ACTUALITE REGIONALE.p65
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ACTUALITE REGIONALE.p65
Actualité régionale R ocia s e é entr le Les associations de santé et de solidarité entrent en campagne pour la cohésion sociale régionale Tel est le thème choisi cette année par notre Union régionale, pour lancer la rentrée sociale 2011-2012 auprès des associations adhérentes et plus largement l’ensemble des acteurs non lucratifs de la Paca, qui se sont largement mobilisés avec plus de 700 participants pour les deux journées régionales, (le 15 septembre pour Paca, le 10 octobre pour la Corse) et les réunions territoriales échelonnées entre le 26 septembre et le 7 octobre. Un clin d’œil bien évidemment aux prochaines élections présidentielle et législatives de 2012, qui n’a pas échappé aux élus politiques venues débattre à la journée régionale du 15 septembre. Journée régionale de rentrée sociale du 15 septembre 2011 à l’Agora, Aubagne 8 C’était aussi l’intitulé de notre journée régionale du 15 septembre dernier, qui pour la 2nde année consécutive a eu lieu au centre de congrès de l’Agora à Aubagne et qui a rassemblé 350 représentants du secteur de la santé et de la solidarité : dirigeants bénévoles et salariés adhérents, membres partenaires du club de l’Uriopss, élus politiques et responsables publiques. Agenda Novembre (suite) Vendredi 4 « Gérer son association sur le plan comptable et financier » dans le cadre de la 6ème session 2011 de formation pour les associations des Bouches-duRhône « Gouverner son association : l’administrer, la gérer et conduire les projets», Vitrolles, C. De Muynck Copil Uhu, à Marseille, G. Meyer Lundi 7 Réunion Ssiad 05, G. Meyer, B. Delanglade Mardi 8 « Construire son projet associatif et développer ses projets d’activité et de partenariat » dans le cadre de la 6ème session 2010 de formation pour les associations des Bouches-du-Rhône « Gouverner son association : l’administrer, la gérer et conduire les projets», Vitrolles, Marseille, V. Dor Journée Pôle Services à la Personne La prévention, une nouvelle piste pour les services à la personne ? Mmsh, Aix, G. Meyer Cette journée s’est inscrite dans la continuité de la journée régionale de septembre 2010 par la transversalité de sa thématique autour d’un débat sur les politiques publiques. Cet aspect a été amplifié cette année, par une rentrée sociale avec en toile de fond, l’échéance des élections présidentielle et législatives. Jeudi 10 Rentrée sociale des présidents et administrateurs, journée de rencontre et d’échange, La Baume, V. Dor, A. Haefflinger Elle a été organisée par cinq organisations : la Fehap, la Fnars, la Mutualité Française, l’Una et l’Uriopss ; cette dimension interfédérale et intersectorielle était aussi une illustration du développement de la concertation engagée ces dernières années par les groupements du Pnl de santé et de solidarité dans notre région afin de porter collectivement une parole commune auprès des décideurs. Mardi 15 Matinée d’information Prévenir l’inaptitude et ses conséquences – préparer la reprise au travail après un arrêt de longue durée, partenariat UriopssCarsat - Arcs, La Baume Cette journée animée par une journaliste, Hélène Foxonet, s’est déroulée en deux temps : La matinée, les représentants nationaux des cinq fédérations et unions régionales co-organisatrices venus interpeller des élus politiques de la région. L’après midi, douze représentants de mouvements régionaux, acteurs de terrain, venus exprimer leurs observations et préoccupations auprès des responsables des collectivités publiques régionaux. Lors de la table ronde du matin, les représentants nationaux (*) ont fait l’analyse de la situation sociale de notre pays, mis en exergue les préoccupations sur la pauvreté et les inégalités, notamment de santé, croissantes, réaffirmé leurs convictions partagées et leurs engagements auprès des personnes les plus fragiles de notre société, et demandé aux élus politiques (**) de la région de dire associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 Groupe régional intersectoriel Evaluation, A. Haefflinger, Am. Poyet, à l’Uriopss « Présider et administrer son association» dans le cadre de la 7ème session 2011 de formation pour les associations des Bouches-du-Rhône « Gouverner son association : l’administrer, la gérer et conduire les projets», Conseil général 13, B. Delanglade Mardi 22 Groupe de travail Ressources humaines, A. Haefflinger Actualité régionale quelle politique de santé et de solidarité, quel choix de société, leurs partis politiques respectifs allaient proposer lors de la prochaine campagne électorale. (*) Dominique Balmary, Président de l’Uniopss, Philippe Remer, Secrétaire général de la Fehap, Christian Chasseriaud, président de la Fnars Aquitaine, Représentant Nicole Maestracci, Présidente nationale de la Fnars, Emmanuel Verny, Directeur général de l’Una et Jean Paul Panzani, Président de la Fédération nationale des Mutuelles de France, Vice président national de la Mutualité Française. (**) Dominique Tian, Député des Bouches-du-Rhône pour l’Ump, Patrick Magro, Adjoint au maire de Septèmes (13) pour le Front de gauche, Michèle Rubirola, Adjointe au maire de Marseille, 2ème secteur, pour Europe Ecologie les Verts, et Joël Canapa, Président de la Commission Formation Professionnelle et Apprentissage à la Région, représentant le Président de la Région, Michel Vauzelle, Michel Vauzelle, Président de la Région. L’après-midi a été introduite par Julie Bertrand, Responsable du Dispositif régional d’observation sociale (Dros), qui a présenté le baromètre social, état des lieux de la pauvreté et de la précarité en Paca. Cet état des lieux a servi de levier à la table ronde qui a suivi sur le thème « Les acteurs régionaux partagent leur observation sociale ». Une table ronde très dense avec douze intervenants, acteurs non lucratifs de terrain, qui ont mis le focus sur les principales observations des réalités régionales concernant chacun de leurs secteurs : protection de l’enfance, handicap physique, handicap mental, santé, prévention santé, aide à domicile, personnes âgées, sanitaire, … et manifesté les préoccupations auprès des représentants des collectivités publiques présents : Ars, Drjscs, conseil