Les prothèses tricompartimentaires du genou de première intention

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Les prothèses tricompartimentaires du genou de première intention
Les prothèses tricompartimentaires
du genou de première intention
Techniques opératoires.
Problèmes et solutions
Springer
Paris
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Heidelberg
New York
Hong Kong
London
Milan
Tokyo
Gérard Gacon
Jacques Hummer
Les prothèses tricompartimentaires
du genou de première intention
Techniques opératoires.
Problèmes et solutions
Gérard Gacon
Clinique du Parc – Lyon
84, boulevard des Belges
69458 Lyon Cedex 06
Jacques Hummer
Polyclinique de Gentilly
Rue Marvingt
54000 Nancy
ISBN-10 : 2-287-33000-3 Springer Paris Berlin Heidelberg New York
ISBN-13 : 978-2-287-33000-1 Springer Paris Berlin Heidelberg New York
© Springer-Verlag France, Paris, 2006
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Maquette de couverture : Nadia Ouddane
© Illustrations : Marc Donon
Collection « GECO » dirigée par P. Kehr
La collection des « Livres du GECO » dont cet ouvrage fait partie, se veut
être la traduction pérenne des travaux du Groupe d’études pour la Chirurgie osseuse et couronne trente années d’existence du groupe. Né en
1976, le GECO a d’abord été la réunion d’un groupe d’alors jeunes chirurgiens orthopédistes et traumatologues qui ont mis en commun leurs
dossiers de patients pour réaliser des études rétrospectives chiffrées et parfaire leurs connaissances.
Très vite le Groupe, grâce à une réunion annuelle organisée avec le soutien
des établissements Fournitures Hospitalières (FH Orthopedics), a réuni
chaque année en janvier un nombre croissant de chirurgiens orthopédistes
européens – plus de 300 actuellement – autour de ses Tables Rondes et
de ses conférenciers invités, venus essentiellement de France, mais aussi du
monde entier.
Le GECO aujourd’hui, c’est un Groupe de plus de 25 membres permanents et de six groupes de spécialités représentant les principales sur-spécialités de l’orthopédie-traumatologie actuelle. Avec une parution régulière d’un à deux livres par an, le GECO se donne comme but d’apporter
à la communauté chirurgicale orthopédique le fruit de ses réflexions et de
ses travaux.
Pierre Kehr
Président du GECO
Dans la même collection :
– Les prothèses de hanche sans ciment de première intention. Techniques opératoires –
Problèmes et solutions
A. Dambreville, F. Dubrana, P. Kehr, R. Petit et A. Ray
À paraître en 2007 :
– Classifications et scores en chirurgie orthopédique et en traumatologie
Tome 1, E. Favreul, P. Kehr et G. Gacon
Ce livre a été réalisé grâce à l’aide apportée par :
Alain Dambreville
21, avenue Jean Lorrain
06300 Nice
Lecteur et correcteur enthousiaste et infatigable.
Pierre Kehr
Centre de Traumatologie et d’Orthopédie
10, avenue Jean Baumann
67403 Illkirch Cedex
Président du GECO, rédacteur en chef d’EJOST.
Remerciements à :
•
FH ORTHOPEDICS
(www.f-h.fr)
•
LABORATOIRE LEO-PHARMA
(www.leo-pharma.com)
pour leur contribution et leur soutien financier à la réalisation de ce livre.
Remerciements à Marc Donon pour la qualité de ses dessins.
