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Note de presse
Paris, le 09 avril 2014
Actualités de l’EASL 2014
Congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du foie
Londres 9 – 13 avril 2014
Le 49ème congrès de l’Association européenne pour l’étude du foie (EASL) se déroule à
Londres du 9 au 13 avril 2014. Parmi les études soutenues par l’ANRS (France
Recherche Nord&Sud Sida-hiv Hépatites), une étude de modélisation, présentée par
Anthony Cousien (Inserm U1137 - IAME, Université Paris Diderot, Paris), s’intéresse
aux aspects préventifs des nouvelles molécules directement dirigées contre le virus
de l’hépatite C chez les usagers de drogues. Outre les programmes de réduction des
risques, des stratégies de prise en charge optimisées pourraient contribuer à limiter la
propagation de ce virus parmi cette population.
Des travaux de recherche fondamentale dévoilent, quant à eux, comment le virus de
l’hépatite C parvient à maintenir un environnement cellulaire propice à sa réplication.
A travers une action ambivalente : inducteur d’un stress oxydatif, qui provoque
inflammation et perturbation métabolique, il est également initiateur de réponses antioxydantes pour contrecarrer ce stress. Pourquoi une telle contradiction ? Comment
module-t-il ce stress ? Birke Bartosch (Inserm U1052, CRCL, Lyon), apporte des
éléments de réponse originaux.
1 - Hépatite C et nouveaux traitements : Définir des stratégies utiles à la
prévention chez les usagers de drogues injectables
L’efficacité des nouvelles molécules directement dirigées contre le virus de l’hépatite C (VHC), la
durée plus courte des traitements et la diminution des effets secondaires symbolisent un véritable
espoir d’éradiquer l’hépatite C. Ces nouveaux traitements représentent en particulier une
opportunité de réduire la transmission du VHC dans les groupes les plus à risque d’infection
aujourd’hui : les usagers de drogues qui partagent le matériel d’injection ou d’inhalation. Quelle
serait alors la meilleure stratégie de prise en charge de ces populations pour limiter la propagation
du virus ? Anthony Cousien, de l’équipe du Professeur Yazdan Yazdanpanah (Inserm U1137 – IAME
« Infection, Antimicrobiens, Modélisation, Evolution », Université Paris Diderot, Paris) apporte
quelques éléments de discussion.
Les chercheurs ont effectué un travail de modélisation mathématique simulant la transmission du
virus de l’hépatite C au sein d’une population d’usagers de drogue vivant en France sur une période
de dix ans. Les données nécessaires à la modélisation proviennent principalement de l’étude ANRS–
Coquelicot menée en 2004 et 2011 par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) et l’Inserm (Cermes3Inserm U988). Cette étude a permis de recueillir des données épidémiologiques et socioanthropologiques auprès de cette population.
Différentes stratégies, pour réduire la transmission du VHC parmi les usagers de drogues, ont été
évaluées. La première représente la situation actuelle dans cette population : un temps moyen entre
l’infection et le diagnostic de 1,25 an, entre le diagnostic et le lien aux soins de 2,1 ans, un taux de
perdus de vue de 14% par an, une mise sous traitement à partir du stade de fibrose du foie F2
(atteinte moyennement grave) et un taux de réponse virologique soutenue (marquant le succès du
traitement) de 81,3% (correspondant aux essais cliniques des nouvelles molécules). Les autres
stratégies reposent sur l’amélioration d’un ou plusieurs paramètres de cette chaîne de prise en
charge : réduction du délai du dépistage de la maladie (6 mois), abaissement couplé du lien aux soins
(6 mois) et du taux de perdus de vue (5% par an). Les chercheurs ont également évalué une
combinaison des deux précédentes stratégies. Ils ont, par ailleurs, considéré dans leur étude une
possible augmentation de l’adhérence au traitement (représenté par un taux de réponse virologique
de 90%) ou encore la mise sous traitement immédiatement après le dépistage. Enfin, dans la
dernière stratégie évaluée, tous les paramètres sont améliorés.
La meilleure stratégie de traitement serait observée lorsque celui-ci est initié immédiatement après
le dépistage : la prévalence (nombre de personnes atteintes par une maladie rapporté à la
population) et l’incidence (nombre de personnes nouvellement atteintes par une maladie, au cours
d’une période donnée) sont divisées par deux par rapport aux autres stratégies. Ce résultat pourrait
être encore amélioré de 30% si tous les autres paramètres étaient également optimisés
Cette étude soulève la question essentielle du dépistage et de la prise en charge médicale de cette
population qui en est la plus souvent éloignée. Pour être efficaces en termes de santé publique, les
stratégies proposées devront être couplées à des programmes de réduction des risques pour limiter
le risque d’infection.
