25 Barycentre. Applications
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25 Barycentre. Applications On rappelle tout d'abord quelques notions basiques. Étant donné un espace vectoriel réel E de dimension n et un ensemble non vide E, on dit qu'on a déni une structure d'espace ane sur E de direction E si on dispose d'une application : + E ×E → E − → − (A, v ) 7→ A + → v telle que : − → → − → → A + (→ u +− v ) = (A + − u)+→ v pour tous vecteurs − u ,− v dans E et tout point A dans E ; − → → − − → pour tout A ∈ E, l'égalité A + u = A équivaut à u = 0 ; − → pour tout couple (A, B) de points de E, il existe un vecteur → v ∈ E tel que B = A + − v. − → On note E = E . −→ → → → Pour (A, B) ∈ E, le vecteur − v tel que B = A + − v est unique et noté − v = AB : on a donc : −→ B = A + AB On dispose aussi de la relation de Chasles : −→ −−→ −→ ∀ (A, B, C) ∈ E 3 , AB + BC = AC et de la propriété du parallélogramme : (−→ −−→) (−→ −−→) ∀ (A, B, C, D) ∈ E , AB = CD ⇔ AC = BD 4 → − Pour tout point Ω ∈ E, l'application − v 7→ Ω + → v réalise une bijection de E sur E. La dimension de l'espace ane E est la dimension de l'espace vectoriel associé E. → Si Ω est un point de E et B = (− ej )1≤j≤n une base de E, on dit que R = (Ω, B) est un repère cartésien de E d'origine Ω. Pour tout point M ∈ E, il existe donc un unique n-uplet (x1 , · · · , xn ) ∈ Rn tel que : −−→ ∑ − ej ΩM = xj → n j=1 et : ∑ −−→ − ej M = Ω + ΩM = Ω + xj → n j=1 On dit alors que (x1 , · · · , xn ) sont les coordonnées du point M dans le repère cartésien R. 647 Barycentre. Applications 648 Dénition 25.1 On dit qu'une partie non vide existe un point A de F tel que l'ensemble : F de E est un sous-espace ane de E, s'il {−−→ } F = AM | M ∈ F − → est un sous-espace vectoriel de E = E . − → Un sous espace ane F de E est un espace ane de direction F = F et sa dimension est celle de F. Deux sous-espaces anes sont dit parallèles s'ils ont même direction. 25.1 Fonction vectorielle de Leibniz et barycentre E est un espace ane euclidien de dimension n et E l'espace vectoriel associé, le corps de base étant R. Dénition 25.2 On appelle point pondéré de E, tout couple (M, α) ∈ E × R. À tout suite nie ((Mk , αk ))1≤k≤p de p ≥ 1 points pondérés dans E, on associe la fonction vectorielle de Leibniz : − → φ : E → M 7→ p ∑ E −−−→ αk M A k k=1 Théorème 25.1 Avec les notations qui précèdent, on a : → → ∀ (Ω, M ) ∈ E 2 , − φ (M ) − − φ (Ω) = ( p ∑ ) αk −−→ MΩ k=1 Dans le cas où p ∑ → αk = 0, l'application − φ est constante et dans le cas où p ∑ αk ̸= 0, elle est k=1 k=1 bijective de E sur E. Démonstration. En utilisant la relation de Chasles, on a pour tout Ω ∈ E : p (−−→ −−→) ∑ − → ∀M ∈ E, φ (M ) = αk M Ω + ΩAk = k=1 Dans où p ∑ ( p ∑ k=1 αk = 0, on en déduit que : k=1 → → ∀M ∈ E, − φ (M ) = − φ (Ω) → ce qui signie que − φ est constante. Supposons que p ∑ k=1 αk ̸= 0 et xons Ω ∈ E. ) αk −−→ → MΩ + − φ (Ω) Fonction vectorielle de Leibniz et barycentre 649 − → → → → → → → Pour tout vecteur v ∈ E l'égalité − v =− φ (M ) équivaut à − v −− φ (Ω) = − φ (M )− − φ (Ω) , soit ) ( ) ( → → à− v −− φ (Ω) = p ∑ αk −−→ −−→ M Ω, qui est encore équivalent à ΩM = k=1 ( p ∑ −1 αk − − (→ φ (Ω) − → v ), k=1 ce qui prouve l'unicité de M ∈ E s'il existe avec : −−→ M = Ω + ΩM = Ω + p ∑ )−1 αk → → (− φ (Ω) − − v) k=1 → Il nous sut donc de vérier que ce point M est bien l'antécédent de − v , ce qui résulte de : − → φ (M ) = ( p ∑ ) αk −−→ → → → → M Ω + φ (Ω) = − v −− φ (Ω) + − φ (Ω) = − v k=1 On peut donc donner la dénition suivante. Dénition 25.3 Soit ((Mk , αk ))1≤k≤p une suite de p ≥ 1 points pondérés dans E, où les αk p (− ∑ →) → αk ̸= 0. Le barycentre de cette suite est G = − φ −1 0 . sont des réels tels que k=1 On notera : G = Bary ((Mk , αk ))1≤k≤p Ce barycentre est donc l'unique point G de E tel que : p ∑ −−−→ − → αk GMk = 0 k=1 C'est aussi l'unique point G de E tel que : ∀Ω ∈ E, ( p ∑ αk ) −→ ∑ −−→ αk ΩMk ΩG = k=1 p k=1 Pour p = 1, α1 ̸= 0, le barycentre de (M1 , α1 ) est M1 . Dans le cas où tous les αk sont égaux, on dit que G est l'isobarycentre de la suite de points (Mk )1≤k≤p , il est déni par : p ∑ −−−→ − → GMk = 0 k=1 ou de manière équivalente par : p −→ 1 ∑−−→ ∀Ω ∈ E, ΩG = ΩMk p k=1 Exemple 25.1 Le milieu I du segment [A, B] est par dénition l'isobarycentre de (A, B) , il − → 1 −→ − → −→ est caractérisé par AI = AB ou par AI = IB. 2 Barycentre. Applications 650 Si R = (Ω, B) est un repère cartésien de E et (xk,1 , · · · , xk,n ) les coordonnées de chaque point Mk dans ce repère, alors celles du barycentre G sont les : p 1 ∑ αk xk,j (1 ≤ j ≤ n) gj = p ∑ αk k=1 k=1 En eet, on a : ( p ∑ αk ) ( p ) p p n n ∑ ∑ −→ ∑ −−→ ∑ ∑ → → ΩG = xk,j − ej = αk ΩMk = αk αk xk,j − ej k=1 k=1 k=1 j=1 j=1 k=1 Pour l'isobarycentre ces coordonnées sont les : 1∑ xk,j (1 ≤ j ≤ n) p k=1 p gj = 25.2 Propriétés du barycentre Théorème 25.2 Soient ((Mk , αk ))1≤k≤p une suite de points pondérés dans E avec p ∑ αk ̸= 0 k=1 et G le barycentre de ((Mk , αk ))1≤k≤p . 1. Pour tout réel non nul λ, on a : Bary ((Mk , λαk ))1≤k≤p = Bary ((Mk , αk ))1≤k≤p (homogénéité du barycentre). (( )) 2. Pour toute permutation σ ∈ Sp , G est aussi le barycentre de Mσ(k) , ασ(k) 1≤k≤p (commutativité du barycentre). 3. Soit : r {1, · · · , p} = une partition de {1, · · · , p} telle que σj = ∑ ∪ Ij j=1 αk ̸= 0 pour tout j compris entre 1 et r k∈Ij (en supposant que 2 ≤ r ≤ p). En désignant, pour tout j compris entre 1 et r, par Gj le barycentre de ((Mk , αk ))k∈Ij , on a : Bary ((Mk , αk ))1≤k≤p = Bary ((Gj , σj ))1≤j≤r (associativité du barycentre). Démonstration. 1. La relation p ∑ k=1 p ∑ p ∑ −−−→ −−−→ − → − → αk GMk = 0 est équivalente à λαk GMk = 0 pour tout λ ∈ R∗ et k=1 αk ̸= 0 équivaut à p ∑ k=1 k=1 λαk ̸= 0. Propriétés du barycentre 651 2. Résulte immédiatement de la commutativité de l'addition dans R. 3. En notant σ = p ∑ αk , on a, pour Ω ∈ E : k=1 −→ ∑ αk −−→ ΩG = ΩMk σ k=1 p −−→ ∑ αk −−→ ∀j ∈ {1, · · · , r} , ΩGj = ΩMk σ j k∈I j Il en résulte que : r r r ∑ σj −−→ ∑ σj ∑ αk −−→ ∑∑ αk −−→ ΩGj = ΩMk = ΩMk σ σ σ σ j j=1 j=1 j=1 k∈I k∈I j j ∑ αk −−→ −→ ΩMk = ΩG σ k=1 p = et le résultat annoncé. Remarque 25.1 p ∑ αk = 1, et L'homogénéité du barycentre