général 05, conseil général 84, Dirpjj. C’est Philippe Langevin, Economiste et Maître de conférence à l’Université Méditerranée Aix-Marseille II qui a conclu les travaux par une intervention sur «Une économie en crise en quête de solidarité» que nous reproduisons dans ce numéro après celle de Dominique Balmary, Président de l’Uniopss. Agenda Novembre (suite) Mardi 22 (suite) « Gérer son association sur le plan comptable et financier » dans le cadre de la 7ème session 2011 de formation pour les associations des Bouches-du-Rhône « Gouverner son association : l’administrer, la gérer et conduire les projets», Conseil général 13, C. De Muynck Jeudi 24 – vendredi 25 8èmes Assises nationales des établissements et services associatifs pour personnes âgées, Des lieux et des liens pour mieux accompagner les personnes âgées, Palais du Pharo, Marseille Lundi 28 Après-midi d'information UriopssChorum sur le nouveau texte conventionnel de la branche de l'aide à domicile et les nouveaux accords prévoyance - frais de santé, à l'Uriopss Mardi 29 « Construire son projet associatif et développer ses projets d’activité et de partenariat » dans le cadre de la 7ème session 2010 de formation pour les associations des Bouches-duRhône « Gouverner son association : l’administrer, la gérer et conduire les projets», Conseil général 13, V. Dor Table ronde du matin Les fédérations interpellent les élus. Engageons-nous auprès des personnes les plus fragiles : un thème de campagne à partager Discours de Dominique Balmary, Président de l'Uniopss risques de dépression sociale seraient particulièrement dangereux. Rarement une rentrée sociale aura été aussi délicate que celle-ci, succédant à un été dangereux sur le plan international et perturbé au plan interne. Je ne veux pas pour autant sombrer dans le « déclinisme » à la mode et introduire cette table ronde par un propos uniformément sombre. Le pire n’est jamais sûr, et le vrai pire c’est de croire qu’il est sûr. Ceci dit, la période n’est pas à la réjouissance, vous le savez mieux que personne, vous qui êtes sur le terrain, qui mettez en œuvre une grande partie des politiques sociales et sans qui les Où en sommes-nous et comment envisager l’avenir ? Ces deux questions sont aujourd’hui plus difficiles que jamais tellement tout bouge sans cesse. Je voudrais, cependant, essayer d’examiner quelques unes des caractéristiques de la situation actuelle qui touchent spécialement les associations de solidarité ; je voudrais ensuite tenter de tirer de ce diagnostic quelques enseignements pour l’avenir de notre mouvement et de nos activités, dans la perspective, bien sûr de l’élection présidentielle et de ses suites. I – Les données sont connues ; je ne pointe donc que celles qui ont trait le plus directement à nos activités et à la situation des personnes fragiles qui sont au centre de notre préoccupation. 1 – Le phénomène le plus visible, le plus constant et la source de la plupart de nos problèmes financiers, sociaux et humains, c’est, bien sûr, le chômage et son maintien à haut niveau. Il touche en permanence plus de 9% de la population active et a encore augmenté au cours des trois derniers mois (4.128.000 dans les catégories A, B et C), notamment au détriment des jeunes et des plus de 50 ans. associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 9 Actualité régionale Ce chômage de haut niveau contribue inévitablement au développement ment de la pauvreté. Et l’INSEE vient de nous montrer que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté1 avait augmenté depuis la crise de 2008, passant de 13% de la population à 13,5% (8, 17 M). La mollesse de la croissance économique qui atteint pratiquement tous les pays occidentaux à la suite des désordres monétaires et financiers, ne permet pas actuellement d’envisager une décrue du chômage, quand on sait qu’il faut une croissance d’au minimum 2% l’an pour seulement stabiliser le marché du travail, d’autant que (et c’est un atout pour l’avenir) notre population active continue d’augmenter de l’ordre de 150.000 personnes par an. Or, on sait que l’objectif initial pour cette année d’une croissance déjà modeste de 2% sera quasiment impossible à atteindre. 10 2 – Dès lors, les ressources de l’Etat faiblissant, la crise de l’endettement se fait d’autant plus pressante. Comme vient de le dire le Premier ministre « le seuil de tolérance à l’endettement est aujourd’hui dépassé. » D’où le programme sévère de réduction des déficits publics, sur lequel le Gouvernement a pris des engagements européens, qui doit nous conduire à un déficit de 5,7% du PIB cette année, de 4,5% en 2012 et de 3% en 2013. L’effort est colossal. Est-il réalisable, est-il supportable ? Les deux questions n’appellent pas des réponses simples. Déjà 16 MM d’économies sont en cours de réalisation et le Gouvernement vient d’annoncer 1MM supplémentaire cette année et 11MM pour 2012. Certes l’Etat semble privilégier la hausse de la pression fiscale par la réduction des niches fiscales et sociales2 par rapport à une baisse importante de la dépense, sans cependant négliger la recherche d’économies. Aller plus loin supposerait de s’attaquer plus profondément aux dépenses économiques et sociales. Ce qui est difficile pour deux raisons : . d’abord, la période préélectorale n’y est évidemment pas propice ; . ensuite, parce que le risque est grand qu’un désendettement trop rapide ne conduise à enclencher un processus déflationniste, nuisible à la croissance, à l’emploi et à l’équilibre social lui-même. 3 – L’Uniopss n’a, évidemment, jamais contesté la nécessité et l’urgence de la politique de désendettement. Nous estimons qu’elle s’impose et quelle que soit la majorité en place. C’est une question de réalisme et de protection de nos équilibres sociaux et humains à terme rapproché. Mais nous disons aussi qu’elle doit être conduite avec sagesse et, à ce titre, nous demandons trois choses aux pouvoirs publics : . il nous paraît, tout d’abord, nécessaire d’adapter le rythme et l’intensité du désendettement et de la réduction des déficits à la nécessité reconnue de ne pas étouffer la croissance mais, dans le même temps, à la nécessité tout aussi impérative, de préserver la situation des plus fragiles. Certes, nous sommes tenus par