Les prothèses tricompartimentaires du genou de première intention
Transcription
Les prothèses tricompartimentaires du genou de première intention
Les prothèses tricompartimentaires du genou de première intention Techniques opératoires. Problèmes et solutions Springer Paris Berlin Heidelberg New York Hong Kong London Milan Tokyo Gérard Gacon Jacques Hummer Les prothèses tricompartimentaires du genou de première intention Techniques opératoires. Problèmes et solutions Gérard Gacon Clinique du Parc – Lyon 84, boulevard des Belges 69458 Lyon Cedex 06 Jacques Hummer Polyclinique de Gentilly Rue Marvingt 54000 Nancy ISBN-10 : 2-287-33000-3 Springer Paris Berlin Heidelberg New York ISBN-13 : 978-2-287-33000-1 Springer Paris Berlin Heidelberg New York © Springer-Verlag France, Paris, 2006 Imprimé en France Springer-Verlag France est membre du groupe Springer Science + Business Media Cet ouvrage est soumis au copyright. Tous droits réservés, notamment la reproduction et la représentation la traduction, la réimpression, l’exposé, la reproduction des illustrations et des tableaux, la transmission par voie d’enregistrement sonore ou visuel, la reproduction par microfilm ou tout autre moyen ainsi que la conservation des banques de données. La loi française sur le copyright du 9 septembre 1965 dans la version en vigueur n’autorise une reproduction intégrale ou partielle que dans certains cas, et en principe moyennant le paiement de droits. Toute représentation, reproduction, contrefaçon ou conservation dans une banque de données par quelque procédé que ce soit est sanctionnée par la loi pénale sur le copyright. L’utilisation dans cet ouvrage de désignations, dénominations commerciales, marques de fabrique, etc. même sans spécification ne signifie pas que ces termes soient libres de la législation sur les marques de fabrique et la protection des marques et qu’ils puissent être utilisés par chacun. La maison d’édition décline toute responsabilité quant à l’exactitude des indications de dosage et des modes d’emploi. Dans chaque cas, il incombe à l’usager de vérifier les informations données par comparaison à la littérature existante. SPIN : 11688914 Maquette de couverture : Nadia Ouddane © Illustrations : Marc Donon Collection « GECO » dirigée par P. Kehr La collection des « Livres du GECO » dont cet ouvrage fait partie, se veut être la traduction pérenne des travaux du Groupe d’études pour la Chirurgie osseuse et couronne trente années d’existence du groupe. Né en 1976, le GECO a d’abord été la réunion d’un groupe d’alors jeunes chirurgiens orthopédistes et traumatologues qui ont mis en commun leurs dossiers de patients pour réaliser des études rétrospectives chiffrées et parfaire leurs connaissances. Très vite le Groupe, grâce à une réunion annuelle organisée avec le soutien des établissements Fournitures Hospitalières (FH Orthopedics), a réuni chaque année en janvier un nombre croissant de chirurgiens orthopédistes européens – plus de 300 actuellement – autour de ses Tables Rondes et de ses conférenciers invités, venus essentiellement de France, mais aussi du monde entier. Le GECO aujourd’hui, c’est un Groupe de plus de 25 membres permanents et de six groupes de spécialités représentant les principales sur-spécialités de l’orthopédie-traumatologie actuelle. Avec une parution régulière d’un à deux livres par an, le GECO se donne comme but d’apporter à la communauté chirurgicale orthopédique le fruit de ses réflexions et de ses travaux. Pierre Kehr Président du GECO Dans la même collection : – Les prothèses de hanche sans ciment de première intention. Techniques opératoires – Problèmes et solutions A. Dambreville, F. Dubrana, P. Kehr, R. Petit et A. Ray À paraître en 2007 : – Classifications et scores en chirurgie orthopédique et en traumatologie Tome 1, E. Favreul, P. Kehr et G. Gacon Ce livre a été réalisé grâce à l’aide apportée par : Alain Dambreville 21, avenue Jean Lorrain 06300 Nice Lecteur et correcteur enthousiaste et infatigable. Pierre Kehr Centre de Traumatologie et d’Orthopédie 10, avenue Jean Baumann 67403 Illkirch Cedex Président du GECO, rédacteur en chef d’EJOST. Remerciements à : • FH ORTHOPEDICS (www.f-h.fr) • LABORATOIRE LEO-PHARMA (www.leo-pharma.com) pour leur contribution et leur soutien financier à la réalisation de ce livre. Remerciements à Marc Donon pour la qualité de ses dessins. Liste des auteurs Remerciements aux chirurgiens qui nous ont apporté leur concours pour la rédaction de cet ouvrage Groupe AGREG (Groupe genou du GECO) Laurent Barba Clinique du Parc Lyon 84, boulevard des Belges 69458 Lyon Cedex 06 Patrick Furno Clinique Moventis 36, boulevard Saint Marcel 75005 Paris Didier Mainard Hôpital Central 23, avenue de Lattre de Tassigny 54035 Nancy Cedex Roland Petit Cabinet d’Orthopédie 1, rue Saint-Sauveur 68100 Mulhouse Claude Schwartz Hôpitaux Civils de Colmar 68024 Colmar Cedex Nicolas Hummer Ortholor Médipôle Gentilly 13, rue Blaise Pascal 54320 Maxeville Michel Laurençon Clinique du Parc Lyon 84, boulevard des Belges 69458 Lyon Cedex 06 Hubert