Goût et Dégoût alimentaires : Place de l`algue dans le
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Goût et Dégoût alimentaires : Place de l`algue dans le
UNIVERSITÉ TOULOUSE - JEAN JAURES INSTITUT SUPÉRIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER ALIMENTATION Parcours « Sciences Sociales Appliquées à l’Alimentation » MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Goût et Dégoût alimentaires : Place de l’algue dans le modèle alimentaire de demain Présenté par : Jeanne TANTOT Année universitaire Sous la direction de 2014 - 2015 Christophe SERRA-MALLOL 1 L’ISTHIA de l’Université Toulouse Jean Jaurès n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tuteurés et mémoires de recherche. Les opinions qui y sont développées doivent être considérées comme propre à leur auteur ( Balla 2 UNIVERSITÉ TOULOUSE - JEAN JAURES INSTITUT SUPÉRIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER ALIMENTATION Parcours « Sciences Sociales Appliquées à l’Alimentation » MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Goût et Dégoût alimentaires : Place de l’algue dans le modèle alimentaire de demain Présenté par : Jeanne TANTOT Année universitaire 2014 - 2015 Sous la direction de Christophe SERRA-MALLOL Balla 3 Evaluation [Attirez l’attention du lecteur avec une citation du document ou utilisez cet espace pour mettre en valeur un point clé. Pour placer cette zone de texte n’importe où sur 4 la page, faites-la simplement glisser.] Balla A ma grand-mère qui m’a toujours poussé à donner le meilleur de moi-même et à Jules BIANCHI… [Attirez l’attention du lecteur avec une citation du document ou utilisez cet espace pour mettre en valeur un point clé. Pour placer cette zone de texte n’importe où sur la page, glisser.] faites-la simplement 5 "Le désir et le dégoût sont les deux colonnes du temple du Vivre." Paul Valéry Kombu breton photo prise à Port Blanc 26 avril 2014 « Pour qu’une nourriture soit bonne à manger il faut qu’elle soit bonne à penser » Levis Strauss. Dulse photo prise à Perros-Guirec le 18/02/2015 « Que le produit soit bon ! Car l'algue a deux facettes pour le consommateur. C'est un produit plein de qualités sur le plan nutritionnel et cosmétique, mais c'est aussi ce qui pue l'été sur les plages... » Olivier Le Moine, créateur de tête en mer, une entreprise spécialisée dans les boissons à base d'algues Tartare de spiruline proposé par Alg and You lors de la soirée de lancement décembre 2014 [Attirez l’attention du 6lecteur avec une citation du document ou utilisez cet espace pour mettre en Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier Christophe SERRA-MALLOL, pour son accompagnement, ses précieux conseils, sa disponibilité, ses idées et ses nombreux encouragements qui m’ont été précieux durant l’ensemble de cette année universitaire. Merci à tous les professionnels qui m’ont accordé de leur temps en contribuant à mes recherches, dans l’ordre je cite Pierrick LEROUX, Régine QUEVA, Hélène MARFAING. Merci aux sociétés Alg and You (Jeanne GALLIEN), Algolesko (Charlotte Kraaijeveld) et Tiboom (Aurélie TYLER) pour m’avoir reçu comme ils l’ont fait. Merci à l’écomusée de Plouguerneau (Florence CREAC’HCADEC) pour toutes ces informations. Merci au CEVA qui m’a transmis de nombreux documents pertinents. Merci à Dan FUJIWARA qui a avec enthousiasme accepté de partager son expérience, son vécu au Japon. Merci à Sébastien DE REYSSAC pour son aide pour la rédaction de nos mémoires et la présentation orale. Merci au « comité de lectrice » qui m’a aussi supporté durant l’année entière: Pascale TANTOT, Constance COURTOIS, Justine BILLIAUX, Naouel KALIFATI Raphaëlle TANTOT, Aurélie RAVAUD, Charlotte RAYNAUD, Charlène TUAL, Laetitia MALDONADO, Christine HAVIS, Sabrine JOSNIN et toutes les copines de la licence Aliments-santé. Merci enfin à toutes les personnes qui ont contribué à cette recherche. [Attirez l’attention 7 du lecteur ave une citation du document o utilisez cet espace pour mettre e valeur un point clé. Pour place Sommaire Introduction ............................................................................................................................................... .8 Partie 1 Cadre théorique : Conformité et modèle alimentaire, « goût » et « dégoût », les algues alimentaires dans l’espace social alimentaire, approche structuraliste. .................... 12 Chapitre 1 Importance du modèle alimentaire....................................................................................... 13 Chapitre 2 Définition de la notion de « gustatif » .................................................................................. 21 Chapitre 3 Le contexte de l’algue alimentaire......................................................................................... 28 Chapitre 4 Problématisation ..................................................................................................................... 37 Partie 2 Un intérêt croissant pour l’algue alimentaire, une conformité dans le modèle alimentaire de demain ? ......................................................................................................................... 42 Chapitre 1 Hypothèse 1 Les algues l’aliment de demain naturellement intégré. .............................. .43 Chapitre 2 Hypothèse 2 L’algue reconnue comme « légume de mer », et comme « condiment » d’intérêt nutritionnel .................................................................................................................................. 59 Chapitre 3 Hypothèse 3 Utilisation de l’Algues sous forme d’extrait. Comme un aliment non identifié « ocni » .......................................................................................................................................... 71 Partie 3 Proposition d’une méthodologie probatoire .................................................................... 79 Chapitre 1 La société est-elle prête à accepter l’algue comme légume de la mer, comme condiment ?.......... ........................................................................................................................................................... 80 Chapitre 2 Vers des allégations santés pour l’algue : avis des spécialistes.......................................... 83 Chapitre 3 L’algue en industrie agro-alimentaire ................................................................................... 85 Conclusion .......................................................................................................................... 88 Bibliographie ............................................................................................................................................ 90 [Attirez l’attention du lecte 8 une citation du docum utilisez cet espace pour m valeur un point clé. Pour Introduction L’année dernière, en licence 3 Aliment-Santé à Quimper, j’ai participé au concours de l’innovation les « Entrepreneuriales » dans le domaine de l’agroalimentaire. Le thème imposé était l’alimentation de 2050 à base d’algues alimentaires1. J’ai donc étudié dans le détail, l’intérêt nutritionnel et gustatif des algues pour développer le concept d’une boisson innovante aux « Algues » pour la récupération des sportifs : C-N Shake2 pour laquelle nous avons été finalistes de la région Bretagne. Dans la réalisation de ce projet, j’ai pris conscience des différences en matière de goût et de dégoût entre individus, sociétés, cultures... Même si le produit proposé était « parfait » d’un point de vue nutritionnel, le fait qu’il soit à base d’algues, a découragé un grand nombre de personnes mettant ainsi en évidence la complexité de l’acte alimentaire, impliquant donc d’autres composants que l’aspect biologique (nutrition). En effet, l’algue par son aspect gluant, son odeur parfois marquée et surtout à cause de son association systématique avec les algues vertes qui pullulent sur nos côtes à cause de la pollution des sols aux nitrates, a mauvaise presse, a une image très négative. Cet aspect n’a pas été abordé dans le cadre de ce projet et durant mon année de licence. Après m’être rendue compte qu’à contrario en Asie, notamment au Japon, en Chine et en Corée l’algue est un ingrédient de base, commun, j’ai décidé de compléter ma formation en suivant le master Alimentation « Sciences Sociales appliquées à l’alimentation » et donc de réaliser mon mémoire de 1ère année sur les algues en me positionnant du point de vue du sociologue et non du nutritionniste. Nous incorporons des nutriments, ils entrent en « nous » : « Manger, rien de plus vital, rien d’aussi intime. » (Fischler, 2001, p. 9) Le but principal est de répondre à un besoin individuel physiologique stimulé par l’appétit, indispensable à tout être vivant, à l’homme, pour survivre. Mais l’alimentation est en fait une activité beaucoup plus complexe. En effet comme le dit Poulain, nous ne mangeons pas que des nutriments, nous mangeons « des plats » organisés selon un rythme déterminé de repas (Poulain (b), 2002, p. 23). Ainsi, l’alimentation prend en compte de nombreuses autres dimensions telles qu’une dimension sensorielle et gustative (importance du goût, du plaisir), une dimension culturelle et sociale (comportements et pratiques collectives, codifiés, normés, institutionnalisés) et une dimension symbolique intégrant des signes, des représentations, des rites, 1 Le terme algue alimentaire sera définit plus loin dans ce mémoire. 2 https://www.facebook.com/CNShake 9 des interdits dont l’individu est plus ou moins conscient (Poulain (b), 2002, p. 44). L’alimentation est également source de méfiance, d’incertitude, d’anxiété chez les individus, que nous pouvons considérer donc comme paradoxal3. Nous parlons donc de « culture alimentaire » chaque société ayant sa propre définition de ce qui est mangeable, des techniques culinaires utilisées, des comportements alimentaires (pratiques, manières, étiquettes, commensalité…) et d’une temporalité alimentaire qui lui est propre…. Pourtant, l’algue possède de nombreux avantages, notamment un réel intérêt nutritionnel. A en croire les propos de Régine Quéva elle permettrait de nourrir 80 % de la population mondiale (Queva, 2011, p. 6). D’une grande densité nutritionnelle, elle est à la fois riche en minéraux (magnésium, fer, calcium…), en vitamines (B), en acides aminés, en protéines, en antioxydants, en oméga3, en fibres4… (Delecroix, 2009, p. 24). De plus elle entre dans l’éthique du développement durable grâce à une culture rapide et peu onéreuse tout en jouant un rôle dans la photosynthèse (Delecroix, 2009, p. 18). Enfin, elle possèderait dans certains pays (en Asie notamment mais aussi de plus en plus en Bretagne) également un rôle symbolique et culturel (cf Entretiens en annexes5). Aujourd’hui, dans un environnement d’abondance alimentaire et de globalisation6 entrainant la multiplication des échanges à la fois matériels, humains et économiques, cela semble bouleverser nos pratiques alimentaires causes des nouvelles pathologies telles que l’obésité et le diabète se développent (Fischler, 2001) ; Poulain (a) 2002). L’émergence de la culture asiatique dont les algues sont totalement intégrées à cette dernière et la prise de conscience du lien aliments/santé, valorisent l’algue comme nourriture (50% de la population française ont en 2013 consommé des algues au moins une fois dans sa vie7). Egalement, l’industrie agroalimentaire qui jusqu’à présent n’utilisait les algues que pour leurs propriétés texturantes, gélifiantes et épaississantes (alginates, agar agar et carraghénanes) dans les produits alimentaires tels que des desserts, des sauces, des boissons et des confiseries, commence à les intégrer également pour leurs vertus nutritionnelles en tant qu’extrait dans ses préparations alimentaires8 (Delecroix, 2009, p. 52). 3 Concept expliqué plus loin dans le mémoire 4 Cf lexique 5 Grilles et retranscriptions 6 Concept expliqué plus loin dans le mémoire MARFAING H « A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels » Conférence Valorial 2013 7 8 Http://www.bjorg.fr 10 Enfin, associée à une vision plutôt pessimiste de l’avenir de l’humanité (épuisement des ressources, dérèglement climatique, augmentation de la population, pollution, crises alimentaires…)9, l’anxiété du consommateur ne cesse de se renforcer notamment sur le manque ainsi que sur l’origine des denrées. Ce qui m’a fait aboutir à la réflexion suivante: quelle sera la place de l’algue alimentaire au sein de notre alimentation de demain ? Sera-t-elle acceptée, valorisée comme telle ou sera-t-elle imposée ? Sous quelle forme ? C’est ce que j’ai étudié dans le cadre de ce mémoire. A l’issu de recherches sur les dimensions de notre alimentation ainsi que des règles qui la caractérise, des concepts du gustatif et du contexte actuel de l’algue alimentaire dans une première partie, j’étudierai après avoir expliqué le cadre théorique d’étude en deuxième partie, au moyen de trois hypothèses ses possibles formes d’acceptation dans notre alimentation de demain en 2050, en nous positionnant ainsi dans le contexte du sujet des « entrepreneuriales » évoquées plus haut. Enfin en troisième et dernière partie je présenterais les pistes, les enquêtes terrains envisagées pour répondre à ces hypothèses. Figure 1 Les algues au salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimentation (Sirha) de 2013 Source : http://www.leprogres.fr 9 Selon les sites internet : http://www.notreplanete.info et http://www.consoglobe.com. 11 Figure 2 Exemple de repas français Partie 1 Cadre théorique : Conformité et modèle alimentaire, « goût » et « dégoût », les algues alimentaires dans l’espace social alimentaire, approche structuraliste. Figure 3 Atelier découverte des algues 12 CHAPITRE 1 IMPORTANCE DU MODELE ALIMENTAIRE L’homme de par sa nature est un être sociable qui ne peut vivre seul, qui cherche à communiquer avec ses semblables et donc qui est également membre d’une société qu’il influe. Mais aussi qui réciproquement, le forme, l’influence et qui régule ses comportements. Définir le terme « société » est quelque chose de complexe. En effet, c’est un terme polysémique, qui est donc sujet à de nombreux débats entre sociologues, anthropologues scientifiques… Dans le cadre de ce mémoire nous reprendrons les termes du professeur Jenkins c’est à dire nous la définirons comme un ensemble d’êtres humains vivant en communauté, un « groupe social » qui partage des activités, des valeurs, des codes des intérêts communs (Jenkins, 2002, p. 3). A chaque société est associée une culture. C’est un concept universel, c’est la nature de l’homme, mais qui est aussi spécifique à chaque société. A l’identique de celle-ci, de nombreuses définitions sont recensées en ce qui concerne la culture10. Pour ce mémoire, nous nous baserons sur la définition de Claude Levi-Strauss la caractérisant donc comme l’ensemble des comportements, des représentations, des systèmes symboliques, des productions matérielles et immatérielles acquis par l’homme en tant qu’être social (usage de couverts, symboles, religions...)11. La culture, à l’opposé de la nature n’est pas quelque chose d’innée, elle est transmise. Celle-ci s’acquiert en effet dans le rapport à l’autre, toute pratique humaine étant entachée d’un aspect culturel, parler, manger, écrire… se transmettant par la suite dans la tradition aux générations suivantes. Afin d’« intégrer » sa culture, chaque société va déterminer des valeurs qui sont vues comme un idéal. Les valeurs caractérisent des principes qui guident les attitudes et les actes. Elles sont au-delà de l’explication humaine, elles sont transcendantes, c’est-à-dire elles s’imposent à l’individu comme une évidence qu’il est donc très difficile voire impossible de remettre en question12. De cet ensemble, en découlent donc des normes, des codes, des règles qui sont imposés, régulant la vie sociale. Selon la sociologue Laurence Tibère, les normes représentent l’ensemble des règles sociales qui définissent et imposent les conduites à adopter pour un groupe social donné. Elles traduisent ce qui est bon ou mauvais, bien ou mal, approprié ou pas13. 10 Plus de 160 définitions différentes 11 SERRA-MALLOL Christophe. Psycho-sociologie et communication. Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse JeanJaurès, 2014 12 SERRA-MALLOL Christophe. Psycho-sociologie et communication. Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse JeanJaurès, 2014 et TIBERE Laurence. Socio-anthropologie de l’alimentation Cours Master 1 SSAA ISTHIA Université Toulouse Jean-Jaurès 13 TIBERE Laurence. Socio-anthropologie de l’alimentation Cours Master 1 SSAA ISTHIA Université Toulouse Jean-Jaurès 13 Les institutions, définies comme l’ensemble des formes sociales et structures organisées établies par la loi et la coutume ont pour but de faire appliquer ces normes14. Ce pilier du « fait social » comme le dit Durkheim (Durkheim, 1894) agit dans la continuité (permanence) exerçant des contraintes sur les individus. En cas de non-respect des normes, elles induisent des sanctions, autosanctions, des punitions ou des blâmes de la part de la société dans laquelle nous sommes (déviance, stigmatisations, sanctions…)15. Manger est quelque chose de vital pour l’homme mais c’est aussi une pratique codifiée, régulée qui répond donc à des règles définies. Ces règles imposées à la société sont régulées par une institution que l’on appelle le modèle alimentaire16. C’est ce que nous allons expliquer dans cette première sous partie. 1. Le modèle alimentaire comme une « institution » 1.1) Modèle et l’espace social alimentaire Le sociologue Poulain définit le modèle alimentaire dans le prolongement des travaux de Georges Condominas ( (Poulain (b), 2002; Poulain, 2012) comme l’ensemble des règles sociales et culturelles de l’espace social alimentaire propre à une société, un groupe ou à un individu. L’espace social alimentaire traduit l’espace de liberté entre le biologique, l’environnement et le culturel qui articule donc une société à son milieu. Il se différencie en 6 dimensions: le mangeable (biologique et symbolique), le système alimentaire (de la production à la distribution), le culinaire (organisation de l’espace, des activités, codification…), les modèles de consommation alimentaire (manière, étiquette, forme), la temporalité alimentaire (évolution de la prise alimentaire) ainsi que la différenciation sociale et culturelle entre individus de cette même société. Le modèle alimentaire est donc un système symbolique qui reflète les valeurs des groupes sociaux, qui contribue à la construction des identités et qui assurent la mise en place de processus de différenciation sociale interne. Quotidiennement employé par une société donnée sans qu’elle en ait réellement conscience c’est à dire comme allant de soi. Ce stock social de connaissances se transmet, s’enrichit et évolue de génération en génération, perpétuant les pratiques et les traditions tout en évoluant également (Poulain, 2012). 14 SERRA-MALLOL Christophe. Psycho-sociologie et communication. Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse JeanJaurès, 2014 15 SERRA-MALLOL Christophe. Psycho-sociologie et communication. Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse JeanJaurès, 2014 16 MATHE T, THAVOULARIS G, PILORAIN T. La gastronomie s'inscrit dans la continuité dans le modèle alimentaire français, Cahier de recherche n°267 département "consommation" CREDOC, décembre 2009. 14 Pour Claude Lévi-Strauss et Claude Fischler qui utilisent plutôt le concept de « système culinaire »17, terme qui selon eux ne se limite pas aux simples opérations et techniques culinaires réalisées sur les aliments, l’élargissant donc à un ensemble complexe de normes et de règles, le modèle alimentaire18 est une institution imposant un ensemble de codes, de normes, de règles, de principes, de lois complexes, imbriqués les uns et les unes ensemble caractérisant les comportements, les conduites des membres d’une même société donnée (Fischler, 2001, p. 61). La comparaison « langage-culinaire » de Lévi-Strauss via son triangle culinaire illustre bien cette théorie. A l’image du langage, fonction commune à l’homme mais qui se divise en diverses langues codifiés, spécifiques à des régions, des pays… l’alimentation est une fonction vitale, indispensable mais dont les pratiques (culinaires, comportements, commensalité…) sont propres et caractéristiques d’une société donnée. Ainsi, l’alimentaire, surtout la cuisine sont pour lui un élément aussi fondamental que l’étude des institutions propre à la sexualité (mariage, famille…) (Lévi-Strauss, 1965) (Regnier, et al., 2006, p. 14) (Poulain (a), 2002, p. 141)a). L’homme est considéré comme omnivore ce qui nous donne certes une certaine marge de liberté mais aussi l’obligation de varier, de diversifier notre alimentation pour survivre car nous sommes dans l’incapacité de synthétiser certains nutriments indispensables (acide gras et aminés essentiels). L’être humain est tiraillé entre le besoin d’une alimentation variée et la méfiance, l’angoisse de l’incorporation d’un aliment inconnu susceptible d’engendrer des conséquences irréversibles. C’est paradoxal d’où l’expression le Paradoxe de l’Homnivore (Fischler, 2001, p. 62). Incorporer un aliment étant réalisé en commensalité, les individus d’une même société vont intégrer et mémoriser des « attitudes alimentaires » qui sont transmises de génération en génération. Donc ce qui est considéré comme comestible, comme mangeable est spécifique à une société. De ce fait, comment définit-elle ce qui est « comestible », autorisé ? Est-il simplement question de toxicité, de danger ? Ou bien en raison de son goût ? L’immangeable est-il uniquement définit de manière objective ? Ou bien dépend-il de croyances, de symboles, de mythes ? 1.2) Le modèle alimentaire définit ce que nous mangeons «Pourquoi mangeons-nous ce que nous mangeons ?» Claude Fischler L’ Homnivore p25 Tout d’abord, si nous consommons certains aliments spécifiques c’est que ces derniers sont disponibles et que nous aimons leur goût, il est facile d’y accéder. Selon Fischler dans son livre l’Homnivore, la disponibilité ainsi que le coût sont les premiers critères en matière de choix 17 18 Et non de modèle alimentaire Ou système culinaire mais il semble plus simple de parler de modèle alimentaire 15 alimentaire. Le goût ou qualité organoleptique (gustatif, olfactif, forme…) est également notamment en France, une condition non négligeable d’acceptation d’un aliment, d’un plat. De ce fait, l’individu va mémoriser ce qui est « bon » ou ce qui lui « nuit ». Ainsi, la « familiarité » augmente l’acceptabilité : « Le simple fait d’avoir déjà rencontré un aliment semble bien augmenter la probabilité qu’on l’appréciera, en tout cas qu’on l’acceptera » (Fischler, 2001, p. 105)Au contraire, si après avoir consommé un aliment, un individu est malade ou connait un désagrément, il risque de le rejeter par la suite. Mais nous sommes loin de consommer tout ce qui est « biologiquement » comestible, ce que notre organisme à la capacité d’absorber et qui nous est disponible, (Fischler, 2001, p. 27). En France, les insectes, les rongeurs, les animaux dit de « compagnie » (chien, chat, hamster…), les animaux sauvages, les renards… ne sont « normalement » pas consommés, mais en revanche, la consommation de cheval19, de grenouille, d’escargots, d’abats (cervelles, rognons, foies…), pieds, oreilles… existe, révulsant d’autres sociétés. Néanmoins, certains d’entre eux vont consommer des insectes tout en étant terrifiés à l’idée de manger du fromage (moisi), comme c’est le cas dans beaucoup de pays d’Asie ou d’Amérique du Sud. Les Anglais pourtant proches de nous géographiquement sont horrifiés à l’idée que nous puissions manger du cheval, du lapin considéré comme Pets chez eux. Enfin, le Japon est un des seuls pays où très peu d’aliments sont tabous leur donnant une grande liberté en matière de choix alimentaire. Ils consomment de nombreux aliments proscrits dans nos sociétés (Dauphins, Baleine…). Si nous ne consommons pas d’insectes, ce n’est pas parce que les ressources en la matière sont limitées ou pour des motifs toxicologiques ou physiologiques. C’est donc une question d’habitude. Il y a par conséquence mise en place d’une « habitude de consommation », c’est légitime, c’est « tautologique » comme le dit Fischler dans son livre l’Homnivore (Fischler, 2001, p. 31), les facteurs cognitifs influant considérablement le comportement d’un individu notamment en matière de choix alimentaire. Ceci justifie la grande diversité culturelle et donc l’existence d’une pluralité de modèle (Fischler, 2001) (cf Entretien n°3). Même si un aliment est d’un point de vue biologique comestible, il ne le sera pas forcément d’un point de vue culturel. En effet, chaque société, chaque culture selon son histoire, son vécu, va instaurer, fixer des interdits, des tabous, mot désignant une interdiction morale et coutumière, qui provient du polynésien tabu et tapu adjectif qualifiant ce qui est interdit, sacré, qui est sacrilège si enfreint (Regnier, et al., 2006, p. 10). De nombreux tabous touchent au domaine alimentaire, ces derniers découlent de normes imposées par les « modèles alimentaire » et conduisent donc à une séparation du mangeable et du non mangeable, c’est-à-dire ce qui est pur et impur (Regnier, et al., 2006, p. 11). D’après Fischler, incorporer un aliment n’est pas que le fait d’absorber ses nutriments 19 De moins en moins vrai 16 qui le composent c’est aussi consommer ses caractéristiques on parle alors dans ce cas de contagion, la crainte de la « souillure » comme le dit Mary Douglas dans son livre De la souillure, un moyen de protection uniquement de l’ordre culturel propre à une société (Douglas, 1967). 1.3) L’évolution du « modèle alimentaire » Actuellement, notre modèle alimentaire tend vers une globalisation via la multiplication des échanges à la fois matériels, humains et économiques (Poulain, 2012, p. 1145). La globalisation est une notion complexe qui se traduit par une convergence des marchés entrainant d’une part une uniformisation des goûts et des pratiques et d’autre part une contraction du temps et de l’espace20. Désormais, les marchés ne raisonnent plus à l’échelle nationale, des produits standardisés sont en effet retrouvés et consommés dans le monde entier (coca-cola, pizza surgelé…). Pour un même aliment, sa culture ou son élevage, sa transformation, peuvent être réalisés dans plusieurs pays différents. De plus, beaucoup de produits inconnus il y a presque un demi-siècle comme le kiwi, l’ananas sont devenus des aliments courants dans notre alimentation grâce au développement des transports frigorifiques maritimes et aériens (Poulin (a), 2002, p. 19). Il est désormais possible de manger les « mêmes aliments » à toutes saisons, dans le monde entier tout en étant de plus en plus familiarisés avec d’autres cultures dotées de modèles différents (Fischler, 2001, p. 190). La question qui se pose alors est comment évolue alors notre modèle alimentaire actuel sous influence de la « modernité alimentaire ». Notion employée par Poulain et Fischler qui traduit l’émergence de l’individualité21 et donc : - D’une part un processus de massification à l’encontre des particularismes nationaux et régionaux qui induirait dans certain cas une disparition de certaines pratiques alimentaires (représentation). - D’autre part l’émergence de nouvelles formes de consommation (métissage culturel). - Ou bien un comportement inverse, c’est-à-dire une attitude de « résistance », d’opposition au changement associé au retour d’une cuisine de terroir, une valorisation du local, des régions. D’après Durkheim, les normes établies permettent la cohésion sociale22, elles sont en effet intégrées, intériorisées par les individus d’une même société. Comme nous l’avons vu, s’il y a nonSERRA-MALLOL Christophe. Globalisation et alimentation, mondialisation? Uniformité? Standardisation? Homogénéisation? Des pratiques alimentaires Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014 21 Les gens créent leur propre identité, nous parlons dans ce cas de bricolage identitaire. 20 22 SERRA-MALLOL Christophe. Psycho-sociologie et communication. Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse JeanJaurès, 2014 17 respect de ces dernières, il y aura sanction (culpabilité, amende…). Aujourd’hui, avec nos nouveaux modes de vie (travail des femmes, alimentation sur le lieu de travail, street food, alimentation rapide…), nous assistons à une série de transformation des pratiques alimentaires (déstructuration des repas, augmentation des prises alimentaires hors-repas…) qui résulterait d’un affaiblissement des codes, des normes sociales imposés par notre modèle alimentaire. La modernité alimentaire semble induire donc induire déstructuration, désocialisation, désynchronisation, désimplantation horaire et même d’une désinstitutionalisation des repas (Poulin (a), 2002, p. 57). A cela s’ajoute le fait qu’aujourd’hui, nous sommes inondés de nombreuses normes dont certaines peuvent être opposées ou perçues différemment. En effet, dans une même société, des normes générales peuvent être opposées à des normes spécifiques propres à un sous-groupe et/ou à une « sous culture » tout en étant associé à la montée de la médicalisation de l’alimentation, phénomène décrit par le sociologue Poulain traduisant le fait de positionner l’alimentation dans un vaste mouvement de légitimité de la médecine, témoignant l’intérêt de la nutrition comme facteur déterminant de la santé. Cela concerne donc l’entrée de l’alimentation dans le champ de la médecine23. Ainsi, cela est source de nombreuses normes contradictoires, on parle alors de cacophonie. L’individu est perdu et ne sait plus quoi suivre. Ehrenberg définit un individu incertain ( Ehrenberg, 1995) et Fischler emploie même le terme de gastro-anomie (Fischler, 2001, p. 212). Toutefois, pour le moment en France, notre modèle alimentaire bien qu’ « affaibli » semble perdurer notamment grâce au diner, espace de sociabilité alimentaire selon Tibère24. Bien que de plus en plus simplifié, la succession des trois composantes entrée-plat-dessert est toujours considérée comme une « norme » par les consommateurs. Privilégiant la commensalité, ces repas sont répétés en moyenne trois fois par jour à des horaires fixes25. Ainsi, le modèle alimentaire évolue certes mais nos pratiques, notre gastronomie sont toujours ancrés dans les mœurs. D’ailleurs, son entrée au patrimoine mondial de l’UNESCO semble confirmer cette constatation. Mais qu’en serat-il demain ? Pour conclure, nous pouvons dire que le modèle alimentaire comme toute institution s’inscrit dans la continuité mais est en constante évolution. C’est-à-dire, que ce qui peut être considéré comme déviance aujourd’hui pourra être une conformité dans le modèle alimentaire de POULAIN Jean-Pierre Socioanthropologie de l’alimentation cours dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 24 TIBERE Laurence. Socio-anthropologie de l’alimentation Cours Master 1 SSAA ISTHIA Université Toulouse Jean-Jaurès 25 POULAIN Jean-Pierre Socioanthropologie de l’alimentation cours dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 23 18 demain. Dans ce cas, quels sont les critères pour que quelque chose considérée comme une déviance soit acceptée par la société puis démocratisée ? 2. L’intérêt du culinaire Le fait de cuisiner est une activité humaine universelle, spécifique à l’homme. La consommation d’aliments, de nourritures lui étant indispensable. Selon Claude Lévi-Strauss, le culinaire est comme un langage26 propre à une société et qui permet sa compréhension : « Le culinaire traduit inconsciemment sa structure, à moins que, sans le savoir davantage, elle ne se résigne à y dévoiler ses contradictions. » (Lévi-Strauss, 1965, p. 20). Plus ou moins élaboré27, Fischler dans son livre l’Homnivore définit la cuisine comme un assemblage de composants et de procédés aboutissant à l’élaboration d’un plat. Mais la positionne également comme un partage, un moyen d’échanges entre individus d’une même culture, appartenant à un même groupe. En effet, chaque culture a une cuisine qui lui est propre associée à des règles, des codes, des significations caractéristiques (Fischler, 2001, p. 32). Enfin il la présente également comme un outil permettant de limiter le paradoxe de l’omnivore, les peurs des consommateurs. Cuisiner un plat revient aussi à adapter un aliment inconnu à « sa manière ». 2.1) Les classifications culinaires : comestible et non comestible. De par sa culture l’Homme possède la particularité d’établir des règles, des normes, des valeurs, des catégories. Dans ses écrits, Tylor parle de « tendance de l’esprit humain à épuiser l’univers au moyen d’une classification » dans (Lévi-Strauss, 1965, p. 20). Il n’existe à ce jour, aucune culture entièrement dépourvue de règlements, de classements… Ce sont des outils primordiaux pour comprendre le monde et lui donner un sens. L’alimentation, un besoin universel chez l’homme pour sa survie, est donc concernée. En effet, comme nous l’avons dit précédemment chaque culture définit dans un milieu donné ce qui est consommable via un classement de ce qui est « comestible » et « non comestible » et qui aboutit ainsi à une classification « culinaire » sur ce qui est considérée comme « pur » et « impur ». Spécifiquement à certaines cultures, certains aliments seront positionnés comme tabous (la viande le vendredi chez les chrétiens), à certains groupes et selon les individus (Dickens & Chapell, 1977). Les aliments pourront également être classés selon les goûts, la texture, 26 27 Toutes sociétés parlent une langue En France, la cuisine est intégrée à notre patrimoine . 19 les pratiques culinaires, leur propriétés, leur composition, les conséquences de consommation… Ainsi la cuisine dotée d’une forte signification symbolique permettrait d’identifier socialement les aliments (Poulin (a), 2002, pp. 39,40). 2.2) Prise de conscience des règles culinaires Chaque culture définie ses propres règles plus ou moins complexes qui sont intégrées et intériorisées par les membres de cette dernière, de manière automatique la plupart du temps, en particulier dans le domaine alimentaire et donc culinaire. C’est leur transgression qui nous fait prendre conscience de leur existence. La prise de conscience se fait également lorsque nous sommes extérieurs à notre société, notre communauté. Lors d’un voyage, d’un long séjour par exemple, nous sommes amenés à côtoyer une culture, une société « étrangère », différente de la nôtre. D’après le sociologue Appadurai c’est en observant leurs coutumes, leurs symboles que nous prenons conscience de notre société en comparant avec nos valeurs28. Il y a donc des règles structurales, de rythmes, et de concordance plus ou moins complexes spécifique à une culture donnée. Les repas, les plats, les aliments sont préparés, sélectionnés de manière codifiées. Une transgression provoque un malaise ; ainsi la nourriture peu devenir inconsommable, impropre pouvant entrainer un jugement moral et aboutir ainsi à une stigmatisation, « Consommer des aliments classés non comestibles, impurs est un acte ignoble qui contamine son auteur. Seules les puissances du mal font une anti-cuisine avec des ingrédients immondes : de leur chaudron diabolique, les sorcières tirent des brouets maléfiques » (Fischler, 2001, p. 37). Une situation de malaise très explicite chez le consommateur, se traduisant par un comportement caractéristique plus ou moins prononcé : le dégoût. Associé au goût, il forme le gustatif et incombe de nombreux sens, sensations associant des expériences, du vécu permettant de caractériser de distinguer les aliments les uns des autres. Ce que nous allons définir dans ce prochain chapitre. SERRA-MALLOL Christophe. Globalisation et alimentation, mondialisation? Uniformité? Standardisation? Homogénéisation? Des pratiques alimentaires Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014 28 20 CHAPITRE 2 DEFINITION DE LA NOTION DE « GUSTATIF » Une fois l’aliment consommé, comment est-ce qu’il est perçu ? Comment jugeons-nous si un produit est bon ou mauvais ? Ressentons-nous les mêmes choses ? Cela évolue-t-il ? C’est ce que nous allons aborder dans ce chapitre. 1. Qu’est-ce que le « goût » ? « Le goût une représentation synthétique complexe. » (Politzer, 2012, p. 422) Il est difficile de définir le terme « goût » ; c’est un terme polysémique. Cette notion revient régulièrement dans les discussions opérant dans 3 dimensions : a) Une dimension biologique, physiologique notamment avec le ressenti au sens strict des aliments via les bougeons du goût, les papilles gustatives, propre à chaque individu. Le goût est donc subjectif puisqu’il est impossible de connaitre les perceptions de son voisin (Fischler, 2001, p. 89) (Politzer, 2012). b) Une dimension psychosensorielle, la notion de goût ne pouvant se limiter aux simples bourgeons gustatifs et olfactifs… La totalité des sens sont impliqués dans la reconnaissance, l’identification d’un goût. En effet, comme l’explique le sociologue Poulain, c’est un complexe multi sensorielle : le toucher (la sensation en bouche), la vue (l’aspect) et surtout l’odorat (olfaction), sont eux aussi très impliqués dans la perception du goût (Politzer, 2012). c) Une dimension culturelle car le goût est aussi un phénomène culturel et social centré notamment sur les représentations. Il intègre des pratiques, des comportements, des usages, (Redon, et al., 2005, p. 53). Ces trois dimensions conditionnent, modulent les comportements concernant les prises alimentaires. 1.1) La physiologie du goût Selon les dictionnaires et encyclopédies, le goût d’après sa signification stricte est un sens perfectionné propre à l’homme qui permet la reconnaissance, l’identification de stimuli chimique via une multitude de chémorecepteurs (10000 environ) alias les bourgeons du goût. Situé principalement sur la langue (partie dorsale) mais aussi sur le palais, dans le pharynx et même dans 21 l’intestin29, au niveau des épithéliums30, cet amas de 50 à 100 cellules a la capacité de reconnaitre une multitude de saveurs (amer, acide, sucré, salé…) spécifique à sa localisation31 et transmet au cerveau via un influx nerveux l’information perçue. Les figures n°4&5 ci-contre expliquent le principe de fonctionnement. Les gènes du chromosome X et Y ne coderaient aucuns récepteurs goût/odeur/dégoût, d’un point de vue génétique il n’y aurait donc aucune différence dans la perception du goût que ce soit pour l’homme ou pour la femme32. 1.2) Le goût, une notion plus complexe, impliquant une multitude de sens Mais le « goût » ne se limite pas à ce seul sens, l’odorat, permet aussi la détection de substances chimiques volatiles entrainant la perception de saveur. En effet, l’épithélium de la fosse nasale est composé de cellules réceptrices de type neuronales qui ont la capacité de transmettre aux cerveaux les perceptions via influx nerveux33. D’ailleurs, il est commun dans le langage courant d’intégrer l’odorat au « goût ». Dans le milieu aquatique il n’y a d’ailleurs aucune distinction entre goût et odorat34. De plus, lorsque nous sommes enrhumés (nez encombré), la perception du goût des aliments est considérablement modifiée. Ainsi l’odorat semble aussi indispensable au goût des aliments. D’après les œnologues, l’olfaction rétro-nasale ou flaveur (les récepteurs sont à l’arrière du nez) serait responsable à elle seule de près de 80 % du goût. Les molécules sapides stimulant les bourgeons du goût étant responsables de seulement 10 % du goût35. Mais goûter un aliment n’est pas qu’une question de « langue » et de « nez », en effet, cette action implique en réalité la totalité de nos sens. La vue influe considérablement le goût via l’aspect de l’aliment présenté, l’audition également avec la notion de croquant, croustillant… Ainsi que le toucher (la présence de l’aliment dans la cavité buccale) qui définit la texture. Le « goût » est donc une notion complexe à définir avec une multitude de significations qui intriguent scientifiques, D’après le sociologue Jean Pierre Poulain dans sa présentation « Comment choisir ses aliments 2015 Dans l’optique de faciliter la reconnaissance, le tissu s’organise en microvillosités (formes plissées) favorisant les contacts entre molécules et récepteurs. 31Cette théorie est mise en cause par une étude récente du Monell Chemical Senses Center. L’application de substance salée et sucrée au même endroit, n’a provoquée aucun difficulté de différenciation pour ces deux saveurs, la cartographie des saveurs sur la langue serait alors erronée http://www.ncbi.nlm.nih.gov. 32 SCHWARTZ C MACLEOD P. Entretiens téléphoniques sur le goût. La semaine du goût, Laboratoire de neurobiologie sensorielle de l'école pratique des hautes études sur http://nadquinn3.eklablog.com. (Consulté le 29/12/2015). 33 BOSSER Bernard. La physiologie du goût, Cours Licence professionnelle aliments-santé, IUT Quimper. 2013 34 http://www.ccftimisoara.ro 35 http://www.larecherche.fr/idees/back-to-basic/gout 29 30 22 philosophes, sociologues... Ainsi dans son écrit la « physiologie du goût » Le gastronome Brillat Savarin36 élargie même cette notion aux besoins physiologiques de l’homme : « Le Goût, qui a pour excitateur l'appétit, la faim et la soif, est la base de plusieurs opérations dont le résultat est que l'individu croît, se développe, se conserve et répare les pertes causées par les évaporations vitales. » (BrillatSavarain, 1824, p. 53) Encore à l’étude, le « microbiote » ou l’ensemble des bactéries de notre flore intestinale influerait aussi notre perception du goût37. L’ensemble de ces sens communique aux mangeurs une multitude d’informations, perçues, traitées et assimilées simultanément par le cerveau en temps réel dans l’inconscience de ce dernier. Il n’a conscience que du résultat final, la perception et l’identification d’un goût (Politzer, 2012). 1.3) Perception du goût : culturelle, symbolique ? Notion de bon goût « Le goût, un art qui se nourrit de nos souvenirs » Cyrille Schwartz directeur de la Semaine du Goût, et Patrick Mac Leod, président de l'Institut du goût à Paris. Le goût peut aussi être considéré comme « culturel », il demeure en effet des différences notables entre sociétés en interne comme en externe (entre sociétés, groupes…) qu’elles considèreraient comme des codes, des normes (notion de « bon goût). Ces disparités peuvent être historiques, économiques, symboliques, sociales, religieuses… Dès son plus jeune âge, un individu dans une société donné est influencé par cette dernière notamment en matière de goût. Pour justifier cette constatation, nous avons le cas de la cantine scolaire. Un enfant qui ne mangera pas un certain aliment au sein du foyer familial, pourra le consommer sans aucune difficulté dans un restaurant scolaire en présence de ses amis ou inversement38. Il n’aura certes d’une part aucune pression de sa « famille » mais il aura aussi tendance à vouloir faire comme ses camarades. Il va donc se libérer, être curieux, questionner les réactions. Ainsi le contexte positif sera mémorisé. C’est aussi valable pour la routine, un enfant « habitué » à manger d’une certaine manière dès son plus jeune âge, aura énormément de mal à modifier ses habitudes (Rigal, 2004). Ou Jean Anthelme Brillat-Savarin Belley 1755 ; Paris 1826. Pionnier dans la gastronomie Française, il est l’auteur du livre la physiologie du goût qui fut publié de manière anonyme à sa mort 37 Https://www.youtube.com/watch?v=7FEkZpSmMI0 et BOSSER Bernard. La physiologie du goût, Cours Licence 36 professionnelle aliments-santé, IUT Quimper. 2013 38 DUPUY Anne. Le plaisir alimentaire Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014 23 Même s’il n’y a aucune différence d’un point de vue génétique, entre une femme et un homme en matière de choix alimentaire, nous observons dans notre société des différences dans le choix des aliments en fonction des sexes39. La société est-elle responsable de ces différences ? Son influence semble jouer un rôle majeur dans l’acceptation d’un goût40 D’après Pierre Bourdieu, le goût est un système pour appréhender divers « sensations ». Différentes certes suivant le tempérament de la personne et aussi selon son mode de vie. C’est-à-dire son environnement (la famille, les proches…), mais aussi professionnel (l’école, le travail…) qui modulent les perceptions41. De plus, selon l’historien Jean-Louis Flandrin, le goût alimentaire est et a toujours été considéré comme une norme. Facteur « prétendu » de distinction des classes sociales supérieures, recherchés chez les classes inférieures (notion de « bon goût ») (Redon, et al., 2005). Pour conclure comment le goût est-il acquis ? Ce phénomène est-il inné, et/ou transmis par l’homme dans son processus de socialisation, Evolue-il, si oui comment ? C’est ce que nous allons voir dans ce prochain paragraphe. 2. Acquisition du « goût » et transmission : "La seule chose que l'on est programmé à aimer, c'est le sucre. Pour le reste, on va apprendre à les aimer". Cyrille Schwartz directeur de la Semaine du Goût, et Patrick Mac Leod, président de l'Institut du goût à Paris42. En alimentaire, deux « goûts » se distinguent, l’inné et l’acquis dont le dernier est bien plus fort que le premier (Politzer, 2012, p. 426). 2.1) Le goût inné D’après de nombreuses expériences réalisées, notamment celle de Jacob Steiner, psychologue et physiologiste israélien effectuées auprès de milliers de nouveau-nés43, notre cerveau serait déjà programmé à apprécier les saveurs sucrées par le fait qu’il est naturellement associé au glucose, à l’énergie44. Il serait dû aussi au liquide amniotique dans lequel le fœtus baigne durant la grossesse (Rossant, 2006). En analogie avec le « sucré » il est également commun d’avoir d’instinct http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1194 http://www.insee.fr et http://www.atlantico.fr/decryptage/mais-qu-est-qui-explique-differences-habitudesalimentaires-entre-hommes-et-femmes-491935.html 41 http://www.dailymotion.com/video/x31ksa_bourdieu-les-jugements-de-gout_news 42SCHWARTZ C MACLEOD P. Entretiens téléphoniques sur le goût. La semaine du goût, Laboratoire de neurobiologie sensorielle de l'école pratique des hautes études sur http://nadquinn3.eklablog.com. (Consulté le 29/12/2015). 43 Bébé âgé de moins de 6 heures qui n’ont pas encore pris de « repas » 44 http://www.goodgout.fr/coin-parents-la-formation-du-gout-la-formation-du-gout-quelle-aventure-149.html 39 40 24 une aversion pour l’amertume qui quant à elle est fréquemment synonyme de poison. Les légumes à tendance plus amère sont donc naturellement mis de côté45. Pourtant, tout ce que nous mangeons et « aimons » ensuite à l’âge adulte n’est pas forcément sucré. Comment explique-t-on le fait que nous sommes capables de nous « habituer » à certains aliments qui initialement nous déplaisent. Une multitude de saveurs pouvant être appréciée à l’âge adulte. Comment se fait-il alors que notre goût évolue ? 2.2) Le goût acquis Le goût alimentaire acquis commencerait à se former dès le stade embryonnaire pour se développer ensuite peu après la naissance. L’alimentation de la mère, ainsi que l’allaitement influenceraient ce dernier46 (Schaal, et al., 2008). Selon l’étude OPALINE47, les bébés et jeunes enfants sont beaucoup plus réceptifs à ce qu’ils goutent, la période entre 0 et 3 ans est déterminante dans la construction du goût. En effet, dès son 5ème mois, un bébé est très enclin à accepter des nouveaux aliments, de nouvelles sensations gustatives et leur mémorisation48. Le nourrisson et les jeunes enfants, confrontés expérimentalement aux saveurs sucré, salé, acide et amer manifestent plaisir ou colère par des mimiques caractéristiques, le reflex gusto-facial et construit donc son « moi gustatif » (Fischler, 2001, p. 90). Au-delà de l’inné, le goût se créer par la découverte, la répétition et donc l’éducation… Après 2 ans, il est déjà plus difficile de faire découvrir de nouvelles saveurs, de nouveaux aliments aux enfants, la plupart étant désormais contraints à ce qu’on appelle la « néophobie », ou peur de goûter tout ce qui est nouveau, inconnu49, que l’on va aborder dans le paragraphe suivant. Ce n’est tout de même pas définitif, malgré le fait que les bases s’acquièrent principalement entre 0 et 2 ans. C’est toute notre vie, que nous sommes éduqués au goût et donc qu’il évolue. Il est donc tout à fait possible de se mettre à apprécier soudainement sans explication des choses que nous n’aimions pas jusqu’à présent (ou inversement). La découverte ou la redécouverte d’un mets lors d’un repas, à domicile ou au restaurant, entre amis, en famille, lors d’un moment heureux modifient l’image d’un La formation du goût, http://www.goodgout.fr Le fœtus/enfant est habitué à recevoir des molécules liées aux aliments consommés par sa mère 47 Observatoire des Préférences Alimentaires du Nourrisson et de l’Enfant 48 Dossier OPALINE http://www.opaline-dijon.fr/site_fr/doc/dossier_OPALINE.pdf 49 La formation du goût, http://www.goodgout.fr 45 46 25 aliment habituellement rejeté50. Néanmoins, ce sera surtout pendant notre enfance, étant donné qu’il est plus difficile d’éduquer un adulte au « goût » qu’un enfant car les pratiques sont déjà ancrées dans les mœurs51. 2.3) Perception et identification des préférences alimentaires « Le Goût est celui de nos sens qui nous met en relation avec les corps sapides, au moyen de la sensation qu'ils exercent dans l'organe destiné à les apprécier. » (Brillat-Savarain, 1824, p. 46) D’après de nombreux spécialistes, une préférence pour un aliment donné, caractérisé comme un aliment ayant un « bon goût » n’est pas identifié par le cortex cérébral. En effet, celui-ci permettrait uniquement la reconnaissance d’une perception donnée sans aucune signification hédonique. Un aliment apprécié ou au contraire rejeté serait uniquement lié à notre mémoire, nos souvenirs, notre vécu en dehors du champ de la conscience et en constante évolution tout au long de la vie. Le plaisir, véritable fonction physiologique de notre organisme agit donc au-delà d’une simple perception positive. En effet, il guide les choix alimentaires des individus (Politzer, 2012). En conclusion il semble que la construction du « goût » entre 0 et 3 ans soit liée uniquement aux sensations, ensuite il serait rapidement modelé par l’expérience (expositions aux aliments, éducation). Nous pouvons dire alors que pour chaque consommateur, les goûts sont identifiés par le cerveau selon leurs aspects, leurs textures, leurs saveurs, leurs odeurs… Mais une étiquette « plaisir-déplaisir dépendant de la mémoire, des souvenirs, leur est immédiatement attribuée même avant la description des perceptions. L’apprentissage est donc primordial (Politzer, 2012). Il se construit via perception et le ressenti par l’ensemble de nos sens et fait donc partie de notre vécu, de notre histoire, de notre mémoire et est donc lié à cette notion de plaisir, de vécu, d’expérience. Le goût, subjectif, ne se décrit pas, il se ressent, il faut « goûter » pour apprendre à le ressentir et l’identifier, être curieux et ainsi aimer les nouvelles expériences (cf Entretien n°2). Cette éducation passe par une diversification alimentaire précoce et se poursuit tout au long de la vie. Plus nos « expériences » alimentaires semblent « variées » et moins nous risquons d’être "difficile". SCHWARTZ C MACLEOD P. Entretiens téléphoniques sur le goût. La semaine du goût, Laboratoire de neurobiologie sensorielle de l'école pratique des hautes études sur http://nadquinn3.eklablog.com. (Consulté le 29/12/2015). 51 SCHWARTZ C MACLEOD P. Entretiens téléphoniques sur le goût. La semaine du goût, Laboratoire de neurobiologie sensorielle de l'école pratique des hautes études sur http://nadquinn3.eklablog.com. (Consulté le 29/12/2015). 50 26 3. Dégoût et néophobie Dans certaines situations, le goût d’un aliment n’est pas perçu, n’est pas apparenté à quelque chose de positif. Par exemple, comme nous l’avons vu, dans le cas d’une aversion pour la saveur amère ou après un mauvais souvenir lors d’une consommation d’un aliment donné, nous risquons d’avoir une sensation d’écœurement, de malaise lorsque nous serons de nouveau en contact avec cet aliment ou cette saveur,. Sensation connue sous le nom de dégoût que nous allons développer dans ce paragraphe. Le dictionnaire Larousse définit le dégoût comme « une sensation d’écœurement, haut-le-cœur, provoqué par quelque chose qui dégoûte » et « un sentiment d’aversion, de répulsion, provoqué par quelque chose. » Lorsque nous parlons de dégoût, nous faisons donc référence à un état, un comportement (grimace), une sensation, une émotion. D’après Lévi-Strauss la nourriture ne doit pas seulement être « bonne à manger » mais aussi « bonne à penser » (Lévi-Strauss, 1968, p. 422). Penser signifie que nous connaissons ces aliments-là et qu’ils sont donc culturellement déterminés. Ainsi nous pouvons dire que le dégoût est lié à une difficulté d’assimilation mais aussi par la peur du neuf. 3.1) La néophobie liée au « moi gustatif » La néophobie alimentaire se définit comme le refus de goûter un aliment, un plat qui est inconnu par peur de manger, du moins d’essayer ce qui est nouveau, ce qui a un goût relevé. Cela conduit à une restriction en matière alimentaire. Elle concerne principalement les jeunes enfants entre 2 et 3 ans lors de leur développement (période de diversification) et se prolonge jusqu’à 7 ans. Phénomène « normal », participant à sa construction, elle diminue normalement progressivement par la suite mais ne disparait jamais complètement52. Les comportements de néophobie alimentaire, caractéristiques chez l’enfant sont de tourner la tête, de trier les aliments voire de grimacer et de recracher les aliments (Poulain, 2012, p. 922). Avec des conséquences plus ou moins fortes, les causes sont multiples et propres à chaque individu. Elles peuvent être sensorielles, affectives, cognitives, comportementales et environnementales. Le contexte social, la famille, les proches influant indéniablement les pratiques alimentaires53 (Chiva & Fishler, 1986). RIGAL N. La naissance du goût, Agrobiosciences, un cahier du cycle d’alimentation, Café des Sciences et de la Société du Sicoval, octobre 2002 [en ligne] sur : http://www.agrobiosciences.org/IMG/pdf/cahier_rigal.pdf. 52 RIGAL N. La naissance du goût, Agrobiosciences, un cahier du cycle d’alimentation, Café des Sciences et de la Société du Sicoval, octobre 2002 [en ligne]. Disponible sur : http://www.agrobiosciences.org. 53 27 3.2) Le dégoût: une fonction « protectrice » Olivier Brunel, lors de sa conférence « Perception et réduction du risque alimentaire » qui a eu lieu à l’université Jean Jaurès le 6/01/2015, explique la néophobie alimentaire comme la crainte de tout aliment nouveau, inconnu. Cependant, il ajoute également que cette notion est associée à une ambivalence entre les notions de plaisir-déplaisir, santé-maladie, vie-mort, introduisant la notion de risque, de danger lorsque nous mangeons. Ces derniers étant à la fois physiques c’està-dire liées à la santé mais aussi de l’ordre du psychosocial avec les conséquences du choix et de l’incorporation pour certains produits (contamination symbolique). Le refus d’incorporation est généralement associé à une attitude de dégoût, la bouche étant la « porte, le gardien de l’organisme ». Ainsi, il peut être associé à une fonction de « protection » de l’organisme, notion qui est aussi évoquée par Fischler dans son livre l’Homnivore (Fischler, 2001, pp. 71,115). Ainsi pour conclure, le dégoût semble être une manifestation à la fois biologique et sociale. En effet, d’une part il est associé à un comportement, une attitude caractéristique (fonction physiologique) mais d’autre part il est aussi apparenté à des représentations. Même si le dégoût peut être d’origine symbolique, sa manifestation reste physiologique, ainsi nous pouvons conclure ce paragraphe par la citation de Fischler « en fin de compte, le dégoût consiste en une protection biologique reconstruite culturellement » (Fischler, 2001, p. 77). Pour clôturer ce chapitre, le « goût » et les mœurs alimentaires bien que spécifiques à un individu donné (polygénétique) semblent être « imposés » par la culture d’une société aboutissant à des « règles ». Si elles ne sont pas respectées, la nourriture nous semble inappropriée, inconvenante voire même inacceptable. D’où le refus fréquent de ce qui est nouveau. CHAPITRE 3 LE CONTEXTE DE L’ALGUE ALIMENTAIRE « Certaines algues sont un délice qui s’accorde avec le plus honoré des invités et pour la roi lui-même. » Sze Tseu 600 avant JC Les algues, végétaux primitifs sont les premiers êtres vivants apparus sur terre il y a 3 ou 4 milliards d’années. Elles sont en partie à l’origine de la couche d’ozone grâce à la photosynthèse, transformant le gaz carbonique en oxygène. Des traces de consommation humaine datant de plus de 13000 ans ont été observées au Chili, ainsi qu’au Japon54. Elles sont intégrées dans 3 médecines traditionnelles, chinoise 2700 ans avant JC, égyptienne 1550 avant JC, et indienne IVème siècle avant JC. (Delecroix, 2009, pp. 18,19). Les algues commencent dont à être considérées et reconnues 54 Fossiles trouvés sur des sites archéologiques et dans des tombeaux. 28 comme des aliments-santé. Selon Agrobiosciences55, le terme aliments-santé définit un aliment non transformé ingéré dans des conditions normales (quantité, comportement…), ayant un ou plusieurs effets bénéfiques en matière de prévention au niveau santé de l’être qui le consomme. Les allégations nutritionnelles et de santé concernant ce type d’aliments sont très réglementées. Basées sur des preuves scientifiques probantes, il est interdit d’écrire que ces derniers permettent de traiter directement une certaine « pathologie ». En effet, les mentions autorisées sont plutôt de type « contribue à limiter le risque de » ou bien « contribue à favoriser le… ». Qu’est-ce qu’une algue alimentaire ? « Moi au début je testais sans savoir si c’était bon. J’en mangeais tous les dimanches pour voir. Tous les lundis je me disais c’est bon (rire). Mais non il n’y avait pas de risque je le savais déjà. Je pensais que certaines auraient pu avoir des effets ? Mais non il n’y a pas eu d’effets… » Entretien n°1 1.1) Algues et algues alimentaires Ce sont des organismes vivant dans l’eau ou à proximité d’eau, dépourvues de tige, de racine de feuille ou de fleur. D’une grande diversité, les algues sont soit unicellulaires et de tailles microscopiques (20µm), soit de tailles macroscopiques (pluricellulaires) pouvant atteindre des tailles impressionnantes56 (cf les figures 6&7 ci-contre). Il existe 4 grandes familles d’algues classées selon leur « couleur », les algues bleues, brunes, rouges et vertes. Selon la FAO (Food and Agriculture Organisation), une organisation spécialisée des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture dont l’objectif est d’assister les nations dans la maitrise de leur ressources, d’établir des normes, des règles dans les domaines de la nutrition, l’agriculture, la pêche 57 , en une trentaine d’années la production est passée de 4 millions de tonnes à plus de 20 millions dont le principal pays producteur est la Chine (12 millions de tonnes d’algues à elle seule). Les autres principaux pays producteur se situent aussi en Asie58. Egalement pratiquée, la récolte d’algues en milieu naturel semble se maintenir autour de 1 million de tonnes. L’Europe avec ses Dossiers santé les compléments alimentaires. Disponible sur : www.agrobiosciences.org La kelp géante possède par exemple des thalles, pouvant atteindre 45 mètres de long (au final l’algue peut mesurer 70m de long 57 Créée en 1945 à Québec son siège se trouve actuellement à Rome depuis 1951 et compte depuis 2013, 194 pays membres. 55 56 L’Indonésie arrive en 2ème position avec 5 millions de tonnes d’algues, suivi des Philippines avec 1,76 million de tonnes et la Corée du sud et le Japon avec 0,44 million de tonnes. 58 29 0,22 million (81000 tonnes pour la France) de tonnes annuelles est à la traine 59. Principalement récoltées, les algues sont ici essentiellement utilisées pour leurs propriétés « texturantes ». (cf figure 8 ci-contre) D’ailleurs, seulement 14 % de la production mondiale est exploitée comme aliments, c’est cette utilisation qui nous intéresse et que nous allons développer dans le cadre de ce mémoire. En effet, de nombreuses espèces sont comestibles pour l’homme ou les animaux. En France, notamment en Bretagne nous possédons une biodiversité végétale unique au monde grâce au courant du Gulf Stream, la température des eaux ne variant que très légèrement durant l’année. Cet espace classé par l’Unesco comme réserve de biosphère compte 1500 espèces d’algues répertoriées60 (cf Entretien n°2). L’algue ne se récolte pas toute l’année, dans la majorité des cas, la bonne période est au printemps, entre mai et juin sa période où l’algue est de qualité supérieure. « L’algue elle pousse beaucoup au mois de mars, elle est plus tendre donc plus intéressante. » Entretien n°1. Passé juin, même si la récolte se poursuit jusqu’en septembre la qualité se dégrade. Cela concerne surtout les haricots de mer qui arrivées au début de l’été entrent en période de reproduction devenant ainsi rigide. L’algue est donc moins appréciée au niveau gustatif « on dirait du cuir… » Entretien n°1. 