nos engagements européens. Mais la manière de se désendetter, c’est à dire le choix des terrains d’économies, est aussi, importante que le désendettement luimême ; . c’est pourquoi, 2éme demande, nous demandons que l’Etat affiche plus clairement les priorités sociales du pays, pour lui-même comme pour les collectivités territoriales. Ce qui se passe actuellement dans le domaine de l’hébergement des sans-abris n’est pas tolérable ; les difficultés accrues d’accès aux soins des plus vulnérables ne le sont pas davantage ; la menace d’une réduction des dotations aux collectivités locales nous fait craindre de nouvelles tensions et de nouveaux drames ; nous demandons ainsi que la partie de ces dotations qui doit être destinée au financement de l’action sociale soit sanctuarisée. Il ne suffit pas, selon nous, de dire et de faire en sorte que les arbitrages bud- gétaires respectent systématiquement l’objectif central de l’emploi (ce qu’il convient bien sûr de faire), mais il faut, d’un même mouvement, veiller à la préservation et à la reconstitution d’un tissu social déjà bien abimé ; . et c’est pour ces raisons que, 3éme demande, nous disons aux pouvoirs publics, nationaux et locaux, que trop de décisions qui mettent en cause les populations fragiles, se prennent encore de façon, brutale, parfois aveugle, sans autre logique que financière. Nous demandons le droit d’être entendus, le droit de discuter, de dire ce que nous voyons, le droit de prévoir aussi qui nous est trop souvent refusé. II – Quelles conséquences le mouvement associatif de la solidarité peut-il alors tirer de cet état des lieux ? 1 – Je pense, tout d’abord, qu’il nous faut prendre conscience ensemble que nous sommes à la fin d’un cycle. Hier nos associations disposaient d’un cadre juridique stable pour leurs activités, elles jouissaient d’une relative sécurité économique, elles entretenaient des relations normalisées et à peu près partenariales avec la puissance publique. Ce cadre traditionnel vole en éclats. L’abandon du projet sur la dépendance, par la difficulté qu’il traduit d’adapter l’action sociale à de nouveaux besoins marque les limites du processus de réforme sociale que nous connaissons depuis des années. Mais, de façon moins visible pour le public, nous observons aussi la quasi généralisation des procédures de marché public, la mise en concurrence de nos structures avec le secteur lucratif et la mise en concurrence au sein du secteur associatif lui-même, sans que soit véritablement organisée la nécessaire régulation de ce qui devient un marché. Nous voyons également les changements introduits dans les systèmes de tarification qui transforment le style et le contenu de nos relations avec la puissance publique. Nous 1 Fixé à 60% du revenu médian, càd moins de 954 euros par mois. 2 Etude IGF sept. 2011 : 538 niches (339 fiscales et 46 sociales) = 104 MM de coût en moindres recettes. associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 Actualité régionale ressentons un affaiblissement de la notion de service public au bénéfice, on peut le dire, de l’idéologie du marché. Nous subissons, par voie de conséquence, des contradictions telles, par exemple, que l’exigence accrue de professionnalisme qui s’accompagne d’une réduction concomitante des financements. Je ne dis pas tout cela pour renforcer le chœur des pleureuses, mais parce que l’addition de ces constats, que vous faites vous-mêmes tous les jours je pense, marque que nous sommes déjà entrés dans le changement et que celui-ci est durable. Or, et vous le savez aussi très bien, les besoins sociaux continuent de grandir et continuent de se diversifier. Ils sont de plus en plus traversés par le paradoxe qui veut que ce soient à la fois des besoins de masse et des besoins qui appellent des réponses individualisées. Voyez le chômage, la santé, l’accueil de la petite enfance. C’est dire que le problème des moyens n’est pas près de trouver sa solution et que le renvoi au marché de la satisfaction de ces besoins, souvent non solvables, ne peut constituer une stratégie satisfaisante et sûre. C’est dire encore que la société a, et aura, besoin, plus que jamais, d’une présence associative vigoureuse, proche, inventive, respectueuse certes des contraintes économiques, mais portant d’autres valeurs, en particulier le souci des plus faibles, ce qui est l’expression même du principe d’égalité. 2 – Ma conviction est que, pour sortir des impasses et des contradictions dans lesquelles nous nous débattons (endettement v/ croissance ; besoins sociaux v/ essoufflement de l’Etat-providence ; cohésion nationale v/ décentralisation et participation, etc.), l’heure va venir des réformes structurelles qui demanderont de l’imagination et du courage. Ce sera ainsi l’inévitable réforme fiscale, dont chacun, ou presque, convient, au moins sur le principe. Mais sur ses modalités, nous ne sommes évidemment guère éclairés. Pouvons-nous dire quelque chose sur ce sujet complexe et apparemment loin de nos territoires ordinaires ? Je crois que nous ne pouvons pas être absents de ce débat, même s’il ne nous appartient pas, bien sûr, de rentrer dans les choix techniques. Nous pouvons ainsi constater que la pression fiscale est déjà élevée en France, plus élevée que dans la plupart des pays européens, à l’exception des scandinaves. Au risque de pénaliser la croissance et l’emploi, elle ne peut être fortement accrue. La question qui devra être nécessairement posée sera donc, moins celle d’une augmentation de la fiscalité que celle d’une meilleure, plus juste et plus efficace répartition de celle-ci. Et, en particulier, la répartition de la fiscalité entre le travail et le capital. Nous aurons notre mot à dire, également, car la réforme fiscale est inséparable de la réforme, , du financement de la protection sociale. Elle est tout aussi nécessaire. Les deux sujets sont, socialement, techniquement (voir la Csg) et politiquement liés. Alors se poseront des questions difficiles. Par exemple, faudra-il s’efforcer de maintenir absolument l’universalité de la protection sociale (ou ce qui en reste), ou faudra t-il concentrer l’effort sur les plus vulnérables ? Où devra ton placer le curseur entre ces deux pôles des politiques sociales ? 