le premier avril

Transcription

le premier avril
LE PREMIER AVRIL
Le soir d’un 31 mars, sous le règne de Louis XIV, on put voir le comte de
Toulouse, fils légitime de Louis XV, se glisser avec quelques amis dans la chambre du
marquis de Grammont qui, profondément endormi, ronflait comme un sonneur.
Le petit groupe s’empara de tous les habits, pourpoints, chausses et restes
du dormeur.
Une équipe de tailleurs se mit au travail. Tout fut décousu, rétréci, recousu.
Le lendemain -1er avril – le marquis se leva et s’aperçu avec terreur qu’il lui était
impossible de s’habiller.
« O ciel, marquis ! Comme vous êtes enflé, s’exclama l’un de ses amis en
pénétrant dans la chambre. Qu’avez-vous donc ? »
« Je ne sais pas, en vérité, mais le fait n’est pa niable, je ne puis entrer
dans les habits que je portais hier encore ».
« C’est peut-être de l’hydropisie*, recouchez-vous vite et mandez un
médecin en toute hâte ».
Grammont épouvanté, obéit. Le médecin arrive bientôt. C’est le comte de
Toulouse, déguisé. Il examine le malade, hoche la tête avec tristesse, demande une
feuille de papier et trace cet ordonnance « Accipe sisalia et dissue purpunctum.
Autrement dit : « Prends des ciseaux et découds ton pourpoint ».
*Hydropisie : Accumulation souple de liquide analogue au sérum sanguin
dans quelques parties du corps.