1.2) Intérêts nutritionnels Contrairement à ce que nous pourrions croire, l’algue fraîche contient entre 75 et 90 % d’eau mais moins que les légumes (95 %). Elle est également très riche en fibres, minéraux, vitamines, protéines… Sous forme déshydratée, elle est composée essentiellement de fibres (sauf la spiruline) à des taux compris entre 30 et 50 %. Majoritairement de type soluble, certaines fibres possèdent des propriétés prébiotiques. Elles contiennent aussi de nombreux minéraux (16 à 30 %) dont l’iode qui régule les fonctions hormonales de la thyroïde, du calcium, du magnésium, du fer61 pour l’hémoglobine…. Elles contiennent aussi quelques vitamines du groupe B, très peu de lipides (0,4 %) essentiellement de type oméga 3, quelques antioxydants (6 % maximum) et beaucoup de protéines constituées essentiellement d’acides aminés indispensables (8 à 31 %)62. Les dernières études ont abouti au faite que les fibres limiteraient la biodisponibilité de la plupart de ces protéines. Etant naturellement pauvre en fibres c’est pour cette raison que la spiruline est actuellement MARFAING H A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels Conférence Valorial Décembre 2013 59 MARFAING H A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels Conférence Valorial Décembre 2013 61 D’après Pierrick Lerroux cuisinier spécialiste des algues, en équivalence héminique, 10g de laitue de mer équivaudraient à 1kg d’épinard. 62 Les algues, C’est pas sorcier France3,2012, [en ligne] sur : https://www.youtube.com/watch?v=NayA88GZGfE 60 30 plébiscitée en particulier par les sportifs pour sa teneur en acides aminés essentiels63. Plusieurs sources affirment qu’elle serait aussi la seule espèce végétale qui contiendrait de la vitamine B12 mais aucune étude ne l’a encore démontrée64. En Asie, des études épidémiologiques tendent à montrer que la consommation régulière d’algues pourrait être reliée à une meilleure santé contribuant à limiter le risque de développement de maladies dégénératives (diabète de type II, ostéoporose, obésité, maladies cardiovasculaires, cancers…)65 (cf Annexe N). En plus, l’algue est un aliment qui peut se conserver très longtemps (plusieurs années) sous forme séchée ou déshydratée. Concernant les pertes nutritionnelles après traitement, la seule étude que j’ai trouvée date de 2006 et évoque des pertes nutritionnelles variables sur la spiruline selon les appareils utilisés66. Sous forme fraiche, elle se garde aussi très bien au réfrigérateur ou pour certaines variétés, dans l’huile (cf Entretien n°2). 1.3) - Règlementations Les algues autorisées La réglementation est stricte concernant les algues alimentaires autorisées et leur composition. La première liste d’algues autorisées (12 algues) en industrie et dans la restauration à des fins alimentaires, date de 199067. Cette liste a été abrogé par le règlement CE) n° 258/97 qui autorise 21 macro-algues ainsi que 3 micro-algues68. Vous trouverez dans les annexes la liste des algues alimentaires autorisées (Cf annexe O). - Les teneurs en métaux lourds et seuils microbiologiques Le règlement (CE) n ° 258/97 définit également les teneurs pour certains métaux lourds ainsi qu’en iode et fixe les seuils microbiologiques à ne pas dépasser pour chaque algue alimentaire destinée à être commercialisée, distribuée (cf figures 9&10 ci-contre). MARFAING H. A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels Conférence Valorial 2013 63 MARFAING H. A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels Conférence Valorial Décembre 2013 64 MARFAING H. A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels Conférence Valorial Décembre 2013 65 FALQUET J et HURNI JP. Spiruline Aspects nutritionnels. Antenna Technologies Novembre 2006 Avis du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) émis le 9/01/1990 68 Saisine n°2001-SA-0082 66 67 31 - La certification Bio A l’heure actuelle, une dizaine d’opérateurs sont certifiés Bio (Algolesko SAS, Aleor, Agrimer, C-WEED, Marinoé…). Les algues marines peuvent être certifiées Bio, si d’une part elles sont « correctement » exploitées, sans épuiser la ressource via la mise en place d’un plan de gestion durable et d’autre part si elles sont récoltées ou cultivées dans des masses d’eau classées « hautes qualité écologiques » et « bon état chimique » selon la carte établis par IFREMER69 (cf figure 11 cicontre)70. Maintenant que nous avons défini et présenté ce qu’étais une algue alimentaire, nous allons maintenant parler de sa consommation en France, également au Japon, (pays où l’algue est totalement intégrée dans son modèle alimentaire), grâce à un entretien réalisé avec un enseignant chercheur d’origine Japonaise qui a accepté de témoigner sur sa consommation d’algue (cf Entretien n°3). 2. La consommation d’algue En France, nombreuses sont les algues alimentaires qui couvrent notre littoral notamment en Bretagne. Pourtant, elles ne font pas partie de nos traditions de notre culture. Elles ont une image souvent très peu flatteuse voire négative et ne sont pas intégrées dans notre « modèle alimentaire ». A cause de la pollution agricole, l’algue « tueuse » de Méditerranée ainsi que l’algue verte notamment en Bretagne colonisent nos côtes et engendrent une image de terreur. Pourtant cela n’a aucun lien avec les algues alimentaires (Delecroix, 2009; Queva, 2011). Mais depuis quelques années, elle est de par sa densité nutritionnelle, sujet d’intérêt et de curiosité. La consommation a d’ailleurs été multipliée par 10 ces dernières années (cf Entretien n°1). 2.1) La consommation dans l’histoire Selon les historiens, les algues ont été plutôt utilisées dans l’industrie notamment au XVIème siècle où leurs cendres71 en Bretagne étaient employées dans l’industrie du verre. Au XIXème siècle, l’iode était extrait du Goémon breton72. Enfin elles ont commencé à être utilisées à partir du XXème siècle pour leurs propriétés de texturant (cf figures 12,13&14 page suivante). Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER MARFAING H. A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels Conférence Valorial Décembre 2013 71 Réalisé par les goémoniers 72 MARFAING H « A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels » Conférence Valorial 2013 69 70 32 Aucun écrit ni des témoignages ne font allusion à l’utilisation de l’algue comme aliments malgré les conquêtes, le colonialisme... Ont-elles échappé aux observateurs ou bien leur consommation a été jugée indigne d’intérêt ? (Conte & Payri, 2002, p. 166). De plus dans de nombreux récits littéraires le terme algue était employé de manière dévalorisante : « L'avarice est un beau péché recouvert d'algues » A Breton, P Soupault Les Champs Magnétiques 1919. Néanmoins, une revue botanique datant de la deuxième guerre mondiale, période de pénurie alimentaire suggère l’intérêt de l’algue comme aliment pour pallier au problème de sousalimentation (Lami, 1941) 2.2) - Les formes et lieux de consommation des algues: Les formes de consommation Nous retrouvons soit les algues commercialisées dans les restaurants et les épiceries « asiatiques » soit mais en quantité moindre comme produit Breton, en paillette, associées à du sel, saumurées, en tartare, en conserve, incorporées aux beurres ou avec du fromage (cf figures 15, 16, 17&18 page suivante). D’après l’étude IDEAL’G et les entretiens 1 et 2, lors des repas les algues sont généralement consommées à l’apéritif, en entrée ou comme accompagnement du plat principal (essentiellement via les sushis). En été elles sont logiquement plus consommées en salades, tandis qu’en hiver, nous les retrouvons dans les soupes ou dans des plats chauds73. - Les lieux d’achats et de consommation Les restaurants et les magasins asiatiques sont les premiers lieux d’achats d’algues ou de produits aux algues suivis par les magasins spécialisés et les GMS (encore très limitée). En effet, la quasi-totalité de la consommation d’algues (91 %) se réalise hors domicile, principalement au restaurant, essentiellement dans les restaurants Japonais et concerne 43 % des consommateurs, dont 13 % d’entre eux ne savent pas qu’ils en consomment avec les soupes Miso et les sushis. Ainsi, la cuisine japonaise aurait un rôle « d’initiation ». D’ailleurs c’est dans les rayons « cuisine du monde » que nous la retrouvons en grande surface. Les algues françaises (bretonnes) sont quant à elles, majoritairement consommées au domicile. Nous les retrouvons dans quasiment tous les magasins diététiques et biologiques essentiellement sous forme d’algues séchées et de compléments IDEALG Etude de la consommation des algues alimentaires en France 2014 Attention cette étude est qualitative et donc n’est pas « représentative de la population. Elle donne juste une idée sur la consommation 73 33 alimentaires74 (cf figures 19&20 page suivante). Nous commençons à les trouver dans certaines GMS en complément alimentaire ou dans les rayons cuisine traiteur… 2.3) Typologie des consommateurs D’après l’étude IDEALG, 20 % des consommateurs affirment consommer des algues régulièrement (au moins une fois par mois). Ainsi plusieurs profils de mangeur d’algues ont été établis : - Le type « débutant » et « amateur » (75 % des consommateurs) qui (re)connait et consomme l’algue via les produits asiatiques. - Le « goûteur », il s’agit d’un profil curieux, ouvert aux nouveaux aliments ainsi qu’aux nouvelles saveurs. - Les « connaisseurs » qui distinguent l’ensemble des différentes espèces d’algues et qui se dise en consommer quasiment tous les jours75. Concernant les algues Bretonne, selon la spécialiste, les personnes s’intéressant aux algues sont essentiellement des résidents Breton, en particulier de sexe féminin ayant des revenus plutôt conséquents à la recherche d’une alimentation « santé », de qualité et ou suivant un régime particulier (végétarien…). Mais cet avis n’est pas partagé par le cuisinier interrogé. D’après lui, le « tout public », de la France entière s’intéresse aux algues, notamment les personnes curieuses proches de la nature qu’il considère comme « baba cool ». L’ensemble de ces personnes veulent souvent, les ramasser puis les cuisiner eux- mêmes. Certains font même leurs propres bocaux, leurs propres conserves. 2.4) Une consommation différente dans le monde En revanche en Asie, en Polynésie et en Amérique du sud ce n’est pas du tout le cas. Dans de nombreux pays, notamment au Japon ainsi qu’en Corée et en Chine, les algues (Sōrui 藻類) sont totalement intégrées dans leur culture alimentaire. L’algue plutôt reconnue comme légume (de la mer) mais aussi comme condiment, fait partie des aliments de base des « repas ». Au Japon, 7 à 9 kg d’algues fraiches sont en moyenne consommées par an et par personne. Certains seraient même considérés comme accros à l’algue ne pouvant s’en passer : 74 IDEALG Etude de la consommation des algues alimentaires en France 2014 Il s’agit principalement de profil adepte de la mer, de ses produits, de sexe féminin aux revenus plutôt élevés (cadre), essentiellement en Bretagne et dans la région Parisienne. 75 34 « On savait que les Japonais en mangeaient mais je ne pensais pas qu’ils pouvaient être aussi accros […] quand il n’en avait pas, pour moi il était mal quoi… » Entretien n°1 L’algue pour le japonais est l’équivalent de la salade pour le français. A titre de comparaison, en France, par an, un habitant consomme en moyenne plus de 7 kg de salade76. Néanmoins ils les consomment d’une manière très différente. Elles sont appréciées lorsqu’elles sont très fermes et peu cuites, ce qui nous perturbe. D’après l’entretien n°1, l’entretien 3 et un retour d’une enseignante de ma formation, les algues là-bas ont un goût très particulier que « nous » avons du mal à apprécier : « Elles sont très dures, on dirait du cuir. » Entretien n°1 Comme je le disais précédemment, un enseignant de l’université d’origine Japonaise m’a présenté dans le cadre d’un entretien, la consommation d’algue alimentaire au Japon (cf Entretien n°3). D’après mes recherches77 et ses propos, l’algue ne se consomme généralement jamais seule, plutôt sous forme fraiche en salade mais aussi : - Intégrée ou accompagnant les plats principaux sous forme fraiche ou déshydratée comme légume (salade, soupe, simple légume), mais aussi comme condiment (algues confites, vinaigre d’algues) et/ou tout simplement en guise de décoration comme la Nori qui entoure le plat de base japonais l’Ornigiri78 (décoration et condiment). - Comme snack ou comme condiment sous forme de chips. Macdonald commercialise d’ailleurs en Asie le Seaweed Shaker Fries à consommer avec les frites. - En exhausteur de goût, l’algue est utilisée dans le bouillon Dashi, ingrédient de base de la soupe Miso. Le bouillon Dashi caractérise la 5ème saveur, l’Umami. Ainsi, elle peut être consommée par l’ensemble des japonais (excepté les très jeunes enfants pour qui la texture « caoutchouteuse » ne serait pas adaptée), à tout moment de la journée (le matin dans la soupe Miso, le midi, le soir…). Contrairement à la France en revanche, elle n’est pas consommée en apéritif (pratique peu courante au Japon). Les figures 21 ; 27 page 36’ illustrent les différentes manières de les consommer. Malheureusement ne pouvant présenter dans ce mémoire, en détail toutes les autres consommations dans le monde, vous trouverez en annexes les consommations en Polynésie MARFAING H « A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels » Conférence Valorial 2013 76 http://www.satsuki.fr/algues.htm Le « sandwich » Japonais, c’est une boule de riz entouré d’algue Nori avec à l’intérieur des petits légumes ou autres choses salés (cf Entretien n°3). 77 78 35 française ainsi qu’en Amérique du Sud (Patagonie) (cf Annexes P) (Conte & Payri, 2002, p. 170; Bodiguel & Thabeaud, 1996) (cf figure 28). Comme nous avons pu le voir, la consommation, la perception de l’algue alimentaire, semble être très différente d’une culture à l’autre. Certains vont la préférer tendre et cuisinée, d’autres dures, d’autres fraîches… Les algues ont-elles un goût particulier ? C’est ce que nous allons aborder dans cette prochaine sous partie. 2.5) Un « goût » particulier ? D’après les spécialistes, selon les algues consommées, une multitude de saveurs différentes sont perçues. Le bon goût, comme nous l’avons vu est l’un des facteurs indispensable dans l’acceptation d’un aliment, d’ailleurs plus important que la connaissance de la composition nutritionnelle de celui-ci. Si l’algue doit être consommée, il faut donc que ce soit bon. Comme nous l’avons vu les algues qui contrairement aux idées reçues n’ont initialement pas un goût salé, servent aussi de condiment pour rehausser le goût des plats en apportant des saveurs nouvelles, particulières, agréables, surprenantes même. Elles auront effectivement un goût salé si après récolte, elles ont été séchées et déshydratées dans du sel. Le professeur de cuisine nous dit dans l’entretien n°1 qu’un plat salé réalisé avec des algues fraiches devra être resalé : « Alors moi je vais vous dire, les algues ne sont pas salées, les algues ne sont pas salées, les algues prennent vraiment un certain nombre d’élément mais le sel n’est pas dominant » Entretien n°1 Sur l’identification des différents goûts perçus, le sujet est encore à l’étude et il y a encore très peu d’écrits sur le sujet. Les spécialistes interrogés ne se sont pas encore trop concertés sur la question pour l’instant et ne sont pas du même avis. Sachant que goût est une notion interprétée, perçue différemment selon les individus et que les algues sont des aliments nouveaux, dont la connaissance de ces produits est limitée, il y a encore trop peu de références pour décrire ce qui est perçu. Certains individus vont donc identifier un goût de noisette chez la Dulse, un goût d’épinard pour le Wakamé et un goût d’huitre pour la Nori (cf Entretien n°1). Mais ces goûts ne sont pas partagés par tout le monde, d’autres notamment la spécialiste interrogée, énumèrent des saveurs poivrées, sucrées, de thé fumé...(cf Entretien n°2) Elle ajoute également que lorsque l’on commence à consommer des algues, que l’on n’est pas accoutumé il faut y aller doucement d’un point de vue gustatif car c’est une saveur nouvelle, à laquelle nous ne sommes pas habituées, ce qui peut être source de dégoût. Pourtant l’algue est de plus en plus populaire. Les médias lui accordent davantage d’importance, elle est régulièrement citée dans les colloques et tables rondes, et intéresse les industriels. 36 CHAPITRE 4 PROBLEMATISATION 1. Un produit d’intérêt croissant? Aujourd’hui, le secteur de l’algue alimentaire semble être en pleine progression, la consommation est en hausse de la part des français surtout en Bretagne. Les ateliers cuisine, les émissions culinaires mettant l’algue à l’honneur, les sorties « algues » se multiplient, ce qui contribuent à cet engouement. 1.1) La communication sur les algues (la vulgarisation) Des groupes de consommateurs, spécialistes de l’algue alimentaire communiquent de plus en plus sur le sujet surtout via internet (réseaux sociaux et blogs). Deux amatrices d’algues ont d’ailleurs créé il y a bientôt deux ans, une association du moins une « consoeurerie » intitulée les « croqueuses d’algues » dans le seul but : « valoriser l’algue comme aliment » (cf annexes Q). 1.2) Arrivées en grande distribution Pour l’instant la grande distribution commence tout juste uniquement en Bretagne à distribuer des algues de petits producteurs locaux valorisant le terroir Breton (cf Entretien n°1&2).Selon les spécialistes, d’ici 2 à 3 ans les algues seront présentes partout en grande distribution dans les supermarchés79. Cela commence à être le cas, nous retrouvons les Nori et le Wakamé sous forme brut ou incorporés dans des produits à orientation diététique. 1.3) Mais toujours une méfiance de la part des non consommateurs et consommateurs occasionnels. D’après le projet IDEAL’G et les entretiens, malgré le fait que les algues alimentaires ont tendance à se populariser, leur image reste négative (sans compter les sushis), en raison d’une méconnaissance de celle-ci auprès des non-consommateurs. Très peu de consommateur débutant sont prêts à gouter les algues de manière spontanée. Lors d’une première initiation, il est nécessaire d’être informé et guidé par des professionnels (médecins, diététiciens, nutritionnistes, cuisiniers…) ou par des proches connaisseurs80. Selon les entretiens, les réticences concernant les algues alimentaires sont : MARFAING H « A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels » Conférence Valorial 2013 80 IDEALG Etude de la consommation des algues alimentaires en France 2014 79 37 - Un dégoût vis-à-vis de l’aspect (couleur, texture, forme..). - Un frein culturel, nous ne sommes pas habituées à manger des algues. Appréhension car crainte de mauvais « Goût » associé à une image négative. - Aucune connaissance de comment la consommer, la cuisiner. Une des choses les plus difficiles reste leur identification, leurs achats, savoir avec quoi les accorder, comment les conserver. - Des doutes sur la qualité sanitaire de l’eau des régions de production et de culture (teneur en métaux lourds). Néanmoins, le frein principal resterait surtout l’accessibilité aux algues encore très limité: « Pour faire accepter l’algue alimentaire au menu, il est important de communiquer en amont sur leur intérêt nutritionnel et surtout leur expliquer la différence par rapport aux algues vertes et autres espèces non comestibles qui ne sont pas ramassées » Entretien n°1. Enfin, comme nous l’avons vu, en plus de l’aspect et les autres formes de rejet, la prolifération de l’algue verte est aussi source d’angoisse. Ce qui limite considérablement la consommation d’algues alimentaires. A cela s’ajoute des évènements historiques tels que les deux guerres mondiales. En raison des pénuries alimentaires rencontrées au cours de ces conflits, le goémon, terme caractérisant un mélange d’algues laissées par la marée qui traditionnellement est utilisé comme engrais, a été consommé de manière contrainte par les populations. Comme expliquée dans le chapitre précédent, l’environnement influence considérablement les goûts, une période, un vécu difficile avec un aliment est souvent cause de rejet voire de dégoût. Ainsi pour les personnes concernées, l’algue rappelle cette mauvaise période et est donc liée à un mauvais souvenir ce qui freine la consommation d’algue (cf Entretien n°1) : « Y’avait toute une génération qui est partie. C’était une génération qui bloquait. Du moins sans leur en vouloir, la génération qui a connu la guerre, elle est plus là et ceux-là quand on leur disait de manger des algues… surtout en Bretagne pour eux c’était manger du goémon. C’était assez, c’était assez, pour eux c’était assez… ça leur rappelait des mauvaises périodes.... » Entretien 1 Bien que les générations suivantes ne soient désormais plus concernées par ce problème de pénurie alimentaire, aujourd’hui d’après certains spécialistes, la pollution et les rejets de métaux lourds importants, la prolifération accrue de certaines algues indésirables, limitent considérablement la reconnaissance de l’algue comme aliment. Dans un contexte d’inquiétude relatif à la détérioration de notre environnement (métaux lourds, déchets, surexploitation…) et sachant qu’une algue verte 38 toxique envahit les plages du littoral Breton, il semble « logique » qu’un sujet « naïf » exprime du dégoût à l’idée de consommer des algues. 2. Quelle place pour l’algue alimentaire dans notre modèle alimentaire ? Comme nous l’avons vu, ce qui caractérise une société, c’est un ensemble de règles de normes, de valeurs, dont les individus qui la constituent se doivent de respecter. Ces codes, ces principes sont intériorisés par ces derniers via les institutions. Notre alimentation, activité universelle est définie et conditionnée par une institution que l’on appelle modèle alimentaire (cf chapitre 1). Comme le dit Mary Douglas pour comprendre un modèle alimentaire, il ne faut pas essayer de comprendre les actions, les faits de manière individuelle mais les étudier dans leur ensemble, d’analyser les rapports entre eux, c’est-à-dire via une approche structuraliste : « Les règles de comestibilité ne peuvent être comprises que structuralement, et non pas en essayant de reconstituer les relations de cause à effet que l’une ou l’autre d’entre elles, prise isolément, peut impliquer. L’interprétation structurale révèle comment des règles de conduite s’assemblent pour constituer un pattern intelligible » (Douglas, 1979, p. 145). Selon elle, des simples approches fonctionnaliste et culturaliste ne peuvent expliquer une culture et donc un modèle alimentaire. En effet, comme défini précédemment, le modèle alimentaire est un ensemble complexe de règles et de normes qui caractérise l’espace social alimentaire. Un espace qui désigne la zone de liberté, un lieu d’articulation entre le culturel, le biologique et l’environnement c’est-à-dire un espace où différentes fonctions (physiques, climatologiques, biologiques mais aussi linguistiques, technologiques, imaginaires…) interagissent, cohabitent ensemble. En se plaçant dans une même perspective structuraliste, Claude Lévi-Strauss a effectué ses recherches sur un grand nombre de caractéristiques universelles humaines, ne se limitant donc pas aux caractéristiques propres du fait culturel. Ainsi, il tend à interpréter la société dans son ensemble via le langage et compare donc la cuisine à la communication. En effet d’après lui, ces deux fonctions universelles sont codifiés et spécifique à une société, une culture donnée : « La cuisine, dont on n’a pas assez souligné qu’avec le langage, elle constitue une forme d’activité humaine véritablement universelle : pas plus qu’il n’existe de société humaine sans langage, il n’en existe aucune qui, d’une façon ou d’une autre, ne fait pas cuire certains de ses aliments… » (Lévi-Strauss, 1965, p. 22). D’où son célèbre triangle culinaire présentant en trois catégories fondamentales (le cru, le cuit et le pourri) les relations entre les différentes formes du culinaire (le mode de cuisson des aliments). Le cru situé à la frontière de la nature et de la culture s’oppose aux deux autres ordres du fait qu’il n’est pas élaboré. Le cuit est une élaboration culturelle, le pourri quant à lui vient du naturel. (cf figure 29 ci –contre) 39 D’après les recherches et les entretiens effectuées, l’intérêt pour l’algue en tant qu’aliment ne fait que croitre. Leur consommation est un phénomène émergeant en France, grâce notamment aux influences de la gastronomie japonaise (sushis). Mais c’est aussi un aliment encore inconnu pour la société. Leur goût, leur aspect, leur apparence, ne nous sont pas familiers. L’idée que l’on puisse les consommer nous rend inquiets (Delecroix, 2009). Elles ne sont pas classées dans l’ordre du « mangeable ». Il est fréquent d’entendre encore lorsque l’on parle des algues : « Quoi ça se mange une algue ? », « Berk… », « Et beh, ça donne pas envie ça » Il y a encore trop peu d’informations sur le sujet et l’algue a encore mauvaise presse en raison des algues échouées et les algues vertes, ce qui constitue un frein dans son développement (cf Entretien n°6).Enfin, le marché français des algues alimentaires est encore très limité axés principalement sur les récoltes d’algue sur le littoral Breton. Dans le cadre de ce mémoire, une approche interactionniste qui situe le mangeur, selon les termes du sociologue Jean-Pierre Corbeau d’après son triangle du mangeur en tant qu’individu en constante interactions avec la société à laquelle il est associé et les aliments qu’il consomme, aurait pu être envisagée (Poulin (a), 2002, p. 184). Cependant, même s’il y a des interactions entre ces sommets qui seraient intéressantes à étudier, j’ai préféré dans une première approche de l’algue alimentaire, analyser plutôt l’évolution de l’« acceptation » de l’algue dans notre modèle alimentaire par une approche structuraliste, ne distinguant pas l’individu à la société à laquelle il appartient. C’est-à-dire rechercher son positionnement dans l’espace sociale alimentaire ainsi que dans le triangle culinaire de Lévi-Strauss. Pour le moment, la filière de l’algue est trop récente. Pour étudier cette approche sur notre modèle alimentaire actuel, j’ai décidé de me projeter dans le futur en me basant sur un hypothétique modèle alimentaire de « demain » supposant une évolution des tendances actuelles. De nombreuses questions se posent donc à son sujet : - Comment l’algue sera-t-elle adoptée dans notre société ? Comment la société la situera-t-elle dans l’espace social alimentaire? - Et alors de quelle manière sera-t-elle préparée, cuisinée consommée ? Sous forme nature, c’està-dire « crue », comme un « légume » et valorisée comme aliment en tant que tel comme c’est déjà le cas en Asie ? Sera-t-elle consommée de manière transformée, « cuite » ? Sous forme d’extraits anonymes, traités et purifiés comme c’est déjà le cas en industrie agroalimentaire, sans avertir les consommateurs. - Comment se positionnera-t-elle ? Sera-t-elle mise en valeur par ses vertus nutritionnelles, c’est- à-dire pour une utilisation axée sur la santé, la médecine, mis en avant via des allégations nutritionnelles et de santé associées ? Et/ou bien se distinguera-t-elle pour son rôle gustatif, 40 étant donné que les algues servent aussi de condiment pour rehausser le goût des plats ? Jouerat-elle également un rôle symbolique, l’intégrant à un patrimoine ? - Comment le marché de l’algue français va se développer ?, L’algue sera-t-elle toujours importée comme c’est le cas actuellement ou bien sera-t-elle produite dans la France entière comme c’est déjà le cas un petit peu en Bretagne ? A l’issue de cette partie et donc de ces observations nous nous sommes donc demandés si dans un futur proche, les algues seront totalement intégrés à notre culture, à notre société, si elles auront leur place dans le modèle alimentaire, dans l’espace social alimentaire. Ainsi, nous aboutissant à cette problématique d’étude. : «Un intérêt croissant pour l’algue alimentaire, une conformité dans le modèle alimentaire de demain ?» A laquelle nous allons tenter de répondre dans cette prochaine partie. 41 Figure 30 Culture de Spiruline au Tchad Source : Grat.over-blog.com Partie 2 Un intérêt croissant pour l’algue alimentaire, une conformité dans le modèle alimentaire de demain ? Figure 31 Tartare d'algue au restaurant Figure 32 Découverte des algues avec Pierrick Leroux Figure 33 Fabrication industriel de complément alimentaire Source http://spiruline-france.fr 42 Comme il a été expliqué et présenté dans la partie précédente, l’algue alimentaire est de plus en plus appréciée sous de nombreuses formes (élaborées ou non), pour des raisons diverses et variées (goût, intérêt santé, apéritif…). Petit à petit la consommation d’algue bien qu’encore très limitée aujourd’hui ne cesse de se développer. Nous nous sommes donc demandé face à cet engouement quelle serait sa place dans notre modèle alimentaire de demain. Comment l’algue alimentaire va-telle être considérée par la société ? A l’issue des lectures et des enquêtes terrains effectuées, dans l’optique de répondre à nos interrogations, trois hypothèses paraissent envisageables. En effet une première hypothèse place l’algue comme un aliment inévitablement intégré, adopté par notre modèle alimentaire en raison de multiples contraintes d’ordre social, environnemental, biologique… mais aussi en raison de métissage naturellement associé à la globalisation. Une deuxième hypothèse positionnerait l’algue comme un aliment devenu « incontournable », adoptée en tant que « légume de la mer » pour ses valeurs nutritionnelles, pour son intérêt gustatif, un aspect symbolique tant par le consommateur lambda que par les professionnels (médecins, nutritionnistes, cuisiniers, industriels, politiciens…). Enfin, phénomène qui est déjà observé avec l’emploi des algues pour leurs propriétés de texturants, nombreux sont les industriels qui utilisent aussi l’algue alimentaire de plus en plus sous forme d’extrait d’une manière quasi anonyme, sans que le consommateur ne soit averti. Cette observation constituera notre troisième hypothèse, c’està-dire la consommation inconsciente de l’algue par les consommateurs en industrie agroalimentaire. CHAPITRE 1 HYPOTHESE 1 LES ALGUES L’ALIMENT DE DEMAIN NATURELLEMENT INTEGRE. Dans le monde, l’algue est en train de devenir notamment grâce à la Spiruline la Nori, le Wakamé et la Dulse, un des aliments les plus consommés. L’Europe est à la traine mais semble suivre le mouvement induit par les phénomènes de globalisation, d’uniformisation des cultures. En effet, la consommation d’algue alimentaire en France a connu un véritable essor sur ces 20 dernières années. Quelles en sont les raisons, les causes ? Est-ce ses avantages nutritionnels, que ce soit pour les pays développés, sous-développés en voie de développement ? Est-ce sa culture rapide et peu onéreuse ? Ou bien tout simplement une forme de métissage qui découle naturellement de la globalisation ? C’est ce que nous allons tenter de répondre dans ce premier chapitre qui constitue cette deuxième partie. 43 1. L’algue, une alternative pour nourrir le monde. La question de savoir si nous nous dirigeons vers une économie d’abondance ou si au contraire nous tendons vers un manque mondial se pose toujours, ce qui partage bon nombre de spécialistes. Néanmoins, il est estimé qu’actuellement un individu sur deux dans le monde souffre de malnutrition soit par carence, soit par excès. Cette observation est devenue un des problèmes politiques majeurs du XXIème siècle. Les dirigeants multiplient leurs actions envisageant diverses solutions. En effet, d’un côté certain pays où l’abondance alimentaire est assurée, tentent d’avertir leurs populations de l’impact de l’alimentation sur la santé pour pallier le développement de pathologies liées à la sur alimentation (obésité, diabète) en les bombardant d’informations via des programmes nutrition-santé (PNNS, CACFP…). De l’autre certains pays dont l’économie est plus fragile cherchent plutôt des solutions simples et peu onéreuses pour nourrir leur population. Enfin, certains états doivent faire face à ces deux problèmes simultanément81. Vu leurs avantages nutritionnels et « écologique », les algues alimentaires semblent être une filière intéressante pour « nourrir le monde ». En effet, leurs cultures simples et rapides pour les macros comme pour les micro-algues apportent les nutriments essentiels (acides aminés, oméga 3, fer, fibres, vitamines…). L’algue alimentaire pourrait être indéniablement une « alternative » à considérer pour nourrir le monde. 1.1) 3 milliards de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition Environ 3 milliards de personnes souffrent de faim et de sous nutrition dans le monde. Provoquant, d’un point de vue nutritionnel de nombreuses carences en fer, iode, vitamine A, et zinc source de pathologies graves. Ce chiffre conséquent tend à augmenter dans l’ensemble des pays82 ( Klatzmann, 1991). De plus, actuellement, en raison du phénomène de globalisation que nous avons défini dans la partie précédente, nous allons vers une uniformisation des économies mondiales. Il y a donc des bouleversements économiques. De nombreux pays considérés en « développement » sont en pleine phase de transition démographique (cf figure 34 ci-contre). Théorie établie par l’économiste et homme politique français Adolphe Landry qui se traduit dans un premier temps par une diminution du taux de mortalité mais un maintien du taux de natalité, ce 81 BRICAS Nicolas Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 82 BRICAS Nicolas Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 44 qui conduit donc à un accroissement considérable de la population. Puis dans un second temps, le taux de natalité à l’identique des pays développés va naturellement chuter (Poulin (a), 2002, p. 109). Il demeure complexe de définir si un pays est en développement ou non car il faut en effet prendre en compte de nombreux facteurs, c’est-à-dire regarder la capabilité83 de ce dernier et ainsi étudier à la fois l’IDH (l’indice de développement humain comprenant le PPP84, le taux de mortalité infantile et l’éducation) ainsi que les ressources matérielles, financières, alimentaires... Dans ce mémoire, nous justifierons l’emploi du terme en développement pour les pays que nous considérons limités en ressources économiques, matériels, alimentaires, éducatives... par opposition avec les pays dit «développés85»86. De ce fait, selon les pronostics de l’économiste Armatya Sain les inégalités entre ces pays vont être réduites et nous assisterons à une stabilisation de la population vers 205087. Mais dans ce cas, comment va-t-on faire pour nourrir toute cette population ? D’après la FAO, l’ensemble des disponibilités alimentaires mondiales seraient supérieures à 2718 kcal/p/j dont 2290 kcals provenant de produit végétaux et 428 kcals provenant de l’élevage88, qui sont jugées suffisantes pour nourrir presque deux fois la population mondiale (9 milliards)89. A laquelle s’ajoute une tendance de diminution de l’activité physique due à l’amélioration globale du confort de vie, qui pousse à la baisse les besoins nutritionnels par personne. Le problème semble donc être plutôt la difficulté pour certain pays d’avoir accès à l’alimentation. Une situation de conflit, d’instabilité politique, un environnement hostile, une catastrophe écologique, un manque d’hygiène, des maladies… sont des facteurs nuisant à l’accessibilité aux aliments. Etant donné le gaspillage massif dans nombreux de nos pays il y a une distribution inégale des denrées alimentaires conduisant à des inégalités90. L’introduction des algues dans ces régions où l’accès à l’alimentation est « incertain » semble être une bonne alternative. De par leur richesse nutritionnelle, leur facilité de culture et d’utilisation, les algues paraissent être un outil idéal pour pallier à la dénutrition. Mais alors dans ce cas, serontelles acceptées (gustativement, culturellement…), facilement intégrées, ou bien rejetées ? Pourquoi Capacité à devenir capable Purchasing Power Parity ou parité de pouvoir d’achat (PPA).C’est un indice permettant la comparaison entre pays de leurs pouvoirs d’achat. 85 Autrement appelé pays du Nord ou occidentaux 86 BRICAS Nicolas Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université 83 84 Toulouse Jean-Jaurès, 2015 87 BRICAS Nicolas Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 Déterminées via les calculs du total des calories disponibles et le besoin moyen minimal en calories par personne selon l’âge, le sexe, l’activité physique. 89 Les besoins moyens étant de 1800kcal pour une femme est de 2500kcal pour un homme par jour 90 MARTIN PREVEL Yves Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, 88 Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 45 ne pas réaliser une étude terrain dans ces pays-là (évitant tout de même les pays en conflits) pour étudier la faisabilité de cette solution. D’après N.Bricas, ces pays-là en développement « copiant » notre « modèle alimentaire » actuel désirent de plus en plus manger des aliments d’origine animale (viande) au détriment des végétaux et céréales91. En effet, la transition démographique induit un autre phénomène, la transition nutritionnelle. Lors de la table ronde organisée par l’ENSAT à Toulouse, Le sociologue JP Poulain la justifie, comme le fait de passer d’un régime alimentaire basé sur des aliments d’origine végétale (céréale) à un régime fondé sur des aliments d’origine animale lorsque le niveau de vie, la situation économique augmentent (cf figure 35 ci-contre)92.L’algue sera-t-elle facilement adoptée par ces sociétés ? Enfin il est important aussi de noter que lors de cette même table ronde, Y MartinPrével affirme qu’il n’y a à ce jour aucune réelle étude scientifique prouvant les nombreuses propriétés de la Spiruline et il constate que les régions d’Afrique où celle-ci est principalement cultivée et récoltée, sont des zones ou le nombre de personne dénutries est considérable (Tchad). Peut-être que cette Spiruline produite est destinée uniquement à l’exportation. Des analyses plus précises doivent donc impérativement être réalisées pour étayer sa théorie. 1.2) La malnutrition par excès : apparition de nouvelles pathologies Le développement économique de nos sociétés occidentales, les avancées en matière de production, de transformation, de stockage et de transport, réalisées essentiellement par l’industrie, assurent une alimentation en continu. En parallèle, les pratiques alimentaires semblent changer en raison d’un « affaiblissement » des normes sociales imposées par notre modèle alimentaire, induit par une montée de l’individualisme. Ceci s’explique comme nous l’avons vu dans la partie précédente par nos nouveaux modes de vie (travail des femmes, alimentation sur le lieu de travail, street-food, fast food…). Nous privilégions de plus en plus une alimentation rapide et pratique. L’apparition et la multiplication de certaines pathologies comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires et même les cancers semblent découdre de ces modifications de nos pratiques alimentaires. Ce problème étant devenu d’ordre politique, l’Etat multiplie les actions, les programmes nutrition/ santé… Désormais dès le plus jeune âge, les individus sont sensibilisés et éduqué à l’importance de l’alimentation. Le consommateur commence tout juste à prendre conscience de l’importance de l’alimentation, du lien que cela implique sur la santé en particulier sur le long terme. Il est désormais à la recherche d’une alimentation plus saine et diversifiée (une 91 BRICAS Nicolas Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 Poulain, J P; Martin Prevel, Y; Michels, S. Transition alimentaire : Pourra-t-on éviter le grand carnage ? Table ronde organisée par l’ENSAT, le 7 janvier 2015 92 46 alimentation de qualité (nutriments essentiels) sans que cela ne soit trop calorique93 et que cela soit adapté à son mode de vie (alimentation rapide, pratique..). Les compléments alimentaires venant des Etats unis connaissent une croissance relativement rapide94. Ils sont définis comme une denrée dont le but est de compléter un régime alimentaire classique, par consommation d’une source concentrée de nutriments et ou de substance ayant un ou plusieurs effets nutritionnel ou physiologique sur l’organisme95. Les substituts de repas, aliment enrichis96 pouvant « remplacer » un repas et les alicaments, termes utilisés par les médecins et nutritionnistes pour caractériser un aliment contenant (de façon naturelle ou artificielle) une ou plusieurs substances déterminées ayant un effet bénéfique sur l’organisme97, se développent également. Ces nouvelles pratiques alimentaires bien que théoriquement considérées comme « saines » pour l’organisme accentuent les modifications de nos manières de nous alimenter. En effet, ils sont indéniablement des leviers tant à la déstructuration, à la désocialisation, à la désynchronisation, et à la désimplantation horaire des repas, évènement caractéristique de notre modèle alimentaire. Ainsi, ces derniers contribuent à un affaiblissement des normes, des codes imposés par l’institution qu’est le modèle alimentaire. De par leur composition nutritionnelle, les algues alimentaires semblent s’imposer comme éléments d’intérêt pour le consommateur. D’ailleurs, nous la retrouvons de plus en plus employées sous de multiples formes dans des produits à orientation « santé ». La spiruline, la micro-algue la plus connue est retrouvée dans de nombreux compléments alimentaires ou mélangée dans des smoothies aux goûts variés comme substituts de repas vendus aux sportifs comme par exemple C-N’Shake une boisson aux algues pour la récupération des sportifs (Parsemain, et al., 2014) ou les personnes suivant un régime particulier. De nombreuses autres algues alimentaires notamment le Fucus et aussi la Chlorella, sont aussi très utilisés dans les régimes en agissant comme coupe-faim. Les figures 36,37&38 ci-contre sont des exemples de produits qui existent déjà. Nous observons donc que le développement du marché des compléments alimentaires et des substituts de repas semble profiter à l’algue. En effet, les consommateurs de plus en plus préoccupés par leur santé et leur alimentation sont davantage à la recherche d’une alimentation simple et rapide et paraissent donc préférer ce type d’alimentation aux « repas »98. Des enquêtes chez les consommateurs et non consommateurs de compléments alimentaires seraient à envisager pour analyser ce phénomène ainsi que son évolution. Cela permettrait de déterminer le positionnement de l’algue comme complément alimentaire, comme substitut de repas dans l’espace Relatif à l’augmentation de l’obésité http://www.irips.org 95 http://www.france-foodandfeed-expert.com/marche-du-complement-alimentaire-ou-nutritionnel.html 96 Concentré en nutriment essentiel 97 http://gric.univ-lyon2.fr/gric3/decouverte/document/NotesdeCours/alicament.htm 98 http://franceolympique.com/files/File/actions/sante/documentation/2009/9ecolloque/7.pdf 93 94 47 social alimentaire. Même si nous supposons un positionnement de l’ordre plutôt physiologique (perte de poids, carence..), l’algue pourrait aussi avoir une propriété symbolique ou culturelle pour les consommateurs ou consommatrices cherchant à perdre du poids. Le Fucus. 1.3) Le végétarisme, véganisme : Nouveaux courants alimentaires de plus en plus populaire Depuis une trentaine d’année, le rapport homme/animal et la gestion du meurtre alimentaire ont considérablement été modifiés. D’après le sociologue JP Poulain, les nombreuses crises alimentaires de ces dix dernières années dont celle de la vache folle des années 1990 ont modifié l’opinion des individus dans la gestion du meurtre alimentaire. Les individus qui pensaient consommer une simple pièce de bœuf, prennent conscience qu’ils mangent un animal, de la vache. Ce qui provoque culpabilité de leur part (Kjaernes & Lavik, 2012). D’ailleurs l’éthique du « bien être » animal est relativement mise en avant cette année au salon de l’agriculture99. Les animaux de compagnie se sont anthropomorphisés c’est-à-dire que des caractéristiques humaines (comportements) leurs ont été attribuées (Poulain (a), 2002, p. 239). Le végétarisme comme le véganisme se situent à la croisée de cette prise de conscience, même s’ils sont encore très faibles en France et si les crises alimentaires ne se sont traduites pratiquement que par des substitutions (dans le cas de la vache folle, la viande rouge a été substituée par de la viande blanche), ils semblent progresser en France100 : « Et comme il y en a de plus en plus en France, bon ça reste un nombre minime. Notamment les végétariens. Je crois que c’est 3 % en France. Pas plus que ça. Mais c’est un nombre qui ne cesse d’augmenter. » Entretien n°2. Cette alimentation résulte d’une pratique délibérée d’exclure les aliments carnés et éventuellement les sous-produits animaux, se justifiant dans la majorité des cas par des principes « éthiques » dénonçant le meurtre animal. Cependant, aujourd’hui, le végétarisme est aussi de plus en plus pratiqué pour des raisons de santé. En effet, l’augmentation de la consommation de viande corrélée à l’augmentation de l’obésité et des pathologies qui y sont associées (diabète…) appuyés par plusieurs études américaines réalisées par l’ADA, American Dietetic Association (Craig & Mangels , 2009) et une par l’AHS l’American Housing Survey101, semble remettre en cause les pratiques http://www.parismatch.com/Actu/Societe/La-parole-aux-animaux Selon Nicolas Van Lennepkade rédacteur du magazine Vegactu 101 http://www.llu.edu/public-health/health/early_findings.page 99 100 48 actuelles102. Bien que ces études ne prouvent en aucun cas l’intérêt de ce type de régime par rapport à un autre, en effet, les végétariens sont dans la plupart des cas des individus soucieux de leur santé ce qui constitue un biais à ces deux études. Néanmoins cela semble suffisant pour motiver un grand nombre d’individus à suivre ce régime non pas pour l’éthique du meurtre animal mais plutôt pour une raison nutritionnelle. La majorité des personnes végétariennes et vegan103 de mes connaissances m’ont dit que l’algue leur était indispensable pour sa richesse unique en protéines et qu’ils la consomment autant crue que cuite, cuisinée en tant que légume mais aussi sous forme de complément alimentaire notamment de la spiruline104D’ailleurs elle est recommandée par les nutritionnistes et diététicien encadrant les personnes suivant ce régime.105 L’algue alimentaire semble donc s’imposer dans le cadre de ce régime comme un aliment phare dans leur modèle alimentaire via ses acides aminés essentiels qui ne sont trouvés dans aucune autre espèce végétale : « Bon après c’est sure que pour les végétariens, c’est avantageux de remplacer la viande par de la spiruline ou autre ». Entretien n°4. L’algue serait également la seule source végétale de B12 mais dont la biodisponibilité reste encore à démontrer106. Selon Y Martin-Prevel, la spiruline contiendrait de la vitamine B12 non assimilable en raison des substrats rajoutés pour sa culture107. Une étude approfondie sur un échantillon plus représentatif108 de personnes devrait donc être réalisée. Nous aurions alors des retours intéressant sur la place de l’algue dans leur espace social alimentaire. C’est-à-dire si celle-ci est consommée uniquement pour ses propriétés nutritionnelles, pour son intérêt environnemental (les algues sont des végétaux ce qui limite les élevages gourmands en énergie) et/ou une fonction culturelle (symbolique par le refus du meurtre animal) et s’il y aurait des relations entre ces derniers ? En conclusion nous pouvons dire que l’intérêt biologique de l’algue alimentaire parait être un puissant facteur d’intégration de cette dernière dans notre modèle alimentaire. D’un côté elles permettraient d’apporter facilement des nutriments, des minéraux et des vitamines aux populations les plus défavorisées, dont l’accès à l’alimentation est limité et de l’autre elles sont de plus en plus prisées en complément alimentaire, comme « coupe-faim ». Etant donnée la situation actuelle et les Selon Nicolas Van Lennepkade rédacteur du magazine Vegactu Sans produit d’origine animal 104 Acides aminés essentiels non trouvés dans les céréales et autres végétaux 105 MOA Frédérique. Groupe d’aliments : composition et intérêt nutritionnels Cours Licence professionnelle aliments-santé, IUT Quimper. 2013. 106 http://crudivegan.com/b12-le-mythe-de-la-spiruline.html 107 MARTIN PREVEL Yves Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 108 Les contacts que j’ai sont quasiment tous liée à la nutrition (études, professions…) 102 103 49 perspectives d’évolution envisagées l’alimentation à partir d’algue semble inévitablement s’imposer comme solution pour le futur. 2. Algue alimentaire, une filière d’avenir. L’anxiété des consommateurs ne cesse de se renforcer dans le monde entier, avec une vision de l’avenir de l’humanité plutôt pessimiste en raison de l’épuisement des ressources fossiles, le dérèglement climatique109. Pour certains c’est simplement la peur de manquer, de ne pas avoir assez de nourriture pour subvenir à leurs besoins, pour d’autres c’est l’origine et la qualité des denrées consommées. 2.1) Diminution des surfaces agricoles et pollution D’après J Klatzmann, la population ne cesse de croitre entrainant une diminution constante de la superficie des terres cultivables. A laquelle s’ajoute le fait que de plus en plus de terres agricoles sont utilisées pour fournir de l’énergie (biocarburant,…) et pour l’industrie (textile…). Ces espaces sont également dégradés par la surexploitation des sols et sont aussi menacés par le réchauffement climatique, conséquence directe d’un rejet de plus en plus important de gaz à effet de serre ( Klatzmann, 1991). Comme nous l’avons vu précédemment, sachant que les pays en voie de développement en pleine transition démographique et donc alimentaire tendent à privilégier les aliments d’origine animale, les élevages se multiplient. Or ces derniers demandent beaucoup d’énergies (végétaux pour nourrir le bétail), d’espace et aussi beaucoup plus de temps. Il faut savoir qu’ 1kcal d’aliment d’origine animale produite équivaut à 3kcal d’aliments d’origine végétale, ce qui est mauvais pour l’environnement surtout que la population mondiale continue d’augmenter comme nous l’avons évoqué précédemment110. L’algue pourrait être une bonne alternative car elle se développe et se multiplie rapidement dans l’eau, n’utilisant et n’épuisant pas les terres agricoles. Sa culture est peu onéreuse, requiert peu de connaissances car elle se nourrit uniquement des nutriments de l’eau de mer, et n’a donc besoin ni d’engrais, ni de pesticide. Seules quelques notions simples comme par exemple savoir les différencier, les préparer, les cuisiner sont nécessaires (Queva, 2011) : « Après il y a l’importance de passer à ça parce que après avec la viande il va y avoir un problème, il va falloir trouver des solutions, des alternatives » en parlant de la spiruline. Entretien n°4 Selon les sites internet : http://www.notreplanete.info et http://www.consoglobe.com. POULAIN, J P; MARTIN PREVEL, Y; MICHEL, S. Transition alimentaire : Pourra-t-on éviter le grand carnage ? Table ronde organisée par l’ENSAT, le 7 janvier 2015 109 110 50 Néanmoins, il faut faire attention avec la pollution qui ne cesse d’augmenter. L’algue comme nous l’avons vu est sensible aux métaux lourds (Lallemand, 2012). Sa réglementation est d’ailleurs stricte sur les teneurs maximales autorisées111... La société toulousaine Alg&You112 (cf annexe R pour le flyer) qui se base sur le concept « Faire de la spiruline et des microalgues un aliment pour tous », propose de réaliser sa propre culture de micro algue chez soi, c’est-à-dire en autoproduction grâce à un appareil très simple, la Phytotière une sorte de « yaourtière » de phytoplancton (cf figures 39&40 ci-contre). Basé sur le même principe qu’une fabrication de yaourt (développement de ferments lactiques dans le lait), la phytotière permet le développement des algues microscopiques dans de l'eau113 d’une manière totalement naturelle et écologique. Le prototype étant encore à l’étude, d’ici 2 à 3 ans il sera possible d’avoir sa propre production de micro-algue chez soi : « Donc on va pouvoir récolter 20 grammes de spiruline par jour en fonction de ce que tu veux en faire, comment tu veux la manger. » Entretien n°4 Ainsi l’algue alimentaire s’inscrit également dans une dimension écologique, sa culture et sa récolte étant associées à l’éthique du développement durable. Un développement qui consiste à maintenir une croissance tout en adoptant un comportement écoresponsable, ce qui préoccupe mais aussi qui divise114 les pays du monde entier115. Face à cette dimension d’intérêt, quel serait les perspectives d’évolution de la filière, c’est ce que nous allons étudier dans la prochaine sous partie. 2.2) Des perceptives d’évolution mais limitées par certains freins « Les algues ça se développe dans sa globalité, ce qui est bien c’est qu’on se sent un peu soutenu, comme tu le dis ça se développe en Bretagne il y en a énormément. Je pense que c’est quelque chose qui va se développer nationalement mais aussi mondialement. » Entretien n°4 Malgré le fait que la consommation d’algues a considérablement augmenté ces 20 dernières années, elle représente aujourd’hui seulement 5 % de la production d’algue annuelle116. Soit 4050 tonnes en 2014, le reste étant destiné aux industries (texturant, cosmétiques, comme carburant, en MARFAING H « A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels » Conférence Valorial 2013 112 Cf flyer en annexes P. 113 http://www.alg-and-you.com/content/produire-des-microalgues-mais-comment 111 Les pays du en développement cherchent essentiellement à se développer alors que les pays en post développement paraissent plus axés sur le côté durable 114 115 BRICAS Nicolas Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 116 Culture plus récolte 51 papeterie, plasturgie..). Nous commençons donc tout juste à les cultiver pour leur intérêt nutritionnel et gustatif. Cette affection soudaine serait liée à la diffusion des modèles alimentaires asiatiques, en partie via la culture japonaise dont l’algue est totalement intégrée (Entretien n°3). Le nombre de restaurants Japonais de sushis s’est multiplié par trois en France en 10 ans (1600 restaurants pour 1200 McDonald’s)117 . Elle serait également due à la mise en évidence de son intérêt nutritionnel, en adéquation avec la prise de conscience récente du lien entre aliment et santé et donc de l’importance de la nutrition (Queva, 2011). En conséquence, les producteurs bretons l’exploitent de plus en plus. Critiqués et menacés lorsque les pionniers se sont lancés dans la culture et récolte d’algues118 à la fin des années 70. Aujourd’hui, en raison des restrictions sur la pêche en Atlantique par l’union européenne, de jeunes producteurs principalement des pêcheurs, des conchyliculteurs reconvertis ou souhaitant se diversifier n’ayant plus le choix se tournent désormais dans la culture et récolte d’algues alimentaires n’hésitant pas à s’endetter : « Alors il y a des algoculteurs, des jeunes qui s’endettent pour changer de métier dont notamment des conchyliculteurs qui se reconvertissent, ou bien des pêcheurs qui se reconvertissent. » Entretien n°2 Contrairement à l’Asie ou leurs eaux sont carrément « saturées » en culture d’algues, pour le moment en France, la culture de macro-algue alimentaire reste très limitée, privilégiant plutôt la récolte de ces dernières. Cependant, même si elle reste toujours critiquée et freinée par les pêcheurs puisqu’elle représente une menace pour leur activité mais aussi par certains locaux qui ont peur de voir à l’image des élevages porcins, une « surexploitation » de la filière (cf Entretien n°6). La culture réalisée dans des espaces adaptées (cordage…) essentiellement en Bretagne se développant depuis ces 10 dernières années119. La Bretagne avec les courants chauds du Gulfstream, à des eaux idéales confirmées par un champ algal unique, parfaites donc pour cultiver l’algue mais les rejets accrus de nitrates causés par les élevages intensifs de porc menacent cet écosystème120. Enfin d’après les entretiens effectués le peu de cultures d’algues alimentaires réalisées sont essentiellement destinées aux exportations, pour les Chinois, les Coréens et également le 117 IDEALG Etude de la consommation des algues alimentaires en France 2014 118 https://www.youtube.com/watch?v=rX3wLqGAbtk MARFAING H « A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels » Conférence Valorial 2013 119 MARFAING H « A la découverte des algues alimentaires : Marché, produits, réglementation et atouts nutritionnels » Conférence Valorial 2013 120 52 Japon mais en quantité moindre, leurs marchés étant saturés121. De plus après l’évènement de Fukushima survenu en 2011, nombreuses sont leur algues qui ont été contaminées122. En termes de qualité, les algues bretonnes ne peuvent donc que leurs être intéressantes : « …Puisque la Chine, la Corée, le Japon manquent de surface, ils ne peuvent plus, ils atteignent leur taille critique. Euh Euh par rapport à la production d’algue. Ils en ont besoin. Ils en produisent plus assez. Ils cherchent des algues. » Entretien n°2 « On ne peut pas comparer notre production à celle des autres pays, nous produisions moins de quantité mais plus de qualité » Echanges par emails avec la responsable commerciale et logistique de la société cultivatrice d’algues biologiques. Mais aussi pour d’autres pays d’Europe notamment l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et la Belgique. En effet selon le cuisinier interrogé, depuis un an de nombreux spots publicitaires vantent les mérites de l’algue comme éléments de consommation (cf figure 41 ci-contre) devenant ainsi populaire123 : « Donc en fait, il y a aussi autre chose, c’est qu’il y a une demande de l’Allemagne et de la Chine. Mais l’Allemagne… En Allemagne il passe de la pub pour manger des algues depuis près, depuis l’année dernière. Et donc les allemands ils sont assez dociles contrairement à nous, ils veulent tous des algues ! » Entretien n°1 « Voilà et aussi en Italie, en Suisse, en Belgique aussi. » Entretien n°5 Pour les micro-algues la spiruline est cultivée pratiquement dans toute la France, essentiellement dans le sud de la France pour son climat relativement plus clément124. La production est cependant très limitée car elle n’est pas compétitive avec les cultures intensives chinoises et africaines. Ces spirulines étant moins chères : « La spiruline qu’on consomme actuellement elle vient de Chine. Nous on en produit […] Elles sont produites dans des fermes, il doit y avoir une vingtaine ou une trentaine en France. […] Du coup ces fermes ils vont en produire une 121 La Chine, la Corée, le Japon manquent de surface, ils auraient atteint leur taille critique. Les exportations sont limités pour le Japon car nos algues françaises sont jugées instable (concept qui sera définit dans le prochain paragraphe. http://www.rts.ch/emissions/abe/test/4730173-les-algues-en-provenance-du-japon-les-tests.html http://www.wikistrike.com/article-fukushima-les-poissons-radioactifs-font-peur-aux-japonais.html 122 https://www.youtube.com/watch?v=RsfcnYd3qSE , https://www.youtube.com/watch?v=gpB16hkDRzY et https://www.youtube.com/watch?v=OoUeWDJbCLw 123 124 http://www.spiruliniersdefrance.fr/ 53 partie, du coup ça va être plus chère. Du coup, la plupart des compléments alimentaires que l’on va acheter, ça va venir essentiellement de Chine. Elles vont être produites en Chine en tout cas. » Entretien n°4. Les autres micro-algues ne sont pas produites encore en France en raison du coût d’exploitation trop onéreux.et donc pas rentable pour des petites fermes qui actuellement peinent à produire de la spiruline125. La culture de spiruline étant d’ailleurs beaucoup plus simple d’après la société que je suis allée visiter mais cela est susceptible d’évoluer dans les prochaines années (cf Entretien n°4). Nous allons donc conclure ce paragraphe par la mise en évidence d’un paradoxe comme nous le dit la spécialiste dans l’entretien n°2 : « Sinon on arrive aujourd’hui à un vrai conflit qui est un vrai paradoxe […] ya une demande mondiale qui est croissante. Et ya une production est qui est très faible et freiné par certain locaux. Donc c’est de la folie. Alors que c’est une source de revenus, c’est une source de santé intéressante. Voilà faut… il y a, il y a des vrais vrais problèmes, comment dire qui sont euh… stupides à certain moment et puis c’est c’est paradoxal. » Entretien n°2 D’un côté, l’algue alimentaire est de plus en plus consommée, les algues sont de qualité et il y a un intérêt grandissant et une demande mondiale croissante. De l’autre la production encore très limitée, freinée par certains locaux et des pécheurs et des contraintes liées à un manque de compétitivité. Les algues Bretonnes d’ailleurs auraient du mal à s’exporter au Japon, celles-ci étant pour l’instant trop instables : « Parce que apparemment, les Japonais c’est pas un marché qu’on arrive à développer, on n’est pas des bons clients pour nous. Parce que notre algue ne sont pas assez stables. […] Ils peuvent pas savoir pour l’instant si une année on va avoir une même teneur en protéines alors autant de vitamines de ceci, autant d’oligoéléments, un même goût… » Entretien n°6 Ce paradoxe semble donc pour la spécialiste complètement absurde car cela pourrait être une source de revenus (valorisation de la filière par la qualité), une source intéressante nutritionnelle (santé), dont la récolte et la culture sont simples à mettre en place et ont peu (du moins pour l’instant) d’impact environnemental. 