3 – Ce sont là des sujets auxquels nous aurons besoin de réfléchir, car ils impactent directement nos missions et nos activités. Notre future « plateforme » destinée aux candidats à l’élection présidentielle, va tenter de tracer quelques lignes de force. Vous êtes cordialement invités à participer à cette réflexion au sein de votre Uriopss. Je crois, ainsi, qu’il ne devrait pas faire de difficulté pour nous de dire que les domaines-clé du redressement social sont ceux de l’emploi, du logement, de la santé et celui de la famille. Ils commandent largement le reste. Mais il ne suffira pas d’identifier ces secteurs-clé. Il faut encore redonner du sens à la politique sociale. Par exemple, redéfi- nir les principes de la solidarité aujourd’hui bien confus et bien peu consensuels. Par exemple, prendre en compte les besoins immédiats de réparation, mais aussi anticiper sur les besoins à venir et, à ce titre, développer une véritable stratégie de prévention dans tous les domaines. Par exemple, organiser la transversalité des politiques, aujourd’hui encore trop caractérisées par leur verticalité et leur enclavement les unes par rapport aux autres, par exemple dans le domaine de la jeunesse (sur laquelle plusieurs ministères jettent des regards trop différents), ou celui de la perte d’autonomie, sujet commun à des chapitres aujourd’hui différents de nos politiques. Procéder à des réformes structurelles devrait conduire aussi à des changements d’état d’esprit et, par conséquent, de méthodes dans les relations entre les associations et les pouvoirs publics. Mettre fin à l’intempérance normative dans le domaine social accablé sous des textes trop vite remis en cause, développer des moyens de confiance plutôt que multiplier les contrôles, organiser transversalement les politique publiques, sortir de l’emprise idéologique du « tout marchand », etc … C’est, je pense, à un changement de culture dans notre vie ensemble, dans notre vie démocratique, que nous sommes appelés. Les associations de solidarité y ont leur rôle à jouer. Pas seulement en raison de leur métier d’opérateurs du social, mais aussi parce que nous tenons dans la société un rôle de corps intermédiaire nécessaire à l’équilibre de l’ensemble. Mesdames, Messieurs, les difficultés de l’heure, le changement dans lequel nous sommes déjà plongés, les défis qui sont devant nous, nous demandent, à nous associations de solidarité, d’être toujours et plus que jamais plus réactifs, plus anticipateurs, mais aussi plus solidaires entre nous. Participer au débat public et remplir pleinement notre rôle « politique », au sens le plus large du mot, voilà, je pense, la tâche qui nous attend. associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 11 Actualité régionale Table ronde de l’après midi Les acteurs régionaux partagent leur observation sociale Une économie en quête de solidarité Philippe Langevin , Maître de conférences, Université Méditerranéenne Aix-Marseille II 12 Il fût un temps où les économistes, les politiques, les entreprises et les citoyens eux-mêmes ont cru la société maîtrisée et les outils de régulation tellement scientifiques qu’ils en devenaient irréfutables. Des années 45 aux années 73 qualifiées plus tard de glorieuses, une économie de forte croissance construite sur le système industriel des grandes entreprises publiques a permis de maintenir le plein emploi des facteurs de production et de garantir un partage équilibré des gains de productivité entre augmentation des salaires et des profits tout en finançant une réduction régulière du temps de travail. Avide de consommation après les restrictions de la guerre, appuyée sur un modèle familial stable et protégée par une sécurité sociale généreuse, la société française ne doutait pas d’ellemême. L’augmentation régulière du pouvoir d’achat des ménages assurait la couverture non seulement des besoins mais aussi des désirs. Le plein emploi était la règle, l’intégration par le travail la méthode, les engagements collectifs le moyen le plus efficace pour défendre ses droits ou partager ses valeurs. En cas de difficultés passagères, les outils du modèle Keynésien permettaient, sans trop de dégâts sociaux, de freiner l’économie en cas de surchauffe ou de la relancer en cas de déprime. Il était acquis alors que pour combattre un chômage résiduel, la pauvreté des vieux et des immigrés ou les inégalités des conditions de vie, il fallait plus de croissance, plus de travail, plus de responsabilité, plus de sécurité sociale. L’autre modèle qui faisait rêver les intellectuels et le parti communiste n’a pas eu l’occasion d’être expérimenté en France. 1 - La fin de la société Keynésienne Les ruptures n’avaient pas été prévues. La première, d’un choc pétrolier (1973) à un autres (1979), dans sa brutalité, a annoncé tout à la fois la fin de l’économie Keynésienne, le succès de la pensée libérale et une nouvelle culture fondée sur les libertés individuelles au détriment des protections sociales collectives. Dans une économie de plus en plus internationale mais faible en croissance, le chômage s’est installé dans la société pour ne plus jamais la quitter. Une grande partie de la population est tombée dans la précarité. Au moment même où augmentait le taux d’activité féminin, le système économique devenait incapable de créer assez d’emplois pour les actifs et de revenus pour les ménages. Le repli sur soi, la méfiance par rapport à tout engagement collectif, la résistance par rapport à l’Etat et le refus de la fiscalité ont entraîné les grandes économies dans une mutation sans précédent. L’éclatement du modèle familial et la montée des grandes solitudes bousculaient une intégration autrefois garantie ramenée à une insertion cette fois organisée. Le sous emploi persistant générait de graves inégalités entre les actifs protégés- par leur statut ou leur compétence- et les autres, les plus précaires considérés comme évidemment responsables de leur sort. La fin du modèle industriel était aussi celle d’une culture ouvrière protectrice. Dans les années 90, en l’absence de toute relance refusée devant son risque inflationniste, de nouvelles démarches ont exploré d’autres dimensions, alors qu’après la chute du mur de Berlin en 1989, le libéralisme triomphait par KO debout d’un socialisme porteur d’espoirs et d’utopies. Parmi elles, le retour au territoire dans des problématiques de développement local, l’attention apportée à l’environnement, c’est-à-dire au prix des choses sans prix, et l’extraordinaire développement d’un secteur associatif dorénavant porteur de l’intérêt général, dans le secteur médico-so- associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 cial notamment. La compétitivité et l’excellence devenaient les conditions d’une insertion réussie. La question posée était celle du destin de tous les autres : demandeurs d’emploi faiblement qualifiés, jeunes en situation de détresse, malades, handicapés et autres accidentés de la vie sans autre perspective qu’une aide sociale désormais chichement mesurée et une sécurité sociale aux déficits abyssaux. 