La théorie d`Edwin S. Shneidman

Transcription

La théorie d`Edwin S. Shneidman
Le suicide, seule solution face à la souffrance?
La théorie d’Edwin S. Shneidman
Frédérick Dionne, psychologue, M.Ps., cand. Ph.D.
Collège François-Xavier-Garneau
Edwin S. Shneidman
Plan
L’homme
La théorie
Activité en sous-groupe
L’intervention
Lectures
Edwin S. Shneidman
L’homme
Edwin S. Shneidman (1918-), Ph.D., est le
père de la suicidologie moderne, pionnier
dans la prévention du suicide dans le monde
Il est un chercheur et investigue le suicide à
partir de notes de suicides et d’autopsies
psychologiques
C’est aussi un psychologue d’approche
psychodynamique intervenant en situation
de crise suicidaire
Edwin S. Shneidman
La théorie
Le suicide est une tragédie qui se joue dans
l ’esprit d ’un individu
Le suicide est causé par le psymal (psychache)
« L’ennemi de la vie est la douleur. »
(Shneidman, 1999, p. 124)
Le psymal est une souffrance psychologique
(douleur psychologique, douleur morale, souffrance
mentale)
Edwin S. Shneidman
La théorie
En d’autres mots, c’est un trop-plein d’émotions
douloureuses comme la tristesse, la peur, l’anxiété,
la honte et culpabilité
« Le psymal est la douleur, l’angoisse, le regret, la
souffrance, la misère qui nous torturent l’esprit.
C’est la souffrance intensément ressentie de la
honte, de la culpabilité, de l’humiliation, de la
solitude, de la perte, de la tristesse, de la terreur
de vieillir ou de mal mourir […]. » (Shneidman,
1999, p. 157)
Edwin S. Shneidman
La théorie
Plus précisément, le psymal est un « mal d’avoir
mal », une « douleur sur une douleur », une
« pensée sur des émotions »
C’est en fait la prise de conscience des émotions
douloureuses et la perception selon laquelle
elle sont :
(1) Intolérables
(2) Insupportables
(3) Inacceptables
Edwin S. Shneidman
La théorie
La souffrance est perçue comme étant Intolérable,
« je ne peux plus endurer cette souffrance »
Le problème (situation ou souffrance) est évalué
comme étant Insoutenable
« cette souffrance est trop lourde à supporter »
La souffrance est perçue comme étant Inacceptable
« je ne veux plus endurer cette souffrance »
« je n’ai pas à tolérer cette douleur »
Edwin S. Shneidman
La théorie
D’où provient cette souffrance psychologique?
Elle est créée par la frustration de besoins
psychologiques (pression)
Ces besoins sont jugés comme étant importants,
primordiaux aux yeux de la personne
Quelles sont les besoins essentiels pour nos
jeunes adultes collégiens ?
Edwin S. Shneidman
La théorie
La souffrance psychologique des jeunes adultes
(18-25 ans) est de nature interpersonnelle. Elle
implique des besoins reliés à l’attachement, à des
carences à l’enfance (Leenaars, 1989)
Intimité versus Isolement (Erikson, 1959)
« Souffrir, c’est à moitié ressentir de la douleur
et à moitié être seul dans sa douleur »
(Shneidman, 1999, p. 114)
«Le suicide est une situation impliquant au moins
une autre personne (« situation dyadique »)
(Shneidman, 1992)
Edwin S. Shneidman
La théorie
La souffrance psychologique est un meilleur
prédicteur des conduites suicidaires que la
dépression, le désespoir (et la détresse) dans un
échantillon de 615 jeunes adultes âgés entre 18 à
30 ans (Dionne et Labelle, 2007)
Edwin S. Shneidman
La théorie
La majorité des suicides appartiennent à l’une des
catégories suivantes:
o L’amour déçu, la non-acceptation, la nonappartenance
o Le contrôle trop partiel, le manque de prévision et
d’organisation
o L’atteinte à l’image de soi et l’échec à éviter la
honte ou la défaite
o La rupture des relations primordiales (besoins
d’affiliation, être nécessaire à l’autre)
o La colère, la rage ou l’hostilité excessive
Edwin S. Shneidman
La théorie
L’individu suicidaire est dans un état élevé de
perturbation, c’est-à-dire qu’il est troublé,
nerveux, agité, etc.
