JP Euzéby : Dictionnaire de Bactériologie Vétérinaire Mise à

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J.P. Euzéby : Dictionnaire de Bactériologie Vétérinaire
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Mise à jour : 25 juin 2000
LISTERIA
Autres
dénominations :
. Listeria grayi : "Murraya grayi", "Murraya grayi subsp. grayi". Note : Listeria grayi
inclut
les
souches
de
Listeria
murrayi.
. Listeria ivanovii : "Listeria bulgarica", "Listeria monocytogenes subsp.
perhaemolytica", "Listeria perhaemolytica", Listeria monocytogenes souches du sérovar
5.
. Listeria monocytogenes : "Bacterium monocytogenes", "Listerella hepatolytica",
"Bacterium monocytogenes hominis", "Corynebacterium parvulum", "Erysipelothrix
monocytogenes",
"Corynebacterium
infantisepticum".
. Listeria murrayi : "Murraya grayi subsp. murrayi". Note : Les souches de Listeria
murrayi sont actuellement incluses dans l'espèce Listeria grayi.
Introduction
Le genre Listeria est constitué de bactéries largement répandues dans le milieu
extérieur. Il compte actuellement six espèces dont deux, Listeria ivanovii et, surtout,
Listeria monocytogenes sont responsables d'infections chez l'homme et/ou l'animal.
Durant de nombreuses années, les listérioses étaient principalement considérées comme
des maladies des animaux même si des cas sporadiques et parfois dramatiques étaient
décrits chez l'homme. Dans les années 1979/1980, Listeria monocytogenes a été
identifiée comme une des bactéries responsables d'infections d'origine alimentaire et,
depuis cette époque, les Listeria sp. ont suscité de nombreuses inquiétudes chez les
consommateurs et sont devenues des bactéries dont on parle abondamment (trop ?) dans
les grands organes d'information. Pourtant, l'incidence des infections alimentaires
collectives dues à Listeria monocytogenes est faible, comparée à l'incidence des
infections dues aux salmonelles, aux campylobactéries ou aux Escherichia coli.
De multiples recherches sont actuellement développées dans des domaines très divers :
étude des facteurs de pathogénicité, mise au point de nouvelles techniques de
diagnostic, mise au point de techniques de biopréservation... Le texte présenté cidessous n'a pas la prétention d'être exhaustif et la priorité est donnée aux aspects
bactériologiques.
Systématique
Listeria monocytogenes, espèce type du genre Listeria, a été décrite en 1926 par Murray
et al. sous le nom de "Bacterium monocytogenes" puis renommée "Listerella
hepatolytica" (Pirie, 1927). En 1940, Pirie a proposé la nomenclature de Listeria
monocytogenes qui sera retenue par les Approved Lists of Bacterial Names.
En 1961, Prévot propose l'appellation de Listeria denitrificans pour une unique souche
bactérienne isolée en 1948 par Sohier, Benazet et Piéchaud à partir de sang de bœuf
chauffé. Ultérieurement, ont été décrites les espèces Listeria grayi et Listeria murrayi.
Ces quatre espèces ont été retenues dans les Approved Lists of Bacterial Names mais,
depuis la parution de ces listes, la systématique du genre Listeria a été profondément
modifiée.
Dès 1973, les premières études d'hybridation ADN - ADN avaient suggéré
l'hétérogénéité génomique des souches regroupées sous la dénomination de Listeria
monocytogenes. En 1983, de nouvelles études d'hybridation ADN - ADN, portant sur 66
souches, confirment cette hétérogénéité et montrent que l'espèce Listeria
monocytogenes sensu lato est constituée de cinq genomospecies (pour la définition
d'une genomospecies voir le fichier Définitions d'une genomospecies et d'une espèce
bactérienne)
:
. La genomospecies 1 inclut la souche type de Listeria monocytogenes et elle
correspond
à
l'espèce
Listeria
monocytogenes
sensu
stricto.
. La genomospecies 2 rassemble les souches du sérovar 5. Compte tenu de leurs
caractères génomiques, antigéniques et phénotypiques, les souches du sérovar 5
(genomospecies 2) ont été placées, en 1984, dans une nouvelle espèce, Listeria ivanovii.
En analysant les profils d'isoenzymes de 23 souches de Listeria ivanovii Boerlin et al.
identifient 2 groupes au sein de cette espèce. Ces résultats sont confirmés par des études
d'hybridation ADN - ADN et par les profils de restriction des gènes codant pour les
ARNr. Les pourcentages d'homologie des ADN montrent que ces 2 groupes doivent être
considérés comme des sous-espèces. Ces 2 sous-espèces peuvent être différenciées par
des caractères phénotypiques aussi, Boerlin et al. proposent les nomenclatures de
Listeria ivanovii subsp. ivanovii (pour les souches du groupe I qui renferment l'espèce
type) et de Listeria ivanovii subsp. londoniensis (pour les souches du groupe II).
. Parmi les souches de la genomospecies 3, figure la souche type de Listeria innocua,
nomenclature effectivement publiée en 1979 par Seeliger pour des souches non
pathogènes de Listeria monocytogenes. Aussi, la genomospecies 3 correspond à Listeria
innocua.
. Les souches des genomospecies 4 et 5 ne sont pas (ou très rarement) pathogènes, elles
peuvent être caractérisées par leurs caractères phénotypiques et elles ont été placées en
1983 dans les espèces Listeria welshimeri (genomospecies 4) et Listeria seeligeri
(genomospecies 5).
L'unique souche de Listeria denitrificans* présente quelques caractères bactériologiques
semblables aux Listeria sp. mais elle s'en distingue par ses caractères morphologiques
car c'est un bacille présentant soit des formes en Y soit des formes en club de golf soit,
dans les vieilles cultures, des formes sphériques. Plusieurs études de taxonomie
numérique ont montré que Listeria denitrificans était plus proche des Corynebacterium
sp., des Cellulomonas sp. ou des Arthrobacter sp. que de Listeria monocytogenes. Son
pouvoir cellulolytique, la présence de lysine dans le peptidoglycane et la composition
des acides gras rapprochent cette bactérie des Oerskovia sp. alors que d'autres caractères
et notamment la valeur du G + C p. cent la rapproche de Renibacterium salmoninarum.
Les études d'homologie ADN - ADN révèlent que Listeria denitrificans présente un
maximum de 20 p. cent d'homologie avec les Listeria sp. ce qui suggère également que
cette espèce doive être exclue du genre. La position taxonomique de cette bactérie a été
résolue par Rocourt et al. en 1987. Ces auteurs établissent le dictionnaire des
oligonucléotides de l'ARNr 16S de Listeria denitrificans et ils le comparent aux
dictionnaires établis pour plus de 150 bactéries à Gram positif. Les résultats montrent
que Listeria denitrificans est phylogénétiquement apparentée aux actinomycètes et
qu'elle doit être placée dans un nouveau genre pour lequel les auteurs proposent la
nomenclature de Jonesia. Actuellement, Jonesia denitrificans appartient à la famille des
Jonesiaceae, au sous-ordre des Micrococcineae, à l'ordre des Actinomycetales, à la
sous-classe des ¤ Actinobacteridae et à la classe des ¤ Actinobacteria.
Listeria grayi et Listeria murrayi ont posé de nombreux problèmes taxonomiques. En
1973, Stuart et Welshimer montrent que ces deux espèces présentent de fortes
homologies ADN - ADN mais que la distance génomique entre Listeria monocytogenes
d'une part et Listeria grayi et Listeria murrayi d'autre part est importante. Aussi, ces
auteurs proposent le transfert de Listeria grayi et de Listeria murrayi dans le nouveau
genre "Murraya" avec les appellations, non validement publiées, de "Murraya grayi
subsp. grayi" et de "Murraya grayi subsp. murrayi". Cependant, des études de
taxonomie numérique et de chimiotaxonomie montrent que ces bactéries sont
apparentées à Listeria monocytogenes et des études génétiques ultérieures (homologies
ADN - ADN, analyse des profils d'isoenzymes, étude des profils de restriction des gènes
codant pour les ARNr 16S, séquençage des ARNr 16S) confirment que ces deux
espèces appartiennent bien au genre Listeria même si elles forment un groupe
génomique
distinct
des
autres
espèces
du
genre.
En 1992, Rocourt et al. confirment l'existence de fortes similitudes génomiques entre
Listeria grayi et Listeria murrayi et proposent de réunir ces deux taxons en une unique
espèce qui, en raison des règles de priorité, doit être dénommée Listeria grayi.
La position supragénérique du genre Listeria est actuellement résolue. Historiquement,
sur la base de quelques caractères morphologiques, le genre Listeria avait été rapproché
des corynébactéries. Toutefois, les études chimiotaxonomiques, l'étude des
oligonucléotides de l'ARNr 16S et, surtout, le séquençage total de l'ARNr 16S ont
prouvé que les Listeria sp. appartiennent au grand groupe des Bacillus/Clostridium (ou
groupe des bactéries à Gram positif avec un G + C p. cent inférieur à 50) et, au sein de
cet ensemble, au groupe des Bacillus/Lactobacillus/Streptococcus et plus précisément
au groupe des Bacillus/Staphylococcus (voir le fichier ¤ "Groupe des
Bacillus/Clostridium : bactéries à Gram positif avec un G + C p. cent < à 50"). La
validité de cette position taxonomique est renforcée par l'absence d'acides mycoliques et
par la présence d'acides lipotéchoïques.
Caractères bactériologiques
Caractères généraux du genre Listeria
Les Listeria sp. se présentent sous la forme de petits bacilles droits (quelques cellules
peuvent être incurvées), de 0,4 à 0,5 µm de diamètre sur 0,5 à 2,5 µm de longueur, aux
extrémités arrondies, se présentant de manière isolée ou groupés en V ou en L ou en
palissades ou, parfois, en courtes chaînes. Dans les vieilles cultures, il est possible
d'observer des formes mesurant de 6 à 20 µm de longueur et lors de l'examen d'un
produit pathologique ou lors de l'observation d'un bouillon de culture, il est possible
d'observer des formes coccoïdes (0,4 à 0,5 µm de diamètre sur 0,4 à 0,6 µm de
longueur).Ce sont des bactéries à Gram positif (les cellules prélevées dans de vieilles
cultures retiennent mal la coloration de Gram), non acido-résistantes, non capsulées,
non sporulées, aéro-anaérobies facultatives mais cultivant mieux en aérobiose et
mobiles lorsqu'elles sont cultivées à 20 - 28 °C. La ciliature est de type péritriche avec
un nombre de flagelles compris entre 1 et 5 et la mobilité est caractéristique car la
bactérie semble tourner sur elle-même. En gélose mobilité (ensemencement par une
strie centrale) incubée à 25 °C, la mobilité se traduit par une image typique en sapin
renversé traduisant, outre la mobilité, le caractère aérobie préférentiel des Listeria sp.
Le G + C p. cent est compris entre 36 et 42, le peptidoglycane est du type A1 gamma
(voir le fichier : ¤), la paroi renferme des acides téchoïques et lipotéchoïques, les acides
mycoliques sont absents, les acides gras sont saturés et non ramifiés et la ménaquinone
majeure est du type MK-7 (les autres ménaquinones sont du type MK-5 et MK-6).
Caractères biochimiques
Une réponse positive est notée pour les tests catalase (quelques rares souches sont
catalase négative et la catalase est inhibée par une culture effectuée en présence d'une
concentration en glucose supérieure à 10 p. cent ou par une culture dans un milieu
pauvre en viande et en extraits de levure), phosphatase alcaline, Voges-Proskauer, rouge
de méthyle, hydrolyse de l'esculine, réduction du tellurite de potassium à 0,5 p. cent,
réduction du bleu de méthylène, bêta-D-galactosidase, fermentation du glucose avec
production d'acide lactique, acidification (en 48 heures) de l'amygdaline, du cellobiose,
de l'esculine, du fructose, du mannose et de la salicine, acidification (en 2 à 6 jours) de
l'alpha-méthyl-D-glucoside, acidification (en 10 jours) du glycérol.
Une réponse négative est obtenue pour les tests oxydase, citrate de Simmons, indole,
uréase, gélatinase, hydrolyse de la caséine, hydrolyse de la cellulose, hydrolyse de la
tyrosine, hydrolyse de la xanthine, phénylalanine désaminase, LDC, ODC et ADH. Sauf
exceptions, l'adonitol, l'arabinose, le dulcitol, l'érythritol, le glycogène, l'inositol,
l'inuline, le mannitol, le mélibiose, le raffinose et le sorbose ne sont pas acidifiés.
Les Listeria sp. hydrolysent l'hippurate de sodium (à l'exception des souches de Listeria
grayi), elles ne produisent pas d'hydrogène sulfuré (à l'exception de quelques souches de
Listeria grayi qui produisent de faibles quantités d'H2S détectables par la méthode du
papier à l'acétate) et elles ne réduisent pas les nitrates en nitrites (à l'exception des
souches autrefois appelées Listeria murrayi et actuellement incluses dans l'espèce
Listeria grayi).
Caractères culturaux
Les Listeria sp. ne sont pas des germes exigeants et la culture est obtenue sur les
milieux classiques telles qu'une gélose nutritive ou une gélose au sang. La culture est
stimulée par l'addition de glucose à la concentration de 0,2 à 1 p. cent et, sur de tels
milieux, les cultures dégagent une odeur de beurre rance.
L'optimum thermique est compris entre 30 et 37 °C mais la croissance est possible pour
des températures allant de 1 à 45 °C et certaines souches de Listeria monocytogenes
peuvent même se développer, avec un temps de génération de 62 à 131 heures, à des
températures légèrement inférieures à 0 °C.