2 - L’engagement du secteur associatif pour l’intérêt général Le secteur associatif du monde de la solidarité a su alors se mobiliser pour accompagner les sans emploi vers l’emploi, les mal logés vers l’habitat, les malades vers la guérison, les plus vulnérables vers la dignité. Mobilisant l’engagement de ses administrateurs et le talent de ses permanents, cette économie non lucrative avait néanmoins un coût : celui, tout simplement, de l’intérêt général. Dans un environnement déprimé et une certaine indifférence du reste de la société, le secteur associatif n’a pas baissé les bras. Il a su innover, se professionnaliser, accompagner, prévenir, redonner espoir à un nombre croissant de détresses : en refusant la fatalité du chômage, en accordant toute son attention à la prévention plutôt qu’à la réparation, en restaurant la dignité plutôt qu’en valorisant la compétitivité, il s’est enrichi de nouveaux mouvements. Dans cette économie tout à la fois sociale et solidaire, le secteur associatif a su mobiliser les ressources non marchandes du don et du bénévolat. Mais il a dû solliciter les pouvoirs publics, au niveau national et local, pour pourvoir faire face à l’augmentation continu de ses charges résultant d’une demande sociale en fort accroissement. Ces dépenses sociales ne sont pas des coûts à la charge des contribua- Actualité régionale bles. Ce sont des investissements sur le long terme. Dans une société du court terme d’individus refermés sur leurs intérêts privés, ce discours de l’évidence n’était pas facile à entendre. Il fût pourtant tenu avec opiniâtreté, soulignant que, malgré leur caractère indispensable, les minima sociaux ne sauraient garantir la dignité de tous et l’accès aux droits fondamentaux de la personne humaine. 3 - Les crises sont de retour 2008 marque une nouvelle étape dans le bouleversement du monde ; mais aussi le triomphe de la cupidité sur la solidarité. Crise bancaire, crise financière, crise économique, crise sociale, ces crises n’en sont pas. Nous abordons cette année là une mutation d’une telle importance que d’aucuns n’hésitent pas à la comparer à celle de la Renaissance. Dans une économie mondialisée et invisible des transactions, où la monnaie perd son rôle historique d’instrument d’échange pour devenir un pur objet de spéculation, le système bancaire et financier, sans contrôle public, recherche des rendements toujours plus élevés pour faire « travailler » une épargne mondiale considérable au bénéfice d’acteurs méconnus. Le traitement des créances comme facteur d’enrichissement a abouti à de tels déséquilibres que les Etats ont été obligés de réagir par des recapitalisations lourdes au prix d’émission de monnaie par les banques centrales et d’endettement considérable des Etats, évidemment incompatibles avec les règles proclamées de l’orthodoxie budgétaire et des contraintes du traité de Maastricht. Ces interventions désordonnées, prises dans un G 20 constitué à la hâte, reconnaissant sous la contrainte le basculement du monde vers les pays émergents désormais financeurs de l’économie mondiale, ont permis à certains d’estimer la crise finie. D’autres par contre, et nous en sommes, ont analysé ces évènements dramatiques comme la fin d’un modèle et ont tenté de poser les bases d’une autre économie portée par la volonté d’entreprendre autrement, d’investir autrement, de soigner autrement et de sortir définitivement de la mécanique intraitable de la marchandisation du monde. Les associations du secteur médicosocial et de toutes les formes de la solidarité ont alors posé la question de leurs moyens pour pouvoir poursuivre leur mission. L’été 2011 est le théâtre d’une nouvelle crise, de l’endettement cette fois, devant l’incapacité de certains pays à pouvoir se refinancer sur les marchés qui réglementent l’ordre financier sans aucune légitimité démocratique. La quasi faillite de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, d’autres pays demain, n’a pas fait réagir l’Union Européenne à la hauteur des enjeux et a vidé de son sens la monnaie unique. L’ intransigeance de certains pays autour de l’Allemagne, a plongé l’Europe dans une crise profonde alors que, devant faire face à une dette colossale, tous les pays d’une Union, qui porte si mal son nom, ont du réduire leurs déficits pour retrouver leurs engagements passés. En France, en l’absence de toute réforme fiscale digne de ce nom, les augmentations d’impôts ont porté davantage sur la consommation et, pire encore sur la mutualité, que sur une contribution des très hauts revenus au retour de l’équilibre budgétaire. La réduction des dépenses publiques, élevée au rang du patriotisme national, a été engagée vers les dépenses sociales, improductives, invisibles au détriment de toutes les associations qui oeuvrent pour les plus démunis. Il est vrai que non seulement ces accidentés de la vie votent peu mais que de plus, ils sont probablement, suivant l’idéologie dominante, quelque part responsables de leur sort. En cet automne 2011, l’inquiétude de tous ces mouvements est légitime. Au désengagement de l’Etat s’ajoute maintenant celui des collectivités territoriales qui affrontent le même problème, devant faire face à des dépenses nouvelles engendrées par la décentralisation et la précarité et non compensées par l’Etat, malgré ses promesses et ses déclarations. L’idée se diffuse lentement mais sûrement qu’il ne serait pas anormal que les malades paient le juste prix de leur santé défaillante, les chômeurs celui de leur inactivité, les sans logis de leur logement, les handicapés de leur handicap et les familles monoparentales de leur comportement douteux et les vieux leur prise en charge. Le transfert de la responsabilité collective vers la responsabilité individuelle marque notre temps. Ces conceptions remettent fondamentalement en cause le système social national fondé sur la solidarité. Si les jeunes ne cotisent plus pour les vieux, ceux qui ont un emploi pour ceux qui n’en ont pas, les bien portants pour les malades, on entre dans le temps de l’insécurité sociale. 