Liste des auteurs
Remerciements aux chirurgiens qui nous ont apporté leur concours
pour la rédaction de cet ouvrage
Groupe AGREG
(Groupe genou du GECO)
Laurent Barba
Clinique du Parc Lyon
84, boulevard des Belges
69458 Lyon Cedex 06
Patrick Furno
Clinique Moventis
36, boulevard Saint Marcel
75005 Paris
Didier Mainard
Hôpital Central
23, avenue de Lattre de Tassigny
54035 Nancy Cedex
Roland Petit
Cabinet d’Orthopédie
1, rue Saint-Sauveur
68100 Mulhouse
Claude Schwartz
Hôpitaux Civils de Colmar
68024 Colmar Cedex
Nicolas Hummer
Ortholor Médipôle Gentilly
13, rue Blaise Pascal
54320 Maxeville
Michel Laurençon
Clinique du Parc Lyon
84, boulevard des Belges
69458 Lyon Cedex 06
Hubert Lanternier
Clinique de l’Europe
33, boulevard de l’Université
44615 Saint-Nazaire Cedex
Bruno Delannoy
Polyclinique du Parc
20, avenue Guynemer
14052 Caen Cedex 4
André Rocca
Polyclinique du Ternois
62130 Saint-Pol-sur-Ternoise
Pierre Herlin
100, boulevard Basly
62400 Béthune
Michel Philippe
Centre d’Évaluation
A. Hermann, BP 9
68990 Heimsbrunn
Hors AGREG
Frédéric Dubrana
CHU Cavale Blanche
29200 Brest
Olivier Tayot
Clinique du Parc Lyon
84, boulevard des Belges
69458 Lyon Cedex 06
Alain Aaron
FH Industrie
6, rue Nobel
29000 Quimper
Eric Milon
Clinique du Parc Lyon
84, boulevard des Belges
69458 Lyon Cedex 06
André Ray
Clinique du Parc Lyon
84, boulevard des Belges
69458 Lyon Cedex
Préface
La prothèse totale du genou s’est imposée en vingt ans comme l’une des
interventions les plus pratiquées en chirurgie orthopédique et l’une des plus
fiables. Et pourtant, pas une seule consultation où n’apparaissent ses limites,
voire ses complications.
Les divergences, les luttes d’opinion entretenues par les inventeurs, voire
les promoteurs d’implants font désormais place à des débats animés. Les bienfaits et les limites de chaque technique trouvent leur place à l’épreuve du
temps. Progressivement, les options techniques (incrémentation et dessin
prothétique) crédibles se sont dégagées. Parallèlement, les sociétés industrielles ont fusionné, mis leur savoir en commun et rationalisé les gammes
d’implants. La mondialisation et l’uniformité guetteraient-elles donc la chirurgie prothétique du genou ?
Je ne le pense pas et cet ouvrage en témoigne.
Si les options chirurgicales sont désormais mieux définies et clairement
rappelées dans cet ouvrage, rien n’est figé. De nombreux instruments d’évaluation (imagerie, navigation) nous offrent de nouveaux paramètres. Ces derniers viennent modifier la donne. Un peu comme une nouvelle pièce qui,
introduite dans le puzzle, remet en cause sa construction.
La mise en place d’une prothèse du genou est un compromis, comme le
rappellent et le démontrent Gérard Gacon et Jacques Hummer. C’est aussi
une équation. Chaque chapitre apporte son lot de théorèmes, d’axiomes et
de corollaires qui permettent de lever les inconnues. Toutefois, le lecteur
doit bien comprendre que la modification d’une variable de l’équation qu’elle
soit d’ordre technique (rotation fémorale, ordre des coupes, distraction...) ou
liée au dessin de l’implant (non resurfaçage, préservation du LCP, etc.)
retentit obligatoirement sur les autres variables. Tout est étroitement lié,
cohérent.
C’est cette compréhension qui fait l’intérêt de ce travail. Le lecteur y
trouvera les clefs du raisonnement. Ainsi, il saura intégrer les nouveaux outils
mis à sa disposition : prothèses anatomiques, chirurgie mini-invasive et navigation chirurgicale.
Outre les aspects techniques, ce manuel rassemble des informations précieuses pour le chirurgien du genou. L’évaluation, les scores, les registres
personnels ou nationaux sont les outils de mesure ou de contrôle désormais
indispensables. L’environnement propre à la chirurgie du genou est utilement
décrit.
Le temps fait son œuvre, la situation se décante, mais elle est bien loin
d’être établie. Connaître l’état de l’art à travers ces chapitres permettra au
chirurgien rigoureux d’innover sans s’égarer.
Gérard Gacon a consacré toute son énergie et sa vie professionnelle à la
chirurgie du genou. Il a transmis un formidable plateau technique à l’équipe
qui l’a entouré au fil des ans.
Associé à Jacques Hummer, ils nous font partager leur expérience dans
leur domaine d’excellence, la chirurgie prothétique du genou.
Professeur Philippe Neyret
Sommaire
Préface ..............................................................................................
Considérations générales .........................................................
Historique .......................................................................................
Lexique............................................................................................
Les différents modèles de prothèses totales
tricompartimentaires du genou de première intention .............
Indications et contre-indications des prothèses totales
tricompartimentaires du genou....................................................