Lanternier Clinique de l’Europe 33, boulevard de l’Université 44615 Saint-Nazaire Cedex Bruno Delannoy Polyclinique du Parc 20, avenue Guynemer 14052 Caen Cedex 4 André Rocca Polyclinique du Ternois 62130 Saint-Pol-sur-Ternoise Pierre Herlin 100, boulevard Basly 62400 Béthune Michel Philippe Centre d’Évaluation A. Hermann, BP 9 68990 Heimsbrunn Hors AGREG Frédéric Dubrana CHU Cavale Blanche 29200 Brest Olivier Tayot Clinique du Parc Lyon 84, boulevard des Belges 69458 Lyon Cedex 06 Alain Aaron FH Industrie 6, rue Nobel 29000 Quimper Eric Milon Clinique du Parc Lyon 84, boulevard des Belges 69458 Lyon Cedex 06 André Ray Clinique du Parc Lyon 84, boulevard des Belges 69458 Lyon Cedex Préface La prothèse totale du genou s’est imposée en vingt ans comme l’une des interventions les plus pratiquées en chirurgie orthopédique et l’une des plus fiables. Et pourtant, pas une seule consultation où n’apparaissent ses limites, voire ses complications. Les divergences, les luttes d’opinion entretenues par les inventeurs, voire les promoteurs d’implants font désormais place à des débats animés. Les bienfaits et les limites de chaque technique trouvent leur place à l’épreuve du temps. Progressivement, les options techniques (incrémentation et dessin prothétique) crédibles se sont dégagées. Parallèlement, les sociétés industrielles ont fusionné, mis leur savoir en commun et rationalisé les gammes d’implants. La mondialisation et l’uniformité guetteraient-elles donc la chirurgie prothétique du genou ? Je ne le pense pas et cet ouvrage en témoigne. Si les options chirurgicales sont désormais mieux définies et clairement rappelées dans cet ouvrage, rien n’est figé. De nombreux instruments d’évaluation (imagerie, navigation) nous offrent de nouveaux paramètres. Ces derniers viennent modifier la donne. Un peu comme une nouvelle pièce qui, introduite dans le puzzle, remet en cause sa construction. La mise en place d’une prothèse du genou est un compromis, comme le rappellent et le démontrent Gérard Gacon et Jacques Hummer. C’est aussi une équation. Chaque chapitre apporte son lot de théorèmes, d’axiomes et de corollaires qui permettent de lever les inconnues. Toutefois, le lecteur doit bien comprendre que la modification d’une variable de l’équation qu’elle soit d’ordre technique (rotation fémorale, ordre des coupes, distraction...) ou liée au dessin de l’implant (non resurfaçage, préservation du LCP, etc.) retentit obligatoirement sur les autres variables. Tout est étroitement lié, cohérent. C’est cette compréhension qui fait l’intérêt de ce travail. Le lecteur y trouvera les clefs du raisonnement. Ainsi, il saura intégrer les nouveaux outils mis à sa disposition : prothèses anatomiques, chirurgie mini-invasive et navigation chirurgicale. Outre les aspects techniques, ce manuel rassemble des informations précieuses pour le chirurgien du genou. L’évaluation, les scores, les registres personnels ou nationaux sont les outils de mesure ou de contrôle désormais indispensables. L’environnement propre à la chirurgie du genou est utilement décrit. Le temps fait son œuvre, la situation se décante, mais elle est bien loin d’être établie. Connaître l’état de l’art à travers ces chapitres permettra au chirurgien rigoureux d’innover sans s’égarer. Gérard Gacon a consacré toute son énergie et sa vie professionnelle à la chirurgie du genou. Il a transmis un formidable plateau technique à l’équipe qui l’a entouré au fil des ans. Associé à Jacques Hummer, ils nous font partager leur expérience dans leur domaine d’excellence, la chirurgie prothétique du genou. Professeur Philippe Neyret Sommaire Préface .............................................................................................. Considérations générales ......................................................... Historique ....................................................................................... Lexique............................................................................................ Les différents modèles de prothèses totales tricompartimentaires du genou de première intention ............. Indications et contre-indications des prothèses totales tricompartimentaires du genou.................................................... Indications des prothèses totales du genou tricompartimentaires ................................................................. Contre-indications des prothèses totales du genou tricompartimentaires ................................................................. Stratégie .......................................................................................... Examen et planification préopératoires ...................................... L’examen clinique ...................................................................... L’examen radiographique ......................................................... La planification préopératoire.................................................. Choix de la voie d’abord et installation ...................................... Voie antérieure et médiale ....................................................... Voie antérieure et latérale ....................................................... Chirurgie mini-invasive .............................................................. L’information du patient............................................................... Technique ........................................................................................ Tactique opératoire ....................................................................... La séquence des gestes opératoires ......................................... Ordre des coupes osseuses ........................................................ La conservation du LCP ............................................................. Le resurfaçage éventuel de la rotule ....................................... Préparation de l’arthroplastie....................................................... Les coupes osseuses ....................................................................... La coupe tibiale ......................................................................... Les coupes fémorales................................................................. La coupe rotulienne .................................................................. 9 15 15 17 20 27 27 30 31 31 31 32 36 37 37 43 48 48 53 53 54 57 58 59 60 62 62 70 76 Équilibrage ligamentaire des prothèses du genou ..................... Déformation d’usure et déformation morphologique ........... Cas le plus simple : genou normo-axé sans déviation axiale morphologique .......................................................................... Genu varum avec tibia varum morphologique important ..... Genu varum d’origine fémorale ............................................... Genu valgum .............................................................................. Mise en place des pièces prothétiques ........................................ Sans ciment ................................................................................ Avec ciment ................................................................................ Les déformations en genu varum................................................. Analyse de la déformation en varus ........................................ Tactique opératoire ................................................................... Technique opératoire ................................................................ Les déformations en genu valgum............................................... Analyse de la déformation ....................................................... Tactique opératoire ................................................................... Les valgus type III ....................................................................... Cals vicieux sus- et sous-jacents .................................................... Classification............................................................................... Conduite à tenir......................................................................... 78 79 80 83 84 84 86 86 87 90 91 94 98 103 104 107 111 115 115 119 Problèmes et solutions .............................................................. 125 Avant l’opération........................................................................... État cicatriciel préalable ............................................................ Lipome prérotulien ou interne ................................................. Laxité préexistante associée à une arthrose............................ Genou raide ............................................................................... Arthroses étagées du membre inférieur.................................. Maladie de Paget....................................................................... Polyarthrite rhumatoïde (PR) .................................................... Rotule basse ............................................................................... Rotule haute .............................................................................. Luxation de la rotule ................................................................. Recurvatum associé à l’arthrose ............................................... Le genu varum constitutionnel d’origine fémorale................ Antécédents locaux infectieux.................................................. Antécédents d’algodystrophie .................................................. 125 125 125 125 126 129 129 129 129 130 130 131 131 132 132 Pendant l’intervention................................................................... Lésion accidentelle ou dégénérative du ligament croisé postérieur ................................................................................... Flexum après pose des implants d’essai................................... Flexum après mise en place des implants définitifs................ Genou serré en dedans en flexion ........................................... Genou serré en dehors en flexion............................................ La rotule se luxe ou est subluxée en flexion avec les implants d’essai............................................................ Il existe un recurvatum lors de la mise en place des implants d’essai ................................................................... La flexion obtenue en peropératoire est insuffisante............ Comment faire une ostéotomie de la tubérosité tibiale antérieure ................................................................................... Fractures du fémur ou du tibia en cours d’intervention........ Laxité médiale ou latérale persistante en extension .............. Persistance d’une laxité résiduelle en extension malgré un plateau polyéthylène d’essai le plus épais ............ Stable en extension, instable en flexion.................................. Lésions peropératoires du système extenseur du genou ....... Positionnement du plateau tibial en rotation ........................ Fermeture de l’aileron interne ................................................. En postopératoire .......................................................................... Les mauvaises surprises de la radiographie de contrôle postopératoire ........................................................................... Ruptures postopératoires de l’appareil extenseur .................. Nécrose cutanée......................................................................... 133 133 133 133 134 134 134 137 138 140 143 145 145 146 146 149 149 149 149 151 153 Apport de la navigation ........................................................... 155 Les systèmes.................................................................................... Technique de la navigation sans imagerie .................................. Intérêt et résultats ......................................................................... Conclusion ...................................................................................... 155 156 163 163 Rééducation des prothèses totales du genou ................. 165 La rééducation est d’autant plus efficace qu’elle est peu douloureuse et bien acceptée ...................................................... 165 Les techniques de kinésithérapie sont classiques et bien connues des rééducateurs ............................................................. La rééducation ............................................................................... 166 167 Prise en charge de la douleur postopératoire des prothèses totales du genou ............................................ 169 Protocole......................................................................................... La formation du personnel soignant ........................................... L’implication du patient ................................................................ Est-il possible de prévoir avant l’intervention l’intensité des douleurs postopératoires ? ..................................................... Conclusion ...................................................................................... 169 170 170 170 171 Surveillance et évaluation des résultats des prothèses totales du genou ............................................ 173 Surveillance à court terme ............................................................ Surveillance à moyen terme.......................................................... Surveillance à long terme ............................................................. 173 175 179 Évaluer ? Pourquoi ? ................................................................... 185 Le fabricant ou le distributeur...................................................... Le chirurgien .................................................................................. 185 186 Références....................................................................................... 187 Considérations générales Historique L’arthroplastie totale du genou est une opération aujourd’hui classique. Si l’on excepte les premières tentatives historiques (Gluck en 1890, les frères Judet en 1947, Majnoni d’Imignano en 1951), c’est autour des années 1960-1970 qu’apparaissent les premières prothèses du genou. D’abord simples charnières (Waldius, Shiers, Guépar), elles évoluent, en raison des fréquents descellements liés aux fortes contraintes et aux difficultés de reprises, en prothèses semi-charnières (Bousquet), puis à pivot (Gschwend), puis en prothèses de glissement grâce à l’imagination de nombreux auteurs (Gunston) utilisant le principe du surfaçage copié sur l’implant unicompartimentaire de Marmor. Les difficultés de mise en place d’une unicompartimentaire sur les deux compartiments et leur instabilité expliquent l’évolution ultérieure vers les prothèses bi- ou tricompartimentaires semi-contraintes. Les prothèses semi-contraintes par leur dessin et leur cinétique assurent une certaine stabilité au genou, aidées en cela par la participation des formations capsulo-ligamentaires périphériques. L’histoire de ces prothèses commence vers 1970 avec la Géomédic de la Freeman-Swanson. Ces prothèses