permet de se ramener aux cas où k=1 dans ce cas, on a : −→ ∑ −−→ αk ΩMk ∀Ω ∈ E, ΩG = p k=1 ce que l'on peut noter G = p ∑ αk Mk . On dit qu'on a vectorialisé E en se xant une origine k=1 Ω. Exemple 25.2 Si A, B sont deux points distincts de E, la droite passant par A et B est alors l'ensemble des barycentres de ((A, 1 − β) , (B, β)) où β décrit R, ce qui signie que : (AB) = {M ∈ E | ∃β ∈ R ; M = (1 − β) A + βB} En eet, on a : −−→ −−→ → − (M = Bary ((A, 1 − β) , (B, β))) ⇔ (1 − β) M A + β M B = 0 −−→ −→ ⇔ AM = β AB ⇔ M ∈ (AB) Exemple 25.3 Le segment d'extrémités A, B est l'ensemble des barycentres de ((A, 1 − α) , (B, α)) où α décrit [0, 1] , soit : [AB] = {M ∈ E | ∃α ∈ [0, 1] ; M = (1 − α) A + αB} Barycentre. Applications 652 Exemple 25.4 Si A, B, C sont trois points non alignés de E (supposé de dimension ≥ 2), le plan (ABC) passant par A, B, C est alors l'ensemble des barycentres de ((A, 1 − (β + γ)) , (B, β) , (C, γ)) où (β, γ) décrit R2 , ce qui signie que : { } (ABC) = M ∈ E | ∃ (β, γ) ∈ R2 ; M = (1 − (β + γ)) A + βB + γC En eet, on a : −−→ −−→ −−→ → − (M = Bary ((A, 1 − (β + γ)) , (B, β) , (C, γ))) ⇔ (1 − (β + γ)) M A + β M B + γ M C = 0 −−→ −→ −→ ⇔ AM = β AB + γ AC ⇔ M ∈ (ABC) Remarque 25.2 La commutativité du barycentre permet de dénir le barycentre d'une famille nie de points pondérés ((Ai , αi ))ι∈I . Si P est un plan ane, on rappelle qu'un triangle dans P, est un ensemble de trois points non alignés {A, B, C} . On le note ABC et on dit que A, B, C en sont les sommets. Dénition 25.4 Soit T = ABC un triangle. On appelle médiane de ce triangle toute droite joignant l'un des sommets au milieu des deux autres (le milieu du coté opposé). Le centre de gravité de T , est l'isobarycentre G des sommets. En notant respectivement A′ , B ′ , C ′ , les milieux de [B, C] , [A, C] , [A, B] et en utilisant l'associativité du barycentre, on voit que : G = Bary ((A, 1) , (B, 1) , (C, 1)) = Bary ((C ′ , 2) , (C, 1)) = Bary ((A, 1) , (A′ , 2)) = Bary ((B, 1) , (B ′ , 2)) L'égalité G = Bary ((C ′ , 2) , (C, 1)) nous dit que G est sur la médiane (CC ′ ) . De manière analogue, on voit que G est sur les deux autres médianes. On peut donc déduire que le barycentre d'un triangle T est le point d'intersection des trois médianes. −−→ −→ − −→ 2 −−→ → De plus de G = Bary ((C ′ , 2) , (C, 1)) , on déduit que 2GC ′ + GC = 0 , soit CG = CC ′ , 3 c'est-à-dire que G est au deux tiers de chaque médiane, en partant d'un sommet. Si E est un espace ane de dimension 3, on rappelle qu'un tétraèdre dans E, est un ensemble de quatre points non coplanaires {A1 , A2 , A3 , A4 } . On le note A1 A2 A3 A4 et on dit que A1 , A2 , A3 , A4 en sont les sommets. Dénition 25.5 Soit T = A1 A2 A3 A4 un tétraèdre dans E de dimension 3. Le centre de gravité de T , est l'isobarycentre G des sommets. On désigne respectivement par G1 , G2 , G3 , G4 , le centre de gravité du triangle A2 A3 A4 , A1 A3 A4 , A1 A2 A4 , A1 A2 A3 . Les Gk , pour k = 1, · · · , 4 sont les médianes du tétraèdre. En utilisant l'associativité du barycentre, on voit que : G = Bary ((A1 , 