3. Vers un métissage intégrant l’algue alimentaire à leur culture Comme nous l’avons vu précédemment, la multiplication des échanges à la fois matériels, humains et économiques, pousse notre modèle alimentaire vers une globalisation. Des produits 125 125 http://www.spiruliniersdefrance.fr 54 standardisés dont les étapes de fabrication pour un même produit sont réalisées dans des pays différents, sont retrouvés et consommés dans le monde entier. Certain inconnu il y a 50 ans sont devenus des aliments courants dans notre alimentation (Poulin (a), 2002, p. 19). Ainsi, nous sommes de plus en plus familiarisés avec d’autres cultures dotées de modèles différents (Fischler, 2001). Bien que le métissage constitue une approche davantage interactionniste, il m’a semblé intéressant d’aborder cette notion en termes de rapprochement de modèles alimentaires de culture différente. 3.1) Qu’est-ce que le métissage ? Laurence Tibère sociologue définit le métissage culturel dans son livre L’alimentation dans le vivre ensemble multiculturel l’exemple de la réunion comme « un libre mélange des genres », comme une inter- influence causée via des interactions uniquement de l’ordre du culturel (valeurs, pratiques, représentations…) à distinguer de l’ordre du biologique, ce qui aboutit à une néo-culture, une « néo-société » différente des deux autres (Tibère, 2009, p. 96). Le métissage culturel induit donc un métissage linguistique, un métissage des pratiques culturelles (arts, littératures, modes, pratiques, philosophies…) et surtout un métissage alimentaire (nouvelles pratiques alimentaires et culinaires). Le métissage n’est pas quelque chose de nouveau. De l’antiquité (influences grecques, romaines, égyptiennes…) aux colonisations avec un métissage imposé, en passant par le moyen âge (influences musulmanes) et la Renaissance avec l’époque des Lumières, il était déjà présent dans nos sociétés et perdure aujourd’hui permettant ainsi leur évolution. (Bak-Geller, 2015). Avec une globalisation, de plus en plus importante, le métissage semble s’accélérer et tendre rapidement vers une même néo-culture uniforme (Vitaux, 2009, p. 101). 3.2) « Métissage » des algues alimentaires ? Désormais familiarisés avec la culture asiatique dont les algues sont totalement intégrées à leur alimentation (notamment grâce aux « Sushis » où le nombre de restaurants Japonais ne fait que croître), l’image des algues est de plus en plus valorisée126. Bien que nous assistons toujours à un refus, une crainte d’un certain nombre de consommateurs d’accepter l’algue dans leur alimentation (néophobie voire même de la xénophobie127 envers la culture asiatique), nous constatons une IDEALG Etude de la consommation des algues alimentaires en France 2014 Une peur de ce qui est étranger, principalement à l’égard d’un groupe de personnes ou d’individus considérés comme étranger, déviant à sa propre culture. Elle se fonde sur la peur de l’inconnu et du risque de la perte de son identité. 126 127 55 valorisation de cette dernière grâce à la simple curiosité de la part des consommateurs qui les pousse à tout ce qui est nouveau comme le confirment les entretiens réalisés : « Je faisais des cours de cuisine aux algues et des cours de cuisine normaux. En fait, puis je me suis aperçu que c’était surtout les algues qui étaient demandées… » Entretien n°1 « Mais je pense que les français sont à la base curieux, par rapport aux aliments étrangers. » Entretien n°3 Ensuite, les industries agroalimentaires dans une logique commerciale cherchent à élargir leurs marchés et poussent les consommateurs à la découverte de l’algue pour ses intérêts nutritionnels mais aussi pour son côté « nouveauté » notamment au niveau gustatif via les médias (Poulin (a), 2002, p. 29). Les populations immigrées (essentiellement de type asiatique) participent aussi énormément à ce « métissage gastronomique ». En effet, ces derniers peuvent : - Conserver leurs principes culturels alimentaires (cuisines et traditions à base d’algue…) même s’ils sont loin de leur pays d’origine. Ils essaient donc de se faire importer leurs produits ou bien ils tentent de les reproduire en s’adaptant avec les productions locales (algue en France). En effet, il peut être parfois difficile de se procurer des produits de sa culture d’origine…Les Japonais cherchent donc de plus en plus à utiliser l’algue en Bretagne pour réaliser leur plat notamment s’ils tiennent un restaurant128 En effet, l’ouverture d’un restaurant est souvent un moyen d’intégration des immigrés, en général tenu par une même famille (Vitaux, 2009, p. 103). - Exprimer l’envie de s’intégrer, de découvrir la culture gastronomique du pays hôte ce qui contribue dans ce cas à une découverte d’une nouvelle culture tout en l’accommodant avec ses propres codes, ses valeurs, ses pratiques et donc ses produits qui les caractérisent (cf figure 42 ci-contre) (Corbeau, 2012, p. 845). Cette observation marche aussi bien dans un sens comme dans l’autre. Dans l’entretien n°1, le cuisiner a commencé à s’intéresser aux algues alimentaires via un ami japonais travaillant en France : « J’étais cuisinier sur Paris entre autre et ailleurs enfin bref, donc en tant que professionnel entre autre j’ai travaillé avec un Japonais, […] Donc à partir de ça, j’ai découvert… qu’il mangeait des algues bien sûr et à l’époque chez nous en Bretagne, les algues c’était, c’était, c’était un engrais quoi… ». Entretien n°1 Enfin il est aussi possible de souhaiter un « métissage gustatif » en intégrant les codes, les valeurs, les symboles d’une autre culture que de sa société d’origine dans le but de se distinguer socialement, montrer sa différence. Selon Fischler, la globalisation, la modernité induirait le déclin 128 http://www.lexpress.fr/styles/saveurs/l-algue-culinaire-entre-dans-les-moeurs_778485.html 56 des classes sociales nous conduisant vers une uniformisation des conditions économiques, mais pour certains sociologues comme Grignon ou Gomez, les choix et les pratiques peuvent toujours être rapportés à la classe sociale d’appartenance (Poulain (a), 2002, p. 208). Le principe de lutte des classes avec la « volonté » de la classe supérieure de maintenir sa domination en recherchant à se distinguer en légitimant de nouvelles pratiques, nouveaux aliments semble toujours perdurer. Ensuite la classe jugée « inférieure » dans l’optique de les imiter finira par l’accepter aussi129. D’ailleurs, dans l’entretien n°2 la spécialiste des algues nous dit que les personnes les plus intéressées par les algues sont les personnes aux revenus plutôt élevés qui souhaite donc se distinguer par leur alimentation en étant végétarienne et qui consomment biologique : Alors le profil des consommateurs […] ce sont les gens d’un certain âge qui ont les moyens Le profil type, c’est une femme de plus de 55ans qui prend soin de sa santé. […] qui qui mange bio. Qui est très consciente de en général… Qui est soit végétarienne, soit elle est … Elle s’intéresse à la nutrition voilà… Entretien n°2 Toutefois, le métissage peut aussi être « non pensé ». Avec les nombreux aliments industriels, il est facile de consommer des aliments inconnus des ocnis comme le dit Fischler terme qui caractérise tous les produits consommés dont nous ignorons l’identité, les origines. Cela induit une perte des marqueurs culturels et identitaires. Dans le souhait, le désir, la recherche de s’identifier à un goût, à une spécificité culturelle, la découverte ou la redécouverte de certains aliments définissent une forme de métissage, le « non pensé » (Corbeau, 2012, p. 846) 3.3) Mais aussi un métissage imposé ? Même si cette forme de métissage est plutôt caractéristique de l’époque coloniale, celle-ci est toujours d’actualité dans notre société actuelle. En effet, l’industrie agroalimentaire impose sur le plan gustatif une acculturation dont nous ne percevons pas toujours ses conséquences. Nous nous baserons sur la définition de l’anthropologue américain John Wesley Powell datant de 1880 qui est « le rapprochement d’une culture vers une autre » pour expliquer ce terme130. Les saveurs, les goûts d’aliments standardisés sont acceptés par les consommateurs sans qu’ils en aient conscience (sucrés, salés, acides, arômes…) même si d’un pays à l’autre, il y a quelques variantes. Dans le cas de l’algue par exemple, les Japonais ne la consomment pas de la même SERRA-MALLOL Christophe. Globalisation et alimentation, mondialisation? Uniformité? Standardisation? Homogénéisation? Des pratiques alimentaires Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014 129 130 GRENON Michel. La notion d'acculturation entre l'anthropologie et l'historiographie[en ligne]. Disponible sur : http://classiques.uqac.ca/contemporains/grenon_michel/notion_acculturation/notion_acculturation_texte.html. (Consulté le 0102-2015) 57 manière privilégiant l’algue fraiche. Le Maki (à base de Nori) recette Japonaise est à en croire les propos de l’enseignant chercheur interrogé (cf Entretien n°3) moyennement consommé au Japon. Pourtant il est devenu un produit commun, standardisé. Il est consommé dans le monde entier. Nous retrouvons des restaurants partout. Cette forme de métissage devient donc une stratégie marketing en même temps qu’un moyen de baisser des coûts de production, de transformation… des sushis dans ce cas-là. Ainsi nous assistons à une régression du goût131. Pour l’instant cette forme de métissage semble concerner uniquement la Nori qui entoure les makis. Mais aujourd’hui d’après les études qui ont été effectuées sur les algues alimentaires, les gens identifient l’algue dans la majorité des cas à la cuisine japonaise, se limitant aux sushis et makis alors qu’il y a une multitude d’autres variétés d’algues comestibles dont les goûts diffèrent les uns des autres… En conclusion, certes il est intéressant que la culture japonaise se développe en France pour que les consommateurs se familiarisent avec l’algue alimentaire la Nori : « En fait, le fait que ça existe, que ça reste, que c’est que c’est ça qui a du succès, je trouve ça bien parce que ça permet aussi de découvrir un petit peu la culture japonaise. » Entretien n°3 Toutefois il faut prendre garde au fait qu’elle ne monopolise pas le marché français avec des produits standardisés, et qu’elle ne devienne la seule référence de notre modèle alimentaire : « …Mais c’est un peu réducteur. Ya un peu la caricature qui va avec ça. Moi j’aimerai bien que maintenant ça, qu’il y est une étape qui est nécessaire et je sais pas pourquoi ce sont les sushis qui ce sont rependu autant mais y a pas beaucoup de cuisine qui consomme du poisson cru donc ça se comprend… » Entretien n°3 De part ces aspects que nous avons mis en évidence, l’algue alimentaire semble s’imposer doucement, naturellement dans notre modèle alimentaire comme elle le fait dans le monde entier. Sa progression paraissant être de plus en plus rapide via la globalisation. En 40 ans l’image des algues alimentaires a énormément changée. Il y a un demi-siècle le kiwi, l’avocat n’était pratiquement pas consommé en France, maintenant ce sont des aliments de base qui se sont popularisés. Seront-ils suivis par l’algue alimentaire ? Son développement parait évident, la demande est croissante mais reste néanmoins limitée par de nombreux freins aussi bien par les pêcheurs et autres que par les consommateurs. Ce paradoxe va-t-il ainsi perdurer ? Ainsi, l’algue semble acceptée certes mais sous quelle(s) forme(s) et par qui ? Sous forme que d’un seul produit standardisé ? Ou sa filière toute entière ? Dans la France entière ? 131 DUPUY Anne. Le plaisir alimentaire Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014 58 CHAPITRE 2 HYPOTHESE 2 L’ALGUE RECONNUE COMME « LEGUME DE MER », ET COMME « CONDIMENT » D’INTERET NUTRITIONNEL 1. Valorisation du patrimoine, l’algue pôle de compétitivité du terroir breton « Le terroir c’est la vie » Michel Bras lors du colloque international « Que mangeait-on hier ? Que mangera-t-on demain ? » du 30/01/2015 Même si notre société semble s’orienter vers une globalisation, une homogénéisation des pratiques et des comportements alimentaires, en parallèle une revitalisation du patrimoine et du terroir a lieu (Poulain (b), 2002, p. 21; Corbeau, 2012). En effet, la mondialisation des marchés alimentaires induisant une convergence des pratiques alimentaires, fait aussi surgir des risques identitaires, générant des divergences132. C’est ce qui semble se dérouler avec l’algue alimentaire en Bretagne. Outre ces dimensions nutritionnelles et environnementales mis en évidence, d’après les entretiens, l’algue semble être en train de devenir en Bretagne un produit du terroir spécifique à la région. 85 à 90 % des récoltes d’algues en France étant réalisées dans le Finistère133. Le règlement (CE) n° 1151/2012134 définit le terroir comme un espace géographique délimité dans lequel une communauté humaine construit au cours de son histoire un savoir collectif au sein d’une production fondé sur un système d’interactions entre un milieu physique, biologique et un ensemble de facteurs humains, des itinéraires sociaux techniques, conférant une typicité et aboutissant à une réputation pour un bien originaire de cet espace géographique. La région multiplie les projets, développe des centres, finance en partie un écomusée entièrement dédié à l’algue et propose de nombreuses activités la valorisant dans le but de se démarquer. Ainsi, l’algue semble intégrer une dimension « symbolique » Les bretons l’intégrant à leur patrimoine. « Alors, déjà en tant que Breton Pur, en fait ça concerne que nous les Bretons c’est qu’on a un produit de terroir, un produit de terroir Breton, pour tout le monde ça peut être un produit de terroir breton. » Entretien n°1 132 BRICAS Nicolas Alimentation et développement interventions dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 133 CEVA L'algue alimentaire, mythe ou réalité Algorythme, le bulletin d'information sur les algues. 2000 6p 134 Règlement (UE) n° 1151/2012 du Parlement Européen et du Conseil du 21 novembre 2012 relatif aux systèmes de qualité applicables aux produits agricoles et aux denrées alimentaires 59 « Oui je pense qu’il y a une vrai, une réelle volonté politique de développer donc forcément il y a la médiatisation, après ça fait son chemin. » Entretien n°5 1.4) De nombreux projets orchestrés par la région Bretonne pour valoriser l’algue alimentaire « Alors je pense que ça c’est très bien développé ces dernières années, […] notamment en Bretagne ce qui a fait que c’est la terre des algues et qu’il y a beaucoup de chose qui sont fait au niveau de la région. […]Alors là il y a pas mal de projets Breizhalg, il y a pas mal de choses qui se sont mis en place. C’est Interbio Bretagne aussi. Et donc il y a pas mal d’actions qui sont mis en place, de projets pour aider à développer les algues. Il y a aussi des entreprises qui commencent à cultiver les algues. Et donc c’est clair qu’il y a un engouement. Donc je pense que d’ici quelques années ça va être, une certaine explosion. » Entretien n°5 En Bretagne, la région, des centres de recherche, des entreprises notamment les PME accompagnées par quelques industriels (Poult) multiplient les plans de recherche, les études sur les algues alimentaires pour développer la filière. En 2014, le projet SENS’ALG piloté par le CEVA135 dans le cadre du programme Breizh’alg vise au développement de 10 espèces d’algues ainsi que de 3 plantes halophytes. L’étude intitulée IDEALG a comme objectif l’extension de la filière des macroalgues en France, cherchant l’optimisation des techniques de culture d’algue afin de limiter la surexploitation des ressources (récoltes). Labellisée par le pôle de compétitivité Valorial et le pôle Mer Bretagne et financée par l’Agence National de la Recherche (ANR), elle a été mis en place le 6 décembre 2011 à Roscoff pour une durée de 10 ans. Les politiques lancent également de nombreux projets tant à l’échelle européenne par le projet européen NETALGAE qu’à l’échelle régionale avec l’étude ALGASUD. Enfin, les médias locaux multiplient les articles, les émissions de radio, les reportages sur l’algue en tant que produit breton, levier non négligeable dans le développement de la filière alimentaire certes mais aussi cosmétique etc136…L’objectif de ces collaborations est de favoriser la mise en commun des compétences et des connaissances et faciliter la transmission et la communication d’informations vers les professionnels ainsi que les particuliers. Ce nouveau positionnement de l’algue en Bretagne par les politiques, les médias et les industriels semblent être un levier d’acceptation de l’algue au 135 Ou centre d’études et de valorisation des algues. Créé en 1982, c’est le seul centre technique en Europe dédié à l’étude et à la valorisation des végétaux marins ainsi que les biotechnologies marines. Le but étant de valoriser certes la recherche sur les algues, il contribue également à la vulgarisation des connaissances, des découvertes sur celles-ci notamment pour le domaine industriel et participe à des projets de recherche et d’innovation au niveau national, Européen et mondial. https://www.youtube.com/watch?v=SHqAJJQCcxE, https://www.youtube.com/watch?v=5yU3PZ754DY, https://www.youtube.com/watch?v=Qi15_1gwV0I , http://www.francebleu.fr/…/ma-bretagne-c…/ma-bretagnecom-64 et http://www.idealg.ueb.eu/menu4communication/articlePresse/ 136 60 niveau culturel. Mais alors s’en est-il de même pour la population locale ? Lui donne-t-elle une dimension symbolique ? 1.2) Des centres et activités dédies à l’algue qui connaissent de plus en plus de succès « Y’en a qui se tourne de plus en plus vers le bio, vers les produits locaux, les produits qu’on peut faire à la maison. » Entretien n°4 - Un large panel d’activités proposées Les ateliers de cuisine aux algues, les sorties découvertes sont devenus monnaie courante en Bretagne. (cf figures43,44&45 ci-contre). Ces activités se basent sur les tendances actuelles. En effet d’après une récente étude de la TNS-Sofrès, la cuisine, le fait maison semble de plus en plus populaires137, grâce notamment aux émissions de télévision comme « top-chef « ou « un dîner presque parfait », aux magazines, livres de cuisine, les blogs de recettes de cuisines…Longtemps destinés uniquement aux femmes, ces activités s’ouvrant désormais au tout public138. D’après le cuisinier interrogé l’algue est de plus en plus tendance. Ses ateliers découverte et de cuisine aux algues sont d’un grand succès auprès du tout publics est affiche régulièrement complet. Les apprentis cuisiniers dont les connaissances restent assez limitées sur celles-ci, suivent également ces ateliers pour apprendre à l’utiliser comme condiment, comme herbe aromatique, comme légume dans leurs plats. Ils s’aventurent également sur le littoral Breton pour découvrir les espèces consommables. De plus, un centre de découverte des algues, « l’algopole » à Roscoff, au nord de la Bretagne et un écomusée à Plouguerneau, ont été mis en place respectivement en 2000 par l’équipe de Thalado, spécialiste depuis 30 ans de produits à base d¹algues récoltées et élaborées en Bretagne pour le premier et depuis 2007139 pour le second. Ces centres qui se considèrent comme « centre d’interprétation sur les algues », c’est-à-dire qui présentent l’ensemble des différentes applications actuelles des algues, au niveau industriel, agroalimentaire, cosmétique et au niveau des engrais, sont des puissants promoteurs de la filière algue. D’autant plus que les nombreuses animations qui y sont proposées en plus de la visite du musée, telle que des randonnées découvertes, 137 http://www.tns-sofres.com/etudes-et-points-de-vue/les-francais-et-la-cuisine-fait-maison 138 DUPUIS C Le "fait maison" cartonne. Confortique magazine Octobre 2010 n°223 p14-17 En réalité il s’agissait à l’origine d’un musée maritime établis il y a 30 ans axé sur le métier de goémonier qui a décidé de se spécialiser sur les algues en 2007. 139 61 des initiations à la récolte et à la cuisine aux algues, des visites de production, des rencontres avec les scientifiques, des conférences gratuites pour tous les âges,140 attirent tous les jours de plus un public local mais aussi de la France entière (cf Entretien n°6). Egalement, l’office de tourisme de la Presque’ile de Lézardieux soutenu par de nombreuses communes Bretonnes a également mis en place un évènement bisannuel le Festiv’Alg141 qui a lieu à Pleubian, présentant l’algue sous toutes ses formes ainsi que ses différentes utilisations (industrie, cosmétique, alimentation animale et humaine, agriculture, art...), pour tous les publics, abordé via, des ateliers découvertes, des dégustations, des conférences, des rencontres avec des professionnels, des sorties découvertes et des expositions d’artistes. Au niveau alimentaire, leur objectif est de montrer l’algue en tant que légume et condiment d’intérêt nutritionnel et gustatif issu du patrimoine Breton : - Retour des consommateurs Concernant le retour des consommateurs, selon les spécialistes interrogés, il y a de plus en plus de gens qui viennent au musée de toute la France et qui prennent part aux animations proposées par curiosité car ils ont entendu parler des intérêts nutritionnelles et gustatifs des algues, ils veulent savoir à quoi ça ressemble… « Mais il y a de plus en plus de gens quand même qui viennent parce qu’ils consomment des algues ou parce qu’ils veulent en consommer et qu’ils veulent savoir un peu ce qui y a dedans. Qui veulent savoir pourquoi c’est bon, qui veulent se former pour voir comment on les cuisine. Qui veulent les reconnaitre sur l’estran, les récolter eux-mêmes […] On a beaucoup de gens qui découvrent aussi, car ils entendent de plus en plus parler des algues… » Entretien n°6 La promotion de l’algue via les sorties découvertes réalisées sur le littoral Breton ainsi que les ateliers cuisines, les articles de presse et les reportages semblent donc contribuer à l’acceptation de l’algue en tant qu’aliment pour ses teneurs en élément nutritionnels et ses nombreux avantages culinaires. Mais il a également été dit dans les entretiens, qu’en Bretagne les locaux semblaient plus informés sur l’intérêt des algues qui paraissent davantage l’accepter dans leur alimentation : « Alors le profil des consommateurs, c’est d’abord des locaux, des gens qui habitent en Bretagne. » Entretien n°2 140 Un panel d’animations scolaires sont proposés de la maternelle au lycée et également pour les maisons de retraite) 141 http://festivalgues.jimdo.com 62 « …Mais après c’est vrai qu’on est bien représenté en Bretagne. […] Après au niveau de la Bretagne en fait par rapport aux autres régions de France. Parce que les gens sont beaucoup plus sensibilisés en fait […] Et je peux même dire qu’en comparant les ventes locales et les ventes nationales, on vend plus nos galettes aux algues en Bretagne. » Entretien n°5 Toutefois d’après la responsable de l’écomusée de Plouguerneau, certains bretons peuvent aussi avoir plus de mal pour accepter l’algue comme aliment. En effet, comme nous l’avons vu, historiquement l’algue (le goémon) était ramassée en Bretagne pour ses usages comme engrais, en cas de pénurie alimentaire et pour sa teneur en iode. Associé à la vision de l’algue verte toxique et des algues échouées apportées par les marais, cela représente un réel frein dans l’acceptation de l’algue comme aliment : «… Les bretons ont plus de mal parce que traditionnellement, historiquement ou culturellement. Le Goémon c’est les algues qu’on va mettre sur la terre comme engrais.[…] Et en fait je pense que les gens ils mélangent parce que j’ai remarqué, c’était beaucoup le goémon épave qui est plutôt utilisé pour l’engrais. C’est-à-dire les algues étaient ramenées, tassées par les coups de vent par les marées. Ces algues qui viennent pourrir sur l’estran et qui, ça sent pas bon […] Ils pensent à ce goémon épave… » Entretien n° 6 Ainsi les avis sont partagés ! Il pourrait sembler intéressant d’envisager un questionnaire, une enquête ou par simple technique d’observation afin de connaitre l’origine des participants ainsi que leur avis sur les algues en tant qu’aliment avant et à l’issu de ces ateliers. De ce fait il sera possible de déterminer : - précisément le profil des visiteurs - les raisons de leur visite (curiosité, contrainte, hasard), - les visions qu’ils ont de l’algue alimentaire, les représentations à ce sujet (légume, monstre, toxique…) - leurs a priori, et d’analyser l’apport, l’influence de l’atelier sur ces derniers s’il y en a. 1.3) Une culture Bretonne compétitive ? « Les algues en Bretagne ? La Bretagne à des eaux qui ne sont pas polluées d’une richesse unique. Achetons Bretons. » Entretien n°2 Pour le moment, récolter et cultiver des algues en France coutent assez cher, c’est pourquoi la France importe plus d’algues alimentaires qu’elle n’en exporte, nos productions étant plutôt 63 artisanales et encore peu compétitives142. D’ailleurs pour le moment, la plupart des algues alimentaires qui sont actuellement consommées (compléments alimentaires, produits transformés…) sont fabriquées à partir d’algues importées de Chine (cf Entretien 4). Cependant il semblerait que le marché asiatique tende à être saturé et les algues de plus en plus polluées. Les eaux bretonnes bien qu’elles enregistrent aussi une pollution croissante aux nitrates, sont à certains endroits d’une très grande qualité143. A cause de cela, l’Europe (l’Allemagne, la Suisse…) et l’Asie auraient tendance à se tourner vers le marché français (cf Entretien 1 & 2). Ce qui semble être une véritable opportunité pour les années à venir malgré le fait que pour l’instant nos algues sont trop instables de par leur goûts et leur teneurs en nutriments ce qui semblent guère les intéresser (cf Entretien n°6) : « C’est une évidence puisque la Chine, la Corée, le Japon manquent de surface, ils ne peuvent plus, ils atteignent leur taille critique par rapport à la production d’algue. Ils en ont besoin. Ils en produisent plus assez. Ils cherchent des algues. Ils cherchent des superficies, des surfaces. Pour pouvoir cultiver des algues. » Entretien n°2 « Par contre, je pense que la production, la culture qu’on va faire c’est surtout pour la Chine qui est très demandeuse. Et puis les eaux sont certainement plus chargées en métaux lourd chez eux que chez nous. » Entretien n° 1 Il pourrait donc être intéressant pour conclure, d’accorder un label de qualité relative à l’origine du produit (IGP144 ou une AOP145 valorisant dans ce cas les techniques et le savoir-faire des goémoniers) gage de qualité pour valoriser l’algue bretonne et lui donner de l’importance aussi bien au niveau européen que mondial. Une qualité qui est déjà mis en valeur par de nombreuses fermes et sociétés françaises productrices et utilisatrices d’algues biologiques (Algolesko146, Marinoé, CWeed, T-BOOM…). Tout en multipliant les recherches pour stabiliser l’algue mais cela conduirait à une « standardisation de nos cultures… 142 http://www.algomanne.com/ 143 cf relevé IFREMER Indicateur géographique protégée, dénomination qui identifie selon le règlement CE n° 1151/2012 relatif aux systèmes de qualité applicables aux produits agricoles et aux denrées alimentaires, un produit comme étant originaire d’un lieu déterminé, d’une région où d’un pays, dont une qualité déterminé, la réputation ou une propriété peut être attribuée à son origine géographique et dont au moins une des étapes de production à lieu dans l’air géographique délimitée. 144 Appellation d’origine protégée qui identifie selon le règlement CE n° 1151/2012 un produit comme étant originaire d’un lieu déterminé, d’une région ou plus exceptionnellement d’un pays, dont la qualité ou les caractéristiques sont dues essentiellement au milieu géographique comprenant les facteurs naturels et humains et dont toutes les étapes de production ont lieu dans l’aire géographique déterminée. 145 cf annexes M. Échanges par email avec la responsable commerciale et logistique d’une société qui réalise de la culture d’algues biologiques. 146 64 2. L’algue reconnue comme un « Aliment-santé », mise en place d’allégations de santé « Je ne leur dit qu’une chose, goûter, ensuit il y a deux mots clefs pour que les gens découvrent les algues. Pour les hommes, c’est protéines, pour les femmes c’est magnésium. » Entretien n°2 En raison des crises alimentaires qui se sont multipliées ces vingt dernières années (vache folle, grippe aviaire…), la communauté européenne147 a souhaité harmoniser la législation des pays de l’Union Européenne afin d’assurer la provenance, la qualité et la composition des denrées alimentaires en libre circulation et de garantir un niveau élevé de protection des consommateurs (de plus en plus inquiets et conscients du lien entre aliments et santé) au sein des états membres. Ainsi, elle a établi le premier texte de loi concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires, intitulé : CE n°1924/2006. Ce règlement, entré en vigueur le 1/07/2007 en collaboration avec les états membres et l’EFSA148 s’applique à tous les produits commercialisés (toutes les denrées alimentaires dont : les compléments alimentaires, les aliments courants, les aliments enrichis....) dans les Etats Membres de l’Union Européenne, codifiant sous forme d’article les conditions d’utilisation des allégations. Par conséquent, deux types d’allégations ont été définies (cf article2) : - Les allégations nutritionnelles : Toute mention qui implique, suggère, affirme, en vertu de la législation communautaire ou nationale sous forme écrite ou orale, qu’une denrée alimentaire possède des propriétés nutritionnelles particulières, d’une part par l’énergie qu’elle fournit/à un degré moindre ou qu’elle ne fournit pas, et d’autre part, les nutriments ou autres substances qu’elle contient, en quantité réduite ou pas du tout. - Les allégations santé : Toute allégation nutritionnelle qui implique une relation entre une catégorie d’aliments, un aliment ou un de ses composants et la santé. Pour qu’un aliment puisse disposer de ces allégations il faut soumettre un dossier scientifique complété selon les lignes directrices établis par l’EFSA auprès de l’Autorité Nationale compétente, qui est la DGCCRF149 en France (cf article 15 du règlement). Cette dernière transmet ce dossier à l’EFSA, pour que celle-ci l’évalue. Après que l’EFSA ait donné son avis sur l’autorisation ou non, de l’allégation revendiquée par le demandeur (cela prend 5 mois en général, voire plus s’il y a 147 Regroupant le parlement européen, le conseil de l’Union Européenne ainsi que la commission européenne 148 Autorité́ Européenne de Sécurité́ des Aliments 149 Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes 65 demande de renseignements supplémentaires auprès du demandeur) et transmis un rapport de cette évaluation, la Commission Européenne statue et publie officiellement la décision (ou règlement) qui autorise ou non le demandeur à utiliser l’allégation en question. Cette décision est, pour finir, publiée dans le registre communautaire. Le dossier à constituer pour l’autorité compétente et donc pour la commission européenne s’avère très complexe et doit être appuyé par de nombreuses données scientifiques pertinentes de ce fait, obtenir une allégation demande du temps, de la patience et des moyens financier conséquents (Piquet & Tantot, 2013). Longtemps mise à l’écart par les spécialistes de l’alimentation (diététiciens, nutritionnistes, médecins…) ainsi que dans les magasins spécialisés (magasins bios, diététiques...) en raison d’une totale méconnaissance sur le sujet, l’algue semble désormais reconnue comme aliments-santé et est recommandée de plus en plus comme ingrédient de qualité, d’intérêt santé par ces derniers. Certaines algues disposent déjà d’allégations nutritionnelles du type « Source de calcium », « Source de protéines » mais aucune allégation santé ne leur a été accordée. Toutefois pour certains spécialistes l’algue est aussi critiquée comme un végétal « pollué » aux métaux lourd et donc qu’il ne faudrait pas consommer (Lallemand, 2012). D’après le cuisinier interrogé, il est certain que les algues contiennent des métaux lourds, car c’est un fait qu’il y en a dans la nature. Mais comme présentée dans le chapitre précédent, l’algue est sujette à une réglementation stricte et est donc très contrôlée pour qu’elle soit autorisée à être commercialisée, consommée. Ce qui n’est pas forcément le cas pour les produits agricoles (légumes, céréales …) (cf Entretien n°1).Nous sommes donc conscients que plus de recherches scientifiques sont indispensables pour en connaitre davantage sur ces aliments (leur composition, leurs teneurs en métaux lourds..) ainsi que sur leur biodisponibilité une fois consommés. Néanmoins les nombreux projets et études financées par la région bretonne pourrait contribuer à une demande d’allégations santé de type fonctionnelle, relative aux risques de maladies, ou pour le développement et à la santé infantile, pour ces dernières (algue brute) informant le consommateur et le rassurant également des qualités de ces produits (cf article 14 & 15). Par exemple nous pourrions avoir : « Contient de la spiruline source ou riche en fer ». « L’algue de par ses taux élevé de magnésium contribue au fonctionnement musculaire normal », « Le Schizochytrium sp fournit les nutriments qui favorisent le développement du système nerveux central ». Il parait logique que les petites fermes cultivant ou récoltant l’algue ne demandent pas ce type d’allégation mais la région elle-même pourrait réaliser une demande. D'ailleurs, d’après l'entretien n°4 pour que l'algue soit totalement acceptée dans notre alimentation de demain (en 2050), il faudrait une intervention des pouvoirs publics, c’est-à-dire mettre des allégations associées, communiquer sur l'intérêt des algues… Comme c'est déjà le cas en Allemagne (Entretien n°1): 66 « En Allemagne il passe de la pub pour manger des algues depuis près, depuis l’année dernière. Et donc les allemands ils sont assez docile contrairement à nous, ils veulent tous des algues. » Entretien n° 1 3. Acceptation de l’algue dans la gastronomie Française Les algues n’ont pas seulement des propriétés nutritives et des propriétés de texturant. Chaque espèce d’algue à des caractéristiques organoleptiques particulières, qui surprennent les consommateurs et dont la totalité des goûts n’ont pas encore été identifiée. Cette dimension culinaire crée un champ d’investigations important pour les gastronomes. 3.1) L’algue, d’un simple condiment à un aliment « super star » des grands chefs La découverte d’une valeur « gastronomique » aux algues est quelque chose de relativement récent. Longtemps boudées et rejetées en raison de leur confusion avec les algues vertes toxiques qui polluent le littoral, les algues grâce à l’influence orientale, semblent adoptées par les restaurateurs qui l’adaptent à de nombreuses recette traditionnelles et seraient de plus en plus plébiscitées par les clients notamment pour son originalité150. En Bretagne dans le Finistère nombreuses sont les crêperies qui proposent des crêpes151 aux algues : « Après au restaurant il y a beaucoup, après c’est le cas breton particulièrement. Il y a beaucoup, beaucoup de restaurant, qui rajoute des algues sur leurs cartes. Des crêperies, par exemple des… -Oui j’avais vu ça à Quimper, qu’il y avait des crêperies aux algues. » Entretien n°5 Après une timide apparition comme base aromatique uniquement utilisée pour la cuisson (pas présente au final dans l’assiette), puis comme simple condiment ajouté dans les salades, les plats… Aujourd’hui de plus en plus de grands chefs comme Olivier Roellinger Joël Robuchon, Michel Bras, Jean Marie Baudic, Olivier Bellin ou Patrick Jeffroy ont mis des algues dans leurs menus. Utilisée principalement sous formes déshydratées, nous pouvons la retrouver avec les poissons, les fruits de mer et les crustacés en décoration ou comme légume d’accompagnement. Elle peut être aussi employée comme légume dans les soupes. Sous forme fraiche, on la consomme essentiellement en salades. Rarement, certains l’utilisent aussi dans la fabrication de leur pain. Enfin elle constitue également la base de desserts gourmands (Michel Bras et son coulis de laitue de 150 http://www.lexpress.fr/styles/saveurs/l-algue-culinaire-entre-dans-lesmoeurs 151 Produit phare du terroir Breton 67 mer152). Le livre de cuisine Algues & Gastronomie, la cuisine aux algues par les grands chefs coécrit par 26 chefs bretons dont Olivier Roellinger, Jean Marie Baudic et Olivier Bellin présente un large choix de plats aux algues des entrées aux desserts 153(cf figure 46 ci-contre). En plus des ateliers culinaires qui se multiplient notamment en Bretagne, les sites internet, les livres ou les magazines de recettes diététique à base d’algue connaissent un grand succès (cf figure 47-ci contre). Nombreux sont les reportages, les émissions de radio et même de télévision qui ventent leurs mérites gustatifs comme nutritionnels154. De part ces observations, en se basant sur le triangle culinaire de Lévi-Strauss (Lévi-Strauss, 1965), l’algue intégrant le culinaire prend une dimension élaborée, ce qui contribue à intégrer une dimension culturelle à l’algue en relation avec le biologique (nutrition, santé). Egalement, par le développement des recettes de cuisine aux algues via les livres, les restaurants, les émissions, cela conduit à l’élaboration de « nouvelles règles culinaires », un moyen de créer des normes et des codes qui sont intégrés par le modèle alimentaire. 3.2) Le « culinaire » indispensable pour faire accepter l’algue D’après les professionnels interrogés, pour contribuer à l’acceptation de l’algue comme ingrédient et/ou comme condiment, celle-ci doit être cuisinée, préparée en amont via des recettes simples ou bien peut subir simplement une pré-transformation avant d’être commercialisées (lavée, coupée, parée, déshydratée...). Comme nous l’avons vu précédemment un intérêt pour la cuisine se développe mais les gens ne cherchent généralement pas la difficulté. Dans la même logique que la néophobie alimentaire, selon le cuisinier si les personnes ne savent pas faire, si elles ne connaissent pas, elles n’essayeront pas. Le fait alors de leur présenter une simple algue « brute » sous sa forme naturelle ne semble donc pas être adapté car elle n’inspirerait rien à la majorité des consommateurs. D’où l’importance des ateliers cuisine aux algues pour faire découvrir ses transformations possibles. D’ailleurs selon les entretiens, les professionnels ajoutent également qu’à l’issue de ces ateliers, le goût ainsi que l’aspect des plats à base d’algue, sont appréciés par la quasi- 152 DERENNE, J P. La cuisine vagabonde: L'amateur de cuisine, Volume 2 Fayard 1999, p 341. http://www.librairiegourmande.fr/chefs-livres-collectifs/3054-algues-gastronomie-la-cuisine-aux-algues-par-lesgrands-chefs.html 153 https://www.youtube.com/watch?v=Qi15_1gwV0I , http://www.france5.fr/emissions/on-n-est-pas-que-descobayes/experiences/experience-2-peut-on-se-nourrir-uniquement-avec-des-algues et https://www.youtube.com/watch?v=5yU3PZ754DY 154 68 totalité des participants qui seraient d’ailleurs surpris de voir leur simplicité d’utilisation, en particulier chez les enfants (cf Entretien n°6). « Et après les aprioris les autres et bien c’est le goût, la texture, c’est trop fort. C’est pas bon. C’est gluant. Les enfants ça va être ça, ils ont même peur des algues, ils ne veulent même pas les toucher. Ils sont là au secours comme si c’était un monstre. Et après petit à petit et pourtant on fait des ateliers avec eux après de cuisine et ils mangent des algues. Ils trouvent ça super bon souvent… » Entretien n°6 Comme nous l’avons vu précédemment, les professionnels de la restauration s’y intéressent également et demandent des cours de cuisine aux algues dans le but de faire évoluer leurs structures. Ce qui est selon le sociologue péruvien Raùl Matta un facteur primordial d’acceptation d’un nouvel aliment : « Pour faire accepter un nouvel aliment, il faut le faire d’abord le faire accepter par les restaurateurs », lors du colloque international « Que mangeait-on hier ? Que mangera-t-on demain ? » du 30/01/2015. Mais pour le moment, les aprioris sur l’algue et manque de temps de leur part (horaires décalés contraignants…) limitent grandement ce phénomène. De ce fait, ces nombreuses activités culinaires et les restaurateurs qui l’emploient de plus en plus favorisent les découvertes de l’algue alimentaire et surtout son acceptation. Une « acceptation de l’ordre culturel » de l’algue en tant qu’ingrédient, en tant que légume que l’on peut cuisiner, intégrer à nos plats et donc à notre modèle alimentaire. Ainsi, d’un grand succès, elles connaissent un véritable engouement auprès des consommateurs curieux dépassant pour certain leurs aprioris: 3.3) Mais des limites du culinaire La cuisine des algues comme nous l’avons vu semble donc contribuer à la découverte et à la reconnaissance de l’algue alimentaire comme légumes, comme condiment. Cependant la cuisine a des limites dans l’acceptation de l’algue. En effet, pour la spécialiste interrogée la cuisine aux algues est un « art ». Il est indispensable de bien savoir doser les algues et de bien les travailler. D’après elle, pour que l’algue soit acceptée comme aliment, une initiation « cuisine aux algues » est obligatoire car si un plat composé d’algue au final n’est pas « bon », l’algue sera jugée responsable de cet échec. A l’image de l’utilisation de tous nouveaux aliments, pour être accepté, le plat devra avoir un aspect (couleur) une texture, une saveur attractive: «… Bon, on a pas droit à l’erreur quand on fait de la cuisine aux algues, il faut que d’un point de vue de la couleur ce soit agréable, d’un point de vue de la texture ça doit être agréable, et le goût doit être bon. […] C’est un « oneshot » comme on dit hein ??? Maintenant on a droit qu’à un essai. Hein ? Ils aiment pas sinon. Donc c’est vraiment un art, la cuisine aux algues c’est vraiment que c’est un art. » Entretien n°2 69 Pour conclure ce chapitre nous constatons donc indéniablement le développement du culinaire pour faire accepter l’algue culturellement dans notre modèle alimentaire. De plus en plus perçue comme un « légume de la mer », les restaurants, dont de grands chefs gastronomiques la mettant désormais à la carte. Cependant cela semble pour le moment uniquement réservé à la Bretagne. L’algue serait en train de devenir un de leurs symboles. D’ailleurs c’est la seule région de France qui multiplie les projets, les études, pour la développer et accroitre sa compétitivité dans ce domaine. Comment cela va-t-il évoluer ? Avec un marché asiatique qui serait saturé avec des eaux polluées alors que les eaux bretonnes chauffées par le Gulf Stream contribueraient à un champ algal unique et de qualité ? Pour le moment une reconnaissance des algues comme aliment culturel en Bretagne semble donc favorable mais va-t-elle encore être freinée comme c’est le cas pour l’instant ? 70 CHAPITRE 3 HYPOTHESE 3 UTILISATION DE L’ALGUES SOUS FORME D’EXTRAIT. COMME UN ALIMENT NON IDENTIFIE « OCNI » Extrait déjà présent en Industrie alimentaire pour des produits spécialisés, des compléments alimentaires et aussi pour l’alimentation animale L’industrie agroalimentaire est grosse consommatrice d’algues qu’elle utilise pour ses propriétés de gélifiant (cf figures 48 ci-contre) dans de nombreux aliments d’une manière anonyme sans en informer les consommateurs aux moins 2 à 3 fois par jour. Aujourd’hui, l’algue alimentaire commence aussi à être utilisée par l’industrie pour son intérêt nutritionnel. Nous la retrouvons dans la composition de nombreux produits alimentaires à orientation « diététique », « nutrition » et donc de « santé », de compléments alimentaires et en nutrition animale. Ce que nous allons aborder dans ce chapitre. 1.1) Les produits « diététiques » et compléments alimentaires, un enjeu pour les industriels L’intérêt nutritionnel de l’algue a très vite été perçu par les industriels dès la prise de conscience du lien aliments-santé et des conséquences de la surabondance alimentaire. Mais la plupart d’entre eux ont choisi de l’incorporer de manière cachée sans en informer les consommateurs, sans qu’ils ne sachent qu’ils consomment de l’algue. Avec la réglementation européenne actuelle, contraints désormais de le préciser sur l’emballage, il apparait sur ce dernier mais écrit en petit, d’une manière assez peu lisible. Ces produits sont donc élaborés à partir d’extraits d’algues dans le but de les enrichir en nutriments spécifiques souhaités. Par exemple, dans de nombreux laits végétaux, élaborés à base de plantes. Ces produits se substituent aux laits d’origine animale. Mais ces laits végétaux sont généralement pauvres en calcium, en protéines assimilables et en lipides ne pouvant remplacer intégralement les laits d’origine animale en particulier chez les enfants. Ainsi nous retrouvons désormais de plus en plus sur le marché des laits végétaux supplémentés d’extrait d’algue lithothamnium calcareum naturellement riche en calcium155. Cela fonctionne aussi pour certains gâteaux (moins diététique) et dans des jus de fruits… (cf figures 49 page suivante). En ce qui concerne les compléments alimentaires, cette constatation ne semble plus trop d’actualité aujourd’hui. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, les compléments 155 www.bjork.fr 71 alimentaires à base d’extraits naturels de plantes et l’image de l’algue comme aliments-santé notamment la spiruline, se popularisent conjointement. Nous avons donc aujourd’hui un grand nombre de compléments alimentaires avec la dénomination « algue » écrit en gros sur les étiquettes mais fréquemment accompagnée des dénominations « nature », « issu de l’agriculture biologique », « produit santé ». Cependant nous retrouvons quand même des compléments alimentaires à base d’extrait d’algue qui ne le mette pas en valeur. Notamment pour des compléments alimentaires concentrés en iode, en omega3 ou en magnésium… obtenus à partir des algues. (cf figures 50 page suivante). J’ai contacté un de ces industriels anonymement afin de connaitre les raisons pour lesquelles il préférait ne pas valoriser l’emploi d’algue alimentaire. Il m’a répondu de manière très floue en me parlant d’une absence de réglementation. Il m’a tout de même confié que leur algues étaient originaires de la Baie de Saint Brieuc (Côte d’Armor en Bretagne) une des zones les plus touchées par la prolifération d’algues vertes. D’après le musée que j’ai contacté ce serait, selon eux plutôt dû à une image des algues encore très négative qui effraye bon nombre de consommateurs (cf Entretien°6). Bien qu’il tende à diminuer actuellement, ce problème a aussi été constaté par l’étude IDEALG et cité dans les entretiens que nous avons pu réaliser. Le principe de néophobie alimentaire (si les gens ne connaissent pas un aliment alors ils ne le consommeront pas), que nous avons défini dans la première partie semble s’appliquer dans ce cas. Nous pouvons donc conclure avec comme hypothèse que la raison pour laquelle l’algue n’est pour l’instant pas mise davantage en avant, c’est que selon les industriels, les consommateurs sont encore trop peu informés de ses intérêts. Les allégations nutritionnelles ou les labels de qualité étant encore actuellement inexistants, ils sont contraints ou préfèrent voir les dénominations calcium ou magnésium qui parle mieux aux gens. Mais alors comment cela va-t-il évoluer dans le futur ? Une fois les gens conscients de ses avantages, l’algue sera-t-elle davantage mise en valeur sur les emballages ? Il semblerait intéressant de savoir si les consommateurs sont conscients qu’ils mangent des algues et si non, quels seraient leur réaction. Il serait aussi pertinent de rencontrer ces industriels pour comprendre les raisons de ce « camouflage » de l’algue. 1.2) Une consommation pas que pour les hommes En France et en Europe, à défaut d’être pour le moment consommés par l’ensemble de la population pour leurs vertus nutritionnelles, les algues alimentaires sont beaucoup utilisées en nutrition animale sous forme d’extraits incorporés sous forme de farines156 (cf figure 51 p74’). 156 Il est très facile d’obtenir des farines riches en protéine à partir d’algue, via des extraits d’algues brunes (SaniezDegrave, 2015). 72 Celles-ci rentrent en effet dans la composition de nombreux compléments alimentaires vétérinaires pour des effets prébiotiques, d’antioxydants, stimulant les défenses naturelles. D’ailleurs, le groupe Olmix basé à Bréhan en Bretagne, utilise les algues comme extrait dans la nutrition animale depuis déjà plus de 20 ans157. Ces farines sont aussi incorporées dans les aliments pour animaux domestiques (cf figure 52 cicontre). 2. Degré d’élaboration « culinaire » requis « L’homme ne mange pas des nutriments mais des aliments. » Jean-Pierre Poulain158 Un plat est formés d’aliments, d’ingrédients et donc de nutriments mélangés les uns aux autres. Nous, en tant qu’être biologique nous nous devons de manger ces nutriments pour notre survie, mais ceux-ci composent des aliments qui constituent des plats. Ces plats que nous mangeons dépendent du « culinaire » qui, comme nous l’avons expliqué dans la première partie, se justifie à la fois sur une dimension physiologique (des besoins vitaux), mais aussi sur une dimension culturelle symbolique et une dimension sociale (valeurs, normes, codes, principes partagés entre membres d’un même groupe ou sous-groupe)... C’est ce que nous allons étudier pour le cas de l’algue alimentaire dans cette partie. 2.1) Valorisation « d’extrait d’algue » plus que de l’algue elle-même pour un intérêt santé ou pour pallier un risque biologique L’algue alimentaire comme tout aliment est constituée de nutriments et d’éléments qui interfèrent entre eux. Ces composés divers et variés ont pour certains un rôle nutritionnel, ou gustatif (composés volatils) et/ou ont une fonction plastique qui interagissent entre eux. Une fois l’algue incorporée, la biodisponibilité159 dans l’organisme des éléments nutritifs qui la constitue peut être facilitée mais aussi fortement limitée par d’autres composés de cette dernière sans compter les barrières de notre organisme (estomac, mucus…) Ainsi elle perdrait de son intérêt nutritionnel. Un traitement, une purification de l’algue peuvent donc permettre l’élimination ou la neutralisation de ces éléments indésirables qui la constituent. Pour les algues cela concerne les fibres. Ces dernières toutefois absolument non néfastes à la santé, en excès, limiteraient la 157 http://www.olmix.com/fr/green-tech/projet-ulvans. 158 POULAIN Jean-Pierre Socioanthropologie de l’alimentation cours dans le cadre du Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2015 159Terme qui définit l’« absorbabilité » d’un nutriment c’est-à-dire son aptitude à être absorbé par la paroi intestinale (et non pas la capacité de la paroi intestinale à absorber un nutriment) et tient compte des pertes fécales, de la capacité du nutriment à atteindre son organe cible ainsi que de l’action des molécules digestives. 73 biodisponibilité de certains constituants intéressants de l’algue, tels que les protéines ou bien d’autres éléments (oméga 3, minéraux, vitamines…). Un traitement dans ce cas permettrait ainsi de valoriser son intérêt nutritionnel (Saniez-Degrave, 2015). En effet, la réglementation concernant les allégations nutritionnelles et de santé comme nous l’avons vu est très stricte. Pour qu’un produit puisse disposer de ce type d’allégation il faut des quantités non négligeables du ou des nutriment(s) souhaité(s). L’algue à elle seule n’est peut-être, en plus des limites de biodisponibilités, pas assez riche naturellement en ce nutriment pour pouvoir disposer de ce type d’allégations. D’où l’intérêt des extraits concentrés. Certains de ces extraits d’algues vont être alors utilisés dans des compléments alimentaires notamment pour l’iode…Les techniques de chimie moderne actuelle permettent l’obtention rapide et facile d’iode à partir d’algues alimentaires et tout ça de manière peu onéreuse. Ils semblent donc intéressants de développer de promouvoir cette technique dans le monde160. Cela fonctionne aussi dans l’autre sens car la richesse en iode contenue dans l’algue peut aussi être un inconvénient. En effet, la seule contre-indication actuelle de l’algue, c’est l’iode, certaines personnes pouvant être allergiques ou ayant un problème de thyroïde. L’algue leur étant alors déconseillée (Delecroix, 2009). Peut-être qu’en 2050, dans le futur, des traitements chimiques permettront de pallier cette contre-indication. Enfin, des traitements peuvent aussi être réalisés par exemple pour éliminer des traces de métaux lourds. 2.2) Dégoût créé par l’aspect « brut », naturel des algues. Comme nous l’avons vu, les algues alimentaires conservent une image assez négative malgré cet intérêt récent qu’elles suscitent. Entre les algues vertes toxiques qui colonisent les côtes leur aspect gluant, vert ou rouge, humide et leurs odeurs marquées, il nous parait logique d’observer des réactions de dégoût envers elles de la part des consommateurs (Delecroix, 2009; Queva, 2011). (cf figures 53 page ci-contre). En se basant sur le triangle culinaire de Claude Lévi-Strauss, les aliments bruts peuvent être perçus comme source de danger, de « sauvagerie » par opposition nature/culture (cru et cuit) (Lévi-Strauss, 1965). Sachant que les facteurs cognitifs influent considérablement le comportement d’un individu, en particulier en matière de choix alimentaire et que l’algue est un aliment totalement inconnu pour encore grand nombres de consommateurs, et, (néophobie) (Fischler, 1986). Il semble donc s’agir du refus d’un aliment nouveau, inconnu par peur des conséquences que cela peut avoir sur l’organisme s’il est consommé. C’est-à-dire, l’angoisse de manger un poison, que cela ait mauvais goût mais aussi d’incorporer des propriétés 160 http://culturesciences.chimie.ens.fr 74 « symboliques » de l’algue (gluant, flasque, molle) risquant de se projeter sur nous161. Ainsi, il peut être intéressent de transformer les algues, afin de les rendre plus attractives. Les mélanger par exemple avec d’autres ingrédients plus « appétissant ». C’est d’ailleurs l’argument de la fabricante de biscuits aux algues que j’ai interviewée : « Alors je pense que les produits transformés qui contiennent des algues comme les nôtres sont assez attractifs car trop d’algues, ça peut faire peur. » Entretien n°5 Nous avons aussi comme illustration, la spiruline, micro-algue d’une richesse nutritionnelle unique. Elle semble être idéale pour faire face à la dénutrition notamment chez les enfants en milieu défavorisé. Néanmoins sa couleur verte et son « goût »… rebutent un grand nombre de consommateur surtout les plus jeunes. Marie-Hélène Saniez-Degrave directrice nutrition du groupe Roquette lors du colloque international « Que mangeait-on hier ? Que mangera-t-on demain ? » du 30/01/2015 (Saniez-Degrave, 2015) explique qu’afin de lutter contre la malnutrition en Inde, des pâtes de fruits à base de spiruline sont données aux enfants ce qui contribueraient à son acceptation. Mais cette transformation élimine le pigment bleu la phycocyanine, ce qui entraine des pertes considérables en nutriments, sans compter les pertes dues à la transformation en pâte de fruits : « …comme d’autre association comme le groupe roquette qui décide d’intégrer la spiruline dans certain de ces aliments, enlève le pigment colorant, donc enlève aussi toute les bonnes choses qui sont à l’intérieur. Une fois qu’on enlève le pigment colorant, il y a plus de qualité nutritive. » Entretien n°4 Les traitements actuels réalisés sur l’algue paraissent faciliter son acceptation mais pour le moment ne sont pas optimaux d’un point de vue nutritionnel. Deux perspectives d’évolution me semblent alors possibles. D’un côté des études devraient être réalisées afin de développer des techniques d’extraction et de transformation limitant les pertes nutritionnelles. De l’autre comme nous l’avons vu, le goût pour un individu donné se construit essentiellement via la répétition entraînant la familiarisation avec les aliments. Il faudrait donc aussi pousser, inciter les consommateurs à consommer de manière répétée les algues afin ils puissent dépasser la barrière de l’aspect et de la couleur. C’est l’avis de la société qui produit de la spiruline que je suis allée visiter : « Du coup on peut pas se permettre de retirer ce pigment. Même si on sait que du coup, ça peut être très étonnant, il faut y arriver avec. […] Justement c’est ça un facteur d’acceptabilité et de passer au-delà de cette contrainte. » Entretien n°4 161 Ce que nous allons développer dans le prochain paragraphe. 75 D’autant plus que certains spécialistes pensent que si un même aliment est présenté sous des formes totalement différentes de son aspect d’origine sa représentation et sa perception risquent d’être perturbées empêchant son acceptation162. 2.3) D’un point de vue culturel, symbolique « L’homme est consommateur de symboles autant que de nutriments » Jean Tremolière Manger un aliment n’est pas seulement incorporer des nutriments pour donner de l’énergie à notre organisme. Mais cela revient aussi comme nous l’avons expliqué dans la première partie à l’imaginaire, c’est-à-dire à l’incorporation de ses propriétés de ses qualités symboliques définies par une société, une culture. De ce fait, si nous mangeons des algues, cela reviendrait à la projection de leurs caractéristiques au sein du mangeur, de la personne tout entière, donc de l’identité. Comme nous l’avons vu, les algues ont encore une image assez négative. Elles sont apparentées à quelque chose de « nuisible » et leurs caractéristiques : aspect, odeur, couleur et texture en font un met peu appétissant. L’homme risque de résister à la consommation d’algue par peur de contagion par crainte de « souillure ». Comme le dit Mary Douglas, un moyen de protection uniquement de l’ordre culturel propre à une société (Douglas, 1967). Nous pouvons émettre l’hypothèse que pour certaines sociétés, même dans leur inconscient, il est possible qu’elles se disent que comme elles ont mangés de l’algue, ses propriétés au-delà du biologique et de l’écologique seront transposées en eux, c’est-à-dire qu’elles vont être « molles », « flasques »… Cette hypothèse serait à confirmer auprès d’un sociologue spécialiste de l’algue alimentaire et/ou tout simplement, directement auprès de consommateurs avec un questionnaire quantitatif. 3. Une évolution de nos modèles alimentaires freinés par des normes alimentaires trop strictes En raison de la modernité alimentaire (l’augmentation de l’individualité) comme nous l’avons vu dans la première partie, notre modèle alimentaire aurait tendance à s’affaiblir en raison des nouveaux modes de vie, des nouvelles pratiques alimentaires. Cependant, malgré ces modifications, notre modèle alimentaire actuel semble perdurer, nos pratiques alimentaires étant toujours ancrées dans les mœurs en particulier via le diner. Nos pratiques alimentaires, notre SCHWARTZ C MACLEOD P. Entretiens téléphoniques sur le goût. La semaine du goût, Laboratoire de neurobiologie sensorielle de l'école pratique des hautes études sur http://nadquinn3.eklablog.com. (Consulté le 29/12/2015). 