Untitled - Opéra de Lyon

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Untitled - Opéra de Lyon
Ballet de l’Opéra de Lyon
danse
Le propos de Maguy Marin — les relations entre les individus, la
difficulté du “vivre ensemble“ — s’affirme de plus en plus avec
radicalité, réussissant à conjuguer réalisme et théâtralité, engageant le spectacle dans une dénonciation des maux de la société.
Le danseur n’est plus sollicité, dès lors, pour magnifier le sujet par
sa virtuosité, mais pour en être le truchement artistique le plus
expressif et le plus efficace pour l’incarner, et le rendre évident.
“J’ai tendance à ne plus vouloir particulariser le danseur, parce qu’il a à
représenter quelqu’un comme tout le monde. Il devient un corps anonyme,
affecté par ce qui l’entoure“ ! .
Maguy Marin
Dans Grosse Fugue* (sur le quatuor pour cordes die grosse Fuge op. 133 de Ludwig
van Beethoven), quatre femmes en rouge — sang et passion — se laissent traverser
par les vibrations du quatuor à cordes. Les corps se font musique, soulevés de sursauts,
déchirés d’attaques brusques, correspondant aux coups d’archet, qui disent les aspirations et les déceptions. Tension extrême d’une danse en liberté, dévorant l’espace.
Courses éperdues qui manifestent, jusqu’à l’épuisement, l’urgence de vivre chaque
instant comme si c’était le dernier.
* Maguy Marin joue sur les mots. En allemand, die grosse Fuge veut dire “grande fugue” (terme
musical), mais en français, Grosse Fugue (comme on dit “grosse fatigue“) peut signifier aussi “fuite“,
“escapade“, “évasion“.
La première étant conçue pour un groupe de 15 danseurs, la
deuxième pour 2 interprètes, et la dernière pour 4 danseuses, les
trois œuvres présentées par le Ballet de l’Opéra de Lyon - sous le
générique Opus 15/2/4 - proposent des univers très contrastés.
L’art délicat et pudique d’Odile Duboc fait ressortir a contrario l’expressivité
viscérale de Maguy Marin, les deux pièces entourant un duo musclé et peu
banal de Boris Charmatz, qui fait son entrée au répertoire.
a cet endroit
Chorégraphie
Odile Duboc
Costumes
Dominique Fabrègue
Musique originale
pour quatuor à cordes et
quatre sirènes musicales
Benoît Louette
Quatuor à cordes
(musiciens de l’Opéra de Lyon)
Scénographie et lumières
Françoise Michel
maguy marin
Née à Toulouse (en 1951) de parents ayant fui l’Espagne franquiste, Maguy Marin manifeste très tôt le désir de danser. Etudes au conservatoire de sa ville natale, puis à Strasbourg
(Ballet du Rhin) et enfin à Mudra (l’école de Maurice Béjart à Bruxelles). Elle sera soliste au
Ballet du XXe siècle (1972-1976). Elle crée déjà sa première chorégraphie (Yu Ku Ri en
1976 à Bruxelles), et remporte les concours de Nyon (Evocation - 1977) et de Bagnolet
(Nieblas de Nino - 1978).
Après une première aventure, sous le nom de “Ballet-Théâtre de l’Arche“, fondé en 1978
avec Daniel Ambash, Maguy Marin constitue sa propre compagnie, accueillie à la Maison
des arts de Créteil en 1981 (l’année de la création de May B, inspirée de l’univers de
Samuel Beckett), qui deviendra Centre Chorégraphique National en 1990.
Dès 1979, Françoise Adret — alors directrice du Ballet de l’Opéra de Lyon (jusqu’en 1991,
où elle cèdera la place à Yorgos Loukos, son adjoint depuis 1985) — fait appel à Maguy
Marin pour réaliser plusieurs créations, dont la fameuse Cendrillon. Maguy Marin sera, un
temps (1991-1994), chorégraphe résidente du Ballet de l’Opéra de Lyon .
Voulant inscrire de plus en plus leur travail dans l’espace public et la réalité sociale, Maguy
Marin et sa compagnie — auxquelles s’est associé, depuis 1987, le compositeur Denis
Mariotte — s’implantent en 1998 à Rillieux-La-Pape, où un nouveau lieu s’est ouvert en avril
2006 pour abriter les activités de la compagnie, qui reçoit également des artistes en résidence.