Le pH optimal est un pH de 7 ou légèrement alcalin mais, la croissance est obtenue pour
un large éventail de pH. Classiquement, il était admis que les souches pouvaient croître
pour des pH compris entre 5,6 et 9 (voire même 9,6 pour certaines souches de Listeria
monocytogenes). En fait, certaines souches de Listeria monocytogenes sont aptes à se
multiplier à des pH de l'ordre de 4,3-4,6 lorsqu'elles sont placées dans un bouillon
trypticase soja incubé à 30 °C. En revanche, toutes les souches meurent en quelques
heures lorsqu'elles sont placées dans un milieu dont le pH est inférieur à 3,3 et de
nombreuses souches meurent à un pH inférieur à 5,5 (les milieux ayant servi à étudier la
fermentation des sucres ne permettent pas toujours un repiquage de la souche).
Les Listeria sp. présentent une certaine halotolérance et toutes les souches cultivent en
présence de 10 p. cent de NaCl. Certaines souches tolèrent même des concentrations en
sel de 20 p. cent et/ou peuvent survivre un an, à pH 6, dans un milieu contenant 16 p.
cent de NaCl.
La valeur optimale de l'aw est de 0,97 mais la croissance est possible pour une aw de
0,943 alors qu'elle n'a pas lieu pour une aw inférieure à 0,92. Toutefois, le germe reste
viable (sans multiplication) plusieurs jours pour des valeurs d'aw plus faibles (par
exemple, 84 jours à + 4 °C dans un salami dont l'aw est de 0,79-0,86).
Toutes les souches cultivent sur une gélose de MacConkey, en présence de 10 ou de 40
p. cent de bile de bœuf, en présence de 0,025 p. cent d'acétate de thallium, en présence
de 0,04 p. cent de tellurite de potassium, en présence de 3,75 p. cent de thiocyanate de
potassium, en présence de 0,01 p. cent de chlorure de triphényltétrazolium. La
croissance est inhibée par 0,02 p. cent d'azide de sodium.
Sur gélose nutritive, après 24 heures d'incubation en aérobiose à 30-37 °C, les colonies
sont lisses, légèrement convexes, à bords réguliers, translucides et leur diamètre varie de
0,5 à 1,5 mm. En transillumination oblique, les colonies présentent une coloration bleuvert caractéristique. Si l'incubation est prolongée, les colonies grandissent, s'opacifient,
elles peuvent prendre un aspect rugueux et celles de l'espèce Listeria grayi apparaissent
orange-rouge en transillumination oblique. Sur gélose nutritive contenant du glucose et
incubée à 22-25 °C, quelques souches de Listeria grayi produisent un pigment jaune.
Sur une gélose contenant 5 p. cent de sang de mouton ou de cheval ou de lapin ou
d'homme, les colonies de Listeria ivanovii, de Listeria monocytogenes et de Listeria
seeligeri sont bêta hémolytiques. Le sang de certaines espèces, notamment celui des
ovins, peut contenir des anticorps anti-Listeria et il est préférable de rechercher
l'hémolyse en utilisant des globules rouges lavés. L'hémolyse est particulièrement
importante avec Listeria ivanovii (le rayon de la zone d'hémolyse peut atteindre 1 cm
après 3 jours d'incubation) et les souches de cette espèce peuvent s'entourer de plusieurs
zones d'hémolyse. En revanche, l'hémolyse est moins importante pour Listeria
monocytogenes ou Listeria seeligeri et elle n'est parfois visible que sous la colonie.
L'hémolyse peut être renforcée en recourant au test de CAMP. Listeria monocytogenes
et Listeria seeligeri donnent un CAMP test positif vis-à-vis d'une souche de
Staphylococcus aureus subsp. aureus productrice de bêta-lysine. Listeria ivanovii et
quelques souches de Listeria monocytogenes donnent un CAMP test positif vis-à-vis
d'une souche de ¤ Rhodococcus equi. Le test est réalisé sur une gélose trypticase-soja
contenant 5 p. cent de globules rouges lavés de mouton et l'utilisation de certaines
souches de Staphylococcus aureus subsp. aureus (telle que la souche CIP 57.10) et de
Rhodococcus equi (telle que la souche CIP 58.69) permet d'obtenir d'excellents
résultats.
Les principaux caractères permettant de différencier les espèces du genre Listeria sont
donnés dans le tableau I.
Caractérisation infraspécifique
Le typage des souches est indispensable pour des enquêtes épidémiologiques et pour
une meilleure connaissance de l'écologie. Depuis 1989, les méthodes phénotypiques
(étude des sérovars et des lysovars) ont été complétées par des méthodes moléculaires
(analyse des profils d'isoenzymes, ribotypie, analyse des profils de restriction de l'ADN,
amplification des fragments d'ADN avec des amorces arbitraires). Par contre, l'analyse
des plasmides présente peu d'intérêt car de nombreuses souches en sont dépourvues et la
diversité des plasmides des Listeria sp. est faible.
La présence de 15 antigènes somatiques (antigènes O) et de 5 antigènes flagellaires
(antigènes H) permet de reconnaître au moins 17 sérovars au sein du genre Listeria.
Le schéma de Seeliger et de Donker-Voet permet de reconnaître 16 sérovars au sein des
espèces Listeria innocua, Listeria ivanovii, Listeria monocytogenes et Listeria
welshimeri. À l'exception des souches du sérovar 5 qui semblent toutes appartenir à
l'espèce Listeria ivanovii, il n'y a pas de corrélation entre les sérovars et les espèces.
Les sérovars du genre Listeria sont présentés dans le tableau II.
La sérotypie est une méthode complexe, réservée aux laboratoires spécialisés et peu
discriminante pour des études épidémiologiques. Ainsi, parmi les 13 sérovars de
Listeria monocytogenes, trois d'entre eux (les sérovars 1/2a, 1/2b et 4b) sont
responsables de 95 p. cent des cas de listériose chez l'homme.
La lysotypie, développée pour pallier les insuffisances du sérotypage, est également une
méthode réservée aux laboratoires spécialisés. En 1981, un atelier de travail
international a permis de sélectionner 29 phages (appartenant aux familles des
Myoviridae et des Styloviridae) isolés de souches de Listeria sp. ou du milieu extérieur.
De nombreuses souches, notamment des souches présentes dans les aliments ou dans le
milieu extérieur, sont non typables mais, 93 p. cent des souches du sérovar 1/2 et 99 p.
cent des souches du sérogroupe 4 se sont avérées typables dans une étude effectuée par
Loessner.
La lysotypie est très utile pour les enquêtes épidémiologiques et depuis 1991, la
procédure dite "reverse" a simplifié la mise en œuvre de cette technique. Dans la
procédure "reverse", les suspensions de phages sont déposées sur une gélose tryptose
qui est mise à sécher puis ensemencée avec une culture en phase exponentielle de la
souche à typer. La lecture est effectuée après 12 heures et 36 heures d'incubation. Les
boîtes de gélose sur lesquelles sont absorbées les phages peuvent être préparées à
l'avance et elles se conservent 6 semaines à + 4 °C ce qui facilite la réalisation de la
technique et permet de gagner beaucoup de temps.
L'analyse électrophorétique d'isoenzymes (ou MLEE pour MultiLocus Enzyme
Electrophoresis) permet d'obtenir des électrotypes (ou ET pour Electrophoretic Type) en
analysant la mobilité électrophorétique de 10 à 25 enzymes. Pour Listeria
monocytogenes, l'analyse des électrotypes permet d'individualiser deux grandes
subdivisions. L'une, constituée par les sérovars 1/2b, 3b et 4b, comporte au moins 22
électrotypes différents et l'autre, constituée par les sérovars 1/2a, 1/2c et 3a, comporte
au moins 45 électrotypes différents.
La ribotypie ou analyse des profils de restriction des gènes codant pour les ARN
possède un pouvoir discriminant assez faible notamment pour les souches du sérovar
4b.
L'analyse des profils de restriction de l'ADN peut faire appel soit à des enzymes de
restriction (comme EcoRI) engendrant de nombreux fragments d'ADN séparés par
électrophorèse classique (microrestriction) soit à des enzymes de restriction (comme
ApaI, SmaI ou AscI) engendrant un faible nombre de fragments d'ADN séparés par
électrophorèse
en
champ
pulsé
(macrorestriction).
L'analyse des profils de microrestriction s'est avérée utile dans certaines enquêtes
épidémiologiques en permettant la subdivision de certains lysovars mais, la complexité
des
profils
rend
difficile
la
comparaison
des
souches.
L'analyse des profils de macrorestriction est beaucoup plus aisée. Les résultats d'une
étude effectuée sous l'égide de l'OMS ont montré que la technique est reproductible et
discriminante. Ainsi, elle permet de caractériser des souches du sérovar 4b qui sont
difficiles à typer par les autres méthodes.
L'amplification des fragments d'ADN avec des amorces arbitraires (ou RAPD pour
Random Amplified Polymorphic DNA) apparaît simple à mettre en œuvre et
discriminante. Elle s'est avérée utile pour le typage des souches des sérovars 1/2a, 1/2b,
1/2c et, dans certains cas, 4b. Toutefois, d'autres travaux sont nécessaires pour
standardiser la technique et augmenter sa reproductibilité.
L'amplification de fragments d'ADN avec des amorces dirigées contre les séquences
répétées REP (pour Repetitive Extragenic Palindromes) et ERIC (pour Enterobacterial
Repetitive Intergenic Consensus), présentes dans le génome des Listeria sp., permet un
typage infraspécifique des sérovars 1/2a, 1/2b, 3b et 4b.
Les techniques actuellement disponibles apportent de nombreuses informations
complémentaires notamment pour Listeria monocytogenes. En revanche, Listeria
ivanovii apparaît très homogène lorsque les souches sont analysées par sérotypie,
lysotypie
ou
RAPD.
Pour des enquêtes épidémiologiques, le typage des souches de Listeria monocytogenes
doit faire appel à plusieurs méthodes. La sérotypie et la lysotypie permettent le criblage
d'un grand nombre de souches mais le typage moléculaire (et tout particulièrement
l'analyse des profils de macrorestriction) apporte des informations supplémentaires
permettant de détecter et de caractériser des clones au sein d'un lysovar responsable
d'une anadémie.
Habitat et épidémiologie
Les Listeria sp. sont des bactéries résistantes dans le milieu extérieur (survie de 1 à 2
ans dans le sol, 21 mois dans du lait naturellement contaminé, 1 à 18 mois dans les
fèces, 6 mois dans la paille), très largement répandues dans l'environnement (sols,
végétaux, pâturages, eaux douces, eaux de mer, vase, eaux d'égouts), dans les locaux
d'élevage (litière, sol, parois, fenêtres, mangeoires, abreuvoirs...) et dans les locaux
d'habitation (torchons, serpillières, périphérie des conduites d'évacuation, réfrigérateurs
et
même
brosses
à
dents).
Elles sont présentes dans les fèces de nombreuses espèces animales (10 à 30 p. cent des
bovins, ovins, porcins ou poulets sont porteurs au niveau de l'intestin et ce portage a
également été mis en évidence chez des rats et des chiens), elles sont présentes dans les
fèces de l'homme (5 à 10 p. cent des humains hébergent Listeria monocytogenes dans
leur tube digestif et cette valeur peut atteindre 90 p. cent chez des techniciens de
laboratoire) et elles sont parfois hébergées au niveau du rhino-pharynx.
Bien que les Listeria sp. et Listeria monocytogenes soient des bactéries ubiquistes, la
plupart des cas de contamination résultent de l'ingestion d'aliments fortement
contaminés. La dose infectante pour l'homme n'est pas connue avec certitude, elle varie
avec le statut immunitaire des individus et la virulence de la souche mais, les aliments
incriminés contiennent généralement plus de 103 Listeria monocytogenes par gramme et
dans la majorité des cas ils en renferment plus de 106 par gramme. Par voie orale, la
dose infectante, est de l'ordre de 108 cellules pour la souris normale et de 109 cellules
pour des singes.
Éléments d'épidémiologie concernant les listérioses animales
Dès les années 1940 et, surtout, depuis les années 1960, le rôle des ensilages dans la
contamination des ruminants a été mise en évidence. Lors de leur préparation, les
ensilages peuvent être contaminés par un faible nombre de bactéries. En surface et dans
les premiers centimètres de l'ensilage, les conditions d'aérobiose permettent la
multiplication des Listeria sp. et la faible acidification des couches superficielles de
l'ensilage (pH en surface et sur les premiers centimètres supérieur ou égal à 5) associée
à la température du milieu extérieur (un ensilage de maïs préparé en automne va passer
l'hiver à l'extérieur) permettent un véritable enrichissement sélectif. Compte tenu du fait
qu'il s'écoule au minimum 3 semaines et souvent plusieurs mois entre la fabrication d'un
ensilage et sa distribution aux animaux, le nombre de bactéries peut être très important
au moment de la consommation (plus de 107 unités formant colonies par kg). Lorsque
l'ensilage est mal conservé et/ou mal préparé (notamment un tassement insuffisant),
l'acidification à cœur est insuffisante (pH supérieur ou égal à 5) et l'anaérobiose n'est
pas
totale
ce
qui
permet
une
prolifération
des
Listeria
sp.
Les ensilages ne sont pas seuls en cause et la pratique de l'enrubannage est également
impliquée. Dans un enrubannage (balle d'herbe semi-séchée et enveloppée sous
plastique), la conservation est assurée par l'action conjointe de la fermentation et de la
dessiccation. Le pH d'un enrubannage (de l'ordre de 5,5 à 6) et le taux d'humidité (de
l'ordre de 40 p. cent) autorisent la croissance de Listeria monocytogenes.