4 - Appel à la dignité Devant une pauvreté qui ne cesse d’augmenter, des écarts de revenus qui suivent la même tendance, un chômage qui ne baisse pas et une pénurie historique de logements, les associations du secteur médicosocial sont de plus en plus interpellées alors que, peu à peu, leurs moyens sont réduits pour cause d’endettement excessif du pays destiné à rétablir un système bancaire et financier en mal de liquidité. Certes, ces associations ne méconnaissent pas la nécessité de réduire la dette publique, de combattre le déficit de la sécurité sociale, d’affronter les contraintes de l’économie internationale, la nécessité de faire des économies. Elles ne sauraient admettre que les plus vulnérables, les moins formés, les familles les plus précaires, les enfants sans famille, les ménage sans ressources, les handicapés, les personnes âgées peu fortunées et les malades mentaux soient les premiers atteints par les conséquences d’une économie qu’ils n’ont pas choisie, qu’ils ne comprennent pas et qui les privent de la solidarité que leur doit notre société. associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 13 Actualité régionale 14 Les restrictions budgétaires qui leur sont imposées et qui les placent dans l’impossibilité d’accomplir leur mission, sont une atteinte à la dignité des personnes quelles accompagnent, premières victimes de banquiers peu scrupuleux, de politiques peu attentifs et de la grande masse d’indifférents au malheur des autres. l’inquiétude des associations qui oeuvrent pour les plus démunis est fortement ressentie. Car au-delà de l’image d’une région ensoleillée où les très hauts revenus ne sont pas rares, prés de 20% de la population vit dans des conditions indignes. Le manque d’emploi, le manque de logement, le manque de soin, le manque de sociabilité qui affectent souvent les mêmes personnes et les mêmes familles constituent un tout qui ne se mesure pas par le nombre d’allocataires des minima sociaux ou du revenu de solidarité active. Ces graves pénuries remettent en cause notre capacité à « faire société ». Régis Debray nous le rappelle : « dans la sainte devise de nos pères, la petite dernière est devenue orpheline ». L’appel des mouvements aux décideurs est une alerte sur les conséquences inéluctables du désengagement des pouvoirs publics à un moment où le renfermement nous guette, « l’autre » inquiète et, plus que jamais, le monde nous semble ingouvernable. En Provence-Alpes Côte d’Azur, où les inégalités de conditions de vie, le niveau de précarité et les difficultés d’accès à l’emploi et au logement sont particulièrement élevés, Conclusion : Réinventer la fraternité Car il n’y aura pas de retour en arrière. La question n’est pas celle de la simple dégradation des politiques sociales. Elle est dans notre incapacité collective à savoir inventer un autre modèle sans attendre les bénéfices d’un retour incertain de la croissance ou la moralisation peu vraisemblable de la finance mondiale. Il n’y aura pas de reprise car il n’y a pas de crise. Nous devons faire face à une mutation sans précédent qui se traduit par le basculement du monde vers les pays émergents, l’incapacité collective de la vieille Europe à savoir y répondre, la perte du sens de l’intérêt général et l’indifférence au sort des autres. Les associations du secteur médicosocial ne mendient pas des subventions au secteur public. Elles s’indignent et alertent sur les conséquences sociales d’un modèle de développement qui valorise la liberté au détriment de la solidarité. Elles travaillent pour retrouver des politiques qui ne soient pas que des mesures ponctuelles. Elles estiment le temps venu de changer de référence pour retrouver les chemins de la fraternité. Les réunions territoriales Les réunions territoriales se sont inscrites dans la continuité de la journée régionale de rentrée sociale du 15 septembre dernier, sur le thème d’actualité lié à la conjoncture politique et budgétaire : « Les associations de santé et de solidarité entrent en campagne pour la cohésion sociale régionale ». Elles ont été l’occasion de réitérer l’invitation faite aux associations de se mobiliser dans les mois qui viennent afin de bâtir collectivement des positions à défendre dans le cadre des prochaines élections présidentielles. Les thèmes principaux abordés lors des réunions étaient articulés autour d’une double approche introductive : le risque de déconstruction sociale qui appellent les associations à mettre en œuvre leurs fonctions premières (primauté de la personne, détection des besoins sociaux et veille, solidarité) et la nouvelle organisation territoriale des politiques publiques ainsi que l’actualité législative et budgé- taire que les associations doivent maîtriser. Dans l’ensemble des ces rendez-vous politiques et techniques avec les adhérents dans les départements, on note une participation en légère hausse par rapport à l’année dernière totalisant 366 participants, parmi lesquels ¾ d’entre eux étaient des dirigeants salariés. D’un département à l’autre, la représentation sectorielle était variable avec une très nette prédominance des représentants associatifs du secteur des personnes handicapées dans presque tous les départements. Au regard de sa représentativité parmi nos adhérents, le secteur Enfance-Famille était également bien mobilisé cette année. La présence des pouvoirs publics et plus particulièrement des représentants des conseils généraux a été inégale d’un département à l’autre. Dans deux départements, la présence de représentants des UT-Ars et de la associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 Ddcspp est à souligner. Enfin, comme