Indications des prothèses totales du genou
tricompartimentaires .................................................................
Contre-indications des prothèses totales du genou
tricompartimentaires .................................................................
Stratégie ..........................................................................................
Examen et planification préopératoires ......................................
L’examen clinique ......................................................................
L’examen radiographique .........................................................
La planification préopératoire..................................................
Choix de la voie d’abord et installation ......................................
Voie antérieure et médiale .......................................................
Voie antérieure et latérale .......................................................
Chirurgie mini-invasive ..............................................................
L’information du patient...............................................................
Technique ........................................................................................
Tactique opératoire .......................................................................
La séquence des gestes opératoires .........................................
Ordre des coupes osseuses ........................................................
La conservation du LCP .............................................................
Le resurfaçage éventuel de la rotule .......................................
Préparation de l’arthroplastie.......................................................
Les coupes osseuses .......................................................................
La coupe tibiale .........................................................................
Les coupes fémorales.................................................................
La coupe rotulienne ..................................................................
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27
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31
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48
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62
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76
Équilibrage ligamentaire des prothèses du genou .....................
Déformation d’usure et déformation morphologique ...........
Cas le plus simple : genou normo-axé sans déviation axiale
morphologique ..........................................................................
Genu varum avec tibia varum morphologique important .....
Genu varum d’origine fémorale ...............................................
Genu valgum ..............................................................................
Mise en place des pièces prothétiques ........................................
Sans ciment ................................................................................
Avec ciment ................................................................................
Les déformations en genu varum.................................................
Analyse de la déformation en varus ........................................
Tactique opératoire ...................................................................
Technique opératoire ................................................................
Les déformations en genu valgum...............................................
Analyse de la déformation .......................................................
Tactique opératoire ...................................................................
Les valgus type III .......................................................................
Cals vicieux sus- et sous-jacents ....................................................
Classification...............................................................................
Conduite à tenir.........................................................................
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84
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86
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115
115
119
Problèmes et solutions .............................................................. 125
Avant l’opération...........................................................................
État cicatriciel préalable ............................................................
Lipome prérotulien ou interne .................................................
Laxité préexistante associée à une arthrose............................
Genou raide ...............................................................................
Arthroses étagées du membre inférieur..................................
Maladie de Paget.......................................................................
Polyarthrite rhumatoïde (PR) ....................................................
Rotule basse ...............................................................................
Rotule haute ..............................................................................
Luxation de la rotule .................................................................
Recurvatum associé à l’arthrose ...............................................
Le genu varum constitutionnel d’origine fémorale................
Antécédents locaux infectieux..................................................
Antécédents d’algodystrophie ..................................................
125
125
125
125
126
129
129
129
129
130
130
131
131
132
132
Pendant l’intervention...................................................................
Lésion accidentelle ou dégénérative du ligament croisé
postérieur ...................................................................................
Flexum après pose des implants d’essai...................................
Flexum après mise en place des implants définitifs................
Genou serré en dedans en flexion ...........................................
Genou serré en dehors en flexion............................................
La rotule se luxe ou est subluxée en flexion
avec les implants d’essai............................................................
Il existe un recurvatum lors de la mise en place
des implants d’essai ...................................................................
La flexion obtenue en peropératoire est insuffisante............
Comment faire une ostéotomie de la tubérosité tibiale
antérieure ...................................................................................
Fractures du fémur ou du tibia en cours d’intervention........
Laxité médiale ou latérale persistante en extension ..............
Persistance d’une laxité résiduelle en extension
malgré un plateau polyéthylène d’essai le plus épais ............
Stable en extension, instable en flexion..................................
Lésions peropératoires du système extenseur du genou .......
Positionnement du plateau tibial en rotation ........................
Fermeture de l’aileron interne .................................................
En postopératoire ..........................................................................
Les mauvaises surprises de la radiographie de contrôle
postopératoire ...........................................................................
Ruptures postopératoires de l’appareil extenseur ..................
Nécrose cutanée.........................................................................
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146
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149
149
149
151
153
Apport de la navigation ........................................................... 155
Les systèmes....................................................................................
Technique de la navigation sans imagerie ..................................
Intérêt et résultats .........................................................................
Conclusion ......................................................................................
155
156
163
163
Rééducation des prothèses totales du genou ................. 165
La rééducation est d’autant plus efficace qu’elle est peu
douloureuse et bien acceptée ......................................................