162 76 gastronomie récemment classée comme patrimoine mondial par l’UNESCO pourraient limiter l’évolution du modèle alimentaire. L’algue alimentaire est un aliment nouveau, bien que son introduction ait été facilitée par la popularisation des algues japonaises et qu’elle soit désormais fréquemment comparée au bien-être, à la santé, au naturel, sa consommation en France reste modeste. L’acte d’achat de la part du consommateur demeure encore timide, l'algue alimentaire ne faisant pas partie de son référentiel alimentaire. L’idée de considérer, de reconnaitre un aliment, un plat comme nous l’avons vu précédemment, se base sur des dispositifs perceptifs et cognitifs complexes acquis via l’apprentissage ainsi que le vécu. Même si notre rythme de vie s’accélère il faut du temps pour intégrer, « digérer » la nouveauté163. C’est d’ailleurs ce qui ressort dans les entretiens que nous avons réalisés : « Voilà, cela oui ils ont des aprioris bien sûr. Il y a des gens qui ne veulent même pas en goûter, l’aspect les dégoutes ça les répugne. » Entretien n°2 « Actuellement ça se développe un peu mais c’est limité. » Entretien n°5 Ainsi nous observons que les comportements alimentaires peuvent être limités par des contraintes psychologiques (aspect, texture, couleur, odeur et même goûts…) mais aussi par des contraintes sociales. Malgré l’augmentation des individualités le degré de « liberté » de l’individu est toujours limité, la société influençant énormément les choix alimentaires, les goûts. Cela ne signifie pas qu’une innovation reste impossible, mais qu’il peut être délicat qu’une société accepte naturellement un changement radical sur son modèle alimentaire. De ce fait, l’utilisation en extrait d’une manière cachée, parait être pour certains pour le moment la seule solution. L’ensemble de ces hypothèses formulées d’après les lectures, les conférences, les tables rondes et les entretiens auquel j’ai pu assister parait être admissible et envisageable. L’intérêt croissant de l’algue alimentaire est indéniable. Son intégration dans notre modèle alimentaire semble être très favorable mais relativement complexe en raison des nombreuses contraintes et freins mis en évidence. En effet son acceptation semble se faire d’une manière naturelle en raison de la globalisation et du métissage qui en découle mais aussi de l’intérêt nutritionnel unique de l’algue et se sa facilité d’exploitation (une culture simple et peu onéreuse, écologiquement viable…). Nous observons également, surtout en Bretagne, l’acceptation de l’algue alimentaire comme un véritable symbole, un « légume de la mer », un critère de développement culinaire économique. 163 CEVA L'algue alimentaire, mythe ou réalité Algorythme, le bulletin d'information sur les algues. 2000 6p 77 Enfin, l’algue peut aussi être transformée et utilisée sous forme d’extrait, principalement par les industries pour des raisons à la fois biologiques, sociales et symboliques sans en informer les consommateurs comme c’est déjà le cas dans ses utilisations comme texturant et en cosmétique. Afin de confirmer ces hypothèses des études terrains sont envisagées c’est ce dont nous allons aborder comme « méthodologie probatoire » dans ce prochain chapitre. 78 Partie 3 Proposition d’une méthodologie probatoire 79 D’un intérêt croissant, la finalité de ce mémoire est de discuter la place de l’algue dans notre espace social alimentaire de demain ainsi que tu triangle culinaire de demain. A l’issue des lectures et des entretiens, trois hypothèses ont été établies et des études terrains se sont montrées nécessaires pour les confronter et les valider. Ainsi, trois axes de recherche me paraissent indispensables. Premièrement une enquête suivant l’étude qualitative mis en place par le programme IDEALG en 2014 devrait être réalisée pour compléter et confirmer les résultats qu’elle a mis en évidence concernant l’acceptation de l’algue en tant qu’aliment. Deuxièmement il me parait intéressant de réunir des professionnels pour discuter d’une éventuelle possibilité d’attribution d’allégations à celle-ci. Enfin ils me semblent aussi importants de voir comment les gens perçoivent les utilisations d’algues en industrie agro-alimentaires (hors texturants). CHAPITRE 1 LA SOCIETE EST-ELLE PRETES A ACCEPTER L’ALGUE COMME LEGUME DE LA MER, COMME CONDIMENT ? A l’issu de ces hypothèses, l’une des principales questions qui se pose est de savoir comment les gens sont prêts à consommer, à accepter l’algue. Désirant identifier, mesurer leur comportement, la mise en place d’une étude quantitative pour que les résultats soient représentatifs de la population est nécessaire. Bien qu’il serait attrayant d’effectuer cette étude à l’échelle mondial, il me parait totalement impossible de réaliser une enquête d’une telle dimension afin d’étudier l’acceptation de l’algue tant dans les pays en voie de développement que développés autres que la France. Ainsi j’ai décidé de ne pas creuser d’avantage sur cette piste pour l’instant. Concernant les végétariens et vegans, ils ne constituent qu’une toute petite minorité (à peine 3% de la population164). Réaliser une étude quantitative nécessite un échantillonnage des plus représentatifs de la population et donc d’avoir un nombre considérable de répondant. C’est pourquoi il me parait également impossible d’effectuer une analyse complète de ce style sur la consommation d’algue uniquement chez les végétariens. 1. Etude quantitative Le programme IDEAL’G a déjà réalisé en 2014 une étude qualitative via l’organisation de différents focus group dans la France entière (Paris, Montpellier, Rennes, Lille et Bordeaux…) dans l’optique d’avoir une idée de la place actuelle de l’algue alimentaire en France dans notre alimentation. Suite à cette étude il me parait intéressant de réaliser une enquête quantitative afin d’avoir cette fois ci, des résultats représentatifs de la population. Un questionnaire pourrait être 80 envisagé pour connaitre l’avis des gens sur celles-ci, savoir s’ils sont prêts à les accepter comme légumes et où comme condiments, mais cela risquerait d’être réducteur car il repose uniquement dans ce cas-là sur le verbatim des participants165. Comme nous l’avons vu, une incorporation d’un aliment se traduit par différentes perceptions des différents goûts, saveurs, flaveurs… propres aux individus, leur vécu ainsi que leur culture (Grignon, 1988, p. 15). Auquel s’ajoute le fait que l’algue est pour un grand nombre de consommateur un nouvel aliment, un aliment inconnu. Ainsi déjà qu’il peut être difficile de décrire un « simple plat », demander la description de l’ensemble des sensations, des saveurs d’un aliment nouveau risque d’être très périlleux166. Observer le comportement, les réactions, les gestes de ces personnes face aux algues alimentaires me semble donc plus pertinent qu’un simple questionnaire. De plus, elle limite le fait d’assigner une problématique déjà constituée sachant qu’aucune question ne leur est posée. Par le fait que nous n’intervenons pas, nous limitons le fait d’influencer les goûteurs (Serra-Mallol, 2012, p. 961). Différents mode d’observation existe, dans le cadre de cette étude, l’observation non participante me parait la plus adaptée. Ce procédé nous permet de se focaliser sur la seule saisie des faits à l’aide d’un outil lorsqu’ils se produisent mais peut nous attribuer cependant un rôle de contrôleur, d’inspecteur. De ce fait, bien que dans notre cas, le risque que les enquêtés soient peu disposés à nous laisser transparaitre leur ressenti soit très faible, il est possible toutefois qu’ils se contrôlent par exemple en adoptant un comportement « normalisé » (Tibère, 2009, p. 173) ; (Serra-Mallol, 2012, p. 961). Enfin, il serait intéressant à l’issue de cette étude de réaliser des entretiens avec des sociologues spécialistes sur l’acceptation de nouveaux aliments pour compléter, commenter les résultats trouvés. Le protocole 1.1) Objectif : Souhaitant observer les comportements des consommateurs face aux algues, je pense pertinent de les confronter à d’une part de l’algue sous forme brute (sèche et déshydratée) et d’autre part de l’algue incorporée dans une boisson et dans un biscuit. Etant donné qu’il est impossible en tant qu’individu de pouvoir tout percevoir, la collecte des données sera doublée par des caméras vidéo ainsi que de microphones associés à une prise de note en continue de la part de l’enquêteur. La réglementation nous force à informer les personnes enquêtées qu’elles sont filmées et 165 SERRA-MALLOL Christophe. Méthodologie de Collecte. Cours Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014 166 MALACRIDA Alicia. Education alimentaire. Master 1 SSAA, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014 81 enregistrées, ce qui peut constituer un biais pouvant générer de la méfiance de la part des acteurs observés (Serra-Mallol, 2012, p. 963). Cependant il sera limité par le fait de les placer de manières totalement invisibles aux yeux des consommateurs. Après chaque journée d’observation, l’ensemble des notes, des observations seront retranscrits dans un journal de bord. 1.2) - Matériel d’observation et lieux d’observation Matériel et aliments - Un carnet pour la prise de note - 2 petites caméra HD et 2 microphones - Algues fraiches et algues sèches / smoothies aux algues/ biscuits aux algues - Lieux : Réalisant mon stage de fin de M1 dans les magasins Biocoop de Toulouse dans le but de valoriser, de dynamiser les ventes d’algues et des produits aux algues, il m’a semblé intéressant qu’en parallèle des dégustations d’algues prévues, d’organiser cette enquête par observation. Néanmoins j’ai réalisé ensuite puisqu’il s’agissait d’un commerce spécialisé (vente uniquement de produits issus de l’agriculture biologique et diététique) cela constituerait un biais considérable. Toutefois le magasin principal étant localisé dans les allées Jean-Jaurès, zone de fréquentation importante, une présentation devant le magasin serait envisageable, bien évidemment si la mairie donne l’autorisation. Dans tous les cas, l’observation pourra être réalisée les dimanche matin au marché de Saint-Aubin juste à côté du stand d’un vendeur de spiruline. Je lui ai parlé de mon projet et il a été très emballé par l’idée de participer à cette étude. Ce marché très dynamique, ou de nombreuses personnes de profils différents affluents pour réaliser divers achats me semble être particulièrement adapté pour ce type d’observation. Une ébauche de grille d’observation (cf annexe S) a été mise en place, elle sera accompagnée des enregistrements vidéos et audios. Les 3 produits aux algues seront dégustés selon un ordre précis : L’algue brut (fraîche et déshydratée), algue fraîche en boisson puis incorporée dans un biscuit. Cette étude se baserait pour le moment uniquement sur Toulouse, mais il serait aussi intéressant de la réaliser en Bretagne, lieu où l’algue est la plus consommée (sans compter les sushis) et également d’en d’autres ville en France. Enfin, sachant que notre sujet d’étude se pose sur l’alimentation de demain, il est indispensable de répéter cette étude dans le temps afin d’analyser l’évolution de cette approche. 82 CHAPITRE 2 VERS DES ALLEGATIONS SANTES POUR L’ALGUE : AVIS DES SPECIALISTES Comme nous avons pu le voir, l’algue pour ses vertus nutritionnelles est d’une popularité grandissante et est donc de plus en plus utilisée en complément alimentaire. Cependant pour le moment l’algue a très peu d’allégations nutritionnelles et aucune allégation santé, ce qui limite son développement. 1. Réalisation d’un « focus group » avec des professionnels du métier pour débattre sur le sujet L’algue est un aliment relativement récent, d’où le peu aujourd’hui de preuves scientifiques probantes pour justifier son éligibilité à ce type de distinction. Mais puisque la réalisation du dossier pour en bénéficier est très longue et très complexe et dépend d’une démarche collective, pourquoi ne pas alors anticiper les demandes sachant que cela pourrait être dans le futur un moyen d’accélérer son acceptation en tant qu’aliment santé. D’autant plus en Bretagne où des labels relatifs à l’origine géographique pourraient leur être aussi attribués. Désirant creuser d’avantage sur les prédispositions de l’algue à ce type d’allégations, je pense intéressant d’organiser une rencontre, une discussion entre plusieurs spécialistes pour connaitre leurs avis. Ce type d’enquête se définit comme une réunion de groupe autour d’un même thème, animé par un chercheur et suivi par un observateur. Le but de l’animateur est de créer grâce aux questions posées et aux relances, une synergie entre les participants, permettant l’obtention de résultats sortant de cette mise en relation par rapport au sujet d’étude. Ainsi, son rôle est déterminant car l’avantage de cette discussion organisée via un débat par rapport à des entretiens individuels et qu’il permet à chacun de s’exprimer, mais aussi de rebondir sur les idées des autres participants. Enfin, le groupe doit être composé de 6 à 12 membres grand maximum, ne se connaissant pas de préférence167 et enfin le lieu doit placer les participants dans un climat de confiance. Toutes ces informations qualitatives récoltées constituent une importante base de données permettant de dégager des tendances sur les problématiques posées (Evrard, et al., 1993). 2. Le protocole Le but de cette rencontre étant d’obtenir l’avis de différents professionnels confrontés les uns aux autres sur la possibilité d’établir des allégations santé et des labels spécifiques à l’origine géographiques aux algues, il me semble, intéressant de réunir un(e) spécialiste des algues, un 167 Dans notre cas cela risque d’être complexe 83 goémonier168, un(e) exploitant(e) cultivant des algues de préférence « bio », un industriel, un(e) expert(e) de l’ENSES et de l’INAO169, un médecin, un(e) diététicien(ne) ou un(e) nutritionniste et un(e) cuisinier(e). Le choix de ces profils se base dans l’optique d’être le plus représentatif possible de la filière. En effet, la mise en relation de l’ensemble de leurs compétences me semble indispensable pour discuter sur la thématique posée. Enfin, les récoltes et la culture d’algue étant essentiellement réalisées en Bretagne, il me semble logique que cette discussion ait lieu dans cette région. Pour permettre le déroulement des focus groups dans de bonnes conditions afin d’obtenir des résultats pertinents, un important travail est à réaliser en amont : - préparer d’une part une trame de discussion via un guide d’animation - choix d’une date et d’un lieu pour que l’ensemble des participants soient disponibles. Concernant le déroulement du débat, il sera filmé dans son ensemble et doublé par un dictaphone par mesure de sécurité, dans l’optique de servir de document de travail. Une prise de notes en temps réel contribuera également à saisir et à analyser également ce qui a été dit mais aussi tout ce qui demeure du non verbal (gestes, comportements, rires) des participants. Ce qui nécessite un minimum de 2 individus (un animateur et un observateur). Enfin, une pause-café, cigarette pour permettre aux professionnels de se détendre est également prévue. Le matériel utilisé outre tous les appareils techniques est un paper board ou tableau avec des stylos pour la réalisation de brain storming. Vous trouverez en annexes le guide d’animation proposé dans le détail (cf annexe T). Les principaux termes abordés après une introduction seront donc les suivants : - Avis et expériences des algues Pause Qualité nutritionnelle et allégations ? Des labels liés au terroir ? Bien entendu, il s’agit d’un modèle de guide. Celle-ci devra être testé et corrigé au préalable avant le jour J. Des biais sont à prévoir, notamment le désistement d’un ou plusieurs participants de dernière minute. 168 Une personne récoltant les algues Institut National de l’Origine et de la Qualité, établissement public français, sous la tutelle du ministère de l'Agriculture qui donne et contrôle l’ensemble des labels qualités des denrées alimentaires (AOP, IGP.STG…) 169 84 CHAPITRE 3 L’ALGUE EN INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE Une étude sur l’utilisation des algues en industrie agroalimentaire (or usage comme texturant) s’impose également. Il me semble pertinent d’essayer de comprendre pourquoi certains industriels préfèrent cacher le fait qu’ils incorporent des extraits d’algues dans leurs produits ainsi que l’avis des consommateurs sur cette observation. En effet, les données que nous avons recueillies pour le moment sont très floues, ne nous permettant pas d’avoir des résultats sortables. 1. Quels produits agro-alimentaires à base d’extrait d’algue ? Entretiens avec des professionnels Il me semble donc intéressant dans un premier temps d’effectuer un repérage de l’ensemble des produits agro-alimentaires à base ou enrichis en algue sur le marché et d’analyser leur packaging. C’est-à-dire voir comment les informations du produit qu’il contient sont présentées et comment l’algue est affichée (d’une manière anonyme, cachée ou non). Ensuite, après avoir identifié les produits ou l’algue n’est pas mise en valeur, il me parait intéressant de mesurer la popularité de ces derniers auprès des consommateurs. Dans ce cas une étude quantitative via un questionnaire me paraît judicieuse car nous sommes à la recherche de résultats représentatifs auprès de la population. Ainsi nous pourrons savoir si les produits sont populaires, appréciés et surtout si les gens savent qu’ils consomment de l’algue. Enfin après analyse de ses résultats il serait nécessaire de réaliser des entretiens avec les industriels concernés même s’il me semble très difficile d’aborder ce sujet étant donné les résultats que nous avons obtenu jusqu’à présent. 2. Le protocole Réaliser une étude de cette ampleur me semble complexe nécessitant beaucoup de moyens (humains, financiers…). En effet, dans un premier lieu il faut réaliser une étude de marché pour identifier l’intégralité des produits concernés. Pour cela il faut se rendre dans les différentes enseignes de GMS ainsi que dans les magasins spécialisés (magasins bio, diététique, parapharmacie…) et prendre des photos ou des échantillons de toutes les denrées répertoriées pour les étudier. Ensuite après analyse du packaging et identification des produits concernés, un questionnaire « unique » doit être mis en place et distribué auprès d’un maximum de consommateurs de toute la France. L’idéal serait bien évidemment de prendre en considération l’ensemble de la population mais cela engendrerait des moyens très complexes et surtout très onéreux, d’où la contrainte de réaliser un échantillonnage. Nous pourrions tout à fait sélectionner des échantillons de manière aléatoire mais il me semble plus judicieux d’établir des quotas pour 85 éviter les biais en équilibrant les variables, limitant donc les erreurs statistiques. Enfin, ce questionnaire devra être ensuite testés au préalable à une dizaine voir une vingtaine de personnes car une fois le début de l’enquête, le questionnaire ne pourra plus évoluer. 2.1) Choix des villes Pour des raisons de budget de temps… toutes les villes ne peuvent être échantillonnées pour réaliser cette enquête. J’ai pensé sélectionner 14 villes (7 agglomérations et 7 communes) idéalement répartis dans la France entière pour avoir un avis des plus représentatifs limitant le fait d’avoir une couverture incomplète. Ainsi j’ai sélectionné Paris, Lille, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Toulouse et Rennes puis Bourg en Bresse, Bergues, Thiers, Montélimar, Cahors, Quimper et Manosque selon leur localisation et leur population (nombre d’habitants). 2.2) Choix de la population Le but étant l’obtention de résultat représentatif de l’ensemble de la population, les participants (adultes) seront sélectionnés via un panel de consommateurs en fonction de leurs sexes, leurs âges ainsi que leurs caractéristiques socioprofessionnelles. Comme expliqué précédemment, nous avons choisi de réaliser un échantillonnage par quota déterminant un nombre de questionnaire à attribuer selon des critères définis. Dans notre cas cela résulte du croisement des trois différentes variables que sont le sexe, l’âge et les caractéristiques socioprofessionnelles. A partir du tableau cicontre, nous avons déterminé le nombre de questionnaire à attribuer selon les conditions étudiés. (cf figure 54 ci-contre) Ainsi, conformément aux profils souhaités, pour que les résultats soient les plus équilibrées possibles, 240 questionnaires seront distribuées dans chaque ville par email et éventuellement par téléphone (car rapide, simple d’utilisation et peu onéreuses) en respectant dans la limite du possible les quotas déterminés. En cas de non réponse, des questionnaires supplémentaires pourront éventuellement être envoyés. 2.3) Plan d’expérience Sachant qu’en environ 240 questionnaires sont prévus pour chaque ville, ainsi cela nous fera un total approximatif de 3360 réponses (240*14). Réaliser à mon échelle une telle enquête nécessitant un panel consommateur170 me paraît très difficile. Cependant, sachant que le projet IDEALG se poursuit toujours, il me semble plus approprié de les contacter pour éventuellement 170 Très onéreux à obtenir 86 leur proposer de substituer le questionnaire si possible à l’une de leur étude ou éventuellement et dans le meilleur des cas, le réaliser avec eux. D’autant plus qu’ils ont déjà grâce à leur étude un panel consommateur. Toutefois vous trouverez en annexes le questionnaire envisagé (cf annexes U) Il s’agit d’une ébauche car celui-ci devra être complété suite à l’étude de marché et testé évidemment au paravent sur des consommateurs lambda. Enfin pour finir à l’issue des résultats obtenus, des entretiens semi directifs seront effectués avec les industriels concernés à condition bien entendu qu’ils acceptent de nous recevoir… 87 Conclusion « La prévision est un art difficile, surtout quand il s’agit de l’avenir » Winston Churchill Le contexte actuel de globalisation (uniformisation des comportements, rapprochement de culture) traduit selon les termes du sociologue Jean-Pierre Poulain une « modernité alimentaire ». Ce phénomène, associé à de nouvelles pratiques alimentaires liées à des Figure 55 Une usine du futur? Non, il s'agit bien d'une culture intensive de spiruline mais dans le but de faire du biocarburant. Situé à Alicante (Espagne) depuis 2011 cette usine fonctionne à plein régime. A quand pour l'alimentaire? nouveaux modes de vie (alimentation au travail, ventes à emporter…) et à la prise de conscience du lien aliments et santé (médicalisation de l’alimentation…) entraine une augmentation des individualités et donc un affaiblissement des normes, des codes… Cela fragilise donc l’institution qu’est le modèle alimentaire notamment en ce qui concerne les repas, se traduisant par leur simplification, par une augmentation du nombre de prises alimentaires hors repas, par la pratique de régimes alimentaires particulier (végétarisme, véganisme, …), mais aussi par une curiosité accrue de la part des consommateurs envers de nouveaux aliments, exotique d’un point de vue culinaire et gustatif... C’est le cas de l’algue alimentaire. A l’issue de ce mémoire nous ne pouvons nier un intérêt croissant pour celle-ci malgré un nombre de mangeur encore rebuté par sa couleur verte, son aspect gluant, son association à l’algue verte ou tout simplement en raison d’un manque d’informations et/ou un problème d’accessibilité. Consommée sous toutes les formes, l’algue alimentaire s’intègre indéniablement aujourd’hui naturellement dans les trois dimensions de l’espace social alimentaire. C’est-à-dire, à la fois dans une perceptive : - Biologique puisque l’algue avec son positionnement d’aliment-santé répond parfaitement au processus de médicalisation de l’alimentation, phénomène décrit par le sociologue Poulain (cf Partie 1 Chapitre 1 évolution des modèles alimentaires). - Environnementale (lié au réchauffement climatique, problème majeur de ce début de siècle), de par sa facilité et rapidité de culture, l’algue nécessite peu d’énergie répondant à l’éthique du développement durable. - Culturelle dans le culinaire via l’influence de la cuisine asiatique (Japonaise). Ces espaces interférent les uns avec les autres ce qui semblent contribuer à l’acceptation, la reconnaissance de l’algue en tant que légume de la mer et en tant que condiments intégrant 88 différents plats et recettes notamment en Bretagne ou l’algue est devenu à en croire les spécialistes interrogés un produit du « terroir ». En effet même si pour l’instant l’algue est surtout connue pour ses propriétés nutritives, aujourd’hui elle intègre également de plus en plus le Culinaire français (gastronomie, livres de cuisine…) pour son positionnement aliment-santé certes mais tout en valorisant un nouvel intérêt gustatif. Le culinaire comme nous l’avons vu, dimension de l’espace social alimentaire est défini par Lévi-Strauss comme un langage propre à une société dont chacune définit ses propres règles, ses propres normes. Ainsi il intègre au culinaire comme le montre son célèbre triangle culinaire une dimension culturelle. Se basant sur ce triangle, l’algue « cuisinée » est identifiée dans le cuit est donc associée au culturel c’est-à-dire à des normes partagées par une même culture, s’opposant au cru, c’est-à-dire au naturel. De ce fait, l’algue de par son intégration dans le culinaire semble rentrer dans la « conformité ». Cependant, prévoir le futur avec exactitude relève de la voyance. Nous ne pourrons savoir comment nous serons, comment nous vivrons en 2050. L’algue pour le moment est certes populaire, mais peut-être bien qu’il ne s’agit uniquement que d’un phénomène de mode qui va rapidement tomber dans l’oubli. D’autant plus que l’algue est encore un aliment nouveau, un aliment déviant pour grand nombre d’individus et sachant qu’il faut du temps pour accepter un nouvel aliment, la reconnaissance de l’algue comme conformité n’est pas encore prévue pour demain. Il y a d’ailleurs un grand nombre de consommateur qui persistent à s’opposer à la consommation d’algue notamment certains bretons n’étant pas prêt à l’accepter comme aliment la confondant avec les algues vertes toxiques. C’est surement pour cela que certains industriels préfèrent camoufler le fait qu’ils utilisent les algues pour des propriétés nutritionnelles dans certains de leurs produits. Des études supplémentaires notamment de type quantitatives devront donc être réalisées pour tenter d’obtenir des réponses à ces questions. A l’issue de mes entretiens exploratoires, le musée de Plouguerneau a témoigné un réel intérêt pour ce travail. Souhaitant réactualiser son activité l’année prochaine, il semble intéressé d’intégrer des données sur l’acceptation de l’algue dans l’espace social alimentaire en tant qu’aliment principalement en Bretagne mais aussi dans la France entière. Il souhaite également réaliser des conférences autour du thème ainsi qu’une étude mesurant les bénéfices de leurs activités et ateliers auprès des visiteurs me proposant donc une opportunité de stage très intéressante (cf Entretien°6). Algue verte Pour une première approche de l’algue j’ai choisi de me placer du côté de cette dernière en étudiant comment elle s’intègre dans notre modèle alimentaire, désirant poursuivre ce travail sur son acceptation dans le cadre de mon Master 2 j’envisage de me positionner plutôt du point de vue du mangeur valorisant le gustatif le plaisir ou le dégoût lié à l’incorporation d’algue intégrant ainsi une dimension interactionniste que je n’ai pas développé dans ce mémoire par manque de données. 89 Bibliographie Ouvrages BRILLAT-SAVARAIN, J. A. La physiologie du goût. [1825].Nîmes. C.Lacour 1999 525 p CORBEAU, J. P. Métissage. Dans: Poulain J.P (dir) Dictionnaire des cultures alimentaires. Paris: PUF.2012 840-848 p. DELECROIX, J. M. Les algues alimentaires: Medicis. 2009. 126 p DOUGLAS, M. De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou. Paris: Maspero. 1967 194 p DURKHEIM, E. [1894 Les règles de la méthode sociologique.] Paris. 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Une histoire des métissages alimentaires en Amérique latine. Montpellier, Colloque international Chaire Unesco Alimentations du monde. 2015. PARSEMAIN, S, TANTOT, J & TUAL, C. C-N Shake "Business Plan Entrepreneuriales", Saint Brieuc: Concours les Entrepreneuriales. 2014. PIQUET, A, TANTOT, J. Développement d’une denrée alimentaire courante avec allégation de sante relevant de l’article 13.5. Dossier réglementation. Quimper. 2013. SANIEZ-DEGRAVE, M.-H. Que mangeons -nous demain?. Montpellier, Chaire UNESCO Alimentations du monde. 2015. 92 Lexique Acides aminés indispensables : ou acides aminés essentiels. Ce sont des acides aminés qui ne peuvent être synthétisés par l’organisme et qui doivent donc être nécessairement apportés par l’alimentation pour son bon fonctionnement. Agence National de la Recherche (ANR) : est une agence créée en 2005 finançant la recherche publique et partenariale en France. Elle finance directement les équipes de recherche publiques et privées sous forme de contrat de recherche à durée déterminée. Algasud : est une action collective dont le but est d’organiser et de développer la filière « algue » en Languedoc-Roussillon. Elle souhaite contribuer à l’émergence de projets industriels innovants à base d’algues. Algue lithothamnium calcareum ou algue lithotame: est une espèce d’algues rouges de la famille des Hapalidiaceae ayant la capacité de produire des agrégations calcaires. Elle possède des vertus reminéralisantes de par ses concentrations élevées en calcium et magnésium. C’est la seule algue qui est consommée lorsqu’elle est morte. Breizh’alg: est un projet fédérateur soutenu par la région Bretagne (BDI, Bretagne Développement Innovation) dont les objectifs sont le développement de la culture d’algues ou de matière algale traçable et de qualité, et donc également la proposition de possibilités de diversification, aux aquaculteurs et pécheurs. CACFP: ou Child and Adult Care Food Program. C’est un programme américain équivalent du PNNS en France chargé d’aider les adultes et les enfants dans le choix d’une alimentation nutritionnelle adéquate selon leurs besoins, pour garantir une bonne santé. Chémorecepteurs : cellules nerveuses capables de détecter des substances chimiques c’est à dire des stimulis externes (goût, odorat) ou internes (acidité, oxygène…), les transmettant ainsi au système nerveux. DGCCRF : ou direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. C’est une administration française dépendante du ministère de l’économie chargée d’assurer trois grandes missions, réguler la concurrence entre les marchés, la protection économique et la sécurité des consommateurs. 93 Epithélium : situé à la bordure supérieure des muqueuses, c’est un tissu de cellules jointives dont les fonctions principales sont la protection des tissus et la favorisation des échanges (captation des nutriments, reconnaissance des stimulis…). EFSA : ou Autorité Européenne de Sécurité des Aliments AESA, (en anglais European Food Safety Authority, EFSA). C’est une des principales agences de l’Union européenne chargée de l’évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires .Elle fournit des conseils scientifiques sur les risques existants ou émergents, elle publie des avis, émis par son comité scientifique et ses groupes scientifiques. Ces avis n'ont pas de valeur d’autorisation, dans le cas où ils concernent l'évaluation de dossiers de demandes d'autorisation. Gluten : est une fraction protéique insoluble contenue dans le blé permettant la panification et donc la fabrication de pain. De plus en plus de personnes se disent intolérantes au gluten. On parle dans ce cas de maladie cœliaque. Cette maladie permanente provoque une atrophie des villosités intestinales au niveau de l’intestin grêle entrainant la destruction de la paroi et limitant l’absorption. Ces personnes-là doivent donc suivre un régime sans gluten à vie. Aucun traitement médicamenteux n’existe actuellement. Halophytes : ou halophiles, plante adaptée aux milieux salés. L’espèce la plus connue est la salicorne, retrouvée dans les marais salants sur notre littoral. En zone tropicale nous avons également le palétuvier. IDEALG : un projet de recherche sur 10 ans, doté d’un financement de 10 millions d’euros portés par l’université européenne de Bretagne et coordonnés par la station biologique de Roscoff, Elle associe également des organismes de recherches (CNRS, IFREMER, UEB, UBO, UBS, ENSCR, Université de Nantes, INRA, AGROCAMPUS OUEST), ainsi que le CEVA et 18 partenaires privés dont C-WEED, Bezhin Rosko, Aleor, France Haliotis, Danisco-DuPont. NETALGAE (2010 – 2012) : projet européen qui a permis l’étude de la filière des macroalgues dans chaque pays européen. Ces derniers ont mis en place une note détaillant leur production (règlementation), les zones ainsi que les espèces récoltées, leurs fonctions. Chaque pays a aussi rédigé un document complet présentant tous les aspects de la filière, des règles de gestion de la 94 récolte au devenir des produits finaux. Cette collaboration européenne a permis via l’élaboration d’un guide, une idée du marché européen de la filière171. Oméga 3 & EPA, DHA : ou acide α-linolénique notés également ω3. Ce sont des acides gras polyinsaturés présent en grande quantité dans les poissons gras (comme le saumon) ainsi que dans certaines huiles végétales (lin, la noix, le colza…). Classés comme acides gras essentiels, car nécessaire à l'organisme qui ne peut les produire lui-même, il contribuerait selon les études à la vue et à la réduction des risques de maladies cardiovasculaires. L'acide eicosapentaénoïque (EPA) est un acide gras polyinsaturé oméga-3 il joue un grand rôle anti-inflammatoire notamment au niveau des vaisseaux sanguins contribuant au bon fonctionnement cardiovasculaire. L’acide docosahexaénoïque (DHA) est également un acide gras oméga 3. Constituant important du cortex cérébral, de la rétine ainsi que des testicules, le cerveau et le cœur en ont besoin pour fonctionner de façon optimale. On le trouve surtout dans l'huile de poisson et dans l'huile de micro-algue. On peut aussi en trouver dans des œufs, du lait ou du fromage si les animaux ont été nourris par des produits riches en DHA. Chez l'homme, un taux de DHA correct contribue à la réduction du taux de triglycérides dans le sang, ce qui favorise la diminution des risques cardiaques. De faibles niveaux de DHA sont associés à des troubles de l'attention (ADHD), au risque de démence (Alzheimer) et à la dépression. Le corps est capable de les convertir à partir de l’acide α-linolénique, ils ne sont pas considérés comme essentiels mais leur apport est conseillé. PNNS : ou Programme National Nutrition Santé, est un programme français de santé publique axé sur des conseils en matière de nutrition lancé en 2001 qui a pour objectif l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population. Prébiotiques : « sucre complexe » généralement de type oligosaccharides ou polysaccharides. Ils ne sont pas digérés dans l’intestin grêle et agissent comme substrats sélectifs pour les bactéries intestinales bénéfiques au côlon. Les bifidobactéries et les lactobacilles sont les microorganismes de la flore intestinale les plus fréquemment ciblées. SENS’ALG : est un projet collectif axé sur les algues alimentaires visant à stimuler l’innovation dans l’industrie agro-alimentaire bretonne, développer des techniques agroalimentaires et informer les consommateurs de leurs intérêts nutritionnels comme gustatifs. 171 http://www.netalgae.eu/ 95 Soluble (fibres) : Les fibres sont des glucides que l’organisme ne sait ni digérer, ni assimiler, ne fournissant donc pas d’énergie. Elles agissent sur le transit intestinal régulant la digestion. Il y a deux types de fibres, les fibres solubles et insolubles. Les fibres solubles sont la pectine, les gommes, elles forment une sorte de gel pendant la digestion favorisant le transit et diminuant l’absorption du cholestérol et graisses alimentaires ainsi que la digestion des glucides (montée de la glycémie plus faible). Elles prolongent également la sensation de satiété, favorisant aussi l’équilibre de la flore intestinale et seraient ainsi préconisées dans la prévention des risques de cancers digestifs et en particulier de cancer colorectal. Texturant (algues) : Elles ont des propriétés de texturant grâce à leur richesse en alginate (E400 à E405), carraghénanes (E407 à E407a) et en agar (E406) et sont employées par les industries comme gélifiant, stabilisant, filmogène en papeterie, textile, chimie, pharmacie, cosmétologie, photographie, agriculture... En alimentaire, elles sont utilisées pour la fabrication de veloutée, de produits laitiers (crèmes, yaourts, fromages fondus…), dans de nombreux desserts et pour stabiliser certaines boissons (bières, jus de fruits...). Leurs propriétés de texturants permettant à ces produits d’être allégées en matières grasses et ou de remplacer l’amidon pour fabriquer des produits dit sans gluten. Thalle : est un appareil végétatif ne possédant ni feuilles, ni tiges, ni racines, produit par certains organismes non–mobiles (végétaux, champignons, lichens, algues). Valorial (l’aliment de demain) : ou pôle d’innovation. C’est un réseau entre entreprises, centres de recherches et établissements d’enseignement supérieur qui travaillent, qui coopèrent ensemble dans une optique d’innovation. Leur but est de contribuer à l’émergence, la conception et la réalisation de projets innovants. Volatile : se dit d’un corps qui se vaporise, qui s’évapore facilement. 96 Table des figures Figure 1 Les algues au SIRHA 2013 p11 Figure 2 Exemple de repas français p12 Figure 3 Atelier découverte des algues p12 Figure 4 Organisation des récepteurs p22’ Figure 5 Principe de fonctionnement p22’ Figure 6 La spiruline, micro-algues de la famille des algues bleues p29’ Figure 7 Algue géante macrocystis pyrifera p29’ Figure 8 Evolution de la production mondiale d'algues p30’ Figure 9 Teneurs maximales en métaux lourds et en iode autorisées p31’ Figure 10 Critère microbiologique pour les algues sèches déshydratées p31’ Figure 11 Carte 2011 des eaux Bretonne réalisées par IFREMER p32’ Figure 12 Goémoniers récoltant les algues dans l'estran vers 1900 p33’ Figure 13 Deux canots goémoniers, au premier plan avec un chargement de goémon noir, le cheval et sa charrette, la plate goémonière avec deux hommes à bord 1927 p 33’ Figure 14 Le cheval et la charrette pour ramener le goémon sur la plage p33’’ Figure 15 Les produits à base d'algues retrouvées fréquemment en Bretagne p34’’ Figure 16 Préparation de Houmous aux algues p34’ Figure 17 Bouchées de riz entouré de Kombu Breton p34’ Figure 18 Buffet de croquant aux algues p34’ Figure 19 Les algues alimentaires à la vente en France p35’ Figure 20 Crêpe aux algues salés et sucrés proposées p35’ Figure 21 Algue Kaiso déshydratée pour salade p36’ Figure 22 Salade d'Algue Kombu: « Assez ferme, elle a la particularité d’avoir un premier goût de réglisse en bouche, qui s’estompe après… étonnant ! » p36’ Figure 23 Soupe aux « algues » p36’ Figure 24 Salade de Wakamé traditionnelle japonaise p36’ Figure 25 Préparation d'algues Kombu confitesp36’ Figure 26 Repas japonais avec des algues p36’ Figure 27 Seaweed Shaker Fries (Asie) Sachet rempli, non pas de ketchup, mais d'algues. Pour l'assaisonnement des frites p36’ Figure 28 Salade d'algue Chilienne servie en restaurant p36’ 97 Figure 29 Triangle culinaire proposée par Lévi-Strauss p39’ Figure 30 Culture de Spiruline au Tchad p42’ Figure 31 Tartare d'algue au restaurant p42’’ Figure 32 Découverte des algues avec Pierrick Leroux p42’ Figure 33 Fabrication industriel de complément alimentaire p42’ Figure 34 Principe de la transition démographique p44’ Figure 35 Principe de la transition nutritionnelle p46’ Figures 36 Compléments alimentaire aux algues p47’ Figure 37 Publicité de C-N Shake p47’ Figure 38 Boisson à la spiruline pour la récupération des sportifs p47’ Figure 39 Schéma de fonctionnement de la Phytotière une sorte de «yaourtière » au phytoplancton ».p51’ Figures 40 La Phytotière proposée par Alg&You en fonctionnement, Les micro algues se développent dans un milieu aqueux enrichi en nutriments (azote, phosphore, potassium, magnésium, calcium, fer et soufre) p51’ Figures 41 Exemples de publicité en Allemagne pour les algues p53’ Figure 42 Cuisse de poulet fermier français au confit d'algues. Adaptation de la cuisine française avec ajout d’algue p56’ Figure 43 Journée découverte des algues de l'estran Breton p61’ Figure 44 Activité découverte avec Pierrick Le Roux p61’ Figure 45 Atelier cuisine avec Pierrick Le Roux p61’ Figure 46 Couverture du livre de cuisine Algues & Gastronomie, la cuisine aux algues par les grands chefs p68’ Figure 47 Livre de cuisine aux algues p68’ Figures 48 Exemple d'aliments à base d'extraits d'algues utilisés dans un rôle de gélifiant p71’ Figure 49 Lait végétal de soja et biscuits chocolaté enrichi en calcium apporté par l’extrait d'algue Lithothamnium p72’ Figure 50 Complément alimentaire obtenus à base d'extrait d'algue p73’ Figure 51 Complément alimentaire Algimals p73’ Figure 52 Terrine enrichie aux algues pour chien p73’ Figure 53 Photos d'algues peu "appétissantes" récoltés sur l'estran p75’ Figure 54 Les croisements des quotas pour la réalisation du questionnaire quantitatif p86’ Figure 55 Une usine du futur? p88 98 Table des matières Sommaire....................................................................................................... 8 Introduction ................................................................................................... 9 Partie 1 Cadre théorique : Conformité et modèle alimentaire, « goût » et « dégoût », les algues alimentaires dans l’espace social alimentaire, approche structuraliste. ................................................................................................12 Chapitre 1 Importance du modèle alimentaire...................................................................................................13 1. Le modèle alimentaire comme une « institution » ..............................................................................14 2. L’intérêt du culinaire ...............................................................................................................................19 Chapitre 2 Definition de la notion de « gustatif » ..............................................................................................21 1. Qu’est-ce que le « goût » ? ......................................................................................................................21 2. Acquisition du « goût » et transmission : .............................................................................................24 3. Dégoût et néophobie ..............................................................................................................................27 Chapitre 3 Le contexte de l’algue alimentaire.....................................................................................................28 Qu’est-ce qu’une algue alimentaire ? ....................................................................................................29 2. La consommation d’algue ......................................................................................................................32 Chapitre 4 Problematisation..................................................................................................................................37 1. Un produit d’intérêt croissant? ..............................................................................................................37 2. Quelle place pour l’algue alimentaire dans notre modèle alimentaire ? ..........................................39 Partie 2 Un intérêt croissant pour l’algue alimentaire, une conformité dans le modèle alimentaire de demain ? ...................................................................42 Chapitre 1 hypothèse 1 les algues l’aliment de demain naturellement intégre. .............................................43 1. L’algue, une alternative pour nourrir le monde. .................................................................................44 2. Algue alimentaire, une filière d’avenir. .................................................................................................50 3. Vers un métissage intégrant l’algue alimentaire à leur culture ..........................................................54 Chapitre 2 Hypothese 2 l’algue reconnue comme « légume de mer », et comme « condiment » d’intérêt nutritionnel...............................................................................................................................................................59 99 1. Valorisation du patrimoine, l’algue pôle de compétitivité du terroir breton..................................59 2. L’algue reconnue comme un « Aliment-santé », mise en place d’allégations de santé .................65 3. Acceptation de l’algue dans la gastronomie Française.......................................................................67 Chapitre 3 hypothese 3 Utilisation de l’Algues sous forme d’extrait. Comme un aliment non identifié « ocni » ......................................................................................................................................................................71 Extrait déjà présent en Industrie alimentaire pour des produits spécialisés, des compléments alimentaires et aussi pour l’alimentation animale ..........................................................................................71 2. Degré d’élaboration « culinaire » requis ...............................................................................................73 3. Une évolution de nos modèles alimentaires freinés par des normes alimentaires trop strictes ..76 Partie 3 Proposition d’une méthodologie probatoire ....................................79 Chapitre 1 La société est-elle prêtes à accepter l’algue comme legume de la mer, comme condiment ? .80 1. Etude quantitative ...................................................................................................................................80 Le protocole .............................................................................................................................................81 Chapitre 2 vers des Allégations santes pour l’algue : avis des specialistes .....................................................83 1. Réalisation d’un « focus group » avec des professionnels du métier pour débattre sur le sujet .83 2. Le protocole .............................................................................................................................................83 Chapitre 3 L’algue en industrie agro-alimentaire ...............................................................................................85 1. Quels produits agro-alimentaires à base d’extrait d’algue ? Entretiens avec des professionnels 85 2. Le protocole .............................................................................................................................................85 Conclusion ....................................................................................................88 Bibliographie .................................................................................................90 Lexique .........................................................................................................93 Table des figures ...........................................................................................97 100 Annexes Sommaire des annexes A. Guide d’entretien n°1 Entretien avec un cuisinier spécialiste des algues 103 B. Guide d’entretien n°2 Spécialiste des algues alimentaires ..................... 108 C. Guide d’entretien n°3 Les algues alimentaires au Japon ........................ 113 D. Guide d’entretien n°4 Un producteur de spiruline ................................. 113 E. Guide d’entretien n° 5 Un industriel utilisant des algues alimentaires ... 128 F. Guide d’entretien n° 6 Une ethnologue animatrice à l’écomusée de Plouguerneau .............................................................................................. 133 G. Retranscription entretien n° 1 avec un professeur de cuisine expert de la cuisine sur les algues réalisé le 15/01/2015. Durée : 45 minutes ................. 138 H. Retranscription entretien n°2 avec une spécialiste des algues, réalisé le 15/01/2015. Durée : 40 minutes ................................................................. 158 I. Retranscription entretien n° 3 avec un enseignant chercheur japonais consommateur d’algue réalisé le 05/03/2015. Durée : 1H15 ....................... 176 J. Retranscription entretien n° 4 avec une startup productrice de micro algue (spiruline) réalisé le 10/02/2014 à la Serre, 27 bis allées Maurice Sarraut 31000 TOULOUSE Durée : 60 minutes (40 minutes de questions plus 20 minutes de visite) .......................................................................................................... 200 K. Retranscription entretien n°5 avec un patron d’une PME fabriquant des biscuits à base d’algue. Réalisé le 17/02/2015. Durée : 40 minutes ............. 218 101 L. Retranscription entretien n°6 avec la responsable de l’écomusée de Plouguerneau le 19/02/2015 Durée : 1heure et 10 minutes ........................ 234 M. Echanges par email avec la responsable commerciale et logistique d’une société qui réalise de la culture d’algues biologiques. ................................. 255 N. Composition nutritionnelle des algues .................................................. 260 O. Réglementation sur les algues alimentaires .......................................... 260 P. Les consommations d’algues dans le monde ......................................... 260 Q. Association les « croqueuses d’algues ................................................... 261 R. Flyer de la société Alg&You ................................................................... 262 S. Grille d’observation enquête quantitatif : sont t’ils prêts à accepter l’algue comme aliment ........................................................................................... 263 T. Guide d’animation focus group : Les algues alimentaires : Des allégations de santé ? Des AOP ou IGP ? ....................................................................... 266 U. Questionnaire pour l’étude quantitatif des produits industriels à base d’algue ........................................................................................................ 272 102 A.Guide d’entretien n°1 Entretien avec un cuisinier spécialiste des algues Identité : Professeur de cuisine spécialiste des algues Lieu et date : 15/01/2015 Entrée en matière : Bonjour, je suis Jeanne TANTOT je suis en master alimentation à l’ISTHIA à Toulouse parcours « sciences sociales appliquées à l’alimentation », je travaille dans le cadre de mon mémoire de M1 sur les algues alimentaires, leur consommation, leur production. Je vous remercie de me consacrer du temps pour répondre à mes questions et vous assure déjà l’anonymat de vos réponses. Afin de mieux retenir et retranscrire vos propos, je souhaiterai enregistrer l’entretien. Vous pourriez bien sûr accéder ensuite à la retranscription complète de l’entretien si vous le souhaitez. Thème Présentation Objectifs Savoir à qui nous nous adressons Questions Relance Pouvez-vous vous D’où présenter, en quoi vous ? Quel est consiste votre métier ? votre Remarque venezparcours professionnel ? Savez-vous les quantités consommés Les algues : La production & consommation en France ? Qui s’y Connaître la intéresse ? Depuis situation actuelle quand l’algue est consommée, comment ça a évolué et comment ça évolue ? 103 Quels sont les Quel avantage ? Nutriments ? principaux avantages de protéines consommer des algues ? ? fibres ?... Des inconvénients ? Y a-t-il une ou des saisons spécifiques aux algues? Sont-elles disponibles toute l’année ? Que pensez-vous du développement de la culture d’algues en France ? Comment ? Par qui ?... La production Comment se situe la France en matière d’exportation? D’importation ? Quelles sont les évolutions à prévoir ? Quels sont les Pb de problèmes ou limites stockage ? De possibles ou conservation ? envisageables à la production d’algues en France ? 104 Certains médecins disent que les algues sont de plus en plus polluées (beaucoup de métaux lourds) quel est votre avis? Selon vous, les gens Sera-t-elle sont-ils prêts à la imposée ? consommer ? Pourquoi ? Adoptée ? Si SI oui, qui ? Comment ? oui Quand ? Où ?... comment ? L’algue un produit d’avenir ? Présentation, occasions de consommer ? Quelles sont selon vous Nous sommes les conditions, ou en facteur de succès/ l’algue 2050, est d’acceptation, pour que omniprésente l’algue devienne un dans les produit de base dans régimes l’alimentation des alimentaire, Français ? que s’est-il passé ? Forme D’après vous, Sous forme de Comment est-ce que légume, sous 105 l’algue doit être forme consommée ? d’extrait ? J’ai pu voir par Des dégustation qu’elles amers, sucré, n’avaient pas toutes le salé ? Sous quelle forme d’utilisation, de consommation goûts goût salé Quels sont les différents goûts ? Consommez-vous Fréquence de consommation régulièrement des algues ? Les algues : l’acceptation par la population Qui participe à vos Touristes, sorties algues, ateliers professionnels cuisine, cours sur les ? algues? Les gens connaissent t’ils bien l’algue ou bien estce totalement une découverte ? 106 Vous organisez des sorties « algues » avec des ateliers cuisine et de dégustation. Participezvous à des évènements Avis du public, réaction des gens comme par exemple, Festiv’Alg ? Quelle est la réaction du public en voyant les algues ? Sontils curieux ou bien sontils réticents? Comment dépasser les éventuels préjugés négatifs ? Avez-vous des choses à La ajouter ? consommatio n d’algue alimentaire, Conclusion une conformité dans le modèle alimentaire de demain ? 107 B.Guide d’entretien n°2 Spécialiste des algues alimentaires Identité : Présidente de l’association les « croqueuse d’algue », spécialiste des algues Lieu et date : 15/01/2015 Entrée en matière : Bonjour, cette année je suis en master alimentation à l’ISTHIA à Toulouse parcours « sciences sociales appliquées à l’alimentation », je travaille du coup dans le cadre de mon mémoire de M1 sur les algues alimentaires, leur consommation, leur production. Merci de me consacrer du temps pour répondre à mes questions et vous assure déjà l’anonymat de vos réponses. Afin de mieux retenir et retranscrire vos propos, je souhaiterais enregistrer l’entretien. Vous pourriez bien sûr accéder ensuite à la retranscription complète de l’entretien si vous le souhaitez. Thème Objectifs Questions Relance Je sais que vous être D’où présidente de vous ? Quel est l’association « les croqueuses d’algues » votre Remarque venezparcours professionnel ? quel est le but de cette association ? Présentation Savoir à qui nous Depuis quand est- nous adressons elle créée ? Qui participe à cette association (producteurs ?...) ? Et vous, particulièrement, quel est votre rôle ? 108 Ce qui nous emmène à la question : Comment avez-vous découvert la consommation d’algues ? Connaître la situation actuelle La consommation en Profil des France ne cesse de consommateu croitre notamment rs (âge, sexe) en Bretagne Qui s’y intéresse ? Depuis quand ? Comment ça évolue ? Les algues : production et consommation Des médecins disent que les algues sont polluées (beaucoup Algue et pollution ? de métaux lourds) quel est votre avis? Y a-t-il une ou des saisons spécifiques à La production la récolte, production d’algues? 109 Sont-elles disponibles toute l’année ? Que pensez-vous du développement de la culture d’algues en France ? Comment ? Par qui ? Où ?... Comment se situe la France en matière d’exportation d’algues ? D’importation d’algues ? Quelles sont les évolutions à prévoir ? Quels sont les Pb de problèmes ou stockage ? De limites possibles ou conservation ? envisageables à la production d’algues en France ? L’algue un produit d’avenir ? Selon vous, les gens Sera-t-elle sont-ils prêts à la imposée consommer ? Adoptée ? Si Pourquoi ? SI oui, oui ? comment ? 110 qui ? Comment ? Quand ? Où ?... Présentation, occasions de consommer ? Sous quelle forme Forme d’utilisation, de consommation Quels sont, Sous forme de ou pourraient légume, être, les forme modes de d’extrait ? préparation culinaire des algues ? Y a-t-il des différences au niveau gustatif ? Qui participe à vos sorties algues, ateliers cuisine? Les algues : leur Visites et ateliers Généralement acceptation culinaires , les gens connaissentils bien l’algue ou bien estce une découverte ? 111 sous A quelle fréquence à peu près Fréquence de consommez-vous des consommation algues ? Festiv’Alg ? Q uelle est la Vous organisez des sorties « algues » avec des ateliers cuisine et de dégustation. Participez-vous à des évènements comme par exemple, Avis du public, réaction des gens réaction du public en voyant les algues ? Sontils curieux ou bien sont-ils réticents? Comment dépasser les éventuels préjugés négatifs ? Conclusion Avez-vous des choses La consommation à ajouter ? d’algue alimentaire, une conformité dans le modèle alimentaire de demain ? 112 C.Guide d’entretien n°3 Les algues alimentaires au Japon Identité : Responsable de la section Japonais de l’université Jean-Jaurès Lieu et date : 05/03/2015 12H30, bâtiment LA 358, bâtiment 31 Entrée en matière : Bonjour je suis Jeanne TANTOT, élève en master alimentation à l’ISTHIA parcours « sciences sociales appliquées à l’alimentation », je travaille dans le cadre de mon mémoire de M1 sur les algues alimentaires, leur consommation, leur production. Je vous remercie de me consacrer du temps pour répondre à mes questions et vous assure déjà l’anonymat de vos réponses. Afin de mieux retenir et retranscrire vos propos, je souhaiterais enregistrer l’entretien. Vous pourriez bien sûr accéder ensuite à la retranscription complète de l’entretien si vous le souhaitez. Et je vous passerai si vous le souhaitez mon mémoire lorsqu’il sera rédigé. Thème Objectifs Questions Pouvez-vous Relance Remarque vous D’où présenter brièvement ? venez- vous ? Depuis combien de temps êtes-vous Présentation Savoir à qui nous en France Quel nous adressons est votre parcours professionnel ? Pourquoi venir en France Les pratiques alimentaires de manière générale L’alimentation de manière générale Comment voyez-vous Vous mangez l’alimentation ? dans dès que vous votre pays ? avez faim ? Ou il 113 y a des horaires imposés Qu’est-ce que pour vous Quel Qu’est-ce que bien bien manger manger ? est Plaisir= Au l’importance du Sensation plaisir Japon ? dans agréable. l’alimentation ? Quel est votre rapport à Est-ce pour me l’aliment qu’un ? Qu’est-ce nourrir ? aliment pour Ya-t-il vous ? Rapport à des significations? l’alimentation (pain = vie) Ya-t-il des choses qui Porc ? Insectes ? sont interdites consommation Comestible ? à ? la Dimension Des biologique/ tabous Si oui, Social/ pour Symbolique quelle raison ? Le L’importance goût goût a-t-il une Salé, du importance ? Si oui quel amer, sucré, Acide, et le goût en général le umami… plus apprécié ? 114 La prise alimentaire est- Un évènement Repas : Prise elle comme en France caractéristique alimentaire ré c’est-à-dire basée sur des alisée repas ? Y a-t-il des fois, selon un collations rythme ? Du « grignotage » ? Est-ce, Temporalité de la prise alimentaire Mode commun, valorisé ou au contraire mal vu ? une régulier, Y a-t-il un mot qui le défini ? codifié, régulé, planifié… Mis en avant ou de caché ? consommation Combien y a-t-il de prises alimentaires par jour ? Je suppose qu’il y a- des Mange-t-on Comportement manières à table, des avec lors d’une prise façons de se comporter ? baguettes, alimentaire Quelles sont-elles ? doigts, des les des couverts ? Comment se compose un repas, un plat ? Y a-til Les formes de prises alimentaires La composition des éléments considérés principaux, secondaires ? Si oui lesquels ? 115 Y a-t-il un Tout en même rythme imposé lors d’un temps, dans des plats repas ? séparés, dans un même La structure plat. Succession de plats différents ? Où consomme-t-on les aliments dans la plupart Lieu et horaire des cas ? Et avec qui ? Y a-t-il des mythes des Des Comporteme symboles qui influent les représentations, nt = Actes, comportements alimenta des actions, des action, ires? actes, des réaction pour pratiques une situation particulières donnée concernant les Influence Rôle de la culture culture de sur la les comportements Dinde alimentaires symbole de noël pratiques alimentaires Y a-t-il des valeurs, des Des normes concernant comportements alimentaires? lesquelles ? principes Pas de viande définis intégrés, des le vendredi les codes, des règles qui définissent Si oui les comportements alimentaires 116 Cuisiner a-t-il une Cuisiner signification ? Si oui, apporte- il une notion pourquoi ? d’identité ? Rôle de la cuisine Le culinaire Il y a-t-il un degré Comment sont présentés d’élaboration ? les aliments ? A la maison ? Au restaurant ? Les restaurants dits Sont-elles japonais proposant des pareils au sushis en France ne Japon ? cessent de se multiplier Standardisation depuis ces 10 dernières années. Qu’est-ce que vous en pensez ? Exportation de la Les culture japonaise France sushis en Qu’est ce qui a fait selon Des nouvelles vous son succès soudain saveurs, des nouveaux en France ? goûts… Depuis votre arrivée en France, évolué cela ? Si a-t-il oui, comment ? 