Repères chorégraphiques : La Jeune fille et la mort 1979, May B 1981, Babel, Babel
1982, Hymen 1984, Eden 1986, Coups d’Etat 1988, Waterzooï 1993, Ram Dam
1995, Umwelt 2004, ça, quand même ! 2004, Ha ! Ha! 2006, Turba 2007.
otomo -
Duo extrait de Con Forts Fleuve
Chorégraphie
Boris Charmatz
Assistant à la chorégraphie
Christophe Ives
Lumières
Yves Godin
Chorégraphie
Maguy Marin
Lumières
François Renard
Musique
Ludwig van Beethoven
die grosse Fuge op. 133,
pour quatuor à cordes
Quatuor à cordes
(musiciens de l’Opéra de Lyon)
Costumes
Chantal Cloupet
septembre 2008
ma 9 - me 10 à 20h30
Textes : © Josseline Le Bourhis
L’Opéra national de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Lyon,
le conseil régional Rhône-Alpes et le conseil général du Rhône.
Créé par Boris Charmatz et Dimitri Chamblas
(Association Edna) en 1999
Entrée au répertoire du Ballet
de l’Opéra de Lyon
Pour 2 danseuses ou 2 danseurs / Durée : 16 min.
grosse fugue
En coproduction avec la Biennale de la danse
opéra de lyon : Directeur général Serge Dorny Directeur de la danse yorgos Loukos
Création par le Ballet de l’Opéra de Lyon
le 19 juin 2007
Pour 15 danseurs / Durée : 40 min.
se renseigner - réserver
0826 305 325 (0,15e/mn)
Créé par la Compagnie Maguy Marin en 2001
Entrée au répertoire du Ballet
de l’Opéra de Lyon le 12 février 2006
Pour 4 danseuses / Durée : 19 min.
“ Le travail d’abstraction que je recherche n’a rien de formel, au
contraire, il doit toujours pouvoir porter une qualité, des états de sensibilité particuliers qui parlent, touchent et qui sont ici liés à la musique.
Avec Benoît Louette, compositeur nous avons développé une forme de collaboration qui fait de A cet endroit, une partition à danser. La danse n’est
pas écrite ou collée sur la musique, mais en dialogue avec elle. Les points
d’impact, de rencontre, fonctionnent comme des repères, des appuis...
Je n’ai pas voulu faire un simple exercice de style, mais renouveler les
enjeux de la chorégraphie. En travaillant de manière intuitive, j’ai surtout
cherché à me laisser surprendre par la création en train de se faire. Avec
des danses nourries des éléments de la vie et dont les élans, comme les
vertiges, les contacts, les portés, les étreintes ou les chutes, tendent vers
l’irréel.“
Odile Duboc
Il s’agissait pour Odile Duboc de transmettre sa propre danse à d’autres interprètes que
ceux de sa compagnie. Comment tenter avec eux, et dans des circonstances de travail
différentes, une semblable prise de risque et de responsabilité envers la création et le
mouvement ? Elle a développé un processus de travail en plusieurs étapes, comprenant
différentes approches. La transmission aux danseurs d’une même phrase dansée que chacun s’est appropriée, à sa façon, en donne la structure. Recomposée en plusieurs variations, c’est une entrée dans le langage poétique que la chorégraphe module, à travers
des états sensoriels flottants ou aériens, à partir d’un travail mené en profondeur sur le
corps (ateliers d’improvisation) : être à l’écoute de soi, attentif à la musicalité intérieure.
Entrelaçant quiétude et vivacité, la chorégraphe ménage des vides et des pleins, laissant surgir une danse fluide. De la coulée des corps sur un praticable à la précision
du détail gestuel ou des trajectoires dansées, les interprètes investissent l’espace. Leur
mouvement esquisse un horizon d’aujourd’hui, entre effets de répétition hypnotique et
appels d’air. (Irène Filiberti)
A cet endroit, ici, maintenant... est une pièce ludique pour un ensemble de 15 danseurs, se déclinant en duos, trios, quatuors, comme autant de tracés éphémères...
A la manière des peintres Nabis*, les couleurs pastel des costumes posent des touches
légères sur les vert et gris du décor, comme un paysage éclairé de douces lumières.
* Mouvement pictural fondé par Maurice Denis et Paul Sérusier en 1888.
odile duboc
Odile Duboc (née en 1941) a élaboré son propre langage à partir du quotidien
et des gestes de la vie, loin des effets et des modes. Une “simplicité“ qui s’attache au sensible, aux éléments naturels, aux matières, à l‘essence des choses.
Formée à la danse classique, pédagogue, elle découvre en autodidacte d’autres
formes de danse et crée, dès les années 1970, sa propre école “Les ateliers de la
danse“ à Aix-en-Provence. Quelques années plus tard, elle choisit de se consacrer à la
chorégraphie, et fonde en 1983, avec Françoise Michel, éclairagiste et complice de
ses créations, la compagnie “Contre Jour“. Ses pièces de groupe comme Insurrection
(1989) ou Trois Boléros (1996), ses œuvres plus énigmatiques, tel le monde plastique et
étrange de Projet de la matière (1993), ou de Rien ne laisse présager de l’état de l’eau
(2005), ont fait sa réputation. Odile Duboc — entre 1981 (Vol d’oiseaux) et 1997
(Jardins mobiles) — a réalisé des évènements de rue pour le festival “Danse à Aix“. Elle
a aussi chorégraphié pour le Ballet de l’Opéra de Paris (Retours de scène — 1992,
Rhapsody in Blue —1998) et pour le Festival baroque de Versailles (Actéon, opéra de
Marc Antoine Charpentier, avec les Arts Florissants — 2004). Directrice du Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort depuis 1990, Odile Duboc a marqué
toute une génération d’interprètes et de chorégraphes.