165
Les techniques de kinésithérapie sont classiques et bien
connues des rééducateurs .............................................................
La rééducation ...............................................................................
166
167
Prise en charge de la douleur postopératoire
des prothèses totales du genou ............................................ 169
Protocole.........................................................................................
La formation du personnel soignant ...........................................
L’implication du patient ................................................................
Est-il possible de prévoir avant l’intervention l’intensité
des douleurs postopératoires ? .....................................................
Conclusion ......................................................................................
169
170
170
170
171
Surveillance et évaluation des résultats
des prothèses totales du genou ............................................ 173
Surveillance à court terme ............................................................
Surveillance à moyen terme..........................................................
Surveillance à long terme .............................................................
173
175
179
Évaluer ? Pourquoi ? ................................................................... 185
Le fabricant ou le distributeur......................................................
Le chirurgien ..................................................................................
185
186
Références....................................................................................... 187
Considérations générales
Historique
L’arthroplastie totale du genou est une opération aujourd’hui classique. Si
l’on excepte les premières tentatives historiques (Gluck en 1890, les frères
Judet en 1947, Majnoni d’Imignano en 1951), c’est autour des années
1960-1970 qu’apparaissent les premières prothèses du genou.
D’abord simples charnières (Waldius, Shiers, Guépar), elles évoluent, en
raison des fréquents descellements liés aux fortes contraintes et aux difficultés
de reprises, en prothèses semi-charnières (Bousquet), puis à pivot (Gschwend),
puis en prothèses de glissement grâce à l’imagination de nombreux auteurs
(Gunston) utilisant le principe du surfaçage copié sur l’implant unicompartimentaire de Marmor. Les difficultés de mise en place d’une unicompartimentaire sur les deux compartiments et leur instabilité expliquent l’évolution ultérieure vers les prothèses bi- ou tricompartimentaires semi-contraintes.
Les prothèses semi-contraintes par leur dessin et leur cinétique assurent une
certaine stabilité au genou, aidées en cela par la participation des formations
capsulo-ligamentaires périphériques. L’histoire de ces prothèses commence
vers 1970 avec la Géomédic de la Freeman-Swanson. Ces prothèses conduisent à de fréquents échecs par instabilité et usure précoce du polyéthylène.
La première prothèse moderne, au début des années 1980, la Total
Condylar d’Insall, sacrifie le ligament croisé postérieur et est dotée d’un épais
plateau tout polyéthylène. Son évolution avec un système de postéro-stabilisation (54) marque un important progrès sur la stabilité, car elle dispose
d’une came antirecul. Ce modèle, toujours utilisé aujourd’hui, est à l’origine
d’un débat jamais clos sur l’opportunité de conserver ou non le ligament
croisé postérieur.
En 1982, Hungerford, Krackow et Kenna (51) développent une prothèse
conservant le ligament croisé postérieur (PCA Primary) mise en place sans
ciment et une instrumentation de pose dite « universelle ». Cette
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Les prothèses tricompartimentaires du genou
instrumentation associe des guides de coupes, des dispositifs de contrôle des
axes permettant de faire une opération reproductible. Le succès est immédiat.
Dès lors se développe une série d’instrumentations ancillaires destinée à faciliter la mise en place des prothèses.
Il faut signaler aussi que dès 1977, Buechel et Pappas (20), à la suite des
travaux d’O’Connor et Goodfellow (46) en 1974 sur l’unicompartimentaire,
développent le concept très différent d’une prothèse tricompartimentaire à
plateaux mobiles (New Jersey).
Un grand nombre de travaux théoriques sont consacrés depuis plus de
vingt ans aux conditions mécaniques, tribologiques et biologiques de la prothèse du genou. La somme de ces travaux et leur application pratique permettent à cette intervention d’atteindre aujourd’hui sa maturité, maturité
confirmée par les très nombreuses publications faisant état de bons résultats
à moyen puis à long terme.
Considérations générales
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Lexique
Angle de Lévigne : angle destiné à mesurer le varus constitutionnel dans
une déformation en varus (cf. chapitre Déformations en genu varum, p. 90).
Balance ligamentaire (dite aussi équilibrage ligamentaire) : correspond à l’ensemble des gestes que l’on est amené à pratiquer pour équilibrer
les parties molles et aboutir à un espace prothétique rectangulaire (cf. chapitre
Équilibrage ligamentaire, p. 78).