Éléments d'épidémiologie des listérioses humaines
Chez l'homme, les premiers cas de listériose ont été décrits dans les années 1960 mais il
fallut atteindre les années 1979-1980 pour observer les premières anadémies et mettre
en évidence le rôle des aliments. Ces anadémies se traduisent par de petites bouffées de
moins de 20 cas ou par d'importantes anadémies pouvant regrouper plusieurs centaines
de cas, évoluant sur des périodes prolongées (4 ans par exemple, dans l'anadémie suisse)
et responsables d'une importante mortalité. Quelques exemples d'anadémies sont donnés
dans
le
tableau
III.
Outre les anadémies, la transmission alimentaire est bien documentée pour un certain
nombre de cas sporadiques dont on estime qu'environ 33 p. cent ont une origine
alimentaire. Les infections nosocomiales étant très rares, il est probable qu'il existe
d'autres modes de contaminations non identifiés.
De nombreux problèmes subsistent en ce qui concerne la présence des Listeria sp. dans
les
aliments :
. Soixante dix à 90 p. cent des souches isolées d'aliments appartiennent au sérogroupe
1/2 alors que la majorité des cas sporadiques et des anadémies sont dues à des souches
du sérogroupe 4. Les méthodes de typage moléculaire confirment cette différence
observée entre les souches présentes dans les aliments et les souches responsables
d'infections
chez
l'homme.
. Les souches isolées lors de grandes anadémies d'origine alimentaire en France, en
Suisse, au Canada, au Danemark et en Californie présentent une grande parenté
phénotypique et génomique mais les raisons permettant d'expliquer leur pouvoir
pathogène particulier ainsi que leur émergence subite sont inconnues. A titre d'exemple,
une même souche a été responsable de 40 p. cent des cas de listériose observés en
France en 1992 alors que cette même souche n'a été responsable que de 1 à 5 p. cent des
cas
d'infection
entre
les
années
1987
et
1990.
. L'analyse fine des souches isolées d'une part des entreprises de transformation et
d'autre part des aliments suggère que certaines souches s'adaptent à l'environnement des
entreprises, sont capables d'y persister et sont fréquemment responsables de la
contamination
des
denrées.
. L'identification de l'aliment responsable d'infections est souvent délicate car la période
d'incubation, généralement comprise entre 3 et 8 semaines, peut parfois atteindre 70
jours. De plus, les aliments sont fréquemment contaminés par différentes souches, les
contaminations croisées sont possibles chez les détaillants ou chez les consommateurs,
un même lot de produits peut être distribué sous des dénominations commerciales
différentes, il est nécessaire d'utiliser plusieurs systèmes de typage pour affirmer que les
souches isolées des aliments et les souches isolées des malades sont identiques ou
différentes...
La recherche systématique de Listeria a permis de montrer que de très nombreuses
denrées peuvent être contaminées : végétaux (laitues, choux, céleris, concombres,
champignons, pommes de terre, radis...), lait et produits laitiers (fromages à pâte molle
et à croûte fleurie, fromages à pâte molle et à croûte lavée, fromages à pâte persillée,
fromages à pâte pressée cuite ou non cuite, pâtisseries, poudres de lait et, dans une
moindre mesure, les beurres, les crèmes glacées et les yaourts) carcasses de volailles
(poulets, dindes, canards), viandes de porcs, viandes de bovins, viandes d'ovins,
produits carnés (plats cuisinés à base de viande, jambons cuits, rillettes, langues en
gelée, saucisses de type hot-dog, saucisses à base de viande de volailles, chipolatas,
merguez, saucisses de Morteau, viandes séchées, salamis, pâtés, saucissons, sandwichs
au poulet, poulets frits, beignets de poulet, hamburgers au poulet...), poissons et produits
dérivés (saumon fumé, truite fumée, surimi, "caviar" de saumon...), coquillages (huîtres,
moules, coques, palourdes...), crustacés (crevettes grises, crevettes roses, crabes,
homards...)...
Un aliment, même contaminé, n'est pas toujours dangereux. En effet, les résultats des
dénombrements dans les aliments montrent que les cas de listériose humaine sont
généralement dus à un aliment contaminé avec plus de 100 Listeria monocytogenes par
gramme ou par millilitre. Ce fait suggère que seules les denrées fortement contaminées
présentent un risque réel. Toutefois, lors d'une anadémie décrite en 1999 en Finlande,
12 des 13 échantillons de l'aliment contaminé (du beurre pasteurisé) contenaient moins
de 100 Listeria monocytogenes par gramme. Cette anadémie présentait également deux
autres originalités : 1) la souche appartenait au sérovar 3a qui n'avait encore jamais été
impliqué dans des infections alimentaires collectives et 2) l'aliment contaminé était du
beurre,
denrée
alimentaire
très
rarement
impliquée.
Les produits les plus sensibles sont ceux qui peuvent favoriser la croissance des
Listeria, qui ont une durée de vie longue et qui peuvent être consommés sans être
chauffés (produits laitiers, charcuteries et produits de la pêche). Selon une enquête de la
Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des
Fraudes, environ 10 p. cent des aliments sensibles sont contaminés au moment de leur
distribution.
En revanche, les produits stérilisés et notamment les conserves (par exemple, les
charcuteries en conserve) sont totalement indemnes de Listeria avant ouverture.
La contamination peut intervenir à tous les stades de la fabrication et de la distribution
mais, elle peut aussi se produire chez le consommateur. La prévalence de l'infection est
faible (5 à 10 cas par million d'habitants) mais le taux de mortalité atteint 20 à 30 p.
cent. La listériose de l'homme est présente dans les pays industrialisés mais elle est
quasiment absente des pays en voie de développement. Outre les différences existant
dans les moyens de diagnostic et de surveillance sanitaire, cette répartition
géographique s'expliquerait par une meilleure hygiène et par la généralisation de la
chaîne
du
froid
dans
les
pays
développés.
En effet, de manière paradoxale, il semble que ce soit la bonne hygiène des procédés de
fabrication et le développement de la chaîne du froid qui soient à l'origine d'une
augmentation des cas de listériose observée depuis une quarantaine d'années.
L'amélioration des conditions sanitaires sur les lieux de transformation des denrées
alimentaires a pour conséquence une réduction de la contamination par des flores
d'altération et/ou de putréfaction. De ce fait, associée à une réfrigération systématique,
la date limite de consommation des aliments augmente. Si l'aliment contenait au départ
quelques Listeria monocytogenes, celles-ci ont le temps de se multiplier d'autant plus
que leur multiplication n'est pas entravée par d'autres proliférations microbiennes.
L'aliment devient fortement contaminé et il est d'autant plus dangereux qu'il ne présente
aucun signe d'altération visible. Bien sûr, un mauvais respect de la chaîne du froid ou de
mauvaises conditions de stockage (peu de réfrigérateurs domestiques ont une
température, en tous points, inférieure à + 4 °C !) accroissent les risques.
Depuis quelques années, dans tous les pays développés, l'incidence des listérioses
diminue. Cette baisse est due à un meilleur contrôle des denrées alimentaires et à
l'information des populations à risque. En France, selon les chiffres du Centre National
de
Référence
des
Listeria
(voir :
http://web.pasteur.fr/recherche/RAR/RAR1998/Listeria.html), 801 cas de listériose ont
été recensés en 1986, 301 cas ont été décrits en 1995 alors que, pour les années
1996,1997 et 1998, le nombre de cas de listériose a été compris entre 220 et 230. En
1998, seuls des cas sporadiques (20 p. cent de formes périnatales et 80 p. cent de formes
non périnatales) ont été notés et l'incidence de la listériose a été de 3,8 cas par million
d'habitants, variant, selon la région, de 1,4 à 8,4 cas par million d'habitants.
Pouvoir pathogène
Listeria monocytogenes a été isolée pour la première fois lors d'une épidémie observée
chez des lapins et des cobayes de laboratoire. Par la suite, des infections ont été décrites,
dans pratiquement tous les pays, chez plus de 40 espèces d'animaux domestiques et
sauvages
ainsi
que
chez
l'homme.
Chez les ruminants, les deux espèces les plus fréquentes sont Listeria monocytogenes et
Listeria ivanovii. Chez les autres espèces animales et chez l'homme seule Listeria
monocytogenes est vraiment importante. Quelques infections, dues aux autres espèces
du genre Listeria ont été décrites : Listeria innocua (méningo-encéphalites du mouton),
Listeria ivanovii (bactériémies chez des patients infectés par le virus HIV et chez des
patients alcooliques ou drogués), Listeria seeligeri (méningite purulente), Listeria grayi
(isolée du sang d'une femme atteinte d'une maladie de Hodgkin).
En médecine vétérinaire, les infections à Listeria sp. sont particulièrement importantes
chez les ruminants.
Ruminants
Chez les ruminants domestiques, Listeria monocytogenes est responsable de méningoencéphalites, de septicémies, d'avortements et de mammites et Listeria ivanovii est à
l'origine d'avortements. La contamination se fait par voie digestive et les ensilages de
mauvaise qualité sont une source majeure de germes. L'évolution de la maladie varie
selon la forme clinique mais dans les formes nerveuses le pourcentage de mortalité est
proche de 100.
Les méningo-encéphalites sont une forme classique chez les adultes mais aussi chez les
très jeunes animaux. Après une incubation de l'ordre de 2 à 6 semaines, elles se
traduisent par une prostration, un port anormal de la tête (l'animal regarde ses flancs),
une marche en cercle (d'où le nom de "circling disease" donné à la maladie par les
auteurs anglo-saxons), une perte de l'équilibre, parfois une hyperthermie, une atteinte
des nerfs crâniens V, VI, VII, VIII, IX, X et XII se traduisant par une paralysie faciale et
souvent unilatérale (strabisme, chute des paupières, chute des oreilles, difficultés de
mastication, dysphagie, salivation excessive, protrusion de la langue, et diminution de la
sensibilité à la douleur) puis, la maladie évolue vers un décubitus et la mort. Chez les
ovins et les caprins la mort intervient en 2 à 3 jours mais, chez les bovins, la durée
d'évolution est plus longue (4 à 14 jours). L'atteinte du cerveau pourrait résulter soit
d'une migration intra-axonale dans les terminaisons nerveuses du nerf trigéminé soit
d'une dissémination par voie hématogène.
Les septicémies sont principalement observées chez les animaux nouveau-nés et chez
les jeunes mais, elles ont également été observées chez des brebis gravides. Dans ce
dernier cas, les animaux présentent de la fièvre, une entérite sévère, des lésions
d'ulcération sont présentes dans l'abomasum et sur la muqueuse intestinale et les plaques
de Peyer présentent des abcès.
Les avortements peuvent être dus à Listeria monocytogenes et, moins fréquemment, à
Listeria ivanovii. Ils résultent d'une contamination de l'utérus gravide par voie
hématogène. La durée d'incubation est de l'ordre de 5 à 12 jours, les animaux sont
affaiblis, anorexiques, ils peuvent présenter de la fièvre et une diarrhée profuse mais,
parfois, aucun signe clinique n'est observé. Les avortements sont tardifs, ils sont
généralement sporadiques (bien que, dans certains troupeaux de petits ruminants, ils
puissent concerner jusqu'à 15 p. cent des femelles gravides) et ils s'accompagnent de
rétention placentaire. Des complications de mammite, de métrite puis de septicémie sont
parfois observées. Lors d'une infection proche du part, on note une mortalité néonatale.
Les mammites sont peu fréquentes et elles évoluent soit sous une forme clinique soit
sous une forme sub-clinique. Dans certains cas, les animaux excrètent le germe sans
présenter aucune inflammation mammaire. La présence de Listeria monocytogenes dans
le lait constitue un danger important pour les consommateurs de lait cru ou pour la
fabrication de produits au lait cru car les traitements antibiotiques sont peu efficaces et
le germe est excrété dans le lait en grande quantité et durant une longue période (ainsi,
une vache a excrété Listeria monocytogenes durant 3 lactations consécutives à des
concentrations moyennes de 103 unités formant colonies par mL). La contamination de
la mamelle résulterait soit d'une localisation secondaire soit d'une pénétration par le
canal du trayon.
Des uvéites, des kératoconjonctivites, des pneumonies, des endocardites et des
myocardites ont également été décrites.
Autres espèces animales
Chez les monogastriques, les listérioses sont rares mais des septicémies et des méningoencéphalites ont été décrites chez plusieurs espèces (chiens, chats, porcelets, poulains).
Chez les oiseaux, les infections provoquent une septicémie, des nécroses du foie, des
nécroses du myocarde et des péricardites. Plus rarement, l'infection se traduit par des
encéphalites (abattement, ataxie, torticolis, chute sur le côté, mouvements désordonnés
des membres...).
Chez les lapins et chez les rongeurs de laboratoire, la forme la plus fréquente est une
septicémie et, chez le lapin on note une monocytose marquée qui est à l'origine de
l'appellation monocytogenes. Chez le cobaye, les infections spontanées sont rares mais
quelques cas de septicémie et de conjonctivite ont été décrits.
Homme
Les infections à Listeria monocytogenes sont connues depuis 1920 et elles s'observent,
essentiellement (mais pas uniquement) chez les femmes enceintes (quel que soit le
terme de la grossesse), les nouveau-nés contaminés par leurs mères et les individus
présentant des troubles du système immunitaire dus à diverses causes. Ces derniers sont
classés, par le Centre National de Référence des Listeria, en trois groupes avec un
niveau de risque décroissant : 1) personnes atteintes d'hémopathies, transplantées,
atteintes de SIDA ; 2) personnes atteintes de cancers solides, d'hépatopathies et les
hémodialysés ; 3) personnes diabétiques mal équilibrées et les alcooliques.
