Dossier de presse - Chemins

Transcription

Dossier de presse - Chemins
Les Rendez-­‐vous du Banquet Samedi 2 mai à 17 h Rencontre avec Michèle Lesbre autour de son nouveau roman Chemins Sabine Wespieser Éditeur, février 2015 Conversation-­‐lecture-­‐débat avec l’auteur Entrée libre et gratuite Michèle Lesbre est née en 1939 et vit à Paris. Après avoir fait du théâtre dans des troupes régionales et enseigné dans les écoles, elle se consacre à l’écriture. Ses livres -­‐ La Belle Inutile, Le Rocher, 1991 -­‐ Un homme assis, Manya, 1993 -­‐ Une simple chute, Actes Sud Babel noir, 1997 -­‐ Que la nuit demeure, Actes Sud Babel noir, 1999 -­‐ Nina par hasard, Seuil, 2001 ; réédité chez Sabine Wespieser éditeur en 2010 -­‐ Victor Dojlida, une vie dans l'ombre, Noésis, 2001 réédité chez Sabine Wespieser éditeur en 2013. -­‐ Boléro, Sabine Wespieser éditeur 2003 -­‐ Un certain Felloni, Sabine Wespieser éditeur, 2004 -­‐ La Petite Trotteuse , Sabine Wespieser éditeur, 2004-­‐ prix des libraires Initiales automne 2005, prix Printemps du roman 2006, prix de la ville de Saint-­‐Louis 2006 -­‐ Le Canapé rouge, Sabine Wespieser éditeur a été finaliste du prix Goncourt 2007 et traduit dans une douzaine de pays -­‐ Sur le sable, Sabine Wespieser éditeur, 2009 -­‐ Mais d’où venez-­‐vous ?, Seuil, 2010, avec Sylvie Granotier -­‐ recueil de témoignages de prisonniers sans papiers. -­‐ Un lac immense et blanc (2011), -­‐ Écoute la pluie (2013) À propos de Chemins, présentation de l’éditeur : « J’ai trois ans. Un homme qui me paraît immense entre dans la minuscule cuisine de l’appartement rue du Souci à Poitiers, me prend dans ses bras, je ne l’ai jamais vu. Ma mère me demande de l’appeler papa. C’est mon père. » Des années après la mort de son père, dont l’apparition s’impose dès les premières phrases de son nouveau roman, Michèle Lesbre tente de se réconcilier enfin avec son « intime étranger », ce père qu’elle a si peu et si mal connu. Assis sous un réverbère, un homme bien mis, pipe à la main, est totalement absorbé par sa lecture. La scène est insolite, la silhouette presque familière, et quand la narratrice, intriguée, parvient à déchiffrer le titre de l’ouvrage, le passé la submerge. Scènes de la vie de bohème, d’Henry Murger, ne quittait pas le bureau de son père, et elle s’était souvent étonnée, sans oser lui poser la question, qu’il l’évoque comme un livre « qui était toute sa jeunesse ». Quel rapport entre les aventures de quatre joyeux drilles à l’humeur frondeuse et l’homme tourmenté dont elle n’a jamais percé la part de mystère ? Avec le projet de lire enfin Murger, qui attendait son heure, elle s’engage dans un voyage rythmé de paisibles étapes le long d’un canal. Son imagination et sa mémoire dérivent au fil de l’eau et des rencontres – une gardienne de vaches, un éclusier tendre et un peu menteur, un délicieux couple de mariniers… Mais elle ne s’arrêtera jamais très longtemps auprès d’aucun de ceux-­‐là. Elle sait qu’ils la mènent à un autre rendez-­‐vous, bien plus essentiel, avec ce père qui un jour fut un jeune homme insouciant, rêvant de la vie de bohème. Chemins est une bouleversante quête du père, et un très beau roman des origines. Extrait de Chemins, p.93-­‐94 : LA PÉNICHE S’APPELAIT MINETTE, le couple nous attendait. Un petit jour humide et frais donnait des frissons. La femme m’a offert un café brûlant tandis que le moteur se mettait en marche. Ils m’ont abandonnée pour effectuer