S/12010 12 mars 1976 FRANCAIS ORIGINAL : ANGLAIS LETTRE

Transcription

S/12010 12 mars 1976 FRANCAIS ORIGINAL : ANGLAIS LETTRE
S/12010
12 mars 1976
FRANCAIS
ORIGINAL : ANGLAIS
LETTRE BATEE DU 11 MARS 1976, ADRESSEEAU SECRETAIRE GENERAL
PAR LE REPRESENTANTPERMANENTDE LA TURQUIE AUPRES DE
L'ORGANISATIBN DES NATIONS UNIES
Jrai l'honneur
de vous trs~~mettre
ci-joint
une lettre
datêe du 11 mars 1976
que vous adresse M. Nui1 Atalay, représentant
par intérim de 1'Etat fedéré turc
de Chypre.
Je vous serais
de sécurité.
obligê
d'en
faire
distribuer
le texte
C~SBBXdocument du Conseil
L'Ambassadeur,
Re&sentant
permanent de la Turquie
gpès
de L’Ormmisation
des
N~%ions Unies,
($$pA) Ilter
TÜRIMEN
76-OfT3t38
/ ,.*
S/L2010
Frayais
Annexe
Page 1
Annexe
Lettre
datée du 11 mars 1.976, adressêe au Sec&taire
par M. Nail Atalay
&n&al
On a rapporté qu'un prêtre chypriote
grec de Nicosic,
le père Papatsestos,
a fait des ri?v&tions
sensationnelles
à un journal
ath&ien,
"Ta Nea", Èi propos
de Chypriotes
grecs "tues en enterrés
comme des chiens" au cours du coup d'Rtat
perp&r6
ii Chypre par Sampson, lors de 1'6t6 19’74.
T#e père Papatsestos,
prêtre cens6ment bien connu et responsable
du cimetière
grec de Nicosie aurait dgclurd 3 un correspondant
du "Ta Nea” que les corps de'
ChyprLotes grecs ont 6té transportgs
par wagons entiers
et hâtivement
enterres
dans dea fosses communes, sans qu'un état quelconque ait 6té dresse et sans qu'on
ait pris le moindre effort
pour identifier
ces victimes.
"Mais l'expérience
la plus horrible
de ma vie a été de voir enterrer
vivant
aurait diSclar6 le père Papatsestos,
un jeune Chypriote grec blessé",
11 aurait
aussi admis que les corps de Turcs ont Et6 înhum& dans le cimetière
grec.
Les principaux
passages de l'interview
accordée par le père Papatses,tos au
correspondant
du journal
"Ta Nea", qui a paru dans tous les journaux grecs locaux
Le 28 f6vrier
1976, sont reproduits
ci-après
:
LE PERE PAPATSRSTOS : "Deux jours
après le coup d?FXat, le 17 juillet,
j'ai
vu quelque chose dont aucun mortel avant moi n'a jamais peut-$tre
66 témoin.
J'ai vu un jeune Chypriote
grec enter&
vivant.
Ceux officiers
de la junte &ai.ent
venus chez moi et m'avaient
enjoint
de les accompagner au cimetière.
Je pensais
qu'ils
allaient
me tuer, mais ils m'ont dit qu'ils
avaient besoin de moi pour
enterrer
des morts.
Au cimetière,
il y avait deux fosses ouvertes1 et deux corps étendus près
d'elles.
Jr m"cn suis approché pour loir si je les reconnaissais.
L'un d'eux
était sans vie.
Mais 1" autre, celui d'un jeune homme de 18 ans aux cheveux bouclés
: 'Hais, officier,
et au teint clair,
bougeait.
Saisi, je me suis retourné en criant
cet homme est vivant',
"Ferme-là, sale pr‘èt.re, ou je te la ferme pour de bon'> a
rGtorqué 1'of:ficier.
Le jeune homme a 6% alors poussé dans la fosse ouverte,
qui
a été recouverte
de terre.
Je jlu-e devant Dieu qu'ils
ont enterré ce jeune
homme vivsnL" t
~lontrant 1~ cirneti$re,
le père Papatsestos a dit : "Là, se trouvent
des gens
II y a L*ussi des corps qui ont &té
que lu junte a entesr&
comme des chiens.
enter&
& l'extérieur
du cimetière.
Ils n'ont na.5 été identif'igs,
ils n'ont pas
i4n conscience de prê-tre est troubl6e,
mais ils pointaient
& ce
étê &clamés,
moment*-15 un revolver
sur ma tempe.
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Francais
Anncx e
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Ils ont dit :
Je me sauviens du jour oii ils sont venus pour la première foin,
'Père, nous avons 13 des morts que nous souhaitons enterrer',
Mais oui, ai-je
une
rGpondu, et jlai danandê quel en 6tait le nombre, Ils ant répcrndu : '7'1'.
heure plus tara, un camion est arrivé
et j'ai entendu un ordre : 'Déchargez!'.
