FOLLEVILLE Froggy
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FOLLEVILLE Froggy
Sapho chante Léo Ferré EMBRASSONS-NOUS FOLLEVILLE Aktéon Théâtre (Paris) septembre 2012 Comédie-vaudeville de Eugène Labiche, mise en scène de Pierre Pradinas, avec Romane Bohringer, Thierry Gimenez, Gabor Rassov Matthieu Rozé et Xavier Aubert. Quand Eugène Labiche rencontre Jacques Demy cela donne un divertissement décoiffant savoureusement mis en scène par Pierre Pradinas et en musique par Dom Farkas et Thierry Payen qui, sans en trahir ni la lettre ni l'esprit, transforme le vent de folie original qui souffle sur "Embrassons-nous Folleville !" en cyclone dévastateur. Le marquis de Manicamp, ému par la noblesse du chevalier de Folleville qui l'a tiré d'un mauvais pas lors d'une chasse au canard sauvage sur l'étang de Saint-Cucufa, lui a promis sa fille Berthe. Ce qui ne fait le bonheur ni de cette dernière à qui le mou chevalier n'a guère fait impression, ni de ce dernier épris de sa cousine. Mais rang oblige et il ne peut que se résoudre au mariage alors que surgit un prétendant plus titré, le vicomte de Chatenay, émoustillé par le soufflet vertement administré par Berthe lors d'une danse. La démarche de ce dernier, aussi bouillonnant que le marquis, amène son lot de péripéties hautes en couleurs avec déferlante de vases brisés, échanges musclés à coups de noms d'oiseaux, duel à l'épée mais sans cape et bataille de lentilles digne d'une cantine scolaire. Lorgnant du côté de l'opéra-bouffe, insufflant une démesure potache à cette effervescente badinerie pompadourienne, qui fut adaptée en opérette du vivant de l'auteur, et dans laquelle Labiche pratique une mécanique du rire proche du burlesque, et conservant les couplets chantés souvent escamotés en les mettant à la sauce parodique de ritournelles sixties délivrées en playback loufoque et surjoué, Pierre Pradinas opte pour un divertissement hilarant rondement mené par une distribution épatante et survoltée. Dans un décor black cube de velours noir, trois sièges et trois bouquets floraux, conçu par Orazio Trotta qui signe également les judicieuses lumières et des costumes aux couleurs aux couleurs pétulantes confectionnés par Danik Hernandez, les comédiens s'en donnent à coeur joie pour le plus grand plaisir du public. Irrésistible en chevalier déférent et timoré, Matthieu Rozé, petit bonbon rose élégamment vêtu de fraise fluo écrasée et de chaussettes Burlington assorties, est pris en étau entre les membres survoltés d'un impétueux trio. En premier lieu, le caressant marquis, chantre de l'embrassade affectueuse et de la larme qui perle sous ses longs cils bruns, doublé d'un homme bouillonnant et d'un père à la gratitude égoïste dont Thierry Gimenez, en délicieux pourpoint rouge, fait une composition magistrale. Ensuite, la promise, digne fille de son père, la tempétueuse et colérique Berthe auquel aucun élément matériel ne saurait résister. En robe panier et mousseuse perruque orange, Romane Bohringer virevolte avec élégance et montre un vrai tempérament comique. Enfin, Gabor Rassov met sa haute silhouette et son humour à froid au service du ridicule et prétentieux vicomte. Avec Xavier Aubert, en valet hagard et chambellan arrogant, ils délivrent une prestation chorale imparable au service d'un spectacle récréatif et jubilatoire. MM www.froggydelight.com