Classiquement, les personnes âgées sont considérées comme faisant partie des sujets à
risque et certains chiffres publiés dans la littérature scientifique font état d'une incidence
des listérioses 11 fois plus élevée à partir de 70 ans qu'entre 20 et 40 ans. Toutefois,
selon les données de l'Institut de Veille Sanitaire, de l'Agence Française de Sécurité
Sanitaire des Aliments et du Centre National de Référence des Listeria, les sujets âgés
bien-portants n'ont pas un risque beaucoup plus élevé que celui de la population
générale.
Il convient de noter que les enfants, même jeunes, ont un risque identique voire plus
faible que celui de la population générale.
La contamination des adultes se fait le plus souvent par voie digestive et elle résulte soit
de l'ingestion d'aliments contaminés soit d'une infection endogène liée à un portage
intestinal. Dans ce dernier cas, des altérations de la muqueuse intestinale (liées par
exemple à des infections gastro-intestinales) ou des altérations du système immunitaire
local (immunothérapie, immunodépression) permettraient une invasion de la barrière
intestinale. La réalité des infections endogènes est suggérée par les cas de listériose
observés en 1987 à Philadelphie (36 cas de listériose dont 16 mortels). Ces cas étaient
dus à de nombreuses souches ce qui excluait le rôle d'une unique source de
contamination et, dans la plupart des cas, ils ont été observés chez des patients atteints
de troubles gastro-intestinaux et présentant une érosion de la muqueuse intestinale.
Des infections nosocomiales ont également été décrites (transmission par des
intubateurs, des couveuses ou des thermomètres) mais elles sont rares et témoignent
d'un non-respect des règles d'hygiène.
. Listériose foeto-maternelle
En France, depuis 1994, le nombre des listérioses foeto-maternelles est en diminution.
Les femmes se contaminent durant les 6 premiers mois de grossesse et l'infection
entraîne fréquemment un avortement, la naissance d'enfants mort-nés ou la naissance
d'un enfant contaminé (soit par voie sanguine soit au moment de l'accouchement à partir
d'un foyer endométrial). La contamination de l'amnios est silencieuse mais, un épisode
fébrile d'allure pseudogrippal est souvent observé avant l'avortement ou l'accouchement.
Chez le nouveau-né infecté, la listériose se traduit par une forme septicémique précoce
avec formation de granulomes disséminés sur de nombreux organes (granulomatose
septique infantile) ou par des formes méningées plus tardives.
. Listériose de l'adulte
Chez l'adulte, la listériose se traduit, le plus souvent, par une septicémie ou des
infections du système nerveux central (méningites, méningo-encéphalites, parfois
encéphalites, rarement abcès de cerveau). D'autres formes ont été décrites : gastroentérites, endocardites, infections cutanées (papules ou pustules sur les bras et les mains
observées chez des vétérinaires ou des éleveurs ayant été en contact avec des avortons
contaminés), arthrites, péritonites (notamment chez des patients présentant une cirrhose
du foie)...
Facteurs de pathogénicité
Les facteurs de pathogénicité de Listeria monocytogenes ont fait l'objet de nombreux
travaux. Il est désormais bien établi que l'espèce Listeria monocytogenes rassemble des
souches très virulentes et d'autres peu virulentes. Toutefois, il n'existe aucun rapport
entre la virulence et le typage d'une souche ce qui revient à dire que la caractérisation
infraspécifique d'une souche ne permet pas d'évaluer son niveau de virulence.
Lors d'infections, les bactéries envahissent les cellules M des plaques de Peyer et/ou les
entérocytes, elles traversent la barrière intestinale puis, elles sont phagocytées par les
macrophages de la lamina propria dans lesquels elles survivent et se multiplient.
Ultérieurement, elles gagnent la lymphe et le courant sanguin et infectent le foie et la
rate. Dans ces organes, la plupart des bactéries sont rapidement tuées (chez la souris, 90
p. cent des bactéries sont éliminées en moins de 6 heures). Les micro-organismes qui
survivent infectent les cellules, notamment les hépatocytes et, si dans les quelques jours
qui suivent, la réponse immunitaire à médiation cellulaire ne contrôle pas l'infection, ils
sont disséminés par voie sanguine et gagnent le cerveau et chez les femelles gravides, le
placenta.
La pathogénie de Listeria monocytogenes implique la pénétration dans des cellules
phagocytaires et non phagocytaires, une multiplication intracellulaire, un déplacement
de la bactérie dans le cytoplasme et une invasion des cellules adjacentes sans libération
par les cellules infectées. Les protéines nécessaires à ces diverses fonctions sont sous la
dépendance de gènes dont l'expression est régulée par le gène prfA codant pour une
protéine de 27 kDa apte à se lier à des portions d'ADN. A basse température,
l'expression de prfA est réprimée alors qu'elle est maximale à 37 °C. En conséquence, la
production des facteurs de virulence est elle-même maximale à 37 °C et faible ou nulle
à basse température.
Pénétration dans les cellules
Après franchissement de la barrière intestinale, la pénétration dans les macrophages, les
hépatocytes et d'autres cellules sont des stades cruciaux de l'infection.
Listeria monocytogenes est une bactérie capable d'induire sa propre phagocytose dans
des cellules phagocytaires et non phagocytaires. Plusieurs protéines de surface sont
impliquées dans ce phénomène.
La protéine InlA (codée par le gène inlA) ou internaline est une protéine de 800 acides
aminés, nécessaire à l'entrée dans des cellules Caco-2 (lignée de cellules intestinales
d'origine humaine). L'expression de cette protéine dans une souche de Listeria innocua
suffit à conférer à ces bactéries un pouvoir invasif pour les cellules Caco-2 suggérant
que la protéine InlA est suffisante pour l'entrée dans ces cellules. La structure primaire
de cette protéine est connue et on peut noter : l) que l'extrémité C-terminale contient une
région hydrophobe précédée d'un hexapeptide LPTTGD (L : leucine, P : proline, T :
thréonine, G : glycocolle, D : acide aspartique) qui constitue une séquence signature
retrouvée dans de nombreuses protéines capables de s'ancrer dans la paroi des bactéries
à Gram positif ; 2) qu'elle possède une région constituée de l5 répétitions d'un motif de
22 acides aminés, riche en résidus leucine, d'où le nom de LRR (pour Leucine-Rich
Repeats), dont on sait qu'ils sont impliqués dans de fortes interactions protéinesprotéines. La protéine InlA est détectable dans les surnageants de culture ce qui indique
qu'elle est soit sécrétée soit libérée à partir de la surface. Le rôle éventuel de cette forme
libre n'est pas connu.
Le gène inlB code pour la protéine InlB de 630 acides aminés qui comporte une région
LRR analogue à celle de la protéine InlA mais qui est dépourvue de la séquence
signature LPTTGD. La protéine InlB est une protéine de surface qui joue un rôle mineur
pour l'entrée dans les cellules épithéliales de l'intestin mais qui est essentielle pour
l'invasion des hépatocytes en culture ainsi que pour l'invasion d'autres cellules comme
les cellules HeLa, HEp2, Vero. Toutefois, à elle seule, la protéine InlB ne permet pas la
pénétration dans les hépatocytes et d'autres facteurs sont nécessaires. Comme la
protéine InlA, la protéine InlB est mise en évidence dans des surnageants de culture.
Cinq autres gènes inl ont été clonés et séquencés et les protéines codées par ces gènes
sont en cours d'étude. Il est possible que chacun des produits des gènes inl soient des
protéines de surface dont chacune serait impliquée dans un tropisme cellulaire
particulier.
Les entrées dépendantes de InlA et InlB sont inhibées par un traitement des cellules
avec des inhibiteurs de la polymérisation de l'actine ou par un traitement avec des
inhibiteurs des tyrosines kinases. La protéine InlA se fixe sur une molécule d'adhésion
des cellules, la E-cadhérine dont le domaine intracellulaire relie, indirectement,
l'ensemble InlA-E-cadhérine à l'actine. La pénétration InlB dépendante est inhibée par
les inhibiteurs de la PI3-kinase qui semble contrôler, indirectement, la polymérisation
de l'actine. La pénétration se fait par un mécanisme de type fermeture éclair dans lequel
la membrane de la cellule hôte recouvre progressivement la bactérie jusqu'à permettre
l'incorporation dans le cytoplasme. La polymérisation de l'actine est nécessaire à ces
mouvements membranaires.
D'autres composants de surface ont été décrits et participeraient à la pénétration dans
des
cellules
eucaryotes :
. La protéine p60 est une muréine hydrolase (enzyme qui, en coupant le peptidoglycane,
est essentielle à la multiplication bactérienne) et les mutants qui sont incapables de la
synthétiser ont une virulence réduite et pénètrent mal dans des fibroblastes.
. La protéine ActA, essentielle à la mobilité intracellulaire (Cf. infra), pourrait
également participer au pouvoir invasif car des mutants actA sont inaptes à pénétrer
dans
des
cellules
Caco-2
ou
Vero.
. Une protéine sécrétée, de 30 kDa, dénommée Irp (Internalin related protein), présente
des analogies avec les protéines InlA et InlB et elle pourrait être impliquée dans les
mécanismes
de
pénétration.
. L'alpha-D-galactose, présent à la surface des bactéries, intervient dans la fixation sur
des cellules de la lignée HepG2 (cellules d'hépatocarcinome humain) et facilite la
pénétration
dans
les
cellules
dendritiques.
. Une protéine de surface de 55,3 kDa est capable de se lier à la fibronectine et
permettrait une adhésion aux cellules. La fibronectine est associée à de très nombreuses
cellules et cette adhésion pourrait constituer un stade préliminaire à la pénétration
proprement dite en facilitant l'interaction des protéines InlA, InlB, p60... avec leurs
récepteurs spécifiques.
Multiplication intracellulaire
Après pénétration, Listeria monocytogenes est emprisonnée dans une vacuole
intracytoplasmique dont elle va s'échapper pour se multiplier dans le cytosol. La
destruction de la vacuole est principalement due à la listériolysine O codée par le gène
hly
(également
appelé
hlyA).
La listériolysine O est une hémolysine thiol dépendante, de 58 kDa. Comme toutes les
hémolysines thiol dépendantes, elle n'est active que sur les membranes contenant du
cholestérol et elle possède une séquence ECTGLAWEWWR (C : cystéine, E : acide
glutamique, G : glycocolle, T : thréonine, L : leucine, R : arginine, W : tryptophane)
localisée vers l'extrémité C-terminale. Les rares souches sauvages de Listeria
monocytogenes non hémolytiques et les mutants incapables de synthétiser la
listériolysine O sont aptes à pénétrer dans des cellules mais incapables de quitter la
vacuole intracytoplasmique et, de ce fait, incapables de se multiplier dans le cytosol. De
telles souches s'avèrent non virulentes pour la souris. Contrairement aux autres
hémolysines thiol dépendantes, la listériolysine O possède une activité maximale à pH 5
et elle est inactive à pH 7. Cette propriété expliquerait que cette toxine puisse lyser la
vacuole intracytoplasmique (dont le pH est acide) sans altérer la membrane
cytoplasmique des cellules.
Déplacement intracytoplasmique et invasion des cellules adjacentes
Listeria monocytogenes colonise les tissus par diffusion de cellules à cellules. Cette
diffusion nécessite la formation d'une queue d'actine qui propulse la bactérie, de
manière aléatoire, dans le cytoplasme. Lorsque la bactérie atteint la membrane
cytoplasmique, elle induit la formation de protubérances cellulaires ou protrusions qui
seront phagocytées par la cellule adjacente pour donner naissance à des vacuoles à deux
membranes. Après lyse de ses vacuoles, la bactérie peut initier un autre cycle infectieux.
Cette stratégie permet aux bactéries de se disséminer au sein d'un tissu sans jamais
quitter le cytoplasme, échappant ainsi aux anticorps.
Le mouvement intracellulaire de Listeria monocytogenes s'effectue grâce à la formation
d'une queue d'actine filamenteuse associée à un pôle bactérien. Des observations
effectuées en microscopie électronique après marquage suggèrent que l'addition de
nouveaux filaments d'actine s'effectue à la surface de la bactérie. L'incorporation et la
polymérisation de nouveaux filaments d'actine engendrent la force motrice nécessaire
au mouvement. La vitesse du déplacement, variable selon la nature des cellules
infectées, varie de 6 à 60 µm par minute. La formation de la queue d'actine est sous la
dépendance du gène actA qui code pour la protéine ActA de 610 acides aminés qui
s'ancre dans la membrane bactérienne par son extrémité hydrophobe C-terminale.
Environ la moitié de la molécule fait saillie à la surface de la bactérie et peut interagir
avec des protéines de la cellule eucaryote. Les mutants incapables de synthétiser ActA
sont invasifs, aptes à lyser les vacuoles mais, ils ne se déplacent pas, n'envahissent pas
les cellules adjacentes et leur multiplication dans le cytosol conduit à la formation de
microcolonies.
La protéine ActA a une distribution asymétrique et elle est localisée à un pôle cellulaire
correspondant au pôle où a lieu la formation de la queue d'actine. À elle seule, ActA est
capable de polymériser l'actine car 1) la transfection de cellules eucaryotes avec le gène
actA provoque la polymérisation de l'actine et 2) l'expression de ActA dans Listeria
innocua permet à cette bactérie de polymériser l'actine dans un milieu constitué
d'extraits d'œufs de xénopes et de se mouvoir dans ce milieu.
Diverses protéines cellulaires (VASP pour vasodilatator-stimulated phosphoprotein, le
complexe Arp2/3 pour actin-related proteins, le groupe cofiline/ADF pour actin
depolymerizing factor...) ont été impliquées dans la formation des queues d'actine mais
les mécanismes intimes sont encore mal connus.