117 Consommez-vous des algues ? Qu’elle est votre fréquence de consommation moyenne ? Aimez-vous ça ? Quelles sont les espèces que vous consommez ? Wakamé, Nori ? Comment savez-vous si les Origine(s) algues qui sont Transmission comestibles ? par les parents ? Les ou algues alimentaires autre (si autre, qui ? et au comment c’est japon transmis ? D’où viennent-elles ? Au Japon Sont-elles importées ? En France Sont-elles locales ? Culture Récolte ? Comment sont-elles Leur image vues ? Perçues ? Leur consommation 118 Comment sont Soupe, tartare, présentées les algues chips, salade ? lors de leur consommation ? Savez-vous si les algues Gélifiant sont utilisées pour Carburant ? autres choses ? QUI consomme des algues ? Quand sont-elles Le consommées, matin, le soir ? Un évènement particulier ? Où sont-elles Restaurant, consommées ? domicile Avec qui elles sont consommées ? 119 Pour vous, les algues ont- Un aspect elles un /des goût(s) particulier ? particulier(s) ? Le goût Doivent-elles avoir un gout particulier pour être appréciée ? Comment vues, sont-elles ont-elles une Leur image, leur signification signification particulière ? Symboliset-elle quelque chose ? Si oui, pourquoi ? Comment voyez-vous la consommation d’algue en France évolution ? ? Son Ses perspectives d’évolution ? Les algues Leur alimentaires France en consommation en France Consommez-vous les algues en vendues France Importez-vous des algues du Japon ? Quelques choses Algues ou modèle à rajouter ? alimentaire L’évolution de l’algue alimentaire en 120 France et dans le Monde ? D.Guide d’entretien n°4 Un producteur de spiruline Identité : Chargée de mission Marketing et de communication Alg&You Lieu et date : 10/02/2015 à la Serre, 27 bis allées Maurice Sarraut 31000 TOULOUSE Entrée en matière : Bonjour je suis Jeanne TANTOT, élève en master alimentation à l’ISTHIA parcours « sciences sociales appliquées à l’alimentation », je travaille dans le cadre de mon mémoire de M1 sur les algues alimentaires, leur consommation, leur production. J’ai entendu parler de votre entreprise à la table ronde « Transition alimentaire : pourra-t-on éviter le grand carnage ? » organisé par l’ENSAT le 07/01 dernier (en présence de Jean Pierre Poulain, M Martin-Predel et S Michel) Je vous remercie de me consacrer du temps pour répondre à mes questions. Je vous assure déjà l’anonymat de vos réponses. Afin de mieux retenir et retranscrire vos propos, je souhaiterai enregistrer l’entretien. Vous pourriez bien sûr accéder ensuite à la retranscription complète de l’entretien si vous le souhaitez. Et je vous passerai si vous le souhaitez mon mémoire lorsqu’il sera rédigé. Thème Objectifs Questions Relance Remarq ue Pouvez-vous - Découvrir présenter de manière l’entreprise et générale le concept - Présentation savoir à qui nous nous adressons d’Alg&You ? - D’où vient cette idée de concept ? Pq son nom ? Combien de temps entre l’idée du concept et la création de la PME Sa structure 5f Vos atouts Vos objectifs, développement du concept pour d’autres variétés d’algues ? 121 Pouvez-vous vous présenter, en quoi consiste votre métier Pouvez-vous m’expliquer le principe de la D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ? - Quel est le but ? Quelles sont les avantages Qui s’y intéresse ? Quels sont les coûts ? « phytotière » Si pas répondu dans la question du haut : Activité, d’où vient l’idée de la Combien de temps phytotière ? faut-il attendre pour pouvoir la consommer ? Comment est-elle récoltée ? Vendez-vous aussi de la spiruline ? La spiruline : consommati Connaître la La consommation en situation France de spiruline actuelle ne cesse de croitre : 122 on et - production - Avez-vous une idée sur les quantités de spiruline consommées en France ? Qui s’y intéresse ? Depuis quand ? Quelle évolution jusqu’à aujourd’hui ? Comment ça évolue ? La spiruline se développe grâce à la lumière via la photosynthèse ainsi qu’en transformant le CO2 en oxygène. Elle participe donc à la purification de l'air La production ambiant. Est-elle de spiruline réalisée toute l’année, Y a-t-il une ou des saisons spécifiques à la culture de spiruline? Lumière suffisante, ensoleillement ? 123 Que pensez-vous du Y a-t-il de la concurrence avec développement de la l’Europe, l’Afrique (beaucoup de culture de spiruline ferme), l’Asie en France ? Comment ? Où ? Par qui ?... Comment se situe la France en matière d’exportation ? D’importation ? Quelles sont les évolutions à prévoir ? Une fois récoltée, Pb de stockage quelles sont les conservation ? ? De traitements réalisés sur les algues? (séchage, déshydrat ation...) Comment et où sontelles stockées, conservées ? Combien de temps peut-on les conserver? Quel(s) Quels sont les Nutriments avantage(s) ? principaux avantages fibres ?... ? protéines ? 124 de consommer de la spiruline ? Des inconvénients ? De nombreux Un outil contre la dénutrition ? spécialistes pensent que la spiruline est une source de protéine unique mais qui ne peut pas remplacer la viande et ne peut qu’être utilisé comme complément alimentaire. Partagez-vous cet avis ? Des médecins disent que les algues sont Algues et pollution polluées (beaucoup de métaux lourds), la spiruline est-elle concernée, quel est votre avis? Selon vous, les gens Sera-t-elle imposée ? Adoptée ? sont-ils prêts à la Si oui comment ? (élargir aux L’algue un consommer ? algues en générales) produit Pourquoi ? Si oui, d’avenir ? qui ? Comment ? Quand ? Où ?... 125 Les gens connaissent Présentation, t’ils bien la spiruline consommer ? occasions de au moment d’achat ou bien est-ce une découverte ? Quelles sont selon Nous sommes en 2050, l’algue vous les conditions, est ou facteur de régimes alimentaire, que s’est-il succès/ passé ? omniprésente dans les d’acceptation, pour que l’algue devienne un produit de base dans l’alimentation des Français ? Apprécié ou gênant ? Un goût ? La spiruline a-t-elle un goût particulier? Quel est votre avis ? Participez-vous à des salons, organisez- Intérêt de la vous des spiruline dégustations, des Avis du public, présentations de la réaction des culture de spiruline ? gens Si oui ? Savez-vous quelle est la réaction du public en voyant la spiruline ? Sont-ils curieux ou bien 126 sont-ils réticents ? Comment vaincre les aprioris ? Avez-vous des choses Un intérêt croissant pour les à ajouter ? algues alimentaires. conformité dans le Une modèle alimentaire de demain ? 127 E.Guide d’entretien n° 5 Un industriel utilisant des algues alimentaires Identité : Industriel fabriquant des biscuits aux algues Lieu et date : 17/02/2015 par téléphone Entrée en matière : Bonjour, cette année je suis en master alimentation à l’ISTHIA à Toulouse parcours « sciences sociales appliquées à l’alimentation », je travaille du coup dans le cadre de mon mémoire de M1 sur les algues alimentaires, leur consommation, leur acceptation. Je vous remercie de me consacrer du temps pour répondre à mes questions. Je vous assure déjà l’anonymat de vos réponses. Afin de mieux retenir et retranscrire vos propos, je souhaiterais enregistrer l’entretien. Vous pourriez bien sûr accéder ensuite à la retranscription complète de l’entretien si vous le souhaitez. Et je vous passerai si vous le souhaitez mon mémoire lorsqu’il sera rédigé. Thème Objectifs Questions Relance ue Pouvez-vous présenter de manière générale la société Découvrir Présentation de la société Remarq l’entreprise savoir à nous adressons et Tiboom qui nous Pouvez-vous vous - présenter, qu’elle est votre rôle D’où vient cette idée de concept ? Pq son nom ? Combien de temps entre l’idée du concept et la création de la PME Sa structure Vos atouts Vos objectifs D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ? dans l’entreprise. 128 J’ai vu que sur votre site internet, vos DLUO ? Avantage(s) inconvénient(s) et galettes étaient chauffées à température basse pour assurer la conservation des qualités nutritionnelles et gustatives. Combien de temps le produit se conserve ? Les Tiboom galettes A quel(s) public(s) est destiné vos Sportif ? Grand public ? Végétarien ? Vegan ? produits ? Qui en consomment le plus ? Comment vous positionnez vous ? En gamme de prix, comment Aliments santé Intérêt croissant des aliments santé ? Haut de gamme ? vous positionnez-vous ? Comment sont-elles vendues ? En grande quantité ? Par lot ? En vrac? 129 Quels sont les points de ventes ? Ou sont- GMS, Magasins spécialisés, internet ? elles vendues le plus ? est/sont l’intérêt(s) d’utiliser Quel(s) les algues ? Pourquoi Intérêt(s) ce choix ? Y des - a-t-il inconvénients - d’utiliser l’algue Utilisation de l’algue D’où viennent vos algues ? Origine(s) Intérêt de la Dulse (compo, goût) Intérêt de la spiruline Intérêt de la Nori Envisagez-vous l’utilisation d’autres algues ? Subissent-elles traitement Difficultés d’utilisation (contraintes techniques) Refus des consommateurs Goût(s) gênants ? Autres Locale, culture, récolte Ont-elles un label ? Utilisation sous forme fraiche ? Déshydratée ? un avant réception ? Uniquement utilisation Traitement si d’algue fraiche : 130 Comment la stockezvous ? Ou la stockezvous ? Combien de temps pouvez-vous la conserver ? Sinon : Comment l’utilisez-vous ? Combien quantité de utilisez- - Quelles proportions ? Pourquoi ces proportions ? vous par an ? Que pensez-vous du développement de la Favorable Limité consommation d’algue en France ? Les algues en France Savez-vous combien d’industriels l’utilisent Les algues en aussi leurs - : recettes ? France forme(s) dans de consommation Selon vous, les gens sont-ils prêts à la consommer ? Pourquoi ? Si oui, Pour quel type d’alimentation ? Comment il l’a présente aux consommateurs ? Sera-t-elle reconnue comme légume, comme condiment ? Ou sera-t-elle utilisée sous forme d’extrait sous forme cachée, mélangée avec d’autres produits qui ? Comment ? Quand ? Où ?... 131 des - Faites-vous dégustations Stratégie commerciale ? Comment présentez- vous vos galettes aux Dites – vous qu’elles contiennent des algues ? Est-ce un argument vendeur Ou dites-vous uniquement l’intérêt du biscuit ? algues ? Les gens réagissent- ils Réactions à la présence - des d’algue ? Réticences ? Comment les surmontez-vous ? Comment vaincre les aprioris ? gens Comment ? Pourquoi ? Qui ? Acceptation Les gens connaissent - de l’algue Connaissances des algues t’ils bien l’algue lors de Autre que japonais ? les produits l’achat des biscuits ? ou bien est-ce une découverte ? Quelles sont selon Nous sommes en 2050, l’algue vous les conditions, est Acceptation dans omniprésente dans les ou facteur de succès/ régimes alimentaire, que s’est-il notre d’acceptation, pour passé ? modèle que l’algue devienne alimentaire un produit de base dans l’alimentation des Français ? Avez-vous choses à ajouter ? des Un intérêt croissant pour les algues alimentaires. conformité dans le Une modèle alimentaire de demain ? 132 F.Guide d’entretien n° 6 Une ethnologue animatrice à l’écomusée de Plouguerneau Identité : Ethnologue animatrice de l’écomusée, le Musée des Goémoniers et de l’algue de Plouguerneau. Lieu et date : 19/02/2015 à Plouguerneau Entrée en matière : Bonjour je suis Jeanne TANTOT, élève en master alimentation à l’Isthia parcours « sciences sociales appliquées à l’alimentation », je travaille dans le cadre de mon mémoire de M1 sur les algues alimentaires, leur consommation, leur acceptation Je vous remercie de me consacrer du temps pour répondre à mes questions. Je vous assure déjà l’anonymat de vos réponses. Afin de mieux retenir et retranscrire vos propos, je souhaiterais enregistrer l’entretien. Vous pourriez bien sûr accéder ensuite à la retranscription complète de l’entretien si vous le souhaitez. Et je vous passerai si vous le souhaitez mon mémoire lorsqu’il sera rédigé. Thème Objectifs Questions Relance ue Pouvez-vous présenter de manière générale le musée Présentation Le musée en de la société Remarq général Pouvez-vous rôle - vous - présenter, qu’elle est votre - Depuis quand existe-il ? Son but Pq faire un musée sur l’algue Ce que vous proposez Son organisation (financement) Sa fréquentation : type et ouvert toute l’année Vos atouts Des objectifs D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ? dans l’entreprise. 133 Comment avez-vous découvert les algues ? (aimez-vous ça ?) Quels sont les types Avis du public d’animations que vous proposez ? Pour qui ? Les animations Vendez-vous des Les gens connaissent t’ils bien la algues ? Si oui sous spiruline au moment d’achat ou quelles formes bien est-ce une découverte ? Qu’est ce qui se vend le mieux ? La consommation en Profil des consommateurs (âge, France ne cesse de sexe) croitre notamment en Bretagne intéresse Qui ? s’y Depuis quand ? Comment ça Les algues en Générale Connaître la évolue ? situation actuelle Avez-vous une idée sur les quantités consommées en France ? en Bretagne Qui en achète ? Les gens connaissent t’ils 134 bien l’algue au moment d’achat ou bien est-ce une découverte ? Pour le moment, à Y a-t-il de la concurrence avec l'inverse des pays l’Europe, l’Afrique (beaucoup de d'Asie (Chine...), la ferme), l’Asie France récolte surtout les algues mais les cultures restent très limitées. Qu'elles en sont les raisons? Quel est l'avenir de la culture d'algue en France ? Production Comment cela va évoluer ? Y-aura-t-il des limites? Où ? Par qui ?... Comment se situe la France en matière d’exportation ? D’importation ? Quelles sont les évolutions à prévoir ? 135 Que pensez-vous du l’évolution de la consommation Les algues alimentaires en France : forme d’algue en France ? En Bretagne ? Favorable Limité Sous quelle forme sera elle consommée (comme un légume, comme un condiment reconnu, ou comme extrait « anonymé » dans une préparation culinaire ?) (s) de Une différence entre consommation les deux ? Savez-vous combien d’industriels l’utilisent aussi dans leurs recettes ? Organisez-vous - Pour quel type d’alimentation ? Comment il l’a présente aux consommateurs ? Parler du cas des laits végétaux ? des dégustations? Si oui ? Savez-vous Avis du public, quelle est la réaction réaction gens des du public en voyant les algues ? Sont-ils curieux ou bien sontils réticents ? Comment vaincre les aprioris ? Quelles sont selon Nous sommes en 2050, l’algue vous les conditions, est omniprésente dans les ou facteur de succès/ d’acceptation, pour 136 que l’algue devienne régimes alimentaire, que s’est-il un produit de base passé ? dans l’alimentation des Français ? Avez-vous des choses à ajouter ? 137 G.Retranscription entretien n° 1 avec un professeur de cuisine expert de la cuisine sur les algues réalisé le 15/01/2015. Durée : 45 minutes Oui allo ? Moi : Bonjour c’est Jeanne TANTOT, je vous avais envoyé un email par rapport à mon mémoire… Oui oui oui Moi : Sur les algues… Oui ! Alors je vous écoute, allez-y. Vous avez bien fait d’appeler sur ce téléphone, en faites je croyais que c’était hier. Moi : A non désolé, j’avais précisé jeudi dans mon deuxième email, ce n’est pas grave. Ya pas de soucis ? Avez-vous quand même le temps ? Non il n’y a pas de souci, par contre, vous en avez pour combien de temps ? Un petit quart d’heure ? Car j’ai un autre rendez-vous après. Moi : A non un peu plus, c’est un entretien que j’aimerais réaliser, au moins une demi-heure… D’accord ça va le faire, je vous écoute Moi : D’accord donc je me présente, je suis Jeanne TANTOT, je suis en Master Alimentation à Toulouse à l’ISTHIA. Oui… Moi : Donc parcours « sciences sociales appliquées à l’alimentation », et donc je travaille dans le cadre de mon mémoire sur les algues alimentaires, leur consommation, leur production… D’accord… 138 Moi : Et donc merci, de me consacrer du temps… De rien… Moi : Et donc les réponses seront gardés de manière anonyme et j’aimerais savoir si je peux enregistrer l’entretien pour mieux le retranscrire et pas interpréter une information Oui bien sûr, il n’y a pas de soucis. Moi : Alors, dans un premier temps je vais vous demander de vous présenter, en fait votre rapport avec les algues, après… Oui… Moi : Ensuite je vais vous poser des questions sur les algues d’une manière générale, leur forme de consommation, comment les gens l’accepte et ensuite nous ferons une petite conclusion de tout ça. D’accord Moi : Donc d’abord, j’aimerai savoir qui vous êtes, en quoi consiste votre métier ? Quel est votre rapport avec les algues ? D’accord, alors moi je suis prof de cuisine, déjà donc je suis prof de cuisine en temps normal mais les algues c’est une passion que j’ai depuis 30 ans, en fait à l’origine j’étais cuisinier, je suis toujours cuisinier d’ailleurs sauf que je suis prof de cuisine maintenant… Moi : D’accord J’étais cuisinier sur Paris entre autre et ailleurs enfin bref, donc heu en tant que professionnel entre autre j’ai travaillé avec un Japonais, d’abord à Nice puis à Paris. Ce qui m’a permis de bien le connaitre et d’être ami avec lui. Voila. Donc à partir de ça, j’ai découvert… qu’il mangeait des algues bien sûr et à l’époque chez nous en Bretagne, les algues c’était, c’était, c’était un engrais quoi. Voilà. Euh… et donc quelque part, je pense que ça m’a mis la puce à l’oreille si j’ose dire (rire)…En son temps, du moins, en cette époque-là, à cette époque-là pardon, parce que manger des algues, c’était… On savait que les Japonais en mangeaient mais je ne pensais pas qu’ils pouvaient être aussi accros. En fait il y avait des algues sur Paris, quelques boutiques japonaises. C’était en 1976. Il y 139 avait quelques communautés de Japonais. Ils étaient pas si nombreux que ça, ils faisaient venir des algues. Je crois bien par bateau et ça mettait 2 mois à venir, ou 1 mois, enfin je ne sais plus. Pour lui ça faisait beaucoup. Quand les boutiques recevaient des algues, il recevait un coup de téléphone, à l’époque il n’y avait pas de portables ni rien. Enfin bref, c’était quand même beaucoup plus long que maintenant et quand les magasins en avaient, il fallait qu’il cour pour essayer d’en avoir, du coup il en avait jamais assez, ils n’y en avaient jamais assez. Enfin bref, ils en manquaient. Donc sa mère lui faisait venir des algues du Japon, par courrier, par la poste. Moi : A oui carrément ! Voilà et donc il recevait des colis de temps en temps avec des algues dedans et quand il n’en avait pas, pour moi il était mal quoi. Il était mal, je ne veux pas exagérer mais on sentait qu’il avait un souci, qu’il manquait quelque chose, c’était bizarre. (rire)… Et donc voilà et quand euhhhh il avait les algues, c’était quelque chose, du moins c’était plus le même, il était dans son élément. Et moi ça m’a fait penser un petit peu, lors des missions lorsqu’on faisait notre service militaire, on recevait des fois des colis avec du pâté henaff. Si vous voyez ce que c’est du pâté henaff, c’est un pâté particulier qui est fait en Bretagne… Moi : Oui bien sure C’est un pâté qui est très connu pour nous les Bretons, que tout le monde connais. Moi : Oui je connais j’ai vécu un an en Bretagne. A bon ? Moi : Oui je connais un peu la région, vers Quimper A oui c’est pas très loi, moi je suis de Treglonou aussi dans le Finistère et donc quand on recevait du pâté, ça me faisait un peu penser à ça, le pâté c’était un attachement à notre terroir si j’ose dire, et lui c’était pareil en fait. Moi je voyais, c’est-à-dire… euh cette attache, les algues comme on avait avec le pâté. Voyons les choses simplement. Sauf que c’est pas 50% de matière grasse. On est pas dépendant du pâté henaff quand même… (rire). Moi : (rire) oui tout à fait 140 Voilà, (tousse), donc c’est ça un peu la base, le point d’interrogation qui a lancé cette passion. Je me suis questionné sur pourquoi, ou il en mange et pas nous. Et donc j’ai eu l’occasion… Par curiosité, comme j’étais bien ami avec lui, il m’a dit un jour, « viens manger à la maison, je te ferai voir ». Du coup il m’a fait voir. Il m’a fait goûter du Kombu, du Wakamé à l’époque, j’avais trouvé ça vraiment pas bon, vraiment pas bon, j’ai pas aimé du tout mais du tout, oui il me mange, il me mange de manière, euh…comment dire, pas trop cuit, assez ferme et nous on est pas capable, on arrivait pas surtout à l’époque à mordre là-dedans car c’était carrément du cuir quoi… (rire)… Moi : Oui c’est solide quoi, d’après ce que j’ai pu voir... Mais euh, avec lui j’étais carrément allé manger dans un restaurant à l’époque des Sushi Maki, dans un restaurant japonais, là on a eu aussi une autre approche sur les algues, on a discuté avec des Japonais qui nous ont fait voir d’autre type d’algues. Les sushi et les makis c’est une chose mais ils nous avaient parlé des algues autrement. Donc voilà, ça c’est un peu les premières couches on va dire, de mon point d’interrogation, de ma question. C’est à partir de ça que j’ai creusé. Plus tard, quand je suis revenu en Bretagne... Moi : Oui... Et la… J’ai… Avec mes élèves, donc après j’étais prof quoi, déjà quand je travaillais en Bretagne, il y avait une entreprise de pâté hennaff, de pâté hennaff, euh non de charcuterie… (rire) plutôt, industriel, c’est pas du pâté hennaff qui elle commercialisait de la charcuterie… Et qui… La charcuterie commençait à baisser, la vente de charcuterie commençait à baisser parce que, parce qu’on savait qu’il y avait 50% de matière grasse à l’époque, c’est énorme… Moi : A oui Et donc ce charcutier la, il a eu la bonne idée, plutôt cet industriel parce que c’était un industriel, de mettre des algues dans son pâté, si j’ose dire. Donc il mettait en avant que c’était un pâté qui avait beaucoup mois de matière grasse car et pour cause il avait des algues dedans. Mais bon ça a pas marché car ça c’était en 1978. Il était trop tôt quoi. Voilà Moi : A oui d’accord ça a pas marché du tout, parce que les gens n’étaient pas du tout dessus… n’étaient pas du tout concernés quoi… Maintenant je sais depuis que c’est beaucoup plus long que ça… (rire) Avant de 141 changer les habitudes alimentaires… Et donc après arrivé… j’ai commencé l’enseignement en 1979, le temps d’être plus à l’aise avec les élèves tout ça… Donc en 1980 et quelques, j’ai commencé à faire des sorties découvertes sur les algues et j’ai profité d’un algologue à l’époque c’était le professeur Chassi à Brest (UBO) et à Paris de L’IPE, professeur de l’IPE, qui doit être directeur de la maison des plantes à Paris. Qui était à Paris 6 et qui s’occupait aussi d’un groupe d’élève. Moi : D’accord Et donc avec eux… Donc j’ai vu un peu ce qu’était une algue mais pas… Pas au microscope comme ils font avec leur élève, parce que ça ne m’intéressais pas. Ce que c’était une algue, du moins les différentes variétés que l’on pouvait éventuellement manger et à partir de ça, moi je voyais ce qu’on pouvait en faire et je voyais, du moins on a pu faire un échange de procédé. Il me donnait toute les espèces que l’on pouvait manger même si elle n’était pas encore autorisé en alimentaire à l’époque. Elles ont été autorisées beaucoup plus tard… Moi : Oui, c’est ce que j’avais vu, ouais Et donc à partir de ça, m’enfin voilà ça fait un échange de bon procédé et puis pour moi j’étais sure de la base quoi. Parce que manger des algues c’est bien… moi au début je testais sans savoir si c’était bon. J’en mangeais tous les dimanches pour voir. Tous les lundis je me disais c’est bon (rire). Mais non il n’y avait pas de risque je le savais déjà. Je pensais que certaines auraient pu avoir des effets ? Mais non il n’ y a pas eu d’effets… Moi : (rire) tant mieux, ok Voilà et donc, beaucoup plus tard, donc le Ceva, à Pleuvian Moi : Oui Qui légalisé la euh, a fait autoriser, je crois que c’est par un communiqué de la médecine, je crois quelque chose comme ça, enfin peut être que ça à un autre nom, enfin c’est quelque chose comme ça, 12 algues à l’époque, c’est 13 maintenant, je sais même pas laquelle c’est la 13ème parce que euh… Bref. Il a donc légalisé 12 algues pour la commercialisation. Parce que juste là, le particulier il pouvait seulement le manger mais pas le droit de le commercialiser. Ok Donc voilà un petit peu… Ok, et bien merci. Donc après… 142 Ça c’est le démarrage, Moi : Ok, donc après je voulais connaître la situation actuelle. Savez-vous à peu près les quantités qui sont consommées en France ou… ? Alors ça, vous allez me ré-envoyer votre mail, je vais vous envoyer quelque chose de plus intéressant pour vous, vous en ferez bon usage car c’est en interne avec la profession, j’ai eu ça moi normalement j’ai même pas accès normalement. C’est surtout pour les professionnels… Moi : ok merci beaucoup… Mais euh… je vais vous envoyer ça, ils ont fait des études sur la consommation d’algue. Ça montre bien la consommation d’algue sur les grandes villes Paris etc… Même Brest il est bien placé pourtant, on est pas en tête du tout. Mais par contre quand même ça a été multiplié par 10 depuis quelques années. On mange… les gens sont beaucoup plus intéressés aux algues qu’avant… Moi : Tout à fait, d’ailleurs quand j’étais en Bretagne, c’était le sujet de nos cours. Ils ont ouvert une formation je crois à Guingamp aussi. Oui j’ai vu ça en diététique, ils ont rajoutés des algues, voilà oui oui oui j’ai vu ça oui. Moi : Donc je voulais savoir aussi, qui s’y intéresse aux algues ? C’est quel genre de personne qui en consomme ? (Tousse) Alors, aujourd’hui, alors moi je fais des sorties, alors euh voilà, les algues j’ai sorti 3 bouquins, vous pouvez aller sur un nouveau site que j’ai fait à peu comme l’autre mais présenté différemment, le contenu n’est pas tout à fait le même, c’est cuisineauxalgues.bzh tout attaché quoi. C’est nouveau ce sont des chefs qui m’ont obligé à le mettre en place. Euh donc dans la foulée j’ai fait 3 livres de cuisine pour répondre à la demande, comment on les travaille. Le troisième vient de sortir, je l’ai sorti au mois de juin là. Et la euhhhhhhhhhhhhh voilà donc ça c’est, et donc oui je fais des sorties découvertes pour savoir, je pars sur l’estran avec un groupe d’une dizaine de personne, on va découvrir les différentes algues, les identifier et les récolter, puis depuis un an, enfin déjà je le faisais a titre associatif donc depuis 3 ans, je le faisais à Plelo et Treveuneuc… Je faisais au début un petit repas avec et puis avec les normes européenne on ne pouvait plus le faire, enfin bref on fait plus un petit casse-croute, une dégustation. Depuis 3 ans, 5 ans maintenant j’ai remis en place un autre système, une cuisine ou on travaille les algues. On fait un repas complet quoi… 143 Moi : Ok d’accord… et donc qui consomment les algues Alors qui sont, qui sont les gens qui consomment les algues. Alors il y a, il y a, les premiers c’était des baba cools on va dire… Beaucoup de jeunes chevelus, c’est pas le problème un ? (rire). Ce sont des jeunes qui étaient curieux, qui était proche de la nature un ? Qui s’y intéressé. Ça c’est dans un premier temps puis, dans un deuxième temps. Ça été les… gens d’un certain âge qui avait les moyens, une certaine curiosité et la maintenant c’est du tout public, on a un mélange de jeune et de moins jeune... Y’avait toute une génération qui est partie. C’était une génération qui bloquait. Du moins sans leur en vouloir, la génération qui a connu la guerre, elle est plus là et ceux-là quand on leur disait de manger des algues… surtout en Bretagne pour eux c’était manger du goémon. C’était assez, c’était assez, pour eux c’était assez… ça leur rappelait des mauvaises périodes quoi voilà. Moi : D’accord Donc voilà maintenant c’est assez ouvert au public et ça évolue dans le bon sens, parce que la maintenant, on a, on a affaire à …on a beaucoup de gens qui veulent les ramasser et les travailler après eux même, il y en a qui font leur propre bocaux, leur propre conserve. Moi : Ah ok, il y a plus de connaisseurs quoi. Il y a de plus en plus de connaisseurs et de curieux mais y a comment je veux dire il y a eu des demandes. En fait les gens se demande, il cherche, avec tout ce qu’on voit, les cochonneries qu’on peut avoir, qu’on peut manger dans le poisson, le saumon ou ailleurs. Les gens cherchent, euh, il cherche à savoir la vérité un peu plus et même pouvoir se nourrir avec ce qui peuvent trouver comme meilleure alternative. Moi : D’accord Peut-être pas à 100% mais, comment on appelle ça quand on … Je sais plus c’est un mot, quand on va ramasser les… Ramasser les champignons, ramasser les algues… Ramasser différentes choses, bon euh je sais plus, bon c’est pas grave. Moi : C’est la cueillette non ? Oui voilà 144 Moi : Euh, donc du coup ça évolue positivement la consommation d’algue ? A oui oui oui, pour moi c’est clair, oui oui très positivement, parce que moi j’avais commencé dans mes cours, je me disais je ne vais pas faire que les algues, parce que que les algues, quand j’ai recommencé, du moins j’ai jamais arrêté, mais quand j’ai commencé à être auto-entrepreneur il y a 5 ans. Je faisais des cours de cuisine aux algues et des cours de cuisine normaux. En fait, puis je me suis aperçu que c’était surtout les algues qui étaient demandés. Les gens m’ont collé une étiquette algues dont je ne m’en sors pas. Mais bon, je vais pas m’en plaindre un, je vais pas m’en plaindre un ? (rire). Quand je leur dit que je veux faire du foie gras, y a d’autre gens intéressés. (rire) Et quand je propose un stage foie gras il y aura du monde mais quand même beaucoup moins que pour les algues. Pour les algues à chaque fois je dois refuser du monde… Moi : Ah c’est super ça ! Donc pour vous, quelles sont les principaux avantages de consommer des algues ? Alors, déjà en tant que Breton Pur, en fait ça concerne que nous les Bretons c’est qu’on a un produit de terroir, un produit de terroir Breton, pour tout le monde ça peut être un produit de terroir breton. Moi : Ah intéressant ! Parce que 90 à 85% de la production vient du Finistère Nord. Moi : Quand vous dites production, Vous sous entendez culture ? Non on fait plutôt de la récolte nous contrairement à l’Asie. Sinon, un autre avantage autre que ce soit un produit de terroir ça c’est la première chose. Deuxième chose c’est qu’on a quand même affaire à un produit qui contient des fibres, des protéines, qui contient très peu de graisse et de sucre donc euh, ce qui est vraiment intéressant. C’est qu’il y a plein d’oligo-éléments, des minéraux etc… Moi : D’accord. Et il aurait des inconvénients ou bien ? Ou pas ? Il y a des gens qui sont allergiques à l’Iode et il y en a beaucoup dans les algues quand même… Moi : Oui… 145 Et puis et puis, pareil c’est pas bon pour les insuffisant rénaux et les gens qui ont un problème avec le goitre de par leur concentration en iode et en sodium. A oui et puis surtout, pour ceux qui ont aussi un problème de thyroïde. Moi : J’en reviens à dire, que j’ai vu que beaucoup de médecins, de textes qui disait que les algues étaient de plus en plus polluées, notamment avec les métaux lourds, vous en pensez quoi ça, de ça ? J’en doute bien, j’ai pas d’analyse, j’ai pas d’analyse un? Mais euh (il souffle), je pense que, je pense qu’on a qu’on va aussi, que si les gens se mette à manger des algues au lieu de manger des légumes, il faut bien que les marchands de légumes ce défendent. Moi : Partout j’ai l’impression que c’est… Oui, mais bon… Je pense qu’on en est pas là mais y a des métaux lourds c’est clair, il y en a. Maintenant, peut-être pas autant, il y a quand même des analyses qui sont faites par le Céva de Pleubian entre autre, il y un lien sur mon site vers le Céva de Pleubian. Je sais pas si vous êtes déjà allé sur le site du Céva, sur les algues. Moi : Si Oui oui… Toutes les algues comestibles sont présentées. Moi : Oui je l’ai lu c’est très intéressant Oui, il y a toutes les algues de l’agro-alimentaire Moi : Oui je sais qu’il y a toute les réglementations, j’ai vu qu’il y avait certaines teneurs en métaux lourds et iode, tout est contrôlé en agro-alimentaire. Tout à fait, tout à fait, voilà c’est ça. Donc moi je fais confiance à ces spécialistes donc ils sont là pour régler tout ça pi. Maintenant je ne suis pas devin. Je veux bien croire qu’il y a des métaux lourd il y en a dans la nature. Mais bon, pas plus que dans les légumes peut être... et en plus dans les légumes ou autre y’a autre chose. Beaucoup de chose pour faire pousser notamment les engrais mais y a aussi beaucoup de pesticides (tousse). Voilà quoi. 146 Moi : D’accord. Alors, et est ce qu’il y a des saisons spécifiques aux algues ? Est-ce qu’elles sont disponibles toute l’année, vous les cultivez toute l’année ? A priori sorti du printemps… Sorti de l’hiver pardon et pendant le printemps. C’est les meilleurs périodes. Entre mai et juin quoi. Moi : Ah ok, Donc entre mars et juin ? Voilà mars et juin. Juin c’est avant juillet donc oui. Mars à juin oui je trouve que c’est là que ça donne le meilleur. Moi : Du coup vous ne les récoltez pas toute l’année donc… Si… On fait quand même juillet août et septembre parce qu’il y a quand même de la matière première de qualité que l’on peut avoir, sauf qu’elles sont moins intéressantes certaines. Moi : A bon pourquoi ? L’algue elle pousse beaucoup au mois de mars, elle est plus tendre donc plus intéressante. Arrivé au mois de juin, elle est moins bien, juillet août aussi. Enfin bref, elle est pas non plus… toujours bonne quoi. Moi : D’accord C’est plus les primeurs quoi, c’est plus les primeurs voilà. C’est surtout pour les haricots de mer, les haricots de mer. Arrivé au mois de juin ils deviennent dure, ils sont en période de reproduction donc ils deviennent dure quoi. Moi : D’accord Euh Est-ce que… Que pensez-vous du développement de la culture d’algue en France ? C’est-à-dire… ça a démarré, ça a commencé donc la première algue cultivé ça a été le Wakamé et le Kombu, comme au Japon dans l’estran avec des cordes à Lesconil, des cordages depuis un moment, je crois vers le milieu des années 80, puisque la première algue cultivée c’était le Wakamé. Depuis on est en train de vouloir en cultiver davantage et plus de variété au large de Paimpol et aux alentours. Voilà quoi… Et au sud du Finistère également. Mais là je me demande si on ne met pas la charrue avant les bœufs ou on fait de la culture pour les chinois, les asiatiques je sais pas… 147 Moi : Oui parce que j’ai vu que la culture d’algue était surtout réalisé en Asie qu’était assuré principalement la culture d’algue et très peu de récolte alors qu’en France… C’était relativement très peu développé. Donc… Donc en fait, il y a aussi autre chose, c’est qu’il y a une demande de l’Allemagne et de la Chine. Mais l’Allemagne… En Allemagne il passe de la pub pour manger des algues depuis près, depuis l’année dernière. Et donc les allemands ils sont assez docile contrairement à nous, ils veulent tous des algues ! (rire) Oui j’ai rencontré des allemand il y a pas si longtemps que ça et en plaisantant je leur ai dit « C’est de votre faute si on a plus d’algue parce que vous en voulez tous » et ils m’ont répondu « bin chez nous quand on fait une pub, on l’applique », c’est un peu ça quoi… Donc il y a une demande de l’Allemagne qui est énorme en algue et donc du coup les producteurs fournissent l’Allemagne. Et chez nous les petits producteurs en ont plus !, les petits revendeurs ils en ont plus. Moi : Ah oui d’accord ! Bon c’est pas vrai pour toutes les algues à 100% mais il y a eu ce cas cette année. Moi : D’accord, c’est surprenant Par contre, je pense que la production, la culture qu’on va faire c’est surtout pour la Chine qui est très demandeuse. Et puis les eaux sont certainement plus chargées en métaux lourd chez eux que chez nous. Moi : Oui oui, et vous savez qui à peu près réalise la culture d’algue alimentaire ? Il y a les grosses boîtes, je connais même pas les noms, il y a Cargill et d’autre comme ça, c’est des groupes et qui ont attendu que le travail soit fait pour qu’elles soient autorisées à être incorporés dans l’alimentation en industrie, c’est surtout pour vendre les algues pour leur propriétés de texturants, gélifiantes. C’est Cargill entre autre mais il y en a d’autre. Sur mon site vous pourrez voir ce qui existe ? Les grosses entreprises. Sur ce que je vais vous envoyer il devrait y avoir ça aussi. Moi : Ah ok d’accord mais merci beaucoup. Il y a des endroits, zones particulières déterminées pour ces cultures d’algues ou bien ?... 148 Alors là il faut quand même délimiter un secteur. Le problème qu’on rencontre des qu’on fait quelque chose c’est, c’est mal vu par les autres, il y a toujours des critiques. La bas c’est des pêcheurs en fait, des pécheurs qui freinent la culture d’algue. Moi : Ah ok, donc il y a des zones déterminées ? Alors euh effectivement, il y a des autorisations de la préfecture de de culture d’algue. Et les pêcheurs sont pas d’accord, les pêcheurs trouvent que ça prend de la place, ils peuvent pas pêcher dans ces secteurs-là. Moi : Mmh mais j’ai vu qu’il y avait beaucoup de pêcheur Breton qui se mettait à récolter les algues, par rapport aux limites, aux quotas imposés par l’union européenne ? Ah ça ils ont toujours fait, ils le font depuis longtemps, depuis l’époque du scoubidou. Le scoubidou c’est… Moi : Oui l’appareil qui permet de ramasser les algues de mer plus profonde. Tout à fait, toutes ces algues ramassées de E400 à E407 sont des extraits d’algue alimentaire. Ce sont donc des extraits d’algue… Les carraghénanes, les alginates et puis et voilà. Moi : Oui c’était plus pour la, l’industrie agro-alimentaire, pour les propriétés texturant pas le côté nutritionnel. Pour l’agro-alimentaire voilà c’est ça. Moi : Ok, Euhhh donc comment se situe la France en matière d’exportation à peu près ? Donc elle est bien loin derrière l’Allemagne euh non l’Asie. Ah non non non il a pas de production en Allemagne. On doit être en 4ème nous mais loin loin derrière la Chine et je sais plus lequel, le Japon aussi je crois. C’est sur mon site aussi normalement vous allez trouver ça. Moi : Ok, donc 1er d’Europe donc ? On est 4ème on est pas mal placé je crois. Par contre on tombe vite dans les petits volumes par rapport aux autres… 149 Moi : Oui ça, j’ai pu le voir (rire). Par rapport à l’Asie, on est pas comparable, on est pas compétitif ça c’est sure. Et donc est ce qu’elle importe beaucoup ou pas ? La France, la France, je ne sais pas (tousse) A part l’algue pour faire les sushis les makis, ça je sais qu’on les importe encore, qu’on a pas les techniques, les compétences pour faire sécher les Nori. C’est pas qu’on sait pas c’est qu’on a pas les entreprises pour les faires. Il y a pas une grosse demande. Moi : D’accord Il y a une belle demande mais qui est déjà dans les magasins asiatiques. C’est Tanoshi qui le fait depuis longtemps donc ils sont bien installés. Moi : Vous avez des idées sur les évolutions à prévoir, si ça va augmenter ? Ou bien… ? PL : Moi oui c’est sure, pour moi c’est sure, on va, on va. La grande distribution elle commence à distribuer des algues directement de producteur de petit producteur, pour faire marcher les algues. En parlant de grande distribution, il y a d’ailleurs un patron de grande surface que j’ai rencontré pas pour vendre des algues mais je lui ai dit « C’est dommage que vous en vendez pas » et il m’a dit « Ah mais c’est pas le moment c’est trop tôt ». Et il m’a dit aussi « vous savez, nous on a pas l’habitude de faire la poussière sur les étagères… » Ca veut dire que si on mettait des paquets d’algues dessus ce seraient pas intéressant pour eux. (rire). Ça veut dire que tous les produits c’est fait pour rester deux, trois jours pas plus. Donc les algues c’était pas ça à l’époque c’est sure. C’est toujours pas ça. Mais il a quand même une demande, une demande de plus en plus importante. Je ne connais pas vraiment les tonnages mais il va falloir que vous appeliez un producteur qui pourra vous répondre. Moi : Oui c’est ce que je vais faire, c’est prévu. Et vous savez les problèmes ou limite possible à la production d’algues en France ?... … Moi : Je veux dire s’il existe des problèmes de stockage, de conservation après récolte. Si le produit est fragile et qu’il se dégrade rapidement. 150 Si elle est séché non, elle bouge pas, ça ce conserve très bien sous forme sec. Fraiches ça se conserve très bien au réfrigérateur. Moi : Ok. Alors… Donc pour vous est ce que l’algue est un produit d’avenir ? Donc est ce que les gens sont prêt à en consommer ? Oui, oui oui à oui oui oui Moi : Donc euh comment vous les voyez consommé ? Alors déjà bon, des recettes simples pour commencer et avec des plats cuisinés déjà fait, dans l’avenir ça c’est sure. Parce que en fait les gens euh ils aiment pas cuisiner les choses…Ils cherchent pas la difficulté dans la cuisine et aime bien la rajouter à une préparation. Ils savent pas faire, ils essayent pas, ils essayent plus. Certains le font heureusement mais ils ne cherchent pas la complication. Mais moi dans les gens que j’ai, qui vienne à mes sorties découvertes des algues, ce sont plutôt des gens qui savent cuisiner. Ce sont des gens qui savent cuisiner. Ils sont cuisiniers, enfin ils savent bien cuisinier mais ce ne sont pas des professionnels, c’est là la barrière en fait. Les gens qui savent cuisiner, n’ont pas peur de travailler les algues, sauf ceux qui le sont un peu moins ça c’est un handicap supplémentaire. Moi : D’accord, après coup, les gens la consommeraient, plutôt où ? Du moins plutôt chez eux, au restaurant ? Pour l’instant chez eux, pour les restaurants il y en a peu, il y en a quelques-unes mais il n’y en a peux. Ouais ouai ouai. Il y en a quand même, ça commence. Sur le Finistère il y en a un peu quand même, Côte d’Armor aussi. Mais bon C’est pas, c’est pas, c’est pas énorme. Moi : Ok et donc quand à peu près vous voyez, du moins à quelle moment de la journée l’algue est consommée ? C’est plutôt au repas, à l’apéritif... ? Ouai à l’apéritif, voir un menu buffet avec une entrée à base d’algue, euh… Le soir… Mais avec les sushis… ça c’est purement Japonais hein ? Ça sa marche bien, ça bouge, c’est incroyable, Moi : Oui il y en a de plus en plus C’est incroyable comme ça a accroché. 151 Moi : C’est une alimentation rapide qui, qui est seine donc tout ça, ça plait beaucoup. Donc pour vous elle sera adoptée ou plutôt imposée ? Ah moi je pense qu’il va y avoir des algues de plus en plus, si on projette sur les 15ans à venir les algues et les insectes il y aura les deux. J’espère que ça ira plus vite car sinon je ne verrai pas tout ça de prêt (rire). Moi : Oui mais c’est bien partie pour qu’il y en ait de plus en plus, on en entend de plus en plus parler. Alors on en arrive à la question, qu’elles sont pour vous les conditions du moins les facteurs de succès, d’acceptation, pour que l’algue devienne un produit de base dans l’alimentation des Français ? … Moi : Donc par exemple, nous sommes en 2050, l’algue est présente dans les régimes alimentaires, que s’est-il passé pour en arriver là ? (tousse) Alors dans les régimes alimentaires oui bons. Alors déjà en fait oui, il y a pour l’instant une méconnaissance du produit, parce qu’il y a l’algue verte qui a fait ce qui fallait… Moi : Oui… Oui pour ce faire bien voir elle. Donc l’algue verte qui est, qui est négative et donc les gens en ont retenus que ça. On avait fait une enquête avec une école mais c’est vieux, mais quand on leur parlait des algues aux gens ils pensaient soit à la thalasso soit à la pollution c’est tout. Moi : Ah ok C’est tout, thalasso ou pollution. Elle est mise en valeur par la thalasso mais quand même il y a la pollution derrière. Maintenant il y a la cuisine mais je pense que la pollution elle est bien présente. Il y a toujours thalasso, pollution et cuisine. Sauf que maintenant la cuisine elle est citée alors qu’avant elle l’était pas. Cuisine ou alimentation c’est pareil. Donc il y a une méconnaissance du produit, informer les gens sur le produit, ce que sont les algues, qu’est-ce qu’on peut en faire, et puis pourquoi pas leur faire goûter non ? Il y a tout un travail que je fais depuis pas mal d’année. Depuis par exemple 30 ans mais qui faut continuer, il faut qu’il y est d’autre ambassadeur qui le fasse et que les médias s’en charge, ça commence ils le font hein mais ça il faut donner des 152 informations, aller aux niveaux des gens qui pourront comparer effectivement les poulets élevés en 21jours et des algues élevés sous la mer sans jeu de mot. J’aime les jeux de mot quand même. Moi : (rire) euh donc d’après vous ? (rire) Allo Allo Allo Ah merde j’entends plus Allo… ------------------------- Temps de 20 secondes. Rappelé par Patrick Lerroux Oui excusez-moi ça a coupé hein ? Moi : Oui, donc je vous entendais mais vous ne m’entendiez plus en fait. Ouai oui oui… Moi : Donc j’en arrivais à la question de comment les algues peuvent être consommées ? Sous forme de légumes ou sous forme d’extrait ? Alors moi, je dirais l’algue peut être un légume de mer, ça fait des condiments, c’est-à-dire on va les rajouter dans une préparation donc légume et condiments et en troisième comme épaississant, comme liant lorsqu’on utilise de l’agar agar. L’agar agar par exemple pour remplacer les matières grasses en partie et aussi l’amidon. Ça on le maitrise pas bien encore, l’agar agar parce qu’on sait faire un gel ou autre ça on sait faire car contre moi je sais que comme il commence à geler à 40 et quelques degrés on peut le mettre dans une sauce qui va être servie tiède ou qui va être épaisse et qui va donc donner du velouté sans ajout de matière grasse et sans avoir mis de farine. C’est bien mais bon on est obligé de la servir tiède. Voilà quoi. Mais ça on y arrivera, on arrivera à servir des choses plus chaude pour éviter de mettre tous ces amidons, tous ces matières grasses qui donne le velouté et le goût. Voilà quoi. Moi : D’accord ce sera donc plus sous forme de légume et sera reconnu plutôt ? Elle sera plus connu comme légume et condiments parce qu’actuellement, les gens qui font un peu de cuisine, l’utilise donc en condiment, c’est-à-dire un peu comme du sel et du poivre, comme des herbes, comme des paillettes quoi, des herbes, des herbes fraiche ou quoi, Voilà. Moi : D’accord donc on en arrive au goût, j’ai pu voir par dégustation qu’elle n’avait pas toute le goût salé. Est-ce que les algues ont différents goûts particuliers ? 153 Alors moi je vais vous dire, les algues ne sont pas salées, les algues ne sont pas salées, les algues prennent vraiment un certain nombre d’élément mais le sel n’est pas dominant. Si on prend des algues qui n’ont pas été, qu’on vient, des algues qui ont été conservé salé, faut bien les dessaler parce que sinon ce sera salée. Sinon l’algue fraiche qu’on va ramasser dans l’eau, elle est pas salée, elle a un taux de sel qui est en dessous de l’eau de mer il faut vraiment la resaler. Moi : Ok, donc il y a des goûts distincts, des goûts plus forts que d’autre… Des goûts différents ? Alors chacune a des saveurs différentes et on a pas de différence à ce niveau-là vraiment. Alors des fois on dit « celle-là, elle a un goût d’épinard, le Wakamé par exemple, elle a goût de noisette la Dulse. Elle a un goût d’huitre le Nori. Mais on a pas beaucoup de référence à ce niveau là puisqu’on ne connait pas bien ces produits-là. Donc on n’a pas encore trouvé les mots adéquats. Moi je ne sais pas. Moi : D’accord Bon ça commence, voilà quoi Moi : Donc, maintenant je vais vous parler de l’acceptation des algues par la population donc, je suppose que vous consommez régulièrement des algues ? Oui une fois par semaine à peu près. Pas plus non plus, je ne vais pas en consommer tous les jours. Non Non. Moi : Donc euh pourquoi vous en consommez qu’une fois par semaine ? Non parce que bon, j’estime que c’est déjà bien, on est pas obligé d’en consommer tous les jours, une fois par semaine c’est bien parce que ça me convient et c’est en fonction de ce que je mange, si il y a un poisson je vais mettre des algues ça va être bien, si c’est d’autre chose, la viande ou autre je mettrais pas forcément de l’algue à chaque fois. Dans une salade je vais mettre des algues, enfin voilà quoi. Moi : Ok Mais c’est en fonction du plat, c’est à peu près une fois par semaine quoi. 154 Moi : Ok Mais c’est en fonction de ce que je fais. Voilà quoi. Il y a des mariages qu’on peut prévoir quoi. Moi : Ensuite, qui participe à vos sorties d’algues en général, aussi à vos ateliers cuisine, vos cours sur les algues… ? C’est du tout public, c’est des gens, des gens individuels…, du tout public. Sinon j’ai aussi des cours pour les professionnels, des professionnels qui viennent. Moi : Ah ok. Professionnels c’est des cuisiniers ?, des… C’est des cuisiniers voilà mais pas beaucoup, c’est pas énorme, souvent ce sont des gens qui sont regroupés au sein d’organismes qui souhaitent évoluer mais les cuisiniers seuls il n’y vont pas, ils viennent pas non, ça ne les emballe pas non. Ils ont pas le temps et ils ne connaissent pas le produit. C’est ce qui freine d’ailleurs la consommation et la promotion quand même. Moi : D’accord et est-ce que vous avez des diététiciennes, des… Alors… les diététiciennes pendant longtemps elles y ont pas trop cru. Elles ont pas appris ça à l’école. Euh… C’est vrai en plus (rire). C’est aussi con que ça, elles avaient pas appris ça à l’école donc elles en parlaient pas. J’ai eu l’occasion de parler à des diététiciennes, des hôpitaux. « Ah mais nous on a pas vu ça, on ne connait pas… » Voilà quoi. Et euh… donc elles en parlaient pas beaucoup mais maintenant elles veulent bien reconnaitre que les algues c’est un produit de bonne qualité, c’est riche en minéraux et en vitamines. Alors par contre, elles diraient, elles disent, pas toute certaine. On n’est pas sûre que tous les oligo-éléments soient assimilés dans l’organisme. Une partie seulement peut être. C’est ce qui est annoncé également. Moi : Ok, donc c’est encore à l’étude, ok. Oui Moi : Et lorsque les gens viennent à vos ateliers ou vos cours, est ce qu’ils connaissent vraiment bien l’algue ou c’est vraiment une totale découverte ? 155 Non alors la plupart, nous en Bretagne ils ont déjà marché dessus. Ils connaissent pour avoir marché dessus, pour les connaitre, pour les avoir vus à la plage. Euh sauf qui connaissent pas les noms et qu’ils ne savent pas qu’on peut les manger. C’est une découverte. Moi : Oui c’est une réelle découverte au niveau du goût. Ok voilà quoi. Voilà. Moi: Ok, vous organisez des sorties algues, vous organisez des ateliers cuisine mais est-ce que vous participez à des évènements comme par exemple le festi-alg ? … Alors ça c’est à Pleubian ça non ? Moi : Oui, c’est tous les deux ans oui. Oui Oui. Oui c’est ça, non je n’y suis pas allé non. J’ai travaillé avec eux par contre par le passé mais non j’y suis pas allé du tout. Non non. Moi : Donc euh… Vous savez un peu la réaction du public en voyant les algues, ils sont curieux ou ils ont un apriori pour débuter ? Donc réticent ? Euh non ils sont pas réticent ils sont curieux Moi : Donc ils ont pas de préjugés, des aprioris à dépasser. Non non mais je leur explique la différence quand même entre l’algue alimentaire qui est ici et l’algue fraiche. Tant pis sinon, voilà quoi. Je montre d’abord les algues échouées, ce qu’on ne ramasse pas. A partir ce ça on avance au plus près de l’eau et ce qu’on peut ramasser, voilà quoi. D’accord, donc il n’y a plus de préjugés. Donc on voit les algues de plus en plus belles. Moi : Ok, on arrive à la fin du questionnaire. Est-ce que vous voyez quelque chose à ajouter, quelque chose que je n’ai pas dite ? Euh non je pense qu’on a fait un bon tour d’horizon. Non je ne vois pas non. Euh…Non je pense qu’on a abordé pas mal de sujet. Si vous avez des questions n’hésitez pas à m’envoyer un mail, vous avez mes coordonnées. 156 Moi : D’accord, merci beaucoup. Et puis moi je vais vous faire suivre par mail une étude qui a été faite sur la consommation vous verrez bien, euh c’est l’étude qui a été faite si je vous dis pas de bêtise, c’est assez récent, moi de décembre je crois. Moi : D’accord, donc vous avez mon email de toute façon. Ok merci beaucoup Donc J’ai toujours votre mail mais je n’ai pas retrouvé celui ou vous me disiez que vous m’appeliez aujourd’hui. Donc voyez c’est pour ça mais j’ai toujours votre mail de toute façon. Moi : Si vous voulez je vous enverrai mon mémoire quand il sera terminé. Ah je veux bien avec plaisir, ouai ouai Moi : Ok, il sera fini pour début avril donc je vous l’enverrai sans faute. Merci encore pour vos réponses et vos connaissances qui vont mettre très utiles De rien avec plaisir, n’hésitez pas si vous avez une question ou des questions. Vous pouvez mettre mon non aussi dans le mémoire, ça ne me gêne pas après si c’est l’école qui l’impose, c’est pas un problème c’est comme vous voulez. Je vous envoi les réponses Moi : Ok et bien merci beaucoup encore. Bonne journée à vous. Au revoir je vous en prie. 157 H.Retranscription entretien n°2 avec une spécialiste des algues, réalisé le 15/01/2015. Durée : 40 minutes Allo ? Moi : Bonjour, oui allo c’est Jeanne. Oui bonjour jeanne Moi : Oui bonjour… Attend je termine juste une petite manip, je suis en train d’imprimer quelque chose d’important, donc je te demande deux minutes pour que je lance l’impression… Voilà…Hop… 2 minutes… Tu m’appelle d’où jeanne ? Moi : De Toulouse ! De Toulouse, à oui, c’est ce que tu me disais ouai. Tu es en quelle formation maintenant ? Moi : Je suis en Master à L’ISTHIA en Alimentation toujours mais cette fois dans le parcours sciences sociales appliquées à l’alimentation. Donc cette année je suis plutôt dans les sciences sociales donc tout ce qui est anthropologique, sociologie…Voilà quoi ? Ah bon ? Moi : Oui c’est différent mais comme ça je complète mon parcours et c’est une autre approche de l’alimentation. D’accord, très bien, bon je t’écoute je vais juste me déplacer… Hop attend je valide et c’est bon… Voilà, voilà je t’écoute Jeanne. Moi : Donc euh…donc cette année je travaille, du moins j’ai choisi comme thème de mémoire les algues, donc leur consommation, leur production… plutôt du côté du mangeur... ; Ok, d’accord… 158 Moi : Donc comment elle est ou comment on peut l’accepter tout ça, voilà Oui… Moi : Donc du coup, j’ai réalisé un questionnaire pour connaitre votre savoir, votre opinion des algues et compléter mes données sur les algues. Donc euh… Merci de répondre à mon questionnaire. Et donc euh… ça restera de manière anonyme, votre nom ne figurera pas dans le mémoire et est-ce que je peux enregistrer l’entretien pour plus, pour mieux retenir les… Oui oui oui… Moi : retranscrire vos propos. Donc dans un premier temps je vais vous demander un peu de vous présenter, enfin savoir votre rapport avec les algues. Ensuite je vais vous poser des questions sur la production, la consommation ensuite les formes de consommation également et… Oui… Moi : Comment est-ce que la population accepte l’algue. Voilà Oui, tu as consultés l’enquête que je t’ai envoyée ? Moi : Oui, oui, merci beaucoup d’ailleurs parce que c’était super intéressant et très complet. Oui ! Moi : Il y a plein de données qui répondent à mes questions Oui, oui c’est une enquête de grande envergure, donc euh, bien sûr hein ! Moi : Oui, oui c’est vraiment super bien fait. A oui bien sûr, c’est évident. Moi : Oui, donc alors pour commencer, je sais que vous êtes présidente de l’association des croqueuses d’algue. Oui 159 Moi : Donc, je voulais savoir qu’elle était le but de cette association, quand elle a été créé et qui participe à cette association, si c’est plutôt des producteurs ou bien est-ce des simples consommateurs, des consommateurs lambda. Et vous, quel est votre rôle dans cette association ? Alors l’association a été créée il y a… Il y a, il y a 1 an et demi pratiquement 2 ans maintenant, euh… Elle a été créée euh. entre deux personnes, Catherine Le Joncour et moi-même euhhh… en ayant envi de valoriser l’algue comme aliment. Comme il existe des confréries pour valoriser des… Les produits alimentaires en France. Moi : Oui Il existe la confrérie de l’oignon, la confrérie de la coquille Saint-Jacques, (rire), la confrérie de la châtaigne, donc euh… On s’est dit que c’était intéressant de créer non pas une confrérie mais une Consoeurerie pour changer qui valoriserai l’algue comme aliment, voilà donc elle est née de cette envie, hein ? Moi : Ok… Alors qui participe ? Alors aujourd’hui on a 80 adhérents, un an et demi ça fait…Officiellement la première réunion a eu lieu y a un an en fait. La première réunion officielle, pas la réunion de constitution, une réunion officielle. Moi : Oui Donc un an plus tard, on a 80 adhérents sans en avoir fait énormément de de de démarche. Les adhérents, y a 3 quarts de femmes pour un quart d’homme à peu près. Les adhérents sont pratiquement venus tout seul. On s’est rendu compte que beaucoup de gens, beaucoup de femmes consommaient des algues dans leur coin et avait besoin d’informations à propos, à leur sujet et de rencontrer des gens qui comme elles consommaient des algues. Et… et cette association, a donc tout naturellement comme but de fédérer les consommateurs, les consommatrices d’algues et euh euh, les consommatrices, les consommateurs qu’ils soient anciens ou nouveaux… Moi : Ok alors c’est plutôt centrées sur la région de Bretagne ou ?... Ou y’en a dans toute la France. On a des adhérents partout, oui on a des adhérents à Paris, on à des adhérents en… en… dans les Pyrénées, on a des adhérents au pays Basque. Tous les gens qui connaissent les algues comme 160 aliment, tous les gens, les consommatrices d’algues qui connaissent les algues comme aliment, depuis, depuis longtemps. Elles essayent de trouver dans cette association la, à lieu des échanges de discussion. Donc elles peuvent habiter Strasbourg, Paris, ça dépend, ça les intéresses. C’est la première association qui existe et qui regroupe des consommateurs d’algues. Moi : Ok, donc y a pas trop des producteurs, des gens qui peuvent… Voilà Ah pas du tout, pas du tout, on refuse toute les adhésions collectives, on ne prend que des adhésions individuelles. Quel que soit le métier des gens, si des gens sont euh… trouvent euh… sont passionnés par les algues quel que soit leur métier, c’est à titre individuel qu’ils adhèreront aux croqueuses. Moi : D’accord… Et à aucun autre titre. En aucun cas nous sommes représentant des de de… la profession, ce n’est pas du tout notre objectif. Nous on est vraiment côté consommateur. Moi : Donc votre rôle dans l’association c’est de fédérer… Moi je suis présidente ! Pardon ? Moi : Votre rôle dans l’association, oui vous êtes présidente, c’est de fédérer un peu, de rechercher qui consomme des algues et leur apporter tout ce que vous savez. On on on on recherche pas. On organise des… Moi : Oui… Des des des manifestations publiques et d’autres réservées aux adhérents. C’est manifestation la sont l’objet d’une publication, d’une forme de publicité dans la presse, ou dans des réseaux personnels. Les gens qui souhaitent venir, viennent. C’est comme ça en fait, c’est assez… C’est à la fois de la pub et à la fois informel. Moi : Ok, d’accord. Donc euh… Comment avez-vous découvert les algues ? Comment avez-vous commencé la consommation d’algues ? Comment j’ai découvert les algues, c’est-à-dire ? 161 Moi : Euh, pourquoi vous êtes-vous intéressé aux algues ? Comment vous avez décidé d’en consommer ? Moi personnellement ? Moi : Oui Alors moi personnellement c’est au cours d’une sortie algue et qui était organisé par une association de découverte Bretonne. Cette association qui n’existe plus organisait des cueillettes d’algues et de la cuisine et c’était y’a plusieurs années au mois d’avril et ça m’a complétement changé le regard, que je pouvais avoir sur les algues et le littoral. Moi : D’accord Ça a été pour moi, un moment fort parce que je me suis rendu compte que tous ce qu’on voyait n’avait pas beaucoup d’importance à nos yeux. Les algues, qu’en fait ça pouvait être une source d’alimentation qui était extrêmement intéressante. Ça ça m’a vraiment bouleversé. Moi : Ok. Euh donc, j’ai pu voir avec votre document que vous m’avez envoyé que la consommation en France, ne cesse d’augmenter Oui Moi : Vraiment ces dernières années. Euh… Qui s’y intéresse, notamment en Bretagne, qui s’y intéresse, quel est le profil des consommateurs ? Alors le profil des consommateurs, c’est d’abord des locaux, des gens qui habitent en Bretagne, pas des touristes. Ce sont les gens d’un certain âge qui ont les moyens. Le profil type, c’est une femme de plus de 55ans qui prend soin de sa santé. Voilà. Ça c’est le premier profil. Le deuxième profil, c’est plutôt toujours une femme de 35, 40 ans qui qui mange bio. En gros qui prend soin de sa santé. Qui est très consciente de en général… Qui est soit végétarienne, soit elle est … Elle s’intéresse beaucoup à la nutrition voilà. Tous ces gens-là sont passionnés ou découvrent les algues, c’est une découverte. Moi : Ok 162 Et comme il y en a de plus en plus en France, bon ça reste un nombre minime. Notamment les végétariens. Je crois que c’est 3% en France. Pas plus que ça. Mais c’est un nombre qui ne cesse d’augmenter. Moi : Ok, donc ça euh… Vous pensez que dans ces prochaines années ça va vraiment évoluer favorablement. C’est une évidence, ouais, ouais. Moi : Ok euh… Donc quelles sont selon vous les principaux avantages de consommer des algues ? Donc je sais qu’il y a le côté nutritionnel. Oui Moi : Ya t-il d’autre chose ? Parce qu’on m’a fait un retour sur le côté « terroir » de l’algue, c’était valoriser le terroir breton. Vous en pensez quoi ? Oui bien sûr que c’est aussi pour valoriser le terroir breton. Ça donne une autre image des algues, bien sûr, bien entendu, bon c’est un avantage, c’est pas à ce qu’on pense en premier quand on consomme des algues. Mais si on consomme des algues, c’est surtout parce que c’est bon. Quand on les cuisine c’est parce que c’est bon ça. Ça rehausse le goût des plats, ça donne une saveur particulière et nouvelle aux plats qui est une saveur comment dire qui est surprenante je me répète mais euh… gustative agréable. Je vais dire ça comme ça. Moi : Ok, j’avais prévu de vous poser la question plus loin dans le questionnaire mais je vais vous la poser maintenant. Euh… Le goût notamment, j’ai vu que le goût n’était pas forcément salé, vous venez de dire que le goût était surprenant. Y’a-t-il donc différents goûts pour les algues ? Absolument, absolument, les algues ont toutes des goûts différents. Euh c’est toujours quelque chose qui surprend les gens qui ne connaissent pas les algues. On a des algues poivrées, on a des algues un petit peu sucrée, on a des algues … qui vont avoir un goût de thé fumé ou un goût très fort. D’autre qui vont avoir pas beaucoup de goût. Donc on a une diversité de goût qui est très surprenante et très nouvelle. Et et et qui est euh… C’est comme si on découvrait des continents nouveaux de saveur et de goût, c’est ça qui est intéressant. Bon, la perception du goût est euh… toujours différentes selon les individus, certain trouvent que la Dulse à un goût de noisette. Moi euh… je trouve pas que ça un goût de noisette. 