1) , (A2 , 1) , (A3 , 1) , (A4 , 1)) = Bary ((A1 , 1) , (G1 , 3)) = Bary ((A2 , 1) , (G2 , 3)) = Bary ((A3 , 1) , (G3 , 3)) = Bary ((A4 , 1) , (G4 , 3)) L'égalité G = Bary ((A1 , 1) , (G1 , 3)) nous dit que G est sur la médiane (A1 G1 ) . De manière analogue, on voit que G est sur les trois autres médianes. Caractérisation des sous-espaces et applications anes 653 On peut donc déduire que le barycentre d'un tétraèdre T est le point d'intersection des quatre médianes. En notant Ijk le milieu de [Aj , Ak ] , pour 1 ≤ i < j ≤ k, on a aussi : G = Bary ((I12 , 2) , (I34 , 2)) = Bary ((I13 , 2) , (I24 , 2)) = Bary ((I14 , 2) , (I23 , 2)) donc G est à l'intersection des droites (I12 I34 ) , (I13 I24 ) , (I14 I23 ) . 25.3 Caractérisation des sous-espaces et applications afnes Les barycentres peuvent être utilisés pour caractériser les sous-espaces anes de E ou les applications anes de E dans un autre espace ane. Théorème 25.3 Une partie non vide F de E est un sous-espace ane si, et seulement si : ∀ (A, B) ∈ F 2 , ∀α ∈ R, Bary ((A, 1 − α) , (B, α)) ∈ F ce qui revient à dire que pour tout couple (A, B) de points distincts de F, la droite (AB) est contenue dans F. Démonstration. Pour (A, B) ∈ E 2 et α ∈ R, on a : −→ Bary ((A, 1 − α) , (B, α)) = (1 − α) A + αB = A + αAB −→ − → Si F est un sous-espace ane de E, on a alors AB ∈ F pour tout (A, B) ∈ F 2 et pour tout −→ réel α, le point A + αAB est dans F. Réciproquement supposons que (AB) ⊂ F pour tout (A, B) ∈ F 2 avec}A ̸= B. {− −→ Il s'agit de montrer que pour Ω ∈ F , l'ensemble F = ΩM | M ∈ F est un sous-espace − → vectoriel de E . − → −→ Le vecteur nul 0 = ΩΩ est dans F. − − → −−→ → → Soient − u = ΩM , − v = ΩN dans F avec M, N dans F et λ, µ dans R. On a : −−→ P = Ω + λΩM = Bary ((Ω, 1 − λ) , (M, λ)) ∈ F −−→ Q = Ω + µΩN = Bary ((Ω, 1 − µ) , (N, µ)) ∈ F (( ) ( )) 1 1 1 (−→ −→) ΩP + ΩQ = Bary P, , Q, ∈F R=Ω+ 2 2 2 −→ −→ − −→ 1 (−→ −→) → ΩP + ΩQ ⇔ RP + RQ = 0 ) et : (on a ΩR = 2 −−→ −−→ −→ −→ S = Ω + λΩM + µΩN = Ω + ΩP + ΩQ = Bary ((Ω, −1) , (R, 2)) ∈ F −→ −−→ −→ −−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ − → (on a ΩP = λΩM , ΩQ = µΩN , donc ΩS = ΩP + ΩQ = 2ΩR, donc −SΩ + 2SR = 0 ), ce qui −−→ −−→ −→ signie que λΩM + µΩN = ΩS ∈ F. Théorème 25.4 Les sous-espaces anes de E sont les parties stables par barycentrisation . Précisément une partie non vide F de E est un sous-espace ane si, et seulement si, pour toute famille ((Mk , αk ))1≤k≤p de points pondérés de F avec Bary ((Mk , αk ))1≤k≤p est dans F. p ∑ k=1 αk ̸= 0, le barycentre G = Barycentre. Applications 654 Démonstration. Supposons que F soit un sous-espace ane de E et soit ((Mk , αk ))1≤k≤p p ∑ αk ̸= 0 avec p ≥ 2 (pour p = 1, c'est trivial). En une famille de points pondérés de F avec k=1 notant G le barycentre de cette famille, l'égalité : −−−→ M1 G = 1 ∑ −−−−→ αk M1 Mk p ∑ αk k=2 p k=1 −−−→ − → −−−→ nous dit que M1 G ∈ F et donc G = M1 + M1 G ∈ F. Réciproquement, soit F une partie non vide de E stable{par barycentrisation . } −−→ Il s'agit de montrer que pour Ω ∈ F , l'ensemble F = ΩM | M ∈ F est un sous-espace − → vectoriel de E . − → −→ Le vecteur nul 0 = ΩΩ est dans F. Pour M, N dans F et λ, µ dans R, le point P déni par : −→ −−→ −−→ ΩP = λΩM + µΩN est aussi déni par : −→ −−→ −−→ → − P Ω + λΩM + µΩN = 0 ce qui revient à dire que : P = Bary ((Ω, 1 − (λ + µ)) , (M, λ) , (N, µ)) ∈ F −−→ −−→ −→ On a donc λΩM + µΩN = ΩP ∈ F. Théorème 25.5 Soit X une partie non vide de E. L'espace ane F engendré par X est l'ensemble de tous les barycentres de G = Bary ((Ak , αk ))1≤k≤p où p ≥ 1, les Ak sont des points de X et les αk sont des réels tels que p ∑ αk ̸= 0. k=1 Théorème 25.6 Soient E ′ un espace ane de dimension nie et φ une application de E dans E . L'application φ est ane si, et seulement si, pour toute famille ((Mk , αk ))1≤k≤p de points pondérés de E, le barycentre de ((φ (Mk ) , αk ))1≤k≤p est φ (G) , où G est le barycentre de ((Mk , αk ))1≤k≤p . ′ 25.4 Coordonnées barycentriques (−−−→) On se donne un repère ane R = (Ak )0≤k≤n de E (i. e. A0 Ak Théorème 25.7 Pour tout point M Rn+1 tel que : 1≤k≤n est une base de E. ∈ E, il existe un unique (n + 1)-uplet (λ0 , · · · , λn ) dans n ∑ { } M = Bary {(Ak , λk )}0≤k≤n et λk = 1 k=0 Dénition 25.6 Avec les hypothèses et notations du théorème précédent, on appelle coordonnées barycentriques de M dans le repère R, tout n-uplet (γλ1 , · · · , γλn ) , où γ est un réel non nul. Ensembles convexes 655 L'application M 7→ (λ0 , · · · , λn ) est une bijection de E sur Rn+1 . Exemple 25.5 Soient A, B, C trois points non alignés du plan ane euclidien tels que le [ triangle T = ABC soit non rectangle. En notant a = BC, b = AC, c = AB, Ab = BAC, b = ABC b = ACB, [ et C [ les coordonnées barycentriques dans le repère ane R = (A, B, C) B du centre de gravité G, de l'orthocentre H, du centre I du cercle inscrit, du centre O du cercle circonscrit et des centres IA , IB , IC des cercles exinscrits sont respectivement : G (1, du triangle ABC est l'isobarycentre de {A, B, C} ; ( 1, 1) ( (le ) centre ( de ) gravité ( )) b b b H tan A , tan B , tan C ; I (a, ( b, c) (; ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )) O tan Bb + tan Cb , tan Ab + tan Cb , tan Ab + tan Bb ; IA (−a, b, c) , IB (a, −b, c) , IC (a, b, −c) . Exercice 25.1 Soit (Mj )0≤j≤n une famille de n + 1 points de E. Pour j compris entre 0 et n, on note (xij )0≤i≤n les coordonnées barycentriques de Mj dans R et P = ((xij ))0≤i,j≤n . 1. Montrer que la famille (Mk )0≤k≤n est anement liée si, et seulement si, det (P ) = 0. 2. On suppose que n = 2 et A, A′ sont deux points distincts de E de coordonnées barycentriques dans R : A (a, b, c) et A′ (a′ , b′ , c′ ) . Montrer qu'un point M ∈ E de coordonnées barycentriques (x, y, z) dans R est sur la droite (AB) si, et seulement si : a a′ x b b′ y = 0 c c′ z 3. Montrer le théorème de Ménélaüss : si ABC est un vrai triangle, A′ , B ′ , C ′ des points de (BC) , (AC) et (AB) respectivement, distincts des sommets, alors les points A′ B ′ , C ′ sont aligné si, et seulement si, A′ B B ′ C C ′ A = 1. A′ C B ′ A C ′ B 25.5 Ensembles convexes Dénition 25.7 On dit qu'une partie non vide C de E est