Une entreprise est libre de revendre un logiciel d`occasion
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Une entreprise est libre de revendre un logiciel d`occasion
Le 19 juillet, la Cnil a prononcé un avertissement à l’égard de Fnac Direct. La Commission a constaté un manquement aux obligations de sécurité et de confidentialité des données, ainsi qu’au respect d’une durée de conservation des informations bancaires proportionnée à la finalité du traitement. Aucune durée, ni purge, n’ayant été définie par cette société. Fnac Direct ne respectait pas non plus son obligation de recueillir le consentement des clients à la conservation de leurs données bancaires. Pour consulter l’avertissement : http://goo.gl/zhDur. L’Europe consulte sur la sécurité des réseaux… Par un communiqué du 23 juillet, la Commission européenne a exprimé son souhait de recevoir les avis des autorités publiques, des entreprises et des citoyens sur les réponses que pourrait apporter l’Union européenne aux incidents qui perturbent les réseaux et les systèmes d’information essentiels, dont internet. Cette consultation, ouverte jusqu’au 12 octobre, servira à préparer le futur cadre réglementaire européen dans ce domaine. Le communiqué est à lire sur http://goo.gl/sXFqT. 01business & techno I 27/09/2012 I 01net-entreprises.fr … et sur la neutralité d’internet 30 Ce même 23 juillet, la Commission européenne a lancé une consultation publique sur la préservation de l’internet ouvert, dans le but d’élaborer des recommandations. Toutes les parties privées ou publiques intéressées peuvent y répondre, notamment les prestataires d’accès internet fixe et mobile ainsi que les fournisseurs de contenus et d’applications. Cette consultation porte sur la gestion du trafic internet, sur la transparence ou sur les possibilités de changer d’opérateur. Le communiqué est disponible à l’adresse http://goo.gl/pptjz. juridique Christiane Féral-Schuhl, avocate à la Cour, associée fondatrice du cabinet Féral-Schuhl/Sainte-Marie, et bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris DR Fnac Direct reçoit un avertissement de la Cnil Nul n’est censé… expériences Une entreprise est libre de revendre un logiciel d’occasion Le fait : saisie d’une question préjudicielle dans un litige opposant Oracle à une société commercialisant des licences d’occasion de progiciels, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) s’est prononcée sur la légalité de cette pratique. En matière de distribution de logiciels, les éditeurs sont soumis à la règle dite de « l’épuisement des droits ». Lorsque le titulaire de droits d’auteur sur un logiciel met une copie de celui-ci sur le marché, il ne peut s’opposer à la revente de cette copie par son acquéreur légitime. Ce dernier a le droit de la revendre à un tiers, sous réserve, bien sûr, de cesser lui-même l’utilisation du logiciel. Cette règle a été édictée par la directive européenne du 14 mai 1991, codifiée à droit constant par une directive de 2009. A cette époque, les logiciels ne pouvaient être distribués que sur supports physiques de type CD-Rom ou DVD-Rom. La revente de copie « immatérielle » autorisée… Aujourd’hui, la distribution des logiciels se fait principalement par téléchargement. A cet égard, l’arrêt rendu par la CJUE, saisie par la juridiction allemande pour interpréter le droit communautaire applicable, pose un principe fondamental. Dans cette affaire, la société allemande Usedsoft proposait sur le marché des licences « d’occasion » de progiciels Oracle. Ces licences étaient acquises auprès d’utilisateurs disposant d’un nombre de licences supérieur à leurs besoins. Oracle a agi en justice pour faire cesser cette pratique de revente. Dans son arrêt du 3 juillet dernier, la CJUE considère que l’épuisement du droit de distribution concerne à la fois les copies matérielles et immatérielles d’un logiciel, et donc les copies qui ont été téléchargées sur l’ordinateur du licencié. Ce dernier est libre de revendre la licence acquise à un tiers, qui devient luimême le nouveau licencié légitime. A cette occasion, la CJUE prive de tout effet juridique la clause de la licence d’utilisation qui prévoit que la licence acquise est incessible. … mais sous conditions La CJUE apporte cependant deux restrictions. D’une part, les licences doivent être concédées pour une durée illimitée. D’autre part, lorsque les licences sont acquises pour un certain nombre d’utilisateurs, il faut que le lot de licences soit revendu « en bloc », sans possibilité, pour le titulaire de la licence, de conserver la quantité qui lui serait utile. M christiane Féral-schuhl CE QU’IL FAUT RETENIR La décision de la CJUE consacre le droit, pour un licencié, de revendre ses licences de logiciels. Cette décision est lourde de conséquences pour tous les éditeurs, en ce qu’elle légalise le marché de l’occasion du logiciel.