« Tout le monde veut aller au ciel, oui mais personne ne veut mourir ».
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« Tout le monde veut aller au ciel, oui mais personne ne veut mourir ».
Éditorial Noreen O’Haire, directrice « Tout le monde veut aller au ciel, oui mais personne ne veut mourir ». Ces mots d’une chanson interprétée par Petula Clark s’appliquent à notre débat au sujet de la responsabilisation. Nous sommes unanimes pour dire que nous croyons dans la responsabilisation en éducation publique, mais nous évitons souvent de nous atteler à une tâche plus difficile, celle de définir ce que la responsabilisation signifie vraiment. Nous nous entendons sur le fait que la responsabilisation va au-delà des résultats des tests standardisés, qu’elle est très importante, qu’elle influe sur toutes nos actions en éducation et qu’elle est une responsabilité collective, mais nous nous abstenons souvent de définir clairement nos responsabilités particulières dans ce processus. Le moment est venu pour les membres de la profession enseignante et leurs organisations de prendre position et de s’approprier à nouveau le débat sur la responsabilisation en énonçant clairement leurs responsabilités et en insistant tout aussi clairement pour que les autres — les gouvernements, les conseils et commissions scolaires ainsi que les parents — acceptent les leurs. Il incombe à l’ensemble de la communauté d’assurer un système d’éducation publique de qualité. Pour leur part, les enseignantes et les enseignants sont responsables de procurer à leurs élèves le meilleur milieu d’apprentissage possible et de veiller à ce que chaque élève jouisse de possibilités d’apprendre appropriées. Ils sont responsables de faire preuve de jugement professionnel pour prendre des décisions au sujet du milieu et des occasions d’apprentissage, non d’une « manière standardisée » parce que les élèves ne sont pas standardisés, mais de façon à refléter l’unicité de chaque élève. Remplir une telle obligation exige que les membres de la profession travaillent individuellement sans relâche à améliorer leur connaissance des matières enseignées, leur répertoire de procédés efficaces d’enseignement de ces matières à la classe particulière qui leur a été confiée, leurs méthodes d’évaluation du progrès des élèves et leur capacité de comprendre et de valoriser ceux-ci et celles-ci. En outre, les enseignantes et les enseignants sont responsables de rendre compte de tous ces aspects aux parents des élèves de façon à favoriser le succès de chaque enfant. Les parents ont le droit de s’attendre à ce que la classe de leur enfant soit dirigée par une enseignante ou un enseignant bienveillant et compétent. Les membres du personnel enseignant sont également responsables de travailler ensemble afin de s’appuyer les uns les autres dans leur enseignement et de créer un milieu scolaire qui favorise l’apprentissage de tous les membres de la communauté scolaire. Finalement, les membres du corps enseignant sont responsables de préconiser un modèle de responsabilisation qui tient compte des multiples buts de l’éducation publique et de s’élever contre les nombreuses carences d’un système de responsabilisation étroit qui considère les résultats des tests standardisés comme l’unique mesure d’évaluation des élèves, des membres de la profession enseignante, des écoles et des systèmes. Pour plus de renseignements sur un modèle professionnel de responsabilisation, veuillez vous reporter à la revue Perspectives — Perfectionnement professionnel (volume 3, numéro 3), également consultable dans le site Web de la FCE à http://www.ctf-fce.ca/bilingual/publication/pdnews/PDVolume3-3French.pdf. Au printemps paraîtra aussi un nouveau document intitulé Responsabilisation à visage humain en éducation. Le perfectionnement professionnel doit faire partie intégrante de ce modèle de responsabilisation. Il ne s’agit pas de la présentation traditionnelle d’une conférence ou d’un atelier ponctuel par des spécialistes hors du cadre de travail quotidien de la population enseignante. Les articles que renferme le présent numéro de Perspectives — Perfectionnement 2 professionnel abordent certaines caractéristiques du perfectionnement professionnel qui permettent aux membres de la profession enseignante d’exercer leurs responsabilités en matière de responsabilisation. Dans « Le leadership au travail », Beverley Park décrit un projet de leadership ancré dans la vie au travail des participantes et des participants qui développe des qualités de chef, valorise et appuie les communautés d’apprentissage et s’adapte au contexte de travail du corps enseignant. Dans l’article intitulé « Il suffit d’un train pour pleurer », Earl Rutledge nous montre qu’en assumant la responsabilité de déterminer les orientations de l’éducation et en défendant l’importance de facteurs en éducation qui ne se mesurent pas facilement, les enseignantes et les enseignants peuvent aider à créer un meilleur modèle de responsabilisation. Quant à l’article intitulé « Testage, testage » de Nancy Roach, il nous rappelle que l’effet du testage sur les élèves est gravé profondément dans leur mémoire. L’auteure nous rappelle toutefois que le testage représente un volet important d’un programme équilibré d’évaluation de l’apprentissage des élèves et qu’il appartient aux membres du personnel enseignant de lire, de chercher et d’étudier comment s’acquitter avec brio de cet aspect essentiel de l’enseignement. La participation à des programmes de perfectionnement professionnel qui relèvent les compétences de la population enseignante en techniques d’évaluation constitue un élément important d’un modèle de responsabilisation. Bon nombre d’organisations de l’enseignement effectuent des sondages qui leur permettent d’analyser les tendances et les programmes en matière de perfectionnement professionnel. Les extraits du sondage mené par l’Alberta Teachers’ Association en 2003 révèlent que le temps et les fonds consacrés au perfectionnement professionnel ne correspondent pas toujours à la valeur qu’on attache à cette composante. Les conseils ou commissions scolaires et les gouvernements ont la responsabilité de fournir les ressources nécessaires à la prestation de programmes en poste. L’article de Larry Kuehn, qui résume un sondage sur l’éducation autochtone en Colombie-Britannique, offre un exemple de l’entrée possible du perfectionnement professionnel dans le domaine de la politique sociale. Les enseignantes et les enseignants doivent être conscients du racisme dans les écoles et la société et demeurer vigilants à cet égard. L’article de Jacqueline Skytt sur « Les communautés d’apprentissage professionnelles » montre des membres de la profession acceptant la responsabilité de faire figure de proue dans l’amélioration de leur école. On voit ainsi que le modèle de responsabilisation professionnelle répond à des préoccupations et des responsabilités plus vastes. Dans une entrevue accordée au Journal of Staff Development, Andy Hargreaves parle en ces termes de l’importance de restaurer la confiance dans les établissements d’enseignement : La confiance a été remplacée par des normes écrites de rendement, des tests standardisés, la supervision de gestion ainsi que des exigences et des dispositions législatives gouvernementales. Il règne aujourd’hui une méfiance profonde à l’égard des écoles, de la profession enseignante et de la capacité des communautés pauvres de s’améliorer. C’est bien d’avoir des normes rigoureuses, mais nous devons nous assurer que chaque enseignant, enseignante et élève bénéficie d’une possibilité réelle de participer aux niveaux les plus élevés de l’économie du savoir. En dernière analyse, cela signifie avoir confiance dans les gens, affecter des ressources au renforcement des capacités du personnel enseignant et maintenir le dialogue avec le secteur de la recherche et d’autres composantes vitales du milieu de l’enseignement. (traduction libre) Andy Hargreaves est l’un des conférenciers et conférencières invités à la Conférence sur la responsabilisation qui aura lieu du 13 au 15 mai 2004 à l’Hôtel Marriott à Ottawa. Vous trouverez des précisions au sujet de la Conférence dans le site Web de la FCE à www.ctf-fce.ca. 3