Blackburne (indice de Blackburne) : indice déterminant la hauteur
de la rotule normalement égal à 0,8 ; supérieur à 1 il indique une patella alta
(cf. chapitre Examen et planification préopératoires, p. 31).
Bloc 5 en 1 : guide de coupe fémorale qui permet de faire en un seul
temps les trois coupes fémorales et les chanfreins.
Bouclier fémoral : prothèse fémorale qui recouvre l’extrémité inférieure du fémur.
Bouton rotulien : prothèse rotulienne en polyéthylène habituellement
en forme de dôme.
Cage : partie médiane creuse de la prothèse fémorale destinée à recevoir
la came tibiale de postéro-stabilisation.
Came : relief du plateau de polyéthylène destiné à s’emboîter dans la
cage fémorale de postéro stabilisation.
Carter (terme impropre) : se dit de la partie du bouclier fémoral articulée
avec le polyéthylène de l’embase tibiale. On parle souvent du carter fémoral
pour désigner l’implant fémoral prothétique en flexion.
Congruence : adaptation parfaite de deux surfaces entre elles. Se dit du
plateau polyéthylène par rapport aux condyles fémoraux. Un plateau plat
n’est pas congruent.
Cuvette tibiale : déformation d’un plateau tibial créée par l’usure. Le
fond de la cuvette tibiale peut être utilisé pour régler la hauteur de la coupe.
Deep dish : plateau polyéthylène ultracongruent permettant la stabilisation d’une prothèse en cas de lésion ou d’insuffisance du ligament croisé
postérieur (LCP).
Embase tibiale : partie métallique de la prothèse tibiale en contact avec
l’os et recouverte de l’insert en polyéthylène.
Extension gap (espace en extension) : espace entre la coupe fémorale
distale et la coupe tibiale occupé par les implants prothétiques.
Flexion gap (espace en flexion) : espace entre la coupe fémorale postérieure et la coupe tibiale occupé par les implants prothétiques.
Gabarit d’essai : correspond à un implant d’essai permettant de vérifier
les coupes et l’encombrement prothétique.
Gorge trochléenne : échancrure longitudinale à la face antérieure du
bouclier trochléen destinée à recevoir la rotule prothésée ou non.
18
Les prothèses tricompartimentaires du genou
Hauteur de la rotule : hauteur de la rotule par rapport à l’interligne
articulaire. Classiquement appréciée par l’indice de Caton ou par l’indice de
Blackburne (cf. chapitre Examen et planification préopératoires, p. 31).
Homothétie : possibilité d’associer en regard des implants de tailles
différentes.
Indice de masse corporelle (IMC) ou Body Mass Index (BMI) :
rapport qui évalue le degré d’obésité d’un patient (= Poids/Taille2).
Intermodularité : possibilité dans une gamme de prothèses de pouvoir
utiliser des systèmes de nature différente ; conservation ou non du LCP.
Intramodularité : possibilité d’adapter dans un système prothétique des
éléments différents : plateau de polyéthylène d’épaisseur différente ou quille
de longueur différente.
Lift-off : soulèvement du condyle externe à la marche en cas de persistance de laxité latérale anormale.
Ligne bicondylienne en extension : tangente aux deux condyles en
extension. Elle permet de déterminer l’angle alpha (cf. chapitre Examen et
planification préopératoires, p. 31).
Ligne bicondylienne postérieure : tangente aux deux condyles postérieurs. Elle est un repère pour la coupe postérieure asymétrique ou symétrique et un repère pour une éventuelle rotation fémorale (cf. chapitre Les
coupes osseuses, p. 62).
Ligne bi-épicondylienne : ligne qui passe par les épicondyles, lieu
d’insertion du LLE en dehors et du LLI en dedans. Repère de la rotation
fémorale (cf. chapitre Les coupes osseuses, p. 62).
Ligne de Whiteside : ligne perpendiculaire à la ligne de fond de la
trochlée. Repère de la rotation fémorale (cf. chapitre Les coupes osseuses, p. 62).
MIS (mini invasive surgery) : se dit d’une technique opératoire réduisant l’incision, l’abord chirurgical et les décollements.
Navigation : assistance informatique à la réalisation d’une intervention
chirurgicale (chirurgie assistée par ordinateur).
Patella alta : rotule anormalement haute.
Patella baja : rotule anormalement basse.
Patellar clunck : le « Patellar clunk syndrome » est lié à un nodule fibreux
au-dessus de la prothèse rotulienne (11). De 30o à 45o de flexion, le nodule
s’accroche à la partie supérieure de la trochlée prothétique, ce qui entraîne
un clunk et une douleur.
Pente postérieure : pente que fait naturellement le plateau tibial de
profil avec l’axe de la diaphyse tibiale (cf. chapitre Examen et planification
préopératoires, p. 31).
Plots d’ancrage : saillies conçues pour pénétrer dans l’os et assurer une
stabilisation prothèse/os.
Prothèse postéro-conservée : prothèse tricompartimentaire de genou
permettant de conserver le ligament croisé postérieur.
Considérations générales
19
Prothèse postéro-stabilisée : prothèse tricompartimentaire de genou
munie d’un dispositif permettant de compenser l’absence du ligament croisé
postérieur.
Quille : pièce axiale fémorale ou tibiale destinée à assurer le guidage et
la stabilisation de la prothèse dans l’os.
Release : terme anglais correspondant à une libération des parties molles
rétractées. Cette manœuvre ne comporte aucune section.
Resurfaçage rotulien : mise en place d’une prothèse rotulienne.
Rotation fémorale : rotation du carter fémoral par rapport aux repères
de rotation du fémur. Lors de la coupe fémorale en flexion on peut réaliser
une rotation fémorale neutre ou externe (cf. chapitre Les coupes osseuses et
Équilibrage ligamentaire, p. 62 et 78).
Roulement postérieur (roll back) : mouvement de translation vers
l’arrière effectué par les condyles lors de la flexion du genou.
Spacer : terme anglais qui désigne un instrument appréciant l’espace entre
deux surfaces osseuses.
Tenseur ou distracteur : appareil ancillaire, symétrique ou asymétrique,
permettant la mise en tension de l’enveloppe capsulo-ligamentaire et destiné
à l’équilibrage ligamentaire.
Troisième condyle : partie médiane de la prothèse fémorale destinée à
entrer en contact avec le relief de l’insert de polyéthylène tibial. Il assure une
postéro-stabilisation à partir d’un certain degré de flexion, variable selon les
modèles.
Ultracongruence : se dit d’un insert de polyéthylène congruent dont
les berges antérieure et postérieure offrent le maximum de contact aux surfaces condyliennes.
20
Les prothèses tricompartimentaires du genou
Les différents modèles de prothèses totales
tricompartimentaires du genou de première
intention
Il existe de nombreux modèles de prothèses de première intention que l’on
peut classer selon différents critères.
Selon la configuration du plateau tibial
Il en existe deux types principaux : les prothèses à plateau fixe et les prothèses
à plateau mobile.
Les prothèses à plateau fixe
L’embase tibiale est fixe ainsi que le plateau polyéthylène articulé avec le
composant fémoral.
Plusieurs conceptions s’opposent selon la conservation ou non du pivot
ligamentaire central, ligament croisé antérieur (ligamentum cruciatum anterior
ou LCA) et ligament croisé postérieur (ligamentum cruciatum posterius ou LCP).
Prothèses non contraintes
Conservant le système « 4 barres » du genou anatomique ces prothèses sont des
prothèses de resurfaçage (fig. 1) (Cloutier) lorsque les deux ligaments croisés
fonctionnels sont conservés (25, 29). Elles sont peu utilisées, car l’absence ou
la non-fonctionnalité du LCA est habituelle dans l’arthrose du genou.
Prothèses postéro-conservées
Elles conservent le ligament croisé postérieur, elles sont peu contraintes et
pour leurs adeptes plus anatomiques (Académia, Profix, fig. 2).
Prothèses postéro-stabilisées
Utilisées lorsque le ligament croisé postérieur est absent ou délibérément
réséqué. Ces prothèses confient la stabilisation postérieure :
– soit à une cage de postéro-stabilisation (Total Condylar, PFC, Maeva)
(fig. 3) ;
– soit à un troisième condyle (fig. 4) (HLS, Académia PS, AGC, Alpina...)
(fig. 5) ;
– soit à un polyéthylène ultracongruent « deep dish » (Natural Knee...)
(fig. 6).