Les mécanismes impliqués dans la formation des protrusions et leur phagocytose par
cellules
adjacentes
sont
inconnus.
La lyse de la double membrane de la vacuole nécessite une phospholipase C codée par
le gène plcB. Cette phospholipase a une activité optimale pour un pH compris entre 5,5
et 7, elle clive la phosphatidyl-choline, la phosphatidyl-sérine et la phosphatidyléthanolamine. La phospolipase C est synthétisée sous la forme d'un précurseur qui doit
être clivé par une métalloprotéase de 35 kDa (codée par le gène mpl) pour engendrer la
phospholipase C active. Les mutants incapables de synthétiser la phospholipase C
s'accumulent dans les vacuoles et ne peuvent gagner le cytosol. Le rôle de la
listériolysine dans la rupture de la double membrane des vacuoles est incertain.
La métalloprotéase de 35 kDa pourrait intervenir dans la virulence selon d'autres
modalités. En effet, Coffey et al. (2000) ont montré que cette enzyme était capable de
dégrader l'actine et que les produits de clivage de l'actine sont aptes à favoriser la
croissance de Listeria monocytogenes in vitro. In vivo, la dégradation de l'actine
pourrait permettre à la bactérie d'utiliser des peptides et/ou des acides aminés
nécessaires à sa croissance intracellulaire.
Diagnostic bactériologique
L'isolement des Listeria sp. est relativement simple lorsqu'elles sont abondantes dans le
prélèvement à analyser et que celui-ci n'est pas contaminé par une flore associée.
L'ensemencement d'une gélose d'usage courant telle qu'une gélose trypticase soja au
sang (5 p. cent de sang de mouton, de cheval ou de lapin) permet alors l'isolement. Dans
le cas particulier d'une hémoculture, les milieux classiquement utilisés conviennent pour
les
Listeria
sp.
Dans les formes neuro-méningées, le LCR contient souvent un nombre faible de
bactéries car l'infection intéresse le parenchyme cérébral et ne se propage que
secondairement aux méninges. Des techniques de PCR ont fait l'objet d'évaluation et
elles permettent une détection de 200 unités formant colonies par mL.
Dans la majorité des cas, notamment dans les denrées alimentaires, les Listeria sont en
faible nombre et la flore associée est abondante. Il faudra alors avoir recours à des
techniques d'enrichissement sélectif suivies d'un isolement sur des milieux sélectifs. De
nombreuses substances sélectives ont été utilisées, seules ou en association : acriflavine,
chlorure de lithium, phényléthanol, tripaflavine, acétate de thallium, colistine, acide
nalidixique, polymyxine B, moxalactam, ceftazidime, cyclohéximide, latamoxef,
céfotétan, fosfomycine... La composition de quelques milieux d'enrichissement sélectif
et de quelques milieux d'isolement sélectif est donnée dans l'annexe I.
Il subsiste encore quelques difficultés dans la mise en évidence des Listeria sp. dans les
denrées alimentaires. Selon Catteau (1999), elles sont le plus souvent liées à
l'hétérogénéité des produits analysés (lorsque la contamination est faible, pour un même
lot de fabrication, certains produits peuvent être contaminés et d'autres non) et à
l'existence de souches stressées par les traitements qu'elles ont subis (chauffage,
congélation, salage...). Les souches stressées peuvent être sensibles aux inhibiteurs
présents dans les milieux sélectifs et ne pas être détectées lors des analyses utilisant des
milieux fortement sélectifs comme la gélose PALCAM. Inversement, l'utilisation de
milieux moins sélectifs comme la gélose Oxford pourra permettre la croissance d'une
souche stressée mais cette croissance risque d'être masquée par la présence de microorganismes
contaminants.
Deux techniques, permettant l'isolement sélectif des Listeria stressées, sont présentées
dans l'annexe II.
Les techniques consistant à placer un milieu d'enrichissement à 4 °C et à poursuivre
l'incubation durant plusieurs semaines sont efficaces mais ne sont plus employées en
routine compte tenu des délais nécessaires à l'obtention des résultats.
Actuellement, plusieurs méthodologies, différentes selon le type de prélèvement et/ou
les pays, sont utilisées. Quelques exemples en sont donnés ci-dessous.
Une fois isolée, les bactéries devront être identifiées soit en ayant recours à des
techniques bactériologiques classiques soit en utilisant des méthodes plus modernes.
En France, les listérioses de l'homme sont des maladies à déclaration obligatoire et un
laboratoire qui isole une souche doit la transmettre au Centre National de Référence.
Pour des études épidémiologiques, il est nécessaire d'effectuer une identification
infraspécifique de la souche isolée (détermination du sérovar, identification du lysovar,
étude du profil de macrorestriction...).
Isolement des Listeria sp. à partir de produits pathologiques d'origine animale
(COFRAC/CNEVA Pr 116/00/BA 90/00)
Le prélèvement (tissu nerveux et notamment la protubérance bulbaire, foie, avorton
entier, liquide stomacal de l'avorton, méconium, placenta, utérus, liquide céphalorachidien, lait, éventuellement écouvillonnage naso-pharyngien) est homogénéisé en eau
peptonée et le broyat est mis en culture dans un bouillon cœur-cervelle et,
parallèlement, ensemencé sur une gélose PALCAM (Polymyxin Acriflavine LiCl
Ceftazidime Esculine Mannitol) modifiée et sur gélose Columbia ANC au sang de
mouton.
Après 24 heures d'incubation à 37 °C le bouillon est repiqué sur gélose PALCAM et sur
gélose
ANC
au
sang
de
mouton.
Les milieux gélosés sont incubés à 37 °C, observés tous les jours durant 3 jours et les
colonies suspectes (si possible 5 colonies ou plus) sont repiquées sur géloses trypticase
soja au sang de mouton, incubées durant 18-24 heures à 37 °C puis identifiées.
Sur la gélose PALCAM et sur la gélose PALCAM modifiée, les colonies suspectes sont
de couleur vert marron foncé, leurs centres apparaissent enfoncés dans la gélose et elles
sont entourées d'un halo noir (hydrolyse de l'esculine). Les colonies noires entourées
d'une zone jaune correspondent à des germes hydrolysant l'esculine et fermentant le
mannitol
qui
sont
généralement
des
entérocoques.
Sur gélose Columbia ANC au sang de mouton, les colonies sont grises. Les colonies de
Listeria monocytogenes présentent une légère hémolyse souvent localisée sous la
colonie alors que les colonies de Listeria ivanovii sont franchement hémolytiques.
Méthode alternative d'isolement des Listeria sp. à partir des placentas
(COFRAC/CNEVA Pr 116/00/BA 90/00)
Les enveloppes placentaires sont broyées en eau peptonée de façon à obtenir une
dilution comprise entre 1/2 et 1/5 puis directement ensemencées sur gélose PALCAM.
Les boîtes sont incubées à 37 °C, observées tous les jours durant 3 jours et les colonies
suspectes (si possible 5 colonies ou plus) sont repiquées sur géloses trypticase soja au
sang de mouton, incubées durant 18-24 heures à 37 °C puis identifiées.
Isolement des Listeria sp. à partir des fèces d'origine animale et des ensilages
(COFRAC/CNEVA Pr 116/00/BA 90/00)
Vingt cinq grammes d'échantillon sont dilués au dixième dans un bouillon
d'enrichissement de Fraser "demi" et incubés à 30 °C. Lorsque le prélèvement est
disponible en faible quantité ou pour des écouvillons, l'échantillon est placé dans 10 mL
de
bouillon
d'enrichissement
de
Fraser
"demi".
Après 24 heures d'incubation, on réalise un isolement sur gélose PALCAM modifiée et
0,1 mL de bouillon est ensemencé dans un bouillon d'enrichissement de Fraser. Tous les
milieux
sont
alors
incubés
à
37 °C.
La gélose PALCAM modifiée est observée tous les jours durant 2 à 3 jours. Les
colonies suspectes (si possible 5 colonies ou plus) sont repiquées sur géloses trypticase
soja au sang de mouton, incubées durant 18-24 heures à 37 °C puis identifiées.
Le bouillon d'enrichissement de Fraser est repiqué sur gélose PALCAM modifiée après
24 et 48 heures d'incubation. Les boîtes sont observées tous les jours durant 2 à 3 jours
et les colonies suspectes (si possible 5 colonies ou plus) sont repiquées sur géloses
trypticase soja au sang de mouton, incubées durant 18-24 heures à 37 °C puis
identifiées.
Isolement des Listeria sp. dans les aliments destinés à l'homme ou aux animaux
(méthode de routine AFNOR NF V 08 055)
L'échantillon est placé dans un bouillon d'enrichissement de Fraser "demi" de façon à
obtenir un rapport prise d'essai / milieu d'enrichissement de 1/10. Le bouillon est ensuite
incubé
à
30 °C
durant
18
à
24
heures.
Après incubation, le bouillon d'enrichissement de Fraser "demi" est repiqué sur gélose
PALCAM ou Oxford et 0,1 mL de ce bouillon est mis en culture dans 10 mL de
bouillon d'enrichissement de Fraser qui sera incubé 36 à 48 heures à 37 °C.
Le bouillon d'enrichissement de Fraser est repiqué après 18 ou 24 heures d'incubation et
après 36 ou 48 heures d'incubation sur gélose PALCAM ou Oxford.
Les milieux gélosés sont incubés à 37 °C et observés tous les jours durant 2 jours. Les
colonies suspectes sont repiquées sur des géloses non sélectives comme des géloses
trypticase soja aux extraits de levure (incubées durant 18-24 heures à 37 °C) puis
identifiées.
Sur gélose Oxford, les colonies de Listeria apparaissent noires et entourées d'un halo
noir.
Isolement des Listeria sp. dans les aliments (méthode normalisée NF EN ISO
11290-1)
La méthode internationale normalisée NF EN ISO 11290-1 est voisine de la précédente.
La principale différence est qu'elle préconise un isolement sur géloses PALCAM et
Oxford au lieu d'un repiquage sur géloses PALCAM ou Oxford.
Vingt cinq grammes d'échantillon sont placés dans 225 mL de bouillon d'enrichissement
de Fraser "demi" et broyés au Stomacher. Le bouillon est incubé 24 heures à 30 °C puis
isolé sur géloses PALCAM et Oxford. Un aliquote (0,1 mL) du bouillon Fraser "demi"
est ensemencé dans 10 mL de bouillon d'enrichissement Fraser incubé 48 heures à
37 °C. Après ce temps d'incubation le bouillon d'enrichissement Fraser est isolé sur
géloses
PALCAM
et
Oxford.
Les milieux gélosés sont incubés à 37 °C et observés tous les jours durant 2 jours. Les
colonies suspectes (5) sont repiquées sur des géloses non sélectives comme des géloses
trypticase soja aux extraits de levure (incubées durant 18-24 heures à 37 °C) puis
identifiées.
Isolement des Listeria sp. dans les aliments selon la méthode "Rapid'L.Mono"
(Sanofi diagnostic Pasteur, BioRad) validée par l'AFNOR
Cette technique utilise un milieu gélosé sélectif permettant une identification en 24-48
heures après l'étape de pré-enrichissement. Le milieu Rapid'L.Mono permet la détection
chromogénique d'une phopholipase C produite par Listeria monocytogenes et Listeria
ivanovii et une différenciation de ces deux espèces basées sur la capacité d'acidification
du
xylose.
Vingt cinq grammes d'échantillon sont placés dans 225 mL de bouillon d'enrichissement
de Fraser "demi" et broyés au Stomacher. Le bouillon est incubé 24 heures à 30 °C puis
isolé sur gélose Rapid'L.Mono. Un aliquote (0,1 mL) du bouillon Fraser "demi" est
ensemencé dans 10 mL de bouillon d'enrichissement Fraser incubé 48 heures à 37 °C.
Après ce temps d'incubation le bouillon d'enrichissement Fraser est isolé sur gélose
Rapid'L.Mono.
Les milieux gélosés sont incubés à 37 °C et observés tous les jours durant 2 jours. Les
colonies de Listeria monocytogenes apparaissent bleues (synthèse de phospholipase C)
sans halo jaune (absence d'acidification du xylose). Les colonies de Listeria ivanovii
apparaissent bleues (synthèse de phospholipase C) entourées d'un halo jaune
(acidification du xylose). Les colonies des autres espèces sont blanches (absence de
synthèse de phospholipase C), entourées d'un halo jaune (Listeria seeligeri, Listeria
welshimeri) ou dépourvues d'un halo jaune (Listeria grayi, Listeria innocua).
Isolement des Listeria sp. à partir des aliments ou des prélèvements biologiques
contaminés (méthode des "Centers for Disease Control and Prevention")
Les CDC utilisent de manière conjointe la méthode préconisée par l'USDA (U.S.
Department of Agriculture) et celle préconisée par le NGFIS (The Netherlands
Government Food Inspection Service). L'utilisation conjointe de ces deux méthodes
permet
d'obtenir
une
sensibilité
de
90
p.
cent.
La méthode de l'USDA consiste à diluer l'échantillon au un dixième dans du bouillon
d'enrichissement sélectif UVM (University of Vermont) I. Après 24 heures d'incubation
à 30 °C, 0,1 mL du bouillon est étalé sur gélose LPM (Lithium Chloride Phenylethanol
Moxalactam) et sur gélose Oxford ou Oxford modifiée. Un aliquote (0,1 mL) du
bouillon est également ensemencé dans 10 mL de bouillon d'enrichissement sélectif
UVM II qui est incubé 24 heures à 30 °C puis repiqué gélose LPM et sur gélose Oxford
ou Oxford modifiée. Les boîtes de gélose sont incubées à 35 °C et examinées après 24
et 48 heures d'incubation. La gélose LMP est hautement sélective mais ne permet pas de
reconnaître facilement les colonies de Listeria. Sur ce milieu, la sélection des colonies
suspectes nécessite une observation en transillumination oblique. Sur géloses Oxford et
Oxford modifiée, les colonies de Listeria apparaissent noires et entourées d'un halo noir
(hydrolyse de l'esculine). Les colonies suspectes (3 à 10 colonies par boîte) sont
repiquées sur des géloses trypticase soja au sang de mouton qui sont incubées 18 heures
à
35 °C.