convexe, si pour tout couple (A, B) de points de E, le segment [A, B] est contenu dans E. Théorème 25.8 Soit C une partie non vide de E. Cet ensemble C est convexe si, et seulement si, pour toute famille {(Mk , αk )}1≤k≤p de points pondérés de E, où les αk sont des réels positifs ou nuls tels que p ∑ { } αk = 1, le barycentre Bary {(Ak , αk )}0≤k≤n est dans C. k=1 Remarque 25.3 On vérie facilement qu'une intersection de parties convexes de E est convexe. Remarque 25.4 L'adhérence et l'intérieur d'un convexe sont convexe. De la conservation des barycentres par les applications anes, on déduit le résultat suivant. Théorème 25.9 Soient E ′ un espace ane de dimension nie et φ une application de E dans E ′. Pour tout convexe C dans E [resp. C ′ dans E ′ ] l'image directe [resp. l'image réciproque] de C [resp. de C ′ ] par φ est un convexe de E ′ [resp. de E ]. Barycentre. Applications 656 25.6 Polyèdres convexes Si φ est une forme ane non nulle sur E, alors l'hyperplan ane : H = φ−1 {0} = {M ∈ E | φ (M ) = 0} est convexe dans E comme image réciproque du convexe {0} de R par l'application ane φ. Les ensembles H + = φ−1 (R+ ) et H − = φ−1 (R− ) [resp. H +,∗ = φ−1 (R∗,+ ) et H −,∗ = φ−1 (R∗,− )] sont également convexes et on dit que ce sont les demi espaces fermés [resp. ouverts] limités par H. Remarque 25.5 Comme on est en dimension nie, l'application ane φ est continue et les demi-espaces H + et H − [resp. H +,∗ et H −,∗ ] sont biens bien des fermés [resp. ouverts] de E. Dénition 25.8 On appelle polyèdre dans E, une partie bornée de E qui peut s'écrire comme intersection d'un nombre ni de demi-espaces fermés de E. Dans le cas où E est un plan ane, on retrouve la notion de polygone. Un polyèdre est fermé et convexe comme intersection d'ensembles fermés et convexes. Étant fermé et borné, il est compact dans E qui est de dimension nie. Exemple 25.6 Dans Rn l'ensemble : { P = ( x∈ R ) + n | ∥x∥1 = n ∑ } xi = 1 i=1 est un polyèdre convexe. 25.7 Enveloppe convexe, théorème de Carathéodory Dénition 25.9 Si X est une partie de E, on appelle enveloppe convexe de X, l'intersection de tous les convexes de E qui contiennent X. On note Cv (X) l'enveloppe convexe de X. C'est le plus petit convexe de E qui contient X. Une dénition équivalente de la notion d'enveloppe convexe est donnée par le résultat suivant. Théorème 25.10 Si X est une partie non vide de E, alors l'enveloppe convexe de X est l'en- semble des barycentres de points de X aectés de coecients positifs, soit : { Cv (X) = } p { } ∑ Bary {(Ak , αk )}0≤k≤p | Ak ∈ X, αk ≥ 0, αk = 1 k=1 De manière plus précise, en dimension nie, on a le résultat suivant. Théorème 25.11 (Carathéodory) Si X est une partie non vide de E (de dimension n ≥ 1), alors tout élément de l'enveloppe convexe de X est barycentre à coecients positifs d'au plus n + 1 points de X. Corollaire 25.1 L'enveloppe convexe d'un compact de E est compacte. Corollaire 25.2 L'enveloppe convexe d'une partie bornée de E est bornée. Le théorème de Krein-Milman 657 Exercice 25.2 L'enveloppe convexe d'un fermé de E est-elle fermée ? Exercice 25.3 Soient P un polynôme complexe non constant de degré n et P ′ son polynôme dérivé. 