Comment le laboratoire Servier entend se transformer d`ici à 2020

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Comment le laboratoire Servier entend se transformer d`ici à 2020
L’Usine Nouvelle.com
1er février 2016
Comment le laboratoire Servier entend se transformer d’ici à 2020
Pour exister face aux géants de la pharmacie, le laboratoire français Servier veut se transformer.
Son antidote: innover dans les traitements du cancer, poursuivre ses ventes à l'étranger, et
maintenir mais réorganiser son ancrage hexagonal.
L’annonce, en novembre dernier, d’un plan social touchant 610 de ses 690 commerciaux en France, les
visiteurs médicaux, devrait générer une manifestation historique pour le groupe, mardi 2 février, à l'appel
des syndicats CFDT et Unsa. Trentième laboratoire pharmaceutique mondial et deuxième français, le
laboratoire Servier doit poursuivre "une nécessaire adaptation pour assurer sa pérennité", a expliqué
son président Olivier Laureau, vendredi 29 janvier, en présentant les résultats du groupe (voir encadré).
Confronté au "défi de la taille" face aux géants du secteur, comme Novartis ou Sanofi, il veut miser sur
son indépendance - son statut de fondation lui permet de réinvestir tous ses bénéfices en R&D, avec
une "vision long terme" - et son agilité, pour "atteindre cinq milliards d’euros de chiffre d’affaires" en
2020.
SE FAIRE UN NOM DANS LE TRAITEMENT DU CANCER
Servier réalise encore un quart de ses ventes dans l’hypertension, un quart entre l’insuffisance
cardiaque et le diabète, et un autre quart dans les génériques de médicaments. Mais demain, c’est dans
l’oncologie qu’il entend "devenir un acteur de référence". Pour se faire une place dans le marché très
bataillé des traitements du cancer, il multiplie les partenariats.
Le géant suisse Novartis est venu chercher son expertise, tandis que Servier s’est rapproché de la
biotech française Cellectis à la technologie innovante, ou encore du japonais Taiho. Aujourd’hui, six de
ses 23 candidats médicaments en cours de développement sont en oncologie. Mais il ne sera
significativement présent sur ce marché qu’à l’horizon 2020-2024.
VENDRE TOUJOURS PLUS À L’ÉTRANGER
Impacté par des baisses de prix continues et l’affaire Mediator, Servier ne réalise plus que 900 millions
d’euros de ventes dans l’Hexagone, dont 651 millions sous sa marque de génériques Biogaran.
Pour ses médicaments Servier, désormais commercialisés à 92% à l’étranger, les premières filiales sont
devenues la Chine et la Russie, devant la France. Or un nombre croissant de pays font pression pour
que Servier produise localement. Aujourd’hui, 63% de ses médicaments Servier sont donc produits à
l’étranger.
Merci de ne pas diffuser ce PDF. Reproduction réalisée avec l'autorisation du CFC.
MAINTENIR MAIS RÉORGANISER L’ANCRAGE FRANÇAIS
Cela n’empêche pas le groupe d’assurer sa volonté de maintenir son ancrage français. Sur les 21 200
salariés du groupe, 5 000 sont encore localisés en France. Servier y produit encore 95% des principes
actifs de ses médicaments, une activité de chimie fine très stratégique. Pour remplir ses usines
françaises de chimie et de pharmacie et éviter les suppressions d’emploi, il s’est ouvert depuis un an à
la sous-traitance. Avec déjà trois contrats signés en chimie. Et réorganise son site de Gidy (Loiret) pour
le rendre plus productif.
Sa R&D – qui représente 24% de ses ventes - est encore réalisée entièrement dans l’Hexagone. Le
groupe oriente progressivement le profil de ses salariés vers le développement dans l’oncologie. Mais
n’exclut pas, afin de la rendre elle aussi plus compétitive, de centraliser sa partie recherche – répartie
aujourd’hui entre les sites franciliens de Suresnes et de Croissy - sur un seul lieu : une plateforme qui
serait plus ouverte sur le monde académique et hospitalier. Avec une constante : "la création de valeur
dans ce groupe se fait en France", assure Olivier Laureau.
Gaëlle Fleitour
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