La méthode du NGFIS utilise comme milieu d'enrichissement un bouillon PALCAM à
l'œuf incubé à 30 °C puis repiqué après 24 et 48 heures d'incubation sur gélose
PALCAM. Les géloses PALCAM sont incubées 48 heures à 30 °C dans une atmosphère
contenant 5 p. cent d'oxygène, 7,5 p. cent de dioxyde de carbone, 7,5 p. cent
d'hydrogène et 80 p. cent d'azote. Les colonies suspectes (3 à 10 colonies par boîte) sont
repiquées sur des géloses trypticase soja au sang de mouton qui sont incubées 18 heures
à 35 °C.
Identification bactériologique classique
L'identification au genre Listeria repose sur les caractères morphologiques, sur la
recherche de la catalase, sur la mobilité à 25 °C (étudiée en ensemençant deux bouillons
nutritifs incubés pendant environ 4 heures, l'un à 25 °C et l'autre à 37 °C ou étudiée en
gélose mobilité ce qui permet d'observer l'image caractéristique en sapin renversé), sur
l'hydrolyse de l'esculine (hydrolyse rapide observée en 2 à 3 heures), sur l'acidification
du D-glucose, sur une réponse positive aux tests RM et VP et sur l'absence de
production d'H2S.
Il est possible de confondre une Listeria sp. avec une souche appartenant à une autre
genre
bactérien :
. Les Listeria sp. et les ¤ Enterococcus sp. cultivent (Listeria sp.) ou peuvent cultiver
(entérocoques) sur des milieux biliés, sur des milieux hypersalés, sur des milieux à pH
9,6 et réduisent le tellurite de potassium à 0,5 p. cent. De plus, certaines espèces du
genre ¤ Enterococcus sont mobiles et peuvent produire une pseudocatalase et certaines
souches de Listeria sp. cultivées en bouillon ou observées directement dans un produit
pathologique se présentent sous la forme de cellules coccoïdes. Toutefois, la mise en
évidence d'une catalase franchement positive, la mobilité à 25 °C et l'immobilité à 37 °C
ainsi que la coloration bleu-vert des colonies en transillumination oblique permettent de
différencier
les
Listeria
sp.
des
Enterococcus
sp.
. La distinction entre les Listeria sp. et les ¤ Erysipelothrix sp. repose sur les caractères
culturaux, la recherche de la catalase, la mobilité, l'hydrolyse de l'esculine et la
production
d'H2S.
. Brochothrix thermosphacta** est une espèce qui, comme les Listeria sp., peut être
isolée des viandes et des carcasses de volailles réfrigérées et qui peut poser des
problèmes de diagnostic différentiel. Toutefois, contrairement aux Listeria sp.,
Brochothrix thermosphacta cultive sur le milieu de Gardner***, ne cultive pas à 37 °C,
ne donne pas des colonies de couleur bleu-vert (observation en transillumination
oblique) et c'est une bactérie immobile et n'hydrolysant pas l'hippurate de sodium.
. Certaines espèces du genre Kurthia**** sont également isolées de la viande et des
produits carnés et peuvent être confondues avec un représentant du genre Listeria. Le
diagnostic différentiel est cependant aisé car les Kurthia sp. sont aérobies strictes et
n'acidifient
pas
le
glucose.
Les caractères permettant de différencier le genre Listeria des genres apparentés
figurent sur le tableau IV.
Le diagnostic de l'espèce est basé sur les caractères présentés dans le tableau I mais, il
peut également être réalisé en utilisant des galeries miniaturisées comme la galerie API
Listeria qui permet la recherche de 10 caractères : hydrolyse de l'esculine, alphamannosidase, acidification du D-arabitol, du D-xylose, du rhamnose, de l'alpha-méthylD-glucoside, du ribose, du glucose-1-phosphate, du D-tagatose et d'une arylamidase. Ce
dernier test, désigné sous le sigle DIM (pour Différenciation Listeria innocua / Listeria
monocytogenes), est négatif pour Listeria monocytogenes mais positif pour 99 p. cent
des souches de Listeria innocua, pour 99 p. cent des souches de Listeria grayi, pour 97
p. cent des souches de Listeria seeligeri, pour 90 p. cent des souches de Listeria
welshimeri et pour 88 p. cent des souches de Listeria ivanovii. L'utilisation de la galerie
API Listeria évite de recourir aux tests de CAMP.
Techniques d'identification rapide
Des tests commerciaux permettent une détection rapide des Listeria présentes dans les
denrées alimentaires après enrichissement sélectif. Certains de ces tests ont été validés
par L'AFNOR. Ils reposent soit sur des techniques immuno-enzymatiques utilisant des
anticorps monoclonaux spécifiques du genre Listeria (kit Transia®, Vidas Listeria
sp.®...) ou spécifiques de Listeria monocytogenes (Vidas L. monocytogenes®, Lister
test®...) soit sur des techniques faisant appel à des sondes spécifiques de Listeria
monocytogenes et à des tests PCR (Genetrak Listeria monocytogenes®, Accuprobe
Listeria monocytogenes®, Probelia Listeria monocytogenes®...). Ces différents tests ne
sont pas destinés à un diagnostic clinique effectué à partir de prélèvements d'origine
humaine
ou
animale.
Une sonde chimioluminescente, commercialisée par Gen-Probe, permet de confirmer,
en 30 minutes, qu'une colonie isolée sur un milieu gélosé est bien une colonie de
Listeria monocytogenes.
Diagnostic sérologique
Le diagnostic sérologique par agglutination, fixation
immunoprécipitation est peu sensible et peu spécifique.
du
complément
ou
La détection des anticorps anti-listériolysine O est plus prometteuse. Un test de type
dotblot, utilisant comme antigène de la listériolysine O purifiée, nécessite un traitement
préalable des sérums pour éviter les réactions faussement positives dues à la présence
d'anticorps anti-streptolysine O. Un test de Western-blot, faisant appel à un polypeptide
produit par des techniques de biologie moléculaire et correspondant aux 411 premiers
acides aminés de la listériolysine O (partie ne présentant pas d'homologie avec la
streptolysine O) est beaucoup plus spécifique mais des réactions faussement positives
sont observées lors d'encéphalites herpétiques. La sensibilité de ces tests est toutefois
médiocre et n'est globalement que de 50 à 60 p. cent.
Selon l'Institut de Veille Sanitaire, l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des
Aliments et le Centre National de Référence des Listeria, la sérologie est soit trop peu
sensible soit trop peu spécifique pour apporter à l'heure actuelle une aide au diagnostic.
Sensibilité aux antibiotiques
In vitro, Listeria monocytogenes et les autres Listeria sp. sont généralement sensibles à
de nombreux antibiotiques : pénicilline G, ampicilline, amoxicilline, azlocilline,
imipénème, gentamicine, sisomicine, nétilmicine, amikacine, kanamycine,
streptomycine, érythromycine, clarithromycine, roxithromycine, tyrothricine,
vancomycine, teicoplanine, daptomycine, triméthoprime-sulfaméthoxazole, rifampicine
et tétracyclines.
Un résistance naturelle est notée vis-à-vis des céphalosporines (notamment vis-à-vis des
céphalosporines de 3ème génération à large spectre comme la céfotaxime ou la
céfépime), de l'aztréonam, de l'acide nalidixique, de l'ofloxacine (la D-ofloxacine est
complètement inactive alors que le deuxième composant de l'ofloxacine, la
lévofloxacine, est modérément active), des fluoroquinolones récentes et de la
fosfomycine.
La sensibilité est intermédiaire pour la céfalotine, la ciprofloxacine, le chloramphénicol
et la clindamycine.
Quelques rares souches sont capables d'acquérir une résistance à la streptomycine, à la
kanamycine, à la gentamicine, au triméthoprime, aux tétracyclines ou à la rifampicine.
L'émergence des souches résistantes résulte généralement de l'acquisition de plasmides
ou de transposons conjugatifs. Ainsi, en 1988, une souche multirésistante a été isolée en
France. Cette souche résistait à l'érythromycine, à la streptomycine, au
chloramphénicol, à la tétracycline et à la minocycline. L'ensemble de ces caractères est
porté par un plasmide de 37 kb (le plasmide p IP 811) également présent chez des
souches de ¤ Enterococcus sp. et de Streptococcus sp. In vitro, les plasmides de
résistance aux antibiotiques des entérocoques se transfèrent facilement à des souches de
Listeria sp. Il est donc probable que ce transfert soit possible in vivo notamment lorsque
des souches de Listeria sont hébergées dans le tube digestif. Selon Hof et al. (1997), la
pression de sélection, due à une utilisation anarchique des antibiotiques, pourrait dans
un proche avenir faire émerger de nombreuses souches de Listeria multirésistantes.
La résistance à la tétracycline est la résistance acquise la plus fréquemment observée
chez Listeria monocytogenes aussi bien chez des souches isolées de prélèvements
cliniques que chez des souches isolées des aliments et de l'environnement.
En revanche, aucune souche résistante aux pénicillines n'a été isolée.
Le traitement fait généralement appel à une association pénicilline G (ou ampicilline) gentamicine. L'association triméthoprime - sulfaméthoxazole constitue une bonne
alternative chez les sujets allergiques aux bêta-lactamines. Cette dernière association
présente l'avantage de bien pénétrer la barrière hémoméningée et d'être active sur les
bactéries intracellulaires. Chez l'homme, la vancomycine est parfois utilisée dans le
traitement des formes septicémiques (la grande variabilité des concentrations atteintes
dans le LCR conduit à émettre des réserves sur son utilisation dans les formes neuroméningées).
Prophylaxie
La prophylaxie médicale (vaccination et/ou antibioprophylaxie) n'est pas utilisée et,
selon un avis***** du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France (approuvé le 29
juin 1999), il n'y a pas lieu de recommander une antibioprophylaxie systématique en cas
de consommation d'un aliment contaminé par Listeria monocytogenes.
La prophylaxie des infections à Listeria et notamment des anadémies de listériose
humaine est avant tout une prophylaxie sanitaire qui nécessite un contrôle de tous les
échelons de la filière agro-alimentaire. Cette prévention est toutefois très délicate car les
Listeria sp. sont des germes ubiquistes dont l'éradication est illusoire.
De plus, la détection des denrées alimentaires contaminées ne peut résoudre tous les
problèmes. Comme le souligne Catteau (1999) la mise en évidence des Listeria sp. dans
les aliments est un élément important de la prévention mais, même si l'on disposait de
moyens de détection très rapides et très fiables, elle ne peut être suffisante. En effet,
après fabrication d'un aliment, la présence d'une seule cellule dans un produit apte à
assurer sa multiplication représente un danger potentiel pour un consommateur fragile.
Pour déceler 0,1 p. cent de produits contaminés avec un taux de réussite de 95 p. cent, il
faudrait analyser 2000 produits. Dans ces conditions, un industriel ne peut certifier que
ses denrées alimentaires sont totalement exemptes de Listeria monocytogenes.
Prévention dans les élevages
Les ensilages doivent être correctement préparés et conservés. Un soin particulier doit
être apporté au tassement et à l'absence de terre. L'ensemencement des ensilages avec
des souches de Lactococcus lactis ou de Lactobacillus plantarum permet d'inhiber la
croissance des Listeria et l'utilisation de ce procédé apparaît prometteur.
L'hygiène des locaux et en particulier de la salle de traite est primordiale (réduction des
contaminations fécales, propreté et désinfection du matériel du traite...). Les
désinfectants classiques (détergent acide anionique, ammonium quaternaire, iode,
hypochlorite...) sont actifs sur Listeria monocytogenes.
Le lait stocké à la ferme doit être conservé à une température ne dépassant pas 4 °C et
une recherche systématique de Listeria sp. doit être entreprise en vue de détecter les
vaches excrétrices. Cette recherche peut s'effectuer avec un rythme annuel ou semestriel
et être réalisée à l'échelon individuel ou, pour les grands effectifs, sur des échantillons
successifs de taille de plus en plus réduite. La réforme des femelles excrétrices est une
nécessité.
Diminution de la contamination des matières premières
Tout doit être fait pour éviter la contamination des matières premières (hygiène de la
traite, hygiène de l'abattage, surveillance des locaux et des conditions de stockage,
hygiène corporelle et vestimentaire des manipulateurs, sélection rigoureuse de la
matière première lorsqu'elle est destinée à l'élaboration d'un produit cru...).
En moyenne, 2 à 4 p. cent des prélèvements de lait cru sont contaminés et cette
contamination présente un risque important pour les produits fabriqués à base de lait cru
et qui, comme certains fromages, permettent une bonne multiplication du germe
(environ 10 p. cent des fromages au lait cru sont contaminés).
En revanche, la pasteurisation du lait (72 °C pendant 15 secondes) est considérée
comme efficace si elle est correctement effectuée (nettoyage et désinfection régulières
des pasteurisateurs, vérification des réglages, surveillance de l'opération). L'anadémie
due à du lait pasteurisé et observée dans le Massachusetts en 1983, aurait résulté d'une
contamination intervenue après la pasteurisation. De même, l'anadémie due à du beurre
pasteurisé et observée en Finlande en 1999 aurait résulté d'une contamination de la
chaîne de conditionnement.