1. Montrer que l'ensemble des racines de P ′ est contenu dans l'enveloppe convexe de l'ensemble des racines de P (théorème de Gauss-Lucas). 2. Montrer que si les racines de P sont toutes contenues dans un disque centré en 0 et de rayon R > 0, alors il en est de même des racines de P ′ . 25.8 Le théorème de Krein-Milman ◦ Si X est une partie non vide de E, on dénit sa frontière par Fr (X) = X \ X. Dans le cas ◦ où X est fermé, cette frontière est Fr (X) = X \ X. Dénition 25.10 Soit C un convexe dans E non vide et distinct de E. On dit qu'un hyperplan ane H est un hyperplan d'appui de C si H ∩ C est non vide et C est contenu dans l'un des demi-espaces fermés limités par H. Lemme 25.1 Soit C un convexe dans E non vide et distinct de E. Si H est un hyperplan d'appui de C, alors tout point de H ∩ C est un point frontière de C. Exemple 25.7 Soit C = p ∩ Hi+ un polyèdre convexe dans E, avec : i=1 Hi+ = {M ∈ E | φi (M ) ≥ 0} (1 ≤ i ≤ p) , où les φi sont des formes anes non nulles sur E et les αi des réels. Si M ∈ C est tel que φi (M ) > 0 pour tout i compris entre 1 et p, avec la continuité des applications φi , on déduit alors qu'il existe un réel ε > 0 tel que la boule ouverte B (M, ε) de centre M et de rayon ε soit contenue dans C = p ∩ Hi+ et en conséquence M est dans l'intérieur i=1 de C, donc M ∈ / Fr (C) . On a donc ainsi montré que pour tout M ∈ Fr (C) , il existe un indice i compris entre 1 et p tel que φi (M ) = 0 et Hi est un hyperplan d'appui de C qui contient M. C'est-à-dire que tout point de la frontière de C est contenu dans un hyperplan d'appui. En fait ce résultat est valable pour tout convexe fermé dans E. Lemme 25.2 Si C est un convexe fermé dans E non vide et distinct de E, alors tout point de la frontière de C est contenu dans un hyperplan d'appui de C. Par analogie à la notion de sommet d'un polygone dans R2 , on dénit de manière plus générale les sommets, ou points extrémaux, d'un convexe de la manière suivante. Dénition 25.11 Soit C un convexe non vide de E. On dit qu'un point M de C est un point extrémal si tout segment dans C qui contient M admet ce point pour extrémité. Dire que M dans le convexe C est extrémal équivaut à dire que si M ∈ [A, B] avec A, B dans C, alors M = A ou M = B, encore équivalent à dire que si M = (1 − λ) A + λB avec A, B dans C et 0 < λ < 1, alors M = A = B. Une dénition équivalente de point extrémal d'un convexe est donnée par le résultat suivant. Barycentre. Applications 658 Lemme 25.3 Soit C un convexe non vide de E. Un point M de C est extrémal si et seulement si C \ {M } est convexe. Exercice 25.4 Montrer que les points extrémaux du convexe de Rn : { P = ( x∈ R ) + n | ∥x∥1 = n ∑ } xi = 1 i=1 sont les vecteurs e1 , · · · , en de la base canonique. De manière plus générale, on a le résultat suivant. Lemme 25.4 Un convexe compact non vide de E a des points extrémaux. Théorème 25.12 (Krein-Milman) Tout compact convexe dans E est l'enveloppe convexe de ses points extrémaux.