l’an dernier, certains partenaires du club des partenaires de l'Uriopss ont participé aux réunions territoriales. Les territoires en question La première séquence portait sur l’organisation territoriale des politiques sanitaires et sociales, la réforme de l’Etat et des collectivités territoriales constituant une mutation importante pour les associations du secteur. La poursuite de la réforme de l’Etat s’est traduite par une montée en puissance des Ars à travers l’élaboration des schémas régionaux de santé, l’installation des conférences de territoire. Plusieurs lois, notamment celle du 16 décembre 2010 annoncent des changements importants si la réforme des collectivités territoriales arrive à son terme en 2014. La question des territoires comme autant d’espaces de concertation à Actualité régionale investir par les acteurs non lucratifs a fait l’objet d’un développement particulier. La présentation de la Commission régionale de santé et de l’autonomie (Crsa) et des différents schémas en cours de validation que sont le schéma Prévention, le schéma régional de l’organisation des soins ainsi que le schéma régional de l’organisation médico-sociale a été complétée par un exposé sur les territoires en tant qu’espaces d’études de l’Agence Régionale de Santé (Ars) Paca. L’objectif de cette séquence visait à une appréhension collective de ces nouvelles instances et espaces de concertation. Plusieurs niveaux se distinguent : . Le niveau régional avec la Commission Régionale de la Santé et de l’Autonomie et plus précisément par l’intermédiaire des représentants associatifs qui y siègent. . Le niveau départemental qui, audelà de l’approche de l’Ars, se caractérise par les outils de planification pilotés par les conseils généraux que sont les schémas départementaux. C’est l’Ars qui définit les territoires de santé pour les activités de santé publique, de soins et d’équipement des établissements de santé, de prise en charge et d’accompagnement médico-social et pour l’accès aux soins de premier recours. Les découpages territoriaux sont étudiés actuellement par l’Ars et se décomposent en espaces opérationnels de proximité et en espaces opérationnels de référence. Quant aux schémas départementaux, la plupart d’entre eux sont en cours d’actualisation. Les modalités de consultation (avis demandés aux représentants des organisations professionnelles du secteur du handicap ou de la perte de l’autonomie mais également des usagers) ont été fixées par un décret du 14 juin 2011 pour les schémas PA-PH engagés à compter du 16 juin dernier. A côté des territoires des pouvoirs publics, la notion de territoire de solidarité a été abordée. Les associations de notre secteur pourraient revendiquer ce territoire qui relève de la stratégie associative. Ce serait une occasion pour elles de poursuivre le travail de valorisation de leur utilité économique et sociale, une façon de mettre en avant une de leurs fonctions premières qui est la solidarité à l’égard des personnes accueillies et accompagnées, elles-mêmes inscrites et vivant sur un territoire. S’agissant de la conférence de territoire, elle a fait l’objet d’un traitement spécifique au cours des réunions, car il s’agit d’une instance nouvelle de concertation des acteurs non lucratifs sanitaires et médico-sociaux qui a donné lieu à une importante mobilisation des acteurs non lucratifs. En effet, au cours des mois précédents, la concertation inter-fédérale et interassociative a été illustrée par l’installation de celles-ci dans chacun des départements. Instance consultative constituée d’une diversité d’acteurs sanitaires et médico-sociaux, la loi Hpst confie aux conférences de territoire 2 types de compétences et de missions articulées autour de la mise en cohérence des projets territoriaux sanitaires avec le projet régional de santé et les programmes nationaux de santé publique et de l’élaboration de toute proposition au Dg de l’Ars sur l’élaboration, la mise en œuvre, l’évaluation et la révision du projet régional de santé. Un des enjeux majeurs de la conférence de territoire repose sur l’analyse des besoins qui doit se faire sur la base de l’observation partagée. Un questionnement des membres de la conférence de territoire présents a permis d’engager un débat et des échanges autour de leur appréhension de cette nouvelle instance, la marge de manœuvre possible pour les acteurs non lucratifs et la méthodologie à développer pour alimenter les travaux et assurer la restitution des analyses faites par les représentants associatifs. L’enjeu majeur ici est de rendre visible les interventions non lucratives, de valoriser et défendre l’expertise et la qualité des réponses non lucratives apportées aux personnes fragiles. L'actualité législative, réglementaires, les appels à projets, les réformes de la tarification et les arbitrages budgétaires La séquence suivante des réunions a fait état de l’actualité pour les associations de santé et d’action sociale avec notamment l’évolution législative et réglementaire des derniers mois. L’année 2011 se caractérise par plusieurs textes concernant les règles d’encadrement du secteur social et médico-social : . La loi Warsmann de simplification du droit du 17 mai 2011, . La loi Fourcade du 10 août 2011 portant modification de la loi Hpst . Le décret du 14 juin 2011 sur la consultation du secteur lors de l’élaboration des schémas départementaux PA-PH . Deux circulaires de décembre 2010 sur la nouvelle procédure d’autorisation et d’appel à projet. S’agissant de la loi Warsmann de simplification et d’amélioration de la qualité du droit, 2 points particuliers attire notre attention. Elle n’a pas repris le décret prévu initialement par la loi 2002-2 sur le droit des usagers d’accéder à toute information ou tout document relatif à leur prise en charge. Le réseau Uniopss-Uriopss regrette cette suppression car un décret aurait pu permettre de sécuriser les gestionnaires sur certains aspects de ce droit. Le second point inscrit dans le décret du 30 mars 2011, concerne les contrats conclus entre les gestionnaires de logements-foyers et leurs résidents pour lesquels on trouve de nouvelles dispositions. La nouvelle procédure d’appels à projet instaurée par la loi Hpst appelle une pertinence des