Les carcasses des animaux de boucherie sont essentiellement contaminées en surface et,
à l'abattoir, le poste de dépouillage est un point critique de contamination.
Ultérieurement, les phases de découpe et de conditionnement accroissent les risques. Il
est donc nécessaire de veiller au respect strict des normes d'hygiène pour chacun de ces
postes à risque. Heureusement, la cuisson des viandes de boucherie limite les risques
d'infections alimentaires.
Le traitement antimicrobien des matières premières (ionisation, irradiation, système
lactoperoxydase, utilisation d'antimicrobiens biologiques, traitement par des acides
organiques tels que l'acide lactique, l'acide citrique ou l'acide acétique...) a fait l'objet de
très nombreux travaux. C'est notamment le cas de l'utilisation de bactériocines produites
par des bactéries lactiques (¤ Carnobacterium sp., Lactobacillus sp., Leuconostoc sp.,
Pediococcus sp. ...).
Maîtrise de la transformation
Les Listeria sp. sont introduites dans les locaux de transformation par les matières
premières contaminées, par les équipements de manutention contaminés, par les
chaussures et les vêtements du personnel, par les individus porteurs sains... Leur
croissance et leur survie est favorisée par l'humidité et par la présence de nutriments.
Listeria monocytogenes est capable d'adhérer à de nombreuses surfaces (y compris le
verre ou l'acier inoxydable), elle survit dans les biofilms présents dans l'environnement
des entreprises de transformation, elle peut être retrouvée sur les mains du personnel
même
après
lavage
et
elle
survit
dans
les
aérosols.
L'utilisation de conditionnement sous vide ou sous atmosphère modifiée n'a aucun effet
significatif sur la croissance de Listeria monocytogenes (bactérie aéro-anaérobie), il en
va de même pour la présence des nitrites (du moins aux concentrations résiduelles
autorisées dans les aliments c'est à dire 150 mg/kg), pour la congélation à - 18 °C et
même
pour
des
cycles
successifs
de
congélation-décongélation.
Les conditionnements sous atmosphère modifiée (remplacement de l'air par un mélange
d'oxygène, de dioxyde de carbone et d'azote) ont pour but d'augmenter la date limite de
consommation (DLC) en inhibant la croissance des flores d'altération. Dans ces
conditionnements, la croissance de Listeria monocytogenes peut être favorisée par
l'absence de développement des flores d'altération et les travaux de Harrison et al.
(2000) montrent qu'il est nécessaire de conserver ces aliments à une température
maximale de 4 °C afin d'éviter une croissance trop importante des éventuelles Listeria.
Pour prévenir toute contamination, la préparation des denrées alimentaires doit être
effectuée dans le strict respect des bonnes pratiques d'hygiène (hygiène des locaux,
hygiène du matériel, hygiène corporelle, hygiène vestimentaire, hygiène gestuelle,
hygiène du conditionnement, hygiène du stockage) et elle nécessite la mise en place
d'un système d'assurance qualité de type HACCP (Hazard Analysis Critical Control
Point). La formation et la sensibilisation du personnel sont particulièrement
importantes.
Les entreprises agro-alimentaires sont tenues de pratiquer des auto-contrôles et ceux ci
sont complétés par des contrôles officiels. La fréquence des auto-contrôles est laissée à
l'appréciation des industriels mais des recommandations sont édictées par les autorités
sanitaires. Ces recommandations sont variables selon le type d'industrie, selon les
quantités de produits fabriqués... Globalement, les recommandations prévoient au moins
un contrôle par trimestre.
À la production, les normes françaises actuelles (2 février 2000) exigent, une absence de
Listeria monocytogenes dans 25 grammes de lait ou de produit à base de lait, une
absence dans 25 grammes d'aliments spécialement destinés à la consommation de
populations à risque (aliments pour nourrissons, aliments spéciaux à usage médical) et
un taux maximum de 100 bactéries par gramme de produit de salaison. Récemment,
l'AFSSA (Agence Française de sécurité Sanitaire des Aliments) a préconisé une absence
totale de Listeria monocytogenes dans 25 grammes pour les produits de salaison.
Toutefois, à la date du 2 février 2000, cette recommandation n'a pas été reprise dans un
document officiel.
Les critères applicables à la distribution sont une absence dans 25 grammes pour les
aliments spécialement destinés à la consommation de populations à risque (aliments
pour nourrissons, aliments spéciaux à usage médical) et pour les aliments ayant fait
l'objet d'un traitement assainissant dans leur conditionnement définitif ou conditionnés
aseptiquement après traitement. Les autres denrées alimentaires doivent renfermer
moins de 100 Listeria monocytogenes par gramme. Cette limite de 100 Listeria
monocytogenes par gramme correspond à une tolérance qui n'est acceptable que dans le
cas où le producteur de la denrée a fait réaliser une étude de vieillissement prouvant qu'à
la date limite de consommation (ou DLC) la denrée respecte ce critère.
Respect de la chaîne du froid et réduction des dates limites de consommation
Listeria monocytogenes peut se multiplier à basse température mais le temps de
génération est beaucoup plus long qu'à température ambiante. Le respect de la chaîne du
froid est donc primordial pour éviter une multiplication excessive. Si les industriels et
des commerçants ont les capacités techniques d'assurer une bonne conservation des
aliments, il n'en va pas toujours de même pour les consommateurs. Un produit
présentant très peu de bactéries au moment de la vente peut devenir fortement
contaminé lorsqu'il est conservé plusieurs jours voire même plusieurs semaines dans un
réfrigérateur domestique dont la température est généralement supérieure à + 4 °C.
L'éducation des consommateurs est un point important mais il serait illusoire de croire
qu'elle pourra concerner tous les individus. Dans ces conditions, une diminution des
dates limites de conservation peut constituer une bonne alternative. Récemment, une
réduction de 12 jours des dates limite de consommation des produits de charcuterie a été
décidée par l'administration française.
Information des consommateurs et des populations à risque
Les réfrigérateurs ménagers jouent un rôle important dans la contamination des
aliments : nettoyage et désinfection irrégulières, température souvent voisine de 7 à
8 °C, absence de séparation des aliments... Les analyses bactériologiques faites sur les
réfrigérateurs des malades révèlent qu'ils sont fréquemment contaminés par des Listeria
(dans une étude, 81 réfrigérateurs sur les 121 examinés, soit un pourcentage supérieur à
66, ont permis d'isoler Listeria monocytogenes).
Outre le respect des bonnes conditions de stockage, il est indispensable que les sujets à
risque (femmes enceintes, patients immunodéprimés et personnes âgés) connaissent les
précautions permettant de réduire le risque de contamination d'origine alimentaire. Ces
recommandations ont fait l'objet d'une circulaire de la Direction Générale de la Santé
diffusée
en
mars
1993
et
elles
sont
les
suivantes :
. Pour les achats de produits de charcuterie consommés en l'état (pâtés, rillettes, produits
en gelée, jambon...) préférer les produits préemballés aux produits vendus à la coupe. Si
ces produits sont achetés à la coupe, ils devront être consommés rapidement après leur
achat.
. Éviter la consommation de lait cru et de produits à base de lait cru.
.
Cuire
soigneusement
les
aliments
crus
d'origine
animale.
. Laver soigneusement les légumes crus et les herbes aromatiques.
. Dans le cas de repas qui ne sont pas pris en collectivité, les restes alimentaires et les
plats cuisinés doivent être réchauffés soigneusement avant consommation immédiate.
. Conserver les aliments crus (viandes, légumes, etc.) séparément des aliments cuits ou
prêts
à
être
consommés.
. Se laver les mains, nettoyer les ustensiles de cuisine après la manipulation d'aliments
non
cuits.
. Nettoyer fréquemment et désinfecter ensuite avec de l'eau de Javel son réfrigérateur.
Le numéro 4 du 25 janvier 2000 du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire donne
quelques
précautions
supplémentaires :
. Éviter les produits de charcuterie cuite tels que les rillettes, pâtés, foie gras, produits en
gelée,
etc.
. Éviter la consommation de poissons fumés, de coquillages crus, de surimi, de tarama,
etc.
. Éviter de consommer crues des graines germées telles que les graines de soja.
.
Enlever
la
croûte
des
fromage.
. S'assurer que la température du réfrigérateur est suffisamment basse (4 °C).
. Respecter les dates limites de consommation.
Les recommandations des Centers for Disease Control and Prevention (CDC d'Atlanta)
sont comparables à celles édictées par la Direction Générale de la Santé. Toutefois, les
CDC édictent des normes applicables à tous les individus (cuire soigneusement les
aliments d'origine animale, laver soigneusement les légumes crus, éviter la
consommation de lait cru et de produits à base de lait cru, se laver les mains et nettoyer
les ustensiles de cuisine après la manipulation d'aliments non cuits) et des normes
supplémentaires concernant les individus à risque (éviter la consommation de tous les
fromages à pâte molle même fabriqués avec du lait pasteurisé, éviter la consommation
des plats cuisinés à l'avance ou des aliments de restauration rapide (comme les hotdogs) qui n'ont pas été réchauffés longtemps à température élevée).
Conclusion
Les listérioses ne sont pas un problème majeur en santé animale ou en santé publique.
Toutefois, elles se caractérisent par un taux de mortalité important et, à ce titre, elles
nécessitent une grande vigilance de la part des vétérinaires, des médecins, des
hygiénistes et des industriels. Comme la majorité des cas résulte de l'ingestion
d'aliments, des mesures doivent être mises en œuvre pour limiter leur contamination,
pour détruire les Listeria déjà présentes dans une denrée et pour informer les
consommateurs et notamment les populations à risque.
L'absence totale de Listeria dans toutes les denrées alimentaires est illusoire et une
réglementation très sévère ne peut être respectée (comment un industriel pourra-t-il
assurer que tous les produits de tous les lots sont indemnes de Listeria ?).
Dans ces conditions, il convient de faire un choix. Soit le consommateur accepte de
manger des aliments éventuellement faiblement contaminés soit il ne consomme que de
denrées alimentaires stérilisées ou cuites à haute température et il bannit de son
alimentation les crudités, le lait cru, les produits au lait cru, les salaisons, les poissons
fumés... Cette dernière attitude doit être respectée par les femmes enceintes, par les
individus immunodéprimés et par les personnes âgées mais elle apparaît excessivement
contraignante pour les gens en bonne santé qui, à condition de veiller aux bonnes règles
d'hygiène lors du stockage des aliments et lors de la préparation de leur nourriture,
courent un risque minime.
Orientation bibliographique
Autre site Web
Site de la Comission Listeria monocytogenes de l'Agence Française de Sécurité
Sanitaire des Aliments.
Bactériologie
Les références des publications décrivant et/ou validant les différentes espèces du genre
Listeria sont données dans le fichier Listeria de List of Bacterial Names with Standing
in Nomenclature.
BILLE (J.), ROCOURT (J.) et SWAMINATHAN (B.) : Listeria, Erysipelothrix, and
Kurthia. In: P.R. MURRAY, E.J. BARON, M.A. PFALLER, F.C. TENOVER et R.H.
YOLKEN (ed.) : Manual of Clinical Microbiology, 7th edition, ASM Press,
Washington, D.C., 1999, pp. 346-356.
BIND (J.L.) et SCALZO (S.) : Recherche des Listeria dans les produits pathologiques
d'origine animale. Texte français de référence d'une technique d'analyse. Centre
National d'Études Vétérinaires et Alimentaires, Paris, 1996, 8 pages.
BOERLIN (P.), ROCOURT (J.) et PIFFARETTI (J.C.) : Taxonomy of the genus
Listeria by using multilocus enzyme electrophoresis. Int. J. Syst. Bacteriol., 1991, 41,
59-34.
LARPENT (J.P.) : Listeria. Technique et Documentation Lavoisier, 1995, un volume.
McKELLAR (R.C.) : Use of the CAMP test for identification of Listeria
monocytogenes. Appl. Environ. Microbiol., 1994, 60, 4219-4225.
MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE : Note de service
DGAL/SDHA/N.93/N° 8108 du 5 juillet 1993. (Texte repris dans la norme AFNOR
VO8-055 de décembre 1993).
RALOVICH (B.) : Data for the properties of Listeria strains. Acta Microbiol. Hung.
1992, 39, 105-132.
ROCOURT (J.) : Taxonomie du genre Listeria et typage de L. monocytogenes. Path.
Biol., 1996, 44, 749-756.
ROCOURT (J.), RENAUD (F.) et FRENEY (J.) : Listeria. In : J. Freney, F. Renaud, W.
Hansen, C. Bollet : Manuel de Bactériologie Clinique, 2ème édition, Elsevier, collection
Option Bio, 1994, pp. 833-849.
SEELIGER (H.P.R.) et JONES (D.) : Genus Listeria Pirie 1940, 383AL. In: P.H.A.
SNEATH, N.S. MAIR, M.E. SHARPE and J.G. HOLT (ed.) Bergey's Manual of
Systematic Bacteriology, vol. 2, The Williams & Wilkins Co., Baltimore, 1986, pp.
1235-1245.
SWAMINATHAN (B.), HUNTER (S.B.), DESMARCHELIER (P.M.), GERNERSMIDT (P.), GRAVES (L.M.), HARLANDER (S.), HUBNER (R.), JACQUET (C.),
PEDERSEN (B.), REINECCIUS (K.), RIDLEY (A.), SAUNDERS (N.A.) et
WEBSTER (J.A.) : WHO-sponsored international collaborative study to evaluate
methods for subtyping Listeria monocytogenes: restriction fragment lenght
polymorphism (RFLP) analysis using ribotyping and Southern hybridization with two
probes derived from L. monocytogenes chromosome. Int. J. Food. Microbiol., 1996, 32,
263-278.