conduisent à de fréquents échecs par instabilité et usure précoce du polyéthylène. La première prothèse moderne, au début des années 1980, la Total Condylar d’Insall, sacrifie le ligament croisé postérieur et est dotée d’un épais plateau tout polyéthylène. Son évolution avec un système de postéro-stabilisation (54) marque un important progrès sur la stabilité, car elle dispose d’une came antirecul. Ce modèle, toujours utilisé aujourd’hui, est à l’origine d’un débat jamais clos sur l’opportunité de conserver ou non le ligament croisé postérieur. En 1982, Hungerford, Krackow et Kenna (51) développent une prothèse conservant le ligament croisé postérieur (PCA Primary) mise en place sans ciment et une instrumentation de pose dite « universelle ». Cette 16 Les prothèses tricompartimentaires du genou instrumentation associe des guides de coupes, des dispositifs de contrôle des axes permettant de faire une opération reproductible. Le succès est immédiat. Dès lors se développe une série d’instrumentations ancillaires destinée à faciliter la mise en place des prothèses. Il faut signaler aussi que dès 1977, Buechel et Pappas (20), à la suite des travaux d’O’Connor et Goodfellow (46) en 1974 sur l’unicompartimentaire, développent le concept très différent d’une prothèse tricompartimentaire à plateaux mobiles (New Jersey). Un grand nombre de travaux théoriques sont consacrés depuis plus de vingt ans aux conditions mécaniques, tribologiques et biologiques de la prothèse du genou. La somme de ces travaux et leur application pratique permettent à cette intervention d’atteindre aujourd’hui sa maturité, maturité confirmée par les très nombreuses publications faisant état de bons résultats à moyen puis à long terme. Considérations générales 17 Lexique Angle de Lévigne : angle destiné à mesurer le varus constitutionnel dans une déformation en varus (cf. chapitre Déformations en genu varum, p. 90). Balance ligamentaire (dite aussi équilibrage ligamentaire) : correspond à l’ensemble des gestes que l’on est amené à pratiquer pour équilibrer les parties molles et aboutir à un espace prothétique rectangulaire (cf. chapitre Équilibrage ligamentaire, p. 78). Blackburne (indice de Blackburne) : indice déterminant la hauteur de la rotule normalement égal à 0,8 ; supérieur à 1 il indique une patella alta (cf. chapitre Examen et planification préopératoires, p. 31). Bloc 5 en 1 : guide de coupe fémorale qui permet de faire en un seul temps les trois coupes fémorales et les chanfreins. Bouclier fémoral : prothèse fémorale qui recouvre l’extrémité inférieure du fémur. Bouton rotulien : prothèse rotulienne en polyéthylène habituellement en forme de dôme. Cage : partie médiane creuse de la prothèse fémorale destinée à recevoir la came tibiale de postéro-stabilisation. Came : relief du plateau de polyéthylène destiné à s’emboîter dans la cage fémorale de postéro stabilisation. Carter (terme impropre) : se dit de la partie du bouclier fémoral articulée avec le polyéthylène de l’embase tibiale. On parle souvent du carter fémoral pour désigner l’implant fémoral prothétique en flexion. Congruence : adaptation parfaite de deux surfaces entre elles. Se dit du plateau polyéthylène par rapport aux condyles fémoraux. Un plateau plat n’est pas congruent. Cuvette tibiale : déformation d’un plateau tibial créée par l’usure. Le fond de la cuvette tibiale peut être utilisé pour régler la hauteur de la coupe. Deep dish : plateau polyéthylène ultracongruent permettant la stabilisation d’une prothèse en cas de lésion ou d’insuffisance du ligament croisé postérieur (LCP). Embase tibiale : partie métallique de la prothèse tibiale en contact avec l’os et recouverte de l’insert en polyéthylène. Extension gap (espace en extension) : espace entre la coupe fémorale distale et la coupe tibiale occupé par les implants prothétiques. Flexion gap (espace en flexion) : espace entre la coupe fémorale postérieure et la coupe tibiale occupé par les implants prothétiques. Gabarit d’essai : correspond à un implant d’essai permettant de vérifier les coupes et l’encombrement prothétique. Gorge trochléenne : échancrure longitudinale à la face antérieure du bouclier trochléen destinée à recevoir la rotule prothésée ou non. 18 Les prothèses tricompartimentaires du genou Hauteur de la rotule : hauteur de la rotule par rapport à l’interligne articulaire. Classiquement appréciée par l’indice de Caton ou par l’indice de Blackburne (cf. chapitre Examen et planification préopératoires, p. 31). Homothétie : possibilité d’associer en regard des implants de tailles différentes. Indice de masse corporelle (IMC) ou Body Mass Index (BMI) : rapport qui évalue le degré d’obésité d’un patient (= Poids/Taille2). Intermodularité : possibilité dans une gamme de prothèses de pouvoir utiliser des systèmes de nature différente ; conservation ou non du LCP. Intramodularité : possibilité d’adapter dans un système prothétique des éléments différents : plateau de polyéthylène d’épaisseur différente ou quille de longueur différente. Lift-off : soulèvement du condyle