Quand le poids

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Quand le poids
par Juliette labaronne
Quand le poids
obsession...
devient une
Mélanie, Racha
et Mélissa(1)
te parlent de Mélanie, 19 ans « Dès qu’un garçon
leur manière venait me parler,
d’appréhender Mélanie se voyait grosse alors qu’elle n’était que joliment ronde.
Heureusement, après quelques années de galère, le regard de
leur corps,
son copain a enfin réussi à la rassurer sur sa séduction…
leurs kilos en
je voyais dans le miroir
plus minces. Je me rends
n’y ressemblait pas
compte aujourd’hui que
trop ou non,
du tout ! Pour ne rien
je me montais la tête pour
arranger, ma mère,
rien, mais, à l’époque,
dans un
très mince, m’a souvent
ça a eu des conséquences
reproché
d’être
trop
désastreuses sur mes
monde où la
grosse, ce qui l’amenait
relations amoureuses :
à croire (et même parfois
j’avais même du mal à
minceur est,
à me dire) que je ne
supporter l’idée qu’un
trouverais jamais de
mec me touche, j’étais
dès le plus
copain. Ce discours me
complètement coincée !
déprimait, et je n’avais
Au bahut, je zappais
jeune âge,
aucune motivation pour
systématiquement la
maigrir. Je mangeais
piscine, le prof de sport a
idéalisée. À
sans me soucier des
même cru que j’avais la
conséquences, et du coup
phobie de l’eau, alors que
tort, bien sûr !
je le jetais »
Épidémie d’obésité : près d’un quart
des Françaises de plus de 15 ans est
en surpoids, et 13 % sont obèses. Un
chiffre qui augmente de 5,7 % par an.
Sources : Inserm, Insee 2006.
Les personnes représentées n’ont aucun lien avec le sujet traité.
Dossier
(1) Les prénoms ont été changés.
‘‘
J’ai commencé à
compter les kilos dès
la classe de troisième
Peu sûre de moi, je n’étais
pas à l’aise avec les mecs,
je me sentais moche
et moins attirante que les
autres filles. À l’époque,
je faisais 69 kilos pour
1,74 mètre, et je me sentais
vraiment mal dans ma
peau. Je suis d’une nature
assez généreuse, au
niveau de la poitrine et
des fesses… Pas le genre
de corps qui s’affiche
dans les magazines ! Très
coquette, j’adore suivre la
mode de près. Pour plaire
et me plaire, j’avais très
envie de ressembler aux
mannequins, ou tout au
moins de me rapprocher
de cette image. Et ce que
j’ai même pris un peu
de poids pour atteindre
71 kilos ! À ce stade,
j’étais obsédée par mes
bourrelets, je détestais
ma silhouette. Pendant
quelques mois, j’ai opté
pour le camouflage :
je ne mettais plus que
des vêtements amples,
voire carrément trop
grands, avec des jeans
baggy. C’était loin d’être
sexy, mais de toute façon,
j’étais dans un tel état
que je commençais à
perdre le goût des sorties,
je passais mon temps
à comparer mes fesses
à celles de mes copines
je suis à la base un vrai
poisson... J’habite au bord
de la mer : sur la plage,
je ne quittais jamais mon
paréo, j’en avais toute
une collection. Dès qu’un
garçon venait me parler,
je le jetais. Agressive,
j’étais convaincue que
tout le monde me voyait
comme un boudin
qui n’avait même pas
la volonté de mincir…
C’était la grande
période du jean slim
Heureusement, pendant
l’été, je me suis mise
à travailler, ce qui m’a
enfin débloquée. Mon
➥
girls.fr /71
Dossier
« À 18 ans,
je pesais 132 kilos »
Racha, 20 ans
« Kilos en trop : à partir
de quand y a-t-il problème ? »
tu es juste ronde, ou si
ton poids peut influer sur
ta santé ! Tu as peut-être
déjà entendu parler du
calcul de l’IMC (Indice de
masse corporelle). C’est
l’outil de dépistage utilisé
pour dépister le surpoids
(et le sous-poids).
Mais attention : cette
méthode de calcul n’est
malheureusement pas
adaptée aux ados, elle
s’adresse uniquement
aux plus de 20 ans.
➜ Si tu veux faire le
point, mieux vaut donc
en parler à ton médecin,
à l’infirmière du bahut,
sans chercher à faire des
calculs seule de ton côté
(notamment sur Internet).