Ils ont tous étê mis dans une fosse commune, sans avoir
C'Gtaiant
les morts.
Les hommes
attendu qu'ils
aient étg identifiên
par des membres de leur famille.
de la junte ont sorti des petites croix (sept seulement),
écrit des noms sur elles,
et ils les ont placées sur la tombe. Les hommes de la junte les ont dédaigneu'sympathisants
de Muscos! - c'est-&-dire
personnes loyales à
sement appel&
les enterrer
ccmme aes chiens dans un parc à mcwtons,
Yakarios - et voulaient
Et c'est ce qu'ils
ont fini par faire.
Ils
situé
83 l'ext&ieur
au cimetière.
- l'une ;i l'intérieur
au cimetière
ont creusé deux fosses avec des excavatrices
et l'autre
r‘i l'extérieur.
Ils ont enter4
leurs propres morts (27) B l'intérieur
ail cimetière,
ct les autres (SO) 2 l'ext&ieur."
TR NER : "Père,
le jeune
homme enterré
vivant
aurait-il
pu être
sauvé?"
LE PERE PAPATSESTOS : "Il aurait 'pu l'être,
bien sûr.
Il était blessé à
la jambe droite.
Je suis a116 à l'hôpital
et j'ai demandé 2 un docteur si un
mort pouvait se mouvoir.
Le docteur a ri, je ne pouvais pas. Mais ce n'est
pas moi qui l'ai
enterré vivant."
TA NEI\ : "Pourriez-vous
reconnaître
les hommes de la junte?"
LE PERE PAPATSESTOS : "Ils étaient tous
Ils se sont livrés
à des actes
Ils entraient
dans les
irruption
chez moi,
des déserteurs,
mais en fait ils y ont vole
COUPa” mt.
TA NEA : "Avez-vous
été témoin
d'autres
venus de Gr&ce pour perp6trer
le
de pillage,
ils ont même fait
maisons sous prétexte de rechercher
des objets de valeur,"
atrocités?"
LE PERE PAPATSFSTOS : "J'ai &outé des conversations
téléphoniques
entre
Pendant l'une d'elles,
ils parlaient
des gens qui
cles hommes de la junte.
résistaient
dans le faubourg de Kaimakli et ils disaient
: 'Tuez-les
tous,
n'ayez aucune piti6'.
J'ai également remarqué qu'à l'hôpit,aî,
ils donnaient
de l'eau contaminée aux malades."
jurer que vous n'avez
TA NE% : "Père, pourriez-vous
tinement des cadavres de Turcs dans le cimetière?"
ils
LE PERE PAPATSESTOS : "Seulement une dizaine.
&taient e-t 02 ils avaient été trouv6s."
2-l NEA : "Combien de morts avez-vous
enterr6s
pas enterre
Naus ne savions
pendant
clandespas qui
le coup d'Etat?"
LE PERE PAPATSESTOS : "Cent vingt,-sept.
Cinquante d' entre eux avaient
rwnassés dans les rues et ils ont et6 enterres â, l'extérieur
du cimetisre.
Les 71 autre3 ont éti: e.nteraGs R I'intirieur."
été
/
/.r.
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Annexe
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LE PERE PmATSESTOS : "Oh! oui, beaucoup plus.
îls voulaient
me tuer aussi.
C'est pénible & dire, maie il est vrai que ltintervention
turque nous a aauv& d'une
g.u3rre intestine
sane merci.
11s avaient p&pare une liste de tous les partisans
de Makarias et ils les auraient
tous massacr&."
TANU:
"Maintenant,
tués brutalement?"
LE
l'est&ieur
oreilles
Ceux qui
d"entre
père,
dites-moi
sincèrement,
les gens ont-ils
é-k6
PEflE PAPATSESTOS : "Oui, mari fils.
Des massacres ont et& commis Èi
du monastsre de fCykko et a Limassol.
3"ai entendu de mes propres
donner Ifordre
: '11s doivent tous "etre tu& cette nuit, jusqu'au
dernier.'
ont C%é témoins de ces crimes ont peur de parler.
En fait,
la plupart
eux sont des sympathiizants de Grivas et ils ne parleront
jamais."
Enfin, on rapporte
que le père Papatsestos
faits et de ses inqui6tudes
au Premier Ministre
que Makarioç n'a rien fait ii ce sujet.
Je vous serais obligé de bien vouloir
présente lettre
comme document du Conseil
a d&lar&
qu'il
ferait
part de ces
de Grèce, M, Iiaramanlis,
parce
faire distribuer
de s&wité.
le texte
de la
Le représentant
par intérim de
1'Etat fédéré turc de Chypre,
(Signd) Nail ATALHY
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