toutes les manœuvres nécessaires, un ballet précis, rythmé, porté par leur complicité muette, des regards, des gestes, des mimiques, tout un langage intime et tendre. Le chien et moi sommes allés nous poster à l’avant, tandis que la péniche s’ébranlait lentement, vibrant sous nos corps, nous arrachant à nos tourments respectifs. Plus de laisse pour le chien, plus de maison à apprivoiser. Je me souviens de la femme au maillot noir, aperçue depuis le train, qui paraissait appeler le jour, la lumière. Je l’appelais aussi cette lumière, je vouslais qu’elle me pénètre, qu’elle m’inonde. Nous glissions entre deux rangées de peupliers auxquels je tendais les bras, j’avais envie de les enlacer, de les tenir contre moi comme de vieux amants fidèles. J’avais envie de m’endormir dans les près, de m’immerger dans l’eau, de me laisser avaler par le ciel. J’ai crié, Vous nous avez sauvés, en me tournant vers la cabine. La femme est sortie et m’a demandé si j’avais besoin de quelque chose, elle n’avait pas entendu. J’ai fiat signe que non. J’ai soulevé le chien dans mes bras, il était lourd, chaud, je le serrais en enfouissant mon visage dans sa fourrure, dans cet état d’exaltation qui parfois me transporte au-­‐
dessus des mots que je ne trouve pas pour exprimer ces moments radieux où le corps exulte, où il n’est plus dans la retenue, l’apparence, où une joie secrète se déploie dans le silence. Il n’y a pas de mots pour ces instants là. Je les ai rejoints. J’avais envie de partager certains des gestes nécessaires, je voulais que tout soit harmonieux dans ce voyage, être près d’eux, avec eux, être ensemble. Un désir d’absolu comme celui qui porte les joies enfantines. Ils m’ont demandé le nom du chien, j’ai dit Boby, je n’avais pas pensé à ce détail. C’était simplement le chien. J’ai failli leur raconter notre histoire, mais c’était peut-­‐être inutile. La presse en parle : L'auteur travaille sur la transparence, la lumière et ses variations jouent un rôle majeur, les temps se côtoient, hier et aujourd'hui réunis, les morts aussi présents que les vivants... […] On progresse en funambule dans les détours de ce pèlerinage au charme flottant, ému par la finesse et la limpidité cristallines du texte, bouleversé par cette rencontre d'une femme et d'un père, à jamais intime étranger. Touché aussi par cette légère distance au monde qui semble, pour la première fois, s'installer. Il y a tant de beauté dans ce livre. » Michel Abescat, Télérama, samedi 21 février 2015 Dans Chemins, son dernier roman, comme dans Le Canapé rouge ou dans Écoute la pluie, la trame des livres de Michèle Lesbre est la vie même. C’est l’évidence, direz-­‐vous : tout roman ne prend-­‐il pas ses racines dans l’existence? Encore faut-­‐il savoir en parler. Savoir rendre cette respiration sans cesse renouvelée, ce battement souterrain du monde et du cœur, et surtout ce que glisse chacun d’entre nous dans les intervalles de ces rythmes réguliers, ce que chacun en retient aussi. Il faut savoir dire l’écoulement de la vie avec précision, avec élégance, en lui donnant un sens. Et c’est à quoi s’attache avec talent Michèle Lesbre. […] Nostalgie, oui, mais pas seulement. Il y a dans les livres de Michèle Lesbre un élan vital, une qualité d’émerveillement, un humour diffus, une sorte de confiance qui comblent le lecteur : C’est peut-­‐être la dernière fois, mais quelle dernière fois? Il y en a tant. Eléonore Sulser, Le Temps, samedi 28 février 2015