externe à la marche en cas de persistance de laxité latérale anormale. Ligne bicondylienne en extension : tangente aux deux condyles en extension. Elle permet de déterminer l’angle alpha (cf. chapitre Examen et planification préopératoires, p. 31). Ligne bicondylienne postérieure : tangente aux deux condyles postérieurs. Elle est un repère pour la coupe postérieure asymétrique ou symétrique et un repère pour une éventuelle rotation fémorale (cf. chapitre Les coupes osseuses, p. 62). Ligne bi-épicondylienne : ligne qui passe par les épicondyles, lieu d’insertion du LLE en dehors et du LLI en dedans. Repère de la rotation fémorale (cf. chapitre Les coupes osseuses, p. 62). Ligne de Whiteside : ligne perpendiculaire à la ligne de fond de la trochlée. Repère de la rotation fémorale (cf. chapitre Les coupes osseuses, p. 62). MIS (mini invasive surgery) : se dit d’une technique opératoire réduisant l’incision, l’abord chirurgical et les décollements. Navigation : assistance informatique à la réalisation d’une intervention chirurgicale (chirurgie assistée par ordinateur). Patella alta : rotule anormalement haute. Patella baja : rotule anormalement basse. Patellar clunck : le « Patellar clunk syndrome » est lié à un nodule fibreux au-dessus de la prothèse rotulienne (11). De 30o à 45o de flexion, le nodule s’accroche à la partie supérieure de la trochlée prothétique, ce qui entraîne un clunk et une douleur. Pente postérieure : pente que fait naturellement le plateau tibial de profil avec l’axe de la diaphyse tibiale (cf. chapitre Examen et planification préopératoires, p. 31). Plots d’ancrage : saillies conçues pour pénétrer dans l’os et assurer une stabilisation prothèse/os. Prothèse postéro-conservée : prothèse tricompartimentaire de genou permettant de conserver le ligament croisé postérieur. Considérations générales 19 Prothèse postéro-stabilisée : prothèse tricompartimentaire de genou munie d’un dispositif permettant de compenser l’absence du ligament croisé postérieur. Quille : pièce axiale fémorale ou tibiale destinée à assurer le guidage et la stabilisation de la prothèse dans l’os. Release : terme anglais correspondant à une libération des parties molles rétractées. Cette manœuvre ne comporte aucune section. Resurfaçage rotulien : mise en place d’une prothèse rotulienne. Rotation fémorale : rotation du carter fémoral par rapport aux repères de rotation du fémur. Lors de la coupe fémorale en flexion on peut réaliser une rotation fémorale neutre ou externe (cf. chapitre Les coupes osseuses et Équilibrage ligamentaire, p. 62 et 78). Roulement postérieur (roll back) : mouvement de translation vers l’arrière effectué par les condyles lors de la flexion du genou. Spacer : terme anglais qui désigne un instrument appréciant l’espace entre deux surfaces osseuses. Tenseur ou distracteur : appareil ancillaire, symétrique ou asymétrique, permettant la mise en tension de l’enveloppe capsulo-ligamentaire et destiné à l’équilibrage ligamentaire. Troisième condyle : partie médiane de la prothèse fémorale destinée à entrer en contact avec le relief de l’insert de polyéthylène tibial. Il assure une postéro-stabilisation à partir d’un certain degré de flexion, variable selon les modèles. Ultracongruence : se dit d’un insert de polyéthylène congruent dont les berges antérieure et postérieure offrent le maximum de contact aux surfaces condyliennes. 20 Les prothèses tricompartimentaires du genou Les différents modèles de prothèses totales tricompartimentaires du genou de première intention Il existe de nombreux modèles de prothèses de première intention que l’on peut classer selon différents critères. Selon la configuration du plateau tibial Il en existe deux types principaux : les prothèses à plateau fixe et les prothèses à plateau mobile. Les prothèses à plateau fixe L’embase tibiale est fixe ainsi que le plateau polyéthylène articulé avec le composant fémoral. Plusieurs conceptions s’opposent selon la conservation ou non du pivot ligamentaire central, ligament croisé antérieur (ligamentum cruciatum anterior ou LCA) et ligament croisé postérieur (ligamentum cruciatum posterius ou LCP). Prothèses non contraintes Conservant le système « 4 barres » du genou anatomique ces prothèses sont des prothèses de resurfaçage (fig. 1) (Cloutier) lorsque les deux ligaments croisés fonctionnels sont conservés (25, 29). Elles sont peu utilisées, car l’absence ou la non-fonctionnalité du LCA est habituelle dans l’arthrose du genou. Prothèses postéro-conservées Elles conservent le ligament croisé postérieur, elles sont peu contraintes et pour leurs adeptes plus anatomiques (Académia, Profix, fig. 2). Prothèses postéro-stabilisées Utilisées lorsque le ligament croisé postérieur est absent ou délibérément réséqué. Ces prothèses confient la stabilisation postérieure : – soit à une cage de postéro-stabilisation (Total Condylar, PFC, Maeva) (fig. 3) ; – soit à un troisième condyle (fig. 4) (HLS, Académia PS, AGC, Alpina...) (fig. 5) ; – soit à un polyéthylène ultracongruent « deep dish » (Natural Knee...) (fig. 6).