163 Moi : Ok donc, est ce qu’il y a des inconvénients à consommer des algues quand même? Alors il faut évidemment, la contre-indication majeure c’est lié à l’allergie à l’iode hein ! Moi : oui Voilà. Euh des inconvénients alors si, on est pas habitué il faut y aller doucement. D’abord d’un point de vue de la saveur. C’est une saveur nouvelle, donc à laquelle on n’est pas habitué. Donc qui peut être source de euh, de questionnement… Moi : Ok Pardon ? Moi : Ca peut être une source de dégoûts peut être non ? De dégoût, non après il y a une sorte de quantité, de dosage, il faut savoir bien doser les algues et bien les travailler. Hier par exemple j’ai fait une formation à l’UCO de Guingamp, on a préparé un dessert… Déjà le sucré et les algues, les gens sont pas forcément près à ça. Donc quand on goûte des algues c’est la nouveauté, quand on goûte cette nouveauté la dans quelque chose de plus surprenant qui est le dessert c’est pas gagné. Et en plus pour que ce soit bon. Il faut que ce soit très bien travaillé. Par exemple la, les étudiantes qui ont préparé le dessert, elles n’ont pas coupé correctement les algues aux lieux de les émincer finement comme je leur ai demandé. Elles ont laissé des gros morceaux, là c’est sure que ça ne peut pas marcher. Ça a suscité un dégoût plutôt qu’une envie alors que le dessert est très bon normalement. Mais euhhhhhh donc donc, ce qui faut comprendre c’est qu’il faut absolument apprendre à travailler les algues. C’est la seule cuisine qui demande une initiation. On ne peut pas cuisiner les algues sans apprendre. C’est impossible ! Moi : Ah ok je vois ça. D’accord est donc du coup, pour consommer… Est-ce que les gens ont des aprioris, dès qu’ils dégustent les algues Oui, oui à oui bien sûr. Les gens qui ne rentrent pas dans le cadre de ce que j’ai pu te dire tout à l’heure, c’est-à-dire les femmes nanananana… Moi : oui… 164 Voilà, cela oui ils ont des aprioris bien sûr. Il y a des gens qui ne veulent même pas en goûter, l’aspect les dégoutes ça les répugne. Mais par contre quand ils goûtent ils disent « ah mais c’est bon finalement… » Moi : Oui (rire) c’est ce que j’ai pu voir l’année dernière aussi aux entrepreneuriales. (rire) Et oui, donc euh, donc on a, on voit bien, bon, on a pas droit à l’erreur quand on fait de la cuisine aux algues, il faut que d’un point de vue de la couleur ce soit agréable, d’un point de vue de la texture ça doit être agréable, et le goût doit être bon. Si on est, on est, bon les personnes qui ont goûté le dessert et qui n’ont pas aimé parce que euh… C’était trop euh… pas assez bien coupé. Ça va être très dur de leur faire goûter une autre fois, un dessert aux algues. Donc faut être… On doit vraiment… C’est un « one-shot » comme on dit hein ??? Maintenant on a droit qu’à un essai. Hein ? Ils aiment pas sinon. Donc c’est vraiment un art, la cuisine aux algues c’est vraiment que c’est un art. Moi : Ok vraiment. Enfin un art, c’est-à-dire, une technique, c’est une technique majeure, dans le sens ou on ne peut pas se tromper, on n’a pas le droit. Moi : D’accord après il faut faire des essais dans son coin… Pardon ? Moi : Faut faire des essais après… Mais tester avant (rire). Oui c’est bien ce que je dis, on a pas le droit de se tromper. Oui il faut apprendre, faire des essais. Même nous qui connaissons très bien les algues, on est en essai tout le temps, on en apprend tout le temps. Moi par exemple, l’apprentissage que j’ai eu y a 2 jours c’était ça, c’était… Attention, il faut que je sois derrière les étudiantes, que je vérifie avant qu’on emballe les plats euh… Je peux, je peux je peux pas négliger ça. Moi : D’accord a oui c’est sure. A oui oui ! Enfin, je peux pas, je peux pas le laisser filer surtout des étudiantes qui ont pas l’habitude de cuisiner. Là pour elle, leur réponse c’était « mais on était pressé ». Ah bien oui… Pff, assez 165 pressé, assez pressé, 2 coupes de ciseaux ça coute rien et la conséquence a été assez importante. La conséquence a été énorme quoi… C’est vraiment dommage quoi… Enfin voilà c’est tout, on apprend beaucoup. Moi : Oui… D’accord. Alors j’ai lu beaucoup d’article sur les médecins qui disent que les algues sont polluées de plus en plus par les métaux lourds. Qu’elle est votre avis sur ce sujet ? Les algues en Bretagne ? La Bretagne à des eaux qui ne sont pas polluées. Achetons Breton. Moi. Ok…… Allo ? Oui, je suis toujours là. Moi : A ok il n’y avait plus de bruit d’un coup, j’entendais plus il y a eu une petite coupure. Non non je suis toujours la Moi : D’accord, alors il y a-t-il des saisons spécifiques à la récolte ou à la culture d’algue ? Oui Moi : Surtout au printemps ? Oui, oui tout à fait Moi : Mais après vous la récoltez toute l’année ou pas ? Pardon ? Moi : Les algues, on les récolte toute l’année ou pas ? Ben, ben ben principalement, enfin ça dépend des variétés d’algue donc je ne peux pas te répondre oui de manière général Y’en a qu’on récolte à ce moment d’autre à ce moment-là... Mais surtout au printemps. Moi : Lorsqu’elle se reproduise par exemple. 166 Oui tout à fait, on ne peut pas les consommer… Elles deviennent trop dures et donc c’est dur de les cuisiner. Moi : Le haricot de mer non ? Oui tout à fait. Globalement on va dire que c’est de mars à avril, août pour certaines variétés, pour certaines algues. Mais en gros, décembre, janvier, février, on ne touche pas aux algues. Moi : Ok. Donc euhhh j’ai vu que c’était surtout en France, notamment en Bretagne que l’on faisait principalement de la récolte d’algue… Alors qu’il y avait encore très peu de culture d’algue contrairement à la Chine, mais qui seraient en plein développement. Vous en pensez quoi ? Bin oui, il y en a quelques-unes qui sont en développement. On commence à parler d’algoculture mais y a encore beaucoup… de rejet. Ya de la part de certaines population pour des conflits d’usage, il y a des peurs bon y a des manipulations y a des associations qui instrumentalisent bien ça et qui et qui et qui font peur à la population, qui disent, oui vous verrez avec les algues en pleine mer ça va donner ceci, ça va donner cela bon. C’est vraiment de l’intox donc ça sert une autre cause, c’est clair, les gens se laissent manipuler malheureusement et euh…et donc il faut se battre surtout euh…, enfin les algoculteurs doivent se battre sur plusieurs fronts c’est très dures pour eux. Moi : Et qui en fait, réalise ces cultures ? Alors il y a des algoculteurs, des jeunes qui s’endettent pour changer de métier dont notamment des conchyliculteurs qui se reconvertissent, ou bien des pêcheurs qui se reconvertissent. Moi : Ok. Donc y a des régions spécifiques à la culture, récolte ?... ou bien toute la Bretagne ? Pardon ? Moi : Est-ce qu’il y a des régions spécifiques à la culture, récolte d’algue en Bretagne ? Ou bien ça concerne toute la Bretagne ? Non Bretagne nord, Bretagne sud. Les eaux sont froides, fraiches et oxygénées donc c’est une bonne… ce sont des bonnes conditions et puis y a un champ algale de grande qualité. Donc non, la Bretagne en général. 167 Moi : Ok, Euh il y a-t-il des problèmes ou limites à la production d’algues en France ? Des problèmes de stockage… de Oui oui yen a bien… Moi : de conservation… Pardon ? Moi : non des problèmes de stockages de conservation ? Les problèmes il sont, ils sont… Il y a beaucoup de problème. Ce sont comment dire idéologique, comme je t’ai dit tout à l’heure… Moi : Ok d’accord et la conservation ou le stockage L’algue est réglementée et très contrôlée… Elle est souvent séchée ou déshydratée du coup elle se elle se conserve longtemps. Fraiches elles se conservent aussi très bien au euh frigo. J’en conserve aussi dans l’huile… Moi : Oui j’en avais goûté une, elle a un goût très fort, ça m’avait surpris. Oui le poivre de mer Laurencia… Ah je vous en avais fait goûter ? Moi : Oui c’était très très fort… (rire) (Rire). Sinon on arrive aujourd’hui à un vrai conflit qui est un vrai paradoxe en Bretagne c’est que on fait que les gens vont plus en consommer, y a une demande mondiale qui est croissante. Et y a une production est qui est très faible et freiné par certain locaux. Donc c’est de la folie. Alors que c’est une source de revenue, c’est une source de santé intéressante. Voilà faut… il y a, il y a des vrais vrais problèmes, comment dire qui sont euh… stupide à certain moment et puis c’est c’est paradoxale. Moi : Ok Voilà 168 Moi : J’ai entendu qu’en matière d’exportation d’algue ont été 4ème loin derrière l’Asie. Ya-t-il des évolutions qui sont à prévoir d’une manière positive ? L’exportation on est 4ème pour quoi ? Pas en quantité c’est pas possible ! Moi : Pas en quantité ? Alors c’est peut-être par rapport à l’Europe. Par rapport à l’Europe oui c’est sure Moi : Après par rapport à l’Asie… Par rapport à l’Asie oui est plus que le petit poucet Moi : Mais on est on est par rapport au pays occidentaux, les premiers mais après, on était loin derrière l’Europe, euh pardon l’Asie (rire) Oui Moi : Mais il y aura des évolutions à prévoir. Positive, négative ? Il y a certainement des évolutions à prévoir, y a pas besoin d’être devin pour savoir que dans les 10 prochaines années , il va y avoir une économie de l’algue et que si c’est pas les Bretons qui la ferons alors ce sera d’autre qui le feront à notre place. Moi : Ah ok, d’accord C’est une évidence puisque la chine, la Corée, le Japon manque de surface, ils ne peuvent plus, ils atteignent leur taille critique. Euh Euh par rapport à la production d’algue. Ils en ont besoin. Ils en produisent plus assez. Ils cherchent des algues. Ils cherchent des superficies, des surfaces. Pour pouvoir cultiver des algues. Ils vont en Australie par exemple. Donc ils sont vraiment à la recherche, donc on a euh Il est évident qu’on a, il est évident euh que ça va bouger. Moi : D’accord Donc c’est une évidence oui. Moi : Donc vous pensez que les gens vont être prêts à consommer l’algue ? Euh… 169 Mais ce n’est pas que je pense que les gens sont prêts à consommer l’algue. C’est que, une étude a montré que les gens étaient prêts à consommer les algues. Je n’ai pas à penser. Moi : Ok mais alors dans ce cas comment…, sous quelle forme ils seraient prêts euh… a la consommer ? Tout est dans l’étude un, tout est dans l’étude… Et sur le terrain, l’étude ne fait que confirmer ce qu’on va dire sur le terrain. C’est-à-dire, on voit qu’il y a plus en plus de gens intéressés. On voit que les gens sont prêts à consommer surtout en apéritif. Moi : Oui ça j’ai vu ça Un peu dans les plats mais surtout qu’à l’apéritif. Et que les barrières se lèvent de plus en plus. Donc euh…Donc oui ça évolue à vitesse grand V. Moi : ok On voit les choses évoluer ici de manière net, net net. Moi : Alors donc pour vous elle sera plutôt imposée ou relativement adoptée ? Pardon ? Moi : Pour vous elle sera imposée à la société ou plutôt adoptée comme légume ? Je ne comprends pas ce que ça veut dire imposée… Moi : Imposée, c’est dans le sens que l’on va vers un épuisement des ressources et que l’on va vers un manque par exemple de protéines animales. Pour vous, l’algue sera-t-elle une alternative à ce problème ? Euh… Alors l’algue est vraiment une alternative, dans la mesure où ses protéines sont de bonnes qualités. Mais elles ne peuvent être qu’un complément. Moi : Ok 170 Un complément à ce qu’on mange déjà. Elles peuvent pas se suffire à elles-mêmes. C’est impossible. Moi : Ah oui Ça n’a pas de sens d’un point de vue gustatif. Moi : Oui. C’est une alternative pour nourrir la terre. La population va peut-être devenir végétarienne. Si y a plus de protéines animales et bien on mangera des protéines végétales. Franchement en plus elles sont meilleures pour la santé. Il suffit de lire le rapport Campbell pour le savoir. Il faut le lire c’est pas compliqué. Moi : Euh… Donc quelles sont pour vous les conditions, les facteurs de succès pour que l’algue devienne vraiment un produit… Pardon, recommence ta question ? Pardon j’ai pas entendu Moi : Oui euh aucun souci. Quelles sont pour vous les conditions ou facteurs de succès, d’acceptation pour que l’algue devienne un produit de base pour… Les conditions pour ?... Moi : Les conditions pour que l’algue connaisse vraiment un succès, un produit de base dans l’alimentation des Français. Ah, il y a une seul condition, il faut que ça soit bon ! Moi : Que ce soit bon, ok d’accord donc euh… le goût c’est le plus important pour vous. Oui c’est ce que l’on recherche en premier Moi : ok, euhhhhh ensuite donc maintenant je vais vous parler un peu de vos sorties algues. Oui 171 Moi : Qui participe à vos sorties algues ? C’est ce que vous m’avez dit tout à l’heure, c’est plutôt des femmes… Oui, c’est ce que je t’ai dit tout à l’heure, les locaux, y’a très peu de touristes. Ya 95% de femmes. Ya des jeunes femmes qui viennent avec leur enfant. Des mamies qui viennent avec leurs petitsenfants, quelques ados voilà… Moi : Des étudiantes aussi (rire)… C’était une belle journée aussi, j’en garde de très bon souvenir… Grand ciel bleu aussi… Mais il fait toujours beau dans mes sorties algues. Moi : Et généralement alors est ce qu’ils connaissent l’algue, du moins ils ont des notions sur les algues ou bien, c’est vraiment une totale découverte ? C’est les trois quarts du temps, c’est une totale découverte. Ils savent que c’est vraiment intéressant, ça les interpelles quelque part « Ah oui, j’en ai entendu parler… Et là je veux voir ». Donc ils en ont juste entendu parler ! Moi : D’accord, alors pour vous, alors à quelle fréquence consommez-vous à peu près des algues. Est-ce que c’est tous les jours. Ou une fois par semaine ? Oui à peu près. Moi : Tous les jours ? Oui à peu près ! Moi : D’accord et vous et donc vous êtes plutôt… Euh comment vous la consommez généralement ? Ben soit en assaisonnement c’est-à-dire je mets des paillettes d’algue dans l’alimentation, dans du riz dans des pattes, dans des euh… Euh… Voilà quoi. Sinon je mets, je mets des algues dans les légumes. Voilà par exemple. Moi : D’accord. Euh… Et sous forme de soupe, en hiver ? Ou été ou hiver c’est la même chose ? 172 Oui c’est la même chose Moi : Ok. Donc vous, vous organisez bien sûr des sorties algues. Mais participez-vous à des évènements notamment le Festiv’alg ? A des évènements ? Moi : Oui le Festiv’alg qui a lieu à Pleubian qui a lieu tous les deux ans Je les fais l’an dernier, non euh… il y a deux ans mais cette année je ne reconduirais pas. Moi : D’accord et pourquoi ? Cela demande du temps, maintenant je donne des cours sur Guingamp et en même temps je continue les sorties algues et l’association. Ça ne vaut pas le coup. Moi : Ok, donc euh… Qu’elle est la réaction du public quand vous faites des dégustations. Ils sont vraiment curieux, oui très, très curieux, très intéressé. Ah oui oui oui très intéressé. Ya beaucoup de succès quand on fait des choses comme ça. Moi : Oui c’est vrai, j’avais fait la dégustation de ma boisson aux algues pour la Fraich’Attitude à Quimper ! A côté des activités pour enfant, c’est ma boisson qui a le plus marché. D’ailleurs on avait eu un gros article dans le journal le lendemain. Ah oui ? Moi : Oui, ça avait bien marché… Bref, avez-vous des gens avec des préjugées négatifs. Est-ce que vous arrivé à les dépasser ? Goûter ! Goûter ! Moi : Oui… Je ne leur dit qu’une chose, goûter. 173 Moi : Goûter… Ok, donc j’ai tout normalement. Euh… Est-ce que vous avez des choses, des choses à ajouter ? Non euh enfin euh si par rapport à ce que tu viens de dire tout à l’heure y a 2 mots clefs. Euh pour euh…, pour que les gens découvrent les algues. Les premiers mots clefs pour les hommes, c’est protéines. Moi : Ok Et pour les femmes c’est magnésium. En gros ça marche comme ça. Moi : D’accord. C’est une caricature mais c’est assez juste. Moi : Euh donc, je vais quand même vous dire ma question… la problématique de mon mémoire, de mon sujet de mémoire. Parce que je suis restée vaque au début, donc mon sujet c’est intitulé goût et dégoût, cas de l’algue alimentaire et la problématique c’est l’algue alimentaire, une conformité dans le modèle de demain. Vous avez une idée, qu’est-ce que euh ça vous évoque ? Vous avez une idée ? Conformité dans quoi, dans quels sens ? Moi : Dans les habitudes alimentaires pardon ! Elle est adoptée quoi, c’est un aliment de base Oui dans, oui dans 100 ans. Moi : ok C’est-à-dire qu’on va arriver à quelque chose de graduelle. C’est-à-dire que si on mesure la quantité de gens qui consomment… Euh, un peu beaucoup passionnément des algues. On doit être aujourd’hui à même pas 1%, 0,1% ou 0,2%. Mais on va devenir de plus en plus nombreux, ça c’est une évidence. Il y aura pour moi d’ici 10 ans, peut-être d’ici 5 ans mais au moins d’ici 10 ans. Je pense qu’il y aura dans les grandes surfaces, des rayons algues comme il y a des rayons euh… pas pattes, on en est pas encore là, on en est encore loin. Mais comme il y aura des rayons pff, cuisine mexicaine, cuisine… 174 Moi : Du monde ? Japonaise. On aura les algues aux menus, un rayon, un petit rayon. Il y aura dans les 10 ans à venir des, des aliments dans lesquels ils seront enrichis en Algue. Par exemple du riz aux algues, des pâtes aux algues. Ça ça me parait évident. Moi : Donc, donc est ce que vous pensez que, parce qu’il y en a déjà dans les, dans les produits diététiques, les algues pour aussi leur pouvoir côté alginate et tout ça ? Euh vous pensez que les industries doivent mentionner qu’ils utilisent des algues, ou plutôt… Oui oui oui ! A oui oui, ça va devenir un argument vendeur. Moi : Ok Ça va devenir un argument marketing de grande qualité de toute évidence. De toute façon, c’est une évidence. Moi : D’accord, d’accord. Mais mais pas, mais pas dans 2 mois. Moi : D’accord Dans 6 mois, 1 an, 2 ans, pas avant Moi : Ok Ça avance vite hein ! Moi : Ok, bien, je crois que j’ai tout. Très bien Moi : Merci beaucoup. Merci de m’avoir accordé du temps. Je vous envoi mon mon mémoire quand j’aurais terminé Ah oui oui oui, avec plaisir ! 175 Moi : Pas de problème. Voilà. Il est à rendre pour début avril. En plus c’est d’une approche sociologie donc je ne sais pas si ça a été trop fait. Donc euh… Voilà. Ya pas de soucis j’enverrais ça D’accord Moi : Et bien encore merci beaucoup Merci Jeanne Moi : Et merci aussi pour l’étude. (rire) Moi : Je vous souhaite une bonne journée et à bientôt peut être en Bretagne, je vais essayer de monter mais ça risque d’être difficile. SI j’arrive à monter, faudrait. Oui entendu à bientôt. Moi : Merci beaucoup Au revoir Moi : Au revoir I.Retranscription entretien n° 3 avec un enseignant chercheur japonais consommateur d’algue réalisé le 05/03/2015. Durée : 1H15 Bonjour vous être madame Tantot ? Moi : Oui Attendez, je vous ouvre la salle, j’arrive installez-vous … 176 Ok, c’est bon Moi : Bonjour, je suis Jeanne TANTOT, je suis étudiante à l’ISTHIA en master 1 Alimentation Sciences sociales appliquées à l’alimentation Oui Moi : Et donc on doit rédiger un mémoire et j’ai décidé de travailler sur l’algue alimentaire en France donc son acceptabilité et j’ai vu qu’au Japon, l’algue était vraiment intégrée, vous en consommez régulièrement. Oui Moi : Et du coup je vous ai contacté pour avoir un petit peu votre retour D’accord par rapport aux algues ? Moi : Oui. Si ça ne vous dérange pas je vais enregistrer l’entretien Ouais ok pas de problème Moi : Donc du coup je vais commencer par vous poser quelques questions sur vous, ensuite des questions sur l’alimentation au Japon au général et après sur les algues alimentaires Ok par rapport à ce que je mange actuellement en France ? Moi : Actuellement et aussi au Japon, comment les gens la mangent comment ils la consomment Ok Moi : Déjà je vais vous demander un peu de vous présenter. Savoir depuis quand vous êtes en France et… D’accord, je m’appelle …. Et je suis né au Japon, à Tokyo et j’ai quitté le Japon à l’âge de 26 ans. Et ça fait maintenant 18 ans que je suis en France. Maintenant je suis enseignant chercheur en littérature Japonaise à l’université de Toulouse. 177 Moi : D’accord Voila Moi : Donc vous avez vécu uniquement à Toulouse ou ? Pardon ? Moi : Vous avez vécu uniquement à Toulouse ou ? Non, j’ai d’abord vécu à Paris, pendant longtemps presque 10 ans. Oui Ensuite je suis allée à Strasbourg pendant 2 ans et je suis depuis 2008 à Toulouse. Moi : Du coup vous avez fait toutes vos études en France ? Ou en partie ? Une partie de mes études ouai, mon doctorat c’était à Paris en fait. Et puis en finissant ma thèse j’ai commencé à enseigner en littérature à Paris et puis j’ai eu un poste à Strasbourg et après je suis arrivé ici, j’ai eu un poste de titulaire. Moi : Donc qu’est-ce qui vous a poussé à quitter le Japon Heu… Alors en fait ma formation initiale c’était lettre moderne. Lettre moderne en fait. C’était une chose très importante pour approfondir, pour comment dire, ma formation en fait, donc en fait d’abord c’était surtout pour finir ma thèse que je suis venu ici en France. Mais après l’occasion s’est présentée, on m’a proposé un poste ici comment dire qui m’intéressait. Moi je suis littéraire en fait. Vu mon intérêt pour la littérature Japonaise qui resté donc c’est mon sujet de recherche et j’enseigne aujourd’hui et c’est de la littérature. Et c’était aussi un moyen de rester en France. C’est lié un peu par rapport au, par rapport au travail, par rapport à mon intérêt. Pour la recherche et l’enseignement. Moi : Ok, intéressant Oui Moi : Donc du coup je vais vous demander un peu vos pratiques alimentaires et celle au Japon, traditionnelle. 178 Oui Moi : Alors comment voyez-vous l’alimentation ? Pardon ? Moi : Votre alimentation, comment vous la voyez en général ? Par rapport à vous et aussi par rapport au Japon Par rapport à moi, c’est pas une simple consommation mais c’est un moyen déjà un peu de de… profiter de la vie et c’est un moyen d’être en contact avec les gens. On mange avec des amis etc… Souvent on fait autour d’un repas en fait. C’est un moyen de communication en quelque sorte. Au Japon je pense aussi que ça fonctionne un peu de cette manière-là, de façon très importante et l’alimentation au Japon ça fait beaucoup à l’extérieur dans la restauration. Donc on va souvent au restaurant on va manger tous ensemble donc il y a un aspect très social finalement pour l’alimentaire enfin ce que je vois un petit peu. Moi : ok Ç’est ce que je très rapidement en fais, après y a l’aspect nutrition etc… Enfin comment dire il y a pas uniquement que l’aspect comment dire… santé. Moi : Ok et du coup et ce qu’il y a des horaires imposés ? Comme nous en France ou c’est plutôt on mange quand on a faim ? Au japon ? Moi : Oui Des horaires imposés on va dire. Le matin, le midi et le soir. Et le soir peut être un peu plus tôt qu’en France. Ça dépend de la famille bien sure et des habitudes aussi mais je crois que c’est grosso modo la plupart des repas du soir ça se fait entre 6h et 8h à mon avis alors qu’en France c’est encore plus tard. Et le déjeuner ça reste assez cours au Japon. C’est plus rapide, plus cours. Moi : Donc, l’alimentation plutôt à emporter ? Pris sur le pouce ? 179 Des choses comme ça aussi, oui la restauration c’est extrêmement développée. Et donc vous avez des petits restaurants partout, et donc c’est pas cher en plus donc deux tiers des gens vont au restaurant par rapport à la France en fait. On peut manger très facilement en fait pour pas cher, rapidement au Japon. Du coup souvent on fait ça en réalité. Ca va vite et le repas du déjeuner ça dure une demi-heure. Moi : Ok et donc du coup pour vous bien manger c’est plus le côté convivial ? Et moins le côté santé ? Quand même un petit peu parce qu’on fait attention à l’origine et la qualité des ingrédients des choses comme ça. Chez moi avec ma femme on aime, on essaye de rester un petit peu sur le bio, autant que possible. Après on est pas totalement dedans mais on essaye un petit peu de rester attentif à la qualité des ingrédients Moi : ok et au niveau du Japon, pour vous c’est quoi ? C’est-à-dire ? Moi : Bien manger pour eux c’est quoi ? Il y a l’importance de la convivialité ? Ils font attention à l’origine des produits ? Par exemple ou ? Oui je pense qu’il y a un côté convivialité qui est assez important. Surtout le repas du soir. Et par rapport au contenu. Ya pas vraiment de… Ouai je pense que c’est un peu pareil qu’en France finalement. Donc y a des gens qui mais ça reste quand même minoritaire qui sont très attachées finalement aux qualités des ingrédients et puis une grosse partie qui soit n’ont pas forcément les moyens de s’attacher à cette partie-là, soit qui ne pense pas vraiment si le produit est bon alors c’est bon. Moi ; Ok, donc du coup qu’elle est le rapport à l’aliment ? C’est-à-dire Moi : Pour vous c’est pour se nourrir ou ça a une signification ? Une partie symbolique ? Qu’estce qu’un aliment pour vous ? 180 Heu la partie symbolique ? Euh non…C’est rarement, je pense rarement à ce genre d’aspect-là. C’est d’abord ce nourrir et puis peut-être c’est aujourd’hui c’est un peu moins, mais ça reste une partie importante, c’est une étape de préparation, cuisiner, celle de cuisiner qui m’attache le plus. Moi : Ok En fait de faire à manger. Moi : D’accord Donc on va manger un repas mais y a la fabrication c’est intéressant de faire à la maison. Moi : Oui Donc on mange plus à la maison. En famille qu’à l’extérieur. Avec le travail qu’on a de mais ça reste plus tôt à ce moment-là l’occasion de discuter avec des collègues. C’est des choses comme ça. C’est plus la partie préparatrice qui est prise en compte Moi : Et donc cuisiner pour vous c’est plus important enfin la partie préparation que le plat luimême ? Fini Non j’aime bien cuisiner mais après le goût m’intéresse aussi. Si je cuisine quelque chose que je n’aime pas je ne m’investirais pas comme ci… voilà quoi Moi : ok Dans la préparation de ce plat-là. Quand on fait à manger, c’est pour ce faire plaisir, de cuisiner. Moi : Donc le goût c’est très important. Oui Moi : Au Japon en général aussi ? C’est pareil la cuisine ? Le goût ? Oui, oui bien sûr, oui je pense bon après je sais pas trop, c’est par rapport à mon intérêt. Moi je fais des plats avec plein d’épices différentes. J’ai appris à cuisiner de manière très différente donc je fais très attention à ce genre de chose. Au Japon ils n’ont pas vraiment développé ça. C’est des 181 épices un peu particuliers. Donc j’ai plein de chose que je ne peux plus faire ici. Donc euh…La recherche du goût ça reste quelque chose d’important. Il y a des variations de goût entre… C’est différent au Japon. Moi : D’accord donc du coup vous avez des préférences ? Nous en France on a le sucré par exemple qui est très « prisée » … Au Japon vous préférez plutôt salé. C’est par rapport au plat ? Moi : Oui par rapport à vos prises alimentaires, à vos plats tout ça quoi, bon après ça reste d’une manière assez générale. Déjà au Japon il n’y a pas vraiment cette… Comment dire cette organisation de repas qui termine avec un dessert. Donc le goût sucré c’est plutôt pour le goûter en fait. Moi : Ok Donc ça c’est une des particularités du repas Japonais. Et donc du coup le sucré, c’est plutôt mélanger avec le salé. C’est le sucré et le salé. Donc on mélange souvent. Par exemple le soja qui est salé. Avec du sucre et d’autres ingrédients qui a son apport de goût aussi. Moi : Ok De sucrée. Ça c’est une particularité d’assaisonnement, du coup le sucré entre dans beaucoup de heuuuuuuuu d’aliment en fait. Ouai Moi : D’accord Oui c’est une autre pratique. Et puis le repas c’est pas comme en France ou comme en Europe, linéaire… Les plats à la suite, entrée, plat, dessert Moi : Ok Au Japon c’est en fait il y a plusieurs petits plats qu’on sert… Moi : En même temps ? 182 Oui et on mange un petit peu dans chaque plat Les Japonais il adore ici les bars à Tapas, les choses comme ça. Les choses pratiques. C’est vraiment le principe de grignoter des petits trucs. Qui fait un repas en fait. Moi : D’accord donc au Japon, c’est beaucoup moins individuel que nous en France ? Ou comme au restaurant quand on achète ça par personne. Là on met tout sur la table et chacun pioche un peu. Oui c’est partager le repas, avec les autres en fait. C’est une idée qui revient toujours très rapidement. Alors en France on a chacun son assiette et on a du mal parfois on voudrait goûter le plat du voisin mais on peut pas. En regardant mais c’est mal vu alors on ne demande pas. Au Japon ce n’est pas de cette façon-là. Après bien sûr il y a d’autre restaurants ou il y a cette présentation la en individuel mais l’idée du partage je pense que c’est beaucoup plus. Moi : Donc du coup est ce que donc du coup au niveau de votre culture il y a des choses qui sont interdites, il y a des choses interdites du point de vue biologique ? Mais aussi d’un point de vue culturel ? Vous avez des choses qui sont tabous ? Au Japon ? Moi : Oui Heu… Moi : Certaines pratiques ? Heu… Oui mais au Japon en fait on mange vraiment beaucoup de chose de très différent. A part des cas très particulier. A par des bouddhistes vraiment pures, qui ont une certaine dignité, qui ne mange pas les aliments comment dire comme viande, poisson. Ça reste quand même extrêmement rare donc après aussi de ce point de vue-là il y a aussi… On a très peu de tabou je crois. Moi : Et donc du coup vous avez des prises alimentaires, est ce que c’est un peu comme en France ou il y a les repas qui sont des formes on va dire imposées ou vous êtes plus libre on va dire de manger quand vous voulez ? Par exemple nous on a le terme grignotage qui est très péjoratif… 183 C’est comme ça aussi au Japon ? Est-ce qu’il y a un terme, une expression qui le caractérise ? Ou c’est tout à fait normal, vous avez faim et vous mangez ? Euh… Je pense que quand même ça dépend de, ça dépend à qui ça s’adresse. C’est un peu comme en France. Il y a des heures imposées, en particulier chez les enfants. Si c’est pas l’heure du goûter, un enfant qui mange tout le temps, des choses comme ça, c’est un peu mal vue. C’est un peu le signe d’une mauvaise éducation… Quand on s’adresse aux adultes manger c’est quelque chose que l’on doit savoir contrôler, savoir intérioriser. Mais heu… Oui ouai pour les adultes aussi. Dès fois c’est mal vu si on fait vraiment n’importe quoi. C’est pas forcément bien, c’est assez mal vu. Moi : D’accord Oui c’est vrai on pourrait avoir une expression pour désigner ce genre de pratique vis-à-vis des aliments qui ont une connotation plutôt négative on peut dire ça comme ça. Moi : D’accord donc on est orienté plutôt vers 3 repas par jours plus le goûter pour les enfants c’est ça ? Oui et traditionnellement le repas c’est tout en même temps dans plusieurs petits plats et on grignote. Et le petit déjeuner c’est vachement plus copieux. Il y a un bol de riz, il y a quelques petits légumes, il y a une soupe miso c’est plutôt salé. Moi : Ok, donc c’est pas sucré comme nous on a le café, le chocolat, la confiture… Oui, le plus contrasté on va dire c’est le petit déjeuner. Ou il y a que des viennoiseries, que du sucrée, alors que pour nous c’est le goûter quoi. Et en plus c’est pas quelque chose de très copieux finalement ces pâtisseries. Le goût est lourd mais c’est pas très gros. C’est vraiment à l’opposer. Moi : ok et après est ce qu’il y a des manières de table particulière ? Des façons de se comporter ? Différentes de chez nous en France ? Il y a bien sûr manger avec des baguettes… Oui bien sûr il y a, manger avec les baguettes. Après en fonction du repas il y a des façons de manger avec les baguettes si on est Japonais, Chinois ou Coréen. Par exemple, on doit pas croiser les baguettes chez nous. Après je ne sais pas je pense aux bavardages, les choses comme ça. Mais après c’est des choses assez universelle. Quand on a des aliments on a quelque chose dans la 184 bouche, on va pas parler, on attend qu’on avale tout et on ouvre la bouche pour parler etc… Ce genre de chose. Moi : D’accord donc vous parlez quand même librement quand vous mangez ? Parce qu’il y a certaines cultures ou on doit pas manger pendant les repas. C’est interdit de parler quand on mange. Vous parlez quand même ? Ouai, donc il faut faire attention s’il n’y a pas de la nourriture dans la bouche des choses comme ça. Sinon parler à table c’est pas du tout. Heu… Interdit Moi : Dans les repas de familles ? Par exemple en France on a traditionnellement le diner et au Japon c’est comme ça ? Heu il n’ y a pas vraiment comme en France, des repas de famille le dimanche midi un truc comme ça mais heu…c’est plutôt étalé sur l’année, sur quelque moment de l’année comme par exemple le moment qui est le plus important c’est le nouvel an. Le jour de l’an c’est un moment important pour la famille. On est réuni autour de repas etc… Après est ce qu’il y a d’autres occasion ? Euh… Non ! Je pense pas qu’au Japon il y a cette idée de repas de famille. Cette idée de repas régulier. Il doit y avoir une fois par mois grand max. Moi : Ok ! Sinon comme vous avez dit tout à l’heure vous avez plusieurs petits plats et pas de gros plats unique qui se suivent. Est-ce qu’ils y en a qui sont considérés comme principaux ? Ou est-ce que tous les plats sont catégorisés de la même façon ? Ça dépend. Moi : Oui ? Ça dépend du du repas. Par exemple quand il y a du poisson des choses comme ça. Le poisson ça peut varier. Il y a du poisson qui peut occuper une place centrale mais y a aussi le poisson qui se présentent comme des petits plats parmi d’autre. Donc c’est en fonction de ces choses qu’on prépare. Donc c’est varié. Moi : Donc du coup quand même vous avez tout en même temps où il y a des successions de plats ? 185 Oui tout tout en même temps. Le sucré c’est comme ingrédient c’est dans nos plats, c’est intégrés. Moi : oui Après la particularité c’est qu’il y a toujours le bol de riz en fait. C’est obligatoire. C’est un peu comme du pain, c’est sur lequel on revient un peu toujours. Le riz même c’est quand c’est l’élément central. Enfin par rapport à notre façon de manger. En fait on mange un petit peu d’un plat. On revient au riz et puis après on en reprend un autre. Dans ce sens-là c’est un peu le riz l’élément central. Sauf qu’il n’y a pas vraiment de connotation. C’est un élément central fort mais heu… Moi : c’est un peu comme le pain en France ? Ouai ouai c’est sur quoi on se base, on revient… C’est aussi un moyen de neutraliser le goût. Toujours avec le riz c’est, c’est quand on mange, un peu normalement un peu de sucré. Même si on assaisonne pas du tout. On le cuit juste avec de l’eau. Quelque fois ça neutralise le goût. Ça assure aussi le rôle de transition entre les plats. Moi : Oui d’accord, ouai, donc est ce que le riz il a aussi une signification culturelle ? Ou… ? Ouai heu… Comment dirais-je ? Il à une certaine époque le riz c’était… Enfin surtout jusqu’au XVIIIème siècle XIXème siècle la population Japonaise, principalement agriculteur, ils appartenaient à des familles de paysans. Et donc certaines familles avaient le riz qui représentait le moyen de paiement et se nourrissaient essentiellement de cette manière-là. Aussi les Chinois l’utilisaient de cette manière-là comme au Japon. Et donc il y a cette valeur d’abord, comment dire qui de richesse mais matériellement parlant. Et donc euh….. Et donc c’est une valeur plus sociale, politique, on peut dire ça comme ça. Bon après vraiment parlant dans certain rituel de repas, certaine pratique de repas, on ouvre les yeux etc…On prend conscience que le riz ça peut avoir un poids. Après c’est ce que je pense. Après je ne suis pas historien de religion donc euh… Moi : Oui un poids ? Je ne pourrais pas en dire plus mais il y a quelque chose de sacrée mais ce n’est pas si fort que ça. Mais précieux si vous voulez. Qui faut pas, qui faut pas comment dire… délaisser. Par exemple, peut être aujourd’hui c’est plus la même chose ç’est plus souple au Japon mais quand on a du riz il faut le manger jusqu’au dernier grain. C’est-à-dire que à l’école on apprenait aussi comment on cultive le riz. Donc on sait toute les étapes de sa culture, de sa transformation. Donc on sait que la 186 valeur du travail, les difficultés de ceux qui cultivait le riz et donc c’est par rapport au respect à ce travail-là. Mais on l’achète, c’est pas quelque chose donné, il y a une reconnaissance du travail de l’agriculteur qui se traduit justement par la façon de consommer le riz. Moi : Ok, donc vous avez dit que vous consommez la plupart de vos repas chez vous, à la maison ou vous allez quand même dans des restaurants hors pour le travail. Bon la aujourd’hui c’est plus à la maison, même quand il y a du travail à faire. On reste en famille. Moi : Ok et du coup au Japon c’est aussi ce même cas de figure, les sorties aux restaurants c’est plutôt en semaine pour les repas du midi pour le travail, et le soir c’est plutôt pour le … Oui le soir c’est souvent à la maison. Le restaurant… Enfin, ça dépend du travail aussi. Certains qui sont plus dans les relations commerciales, qui doit accueillir des clients du coup ils vont aller plus au restaurant même le soir. Donc pour les repas du soir il y a quand même aussi du monde mais heu moins… De temps en temps on fait aussi des repas entre les collègues aussi, on s’associe, on tisse des liens etc… mais bon les restaus c’est vraiment plutôt le midi. Après aussi le Japon, il y a un travail dominicale, c’est-à-dire le dimanche c’est plutôt les jours de sorties en générale. Donc le dimanche soir les sens sortent aussi le dimanche ou le soir au restaurant. On mange dehors, ouai. Moi : Ok et du coup quand vous manger vos repas au Japon vous préférez manger avec qui ? Vous privilégiez la famille, vos amis ou vos collègues de travail? Euh… Je pense quand même que la famille c’est ce qu’on va privilégier et aussi les amis. Par exemple ici pour moi il y a mes collègues avec qui j’ai développé une relation plus amicale donc on va manger ensemble en semaine soit au restaurant universitaire, soit sur la dalle etc… Après coup c’est vrai que l’on va plus privilégier la famille. Moi : D’accord donc après au niveau des cultures et des pratiques. Vous avez des mythes et des symboles qui influent vos comportements alimentaires ? Une signification de l’ordre du symbolique ? Nous par exemple on a la dinde à noël… (rire) Des choses qui font que c’est vraiment spécifique culturellement. 187 Alors oui, pour le jour de l’an par exemple. Il y a un repas comment dire, spécifique au jour de l’an. Déjà c’est beaucoup de graines, quelques poissons, des choses comme ça. Qui pour chacun, représente euh… une valeur, un comportement spécifique à respecter, à garder dans la vie. Les graines à partir de graines c’est heu… Enfin à partir des graines heu à partir du mot qui désigne la graine qui peut avoir une signification dérivée, qui signifierait je ne sais pas, de ce comporter, de façon très détaillée, un truc comme ça. Pour les bon repas, pour les jours de l’an il y a ce genre de chose. Et après, certain poissons, Par exemple daurade, des choses comme ça. On va faire du poisson pour fêter quelque chose. Par exemple je reviens au jour de l’an il y a ce qu’on appelle, comment on traduirait ça en France ? C’est un poisson en fonction de la taille le nom change… A chaque fois que, qu’ils grandissent. Comment on peut appeler ça en France, comment dire, après c’est pas très joli mais bon je vais appeler ça le poisson évolutif. Je vais appeler ça comme ça. Et donc selon sa taille il a un nom. C’est comme ça et quand il va devenir adulte comment ça va s’appeler autrement et ce genre de chose, ce genre de croissance c’est un peu considéré comme aussi un poisson de célébration, le fait de fêter quelque chose. Etc… Ouai certains aliments sont désignés à célébrer quelque chose. Moi : D’accord, et est-ce que vous avez au Japon des valeurs et des normes qui conditionnent votre façon de manger, vos comportements adoptés, vos comportements alimentaire ? Par exemple en France nos pratiques alimentaires, nos manières de tables sont très codifiées. Par exemple la maitresse de maison c’est la première à manger. On attend qu’elle commence à manger. Oui oui, heuuuuuuuuuuuu je pense que traditionnellement c’est le chef de maison qui est le maitre du repas, maitre de l’organisation des repas. Plus que la personne qui cuisine. Après c’est aussi en fonction de la famille aussi mais ça reste pas mal le chef de famille qui décide, il est plus respecté que les autres. Moi : Ok et au niveau des aliments, de votre alimentation ? Oui alors la euh… Oui ça concerne surtout la cuisine. Les aliments sont préparés d’une certaines manières définis. Moi : Ok et donc du coup la cuisine, ça a une signification pour vous ? Au Japon c’est très bien vue de cuisiner ? C’est un peu comme en France, avec la gastronomie française et les émissions qui vont avec (rire) c’est très bien vue. 188 Oui, on fait assez attention à la manière de cuisiner et ça me plait bien donc, et puis c’est le plaisir de faire quelque chose selon l’occasion. Moi : Ça a une signification de partage ? Oui, on peut dire ça… Moi : Et comment vous présentez les aliments ? Cela doit être élaboré, ou il y a un degré d’élaboration défini ? Les choses simples aussi, des salades? Par rapport à ce que je consomme ? Moi : Oui et aussi au Japon. Au Japon c’est particulier, il faut essayer de garder autant que possible la consistance d’origine de l’ingrédient. Et heu… Et donc par rapport à ça la cuisine française pour moi ça va être trop cuisinée des fois et j’ai l’impression qu’on… Je vais pas dire tricher mais qu’on ressent beaucoup avec l’assaisonnement, la façon de cuisiner alors qu’au Japon, on va… Moi : Vous laissez plus vos aliments au naturel ? Oui dès fois jusqu’au goût des aliments. Après il y a aussi tout un travail au Japon, de cuisiner, de donner le goût à chaque aliment aussi, comme exhausteur de goût. Mais on laisser plus l’aliment au naturel. Moi : Ok Bon après qu’est-ce qu’il y a de plus… ça dépend, moi je ne cuisine pas que du Japonais. Donc c’est aussi ma façon de faire à moi. Moi : Ok, donc maintenant on va parler des sushis en France Ok Moi : Du coup en France les restaurants japonais se multiplient, depuis une dizaine d’année. Qu’estce que vous en pensez ? Vous trouvez que c’est comme au Japon, très variés ou c’est standardisé, pas forcément la réalité. 189 Heu… En fait, le fait que ça existe, que ça reste, que c’est que c’est ça qui a du succès, je trouve ça bien parce que ça permet aussi de découvrir un petit peu la culture japonaise. Mais c’est un peu réducteur. Ya un peu la caricature qui va avec ça. Moi j’aimerai bien que maintenant ça, qu’il y est une étape qui est nécessaire et je sais pas pourquoi ce sont les sushis qui ce sont rependu autant mais y a pas beaucoup de cuisine qui consomme du poisson cru donc ça se comprend… Après maintenant c’est pas un plat que l’on consomme trop chez soi, c’est plus un plat que l’on consomme au restaurant. C’est par les restaurants qu’on fait connaitre nos sushis. Le sushi c’est pas une cuisine qui est très familiale en fait, c’est un plat qu’on prépare rarement à la maison. Après c’est quelque chose qu’on mange dans un restaurant, un truc qu’on mange pas tout le temps non plus. C’est des choses une à deux fois par an je crois. On parle des sushis c’est la cuisine Japonaise. Mais ç’est pas le truc qu’on mange le plus, la spécialité la bas quoi, il y a plein d’autres plats Moi : Ok d’accord Donc c’est beaucoup plus différent. Moi : D’accord ! Et donc du coup depuis votre arrivé en France comment voyez-vous l’évolution ? De la cuisine Japonaise ? Moi : Oui, enfin de l’acceptation de la cuisine japonaise du moins des sushis en France Oui je crois que ça c’est bien développé de manière générale. Dans un bon sens je crois, il y a une bonne compréhension de la façon de les manger et ça va aussi dans une bonne adaptation avec l’acceptation de la cuisine Japonaise, pour moi c’est très positif. Moi : D’accord. Donc du coup selon vous on observe plutôt un succès soudain ou ça a pris son temps et … A paris, je sais que ça fait un moment mais… Euh… oui c’est vrai que quand je suis arrivée en France, yen avait pas autant ça a commencé à se multiplier je dirais depuis 10 ans. Oui 10 ans un truc comme ça. Après je ne sais pas comment ça se passe dans d’autres pays Européen. Par rapport à ça je pense que la France a fait une adaptation assez rapide je pense. Moi : Ok, donc vous avez une idée pourquoi… il y a eu une adaptation assez rapide ? 190 Heu… Je pense que c’est plus comment dire, l’intérêt, la spécificité de la culture japonaise qui a amené les français à s’intéresser plus à s’ouvrir à cette culture et puis après il y a certaine fierté par rapport à la cuisine française qui a un peu limité son développement. Mais je pense que les français sont à la base curieux, par rapport aux aliments étrangers. Et puis après je pense que ouais, je pense que ça ça c’est une des raisons d’acceptation parce que dans certains pays ça se développe pas du tout, des choses comme ça. Et puis Paris, il y a beaucoup de monde aussi donc il y a tout tout tout… Moi : Ok… Donc maintenant on va parler quand même du sujet de pourquoi je vous interview, les algues alimentaires, votre consommation d’algue et la consommation aussi au Japon (rire) Donc maintenant je vais parler un peu des algues quand même. C’est le thème du sujet. Oui Moi : Euh donc du coup, est ce que vous consommez des algues régulièrement ? Aujourd’hui, beaucoup moins. Donc maintenant on a un petit enfant. Mettre dans un repas pour que l’enfant puisse consommer. Des algues dans le repas qu’on puisse consommer. C’est un peu plus compliqué… Donc ces pas les algues séchées qu’on utilise pour les sushis tout ça. C’est quand même une certaine part tout ça. On mange des algues séchées qu’on va mettre dans les salades, les soupes ou les trucs comme ça. Mais on les mange plutôt frais. Et ça il y a beaucoup plus au Japon que en France. Et avec la naissance de mon enfant ça j’en mange moins… Moi : Et donc à quelle fréquence à peu près ? Vous avez une idée ou bien ? … Maintenant ça s’est réduit à quelquefois par an. Moi : Et pourquoi vous avez réduit en raison de votre enfant ? En quoi il ne peut pas manger des algues, c’est mauvais pour lui ? Les algues fraiches ça a quand même au niveau du goût de la consistance particulier. Moi : Oui C’est pas quelque chose à mon avis qui plairait autant au enfant en plus. C’est une chose croquante, et il faudrait que ce soit plutôt mou. Mais après j’ai pas encore essayé de lui faire goûter. De lui faire 191 goûter des choses comme ça. Ca a un goût aussi assez marqué. Pour un enfant comme elle c’est un peu tôt je trouve. On a pas encore essayé des choses comme ça. Peut-être le moment est venu de lui faire essayer. Moi : Ok. Sinon au Japon qu’elles sont les algues qui sont consommées ? C’est les mêmes qu’en France ? Les classiques comme le Wakamé, la Nori… ? Après il y a d’autres espèces, d’autres variétés ? Il y a le Wakamé oui. Pour la majorité des gens c’est vraiment l’algue la plus consommée. En plus il y a le Nori, ça aussi énormément. Moi : Ok, du coup comment vous savez que les algues sont comestibles ? Les algues qui sont autorisées que vous pouvez ramasser, cuisiner, transformer ? Enfin les algues comment vous savez qu’elles sont mangeables ? Vous les achetez déjà toute fait ? Oui, c’est, c’est c’est souvent comme ça en fait. Il y a quand même des gens qui sont comment dire qui font du Wakamé, mais qui est en sachet sous forme fraiche… D’une façon générale, ça s’achète et ça se consomme ailleurs. D’’une façon générale ça se consomme comme ça ailleurs. Moi : Et les algues que vous consommez en France, elles viennent d’où, elles sont importées, elles viennent du Japon ? Heu moi souvent je les achète dans une épicerie chinoise et oui qu’ils importent de la Corée ou de la Chine. Celui que j’ai est très très bien au niveau des prix, au niveau de la qualité. Bon aujourd’hui j’en achète quasiment plus. Au Japon c’est pareil je crois. Moi : Ok, et donc les algues sont perçues comment alors ? Comme un aliment ? Vous la voyez comment ? Heu, quand on voit du Nori, Heu, comment dire ça. C’est un aliment… c’est la base du repas que l’on appelle l’ornigiri. Je ne sais pas si vous connaissez ça. Pour moi ça fait un peu sandwich. C’est une boule de riz entouré de l’algue et normalement à l’intérieur il y a des petits trucs qui peut être des légumes, des choses salées. 192 Moi : A oui oui, je connais j’en ai déjà mangé. C’est très sympa. Et ça s’appelle Ornigiri. Ca s’achète donc on en trouve très facilement au Japon. Dans les supérettes qui sont un peu partout au Japon. Et par exemple le repas du midi c’est des choses comme ça. Parfois on arrive, on attrape 2,3 trucs, un truc comme ça. Puis on se contente de ça. Et ça, sans Nori, c’est pas terrible comme truc quoi. Donc on met la Nori. La Nori c’est en fonction du plat, ça apporte quelque chose au niveau du goût. C’est pas quelque chose qui peut entrer dans n’importe quel plat en fait. Donc c’est lié avec le type de plat. Moi : Et donc du coup, c’est lié avec une image plutôt positive ? Ca j’en ai aucune idée… C’est dédié à certains plats. C’est lié à un type de plat. Moi : Ok ! Parce que chez nous en France, c’est une image qui n’est pas très positive, c’est… Ça j’en ai aucune idée. Qu’est-ce que vous entendez par image négative en France ? Moi : Les algues en France, c’est la pollution, c’est les algues vertes, les algues toxiques, les algues qui puent… Ah oui d’accord ! Ah nous non on a pas ça. Peut-être pour certains ça veut dire autre chose mais au Japon c’est pas du tout….. 193 Moi : D’accord Et donc du coup, comment elles sont-présentées, quand les algues elles sont consommées ? Elles sont essentiellement en salade comme vous m’avez dit à l’ instant où… ? Oui ? Moi : Dans les soupes, avec du poisson, je ne sais pas comme accompagnement Alors ça on fait rarement, c’est surtout en salade. On a la soupe miso et tous ce qui est soupes. Et puis… Je pense que ouais… c’est surtout dans ces produits comme l’ornigiri qu’on consomme l’algue aussi. Moi : Sous forme de chips aussi ? Les chips aux algues. Les Nori qui sont frites. A peut-être ouais... Moi : Oui, ma sœur m’a ramené ça, mais je ne sais pas où elle l’a trouvé, je crois dans une épicerie japonaise à Paris. Je n’en ai aucune idée mais il parait ouai. Moi : En apéritif par exemple. Pour grignoter. On peut prendre des algues ? Euh… Non, pas vraiment et en plus il n’y a pas vraiment d’apéritif. Pour nous l’apéritif c’est pas quelque chose qui est très connu. Apéritif pour tous c’est dans ce sens-là. C’est de boire un coup avec les gens avant de passer à table (rire) Ça peut se faire, on boit des bières avec des petites choses à côté, des cacahouètes des choses comme ça. Mais après non il y a pas l’algue à l’apéritif. On se rejoint plutôt tous à table et on commence directe (rire) Moi : D’accord ok, ce n’est pas quelque chose de commun. Et sinon, est ce que les algues sont utilisées pour autre chose comme il y a en France. Après je pense qu’il va y avoir des autres utilisations comme les savons des autres utilisations. Après je ne sais pas où ça en est mais ils font de nombreuses choses. Je n’ai pas fait d’étude là-dessus. Moi : Est-ce qu’ils y en a qui l’utilisent comme gélifiant ? Comme c’est beaucoup le cas en France ? 194 Alors ça j’en ai aucune idée. Moi : ok, alors quand est ce qu’elles sont consommées ? Comment du moins à quelle heure ? Plutôt le matin ? Le midi ? Le soir ? Tout le temps ? (rire) L’algue c’est plutôt tout le temps. Dans la famille si y a ces petits déjeuners traditionnel et bien c’est dès le matin, dans la soupe miso. Et puis le déjeuner, le dîner pareil. C’est un peu dans n’importe quel repas. Ya pas vraiment ouai… Moi : Alors, où est ce qu’elles sont consommées ? Principalement ? A l’extérieur dans les restaurants ou dans les foyers, repas familial ? Pareil… Moi : Ok, donc il n’y a pas de chose spécifique ? Et donc du coup avec qui vous la consommez généralement avec votre famille, des amis… ? C’est un plat, ingrédient spécifique ? Je ne pense pas. Non c’est un plat comme un autre. Moi : Ok, et qui les consomme en général ? Y a-t-il une catégorie sociale spécifique ? Les familles aisées ? Ou tout le monde en général ? Non Moi : Tout le monde ? Oui oui Moi : D’accord Et du coup vous vous aimez les algues ? Oui moi j’aime bien oui oui Moi : Au niveau du goût, est ce qu’elles doivent avoir un goût particulier pour être apprécié ? Je pense que c’est plus salé à mon avis. Moi : C’est plus salé ? 195 Oui on la mange beaucoup dans les salades. Moi je mets toujours un peu de vinaigre de riz… Mais un peu de sucre aussi donc pour nous c’est un petit peu doux aussi, c’est ce principe-là. Mais après les algues on apprécie surtout la consistance dans la bouche en fait. Et l’aspect comment on va dire ça…. C’est un peu quand on touche le Wakamé dilué dans l’eau, c’est un peu, on dirait du savon… En fait. Moi : Une texture caoutchouc non ? Oui c’est ça mais quand on mâche, ça doit être plutôt croquant… Moi : Oui, oui j’ai goûté pour le Wakamé, moi j’aime bien mais il y en a beaucoup qui dise, ah mais ça se mange ça ? C’est dégoutant (rire) Mais moi j’aime bien. Mais c’est vrai que le goût tout ça c’est iodé, c’est particulier, on sent de la mer, on sent du sel de mer. C’est sympa moi je trouve. Mais après on fonctionne chacun selon ses goût mais ça peut varier. Mais, ouais… Moi : Ok du coup, comment elles sont bien vues ? Elles ont une signification particulière ? Ou vraiment un plat normal ? De base ? Symbolise-t-elle quelque chose ? C’est un ingrédient comme un autre Moi : Ok, donc c’est un ingrédient, voilà Oui Moi : C’est pas comme le caviar ou … ? (rire) Non, non, non (rire) on en mange rarement tout seul mais c’est plutôt quelque chose qu’on rajoute. Plutôt donc… Oui je pense Moi : Ok, donc elles ont pas une signification particulière, de symbole ou... Ah ma connaissance, non… Moi : Comme par exemple en France, avec le vin, le pain et la baguette. 196 Non non non non. Mais bon peut être dans la tradition Shintoïsme au Japon qui vénère ces aliments, du moins ce genre de chose. Ils ont des prières, des pratiques qui sont dédiés à ça. Moi : C’est pas comme le thé ou le riz par exemple… A non non non. Moi : Ok Les algues c’est plutôt quelque chose qu’on rajoute. Moi : Ok donc ça à plutôt un rôle de légume ou un rôle de condiment, d’épices, ou les deux ? Je dirais les deux mais quand même plus légume Moi : Plus légume ? Oui. C’est pas pour marquer un goût, mais plutôt pour chercher la consistance. Mais ce sera un… Ingrédient de plus… Moi : Mais vous voyez plus ça comme un ingrédient d’un intérêt nutritionnel ? Oui Moi : Ok ! Et du coup comment vous voyez l’évolution de la consommation d’algue en France ? Alors ça j’en ai aucune idée c’est… quand même lié à l’évolution des sushis. Moi : Oui Qui fait évoluer la consommation des algues… Sinon après je vois pas d’autres choses. Mais c’est vrai que les algues elles m’ont beaucoup étonné de les trouver dans beaucoup de magasin bio. Moi : Oui Qui propose des produits des algues, des produits variés, des choses que j’ai pas beaucoup vu au Japon 197 Moi : Le tartare ? Du fromage aux algues (rire) Oui des choses comme ça. Mais ça c’est des cas très particulier. Mais si je parle d’une façon plus générale ça va avec l’évolution des restaurants japonais… Moi : Oui donc vous pensez que c’est du à la culture Japonaise. Oui Moi : Et donc vous ne consommez pas trop des algues françaises, des algues qui viennent de Bretagne ? Oui, oui c’est vrai que je consomme rarement des algues de Bretagne. J’en ai acheté un jour peutêtre. Moi : Après c’est sure, c’est beaucoup en Bretagne que les algues sont produites du moins récoltés. Oui. Moi : Et vous voyez comment l’évolution future ? Les algues ? Moi : Les algues produites en France, dans le monde ? (rire), Non aucune idée. Mais après certaines régions, dans certaines régions proches de la mer. Des choses comme ça oui. Comme vous dites en Bretagne. Qui pourrait développer les algues Moi : Est-ce que vous pensez que en 2050, dans le monde entier, l’algue elle sera consommée régulièrement, elle sera un aliment commun, adoptée par tout le monde. Les perspectives actuelles, Non, je ne pense pas non. Moi : Pourquoi ? (Rire) Moi : En plat d’accompagnement par exemple ? Avec la viande ? M 198 C’est sure que ça progresse, oui c’est sure mais ça se consomme cru, ça se consomme cuite. Il y a de nombreuses variétés mais les algues comme le Nori tout ça oui ça a une chance de se développer. Moi : Ok, est ce que vous consommez des microalgues, notamment de la spiruline ou pas du tout ? Non pas du tout je ne sais pas au Japon, peut-être, mais pas moi. Moi : Ok, donc dans le futur vous voyez la viande, toujours présente, dominant les marchés. Les gens préférant consommer de la viande. Bon après chez moi, ma femme elle est végétarienne, donc on consomme de moins en moins de viande. Moi je mange de tout que quand je suis à l’extérieur. Après pour préparer ça c’est un peu compliqué c’est plus compliqué que la viande. On va consommer autre chose, surtout quand on a pas trop le temps. Après ce qui change du Japon, c’est que vous consommez les produits toutes l’année alors que nous la saison est très marqué. On va pas consommer une espèce tout au long de l’année. En été par exemple, je ne me voyais pas manger des huitres, pourtant en France vous en mangez tout le temps. Et puis la qualité des produits changent vachement d’une région à l’autre. Moi : Tout à fait d’accord, ici j’ai beaucoup de mal à manger du poisson. Alors après un an en Bretagne le poisson j’en ai mangé des kilos. J’habitais à côté de grand halle, c’était trop bon. … Avez-vous quelque chose à ajouter ? Non je ne pense pas Moi : Ok, merci de m’avoir reçu. J’espère que ça vous aidera. Moi Oui oui ça me permet de comparer Merci à vous. Bonne après midi, bonne journée Moi : Je vous enverrai le mémoire terminé 199 J.Retranscription entretien n° 4 avec une startup productrice de micro algue (spiruline) réalisé le 10/02/2014 à la Serre, 27 bis allées Maurice Sarraut 31000 TOULOUSE Durée : 60 minutes (40 minutes de questions plus 20 minutes de visite) Moi : Bonjour, j’ai rendez-vous à 14h00 avec Jeanne Gallien de la société X. Oui elle est là, elle vous attend Moi : D’accord merci, bonjour je suis Jeanne TANTOT Eh bien moi c’est Jeanne aussi Moi : (rire), je viens suite au rendez-vous que nous avons fixé Oui tout à fait, on va aller derrière pour être plus tranquille, je prends de quoi noter si j’ai des questions auxquelles je ne peux pas répondre Moi : Ok Je te présente Sébastien Bezelga qui est chargé de toute la partie administrative et financière de la société Moi : Bonjour S : Bonjour, c’est vous qui faites votre mémoire sur les algues ? Jeanne va vous présenter le concept Moi : Ok … 200 Moi : Du coup je suis élève en master 1 alimentation parcours sciences sociales appliquées à l’alimentation à l’Isthia à Toulouse. C’est une approche de l’alimentation plus axée sur les sciences sociales D’accord Moi : Donc du coup je travaille dans le cadre de mon mémoire sur les algues alimentaires, leur acceptation, leur consommation etc… dont notamment la spiruline. Ok Moi : Donc j’ai entendu parler de votre entreprise, c’était au colloque, à la table ronde sur la « Transition alimentaire : pourra-t-on éviter le grand carnage ? » Qui a eu lieu à Toulouse à l’Ensat le 7 janvier Oui, tout à fait Moi : Et donc j’ai vu que vous étiez à Toulouse, j’ai trouvé ça intéressant de vous contacter car pour l’instant la plupart des producteurs d’algues sont basés en Bretagne et j’ai pu faire que des échanges au téléphone avec eux. Du coup je me suis dit pourquoi ne pas aller visiter, ça me semble très intéressant. D’accord Moi : Comme je vous l’avais dit, cet entretien va être enregistré pour que je puisse bien analyser vos propos mais vos réponses seront anonymes. Je pourrai vous passer la retranscription et mon mémoire quand il sera terminé si vous voulez. D’accords, pas de souci Moi : Alors dans une première partie je vais vous demander de vous présenter et de présenter le concept de votre société et en deuxième partie je vais vous poser des questions sur la spiruline sur sa consommation. Oui 201 Moi : Alors est ce que vous pouvez déjà vous présenter, parler de vous qu’elle est votre parcours professionnels. Oula alors moi je suis encore étudiante, je suis en alternance, je suis en dernière année en Bachelor de management à Toulouse Business School. Je m’occupe de la partie marketing et communication et je les aides aussi dans la partie financement. Avant j’ai fait plein d’autres choses avant de faire cette licence en alternance. Tu es sure que tu veux moi Moi : J’allais venir à l’entreprise, qui sont ces membres ? D’accord, alors je vais te la présenter de manière générale, donc tout a débuté avec l’association la voie Bleu qui s’est créé en 2010 par Georges Garcia qui est actuellement, maintenant le président de l’association avec Bruno Mata et Alexandre Besson, et en fait il a créé cet association parce qu’il était en contact avec… on va dire un monsieur qui a travaillé toute sa vie dans les micro-algues en fait qui était enseignant chercheur avant qui maintenant est à la retraite qui s’appelle Pierre Mollo qui a travaillé avec lui pendant un certain nombre d’année et qui a eu beaucoup d’idée autour des micro algues et de la spiruline. Moi : Ok En fait il s’est rendu compte qu’il fallait sensibiliser les gens à l’aliment qu’est la spiruline et les micro-algues et donc du coup il a créé cette association en 2010. Suite à cette association il a pensé à l’objet la phytotière pour concevoir des microalgues. Après ça il a fallu créer une entreprise pour pouvoir lancer le produit tout en continuant à innover pour créer de nouveaux concepts. Moi : D’accord Et donc du coup il y a Georges Garcia Il est l’actionnaire principal, Alexandre Besson qui est l’ingénieur en charge de la recherche et développement qui est aussi président de Alg and You, après tu vas trouver, celui qui travaillait las bas qui s’occupe de toute la partie administrative et financière donc euh voilà et on a engagé aussi 2 ingénieurs pour aider Alexandre sur la partie recherche et développement, Y’en a une qui est basée à Nantes qui s’appelle Cathy Haguet et un autre qui est à Toulouse à l’INSA, Remy Fransen. Voilà l’équipe, on commence tout juste à se développer. Comme je te l’ai dit moi je m’occupe plutôt de la partie marketing, communication. Je les aide sur tout ça et donc Alg and You je sais pas si tu as vu ça été créé en septembre 2014, donc c’est tout récent. 