Autres publications (liste limitée à des synthèses)
AMGAR (A.) rédacteur/éditeur : Compte-rendus de la conférence internationale
Listeria et sécurité alimentaire, 13-14 juin 1991, Laval, France. ASEPT Editeur, Laval,
1991, 220 pages.
BEN EMBAREK (P.K.) : Presence, detection and growth of Listeria monocytogenes in
seafoods: a review. Int. J. Food. Microbiol., 1994, 23, 17-34.
BERTHOLOM (C.) : Listeria monocytogenes et sa pathologie (compte rendu d'un
colloque réuni le 17 mars 1995 à Paris). Option/Bio, 1995, numéro 145-146, 1-4.
BROOME (C.V.) : Listeriosis: can we prevent it? ASM News, 1993, 59, 444-446.
BRUGÈRE-PICOUX (J.) : La listériose ovine. Bull. GTV, 1994, n° 3, 65-69.
CATTEAU (M.) : Listeria monocytogenes : un problème de méthode d'analyse ? Bull.
Soc. Fr. Microbiol., 1999, 14, 99-101.
CHAUBEAU (C.) et DUFFOUR (B.) : Listeria. Bull. GTV, 1994, n° 4, 57-63.
COSSART (P.) : Interactions of the bacterial pathogen Listeria monocytogenes with
mammalian cells: bacterial factors, cellular ligands, and signaling. Folia Microbiol.,
1998, 43, 291-303.
CURTIS (G.D.W.) et LEE (W.H.) : Culture media and methods for the isolation of
Listeria monocytogenes. Int. J. Food Microbiol., 1995, 26, 1-13.
De VALK (H.), ROCOURT (J.), LEQUERREC (F.), JACQUET (C.), VAILLANT
(V.), PORTAL (H.), PIERRE (O.), PIERRE (V.), STAINER (F.), SALVAT (G.) et
GOULET (V.) : Bouffée épidémique de listériose liée à la consommation de rillettes.
France, octobre-décembre 1999. Synthèse des données disponibles au 12/01/2000.
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, N° 4, 25 janvier 2000. (Disponible sur
Internet : http://www.invs.sante.fr/)
DEVER (F.P.), SCHAFFNER (D.W.) et SLADE (P.J.) : Methods for the detection of
foodborne Listeria monocytogenes in the U.S. J. Food Safety, 1993, 13, 263-292.
DURAND (M.P.) : Listeria - Listérioses et produits laitiers. Première partie. Bull. Soc.
Vét. Prat. de France, 1992, 76, 517-539.
DURAND (M.P.) : Listeria - Listérioses et produits laitiers. Deuxième partie. Bull. Soc.
Vét. Prat. de France, 1993, 77, 15-37..
GERROS (T.C.) : Recognizing and treating listeriosis in dairy goats. Vet. Med., January
1998, 92-98.
HOFT (H.), NICHTERLEIN (T.) et KRETSCHMAR (M.) : Management of listeriosis.
Clin. Microbiol. Rev., 1997, 10, 345-357.
HOF (H.) et ROCOURT (J.) : Is any strain of Listeria monocytogenes detected in food a
health risk. Int. J. Food. Microbiol., 1992, 16, 173-182.
IRETON (K.) et COSSART (P.) : Mécanismes d'entrée de Listeria monocytogenes dans
les cellules de mammifères : facteurs bactériens, ligands cellulaires et signalisation.
Annales de l'Institut Pasteur / actualités, 1997, 8, 131-138.
LASA (I.), EGILE (C.), COSSART (P.) et SANSONETTI (P.J.) : Motilité
intracellulaire et polymérisation de l'actine par Listeria monocytogenes et Shigella
flexneri. Annales de l'Institut Pasteur / actualités, 1997, 8, 163-172.
LARPENT (J.P.) : Listeria. Technique et Documentation Lavoisier, 1995, un volume.
LOW (J.C.) et DONACHIE (W.) : A review of Listeria monocytogenes and listeriosis.
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RALOVICH (B.) : Data for the properties of Listeria strains (a review). Acta Microbiol.
Hung., 1992, 39, 105-132.
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BEUCHAT et T.J. MONTVILLE (éd.) : Food microbiology. Fundamentals and
frontiers. ASM Press, Washington DC, 1997, pp. 337-352.
ROCOURT (J.) et JACQUET (C) : Epidémiologie des infections humaines à Listeria
monocytogenes en 1994 : certitudes et interrogations. Annales de l'institut Pasteur /
actualités. 1994, 5, 168-174.
SCHELCHER (F.), VALARCHER (J.F.), MAENNLEIN (E.), COSTARD (S.), de
CLERMONT (R.) et ESPINASSE (J.) : Listériose des ruminants et santé humaine.
Point Vétérinaire, 1992, 24, 215-227.
TILNEY (L.G.) et TILNEY (M.S.) : The wily ways of a parasite: induction of actin
assembly by Listeria. Trends Microbiol., 1993, 1, 25-31.
Quelques publications récentes (à la date du 25 juin 2000)
COFFEY (A.), VAN DEN BURG (B.), VELTMAN (R.) et ABEE (T.) : Characteristics
of the biologically active 35-kDa metalloprotease virulence factor from Listeria
monocytogenes. J. Appl. Microbiol., 2000, 88, 132-141.
HARRISON (W.A.), PETERS (A.C.) et FIELDING (L.M.) : Growth of Listeria
monocytogenes and Yersinia enterocolitica colonies under modified atmospheres at 4
and 8 °C using a model food system. J. Appl. Microbiol., 2000, 88, 38-43.
LYYTIKÄINEN (O.), AUTIO (T.), MAIJALA (R.), RUUTU (P.), HONKANENBUZALSKI (T.), MIETTINEN (M.), HATAKKA (M.), MIKKOLA (J.), ANTTILA
(V.J.), JOHANSSON (T.), RANTALA (L.), AALTO (T.), KORKEALA (H.) et
SIITONEN (A.) : An outbreak of Listeria monocytogenes serotype 3a infections from
butter in Finland. J. Infect. Dis., 2000, 181, 1838-1841.
WILKINS (P.A.), MARSH (P.S.), ACLAND (H.) et DEL PIERO (F.) : Listeria
monocytogenes septicemia in a thoroughbred foal. J. Vet. Diagn. Invest., 2000, 12, 173176.
AVIS JURIDIQUE IMPORTANT : Les informations qui figurent sur ce site sont
soumises à une clause de non responsabilité et sont protégées par un copyright.
* : Quelques souches de Listeria sp. isolées de viande de porc maintenue à basse
température avaient été identifiées comme étant Listeria denitrificans. Toutefois, lors
d'études ultérieures, ces souches se sont révélées nitrate réductase négative et elles ne
sont plus considérées comme des souches de Listeria denitrificans.
Retour
** : Caractères phénotypiques de Brochothrix thermosphacta :
D'après : SNEATH (P.H.A.) et JONES (D.) : Genus Brochothrix Sneath and Jones
1976, 102AL. In: P.H.A. SNEATH, N.S. MAIR, M.E. SHARPE et J.G. HOLT (éd.)
Bergey's Manual of Systematic Bacteriology, vol. 2, The Williams & Wilkins Co.,
Baltimore, 1986, pp. 1249-1253.
Bacilles à Gram positif, de 0,6 à 0,75 µm de diamètre sur 1 à 2 µm de longueur, pouvant
donner des formes coccoïdes dans les vieilles cultures, isolés ou groupés en chaînes de
taille variable, non capsulés, non sporulés, immobiles, aéro-anaérobies, catalase positive
(toutefois, la réponse au test catalase varie avec les milieux de culture et la température
d'incubation), oxydase négative, nitrate réductase négative, fermentant le glucose (sans
gaz) en produisant de l'acide lactique, rouge de méthyle positif, Voges-Proskauer
positif, H2S négatif, non indologène, n'hydrolysant pas l'hippurate de sodium, gélatinase
négative,
citrate
de
Simmons
négatif.
Brochothrix thermosphacta acidifie l'arabinose, le cellobiose, le fructose, le glucose, le
glycérol, le lactose, le maltose, le mannitol, le mannose, le mélézitose, le rhamnose, le
saccharose, la salicine, le sorbitol et le xylose. L'acidification de l'adonitol, du dulcitol,
du galactose, de l'inositol et du mélibiose est faiblement positive et/ou nécessite un
temps d'incubation prolongé. Le sorbose n'est pas fermenté.
La culture est possible pour des températures comprises entre 0 et 30 °C mais une
culture faible est parfois notée à 35 °C. Sur gélose nutritive, les colonies obtenues après
48 heures d'incubation sont convexes, à contour régulier, non pigmentées et leur
diamètre est de 0,75 à 1 mm. La croissance est stimulée par le glucose et sur un milieu
glucosé, les cultures ont une odeur légèrement acide. Toutes les souches cultivent en
présence de 6,5 p. cent de NaCl et de nombreuses souches cultivent en présence de 10 p.
cent de NaCl.
L'habitat de cette bactérie n'est pas connu avec certitude mais, elle est isolée de
nombreuses denrées alimentaires et c'est un agent important d'altération des viandes et
des produits carnés.
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*** : Milieu de Gardner
D'après : LARPENT (J.P.) et LARPENT-GOUGAUD (M.) : Mémento Technique de
Microbiologie. Technique et Documentation Lavoisier, Paris, 3ème édition, 1997, 1039
pages.
Composition en grammes par litre :
Peptone : 20 g/L
Extraits de levure : 2 g/L
Glycérol : 15 g/L
K2HPO4 : 1 g/L
MgSO4 : 1 g/L
Agar : 13 g/L
Sulfate de streptomycine : 500 µg/mL
Cycloheximide : 50 µg/mL
Acétate de thallium : 50 µg/mL
Retour
**** : Caractères phénotypiques des Kurthia sp. (à l'exception de Kurthia sibirica) :
D'après : KEDDIE (R.M.) et SHAW (S.) : Genus Kurthia Trevisan 1885, 92AL Nom.
cons. Opin. 13 Jud. Comm. 1954, 152. In: P.H.A. SNEATH, N.S. MAIR, M.E.
SHARPE et J.G. HOLT (éd.) Bergey's Manual of Systematic Bacteriology, vol. 2, The
Williams & Wilkins Co., Baltimore, 1986, pp. 1255-1259.
Bacilles à Gram positif, de forme régulière, de 0,8 à 1,2 µm de diamètre sur 2 à 4 µm de
longueur (la longueur est toutefois très variable selon l'âge des cultures), groupés en
chaînes souvent parallèles les unes aux autres, pouvant donner des formes coccoïdes
dans les vieilles cultures, non sporulés, généralement mobiles grâce à une ciliature
péritriche, aérobies stricts, à métabolisme respiratoire, n'acidifiant pas les sucres dans un
milieu peptoné, catalase positive, oxydase négative, nitrate réductase négative,
gélatinase négative.
La température optimale de croissance est de 25 à 30 °C et sur une gélose à base de
peptones et d'extraits de levure, les colonies sont irrégulières, elles présentent des
filaments et peuvent évoquer une tête de méduse. Une culture est obtenue pour une
concentration en NaCl de 5 p. cent et pour une température de 5 °C.
L'habitat de ces bactéries semble être l'appareil digestif des mammifères et des oiseaux.
Des souches de Kurthia sp. sont isolées de selles diarrhéiques mais leur pouvoir
pathogène n'est pas documenté. Les Kurthia sp. sont fréquemment isolées des viandes et
des produits carnés notamment lorsqu'ils sont conservés à des températures de l'ordre de
16 °C.
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***** AVIS DU CONSEIL SUPERIEUR D'HYGIENE PUBLIQUE DE FRANCE
(approuvé le 29 juin 1999) SUR L'OPPORTUNITE D'UNE ANTIBIOPROPHYLAXIE
POUR LES PERSONNES AYANT CONSOMME UN ALIMENT CONTAMINE PAR
LISTERIA MONOCYTOGENES
Considérant :
- qu'il n'y a pas de données dans la littérature qui permettent d'apprécier réellement le
risque lié à la consommation d'un aliment contaminé ;
- que les éléments recueillis par le CNR (Centre National de Référence) des Listeria et
les données de l'InVS (Institut de Veille Sanitaire) ont montré que le nombre de cas
humains identifiés après différentes alertes alimentaires a toujours été extrêmement
faible par rapport au nombre estimé de personnes ayant consommé l'aliment contaminé ;
- qu'il n'y a pas d'exemple, à sa connaissance, de pays recommandant une
antibioprophylaxie à la suite de consommation d'aliment contaminé par Listeria
monocytogenes ;
- qu'en revanche, la recommandation faite aux populations à risque est de consulter un
médecin sans délai en cas de fièvre ou syndrome grippal durant les deux mois suivant la
consommation d'un aliment contaminé ;
la section des maladies transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de
France émet l'avis suivant :
En raison de la rareté des cas survenant après consommation d'un aliment qui s'avère a
posteriori contaminé, de la relative faiblesse du risque tel qu'il apparaît dans l'état actuel
des connaissances et de l'absence d'élément scientifique en faveur d'un traitement
antibiotique en l'absence de signe clinique, il n'y a pas lieu de recommander une
antibioprophylaxie systématique en cas de consommation d'un aliment contaminé par
Listeria monocytogenes.
En revanche une information aux consommateurs est dans ce cas impérative, les invitant
notamment à faire preuve de vigilance et à consulter sans délai devant l'apparition de
fièvre, isolée ou accompagnée de maux de tête, survenant dans les deux mois qui
suivent la consommation de l'aliment contaminé.
CET AVIS NE PEUT ETRE DIFFUSE QUE DANS SON INTEGRALITE SANS
SUPPRESSION NI AJOUT
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