S’il y a perturbation et que la souffrance est élevée:
La constriction perceptuelle: Vision en tunnel
« Le suicide est la seule solution »
L’idée du suicide est une option dans le
répertoire des comportements d’un individu
Edwin S. Shneidman
La théorie
L’individu voit alors le suicide comme un moyen
d’échapper à la souffrance, comme une
manière de résoudre un problème
Le but recherché par le suicide est de cesser de
ressentir
ces
émotions
et
pensées
douloureuses
Edwin S. Shneidman
La théorie
Shneidman résume sa théorie à l’aide d’un
modèle cubique ou tridimensionnel
Ce modèle prédit ou explique les différentes
composantes des conduites suicidaires (idées,
tentatives,
etc.),
les
comportements
d’automutilation et les comportements hétéro
dirigées
Indépendant du sexe, de l’âge, de l’appartenance
ethnique, du diagnostic, etc.
Le modèle cubique
Shneidman (1993)
Activités en sous-groupe
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La manière d’intervenir de Shneidman
découle de sa théorie
S’applique davantage à des individus
hautement suicidaires
Ces outils servent aux professionnels de la
santé mentale, mais aussi à ceux et
celles, enseignants ou éducateurs
interpellés par la problématique du
suicide
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
Le suicide est causé par la souffrance psychologique
La pratique
L’intervention porte sur l’apaisement de cette
souffrance
« Où as-tu mal ?»
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
La souffrance psychologique est perçue comme
étant intolérable
(« Je ne suis pas capable »)
La pratique
Redéfinir les limites du supportable (seuil de
tolérance)
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
Le problème (situation ou souffrance) est évalué
comme étant insoutenable
La pratique
Désamorcer la situation ou reformuler le problème
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
La souffrance psychologique est jugée comme étant
inacceptable
La pratique
Favoriser l’acceptation de la souffrance
« Je souffre, donc je suis » (Shneidman, 2001, p. 7)
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
La souffrance psychologique est créée par la
frustration de besoins psychologiques (pression)
La pratique
L’intervention est centrée sur les besoins non
satisfaits de l’individus
« De quoi as-tu besoin »
« Qu’est-ce qui te fait souffrir »
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
Les besoins psychologiques liés au suicide sont
importants, primordiaux aux yeux de l’individu
La pratique
À long terme, réévaluer l’importance de certains
besoins dans la vie de l’individu (e.g.,
accomplissement)
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
Le suicide est un phénomène interpersonnel,
impliquant au moins une autre personne
La pratique
Établir une relation positive
Impliquer une personne significative
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
Un niveau élevé de perturbation augmente le risque
de suicide
La pratique
Diminuer la perturbation (médication, référence,
atténuer la souffrance et la situation)
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
L’individu suicidaire perçoit le suicide comme la seule
solution face au problème ou à la souffrance
(constriction, vision en tunnel)
La pratique
Enlever les œillères perceptuelles
Résolution de problèmes et recherche d’alternatives
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
Le suicide est une manière de résoudre un problème
ou de cesser de souffrir
La pratique
Dévoiler la fonction de l’idée suicidaire
Edwin S. Shneidman
L’intervention
La théorie
L’idée du suicide est une option dans le répertoire
des comportements d’un individu
La pratique
Rendre inaccessible le moyen du suicide
Promouvoir le fait que: « Le suicide n’est pas une
option » dans la société
Edwin S. Shneidman
L’intervention
1.
Établir
13. Identifier
2.
Se concentrer sur
14. Souligner
3.
Éviter
15. Contrôler
4.
Être vigilant à
16. Contacter
5.
Encourager
17. Explorer
6.
Renforcer
18. Interpréter
7.
Être conscient de
19. S’inquiéter de
8.
Résister
20. Évaluer
9.
Ne pas être d’accord
21. Apprécier
10. Expliquer
22. Obtenir
11. Instituer
23. Consulter
12. S’arranger pour
24. Exclure
Edwin S. Shneidman
Lectures
En français :
Dionne, F., & Labelle R. (2005). À propos de la souffrance et du
suicide: La théorie d'Edwin S. Shneidman. Revue québecoise de
psychologie. Numéro thématique sur la souffrance, 26, 95-110.
Shneidman, E. S. (1999). Le tempérament suicidaire, risques,
souffrances et thérapies. Bruxelles : De Boeck et Berlin.
Ouvrages ou articles importants de Shneidman
Shneidman, E.S. (1985). Definition of suicide. New York : Wiley.
Shneidman, E.S. (1992). A conspectus of the suicidal scenario.
Dans R.W. Marris, A.L. Berman, J.T. Maltsberger et R.I Yufit (Éds),
Assessment and prediction of suicide. New-York : Guilford.
Shneidman, E.S. (1993). Suicide as psychache. Journal of Nervous
and Mental Disease, 181, 147-149.
Shneidman, E.S. (2004). Autopsy of a suicidal mind. New-York :
Oxford University Press.