202 Moi : Oui c’est tout récent ! Du moins on est en train de construire tout ça, on est en train de postuler à la deuxième phase du concours du mondial de l’innovation qui aura lieu en mars et après on va faire une levée de fond normalement par la suite grâce à ça on va pouvoir bien démarrer on va dire tout ce qui est commercial est tout ça. Moi : Et du coup le concept, d’où vient cette idée de concept ? Il s’est intéressé aux micro-algues il a voulu les développer ? L’idée de manger des micro-algues, ça a été vraiment transmis par Pierre Mollo justement lorsque Georges Garcia a rencontré Pierre Mollo et c’est lui qui lui a transmise cette passion pour les microalgues. Pierre Mollo c’est quelqu’un qui a beaucoup voyagé notamment en Afrique ou il s’est rendu compte que c’était vraiment une micro-algue qui était très importante pour l’alimentation. Et qu’on pouvait nous comme occidentaux plus la consommer comme un médicament ou comme un complément alimentaire. On va dire que c’a c’est fait au contact de Pierre Mollo. C’est vraiment la que Georges a eu l’idée, la volonté de… Enfin il a passé pas mal d’année à réfléchir la dessus et pour lui c’est évident que dans pas longtemps on aura besoin des micro-algues pour pour pour… (tousse), justement on est en train de vivre une transition alimentaire, la viande va être difficile à produire et va être beaucoup plus chère donc il veut juste montrer qu’il y a des solutions alternatives. Moi : Des solutions alternative, ok, alors, pourquoi le nom Alg and You ? Phytotière ? Alors ça il faudrait demander à Alexandre, c’est pas nous qui l’avons créé en fait parce que Alexandre Besson l’ingénieur à fait sa thèse sur les micro-algues ou il a inventé la phytotière, une partie de sa thèse se base sur la phytotière et lui a trouvé le nom, il a décidé de l’appeler comme ça. Moi : Ok d’accord Donc ça s’est construit avec son groupe de travail. Je pourrai pas te dire exactement d’où ça vient mais après moi je m’en fais ma définition, pour moi Alg and You c’est pour montrer que on peut intégrer dans notre alimentation à nous les micro-algues et la produire nous-même, donc les microalgues c’est un rapprochement entre le particulier et les algues à consommer. Moi : D’accord, alors euh votre principal atout c’est la phytotière ? 203 Pour l’instant ouai ! Moi : Et donc du coup est ce que vous pouvez m’expliquer le principe, comment ça marche ? Alors euh, d’accord il faut savoir que ce sera relié euh à l’électricité, et tu vas avoir un grand tube comme ça, de cette taille-là, c’est ce qu’on a actuellement Qui sera remplie d’eau ça c’est le milieu de culture de la micro-algue, on va ajouter un substrat et on va dire des « bébés micro-algues » qui vont ensuite ce reproduire en ajoutant des nutriments. Comme par exemple, par exemple… Je ne sais plus exactement ce qui a dedans. En fait tu rajoutes quelques nutriments Moi : Des nutriments ? Lesquels ? 204 Je me souviens plus lesquels exactement et ça va permettre aux micro-algues de se développer dans son milieu de culture. Elle va avoir besoin de lumière avec la photosynthèse. Et les cultures sont chauffées à peu près à 30°C. Donc toute la journée ça va être chauffée. Et tu vas avoir la lumière qui fait que ça va se reproduire facilement. Et après tu vas avoir du produit, dans ce milieu de culture tu vas pouvoir récolter une matière grâce à un système qu’on a pas encore mis en place qui sera intégré à la phytotière qui va recueillir la matière que tu vas pouvoir manger après en laissant l’eau et les nutriments pour qu’ils continuent de se reproduire encore après. Ça prend juste les micro-algues qui vont ensuite les compacter et ça va donner de la matière un peu comme du beurre que tu pourras manger ou ajouter à tes aliments, voilà. Donc ça va être on va dire, totalement automatisé donc ça veut dire que tu vas pouvoir contrôler la chaleur de l’eau ou alors l’éclairage ou alors s’il faut rajouter ou pas quelque chose dedans avec par exemple une application ou ce genre de chose. On va pas te demander d’aller regarder… C’est pas forcément pour des scientifiques ou des gens… Moi : Pour tout le monde, les gens peuvent avoir leur culture d’algue Voilà c’est ça donc on va pouvoir récolter 20 gramme de spiruline par jour en fonction de ce que tu veux en faire, comment tu veux la manger. Moi : Donc il y a pas trop de temps d’attente ? Il faut attendre plusieurs jours avant d’avoir une première récolte ? Non tu peux avoir une petite récolte le jour même mais normalement on attend 3 jours avant d’avoir une quantité intéressante Moi : Ok, alors lorsqu'elle marchera, la production sera en continue? Comment vous avez prévu de la nettoyer? Alors, l'objectif est qu'il y ai renouvellement du milieu de culture et récolte automatique…L’objectif est de ne pas avoir à la nettoyer. Une maintenance sera nécessaire mais pas de nettoyage... Je ne sais pas tous les combiens pour l’instant…. Quant à la production, ça se fera effectivement en continu, l'idée est qu'elle soit en monitoring afin de contrôler la production pour s'adapter aux besoins, en produire donc plus ou moins. 205 Moi : Ok, votre objectif pour l’instant c’est que la spiruline mais est-ce que vous avez pensé à ce même principe pour d’autres algues microscopique ? Oui bien sure Moi : La chlorella Oui la chlorella, et la 3ème, l’ordonthela Moi : Oui Ce sont les 3 qui pour l’instant sont autorisées en alimentation. Bien sûr pour l’instant on se pose sur la spiruline car c’est la plus simple on va dire à utiliser pour ce système de production. Mais c’est clair que quand on en parle c’est pour les micro-algues en général. Moi : Ok, et est-ce que vous vendez ou envisagez de vendre de la spiruline à côté ou c’est que la spiruline quoi. Alors ça c’est une question à laquelle on a pas encore répondu, qu’on a pas encore répondu encore. Parce que nous justement on se base sur des systèmes d’innovations pour fabriquer de la spiruline donc normalement on ne vendra pas de spiruline. On vendra que les systèmes de production. Après est ce qu’on peut penser à vendre des kits pour faire… pour logiquement produire de la spiruline soit même, dans tous les cas on vendra pas le produit logiquement Moi : Ok sous forme de kit alors Oui voilà, on vendra les systèmes de production pour permettre aux gens d’avoir leur propre production et de la produire eux-mêmes. Moi : Ok, c’est vraiment intéressant comme concept. Alors maintenant je vais plus vous parler de la spiruline, du moins vous poser des questions dessus. Oui… Moi : Euh… Est-ce que vous connaissez a peut prêt la quantité qui est consommée en France de spiruline ? 206 Euh oui, alors ça c’est des données que je pourrai t’envoyer, tu veux dire en complément alimentaire ? Moi : En complément alimentaire, sous forme fraiche, consommé par l’homme en gros. De toute façon elle est plus consommée sous forme de complément alimentaire ça c’est sure. Ça c’est des données que je peux t’envoyer… J’ai pas les chiffres en tête. Moi : ok, et à peu près, qui en consomme ? Qui s’intéresse à cette algue ? Alors, pour les compléments alimentaires ce sera plus tôt on va dire les catégories socioprofessionnels plutôt élevées de la population, les gens curieux… Moi : Les sportifs ? Tout le monde m’en parle Oui, oui je la connais en tant que sportive justement, après il y a les personnes âgées qui peuvent en prendre justement. En fonction des carences ça peut être adaptées. Et les enfants mal nourries, malnutries, donc ça va être vraiment deux pôles, j’ai un schéma qui est assez bien fait en plus, c’est qu’il y a deux grands marchés en fait, la spiruline en complément mais sous forme de poudre qui n’est pas un complément alimentaire mais juste sous forme de poudre qui va être destiné plus aux pays pauvres, pour la malnutrition et dans les marchés on va dire des catégories élevées de la population genre les occidentaux qui vont la consommée essentiellement sous forme de complément alimentaire pour le sport, les personnes qui sont fatiguées, anémiés aussi. Au milieu il y a éventuellement nous (rire), pour tout le monde. Moi : Donc les évolutions sont positives ? Euh…Oui jusqu’à présent ça évolue bien, on en parle de plus en plus, d’ailleurs pour notre concept, il y a de plus en plus de personnes qui manifestent leur intérêt pour cette idée car ça n’existe nulle part ailleurs. Bon il y a encore beaucoup de personne qui trouve que c’est trop cher en tout cas et donc ce système la va les intéresser. Ce sera moins cher et ils pourront plus en consommer. En plus, ce sera frais donc... Moi : Je suis complétement d’accord, je suis la première intéressée (rire), quand ça existera ! Donc du coup ça va évoluer prochainement, ça va évoluer positivement ? Vous pensez que ça va faire un boum ? 207 Oui, je pense qu’on est dans la bonne période. Ça commence vraiment à se développer, on en entend parler partout, on entend parler des insectes, des alternatives alimentaires autre et moi, je pense que c’est le bon moment après il faut se préparer, Après pour nous, il y a encore beaucoup de chose à faire, en recherche et développement et tout ça. Après, oui dans quelques années ça peut bien se développer. En fait, on a trois marchés, le premier ce sera d’intervenir auprès des entreprises pour récupérer leurs énergies. Par exemple, leurs chaleurs, et installer des bassins pour produire de la spiruline, à l’extérieure de leur industrie. Ça c’est un premier marché qui peut démarrer dans les mois à venir, les années à venir. Ce qui va nous permettre pour nous de développer ensuite vers des marchés plus important comme par exemple, des restaurants, des maisons de retraites qui développeront leur propre production de spiruline, et ensuite pour arriver au marché des particuliers. Le 1 er marché va nous permettre de commencer à avoir un gain de ressources financières pour ensuite lancer le 2ème marché. Ca va se faire sur plusieurs années et on pense que d’ici la oui, on va développer le marché des particuliers. Moi : Ok, alors du coup, revenons à la France en général, comment elle se situe en matière d’importation ?d’exportation ? Sachant que pour la spiruline, elle est en compétition avec beaucoup de pays d’Afrique, je sais qu’ils en produisent et qu’ils en consomment. Je parle même pas des pays d’Asie… La spiruline qu’on consomme actuellement elle vient de Chine. Nous on en produit mais je ne sais pas où vont les spirulines de France. Elles sont produites dans des fermes, il doit y avoir une vingtaine ou une trentaine en France. Moi : Oui il y en a beaucoup dans ma région d’origine dans le Gard, Oui, oui et dans la région, on en a 2 ou 3. Et il y en a aussi autour de la Camargue, nous on se fournit chez eux aussi. Du coup ces fermes ils vont en produire une partie, du coup ça va être plus chère. Du coup, la plupart des compléments alimentaires que l’on va acheter, ça va venir essentiellement de Chine. Elles vont être produites en Chine en tout cas. Moi : D’accord Donc euh, voilà 208 Moi : Ok, donc après une fois récoltée, en général qu’elles sont les traitements réalisées sur la spiruline ? Et vous après votre récolte, il y a des traitements qui sont prévue, ou elle est, euh… consommée fraiche ? Si tu l’as chez toi ? Moi : Oui et aussi dans la phytotière, y a un traitement ensuite… Alors en générale, elle est séchée, déshydratée, elle perd donc de ses nutriments mais peut se garder longtemps, très longtemps. Pour la phytotière, justement tu la manges vraiment fraiches, il faut savoir que si on a pensé, qu’on a mis en place ce système de production, c’est qu’on ne peut pas distribuer l’algue fraiche, c’est interdit, c’est la difficulté en fait. Manger ces micro-algues de manière fraiches, ça je pense qu’on peut pas se permettre de prendre 10 jours pour l’acheminer chez quelqu’un, sur 5 jours. Une fois que tu l’as chez toi, c’est comme un produit frais que tu pourrais avoir, il faut que tu la consomme dans les 3 prochains jours. Elle va subir aucun traitement en fait. Ce sera vraiment la matière brute qui va arriver. Et toi tu en fais ce que tu veux avec ton alimentation. Tu peux la cuire si tu veux, tu vas perdre un peu de ces valeurs nutritives. Et sinon tu peux l’ajouter dans une salade, dans un plat. Moi : Donc y a pas de traitement, ok, Non, aucun Moi : Ok, alors qu’elles sont pour toi les avantages de la spiruline ? Alors pour moi, je sais que j’en prends, enfin j’en prenais quand je faisais du sport, parce que tu récupères beaucoup plus vite, après l’effort et pendant l’effort. Après l’effort, tu es moins essoufflé, au niveau endurance ça marche mieux. Après ça peut être utilisées pour des carences en fer aussi. Par exemple, les gens qui ont de l’anémie. Ce genre de chose. Comme complément alimentaire c’est donc intéressant. Surtout pour les périodes hivernale ou Ya besoin de beaucoup de vitamines, tu sais que t’on alimentation n’est pas assez riche en telle truc et telle truc. Tu vas rajouter avec de la spiruline ce genre de chose. Et après, il y a aussi tous les végétariens et végétaliens qui ont pas, qui trouvent pas à côté de la viande… Par exemple, il y en a qui vont consommer beaucoup de légumineuses parce qu’il y a du fer et des protéines. Dans la spiruline, c’est bien parce qu’il y a les 8 acides aminés essentiels que tu trouves dans la viande aussi. 209 Moi : Oui, tout à fait Donc je pense que pour ces personnes-là, qui veulent pas manger de la viande, c’est intéressant parce qu’il y a les 8 acides aminés. Moi : Ok est est ce que vous voyez des inconvénients, vous ou pas ? Pas du tout Moi : Le prix ? Alors moi j’en consomme quand même peu, après Georges et Sébastien qui en consomment depuis longtemps ils vont peut-être trouver que c’est un peu cher. Si tu l’achètes directement chez le spirulinier en paillette c’est un peu différent, tu peux l’ajouter dans de l’eau ça se dissout facilement ce sera un peu moins cher que si tu l’achètes en pharmacie en complément alimentaire, en comprime. Moi : Ça c’est pareil pour tout je crois. Après j’ai entendu d’après beaucoup de spécialiste que heu, la spiruline c’était une source unique en protéine qui pouvait remplacer, qui serait une source de substitution de la viande mais qui peut être utilisé que comme complément alimentaire, vous en pensez quoi ? C’est-à-dire vous pensez que ça peut vraiment pas présenter dans un repas pour remplacer la viande ? Alors c’est vrai que la spiruline a vraiment des qualités, au niveau des protéines en tout ça. Ça peut remplacer la viande, après c’est sure, ça peut se consommer qu’en petite quantité. On ne va pas acheter 6 boites de compléments alimentaires pour les consommer en 3 jours. C’est pas possible parce que c’est des compléments alimentaires et on peut pas se permettre d’ingérer autant de comprimés comme si on mangeait un steak. Moi : Oui, oui je comprends mais, il existe des substituts de viande, de la fausse viande pour les végétaliens et végétariens, on ne peut pas les faire à base de spiruline ? La viande, ce n’est pas un truc qu’il faut manger tous les jours, toute la semaine enfin…. Alors que la spiruline on peut en consommer un peu tous les jours, de temps en temps mais niveau quantité ça ne fait pas un steak. Après oui, elle peut très bien se substituer à d’autres aliments surtout pour 210 ceux qui ne mangent pas de viande, qui ont besoins de spiruline. Après ça dépend dans quel contexte on se met. Moi : Donc ça peut remplacer la viande ? Oui, oui mais après dans ce cas-là, on ne veut pas se faire des ennemies, on ne va pas s’adresser à l’industrie agro-alimentaire, on ne va pas remplacer la viande. Pour l’instant ce n’est pas du tout notre positionnement, on est pas là pour ça. On veut juste apporter une nouvelle alimentation. Moi : Ok, d’accord Par exemple, comme les insectes… Il faut faire attention au niveau de la communication, par exemple on va pas dire, c’est pour remplacer la viande. Nous c’est une nouvelle alternative alimentaire pour faire réfléchir les gens sur qu’est ce qui à d’autres dans la viande et sur si y a plus de viande, qu’est-ce qu’on pourra manger. Bon après c’est sure que pour les végétariens, c’est avantageux de remplacer la viande par de la spiruline ou autre. Moi : D’accord, avec votre prototype, vous écartez le problème de pollution aux métaux lourds. De nombreux médecins pensent que les algues sont de plus en plus polluées par les métaux lourds et autres éléments toxiques. C’est sure que dans les lacs et autres zone de production il y a plus de risques de contamination de l’eau, du coup après, ça c’est un problème qu’on écarte. Le milieu de culture sera pure, ça c’est sure, pour une consommation de table. Moi : Donc selon vous les gens sont prêts à consommer des algues, sont même prêt à avoir leur propre élevage d’algues ? Alors y’en a beaucoup qui sont curieux qui veulent découvrir mais qui n’en ont pas l’occasion, parce qu’ils ont pas eu des dégustations, ce genre de chose. Ils sont curieux du coup du genre, tient justement, je vais suivre l’association de la voie bleue pour d’avantage s’y connaitre en micro-algue. Y’en a aussi qui connaisse bien la spiruline sous forme sèche qui suive l’association et qui veulent en manger de la fraiche. Mais bon après il y a un gros travail d’acceptabilité, y a une bonne partie de la population qui n’en consomme pas encore, et y’en a aussi qui la voie que comme complément alimentaire et qui aurait du mal à la voir autrement. Donc il y a encore un travail à faire. C’est pour 211 ça que la voie bleue travaille en collaboration avec Alg and You justement pour continuer à sensibiliser les gens. En promouvant l’algue ça se mange etc… Moi : D’accord, et donc du coup, vous organisez des dégustations du coup ? Beh, ça c’est plutôt avec la voie bleue, oui bon ils font un gros travail d’acceptabilité en fait. L’année dernière ils ont pris une stagiaire qui a fait une étude justement sur la question. « L’acceptation des micro-algues dans l’alimentation ». Et ils ont fait beaucoup de dégustation dans les écoles, et demandés le retour des gens à travers de nombreuses enquêtes. Pour eux c’était possible de manger ce genre d’aliments, et y a eu beaucoup de retour positif en tout cas. Pour eux c’est quelque chose de normale, que l’on peut manger tous les jours. Donc je pense que oui, voilà il faut continuer à faire ça. Il y a des gens qu’on arrive pas encore à toucher, donc il faut continuer ce genre d’action pour que les gens n’ai plus peur et tout. Moi : Donc du coup vous touchez plus les enfants ou… ? Non, on va aussi passer par des étudiants, on va aussi à des salons, donc la après avec les salons, ça va toucher qu’une certaine catégorie de la population, bon c’est des salons, après on va pas aller dans la rue chercher le public. On essaye de varier les salons et à chaque fois toucher un maximum de personne. Moi : Du coup vous faites déguster la spiruline fraiche directement ? La plupart du temps on la mêle à des recettes, pour que ce soit plus attrayant on va dire. Parce que tout seule, ça n’a pas forcément trop de goût non plus. Donc euh. Là à la soirée de lancement, on a par exemple, cuisiné avec de la spiruline, deux petits plats sucrées et deux salées, et on a fait aussi déguster en sèche pour que les gens s’imaginent vu le gout que ça avait ce que les gens pouvait faire avec. On leur donne des recettes, ce genre de chose. Moi : Est-ce que vous trouvez que la spiruline à un goût parce que j’ai souvent des gens, des diététiciennes avec qui j’ai travaillé qui lui trouve un goût particulier, En fait, ce qui est gênant c’est que ça n’a pas forcément de goût. Parce que ce n’est pas associé à quelque chose qu’on connait. Donc on peut pas le caractériser, enfin moi j’ai du mal à caractériser, je sais juste que ce qu’il m’a le plus étonné c’était la texture, parce que c’était une texture particulière 212 que je ne reconnais pas non plus, que je n’identifie, que je ne pourrai associer à la limite. Et donc du coup euh… Le goût non parce que c’est pas iodé justement donc euh j’aime bien Moi : Qu’est-ce que vous entendez par un goût iodé ? Ce n’est pas salé, ça n’a pas le goût de la mer. Après je ne pourrai pas te le dire, ça n’a pas de goût bon ou de goût mauvais. C’est assez neutre donc c’est difficile à dire. C’est ce qui est bien, comme ça on peut le marier avec du salé ou du sucré. Y’a pas d’inconvénients. Moi : Ok, euh…Alors moi l’année dernière j’ai fait les entrepreneuriales en Bretagne… Oui ? Moi : Et j’ai travaillé du moins j’ai monté un projet aux algues pour la récupération des sportifs. Et le problème que j’ai rencontré avec la spiruline, c’est la couleur verte, vraiment verte qui dégoutait les gens… Oui oui (rire) justement on en parlait hier avec une journaliste qui est venu, ce qui ne faut pas faire comme d’autre association comme le groupe roquette qui décide d’intégrer la spiruline dans certain de ces aliments, enlève le pigment colorant, donc enlève aussi toute les bonnes choses qui sont à l’intérieure. Une fois qu’on enlève le pigment colorant, il y a plus de qualité nutritive. Du coup on peut pas se permettre de retirer ce pigment. Même si on sait que du coup, ça peut être très étonnant, il faut y arriver avec. C’est comme la betterave si tu veux. C’est rouge, finalement on en mange, ça colore les dents, ça colore les vêtements, il faut juste passer au-delà de ça et essayer d’aller au-delà de l’a… Moi : De la cuisiner avec quelque chose de vert des légumes, de la salade ou d’accepter cette couleur verte pour faire des plats originaux. Oui voilà, après c’est clair que dans un des plats qu’on a fait, on a fait des poires aux caramels avec une chantilly à la spiruline, c’était super vert. Moi : C’était original ça 213 C’est comme les colorants alimentaires, on joue un peu avec, c’est vrai que des fois c’est vrai que ça colore vraiment beaucoup et ça peut être… Justement c’est ça un facteur d’acceptabilité et de passer au-delà de cette contrainte. Moi : Oui on s’en est sortie avec un shake vert et… Oui (rire) Moi : Ok, ok, alors je suis arrivée au bout de mes questions, est ce que vous avez des choses à rajouter ? Euh non, je crois qu’on a fait le tour… Moi : Donc mon sujet de mémoire c’est surtout sur l’acceptabilité de l’algue, l’algue va être acceptée dans l’alimentation de demain donc euh… Par exemple, on est en 2050, l’algue est omniprésente, on en trouve, que s’est-il passé ? Qu’est ce qu’il se serait passé pour que la spiruline soit acceptée ? Déjà il n’y aura pas que la spiruline, les algues ça se développe dans sa globalité, ce qui est bien c’est qu’on se sent un peu soutenu, comme tu le dit ça se développe en Bretagne il y en a énormément. Je pense que c’est quelque chose qui va se développer nationalement mais aussi mondialement. Du coup je veux pas dire qu’on aura plus, pas le choix mais c’est quelque chose qui va prendre encore plus d’importance et du coup les gens vont peut-être devenir un petit peu plus curieux aussi. Par exemple voir qu’ils peuvent découvrir une nouvelle alimentation, y’en a qui se tourne de plus en plus vers le bio, vers les produits locaux, les produits qu’on peut faire à la maison. Au fur à mesure il va y avoir une confiance qui va se créer par rapport à ça, si c’est pas déjà un peu le cas. Moi : Ok Les gens vont aller au-delà de ce qu’ils ont dans leur assiette, c’est déjà ça et après il y a l’importance de passer à ça parce que après avec la viande il va y avoir un problème, il va falloir trouver des solutions, des alternatives. Je pense que si c’est possible, si ça arrive, qu’il y a d’un côté la prise de conscience des gens, des consommateurs Moi : Oui 214 Mais aussi la pression des pouvoirs publics qui va pousser à la consommation d’algue. Et puis aussi l’augmentation du prix de la viande. Moi : Donc pour vous ce sera plus une contrainte, imposée pardon ? Non, non il y aura les deux côtés qui vont interagir, parce qu’il y a les gens qui vont vouloir aussi découvrir une autre alimentation, tous les gens qui nous suives dès à présent et qui croit en cette nouvelle forme d’alimentation. On y croit parce que c’est facile à exploiter, y’en a partout et on sait très bien que ça peut être mangé et pour l’instant on s’en sert pas, alors ils disent oui, on peut s’en servir, on peut s’en nourrir, alors ça les intéressent. Moi : d’accord donc ce sera imposée, adoptée pardon comme légume ? Comme condiment ? C’està-dire qu’on reconnait manger de l’algue ? Ou c’est plutôt les industriels qui vont l’utiliser plutôt sous forme d’extrait, de manière cachée. Je pense qu’ils vont adopter le végétaux, c’est pour ça que nous on travaille sur le côté frais, produit localement, à la maison, en circuit cours. Il y a aussi une réflexion d’entrepreneuriale qui se fait, il y a énormément de chose qui rentre en jeu chez nous, après les industriels ils vont vouloir mettre aussi, utiliser de la spiruline, ils vont voir que les gens sont intéressés par les algues. Du coup et bien nous on va en rajouter dans notre gâteau, ils sont contents. Nous, on a une idée un peu différente, c’est-à-dire, que les gens prennent conscience, que ce soit eux qui le produise, qu’il n’y ait pas de déchets, que ce soit en circuit cours, c’est-à-dire pas la peine de faire appel à des distributeurs, c’est ce côté-là qui est important. Après il y a l’agro-alimentaire qui va s’en emparer si c’est pas déjà le cas de toute manière. C’est pas grave en fait. Tant que les gens consomment de la spiruline et qu’il se rende compte qu’il y a ça, autour d’eux alors tant mieux, le but c’est de leur en faire consommer. Parce qu’on se rend compte que c’est vraiment une richesse, consommez de la spiruline que ce soit localement si vous le pouvez. C’est l’objectif de la voie bleu, c’est qu’il faut que ce soit accessible à tous. C’est-à-dire que chacun puisse avoir sa spiruline près de chez lui. S’il la consomme sèche dans des gâteaux, c’est pas grave. Dans tous les cas, ils consomment de la spiruline. Moi : Ok, d’accord, intéressant, donc je crois qu’on a fait le tour, Je vais juste noter les questions auxquelles j’ai pas pu répondre, ou du moins que je n’ai pas répondu en entier. 215 Moi : Oui alors il y a le slogan, le nom Alg&you, ensuite y’avait euh… La consommation de spiruline en France, Exacte, d’où elle provenait aussi Moi : Oui, donc pour l’instant vous vous approvisionnez dans une ferme ? Oui, on a 2 ou 3 fermes de spiruline qui nous approvisionne dans le Languedoc. Moi : Ok, vous avez une phytotière ici Euh, oui ici on en a une mais qui n’est pas en fonction. Après je peux t’envoyer des photos si tu veux Moi : Est-ce que je peux la voir ? Elle est vide en fait. Moi : Oui mais c’est pas grave, c’est pour me faire une idée, de la taille, ça peut être intéressant, Ok, je vais voir si elle y est ou pas, Moi : Sinon après euh… la France en matière d’exportation et d’importation je ne crois pas que vous m’avez répondu. Oui, exact… Moi : A oui aussi, tout à l’heure vous m’avez dit vouloir travailler avec les industriels, vous dites que le premier marché, c’est promouvoir des élevages à l’extérieur de leur usine, mais y a pas besoin de chaleur spécifique ? Alors, en fait, je pense qu’il faut pas que tu en parles dans le rapport, c’est confidentiel mais là on est en train de monter un prototype avec le groupe biscuité Poult, Moi : Oui, je connais très bien, 216 Et donc euh, en fait il rejette de la chaleur avec leur four, donc c’est un moyen de récupérer de la chaleur via des tuyaux qui vont être collée à la phytotière pour qu’elle puisse être chauffée. La chaleur autour on s’en fiche, il faut juste de la chaleur autour pour qu’on puisse chauffer l’eau. Cet exemple la, on peut aller chez n’importe qui. Travailler aussi avec la méthanisation, c’est-à-dire utiliser quelque chose pour produire de la chaleur. Pas des déchets, c’est encore un peu compliqué on y a pas encore pensée. C’est récupérer une énergie dont ils n’ont pas besoin que l’on peut récupérer pour justement obtenir de la chaleur, pour permettre de chauffer l’eau. Ou bien au contraire, l’été quand il fait trop chaud pour refroidir le milieu. C’est ce qu’on est en train de faire avec Poult, on fait le premier prototype. C’est le marché qu’on a pour but de développer en fait. Moi : Ok, donc c’est un projet très intéressant car en plus vous pouvez produire en continue, il n’y a pas de saisons, c’est intéressant Oui c’est ça parce que c’est ça le problème avec les fermes, on peut rien avoir, parce que c’est l’hiver, il faut chauffer et ça coute beaucoup plus chère alors il n’ y a pas de production. Et là c’est bien parce qu’on en a toute l’année. En plus il y a une logique économique pour eux. D’un côté avec leur chaleur ils produisent de la spiruline qu’ils peuvent prendre et mettre dans leur gâteau. Pour pouvoir l’intégrer par exemple dans leur biscuit et tout ça. Moi : Oui on avait travaillé avec eux pour les entrepreneuriales il était vraiment intéressant, ils ont accompagné une de mes amis sur son projet aussi avec des algues. Ils ont aussi en Bretagne à Quimper et j’étais là-bas. Donc je les connais (rire). Du coup la phytotière quand elle est chez nous, elle a besoin d’électricité pour la chaleur, pareil on récupère la chaleur de notre maison de notre habitation ou on ? Pour l’instant à l’électricité, récupérer la chaleur ce n’est pas encore prévu, on ne l’a pas mis en place, je pense que ça se développera ce serait bien d’ailleurs, mais c’est vrai que ce sera branché à un secteur classique. Ce sera un interrupteur que tu contrôleras comme si tu allumais la lumière. Après ça ne consommera pas beaucoup, c’est des microleds associés à la lumière du jour. On cumule avec les deux pour justement ne pas laisser allumer toute la journée. Moi : Et c’est quoi le coût a peut prêt d’une phytotière ? C’est considéré très largement entre 100 et 200€ Moi : Ah oui, c’est pas cher je trouve. 217 Ca dépend si on trouve un groupe électroménager qui accepte de la produire de manière, en grande masse pour que ce soit moins cher en fait. Moi : Quand ça sortira moi j’en prendrai un (rire) Si on respecte les dates, ce sera dans 3 ans normalement. Moi : J’ai encore le temps (rire), non je trouve le projet très intéressant. Du coup est ce que je peux aller voir la phytotière ? Oui, par contre là son principe de fonctionnement c’est confidentiel donc pas d’enregistrement. Moi : Ok, je coupe. K.Retranscription entretien n°5 avec un patron d’une PME fabriquant des biscuits à base d’algue. Réalisé le 17/02/2015. Durée : 40 minutes Oui bonjour jeanne c’est Aurélie Moi : oui, bonjour Aurélie Désolé, désolé pour le petit compromis, le contre temps hier. Moi : Ah oui il n’y a pas de soucis, de toute façon je suis en vacance et c’est déjà très gentil de me recevoir et de m’accorder du temps, de me permettre de poser mes questions. Non non, n’y a pas de soucis ! Je t’en pris Moi : Donc du coup cette année je suis en Master Alimentation à L’ISTHIA à Toulouse, donc c’est plus accès sur les sciences sociales, spécifique à l’alimentation. Et donc du coup je travaille dans le cadre de mon mémoire sur les algues alimentaires en reprenant le sujet de l’année dernière (rire). Mais plutôt sur leur acceptation, ce côté-là… Leur image… Comment elles sont vues et donc du coup et donc tu coup vus que tu euh que vous…utilisiez des algues… 218 Oh tu peux me tutoyer, il n’y a pas de problème. Moi : Ah ok, pareil pour moi. Donc du coup, je sais que tu utilises les algues dans tes biscuits et donc du coup je voulais savoir, du moins poser quelques questions sur comment tu les utilisais. Oui, ok Moi : Je tiens à préciser que l’entretien va être enregistré pour que je puisse bien retranscrire les propos qui sont dit. Mais ce sera anonyme. Pas de problème, je t’écoute Moi : Alors déjà je vais te demander de présenter un peu la société. Ensuite après j’avais quelques questions sur l’utilisation des algues, et enfin leur acceptation. Voilà Ok Moi : Donc ma première question va être sur la société, si tu peux la présenter de manière générale, présenter Tiboom. Ok, alors on a créé ça, ça va faire 3 ans maintenant, la société avec mon conjoint. Donc on est parti avec un petit budget, donc en fait on a commencé il y a plus de 3 ans, Y a 5 ans on était partis avec un statut d’auto-entrepreneurs, donc on a testé sur une zone géographique limitée, et là comme ça a marché, c’est là qu’on a décidé de passer au statut de SARL et donc de développer l’activité. Notamment… Attend je vais essayer d’accès par rapport aux algues pour que tu es plus d’informations par rapport à ton sujet. En fait il y a quelque chose qui a fait un déclic, c’est qu’il y avait un magasin d’algue à Roscoff, je sais pas si tu vois ou c’est. Je pense que tu dois connaitre par rapport à ton sujet quand même. Moi : Oui je connais bien Donc c’est ce magasin qui malheureusement fermé en fait il y a peu de temps. C’est Thalado qui faisait le comptoir des algues qui faisait des sorties découvertes et tout. Et qui vendait des produits qui faisaient faire par d’autres personnes. Donc ils nous ont encouragés à développer toute notre gamme avec les algues. Puisqu’on a une gamme qui sont des galettes énergétiques, en fait c’est des bars énergétiques, mais sous forme ronde, tu vois le produit 219 Moi : Oui Et donc il y a une gamme qui est enrichi aux algues et une gamme qui est enrichis aux super aliments, guarana, ginseng,… Tout ça, Moi : Oui, j’ai vu Et donc avec cette entreprise, on a eu vraiment l’envi de développer des produits à base d’algue. Parce qu’il y avait peu de produits qui sont transformés à base d’algue, avec des algues. Il y a de-là 3,4 ans. Actuellement ça se développe un peu mais c’est limité, donc voilà. Les algues ont eu de l’importance dès le début en fait. Par rapport à la création ouai. Moi : D’accord, et donc pourquoi le nom Tiboon, heu Tiboom pardon (rire) Heu Tiboom, en fait on était Tiboost au début, donc c’était le ti breton, ce qu’on rajoute entre les mots en Bretagne, chez nous en fait et quelque chose qui va booster, en anglais parce que mon mari est américain donc c’était Breton/Américain. Et après on a eu un petit souci avec une marque quand on a déposé la marque, on a dû changer de marque au bout de 3, 4 mois en fait. Et on a dû trouver autre chose. Ça a été boom pour faire le moins de changement possible au niveau graphisme en fait. Donc à la base c’était Tiboost et c’est devenu Tiboom. Moi : Ok, et donc du coup sa structure, comment elle se présente, est ce qu’il y a des salariés, ou… ? Euh, voilà on est tous les deux et depuis la création ça va faire 3 ans au mois d’avril, on a investi pas mal au mois d’avril dans des machines, qu’on a mécanisé, on est parti de quelque chose de très très artisanale avec une très petite production. Sachant que si on avait la possibilité de se développer, on serait… On ajouterait des machines pour être plus productif. C’est ce qu’on a fait et on a eu plusieurs phases d’investissements au fil des ans en fait et là on a est arrivé à une nouvelle ou on doit encore investir dans des nouvelles machines pour pouvoir produire plus et pouvoir peut être employé quelqu’un d’ici la fin de l’année, ou l’année prochaine. Moi : ok, vos objectifs pour l’instant c’est donc la production, augmenter la production. ? Beh compléter en fait vraiment finaliser la productivité en fait… Qu’on devienne… Parce qu’il y a toujours une partie de la production qui est artisanale, donc euh voilà, dès qu’on arrivera à ça, qu’on arrivera à finaliser tout ça et investir dans toute les machines, On sera plus libre après. 220 Moi : Ok, donc ça vous a mis 3 ans pour réaliser le concept ? Pardon ? Moi : Combien de temps entre l’idée du concept et la création de l’entreprise. Ah oui pardon, deux ans ! En fait on a commencé en 2010, en 2012, on a créé. Moi : D’accord, ok Tout de suite en fait on avait créé ce statut d’auto entrepreneur en 2010. Moi : D’accord et donc toi ton rôle dans l’entreprise ? C’est multifonction Rire général C’est vraiment la main à la pâte, c’est dans les papiers partout après par contre ce qu’on à commencer au début c’est de s’occuper de la commercialisation, et au bout de 6 mois un an c’était plus possible, donc on travaille qu’en direct avec des magasins, qu’avec des distributeurs et des chaines de magasins. Moi : D’accord, donc vous êtes présent dans toute la France ? Maintenant ? Voilà et aussi en Italie, en Suisse, en Belgique aussi Moi : Oui, oui je vous ai vu, je suis à Toulouse et je vous ai vu dans un magasin bio mais je ne sais plus le nom Lequel Moi : Oui ? Ou ça dans quelle magasin mais peu importe… Moi : Je ne sais plus, c’était un grand magasin bio dans le centre-ville. J’y retournerai et je t’enverrai un mail. Je l’ai vu. 221 Ok Moi : après il y avait des fermes aussi je crois mais là je ne suis pas allée voir Oui, oui il y a une ferme de je ne sais pas quoi qui y était. Moi : Ok, maintenant nous allons parler des galettes Tiboom, bon j’ai vu sur votre site internet qu’elles étaient chauffés à basse température pour assurer la conservation des qualités nutritionnelles gustatives. Une fois le biscuit réalisé du coup qu’elle est sa date limite de conservation. Combien de temps il se conserve ? C’est quoi la DLUO Alors là on est à 10 mois pour l’instant. Moi : Et c’est quoi les avantages et les inconvénients de cette technique. Donc ça permet bien entendu de conserver comme tu l’as dit les intérêts nutritionnels de cette technique et le goût. Et ça permet aussi d’obtenir cette texture recherchée, de biscuits, de galettes. Et les inconvénients c’est que ça prend beaucoup de temps et que ç’est plus onéreux. Moi : D’accord ! Parce que par exemple, ça peut prendre entre 12 et 24heures pour déshydrater. Moi : donc c’est plus long en fait. Voilà c’est beaucoup plus long, mais avec un four, ce ne serait pas possible d’obtenir un tel produit. C’est la machine qui, c’est la machine qui permet cette texture. Moi : Ok ! Et donc à quel public, pour quel public est destiné vos produits, sont destinés. Qui en consomme le plus ? Heu… C’est vraiment la majorité, je pense que c’est la femme active de 30 ans qui a qui a plus de heu 30 ans et consommatrice bio. Moi : Ok, donc c’est plutôt sportif, végétarien, 222 Heu… Pas forcément des sportifs, si il y a des sportifs, pas mal de sportifs végétarien, mais après on a pas un produit focalisé sportif, sportif. Moi : ok Ou alors ce sont vraiment des sportifs qui ont une sensibilité bio, au départ. Moi : D’accord Ou végétarien. Moi : Et comment vous vous positionnez alors, plutôt comme aliments-santé ? Un aliment avec des vertus nutritionnelles ? Un aliment bio ? Oui, alors plus je dirais un aliment-santé, mais après, un aliment plaisir aussi. En fait, c’est un peu entre les deux. D’accord, c’est un snack en fait. Je trouve que le mot qui le décrit bien, c’est un snack alternatif. Qui fait que l’on ne va pas utiliser de sucre, de graisses. Voilà. Il faut que ce soit riche en fibres. Moi : Ok… Et donc en gamme de prix vous vous placez plutôt comme haut de gamme ? Ou… ? Oui, plus haut de gamme mais après c’est le prix du produit parce que… Enfin le prix est justifié par rapport aux ingrédients qui sont des matières nobles en fait. Moi : D’accord oui… Et donc du coup, comment elles sont vendues ? Plutôt en grande quantité ? Par lot ou en vrac ? Non mais c’est redistribué en fait, donc les grossistes nous en achètent en quantité et on les redistribue dans les magasins. Nous on ne fait pas de vente au détail en fait. Ça se présente en présentoir de 20. Moi : Ok, donc les points de vente c’est plutôt les grandes surfaces, tous les magasins spécialisés, par internet aussi peut être non ? Non que des magasins bion ouai, il y a quelque site internet aussi ouai, mais on vend pas en grande surface. Vu que c’est un produit qui est vraiment typé, on privilégie les magasins bios, les chaines de magasin bio. 223 Moi : Ok et du coup, est ce que vous travaillez avec Biocoop ? Oui, on travaille en direct avec les magasins Biocoop en Bretagne mais on est pas référencé encore. Moi : Ok parce que moi je vais faire mon stage à Biocoop à Toulouse, pour savoir si vous y étiez Ok, à la limite tu peux leur en parler (rire) Moi : Oui, oui bien sûr, je vais leur en parler. On a le plus grand, le plus grand… Comment dire, notre concurrence en fait qui fait qu’on est pas encore référencé c’est Gourmiz je sais pas si tu connais. Moi : Non je ne connais pas… Ils font des barres énergétiques avec de la pâte à base de datte qui sont déshydratées en fait, a base température. C’est surtout de la pâte de date, nous après on est pas… Nos produits sont peut-être plus élaborés au niveau des recettes. Moi : Ok, je leur en parlerai alors Oui, après n’hésite pas je peux envoyer des échantillons aussi Moi : ok, merci il n’y a pas de problème En tout cas au niveau de la gamme aux algues, c’est vrai que c’est particulier. Moi : Tiens, maintenant j’en arrive à l’utilisation des algues. Du coup quelles sont les intérêts d’utiliser l’algue ? Pourquoi avoir choisi d’utiliser les algues ? Les algues, déjà c’est parce que c’est un produit local, pour nous, et que personnellement on apprécie énormément. On a des qualités nutritionnelles et on a des qualités gustatives. Qui a m’on avis n’est pas assez mis en avant. Moi : Ok 224 Oui il y a encore peu de produits, et c’est vrai que, ça permet comme les super aliments de faire des recettes originales et voilà quoi. Moi : Ok, alors quel est l’intérêt d’utiliser la Dulse. Après l’intérêt la pour les biscuits, par rapport aux quantités qu’on met c’est surtout gustatif. Je dirai plutôt un intérêt gustatif, après c’est aussi une manière de familiariser les gens avec les algues et pour nous c’est un atout en fait. Moi : D’accord et donc la Nori, c’est valable aussi pour la Nori ? Oui voilà oui c’est pareil. Après on les sent aussi, je sais pas si tu as eu l’occasion de goûter. Moi : Oui, oui j’ai déjà goûté. Oui on les sent dans celles aux algues, surtout celle à la Nori. Certains nous dise qu’il y en a presque trop. Mais c’est ça qui a été dure aussi à prouver. L’équilibre entre le trop peu et pas assez, pour que ceux qui soit réticent puisse l’apprécier et ceux qui l’achète parce qu’ils aiment vraiment l’algue, la retrouve aussi ouai. Moi : D’accord, et la spiruline alors c’est valable aussi La spiruline c’est celle qui a connu le plus grand succès, la spiruline après comme tu sais c’est différent parce que c’est une algue, une algue d’eau douce. Après c’est clair que c’est clair qu’il y a un attrait énorme pour la spiruline. Moi : Et donc du coup, envisagez-vous l’utilisation d’autres algues ? Heu oui, Alors je sais pas si tu as vu mais, c’est vrai que le site internet, ça fait longtemps que l’on ne la pas mis à jour (rire), mais je pourrai t’envoyer par mail, notre dernier catalogue. Et on a fait une nouvelle recette avec le Wakamé aussi. Moi : Ah intéressant ! Oui oui je veux bien recevoir ça par mail Oui, je vais t’envoyer ça tout de suite par email Moi : Merci, 225 Oui c’est vrai que la, on est en train de travailler sur des nouvelles recettes aussi mais plus du snack salé avec des algues aussi. Moi : Ok, des biscuits salés Oui avec l’algue, l’algue… La laitue de mer, et la Dulse. Moi : Ok et est ce qu’il y a des inconvénients d’utiliser l’algue ? Des difficultés d’utilisations, des refus des consommateurs ? Bon après il peut y avoir y avoir un problème d’approvisionnement. Même si on est très bien placé ici. Ça peut arriver qu’il n’y ait pas suffisamment d’algue. Donc euh parce que les algues sont certifiées bio, ici nous on achète a Aquab. Je sais pas si tu vois (tousse), c’est Marinoë qui fait des mélanges d’algues, qui fait des tartares d’algues et tout ça. Moi : Ah oui, oui je vois Et qui est juste à côté de Quimper, à Lesconil et donc ça arrive qu’il ait des ruptures des algues Nori. Bon nous après on a d’autres fournisseurs notamment à Roscoff mais le problème c’est que les algues dans ce cas ne viennent pas toujours de Bretagne. Nous on essaye de privilégier les algues Bretonnes mais bon parfois c’est pas possible. Ça nous est arrivé d’avoir des algues du Chili. Ce qui est un peu dommage mais… Moi : Ok, C’est ça le problème d’approvisionnement après pour nous c’est facile à travailler, nos recettes sont adaptées, donc en fait, on a pas de soucis. Il nous arrive de trouver des petites coquilles de coquillage donc il faut bien regarder, ça dépend d’où elles viennent, si elles sont plus ou moins propre mais elles arrivent en paillette, on les utilise en paillette. Moi : Donc du coup, vous n’utilisez pas des algues fraiches. Ouai non non non, elles sont déjà déshydratées. Elles sont réhydratées après dans notre mélange. Moi : Ok du coup alors comment vous l’utilisez, du moins à quelles proportions ? Combien de quantité à peu près ? Par an ? Quelles proportions pour vos galettes ? 226 Alors heu par an c’est difficile à dire sinon pour nos galettes je dirais que c’est à peu près entre 1 et 5 % pour nos recettes, de l’ingrédient en fait. Moi : ok c’est par rapport aux goûts, par rapport à une réglementation ? Par rapport au goût en fait, et par rapport au coût aussi, Moi : La réglementation pour l’iode ? Euh non ça c’est bon. Mais le goût pas mal parce que c’est vrai qu’on peut pas non plus c’est vrai que là on est dans des recettes sucré en fait. Du coup on est obligé de rester… De trouver l’équilibre… Moi : D’accord ok, donc du coup tu as dit que les algues étaient bio, donc elles ont aussi un label qualité en plus ou elles ont des Euh non c’est juste du moment qu’elle soit certifié bio en fait. Par contre après la spiruline n’est pas certifié bio. Moi : Oui ça j’avais vu que c’est pas possible… Je crois que ça le deviens mais Moi : Oui, pour l’instant la réglementation n’est pas fait pour... Oui et ça a été accepté, c’est accepté comme ça en fait. Au niveau du certificat. Moi : Ok, donc maintenant on va parler des algues en France, que penses-tu du développement de l’algue, de la consommation d’algue en France ? Alors je pense que ça c’est très bien développé ces dernières années, qui a beaucoup… notamment en Bretagne ce qui a fait que c’est la terre des algues et qu’il y a beaucoup de chose qui sont fait au niveau de la région. Après je sais pas si tu t’ai renseigné un peu. Alors là il y a pas mal de projet Breizhalg, il y a pas mal de chose qui se sont mis en place. C’est Interbio Bretagne aussi. Et donc il y a pas mal d’action qui sont mis en place, de projets pour aider à développer les algues. Il y a aussi des entreprises qui commencent à cultiver les algues. Et donc c’est clair qu’il y a un engouement. Donc je pense que d’ici quelques années ça va être, une certaine explosion. 227 Moi : Du coup tu sais à peu près combien d’industriel l’utilise dans leur recette ? C’est euh…Alors ça je ne pourrai pas te dire c’est qu’il faudrait que tu appelles au niveau de la région, tu peux essayer de voir pour te trouver des contacts en fait. Tu as besoin d’autres entretiens pour ton mémoire ? Moi : Euh c’est pas trop une obligation, j’ai eu déjà pas mal de spécialistes mais si tu as des contacts ça peut m’intéresser. J’avais aussi une ferme qui cultive l’algue qui était censé me répondre normalement mais il ne m’ont pas rappelé. Donc je vais les rappeler dans la semaine. Ok parce que sinon je connais une personne qui produit des algues dans le nord du finistère il s’appelle Algomann mais je pense que lui il serait content de te recevoir. Moi : Ok, oui, oui, merci je pense que oui ça pourrait m’intéresser oui. Oui parce qu’en plus il transforme les algues. Je vais t’envoyer le lien Moi : Merci, c’est sympa, merci De rien, y’a pas de soucis Moi : Ok, alors pour toi est ce que les gens sont prêts à consommer des algues ? Beh oui oui oui, je pense oui que les mentalités ont changé par rapport il y a 10 ans ou c’était plus les macrobiotes qui … (rire). Oui je pense qu’il y a une vrai, une réelle volonté politique de développer donc forcément il y a la médiatisation, après ça fait son chemin et il y a le côté santé aussi. Moi : D’accord et sous quelle forme alors ? Plutôt sous forme de complément alimentaire, sous forme d’algue fraiche ? Alors je pense que les produits transformés qui contiennent des algues comme les nôtres sont assez attractifs car trop d’algues, ça peut faire peur. Après je vois des choses qui ont beaucoup de succès aussi ce sont les tartares d’algues. Moi : Ok, et quand alors il préfère les consommer ? En ancas? A l’apéritif? 228 Alors je pensé concernant les tartares d’algues c’est pas mal les apéritifs, en apéritif il y a beaucoup. Moi : D’accord, et les biscuits c’est plutôt du snack Tout à fait Moi : Sinon les tartares ils sont plutôt consommés chez soi, au restaurant ? Après au restaurant il y a beaucoup, après c’est le cas Breton particulièrement. Il y a beaucoup, beaucoup de euh de restaurant, qui rajoute des algues sur leur cartes Moi : D’accord Des crêperies, par exemple des… Moi : Oui j’avais vu ça à Quimper, qu’il y avait des crêperies aux algues. C’est un atout aussi. Ouai, je pense que c’est en pleine expansion. Moi : Ok, donc ce sera plutôt reconnu comme légumes condiments ou plutôt utilisés sous forme d’extraits, cachés. Heu… Plutôt utilisés, plutôt utilisé dans les restaurants tu veux dire ? Moi : Non en général Alors je pense que la majorité des algues sont vendus sous forme déshydratés, donc les gens vont l’acheter comme ça, ensuite oui il y a un engouement des industriels qui l’utilisent de plus en plus. C’est un peu des deux en fait. Après au niveau de l’algue fraiche, je pense que ça rebute plus en fait. Moi : D’accord, après au niveau de la réglementation, Par rapport à… Moi : Par rapport aux allégations, il n’y en a toujours pas donc… Alors là je peux pas trop te dire, je sais que du moment où elles sont certifiées bio, elles sont, on peut les utiliser après au niveau des quantités, je ne sais pas trop. 229 Moi : Ok merci quand même. Après du coup, au niveau de l’acceptation de l’algue comment tu présentes, du moins comment présentez-vous vos galettes aux consommateurs, vous faites des dégustations ? Alors en fait, malheureusement on a plus trop le temps, le temps de faire des animations dans les magasins ou de faire des salons. Donc en fait, je dirais qu’elles se vendent un peu d’elle-même quoi, dans les magasins. Après ces dernières années on a pas trop eu le temps. Là on est en train de changer tout le packaging, on va refaire le site internet, on va faire un petit peu plus de pub et on va remettre en avant justement qu’on utilise des algues et de la particularité de nos produits. Moi : Et au niveau de la particularité, comment vous le vendez ? Vous mettez en avant quelle particularité ? Quelles contiennent des algues ou… ? C’est un argument vendeur ou ? Oui oui oui bein par exemple il y a le nom du produit donc il faut… il y a par exemple zen attitude, il y a le sous nom après et les ingrédients qu’on mettra en avant, l’algue Nori par exemple. Ou celle qui a de la spiruline on mettra de la spiruline. Moi : Ok, donc vous mettez plus en avant le fait qu’il y a des algues, ou l’intérêt du biscuit qu’ils soient plus énergétique ou… Voilà Moi : Ou les deux ensembles… Voilà c’est ce qui fait que la particularité de chacune de nos recettes que nous mettons en avant. C’est ce qui va être mis en avant. Moi : Ok ! Et donc les gens réagissent plutôt bien à la présence d’algues. Oui, oui oui. Je pense qu’il y a des gens qui recherchent. Moi : Est-ce qu’il y a des réticences ou pas ? Oui ça peut arriver mais après en goûtant, et bien ça passe. On pousse à goûter ouai. Mais après c’est vrai qu’on est bien représenté en Bretagne. Mais après je pense qu’au niveau des algues, il va y avoir une différence en fait. Après au niveau de la Bretagne en fait par rapport aux autres régions de France. Parce que les gens sont beaucoup plus sensibilisés en fait. 230 Moi : L’algue est vu la bas comme un symbole ? Comme un patrimoine de la Bretagne ? Voilà oui, c’est plus un produit local donc on a envie de consommer local. Et je peux même dire qu’en comparant les ventes locales et les ventes nationales, on vendra plus nos galettes aux algues en Bretagne. Moi : D’accord ! Et par contre il y a une particularité c’est pour la Suisse. La Suisse si tu creuses un peu il y a énormément de transformateurs d’algues. Et il y a énormément de produits à base d’algues aussi. Moi : Et donc c’est la Bretagne qui les fourni ? Elles en ont pas non ? (rire) Alors oui la Bretagne mais aussi beaucoup le Japon, la Chine, je sais pas trop mais je sais qu’il y en a qui se fournissent en Bretagne qui ont créé leur marques et qui se font et qui transforment les algues en produit qui revendent sous une marque Suisse en fait. Moi : Ok Et notamment en Suisse ils apprécient énormément nos produits. Moi : Ok, et du coup les gens quand ils se font, quand ils achètent les biscuits, ils connaissent déjà l’algue ou en général, c’est une totale découverte ? Alors en fait, en magasin bio… je pense que les gens sont des consommateurs, la plupart sont déjà sensibilisé en fait aux algues. Moi : D’accord Donc par exemple tu verras dans les Biocoops, il y a beaucoup d’animations, de choses comme ça, des thèmes récurrents, le tofu, les graines germées et les algues ça fait partie des classiques donc euh… Les consommateurs bio, je pense sont déjà sensibilisés. Après c’est vrai que moi j’ai pas de recul par rapport à aux autres consommateurs. Moi : Ok, donc du coup, quels sont pour vous les conditions, les facteurs pour que l’algue connaisse un succès, qu’elles soient un facteur d’acceptation, pour qu’elles deviennent un produit de base dans l’alimentation des Français. 231 Alors et bien c’est déjà de trouver des bonnes recettes… Tu parles des produits transformés ? Ou de l’algue en général ? Moi : De l’algue en général, oui. Alors je pense c’est de c’est de la faire découvrir plus largement en fait. En dehors des réseaux, des réseaux spécialisés. Moi : D’accord, d’accord oui. Alors tu as dit tout à l’heure que le magasin qu’il y avait à Roscoff, il avait fermé ? Oui en fait là c’est plutôt un problème malheureusement de… Parce qu’en plus ils vendaient très très bien nos produits en plus, et du coup, et du coup ça serai un problème de gestion en fait de le laisser ouvert car le gérant est… est malade en fait. Moi : D’accord Tu peux toujours voir le site internet par contre Moi : Ok. Est-ce que tu as des choses à rajouter ? Parce que j’ai fait le tour avec mes questions. Euh, la non je ne vois pas. Par contre si ta des questions n’hésitent pas et la je vais t’envoyer quelques liens, qui pourrait t’intéresser. Moi : Ah oui par rapport au contact, oui ça peut m’intéresser. Merci beaucoup. Je pense que ça peut être intéressant. A oui et notamment il y a le musé des algues à Plouguerneau. Je ne sais pas si tu en as entendu parler. Moi : Oui, oui ça j’en ai entendu parlée. Ça oui oui, ouai ! Si t’appelles, tu dis que tu viens de ma part, tu peux appeler c’est ma meilleure copine ou je peux te passer son mail. Et tu peux lui demander si c’est possible d’avoir un entretien. Tu dis que tu viens de ma part et si tu veux lui poser des questions. Oui je pense qu’il n’y a pas de soucis. Moi : Ok ! C’est très sympa, super merci beaucoup. 232 A oui par contre il y a peut-être un point qui est important à mettre en avant c’est… ça faudrait que je te retrouve des documents c’est le fait qu’on dise que l’avenir en fait de l’alimentation et de l’agroalimentaire dans le futur c’est les protéines végétales. En fait les nouvelles protéines. Moi les algues ça me fait penser à ça tout de suite en fait, c’est vrai que c’est vraiment voilà, ça rentre dans quelque chose qui sera dans le futur, qu’on pourra pas se passer parce que au niveau des protéines animales, on devient saturés. Et donc les algues ça devient une solution pour un apport en protéines. Moi : D’accord D’ailleurs il y a eu une conférence qui… Mais je sais pas si tu étais toujours en Bretagne. Non c’était au mois d’octobre donc tu devais plus être à Quimper. Moi : Non, je n’y étais pas, C’est les conférences de la technopole sur l’agro-alimentaire Moi : Ah non, j’y étais pas. Je sais pas c’était sur quoi ? Et du coup il y avait une conférence sur les protéines végétales, il y avait tout un volet en fait sur les algues. Notamment, après il y avait le soja, il y avait divers choses mais c’est vrai que c’est considéré comme un aliment du futur. Ouais. Moi : D’accord. Ok merci. Si tu veux je peux t’envoyer mon mémoire quand il sera rédigé. Je vais essayer de contacter la ferme qui produit des algues et essayer de contacter le musé aussi. Oui, avec plaisir. Alors je te souhaite beaucoup de courage et donc à bientôt A bientôt au revoir et merci encore De rien. 233 L.Retranscription entretien n°6 avec la responsable de l’écomusée de Plouguerneau le 19/02/2015 Durée : 1heure et 10 minutes Allo oui ? Moi : Oui bonjour, je voudrais parler à […] s’il vous plait Oui c’est moi Moi : Oui c’est Jeanne Tantot je vous avais envoyé un mail par rapport à mon mémoire Oui ! Oui oui Moi : Voilà, vous m’avez dit de vous étiez disponible aujourd’hui. J’avais quelques questions à vous poser. Oui Moi : Voilà, moi je suis en master… Oui Moi : Pardon excusez-moi je vous ai coupé Non, non je vous écoute Moi : Donc je suis en master 1 Alimentation à Toulouse à l’ISTHIA parcours Sciences-sociales appliquées à l’alimentation et donc je travaille dans le cadre de mon mémoire de master 1 sur les algues alimentaires, leur consommation, leur acceptation. Voilà j’aurais des questions à vous poser sur les algues. Je vous remercie de m’accorder du temps. Et donc j’ai eu votre contact par Aurélie Tyler de la société Tiboom qui m’a dit de vous appeler. D’accord 234 Moi : Alors je vais commencer par vous poser des questions sur le musée en générale, les animations que vous proposez et ensuite on va, enfin je vais vous poser des questions sur les algues alimentaires. D’accord alors j’ai un rendez-vous qui risque d’arriver entre temps alors si jamais il arrive, je vous dit et je vous rappellerais après. Moi : Ok, pas de soucis. Par contre je vais prendre votre numéro pour vous rappeler après Moi : Ok … Alors déjà je voulais un peu savoir sur le musée en général, alors est ce que vous pouvez me le présenter un peu ? Enfin depuis quand il existe ? Son but ? Alors le musée, c’est… Moi je travaille pour un écomusée, alors c’est l’écomusée de Plougarneau, C’est une structure qui gère le musée des goémoniers et de l’algue, qui est aussi un centre d’interprétation sur les algues. On l’appelle musée car au départ c’était un musée maritime qui parlait du monde maritime en général de ce secteur. Et après ils se sont plus spécialisés sur le métier de goémonier et son évolution jusqu’à aujourd’hui, après ils ont mis l’accent sur les algues plus précisément donc c’est devenu un centre d’interprétation des algues, c’est-à-dire qu’on présente les applications actuelles des algues au niveau industriel, au niveau agroalimentaire, au niveau cosmétique et au niveau des engrais. On essaye de présenter tout ce qui se passe au niveau de la filière des algues aujourd’hui. Et don l’écomusée gère aussi d’autres choses donc on à des bateaux goémoniers anciens, on propose un panel d’animation scolaire pédagogique. Et on fait des circuits touristiques pour les groupes touristiques et puis on gère les visites du phare de l’île vierge qui est un phare, un des phares les plus visités car c’est le plus haut phare d’Europe qui est à Plouguerneau. Donc on organise les visites du phare. Moi : D’accord C’est une association qui gère l’écomusée, c’est elle qui fait tout, ça fait 30 ans que l’association existe. Et le musée il existe a peut prêt depuis cette époque-là aussi. 