outils de planification redéfinis actuellement par l’Ars et en cours d’actualisation pour ceux qui sont pilotés par les conseils généraux. Les apports de la loi Fourcade du 10 août 2011 sont essentiellement autour de l’application de la procédure d’appels à projet concernant les transformations d’établissements et services. Cette loi indique que les transformations qui n’impliquent pas associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 15 Actualité régionale un changement de rattachement de l’établissement ou du service concerné au sens 1 de l’article L 312-1 du Code de l’Action Sociale et des Familles, donneront lieu à une autorisation par le décideur public mais seront délivrées hors appels à projets. Deux circulaires sont venues apporter des précisions sur la nouvelle procédure d’appels à projets. Celle-ci ne s’appliquerait pas aux projets des Esms qui ne bénéficient pas de financements publics ainsi qu’aux regroupements d’Esms sur un seul même gestionnaire. Pour ces deux « cas de figure les projets ne doivent pas s’accompagner d’une extension de grande capacité et ne doivent pas modifier les missions des établissements et services visés. 16 Dans le cadre de l’actualité législative et règlementaire, un point a été réalisé sur les appels à projets liés au décret du 26 juillet 2010 : les projets lancés au cours du premier semestre 2011, l’installation des commissions de sélection des projets, les calendriers prévisionnels et les instructeurs de la procédure… Un temps spécifique des réunions était consacré aux réformes de la tarification et aux arbitrages budgétaires pour l’ensemble de notre secteur. Le contexte économique et financier particulièrement tendu atteint directement les associations du secteur. Depuis 2008, aucune véritable modification de règlementation tarifaire n’est intervenue malgré leurs annonces successives dans les Lois de Finances et les Lois de Financement de la Sécurité Sociale mis à part l’introduction par arrêtés de tarifs plafonds pour les Ehpad (pour les tarifs soins) et pour les Esat. En parallèle, la mise en place de nouvelles instances institutionnelles, en particulier l’Ars et la Drjscs qui sont les nouvelles autorités d’autorisation et de financement, ne facilitent pas la lisibilité. Les grandes orientations budgétaires sont rappelées avec une progression de l’Objectif National des Dépenses de l’Assurance Maladie (Ondam) fixée à 3,8 % pour sa part médico-sociale. Les Esms financés par l’Etat et l’Assurance Maladie vont connaître un taux d’évolution de la masse salariale Esms (groupe 2) de +1% (0,6% pour les Esat) et un taux d’évolution des prix (groupe 1 et 3) de 0%. L’objectif visé est de mettre fin aux crédits non reconductibles. La progression des dotations régionales limitatives est faible avec 0,89% pour le secteur des Personnes Agées, 0,75% pour le secteur des Personnes Handicapées et l’addictologie ainsi que 0,426% pour les Esat. Par ailleurs, un rappel à l’ordre concernant le respect des taux d’occupation a été adressé aux structures afin de limiter la surfacturation et le dépassement des enveloppes limitatives. En Paca, les taux d’évolution des budgets se situent en dessous de ceux fixés dans les orientations nationales puisqu’on note + 0,74% pour le secteur des personnes âgées, + 0,68% pour le secteur des personnes handicapées assortis de propositions de crédits non reconductibles. Dans le cadre du Plfss 2012, selon l’annonce faite par Roselyne Bachelot en septembre 2011, les orientations seraient les suivantes : . L’Ondam pour le médico-social connaitrait une hausse de 4,2 % ; . Un Plan d’Aide à l’Investissement de 50 millions d’euros pour la rénovation des Esms pour personnes âgées ; . Un Plan d’action spécifique pour l’aide à domicile de 50 millions d’euros ; . La continuité du Plan Alzheimer ; . Le Plan Solidarité Grand Age serait doté de 4,8 millions d’euros pour la création de places ; . La création de 51000 places nouvelles pour enfants et adultes handicapés ; . Un crédit de 140 millions euros pour la médicalisation des Ehpad ; . Des aides financières seraient accordées aux établissements qui travaillent sur l’amélioration de la qualité de prise en charge et la diminution du recours à l’hospitalisation. associations informations - n° 236 - Septembre-Octobre 2011 Les réunions nous ont permis également de présenter le document élaboré par le groupe régional intersectoriel des adhérents de l’Uriopss portant sur l’évaluation interne et externe ; L’objectif du groupe est de poursuivre la compréhension et développer la démarche de l’évaluation interne et externe dans les établissements et services (cf. document reproduit dans ce bulletin p. 27). Toujours dans le cadre de l’actualité pour les Esms, les principaux points des accords et plans d’actions relatifs à l’égalité homme/femme et à la pénibilité ont été présentés. Les entreprises d’au moins 50 salariés doivent être couvertes par un accord ou un plan d’action en matière d’égalité hommes-femmes. Le plan d’action doit fixer des objectifs de progression et les actions permettant de les atteindre en matière d’embauche, de formation, de promotion professionnelle, de qualification, classification, de conditions de travail, de rémunération effective et permettant d’assurer l’articulation entre l’activité professionnelle et l’exercice de responsabilités familiales. De plus, l’article 77 de la loi n°20101330 du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites prévoit l’obligation, pour les entreprises de plus de 50 salariés et dont 50 % du personnel est exposé aux facteurs de risques liés à la pénibilité, de conclure un accord ou d’élaborer un plan d’action en faveur de la prévention de la pénibilité. Cette dernière thématique fera l’objet d’une demi-journée d’information à destination des responsables des structures (de plus de 50 salariés) adhérentes de la région le 18 octobre matin animée par Anne Haefflinger, conseillère technique à l’Uriopss. Pour finir, une communication a été faite sur un temps d’information relatif au service civique qui sera prochainement proposé dans chaque département aux directeurs des structures. Ces réunions seront animées par l’Uriopss et Unis-Cité dans le cadre d’un partenariat entre nos 2 associations.