Contact scientifique
Professeur Yazdan Yazdanpanah. Email : [email protected]. Tél : 01.40.25.78.03
2 - La glutathione peroxydase 4, un allié de l’hépatite C.
La présence du virus de l’hépatite C (VHC) dans les cellules du foie est à l’origine d’un stress oxydatif
qui perturbe le fonctionnement normal des cellules, entrainant inflammation et perturbation
métabolique. Une famille de molécules en est à l’origine : les ROS (dérivées réactifs de l’oxygène).
Ces molécules oxydantes sont régulées de façon très précise par le VHC : il est capable d’en stimuler
la production ou, si leur présence est un obstacle à sa multiplication, d’induire leur dégradation
enzymatique. Quels sont les mécanismes sous-jacents ? Pourquoi des molécules oxydantes
empêchent-elles la réplication du VHC ? Pour tenter de comprendre ce phénomène, Charlène Brault
et Birke Bartosch (Inserm U1052 dirigée par le Professeur Fabien Zoulim, CRCL, Lyon) ont, au sein de
modèles originaux proches physiologiquement de la réplication virale, analysé l’action du VHC sur
plusieurs molécules oxydantes et anti-oxydantes de la cellule.
Au sein des membranes cellulaires, la présence de lipides oxydés, produits sous l’action des ROS,
provoque une modification de la fluidité membranaire avec pour conséquence d’empêcher la fusion
du virus avec la cellule cible. En leur présence, le VHC peine à se répliquer et à infecter de nouvelles
cellules. C’est donc logiquement la cible que le VHC va chercher à atteindre. Une enzyme, la
glutathione peroxydase 4 (GPx4), est l’arme de destruction employée en raison de sa capacité à
détruire les lipides oxydés. Le VHC stimule directement l’action de la GPX4, qui en retour va dégrader
les lipides oxydés, permettant ainsi la propagation optimale du virus. Le VHC a besoin de l’enzyme
GPX4 qui semble donc être un partenaire essentiel au VHC pour se multiplier correctement et
infecter de nouvelles cellules.
Le virus de l’hépatite C se révèle capable de maintenir un environnement cellulaire propice à sa
réplication virale et à son infectiosité. Une nouvelle voie de recherche pour les équipes de recherche
fondamentale ?
Contact scientifique
Birke Bartosch : Email: [email protected]. Tél. : 04.72.68.19.75
Sources
Abstract 1 – Impact of new DAA-containing regimens on HCV transmission among injecting drug users
(IDUS): a model-based analysis. Présenté le vendredi 11 avril 2014 à 17h00.
Anthony Cousien1,2, Viet Chi Tran3, Marie Jauffret-Roustide4,5, Sylvie Deuffic-Burban1,2,6, Jean-Stéphane Dhersin7, Yazdan
Yazdanpanah1,2,8
1
IAME, UMR 1137, INSERM, F-75018 Paris, France
2
IAME, UMR 1137, Univ Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, F-75018 Paris, France
3
Laboratoire Paul Painlevé UMR CNRS 8524, UFR de Mathématiques, Université des Sciences et Technologies Lille 1, Cité
Scientifique, Villeneuve d’Ascq, France
4
Institut de Veille Sanitaire, Saint-Maurice, France
5
CERMES3: Centre de Recherche Médecine, Sciences, Santé, Santé Mentale et Société, (INSERM U988 Université Paris
Descartes, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), Paris, France
6
Inserm U995, Université Lille 2 – Lille Nord de France, Lille, France
7
Université Paris 13, Sorbonne Paris Cité, LAGA, CNRS, UMR 7539, F-93430, Villetaneuse, France
8
Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital Bichat Claude Bernard, Paris, France
Abstract 2 - The specific infectivity of hepatitis C virus is regulated by the catalytic activity of the lipid
peroxide scavenger glutathione peroxidase 4. Présenté le jeudi 10 avril 2014 à 16h45.
Charlène Brault1, Pierre Levy1, Maud Michelet1, Aurélie Sallé1, Eve-Isabelle Pecheur1, Evelyne Véricel2, Alexander V. Ivanov3,
Margarete Odenthal4, Hans-Michael Steffen4, Fabien Zoulim1,5, Birke Bartosch1
1
Inserm, U1052, Cancer Research Center of Lyon (CRCL), University of Lyon, Lyon, France
2
Université de Lyon, UMR 1060 INSERM CarMeN, IMBL, INSA-Lyon, France
3
Engelhardt Institute of Molecular Biology, Russian Academy of Sciences, Moscow, Russia
4
University of Cologne, Cologne, Germany
5
Hospices civils de Lyon (HCL), Lyon, France
Contacts presse ANRS :
Marie-Christine Simon
Responsable du service information scientifique et communication
Tél. : 01.53.94.60.30
[email protected]
Noëlla Lefebvre
Chargée de communication scientifique
Tél. : 01.53.94.60.21
[email protected]