235 Moi : D’accord Voila Moi : Et donc il est financé par la région ? Alors on finance à 55%, on est autonome à 55% grâce à nos animations. A l’entrée au musée, à l’entrée au phare. Enfin tous ce qu’on fait, notre programme et on est financé le reste par des subventions publiques par le conseil général du Finistère, la région Bretagne et un peu la mairie de Plouguerneau aussi, en partie. Moi : D’accord et donc c’est ouvert toute l’année ou ? Pour les groupes à partir de 20 personnes c’est ouvert sur l’année sur réservation, par contre pour les visites individuelles c’est à partir des vacances de Pâques, à partir de mi-avril à peu près jusqu’à fin septembre. On ouvre pas toute la saison. Parce qu’on est pas géré par une communauté de commune donc on peut pas se permettre d’ouvrir une saison entière parce qu’on est que deux salariés à plein temps sur l’année et du coup on l’ouvre pas hors saison. Ils ont fait le choix de l’ouvrir au individuel, au visite libre, au visite individuelle toute l’année quoi. Mais par contre c’est pendant la saison du mois d’avril, à fin septembre. La saison Touristique Moi : D’accord Et vous avez des… C’est quoi vos objectifs en fait ? De présenter les algues ? De les faire connaitre, de présenter les différents métiers liés C’est ça oui ! Alors l’objectif du musée, c’est de présenter le métier de goémonier, le métier ancien et le métier actuel. Voilà ! C’est aussi de valoriser le patrimoine culturel maritime naturel de Plouguerneau et donc pays des Abers parce qu’on fait partie du pays des Abers donc du coup Plouguerneau c’est un peu à la limite orientale on va dire du pays des Abers on va dire, et on est entre le pays de l’Abers et le pays Pagande donc … Vous êtes pas d’ici j’imagine donc (rire) ça ne doit pas vous parler. Donc on valorise le patrimoine local quoi et la filière algue aussi. Enfin pas vraiment, on présente la filière mais on valorise surtout le métier et puis les algues en générales quoi. Le patrimoine maritime naturelle si on veut. Moi : Donc vous considéré l’algue comme un patrimoine Breton en fait ? 236 C’est vrai qu’on utilise ces termes là parce qu’historiquement ils se sont un peu… Moi je suis là depuis deux ans, ils se sont un peu positionné la dessus sur la valorisation du patrimoine et…mais en même temps on reste pas bloqué sur le passé quoi. C’est-à-dire qu’on essaye aussi un peu ce qui fait l’originalité de ce musée par rapport à d’autre musée. C’est que nous, comme le métier existe toujours et qu’il a beaucoup évolué et que les applications sont de plus en plus importantes. Je suis désolé j’ai un petit appel je suis obligé de… Je vous reprends tout de suite… Moi : Ok, pas de soucis A tout de suite … Allo ? Moi : Oui je suis toujours la Oui excusez-moi (rire) Moi : Il n’y a pas de soucis. Donc je vous disais oui que c’était la valorisation du patrimoine puis la présentation du métier si on veut et donc du coup forcément les algues aussi parce que en fait si vous voulez historiquement on travaille avec Pierrick Leroux depuis 30 ans … Moi : Oui, oui je l’ai interviewé d’ailleurs, je l’ai déjà contacté pour le mémoire. Voilà D’accord, bon c’est vrai qu’il dit, bon moi j’étais pas là il y a 30 ans, je peux pas le vérifier mais il aurait un peu lancé l’idée de la cuisine aux algues dans le secteur. Donc on a tout de suite travaillé avec lui, en atelier cuisine aux algues. Donc on valorise quelque part le côté alimentaire des algues, depuis cette époque-là. Ce n’est pas que le métier non plus, c’est aussi le potentiel on va dire alimentaire nutritionnel mais aussi gustatif, des algues aussi qu’on essaye de mettre en valeur, un petit peu quoi. Mais c’est vrai que c’est un peu considéré comme du patrimoine local parce qu’on le dit, qu’on est au bord des champs d’algues les plus important d’Europe. Autant au niveau de quantité pour certaines algues qu’au niveau diversité d’algues. Par rapport au sud de la Bretagne, on a plus de diversité, par rapport au nord de l’Europe on en a un peu plus aussi. Parce qu’on est 237 un peu à la charnière entre nord et sud donc on considère ça un peu comme une ressource. Si un biologiste vous parlerai il vous dirait ressource, nous on est plutôt dans la valorisation culturelle donc on parle de patrimoine donc c’est la même chose au final. Moi : D’accord Donc euh. On va parler un peu de vous maintenant, donc du coup vous dites que vous êtes arrivé tout juste il y a deux ans au musée ? Comment vous avez découvert les algues ? Donc c’est mon parcours qui vous intéresse ? Ou plus les algues ? Moi : Et bien les deux, enfin qu’est-ce qui vous a fait arriver aux algues, comment vous en êtes arrivées aux algues ? Et c’est pour votre mémoire du coup, c’est comme un entretien Moi : Oui, En fait… Moi : C’est ça Ok (rire), alors moi mon parcours alors mon parcours. Moi je suis là depuis deux ans. Je sais pas ce qui vous intéresse en fait. C’est mon rapport aux algues qui vous intéresse en fait ? Moi : Oui particulièrement. Alors moi je suis formée. J’ai fait des études d’ethnologie et donc j’ai bifurqué dans l’ethnobotanique. Je me suis formée en herboristerie. J’ai créé mon activité en faisant des sorties botaniques pour euh pour euh… Beh pour transmettre un peu, pour permettre aux gens de mieux connaitre, de reconnaitre les plantes sauvages. C’est ça un peu mon truc. Et puis un peu herboristerie familial tout ça. Et les algues font partie beaucoup des plantes, comment dire utilisé en herboristerie surtout au niveau alimentaire, pour leur vertu alimentaire quoi. Et pour l’iode aussi, les problèmes de thyroïde tout ça. Et donc du coup les algues, forcément j’ai abordé un petit peu le sujet mais comme j’habitais pas en bord de mer, c’était pas ma spécialité et ça m’intéressais beaucoup, donc c’est vrai que du coup j’ai plus développé mes connaissances sur les algues en arrivant ici au final. Moi : D’accord 238 Mais j’étais déjà sensibilisée, j’en mangeais déjà, je les reconnais, je les connaissais pas très bien mais je savais, j’en mangeais quoi. Ca faisait partie de mon alimentation. Pas quotidienne mais, j’en mangeais régulièrement quoi. Voilà Et là j’en mange encore plus (rire) Moi : D’accord Elles sont à proximité, elles font parties de mon environnement maintenant. Avant c’était pas le cas. Moi : D’accord, alors vous disiez tout à l’heure qu’au niveau des animations, qu’il y avait beaucoup d’animations scolaires pour des groupes. Qui en particulier participe ? Le tout public ? Alors il y a deux types d’animations quoi, on a des élèves de la maternelle jusqu’au lycée quoi. Donc on propose des animations adaptées selon les niveaux, les cycles. Et les animations ça peut aller du patrimoine des algues, aller voir les algues sur l’estran, la cuisine aux algues, fabrication de savon aux algues, la visite du musée bien sûr, les bateaux, navigation traditionnelle avec les bateaux qu’on a. ça peut être la découverte du patrimoine local aussi puisqu’on a …Plouguerneau c’est comme une presque-îles, donc on a 40 km de côte. Donc on a quand même une côte assez diversifiée. Donc on peut se permettre de faire différentes animations aussi. Il y a beaucoup de patrimoine religieux. Donc du coup ça fait partie du patrimoine ici. Il y a beaucoup de chapelle. Beaucoup d’hôtels. Donc ça on le valorise aussi. Donc oui c’est assez diversifié comme… Mais c’est centré surtout sur le monde des algues quand même. Moi : Ok, d’accord. Et donc les gens quand il participe à ces activités, ils connaissent l’algue ou c’est une totale découverte en général. Les deux, les deux. Je dirai que ça… Que le panel est très large, ça va, les gens qui viennent en individuels, ce sont des gens qui s’intéressent au sujet des algues. C’est souvent l’entrée ou alors ils ont entendu parler du métier. C’est la tradition qui va les intéresser entre « » quoi. Le patrimoine maritime. Mais il y a de plus en plus de gens quand même qui viennent parce qu’ils consomment des algues ou parce qu’ils veulent en consommer et qu’ils veulent savoir un peu ce qui a dedans. Qui veulent savoir pourquoi c’est bon, qui veulent se former pour voir comment on les cuisine. Qui veulent les reconnaitre sur l’estran, les récolter eux-mêmes. Il y a des gens qui connaissent les algues aussi donc qui viennent voir l’aspect historique. Et puis découvrir un peu quelque chose se former aussi. Oui c’est un peu tous les niveaux, on a aussi beaucoup de gens qui découvre aussi, 239 car ils entendent de plus en plus parler des algues. Et c’est vrai qu’on est un peu une structure ressource à ce niveau-là. Donc du coup, donc du coup, les gens quand ils débutent, en fréquentation on est, on est en dehors du phare on est à 6000 personnes par ans à peu près. C’est pas énorme non plus mais on est une petite structure associative donc du coup on a pas un budget communication énorme. C’est plus le bouche à oreille quoi. Moi : Ok Mais voilà à peu près. Voilà ce que je peux dire le dessus. Mais c’est vrai que l’on a… Voilà c’est un sujet qui interpelle de plus en plus, il y a beaucoup d’articles dans la presse locale. La filière algue en Bretagne, elle se développe de plus en plus. Donc les locaux sont intéressés par le sujet mais les groupes touristiques c’est tout à fait différent. Moi je peux recevoir des groupes de Saint-Etienne, de Paris, du sud de la France qui font un circuit Bretagne pendant une semaine. Qui ne savent même pas qu’ils vont arriver au musée des Goémoniers, de l’algue. Donc il découvre ce qu’ils vont faire. D’autres savent ils ont commandés, ils viennent que pour ça. Donc ils sont intéressés. Mais sinon ça m’arrive d’avoir des groupes qui savent pas où ils arrivent donc la moi, c’est intéressant pour moi. Les deux sont intéressants mais les groupes qui sont connaisseurs c’est très intéressant parce qu’on a des bons échanges et du coup voilà il y a des questions enfin voilà, c’est vivant. Et les groupes qui connaissent pas, qui connaissent rien alors du coup c’est une découverte. Et euh c’est vrai que c’est souvent il y a des retours intéressants, quand ils découvrent que l’algue est consommable, en fait il en ont entendu vaguement. Ils savent pas et donc ils découvrent comment l’utiliser, que c’est bon, que ça peut leur apporter. Donc c’est vrai que la, la dessus on a des retours assez intéressant. Puis les gens ce qui est intéressant c’est qu’au niveau des locaux c’est souvent plus de facilité à sensibiliser les gens qui ne sont pas Breton sur les algues qui vont trouver ça super qui vont en acheter, qui vont vouloir en manger alors que les Bretons ont plus de mal parce que traditionnellement, historiquement ou culturellement. Le goémon c’est plutôt c’est des algues qu’on va mettre sur la terre comme engrais. Qu’on va bruler pour faire de la soude dans lequel on extrait l’iode. Des pains de soude pour faire de l’iode plutôt. Et en fait, je pense que les gens il mélange parce que j’ai remarqué, c’était beaucoup le goémon épave qui est plutôt utilisé pour l’engrais. C’està-dire les algues étaient ramenées, tassées par les coups de vent par les marées. Ces algues qui viennent pourrir sur l’estran et qui, ça sent pas bon. Ça sent pas si mauvais que ça mais pour les gens c’est juste une manière un peu négative. Et du coup quand on leur dit qu’on peut consommer des algues. Les locaux déjà ils pensent à ça. Ils pensent à ce goémon épave et donc du coup je me retrouve à leur demander, essayer de tester, voir ou ils en sont par rapport à ça et donc du coup je me rends compte que souvent les gens confondent les algues vivantes aux algues d’échouages et 240 donc je leur dit. Ecoutez, les algues pour les récolter c’est comme la pêche à pied, c’est comme aller chercher des coquillages sur l’estran. Il faut y aller à marée basse. Aller les chercher sur les rochers quand elles sont accrochées et la elles sont vivantes elles sont très bonne et y’a pas de souci (rire). Mais c’est vrai que je fais la distinction pour les locaux entre le goémon épave et les algues vivantes quoi. Moi : D’accord Accroché au rocher quoi. Voilà Moi : Du coup vous vendez des algues aussi. On vend des algues ouais, des récolteurs locaux ouai. Récolté par des professionnels. Moi : D’accord Ouai Moi : Et qu’est ce qui… Il y a encore des goémoniers qui pêchent Moi : Oui avec des scoubidous tout ça. Et donc qu’est ce qui se vend le mieux du coup ? Le goémon ? Pardon quelle… Le goémon mais ce sont les algues Moi : Oui pardon je voulais dire quelles espèces d’algues (rire) se vendent le mieux Bon euh surtout ce qui se vend le mieux c’est le mélange en fait, c’est le mélange qui se vend en Biocoop, depuis des années avec le Nori et la Dulse. Quand les gens ils savent pas utiliser les algues. I l aiment bien avoir ce mélange-là. Par contre la Nori passe bien aussi. La Nori. Le Wakamé pendant longtemps partait bien aussi pendant longtemps. Je pense que c’est mon collègue qui est à la boutique alors je ne sais pas trop. Moi ce que je vois c’est que c’est la salade des trois algues qui se vent le mieux, après ça peut être de la Nori, ça peut être du Wakamé, ça peut être des haricots de mer. La laitue de mer, c’est vraiment les connaisseurs qui en prennent. Après on vend aussi du Kombu. C’est-à-dire la Laminaria digitata, la Saccharina latissima, les deux. Les gens si vraiment ils ont 241 des problèmes de thyroïde, ils sont en hypothyroïdie. Ou s’ils consomment beaucoup de légumineuses. Tout ça je leur explique que ça peut, enfin voilà, ça peut les intéresser. Mais ça dépend vraiment de mon discours aussi. Parce que moi je suis toujours en visite guidé, tu vois alors… Je ne vois pas vraiment ce qui part le plus mais bon. Ce que j’ai pu remarquer quand même c’est que même c’est que le mélange ça c’est sure c’est ça en priorité qui part. Et puis après la Nori, je dirais part bien aussi. Moi : D’accord La Nori. J’ai mis de la Dulse en vente cette année, j’avais pas mis avant. C’est bien parti aussi. Et puis l’année dernière par exemple le Kombu est pas du tout partie. Et là cette année c’est les haricots de mer qui partent pas. Donc ça dépend, des saisons. Ça dépend des années ouai.ça dépend Moi : Ok, donc par rapport à la saison… Après j’avais des questions plutôt sur les algues en générales. Donc connaitre un peu la situation actuelle Oui Moi : Donc pour vous, avec une consommation qui ne cesse de croitre heu… qui s’y intéresse aux algues en générales ? C’est plutôt les Bretons ? Les algues alimentaires ? Moi : oui Je parlerais plutôt en terme sociologique en fait. Je pourrai pas dire que c’est plus les Bretons. Oui c’est vrai que les Bretons commence à voir qu’ils ont une ressource intéressante à côté de chez eux. Mais c’est pas pour ça que tout le monde mange des algues. Il y en a beaucoup qui sont là à ce dire. A non, jamais je mangerai des algues, jamais je ne gouterai une algue. Mais bon quand même on sent que les freins commencent à se dissoudre un peu. Voilà. Y a un peu moins de freins pour certaines personnes. Mais après voilà tous les gens qui sont sensibilisés à la bio. Forcément ils vont un petit peut plus vers les algues. Ce qui font attention à ce qu’ils mangent et ceux qui sont un petit peu regardant. Qui sont végétariens. Ou qui ont des problèmes de santé. Ils commencent à s’intéresser aux algues. Les retraités aussi, j’ai remarqué que les retraités sont assez sensibles aux sujets. J’ai beaucoup de retraités aussi. C’est peut-être pour ça. Bon là je ne pourrais pas trop dire parce que je n’ai pas fait d’enquêtes. Il faudrait que j’en fasse. Il faudrait que je fasse remplir des 242 questionnaires ou autres. Mais c’est difficile, j’ai pas vraiment le temps. Mais après au niveau de… il y a une enquête qui a été faite, par contre je peux vous donner des contacts, c’est par Agrocampus ouest à Rennes. Moi : Oui je l’ai eu, on me la donnée c’est IDEALG, Ah vous l’avez l’enquête. Moi : Oui. D’accord bon, vous aurez peut-être des réponses à ce niveau-là. Moi : Non mais c’était un peu pour avoir votre avis. Alors moi mon avis, mon avis c’est pas forcément très construit on va dire. C’est plus (rire) C’est vraiment une impression en fait. Mais ouai je dirai plus en terme d’âge ou de façon de consommer bon j’irai pas jusqu’au classe sociale parce que j’ai pas été voir (rire) mais ouais je pense quand même que les gens déjà sensibilisé, je pense qu’ils se posent un peu des questions là-dessus du coup ils sont plus intéressés, plus curieux quoi. Moi : d’accord Plus curieux et donc j’essaye, je sais quand j’ai des groupes c’est pas la règle j’ai des gens , des locaux qui commencent à être intéressé un petit peu et qui commencent à consommer des algues mais gentiment. Du pain aux algues, du beurre aux algues, un petit peu d’algues par ci par là. C’est pas des grands consommateurs non plus. Mais moi je ne dirai pas qu’il y a un grand changement non plus dans l’alimentation encore mais bon ça vient petit à petit depuis 30 ans tranquillement quoi. Moi : D’accord Voilà. Moi : Ok, donc pour l’instant j’ai vu que la France récoltait les algues plus qu’elle n’en cultivait. Quels en sont les raisons ? Pourquoi est-ce qu’on récolte plus qu’on ne cultive par rapport à l’Asie ? Ah parce qu’on a pas encore une filière d’algoculture qui comment dire elle est assez récente. Ça fait quand même 30 ans qu’on a commencé à cultiver des algues en Bretagne, le Wakamé, donc 243 maintenant il n’y a pas le Wakamé qui est cultivé. Et donc du côté de Saint-Malo il y a une société qui s’appelle C-Weed vous connaissez peut être ? Moi : Oui Qui fait la culture de différentes algues et qui produit bio. Elle doit acheter ces souches aux CEVA à la station de Roscoff, c’est des cordages déjà ensemencés. Donc il y a C-Weed, il y a Marienoé qui fait de la culture d’algue dans le sud Finistère depuis quelque année. Il y a plusieurs algoculteurs, des petites fermes, qui existent depuis quand même un moment et qui vendent aux Biocoop, qui vendent dans certains supermarchés. Qui vendent peut-être dans le reste de la France aussi. Mais depuis un an ou deux, il y a des groupes, des projets qui se mettent en place comme Algolesco. Je sais pas si tu en as entendu parler. Ils veulent cultiver la Sacharina latissima, là on passe un peu à autre chose, la du coup. Parce que là c’est une dizaine des centaines d’hectare cultivée d’une même algue donc là c’est quand même une grosse ferme qui a des subventions qui vont tomber pour ces algoculteurs. Je sais pas si vous en avez déjà entendu parler. Les subventions par l’union européenne. Moi : Non Qui tombe cette année en 2015 pour les professionnels que ce soit les récoltants d’algues ou alors les ostréiculteurs qui veulent se diversifier. Pour faire leur métier, leur production parce qu’ils ont des soucis de mortalité des huitres. La maintenant il y a aura des subventions pour les aider à se diversifier au niveau de la culture d’algue. C’est en cours. Moi : D’accord Cet argent va être reversé par la région de Bretagne, c’est eux qui vont choisir les projets qui, les plus, les plus intéressants pour eux, pour pouvoir développer l’algoculture. Donc c’est un vrai projet, une vraie volonté de la région de Bretagne. Je pense aussi au niveau de l’état Français que développer la filière. Le problème, enfin moi je trouve à mon goût c’est à mon échelle, c’est que j’espère qu’il y a une vrai réflexion de l’impact environnemental que ça peut avoir. Parce que le schéma agricole Breton, on voit bien qu’il a des, qu’il a comment dire, des limites. L’élevage porcin, la pollution. Après voilà c’est des … J’espère qu’ils ne vont pas que faire des grosses fermes. Qu’ils vont essayer de financer des petites fermes qui existent déjà. Après c’est vrai qu’il y a beaucoup de porteur de projet qui je pense veulent se lancer dans l’algoculture. Après on a pas la technicité par 244 rapport aux Japonais et au Chinois, on a pas le recul qui ont. Les japonais ça fait des siècles qu’ils en consomment, les Chinois aussi je pense. Surtout les Japonais peut être. On a pas ce recul la donc, du coup c’est le CEVA qui travaille beaucoup et puis bien sur IDEALG. IDEALG c’est vraiment un projet pour développer l’algoculture en France donc euh ils séquencent des algues, séquençage génétique tout ça. Ils travaillent avec des entreprises alors ils essayent de développer voilà quoi. La culture pour faire des élevages d’algues stables. Parce qu’apparemment, les Japonais c’est pas un marché qu’on arrive à développer, on est pas des bons clients pour nous. Parce que nos algues ne sont pas assez stables. C’est-à-dire, que nous on est encore au stade de la récolte et eux ils sont aux stades de la culture depuis très longtemps. Donc du coup ils ont stabilisés plus ou moins des variétés. Mais nous on en est pas la donc ça ne les intéresse pas. Parce que si on a pas stabilisé nos cultures d’algues, c’est ce que Idealg essaye de faire. Créer des cultures d’algue. Ils peuvent pas savoir pour l’instant si une année on va avoir une même teneur en protéines alors autant de vitamines de ceci, autant d’oligoéléments, un même goût et du coup c’est trop variable en fait. Donc on les intéresse pas encore complétement quoi. Parce qu’on a pas développé. Parce qu’on est pas encore assez au point pour développer des techniques. Mais par contre il y a des instituts de recherches comme le CEVA travaillerait la dessus. Il travaille sur la culture surtout pour faire des cultures, je sais pas si vous êtes allée au forum IDEALG cette année. Moi : Non, je suis à Toulouse donc c’était assez compliqué. Ah oui, mais vous pouvez peut être avoir le compte rendu avec avec… Moi : Oui je l’ai eu le compte rendu Ah voilà et vous voyez qu’il y a le CEVA qui intervient beaucoup. Il intervient sur la Nori, il développe des cultures du côté de Saint-Malo. Ils sont donc de plus en plus efficaces sur la culture de Nori. Après… Et bien voilà il y a plein de recherches. Mais à mon avis, pourquoi, pour répondre à la question, pourquoi ça c’est pas développé c’est ça en fait ? Moi : Oui Parce qu’on est dans une autre culture aussi que la Chine et le Japon, c’est-à-dire que nous on est dans une culture plus, comment dire, plus comment dire ça… Carnivore ? C’est ça que je veux dire Moi : Oui, carniste quoi 245 Carniste voilà, on est plutôt la dedans surtout en Bretagne. Tandis qu’au Japon maintenant ça change mais il y a beaucoup plus de végétarisme quand même et les aliments marins sont très utilisés aussi au Japon. Si je ne me trompe pas. En Chine je sais pas. Je ne connais pas assez. Mais à priori ils consomment beaucoup d’algues aussi. C’est vrai que ce n’est pas dans notre culture en fait au niveau alimentaire. On les mange indirectement au final parce qu’on les met sur la terre pour les légumes. Pour nourrir les légumes mais on ne les mangeait pas directement à part en Irlande ou on mangeait de la Dulse, apparemment. Ici on mangeait. Les pêcheurs mangeaient des algues qu’ils surnommaient le steak de mer avec des algues rouges. On en mangeait aussi dans des flans mais on ne le mangeait pas directement en fait. Donc on a pas cette culture-là, en fait, vraiment… Pourquoi comment ? Ça c’est vraiment une grande question ? SI vous arrivez à y répondre ça m’intéresse. Moi : (rire) D’accord… Mais on est pas au niveau culture. Après je pense que c’est parce qu’on entend parler de l’or vert, de la Bretagne. Alors hier j’ai Olmix qui m’a appelé en disant que oui avec les bonnets rouge il fallait développer correctement la Bretagne, donc du coup les algues pouvaient participer au développement économique alors tout le monde dit ça en ce moment. Tout le monde mise un peu sur les algues mais normalement pour le développement économique. En même temps c’est bien mais en même temps ça fait un peu peur parce qu’on se dit on va pas non plus recréer une filière super comment dire super polluante. Voilà quoi. Donc du coup il faut faire attention et bien réfléchir quoi. Ouai Moi : Et du coup par rapport à ça il y a beaucoup de retrait de nitrate avec cette agriculture porcine. Alors est ce que les algues ne sont pas contaminées, est ce que ça à un impact sur leur qualité, est ce que ça a un impact sur les algues ? Alors dans certains bassin versant, oui forcément. En fait si vous voulez il y a des bassins versants polluées, il y a Saint-Brieuc, il y a Morlaix, il y a Douar Denaix et … C’est tout l’amont c’est pas que l’azote, c’est aussi le phosphate, le phosphate domestique mais le phosphate agricole bien-sûr. Donc du coup depuis des années on a… Il y a des, il y a du travail qui est fait pour sensibiliser les agriculteurs. Pour baisser, faire de l’agriculture raisonnée. Et puis il y en a qui passe de plus en plus au bio aussi. Et moi, ce que je ne comprends pas c’est que je ne suis pas allée me renseigner non plus, c’est qu’on n’enseigne pas le compostage aux agriculteurs. C’est peut-être plus facile pour eux de faire du lisier. Je ne sais pas si vous voyez la différence. 246 Moi : Oui oui Après c’est vrai au niveau voilà c’est comme un gagne temps de faire du lisier plutôt que de faire du compost mais bon ça pourrait régler le problème si on passait au compostage. C’est vrai qu’il y a certains bassins qui ne sont pas des lieux idéaux pour récolter les algues. Donc quand on veut être, faire des algues bio, on … Il faut respecter le cahier des charges AB. Il y a un cahier des charges qui existent. Interbio Bretagne. Vous connaissez ? Moi : Oui, oui Donc voilà. C’est André Berthou qui a participé à ça. Et du coup après il se base sur la carte qui a été créé pour l’ostréiculture. Si je ne me trompe pas. Ou ils mettent différentes qualité, en fait des eaux cotières. Donc ils font des prélèvements en fait. Pour savoir au niveau métaux lourds, surtout au niveau bactério en fait et en fait peut être au niveau radioactivité. Et ce sont les parcs marins qui font ça. Et à partir de là il est avec des cartes et à Interbio, il utilise ces cartes là pour donner des labels bio ou pas. Selon le lieu de récolte. Moi : D’accord Il suffit d’aller sur le site de Interbio Bretagne et vous pouvez télécharger les cartes et tout ça. Moi : Oui je l’avais eu la carte par Hélène Marfaing. Ouai, donc bon après elle mérite d’exister mais peut être qu’on pourrait aller plus loin que ça mais après je sais pas qui travaille là-dessus vraiment, je sais pas comment sont fait les prélèvements ? Comment ça se passe ? Mais j’imagine qu’il y a plusieurs instituts scientifiques qui travaillent la dessus (rire). Je ne sais pas trop comment ça se passe. Mais bon à priori. Ça fait 3,4 ans que le cahier des charges bio existe. Donc ils sont toujours en construction. Le statut n’est pas clair alors. Le temps n’est pas trop, ils n’ont pas de statut très clair c’est entre la marin et l’agricole, c’est pas forcément de l’agriculture. Moi : Oui, d’accord Donc après … Pour vous, l’algue elle sera plutôt consommée sous forme de légume ou plutôt sous forme d’aliments transformés incorporés dans des biscuits par exemple ? Pour des… Que moi je mange ? Oui l’algue qu’on mange, mais plutôt les gens en général. 247 Moi : On la consomme plutôt ? Pour l’instant on la consomme plutôt sous forme de gélifiant ! Les alginates, carraghénanes quoi. Ouai. Ça tout le monde en consomme si on prend des produits agro-alimentaires. Et bien on en consomme tous quoi. Ouai mais après sous forme de légumes ça commence à venir comme je vous le disais. Mais après c’est pas voilà, c’est qu’on a pas conscience quand on mange les gélifiants. C’est que les gants ne se rendent pas compte qu’ils mangent des extraits d’algues, en fait. Ils savent pas. …C’est pas dit quoi. Par les industries. Mais après si tu veux manger de l’algue. Après si on la mange en tant que légume et bien là on se rend vraiment compte qu’on mange de l’algue pour le coup. Parce qu’il y a aucune vertu nutritive. Dans les alginates et carraghénanes. Consommer des carraghénane tous les jours c’est même dangereux. Il y a un livre sur les additifs alimentaires. Je sais plus comment il s’appelle ce livre. Moi : Oui ? Et donc du coup le carraghénanes c’est pas recommandées. Les alginates ça va apparemment. Mais carraghénanes il faut faire attention apparemment. Moi : Ok j’en apprends. C’est intéressant. Et du coup vous savez pourquoi ils mettent pas dans les … Par exemple il y a Bjorg qui fait des laits végétaux qui sont enrichis aux algues pour avoir du calcium et pourquoi est-ce qu’ils ne précisent pas que c’est des extraits d’algues. C’est un peu semblable que les gélifiants non ? Alors là c’est du Lithothame. Donc là c’est pas du gélifiant. Moi : Oui oui, c’est deux choses différentes mais c’est le même principe sur la non information des consommateurs. Oui est le lithothame d’ailleurs il est plus exploitable en Bretagne normalement c’est interdit alors je sais pas où il le récupère leur lithotome. Ca il faudrait se renseigner aussi. La pêche et la récolte est interdite depuis deux, trois ans en Bretagne. Moi : Oui par ce que j’ai essayé de les contacter. Savoir pourquoi est-ce qu’il cachait et qu’il mettait pas que c’était de l’algue. Ils m’ont dit oui… C’est à cause de la réglementation qui nous en empêche… C’est compliqué… Heu. Bref ils n’ont pas voulu me répondre. 248 Parce que l’algue ne fait pas encore bonne presse alors. C’est en train de changer. Moi je reçois des gens au musée quand je leur parle des algues, la première question que j’ai des fois c’est les algues vertes donc je fais beaucoup de pédagogie autour de ça. Moi : Oui Mais c’est la première info qu’ils ont sur les algues donc c’est un peu le stress de d’un côté pour eux. Et en même temps d’un autre côté, c’est en train de changer par rapport au fait qu’il y a des entreprises qui se lancent vraiment dans l’exploitation, dans la transformation des algues en fait. Mais bon il y a beaucoup de gens qui pour eux les algues, ça a mauvaise presse. C’est peut-être ça. Moi : Ok Donc je reviens à tout à l’heure, donc vous disiez que vous organisiez des sorties, des dégustations avec des ateliers cuisines ? Les gens sont-ils ? Euh Est-ce qu’il y a des gens qui sont réticents aux algues ? Et comment vaincre, dépasser ces aprioris ? Bon je crois que j’en ai dit pas mal la déjà. Il y a plein de façon. Moi je ne fais pas de forcing non plus. Je suis pas là pour vendre des algues, je suis juste là pour, pour valoriser un. Faire la médiation en fait. Quand on veut parler de la filière, les algues, qu’est-ce que c’est. Qu’est-ce que ça peut apporter mais c’est vrai que je ne fais pas de forcing. C’est vrai que j’ai des gens qui se posent des questions mais ils veulent des réponses. Mais je m’adapte en fait à chaque fois à l’apriori des gens. Les priorités c’est l’algue verte. Oui les algues vertes, c’est polluant, c’est dangereux, c’est toxique c’est mortel. Na na na. Et du coup moi ça me permet d’expliquer pourquoi il y a beaucoup de marais verte. Mais je rebondis en disant que l’algue verte c’est une des meilleures algues alimentaires qu’on est quoi. C’est la plus riche presque en vitamine C, en fer, quand elle est accrochée à son rocher mais quand elle est vivante. Après quand elle s’échoue en masse sur l’estran et qu’elle fait des paquets d’algues. Il y a plus d’air qui passe et puis il y a un gaz toxique qui s’échappe. Donc voilà là je fais un peu de pédagogie. En montrant que si on en est là c’est aussi un peu, ben notre responsabilité aussi à tout le monde quoi. Moi : Oui ! Et après les aprioris les autres et bien c’est le goût, la texture, c’est trop fort. C’est pas bon. C’est gluant. Les enfants ça va être ça, ils ont même peur des algues, ils ne veulent même pas les toucher. Ils sont là au secours comme si c’était un monstre. Et après petit à petit et pourtant on fait des ateliers avec eux après de cuisine et ils mangent des algues. Ils trouvent ça super bon souvent. Après 249 delà est ce qu’ils vont en manger à la maison, ils vont dire à leur parent, si c’est bon et tout ? Mais c’est rigolo que les enfants c’est souvent ça. Tous les bretons. Les algues ça puent c’est pas bon. C’est gluant. Moi : C’est parce qu’ils ne connaissent pas ? Oui voilà c’est l’inconnu, c’est le monde marin. Après c’est vrai que quand tu es petit ici en Bretagne, que tu te ballades sur l’estran, que tu vas nager et que tu es à marée haute et que les algues elles se lèvent dans l’eau c’est gluant, ça peut faire peur. Et puis tu nages dans les algues c’est un peu l’inconnu. Ouai. Donc il y a encore ces aprioris-là, avec les enfants. C’est rigolo parce que quand ils sont en groupes ils vont pas forcément dire, à oui super c’est vachement bon. Enfin oui ça arrive que l’effet de groupe soit là. Et que tout le monde trouve ça géniale et aussi à un moment au musée on entend plus le discours, à c’est horrible on entend plus rien. On entend pas forcément géniale, super les algues, mais on voit qu’il y a une petite ouverture, ça évolue quoi. Moi : d’accord Et…Voilà. Et donc les autres à priori qu’est-ce que ça va être heu… Ben c’est ça je pense ce qui rebute les gens c’est l’inconnu. Ils ont jamais goûté et le fait qu’ils ont jamais goûté et bien on croit que c’est quelque chose de très spéciale. De pas mangeable en fait. La texture, le goût, l’odeur et puis la réaction qu’on a quand les gens essayent et qu’ils sont étonnés quoi. Ils sont étonnés des goûts, ils sont étonnés donc voilà, donc les aprioris c’est … Il y en a surement d’autres encore. Oui et puis il y a la pollution. La pollution par rapport aux algues vertes. Les gens se posent pas mal de question et se dise oui mais bon la récolte si y a beaucoup d’azote est ce qu’elles ne sont pas sur azotées. Est-ce qu’elles ne sont pas polluées. Est-ce qu’elles ne sont pas dangereuses pour la santé ? Et les métaux lourds aussi… Et c’est vrai qu’on peut avoir des concentrations de métaux lourds plus importantes mais qui sont pas forcément nocives quoi. Par exemple la laminaire en Bretagne à un petit peu plus d’arsenic que la norme. Mais il faut vraiment en consommé des kilos et des kilos pour un souci quoi. Enfin voilà pour que ce soit dangereux quoi. Oui c’est vrai qu’il y a un petit peu plus d’arsenic dans les laminaires qui pousse à côté des côtes ici que plus loin quoi. Apparemment Moi : D’accord 250 Mais c’est de l’arsenic, je sais plus quelle forme d’arsenic. Mais là je ne pourrai pas vous dire. Il faut demander à un spécialiste. Moi : Ok donc là j’arrive à la dernière question. Alors nous sommes désormais en 2050. L’algue est omniprésente dans les régimes alimentaires. Qu’est ce qui s’est passé selon vous ? En 2050 ? Moi : Oui Alors c’est dans combien d’année ça ? 35 ans ? Moi : Oui Ah mais vous être super optimiste. C’est quoi l’algue est passée ? Moi : L’algue est vraiment intégrée dans nos régimes. Dans notre alimentation, elle est omniprésente. C’est-à-dire omniprésente ? Moi : Elle est présente dans les plats fréquemment consommés, c’est-à-dire, les gens en mangent régulièrement. Elle est présente dans les restaurants. Ah ouais et puis les gens mangent moins de viande aussi (rire) ? Moi : Oui, je pense mais ce n’est pas forcément lié. Oui bien voilà. Oui ben oui c’est vrai que dans ces cas-là ce qui s’est passé c’est que alors qu’est ce qui s’est passé c’est eux…Du coup elle est présente, omniprésente. Ha, il y a une invasion japonaise en Europe (rire) ou Chinoise. Et du coup il y a une dictature, une dictature chinoise plutôt (rire) Moi : Pas mal comme avis ça (rire) Et du coup fini le cochon, plus le droit de manger le cochon. Donc grosse révolution et donc gros changement. Par ce que enfin je vois pas. Si ce serait génial, ce serait super… Au niveau santé ça résoudrait plein de problème pour manger moins de viande je pense. Et puis au niveau 251 environnemental je pense qu’il y aurait plus de terre arable, tout ça. Ça pourrait réguler les problèmes au niveau de l’eau et tout ça. Non mais j’exagère aussi. J’exagère le scénario, je fais exprès d’exagérer. Mais sinon, une prise de conscience. Ouais il faudrait une grosse prise de conscience. Mais c’est ce qui est déjà le cas pour de nombreuses personnes. Il y a certaine personne qui change radicalement de de mode alimentaire. Parce qu’ils se rendent compte que au niveau santé ben ils ont des soucis, ils voient qu’il y a beaucoup de problème. Et donc du coup ils ont envies de changer. Ils ont envie de tester autre chose. Et du coup ben le scénario ça pourrait que tout le monde prenne conscience qu’ils changent de mode alimentaire d’un coup comme ça. En 35 ans c’est pas d’un coup. Ouai faudrait des … Faut qu’il y est des gros problèmes. Je sais pas, je ne vois pas. A moins une grosse catastrophe quoi (rire). Ou une grosse prise de conscience. Oui il faut vraiment un changement de modèle de société. Parce qu’on est vraiment dans une société. Comment on dit ? Carnivore ? Carné ? Moi : Carniste Carniste ! Ouai c’est vraiment ancrée quoi. Il y a des gens je pense qu’ils ne peuvent pas survivre si ils ne mangent pas de viande. Les gens ils font ce genre de réflexion des fois. Il y a des gens qui se disent mais enfin c’est pas possible enfin voilà c’est vraiment une croyance quoi. Enfin il y a d’autre. Enfin il y a plein de société qui se, comment dire qui se … Végétariste ? Végétariste on dit pour le coup ? Moi : Une société végétarienne ou vegan. Qui existe comme les Japonais par exemple. Ya en Inde aussi, il me semble. L’inde aussi. Ça existe quoi. Ici c’est vraiment une croyance. C’est inscrit, c’est … Déjà en Bretagne c’est très très très … ça fait vraiment partie de… Même les goémoniers ils mangeaient pas de poissons. Par exemple, il partait dans les îles et les goémoniers migrants qui partaient 6 mois dans les îles d’Fouesnant. Et donc en fait ils récoltaient des algues toute la journée, ils avaient des coquillages à proximité. Ils pêchaient à côté mais ils mangeaient, ils amenaient leur kutsel avec eux. Le kutsal c’est de la viande de porc salé. Moi : D’accord Je vous parle de ça, c’était dans les années 1950, ils ramenaient le beurre, le pain, le kutsel. C’était les pommes de terre. Et puis c’est les légumes s’ils en avaient. La base de l’alimentation. Moi : D’accord 252 Même en bords de mer, il y avait vraiment les gens qui étaient pêcheurs qui mangeaient du poisson quoi. Ou les gens qui en achetaient en ville et tout ça. Mais c’était le régime paysan ici. C’était vraiment du cochon quoi. C’était ancré. Moi : Ok Donc voilà ce que je peux vous dire. Moi : Est-ce que vous avez des choses à ajouter sinon ? Sur les algues ? Des questions que j’ai pas posées selon vous ? Pour finir sur la dernière question c’est vrai que c’est une bonne question moi j’aimerais bien que ça se passe comme ça (rire). Mais euh… Du coup … Je suis en train de réfléchir à … Enfin il y a pleins de scénario possible. Qu’est-ce que je pourrai rajouter. Ben c’est l’enquête de votre master 1? Moi : Oui Et master 2 vous allez continuer là-dessus ? Moi : Oui enfin je l’espère. Ce sera plus une étude terrain. Ce sera ? Moi : Des études terrains. Je sais pas encore mais il faudra je pense que je me positionne sur une seul algue. Je ne sais pas encore comment ça va se passer. Parce que nous ça peut nous intéresser. En fait, votre travail. Je sais pas si ça va être possible après de… Parce qu’on est en train de réactualiser notre muséographie. En fait notre muséographie à 8 ans et donc on va mettre plus l’accent sur les recherches scientifiques. Sur les métiers de récoltant sur les algues alimentaires. Donc c’est vrai que, enfin voilà c’est vrai que notre recherche peut nous intéresser. Elle pourrait en fait. Ce serrait à discuter quoi. Moi : Alors ce sera l’année prochaine mais oui ça peut m’intéresser. Là cette année je suis en stage à Biocoop, pour cette année. Ca commence en avril. Après sinon je vous propose de vous envoyer mon mémoire quand ce sera terminé Donc il y a pas de souci. Et après oui pourquoi pas. Oui ça 253 peut m’intéresser oui. Il y a un mémoire à rédiger en même temps en plus donc oui ça peut être très intéressant. Ça peut nous intéresser d’avoir des données sur l’acceptation de l’algue. C’est sur l’acceptation c’est ça ? Moi : Oui je suis axée sur le côté sociologie, sciences sociales, psychologie de l’alimentation en fait. Oui c’est intéressant. Parce que moi j’ai toujours une question qui me taraude aussi. Ça peut nous intéresser, même une conférence. On s’est jamais ou si vous publiez votre thèse Moi : Euh mémoire ! Mémoire oui. Moi : Je vous l’enverrai il n’y a pas de souci. Oui parce que nous on veut vraiment valoriser tout ce qui se passe autour des algues, de l’actuel, de tout ce qui se passe avec les algues. Donc on fait de temps en temps des conférences aussi. Des ateliers, des choses comme ça. Ça peut. On est en Bretagne quoi. C’est un peu loin de Toulouse Moi : Ah mais j’ai vécu un an en Bretagne. J’ai étudié un an j’étais à Quimper. Ok, ok. Bon j’ai mon rendez-vous mais ça peut nous intéresser cette étude-là. Moi : Ok, merci de m’avoir reçu. Si jamais des choses je vous les envois Moi : Ok merci beaucoup. Bonne après-midi Oui vous aussi. 254 M.Echanges par email avec la responsable commerciale et logistique d’une société qui réalise de la culture d’algues biologiques. Email n°1 Prise de contact Bonjour, Je suis Jeanne TANTOT, je suis étudiante en master 1 Alimentation parcours Sciences Sociales Appliquées à l'Alimentation. Dans le cadre de mon mémoire je travaille actuellement sur l'algue alimentaire en France (sa consommation, etc...), Désirant avoir des informations sur la culture d'algue en France et sa récolte, je m'intéresse à votre structure leader du marché européen, j'aimerais donc pouvoir réaliser un entretien téléphonique avec quelqu'un de votre entreprise pour qu'il/elle puisse partager son expérience. Merci d'avance. Cordialement Jeanne TANTOT Email n°2 1ère réponse de leur part Bonjour Jeanne, 255 Je vous remercie pour l’intérêt que vous manifestez pour notre activité. Le plus simple serait de nous adresser vos questions par email et nous vous répondrons au mieux de nos possibilités. Très bonne journée à vous, Bien cordialement Email n°4 et 5, mes questions et leur réponses Bonjour Jeanne, Voir nos réponses ci-dessous… Désolée, très peu de temps à vous consacrer, nous allons attaquer la récolte. Belle réussite pour votre mémoire ! Bien cordialement Comme je vous les dis hier, je travaille dans le cadre de mon mémoire de M1 sur les algues alimentaires en France, leur consommation, leur culture, leur récolte et j’aurais donc quelques 256 questions à vous poser. Je vous remercie donc de me consacrer du temps pour répondre à mes questions dont je vous assure déjà l’anonymat. 1) Dans un premier temps Pouvez-vous vous présenter, en quoi consiste votre métier ? (D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ?) Responsable Commerciale & Logistique 2) J'ai vu sur votre site internet que vos algues viennent uniquement de cultures. Pouvez-vous présenter d'une manière générale l'entreprise, le concept Algolesko? (Son histoire, date de création, pourquoi ça création, sa structure, les contraintes que vous avez pu rencontrer, ses avantages, la certification Bio par Ecocert, ses limites, vos objectifs d'évolution...) Création de l’entreprise en 2013 – A ce jour la plus grande exploitation d’algoculture en Europe Maintenant je vais vous poser des questions sur la production d'algues alimentaire. 3) Quelle est la situation actuelle en matière d'algue alimentaire? Avez-vous une idée sur les quantités consommées, en France ? En général et pour votre entreprise, qui en achète ? (industriels, particuliers?) Depuis combien de temps? Comment cela a évolué et cela évoluet-il? Importation massive d’Asie et d’Amérique Latine vers l’Europe 4) La culture: Y-a-il des saisons spécifiques à la culture d'algue? Est-elle cultivée toute l'année? Cultivez-vous uniquement en Bretagne ? Nous cultivons uniquement au large de la Bretagne – Finistère sud. La récolte se fait au printemps. 257 5) Pour le moment, à l'inverse des pays d'Asie (Chine...), la France récolte surtout les algues mais les cultures restent très limitées. Qu'elles en sont les raisons? Quel est l'avenir de la culture d'algue en France ? Comment cela va évoluer ? Y-aura-t-il des limites? Où ? Par qui ?... Le meilleur reste à venir 6) Comment se situe l'Europe, la France en matière d’exportation ? D’importation ? Quelles sont les évolutions à prévoir ? Y a-t-il de la concurrence avec l’Europe, l’Asie, d'autres continents ? On ne peut pas comparer notre production à celle des autres pays, nous produisions moins de quantité mais plus de qualité. 7) Vous êtes certifié Bio par l'organisme Ecocert et vos eaux sont classées Natura 2000 ce qui garantit une culture d'algues de manière totalement naturelle dans une eau de qualité. Comment avez-vous obtenu ces labels? (Quelles sont les conditions requises pour avoir ces labels? Quel est le travail effectué en amont? ) Y-a-t-il des contraintes? Si oui quelles sont-elles? (Comment garantissez-vous une eau de qualité?) Relevés réalisés par IFREMER sur zone pour vérifier la qualité de l’eau. Pour le label bio, voir les textes européens en ligne. 8) Une fois récoltés, quelles sont les traitements réalisés sur les algues? (séchage, déshydratation...) Comment et où sont-elles stockées, conservées ? Combien de temps peut-on les conserver? Quelles sont les limites ? Sec : 24 mois Surgelé : 18 mois Salé : 6 mois 9) Sur votre site, j'ai vu que vous cultiviez du Kombu Royal, du Wakamé, de la Laitue de mer et de la Dulse. Y'a t-il d'autres espèces d'algues cultivées ? J'ai vu également que vous les vendiez soit sous forme fraîche salée ou non, soit sous forme sèche, soit sous forme congelée, Y a-t-il d'autres manières de les présenter ? Quelle(s) forme(s) pour quel(s) usage(s)? Quelles est la forme la plus vendu? Pour quelle(s) raison(s)? 258 Ce sont les 4 espèces comestibles que nous cultivons. Quelques questions sur la consommation d'algues 10) Et vous, consommez-vous des algues? Si oui, sous quelles formes? Avez-vous une ou des préférences aux niveaux du goût ? Oui, chaque algue a sa particularité en termes de saveur. 11) Selon vous, l’algue alimentaire est-elle un produit d’avenir? Les gens sont-ils prêts à la consommer ? L’algue sera-t-elle un produit de base dans l’alimentation de demain ? Si oui, sous quelle forme sera elle consommée (comme un légume, comme un condiment reconnu, ou comme extrait anonymé dans une préparation culinaire ?) Comme un légume !! 259 N.Composition nutritionnelle des algues Algues Vitamines Autres Minéraux et oligo-éléments Nori Dulse Fucus Kombu Laitue de mer Wakamé Spiruline Fer, zinc,calcium, magnésium, phosphore, iode, cuivre Fer, calcium, magnésium, potassium,phosphore,iode, cuivre Iode, cuivre, chrome, zinc, sélénium, fer Calcium, magnésium, iode, potassium, sodium, phosphore, fer, zinc Calcium, fer, magnésium, iode Calcium, fer, sodium, magnésium, potassium, phosphore, cuivre Calcium, phosphore, magnésium, fer, zinc A,B1,B2,B6, et B12, C Fibres, oméga 3 A,B2,B6,B12, 25% de C protéines C,B1,B2,B6 B2, B12, A et 5 à 15% de D protéines A, C A ,B2, B5, C A, E, B1, B2, B6, B9, B12? Protéines dont 5 AA essentiel O.Réglementation sur les algues alimentaires Parmi les macro-algues nous comptons 8 algues brunes172, 11 algues rouges173 et 2 algues vertes174. Les micro-algues autorisées en tant qu’ingrédient sont, la Spiruline, L’odontella aurita et la Chlrorella. En 2003, via les règlements 2003/427/CE et 2009/777/CE175, en application du règlement (CE) n° 258/97, la communauté européenne a autorisé l'huile extraite de Schizochytrium sp et d’Ulkénia sp à teneur élevée en DHA (32 % DHA) pour une utilisation alimentaire176. P.Les consommations d’algues dans le monde - En Polynésie française, la consommation d’algues est une pratique ancestrale qui a perduré et qui perdure malgré la colonisation européenne. Elles sont consommées crues avec du citron et 172 Fucus, Spaghetti de mer, Wakame, Kombu 173 Dulse, Nori 174 Ulva sp. (Laitue de mer), Enteromorpha sp. (Aonori) 175 Saisine AFSSA n° 2008-SA-0316, Saisine liée n° 2001-SA-0095) CEVA Réglementation Française.Synthèse du 10/02/2014. 176 260 éventuellement du lait de coco lors des collectes de coquillages, des journées de pêche et éventuellement lors de repas. Selon les communautés elles seront « préparées » différemment dans le but de préserver leur saveur ainsi que leur qualité nutritionnelle (Conte & Payri, 2002, p. 170). - En Amérique du sud, notamment au sud du Chili et de l’Argentine (Patagonie) les algues sont elles aussi reconnues comme légumes des mers. Ces algues subantarctiques étaient anciennement considérées comme un met de grand luxe par les tribus locales. Tombé dans l’oubli surement en raison du colonialisme, de conflits ou autres, un intérêt récent pour l’algue ne fait que croitre. L’Etat du Chili a dès les années 60-70, multiplié les projets d’étude, les subventions et les aides financières, développé des centres de recherche pour promouvoir la culture d’algue mais dont une grande partie va à l’exportation177. Son climat relativement propice, l’étendu de ces espaces cultivables font qu’aujourd’hui, il se positionne à la 7 ème place des pays qui cultivent l’algue (Bodiguel & Thabeaud, 1996). « Mais moi quand j’étais au Chili je mangeais des algues et j’adorais ça » Etudiante Chilienne à l’université Jean-Jaurès Q.Association les « croqueuses d’algues En se positionnant du côté des consommateurs, en aucun cas, elle a pour but de vendre ou de réaliser de la publicité sur les algues. Au total, 80 adhérents178 originaires de toute la France se sont inscrits de manière spontanée afin d’avoir des informations sur la consommation d’algue, d’échanger et de discuter sur le sujet. (cf Entretien n°2). 177 http://www.greenetvert.fr/2011/10/13/a-table-les-algues-sont-servies 178 3 quarts de femmes pour un quart d’homme 261 R.Flyer de la société Alg&You 262 S.Grille d’observation enquête quantitatif : sont t’ils prêts à accepter l’algue comme aliment Comportement Termes général :tremble, employés Gestuel : : Acceptation ou Acceptation ou Si groupe entier refus si seul : pas refus transpire, curieux, Berk, a ok, a Hésitant, nerveux, à l’aise, hésitant… oui… détendu, crispé Algue fraiche A priori ? Mimique, expression particulière d’influence extérieur si : Comportements de groupes Interaction(s) (ex. avec les pairs entiers accompagné qui influencent organisation hiérarchique, phénomène de foule…) Avant dégustation Pendant dégustation Après dégustation 263 Comportement individuel Smoothie aux algues Avant dégustation Pendant dégustation Après dégustation Comportement individuel Biscuit aux algues Avant dégustation 264 Pendant dégustation Après la dégustation 265 T.Guide d’animation focus group : Les algues alimentaires : des allégations de santé ? Des AOP ou IGP ? Participants : - Ethnologue du musée de Plouguerneau Matériel : - Caméras vidéo Paper board ou tableau - Un goémonier - Directeur d’une ferme cultivatrice d’algues - Un industriel utilisant les algues dans leur biscuit - Une experte de l’ID2 santé Bretagne - Un médecin membre de l’ENSES - Une diététicienne nutritionniste Date et lieu à confirmer (Bretagne) Durée : 3h 266 Thèmes et sous-thèmes Questions et relances Durée prévue Introduction Accueil & présentation des objectifs du focus : 15min Bonjour à tous, tout d’abord, je vous remercie d’avoir accepté de participer à cette rencontre. Nous menons une étude sur la valorisation de l’algue par la qualité. Nous aimerions avoir votre avis sur ce sujet par votre expérience et vos échanges… Je suis… Précision des règles de fonctionnement : - Enregistrement - Aucune censure : On ne censure pas : tout est bon à dire/ pas de bonne ou de mauvaises réponses - Respect du temps de parole - Rôle d’animatrice, observatrice -> neutre, juste pour guider - Merci d’éteindre vos téléphones - Pauses au milieu Déroulement de la séance : - Avis et expériences des algues - Pause - Qualité nutritionnelle et allégations - Des labels liés au terroir Tour de table : nom, profession, titre et rôle, mission(s), lien avec les algues Exemple de brainstorming : Si je vous dis… 267 Thème 1 : Avis et expériences des algues L’algue qu’est-ce que c’est pour vous ? Est-ce un aliment ? -> Brain storming 50min Relancer sur les différentes dimensions (nutritions, gustatifs, culturelles, sociales) Ses utilisations Expérience(s) avec les algues : Thème 1 : Avis et expériences des Quelle fréquence de consommation : - Avez-vous déjà goûté (uniquement pour les non connaisseurs) ? Pour les consommateurs occasionnels et habitués : - Comment ? Avec qui (quels profils ?) Ou ? Pourquoi ? Quand ? Les comportements d’achat des produits aux algues : lieux, produits, critères … où ? algues quand ? comment ? pourquoi ? Avis sur la situation actuelle -> Contexte actuelle Avantages et inconvénients Eaux Bretonnes / Pollution Intérêt croissant Positionnement de la région Bretonne (Programmes, musée, centre, activités, Festivalg) Des freins à la consommation ? (accessibilité, appréhension goût et mauvaise image, locaux…) Concurrence asiatique -> Comment se démarquer ? Position par rapport à l’Europe ? 268 Comment ça évolue, comment va évoluer ? L’algue un aliment d’intérêt ? Comment sera-telle mis en valeur, acceptée Des idées à mettre en œuvre pour lever les freins qu’ils ont identifiés. Comment voyez-vous ses utilisations ? Légumes, condiment, extrait -> pourquoi dans ce cas Dans quels aliments ? plat ? (rôle) Promotion Pauses (10min) Thème 3 : Qualité nutritionnelle et allégations Qu’est-ce que vous pensez des allégations ? nutritionnelle ? de santé ? Thème 3 : Qualité nutritionnelle et allégations 45 min Savez-vous ce que c’est ? (La différence entre les deux) Leurs intérêts (produits, producteurs…) ? Spécifiques que pour certains produits ? A qui sont-elles destinées Influence, impact sur vos achats ? Incidence lors de vos achats ? (Si le temps test : quel est le packaging le plus attractif ? -> comparaison entre deux produits dont un possédant une allégation pour voir quel produit attire le plus) Cela vous rassure-t-il ? 269 Pensez-vous que les gens les regardent, les identifient ? Pensez-vous que l’algue pourrait/devrait avoir des allégations santé ? Utilité ? Pourquoi, pour qui ? Qui (quel organisme) doit être contacté pour une demande d’allégation ? Pensez-vous qu’elle peut en bénéficier, qu’elle le pourra un jour ? Doit-on commencer à y réfléchir ? Anticiper ? Thème 4 : Vers des labels liés au terroir ? Qu’est-ce que vous pensez des labels de qualité ? AOP ? IGP ? 45 min Savez-vous ce que c’est ? (La différence entre les deux) Leurs intérêts (produits, producteurs…) ? Spécifiques que pour certains produits ? Thème 4 : Vers des labels liés au terroir ? Influence, impact sur vos achats ? Incidence lors de vos achats ? (Si le temps test : quel est le packaging le plus attractif ? -> comparaison entre deux produits dont un possédant une allégation pour voir quel produit attire le plus) Cela vous rassure-t-il ? Pensez-vous que les gens les regardent, les identifient ? Pensez-vous que l’algue pourrait/devrait avoir ce type d’allégation ? Utilité(s) ? Pourquoi, pour qui ? (consommateur, ou fabriquant) 270 Qui (quel organisme) doit être contacté pour une demande de ce type ? Pensez-vous qu’elle peut en bénéficier, qu’elle le pourra un jour comme le bio ? Doit-on commencer à y réfléchir ? Anticiper ? Conclusion Quelque chose à ajouter ? Des choses qui n’ont pas été abordés Conclusion Débriefing 15min Remerciements Prise de conges 271 U.Questionnaire pour l’étude quantitatif des produits industriels à base d’algue Bonjour Madame, bonjour Monsieur, nous réalisons une étude sur la consommation de certains aliments et compléments alimentaires de ce genre : Merci de répondre à ce questionnaire, cela vous prendra 5 minutes. Il restera anonyme bien entendu. 1) Généralité 1.1. Sexe : F /H 1.2. Age : [18 ; 30], [30 ; 50], [50 ; 70], [+70] 1.3. Profession : Sans emploi / Ouvrier ou Employé / Cadre 1.4. Connaissez-vous ce style de produit ? Oui : Non : Stop 2) Produits connus/consommés ? 2.1. Lequel(s) est/sont ce(ux) que vous connaissez? (Entourez la ou les réponses) a) Lait soja bio douceur calcium Bjorg b) Biscotte enrichi en DHA (oméga 3) Roger c) Lait soja bio Promavel d) Protocole Minceur Superdiet e) Biscuit chocolat au lait bio calcium Bjorg 2.2. En achetez-vous, en consommez-vous ? Oui : Non : Stop 2.3. Si oui lequel(s) ? 273 a b c d e 2.4. Quelle fréquence d’achat, de consommation? 1 2 3 4 5 Pratiquement Quelquefois par Plusieurs fois par 1 à plusieurs fois Tous les jours jamais ans mois par semaine 3) Vos achats/consommation en général 3.1. Intérêt de l’information nutritionnel sur le packaging 1 2 3 4 5 6 Pas du tout Plutôt pas Ni d’accord, ni Plutôt d’accord Tout à fait Je ne sais d’accord d’accord pas d’accord d’accord pas Justifiez : ________________________________ 3.2. Intérêt des allégations nutritionnelles 1 2 3 4 5 6 Pas du tout Plutôt pas Ni d’accord, ni Plutôt d’accord Tout à fait Je ne sais d’accord d’accord pas d’accord d’accord pas Justifiez : ________________________________ 274 4) De l’algue dans ces produits ? 4.1. Saviez-vous qu’il y a de l’algue dans ces produits ? Oui : Non : 4.2.a Si oui : Cela vous gêne-t-il de savoir qu’il y a de l’algue ? Oui : Non : Pourquoi : ________________________________________________ 4.2.b Si non : Cela vous gêne-t-il de savoir qu’il y a de l’algue ? Oui : Non : Pourquoi : ________________________________________________ 4.3. Désirez-vous en savoir plus sur cette algue ? Oui : Non : Si oui : Son nom Sa fonction Son origine Autres ____________ Entourez la réponse qui vous convient 275 UNIVERSITÉ TOULOUSE - JEAN JAURES INSTITUT SUPÉRIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER ALIMENTATION Parcours « Sciences Sociales Appliquées à l’Alimentation » MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Goût et Dégout alimentaire: Place de l’algue alimentaire dans le modèle alimentaire de demain Résumé : Bien que gluante, verte et parfois odorante, avec un aspect peu appétissant, l’algue est en train de devenir, en ce début de siècle un aliment d’une grande valeur. Longtemps mise de côté, utilisée seulement à titre d’engrais et en industrie, sa grande richesse nutritionnelle ainsi que son récent intérêt gustatif semble la positionner comme l’aliment superstar de demain. Un phénomène qui est induit via la globalisation, la modernisation et la médicalisation de notre alimentation. Dans ce cas, comment va-t-elle être acceptée par la société ? Sous quelle(s) forme(s)? Sous forme de légume de la mer ? Ou bien sera-t-elle consommée de manière cachée sans en avertir les consommateurs. Dans le cadre de cet écrit, après avoir défini le contexte d’étude en première partie, s’agissant d’une première approche sur les algues, nous tenterons de répondre à ces questions dans une deuxième partie au moyen de trois hypothèses selon une approche structuraliste en positionnant l’algue dans l’espace social alimentaire ainsi que dans le triangle culinaire. Des hypothèses que des études terrains devront étudier par la suite pour les valider. (cf troisième partie). Mots clefs : Algues - Modèle alimentaire - Espace social alimentaire – Société - Culinaire – Conformité – Norme – Culture – Modernité - Nutrition - Tabou Summary: Although slimy, green and sometimes smelly, seaweed despite unappetizing appearance is becoming on this new century a food of great value. Only used for a long time as fertilizers and in industry, it high nutritional value and it recent interest for also using it as a condiment, place see weed like the “super star’s food” of tomorrow. A phenomenon which seems to be induced via globalization, by food modernization and medicalization. So that, how it is accept by society? In which form? As see vegetable? Or as an anonymous simple extract used in process food without informing consumers about it. For this memory, after a context seaweed definition written in part 1, as we are in a first approach of the subject, we will try to respond at those questions in part 2 via three hypothesis, through a structuralism approach by positioning seaweed in the food social space and in the Lévi-strauss’s culinary triangle. These Hypothesis, will be analyzed by several furthers studies in order to validate them. That’s will be the subject for this third and last part. Key words: Seaweeds - Food model - Food social space – Society – Culinary – Conformity – Norm – Culture – Modernization – Nutrition -Taboo 276