Inutile également de
comparer ton poids
avec celui de tes
copines : chaque fille a
sa propre morphologie,
et traverse une étape de
développement qui n’est
pas forcément identique,
même à âge égal.
esprit a été occupé par
sortie avec des mecs qui
bien des choses. Cela
autre chose, et du coup
profitaient à fond de mon
fait six mois que l’on est
j’ai perdu du poids sans
manque de confiance en
ensemble, et il n’arrête
trop d’effort. Je suis
moi. Je n’osais jamais
pas de me répéter que
descendue à 64 kilos,
rien dire, de peur de me
je suis très bien comme
mais ça ne me suffisait
faire jeter, et du coup,
je suis. Petit à petit,
pas, je me sentais encore ils me traitaient comme
j’ose lui dévoiler mon
trop grosse. Ça m’a
une carpette. L’un d’eux
corps sans honte.
quand même permis
décommandait une fois
Grâce à lui, je commence
de recommencer
sur deux les soirées
à me voir comme je suis
à m’habiller
réellement,
Grâce à lui, je me vois comme les autres
de manière plus
féminine, sans
me voient en fait :
réellement comme
pour autant
une fille qui n’a
les autres me voient.
assumer à 100 %.
pas le moindre
Il faut dire que
surpoids, mais un
dans les magasins,
prévues de longue date
corps féminin, différent
j’avais l’impression de
par texto, alors que
des top models au look
ne trouver que des jeans
j’avais mis des heures
androgyne. Il me pousse
34 ou 36 à taille ultraà me préparer. Un autre
aussi à m’habiller avec
basse… En plus, c’était
complimentait en public
des vêtements qui me
la grande période du jean les filles ultrafines, alors
mettent en valeur, et je
slim : pour bien porter
que dans l’intimité il
prends enfin du plaisir
cette coupe, mieux vaut
semblait apprécier mes
à m’habiller. J’ai même
être un fil de fer ! J’avais
formes ! Tous ces mecs
arrêté d’acheter
également mis au point
jouaient avec moi, et je
systématiquement des
des techniques pour
pensais que la cause de
tailles 38, alors que
masquer mes rondeurs :
ces problèmes c’était
je fais en réalité du 40 !
je ne buvais pas à
mes kilos.
Je m’amuse enfin
midi, mais seulement
avec la mode : bottines,
le soir avant de me
Grâce à mon copain,
minis, décolletés, j’essaie
coucher, pour éviter que
je commence à me voir tout ! Régulièrement,
mon ventre ne gonfle.
comme je suis : une
on me demande si j’ai
Et pendant la journée,
fille sans surpoids
fait un régime, alors
je serrais au maximum
avec un corps féminin
que je n’ai pas perdu
mes abdos pour masquer Par chance, j’ai fini par
un kilo : je pense que
mon petit bedon…
rencontrer mon copain
je donne une meilleure
À cette époque, je suis
actuel, et cela a changé
image de moi, en me
sentant plus en harmonie
avec mon corps et en
m’habillant différemment.
Même si j’ai parfois
l’impression d’avoir
1,63 mètre perdu du temps, et de
pour 63 kg :
m’être fait souffrir pour
c’est la corpulence
rien, j’ai compris qu’il
moyenne d’une
ne sert à rien de vouloir
Française en 2007.
à tout prix ressembler
aux filles des mag’.
Sources : Inserm,
Insee 2006.
Et que dans la vraie
vie, les garçons ne
s’intéressent pas qu’aux
sacs d’os, loin de là !
‘‘
72/ girls.fr
Racha a lutté durant de longues années contre l’obésité.
Elle raconte son combat, et la façon dont elle est
parvenue à se réconcilier avec son corps...
‘‘
À 7 ans, j’ai été
vivre un an en Égypte,
chez mon père
Les personnes représentées n’ont aucun lien avec le sujet traité.
➜ Difficile de savoir si contacts utiles
➜ + d’infos sur la boulimie et les troubles du comportement
alimentaire : www.enfine.com et www.boulimie.fr
➜ Fil Santé Jeunes : 0 800 235 236 (n° Vert, 8 h/minuit)
➜ Tout sur les kilos en trop : www.obesite.com
➜ L’association 100 % rondeurs : www.pulpeclub.com
C’est à ce moment-là
que tout a commencé : j’ai
été gavée de nourriture,
c’était l’orgie. De retour
en France, ma mère a eu
un choc : j’étais devenue
obèse ! Elle, si mince et si
sportive, ne supportait
pas de me voir comme ça.
Elle m’a traînée voir des
médecins, mais les kilos
s’accrochaient malgré
tout. Je n’avais pas 10 ans
que j’étais déjà obligée
de m’habiller en taille
femme ! J’ai vite souffert
du manque de tolérance
dont les gros sont
victimes. Ma famille m’a
mais pour m’expliquer
aucune taille ne m’allait),
surnommée « la vache
que j’étais trop grosse,
au resto (une horreur),
qui allaite »… Quand
que mon état était
dans les transports
les gens voyaient ma
néfaste pour ma santé,
(plutôt rester debout
mère, ils doutaient
que je devais bien me
quinze stations que
carrément que je sois
rendre compte que je
devoir prendre deux
sa fille ! À l’époque,
n’étais pas comme les
strapontins pour
je répondais aux
m’asseoir). Dans la
moqueries par les
J’entendais toujours : rue, impossible de
coups. Au collège,
quoi que ce
« Tu serais jolie… si tu manger
le cauchemar a
soit – même à l’heure
perdais 15 kilos ! »
encore empiré. En
du déjeuner quand
plus des remarques,
je mourais de faim –
impossible de plaire :
autres filles... Quel choc !
sans croiser des regards
pour les mecs, je n’étais
Sur le coup j’ai pleuré,
éloquents ou déclencher
toujours que la bonne
et après j’étais en colère : des agressions verbales
copine. Tout le monde
comment avaient-elles
de passants.
draguait tout le monde,
pu me parler sur ce ton ?
et moi j’étais exclue
Famille, profs, amis…
J’ai rassemblé
du jeu de la séduction.
Personne ne se rend
mon courage pour
J’entendais : « Tu serais
compte de la souffrance
retourner voir
jolie… si tu perdais
provoquée par de telles
une diététicienne
10 ou 15 kilos ! » Hors
remarques ! Pourtant,
Dans son cabinet, j’ai
de question bien sûr
j’essayais de maigrir, en
vécu la pire humiliation
qu’un mec s’affiche
calquant mes menus sur
de ma vie. Cinq longues
avec moi, il aurait eu
ceux de ma mère, puis
minutes, ce soi-disant
trop honte… C’était sans
médecin m’a fixée, sans
avec le régime pomme,
doute ça le plus dur :
parler. Puis elle m’a
le régime choux-fleurs…
ne pas exister aux yeux
lâché qu’elle ne pouvait
Sans arriver à m’y
des garçons. Je recevais
tenir. À 18 ans, je pesais
plus rien pour moi, et
aussi sans cesse des
132 kilos, un stade
m’a demandé si j’avais
« conseils » de gens bien
d’obésité dite « morbide ». un copain, des relations
intentionnés... Mon pire
Je m’essoufflais pour
sexuelles et tout un tas
souvenir : le jour où deux
un rien, tout me rappelait de questions indiscrètes.
profs m’ont convoquée
que j’étais hors norme :
La claque ! Je me suis
après les cours. Non pas
les regards dans les
levée et je suis partie,
pour me parler études,
magasins de fringues (où la rage au ventre.
➥
girls.fr /73
Dossier
excessives de
quand tu te fais plaisir nourriture, sucreries...
au cours d’un bon
Ces crises peuvent
repas : cela n’a bien
apparaître notamment
sûr rien à voir avec un après un régime
trouble alimentaire… trop restrictif. C’est un
La boulimie est
trouble alimentaire
caractérisée par
d’origine psychologique
une obsession, une
qui s’accompagne
envie irrépressible
souvent d’un mal-être,
de manger, sans
et se répète plusieurs
appétit et en cachette, fois par semaine. La
des quantités
plupart des personnes
très importantes,
boulimiques s’obligent
Malgré mon poids, j’ai
toujours été dynamique.
Je faisais du hip-hop, et
au milieu d’une compét’
je me suis grièvement
blessée. J’avais oublié de
mettre ma genouillère, et
mon genou a cédé sous
mon poids. Aux urgences,
je n’ai pas pu faire les
examens, la table ne
supportait pas mon poids !
Impossible également
de m’opérer, toujours
pour les mêmes raisons.
Il a été question de me
trouver une table
vétérinaire : ma fierté en
a pris un sacré coup ! J’ai
refusé catégoriquement.
De retour chez moi,
j’avais le moral à zéro,
je pleurais, je ne pouvais
plus marcher, je souffrais.
Mais je me suis affamée
et j’ai perdu les 20 kilos
qui me permettaient
j’ai pris une autre claque.
Mais elle m’a promis
de me donner ma chance
si je perdais du poids…
Ça a été le déclic :
ma vie n’allait pas
être gâchée à cause
de kilos en trop !
Et toute seule, en dix-huit
mois, j’ai perdu 37 kilos.
Je n’ai rien lâché. Je me
suis inscrite à un club de
gym. Quand je rentrais,
ma mère m’avait préparé
des salades, des trucs
sains : j’ai peu à peu
repris plaisir à manger
des légumes, à retrouver
une vraie hygiène de vie.
Mes potes également me
boostaient, même à la
gym j’ai trouvé des gens
super pour m’encourager.
Se faire accepter est
une question d’attitude :
en parlant avec les
autres, j’ai toujours
réussi à briser la glace.
Aujourd’hui, je suis
encore trop ronde, mais
je m’accepte mieux.
Et la créatrice
Et, toute seule,
vêtements a
j’ai perdu 37 kilos. de
tenu sa promesse :
Je n’ai rien lâché.
je suis aujourd’hui
une égérie de la
de me faire opérer
marque ! Une belle
comme tout le monde.
revanche ! Je compte
Je les ai, hélas !, vite
bien continuer à perdre
repris. À cette époque,
du poids pour sortir de
j’ai fait un casting
l’obésité, être en osmose
pour une marque de
avec moi-même. Il ne
vêtements grande taille.
faut pas se voiler la face,
Quand la créatrice m’a
sans même parler de
expliqué que j’étais
santé, il est très difficile
trop grosse, que j’allais
de ne pas être dans
déformer les vêtements,
la normalité.
Mélissa, 17 ans
« J’ai une maladie qui me pousse à
Tu veux réagir ou témoigner ? Prends la parole sur le forum
manger sans pouvoir m’arrêter ! »
Mélissa s’était
mise à manger
de manière
compulsive.
Jusqu’au jour
où elle a compris
pourquoi : elle
était boulimique.
Depuis, elle lutte
contre la maladie...
‘‘
Je suis boulimique…
Ça a commencé vers
l’âge de 7 ans, après
la séparation de mes
parents. Avaler, me
remplir, c’était une façon
d’évacuer une trop grande
tristesse, de me soulager
de cette boule que j’avais
dans la gorge. Quand
j’avais une contrariété,
je me vengeais en
mangeant. Au moment
des pires crises, je me
faisais cuire des pâtes ou
du riz, je finissais la viande
du frigo, j’engloutissais
tout ce qui me tombait
sous la main pour me
« gaver ». Alors que lors
d’une petite crise le sucre
suffisait à me calmer,
à me réconforter. Mais
après, je me sentais
toujours mal, honteuse.
J’ai déjà tenté de me
faire vomir, mais ce genre
de chose n’est pas pour
moi. Jusqu’à récemment,
j’engloutissais
énormément, et tout le
monde me voyait juste
comme une fille plutôt
« goinfre »… Sans
comprendre le malheur
qui se cachait derrière…
On croit que je mange
parce que je suis
gourmande, mais c’est
tout le contraire. Chaque
dispute avec mes
parents ou mes amies
me poussait à manger
à toute vitesse, et
surtout n’importe quoi.
Ma mère était obligée
de fermer le placard
à gâteaux à clef, pour
ma santé
Lorsque j’avais fait
une crise dans la
journée, elle s’en doutait,
elle voyait que je m’en
voulais… Alors on se
prenait la tête toutes
les deux, et les crises
reprenaient : un cercle
vicieux ! À l’époque, on ne
savait pas ce qu’était la
boulimie. Ce n’est qu’il y
a deux ans, en regardant
une émission télé sur le
sujet, que ma mère et
moi avons compris qu’en
fait, j’étais malade. En
voyant toutes ces filles
témoigner, je me suis
sentie incroyablement
soulagée d’apprendre
que ce n’était pas de ma
faute. Mais en même
Après plusieurs
années sans rien
évacuer, forcément,
j’ai pris beaucoup
de poids À l’école,
dès le primaire, j’étais
l’objet d’un rejet quasicomplet, même ma soidisant meilleure amie
se moquait de moi.
Et encore aujourd’hui,
les remarques ne cessent
pas. Mes notes se sont
mises à baisser, j’arrivais
tremblante en cours,
l’idée même de franchir
le portail de l’entrée me
rendait malade. Lorsque
je suis entrée au collège,
c’était hyper dur. Être
ronde, c’est subir jour
après jour les regards,
girls.fr
En pleines formes !
Dans Hairspray, la
pétillante Nikki Blonsky
crève l’écran au
côté de Zac Efron.
Qui d’autre
que Jennifer Hudson
aurait pu faire le
poids face à Beyoncé
dans Dreamgirls ?
▲
‘‘
74/ girls.fr
Sources : Inserm,
Insee 2006.
Les personnes représentées n’ont aucun lien avec le sujet traité.
À l’hôpital, impossible
de me faire opérer :
la table ne supportait
pas mon poids
Environ 2 %
des femmes
et 4 à 8 %
des jeunes
filles souffrent
de boulimie.
ensuite à “éliminer ”
ce qu’elles ont
ingurgité par différents
moyens, mais ce n’est
pas toujours le cas.
➜ Plus elle est prise
en charge rapidement,
plus la boulimie
se soigne facilement.
Pour cela, il faut se
faire aider et aller en
parler à un médecin
au plus vite, sans
craindre d’être jugée.
encore disparu. Je n’ai
pas fait de crise depuis
des mois, mais il faut
reconnaître que je n’ai
pas eu à gérer de grosses
contrariétés ! J’ai changé
d’école, j’arrive à prendre
du recul face aux
remarques, et j’espace les
visites à mon père : une
fois, il m’a fait remarquer
que j’étais trop grosse,
et j’ai vu la honte dans son
regard… C’est l’un des
temps, ce n’était pas non
moments de ma vie qui
plus évident de regarder
m’a fait le plus souffrir.
en face le vrai problème
Heureusement, il fait
psychologique qu’il allait
aujourd’hui de gros efforts
falloir régler. J’ai consulté
pour m’aider. Il y a trois
je ne sais combien
mois, j’ai enfin rencontré
de diététiciennes…
le grand amour en chatant
Mais ceux qui ne
sur Internet. Je ne
Quand j’avais une
connaissent pas
cache jamais le
cette maladie ne
que je suis forte
contrariété, je me vengeais fait
savent pas. Ils me
quand j’y fais des
en mangeant.
conseillaient tous
rencontres, mais
de sortir, de faire du
la distance me donne
sport, de m’occuper, en
plus de cinq mètres sans
la possibilité de dévoiler
oubliant la nourriture.
être fatiguée. J’ai toujours
ma personnalité sans
Seulement, quand je suis
peur de casser une chaise
complexe. Dans la réalité,
prise d’une crise, mon
en cours… Et ce n’est
je n’oserai jamais aborder
esprit est concentré
qu’une partie infime de
un garçon qui me plaît !
sur la nourriture ! Je ne
tout ce qui est dur dans
Car je pense que, pour
peux pas l’oublier, c’est
la vie d’une fille forte.
une fille boulimique, il est
comme une drogue,
plus difficile d’assumer
me « remplir » devient
Aujourd’hui ma
ses formes que pour une
vital pour oublier mes
mère m’apporte tout
fille ronde naturellement :
peines. Un médecin
son soutien J’essaie
chaque kilo équivaut à son
spécialisé m’a dit que
d’arrêter les crises afin
poids de souffrance. Bonne
j’étais une « passoire »
de maigrir et de m’aimer
nouvelle : j’ai entamé un
au niveau de mes
telle que je suis, même
régime… et en deux mois
sentiments : c’est vrai
si cette maladie n’a pas
j’en ai perdu neuf ! ■
que je suis très sensible.
s
➜ Inutile de flipper
les remarques des autres.
Même s’il faut avouer que
son propre regard peut
parfois être le plus sévère
de tous ! Ma vie est
devenue de plus en plus
compliquée : le simple
geste par exemple de
mettre ses chaussettes
est une épreuve de haut
niveau. Le manque de
place dans les rayons
des magasins, les bus,
les trains, fait que l’on
s’excuse toutes les cinq
secondes de gêner tout
le monde. En cours, on
bouscule la table de
derrière parce qu’on a des
grosses fesses, on ne peut
pas marcher ou courir
‘‘
« Entre bon appétit et crise
de boulimie, où est la limite ? »
Entre deux défilés
(elle est mannequin),
Mia Tyler (la demisœur de Liv) a créé
une ligne de
fringues pour
rondes ! t
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