin devant le cabinet une
longue file de patients attendait,
toute la journée sous un soleil de
plomb, parfois ils revenaient le
lendemain et le surlendemain. Il
fallait sélectionner selon l’urgence:
d’abord les phlegmons, ensuite on
fait patienter avec un analgésique.
Ceux qui ne sont pas pris le jour
même logent sur place, en espérant être reçu le lendemain.
L’organisation des soins est bonne,
le personnel local est bien préparé.
Le centre de Sylla est sous la responsabilité d’un infirmier. Il gère
le poste de santé. Une accoucheuse
occupe aussi la fonction d’assistante dentaire. Celle de Sylla est
admirable par sa grande motivation et ses compétences » ajoute
Yves Parage.
Les soins prestés sont payants : 75
cents afin de permettre au centre
de récolter quelques bénéfices.
Ceux-ci serviront à l’achat du carburant pour le groupe et à rémunérer un peu les prestataires.
Fournisseur officiel
Procera
Regard d’avenir
« Lors de mon séjour, j’ai pu visiter
sept écoles. A chaque fois, cinq
classes ont bénéficié d’une séance
de motivation et d’instruction au
brossage. J’y ai laissé des brosses
à dents, mais il m’en faudrait plus
… » La mission du mois de mars est
axée plus que jamais sur un espoir
de continuité. Les contacts avec les
autorités de la capitale sénégalaise
devraient pouvoir permettre la
poursuite du cabinet de Sylla.
L’affectation permanente de dentistes d’état sous des contrats limités pourrait donner un nouveau
départ à cette initiative et surtout
garantir son avenir. « Cette année,
mon assistante dentaire m’a
accompagné. Pour soigner c’était
un véritable soulagement. Depuis
de longues années, j’ai appris à ne
plus pouvoir me passer de ce luxe.
Alors vous comprenez qu’au cœur
de l’Afrique c’est encore plus indispensable ». Pour elle l’expérience est réussie même si les conditions de vie sur place restent
difficiles pour un européen. « Enfin, si tout se passe comme
prévu, je retournerais en fin d’année pour installer les nouvelles
units fixes. Avec cette mission, conclut Yves Parage, j’ai réussi,
du moins j’ose l’espérer, une concrétisation réelle des objectifs
que je poursuis depuis le début : réunir les conditions nécessaires, les transférer et les garder opérationnelles après mon
départ» .
Certains diront qu’un proverbe d’un célèbre philosophe chinois
résume cela… il nous parle de don de poissons et d’apprentissage
à la pêche … Le premier est bien, le second est mieux et perdure…
Didier Pansaers
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Dentsply, Journal du Dentsite et aussi Keer pour la lampe UV, 3Mespepourles lampes UV
et composites,…, Emasdi pour les blouses, masques, gants, plateaux, lingettes,… DURR
pour le compresseur et le moteur d’aspiration, Septodont pour les 4000 carpules, aiguilles et produits, Maillefer pour les C-A Endo Antogyr, Protaper et équipement, TULIPE
pour les 180kg de médicaments et GSK pour les 2000 brosses à dents.
A TOUS Merci, Yves PARAGE
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