Boris Charmatz semble remettre à plat le fait même de danser, s’invente
des contraintes, confrontant les corps à divers obstacles, les mettant à nu
ou les dérobant au regard dans une mise en cause permanente du chorégraphiquement correct.
“J’ai la volonté de ne pas “passer la rampe“ à tout prix. Un défi
lancé à l’interprète, et l’occasion d’expérimenter la présence
de corps “tenus à distance“, difficiles à saisir pour le spectateur...
Les visages et les corps sont un peu cachés. On ne voit pas tout, ça oblige
le public a plus d’imagination, à une projection mentale importante, et ça
ajoute des charges émotives : ce qu’il imagine est sans doute plus fou, plus
violent que ce qui se passe vraiment. Personne ne voit la même chose.“
Boris Charmatz
Dans Otomo*, les deux interprètes ont la tête enfouie sous un pantalon dont les
jambes de tissu enserrent le cou. Une danse “à l’étouffée“, brouillant la perception que le spectateur peut avoir du corps du danseur. Le fait que le visage ne soit
pas visible “désincarne“ le danseur et met à mal sa “présence“. Ne reste que sa
“physicalité“, amplifiée par la force que chacun déploie au bout du lien qui les
tient et les retient. Ce duo — conçu, à l’origine, pour deux garçons— a servi de
matrice à la danse de Con Forts Fleuve, bien qu’il n’apparaisse pas tel quel dans
la pièce, car éclaté en huit morceaux, mêlé aux corps des autres protagonistes...
C’est ce duo initial qui est donné à voir aujourd’hui, réinterprété par deux danseurs
du Ballet de l’Opéra de Lyon. Dans cette transmission d’un duo que le chorégraphe a dansé lui-même avec son complice Dimitri Chamblas, Boris Charmatz ne
cherche pas à reproduire à l’identique, mais pousse encore plus loin l’expérimentation, en confiant aussi cette chorégraphie à deux danseuses. La structure et la
matière de la danse restent les mêmes (équilibre/déséquilibre, stabilité/fragilité),
mais les corps étant différents, le nouveau binôme offrira forcément une autre vision.
*Otomo est le prénom du compositeur de Con Forts Fleuve
Mais c’est un titre-clin d’œil, puisque le duo est dansé sans musique !
(Otomo
Yoshihide).
boris charmatz
Formé à l’école de Danse de l’Opéra de Paris, puis au CNSMD de Lyon, Boris Charmatz
(né à Chambéry en 1973) est engagé par Régine Chopinot pour Ana (1990) et SaintGeorges (1991). En 1992, il est sollicité par Odile Duboc et rejoint la compagnie Contre
Jour pour 7 jours/7 villes (1992), Projet de la Matière (1993), Trois Boléros (1996).
Il participe en outre à la création de K de E d’Olivia Grandville et Xavier Marchand (1993).
En 1992, il fonde l’association Edna avec Dimitri Chamblas. Ensemble, ils chorégraphient et interprètent le duo A bras le corps (1993), puis conçoivent Les Disparates
(1994), solo bicéphale pour un danseur et une sculpture. Boris Charmatz présente
ensuite Aatt enen tionon (1996), pièce “verticale“ pour trois danseurs (chacun occupant
un étage d’une tour métallique à trois niveaux. En T-shirt et fesses nues !) ; puis herses
(une lente introduction) (1997), quatuor pour cinq danseurs et un violoncelliste sur des
musiques d’Helmut Lachenmann. En 1999, il crée Con Forts Fleuve, sur des textes de
John Giorno et des musiques d’Otomo Yoshihide. En 2002, il réalise une pièce chorégraphique en forme de poupées russes héâtre-élévision, spectacle réduit à un film,
lui-même contenu dans un téléviseur présenté au sein d’une installation à l’attention
d’un seul spectateur à la fois. Quatre ans plus tard, il propose avec Quintette cercle
(2006), une tranche de ce spectacle en version live. En 2006, il signe le trio régi
qui réunit sur scène Julia Cima et lui-même, autour de la figure de Raimund Hoghe.
En 2007, Boris Charmatz est invité par Mikhaïl Baryshnikov dans son centre de danse
et de théâtre à New York. Il est aussi demandé pour enseigner au CND de Pantin, et
à l’Université de Berlin. En 2008, Boris Charmatz succède à la chorégraphe Catherine
Diverrès à la direction du Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne.