TTU 1-799 - copie:TTU 1-610
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LETTRE HEBDOMADAIRE D'INFORMATIONS STRATÉGIQUES Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Guillem Monsonis - 12 mars 2015 - n° 968 DES DÉBRIS PAR MILLIERS… La séduction Reaper Le démembrement en orbite, en février, d'un satellite météo de l'US Air Force en 46 fragments prouve une nouvelle fois que lʼEspace extra-atmosphérique “utile”, indispensable aux opérations militaires, est devenu un endroit encombré et dangereux : acteurs de plus en plus nom breux, encombrement des principales orbites par des débris et satellites inactifs... On compte ainsi aujourd'hui près de 23 000 débris de plus de 5 cm en orbite. Les projets américains de grandes constellations de microsatellites et lʼémergence prochaine dʼacteurs spatiaux privés en Asie vont accroître les risques de collisions et de génération de débris orbitaux. Pour faire face à cette urgence, les principales agences spatiales ont lancé, depuis plusieurs années, un dialogue technique au sein de la commission spéciale IADC, afin de sʼaccorder sur des pratiques communes, notamment de limiter la production de débris, de coopérer entre agences pour éviter les collisions, de mettre en place des mesures de sortie dʼorbite pour les satellites en fin de service (destruction dans l'atmosphère pour les orbites basses et mise en orbite “cimetière” pour les géostationnaires)... Les Etats-Unis, qui disposent de moyens inégalés en termes de surveillance de lʼEspace (SSA), coopèrent avec une dizaine de pays pour fournir des informations permettant dʼéviter des collisions dʼobjets spatiaux. Cʼest ainsi que le Vietnam a été averti lʼété dernier dʼun risque de collision entre un de ses satellites avec un débris spatial. Une coopération qui existe aussi avec la France : le centre dʼorbitographie opérationnel (COO) du CNES peut être averti par ses homologues américains sur la position de tel ou tel satellite ou débris, qui est ensuite recoupée par les moyens militaires français (radar Graves et SATAM) en étroite coordination avec la Division Surveillance de lʼEspace (DSE). La décision dʼune manœuvre dʼévitement peut, au besoin, être décidée par le CNES, comme ce fut le cas en février 2014 avec le satellite dʼécoute Elisa, même si ces manœuvres consomment de grandes quantités d'ergols et réduisent la durée de vie du satellite. En parallèle du développement de blindages sur les satellites, qui contribuent à les alourdir, les efforts portent sur les technologies d'élimination des débris (active debris removal). Mais quelles technologies employer pour nettoyer lʼEspace et notamment les très encombrées orbites basses ? (suite page 3) Les succès qu'enregistrent General Atomics en Europe avec la vente d'un système de quatre drones aux Pays-Bas, la négociation en cours de trois nouveaux Reaper pour la France et l'écrasante supériorité de la proposition faite à l'Espagne ne s'expliquent pas seulement par les attraits de l'offre commerciale ou technique, mais par une véritable stratégie de séduction des opérationnels, déclinée à tous les niveaux de la chaîne hiérarchique. Acheter un Predator offrira, d'ici quelques semaines, aux partenaires européens la possibilité d'intégrer un club d'utilisateurs où seront capitalisées les meilleures pratiques et retours d'expériences. Mais alors que cet outil marketing est en général à l'initiative des industriels, ce dernier est directement administré par l'US Air Force, car le Predator n'est pas qu'un simple vecteur, il est avant tout l'instrument d'une doctrine et d'une chaîne de commandement que le Pentagone cherche à imposer à ses alliés. Les opérations américano-britanniques en Irak permettent d'avoir une petite idée des procédures véhiculées au sein de ce futur club d'utilisateurs. Rapatriés d'Afghanistan pour l'Irak en octobre dernier, les Reaper britanniques superposeraient au sein d'une même mission plusieurs sous-missions tactiques, opératives, ou stratégiques, allant de la surveillance (Imint, Sigint, Gmti) adverse ou alliée (force protection), du Damage Assessment temps réel en support aux opérations de frappes aériennes, jusqu'à la désignation ou la neutralisation d'objectifs d'opportunité, afin de minimiser l'usage des commandos au sol. Mais le cœur du système Reaper repose plus sur le concept de centres d'opérations combinés et sur ses experts que sur ses machines. (suite page 2) Boko Haram : effacer un revers Lʼannonce par le chef de Boko Haram, le 7 mars, du ralliement de son organisation à lʼEtat islamique (Daech) nʼest pas une surprise. Les différentes étapes du processus de validation par lʼEI dʼune nouvelle affiliation en sa faveur ayant été respectées, le leader de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, nʼa même pas eu besoin de la confirmer officiellement. Les gages idéologiques, stratégiques, opérationnels et médiatiques apportés par Boko Haram ont été jugés conformes pour «mériter le label», comme le qualifient des experts sécuritaires. Selon des sources africaines et britanniques interro- gées par TTU, le rapprochement opérationnel entre les deux organisations aurait commencé en février dernier, via “lʼenvoi de conseillers” de Daech auprès dʼAbubakar Shekau. Cette initiative faisait suite à la mention, fin 2014, dans le support de propagande du groupe dʼAbou Bakr al-Baghdadi, le magazine Dabiq, dʼune allégeance en cours avec «un groupe nigérian». La sophistication progressive des capacités opérationnelles de Boko Haram, ajoutée à lʼinstauration dʼun califat décrété dans la région de Borno, au Nord du Nigeria, en étaient dʼautres confirmations. (suite page 2) PAGE 2 Stratégie et politique TTU - N° 968 - 12 mars 2015 ➤ Boko Haram : effacer un revers (suite de la page 1) Selon ces sources, Abubakar Shekau a décidé dʼannoncer ce qui était déjà acté, pour tenter de contrebalancer par «un acte relevant de la guerre psychologique», selon ces sources, un rapport de forces de plus en plus en sa défaveur. L'Union africaine avait, en effet, annoncé, la veille de cette annonce, avoir validé la création d'une force régionale basée à NʼDjamena dirigée contre le groupe, dont le principe avait été adopté le 29 janvier lors d'un sommet des chefs d'Etat de l'UA, laquelle pourrait finalement comprendre jusquʼà 10 000 hommes. Le même jour, les armées tchadienne et nigérienne lançaient, depuis le Niger, une offensive aérienne et terrestre dʼampleur dans le nord-est du Nigeria. Le groupe aurait perdu quelque 500 membres lors de lʼoffensive suivante, menée par lʼarmée tchadienne le 9 mars, sur la ville frontalière de Damasak. ➤ Poursuite de purges On avait cru la purge quʼorganise Xi Jinping dans lʼAPL limitée aux cadres dirigeants corrompus de lʼentourage de son prédécesseur, Hu Jintao, et de Jiang Zemin, qui était resté longtemps à la tête de la Commission militaire centrale (CMC) même après avoir cédé son poste de président en 2003. Cette semaine, cʼest le contre-amiral Guo Zhenggang, commissaire politique dans la région militaire du Zhejiang, qui se retrouve, avec son épouse, sur la sellette dans le cadre de ventes dʼarmes à Hangzhou impliquant des pots-de-vin. Or celui-ci nʼest nul autre que le fils de Guo Boxiong, lʼex-vice-président de la Commission militaire centrale, luimême mis en accusation à la fin de lʼannée. Et lʼon sʼattend à ce que ce dernier fasse lʼobjet de nouvelles accusations de népotisme et de prévarication. Aux côtés de Guo Zhenggang, treize nouveaux officiers généraux viennent dʼêtre mis en accusation, la semaine dernière, pour corruption et non des moindres : en particulier des officiers de premier plan de la marine, du corps de missiles (2e Artillerie) et de lʼUniversité de Défense nationale. LA SÉDUCTION REAPER (suite de la page 1) Un équipage Predator est désormais composé d'une dizaine de membres. Si deux sont dédiés au pilotage, sous l'autorité d'un commandant qui gère toutes les phases de la mission et l'emploi du système d'armes, le reste des membres forme un “back-end crew” composé de “sensors managers” en charge de l'exploitation des données des différents capteurs, mais aussi d'analystes qui consolident la perception de la menace par l'exploitation des renseignements issus d'autres plates-formes ISR dédiées du dispositif allié (avions sigint, chasseurs dotés de pods de reconnaissance, satellites…). Chaque mission devient donc une opération de renseignement combinée en propre, et dont la durée n'est plus limitée à la capacité d'autonomie du drone. En effet, l'US Combined Operation Air Operations Center assure la coordination entre eux des centres d'opérations des différents théâtres et gère au-dessus de l'arc de crise (Afghanistan, Irak, Yémen, Somalie et Libye) plus de 60 “hippodromes” de surveillance sans interruption. En fonction du degré d'urgence, chaque hippodrome est susceptible de venir relayer ou appuyer un périmètre de surveillance voisin. Si le Reaper constitue un multiplicateur de force sans précédent en termes de renseignement et d'appui aux opérations, les coûts suscités par les standards qu'il impose, et la dépendance initiée à l'égard de l'US Air Force — en raison du refus par celle-ci de fournir aux utilisateurs non américains les systèmes de fusion de données dont elle est propriétaire —, doivent inviter plus que jamais les opérationnels et les politiques européens à sécuriser la totale maîtrise de ce drone comme l'autonomie de la décision qui en découle. ITALIE : INTERVENIR ? AVEC QUOI ? Les récentes déclarations de Paolo Gentiloni, ministre italien des Affaires étrangères, à propos d'une intervention militaire en Libye, ont suscité quelques perplexités dans les hautes sphères militaires. Celles-ci considèrent que les “velléités interventionnistes” du ministre sont pour le moins “hasardeuses et déplacées” du fait que l'armée italienne ne serait pas en mesure de mettre sur pied la force expéditionnaire de 7 500 hommes évoquée par Paolo Gentiloni. «Non seulement nous ne sommes pas prêts à mener une opération de cette envergure, mais tout au plus et dans le meilleur des cas nous ne pourrions aligner, actuellement, que moins de la moitié d'un tel effectif», a déclaré un officier supérieur en poste au Comando Operativo di Vertice Interforze (COI), la structure de commandement responsable pour l'emploi des forces armées employées en opérations extérieures et des grands exercices interarmées et multinationaux. Mêmes perplexités concernant les propos tenus par le général Arturo Nitti, commandant la brigade mécanisée Sassari basée en Sardaigne, qui a déclaré que son unité était prête à intervenir si la situation l'exigeait. «La Sassari est une bonne brigade, avec une solide expérience des opex, mais près de la moitié de son parc mécanisé/motorisé n'est pas opérationnel. L'année dernière, une trentaine de ses véhicules avaient été saisis par la Guardia di Finanza, après avoir été révisés et réparés avec des pièces de rechange usées ou défectueuses auprès d'un garagiste privé local». ÉCOUTES : LA GAFFE DU BND Alors que les services de renseignement allemands (BND) font les choux gras des médias populaires parce que quelquʼun sʼest “amusé” à inonder leur nouveau siège berlinois en y volant quelques robinets, le BND doit aussi faire face à la colère des députés de la Commission dʼenquête parlementaire sur la NSA. Ceux-ci ont ainsi convoqué le patron des services, Gerhard Schindler, qui a dû expliquer pourquoi 136 documents concernant directement des sujets abordés par la Commission avaient été classifiés comme ne relevant pas des centres dʼintérêts des députés et nʼont jamais été livrés. M. Schindler a promis que lʼensemble des livraisons de documents du BND à la Commission seraient réexaminées. Dans les médias, le député Christian Flisek nʼa pas manqué de sʼépancher : «Ce nʼest pas une simple erreur. On nʼa pas “oublié” de fournir ces documents. Cʼest un incident grave», estime-t-il. Pour son collègue écologiste Konstantin von Notz, cʼest «la preuve du désintérêt profond des services, qui ne voient pas dʼintérêt à clarifier la question des écoutes». Actualité des forces PAGE 3 TTU - N° 968 - 12 mars 2015 DES DÉBRIS PAR MILLIERS… (suite de la page 1) Les principales agences spatiales se sont lancées dans des programmes de recherche ambitieux. L'ESA mène, par exemple, un programme de R&D, CleanSpace, qui vise, en plus de l'exploration des solutions permettant les sorties d'orbite des satellites en fin de vie, à mettre au point des technologies d'élimination des débris spatiaux. Le programme de la DLR allemande, DEOS, dont le maître dʼœuvre est Airbus Defence & Space, prévoit ainsi le lancement en 2018 de deux satellites, un satellite client et un satellite de services qui effectuera des démonstrations de technologies dʼélimination contrôlée et des tâches de maintenance (ravitaillement en carburant...), qui permettront aussi dʼallonger la durée de vie des satellites. Plusieurs industriels travaillent à des solutions de captures de débris par filets, harpons ou voiles déployables ou à des éliminations des débris de petite taille par laser. Mais en matière d'élimination de débris, ce qui pourrait être techniquement faisable ne le sera pas forcément politiquement, car certaines technologies, comme le système dʼattache électro-dynamique, en développement par lʼagence japonaise JAXA, pourraient aussi permettre la collecte de débris issus de technologies militaires classifiées (satellites militaires, débris résultant d'essais antisatellites - ASAT). Et pourraient être utilisées à des fins de collecte de rensei gnement ou comme briques technologiques pour de futurs moyens de lutte ASAT. Sur ces questions, la méfiance réciproque reste de mise entre les grandes puissances spatiales... ➤ Pas de navire germano-néerlandais Selon les milieux militaires allemands, les spécifications des marines allemande et néerlandaise étant trop éloignées, le projet de construire ensemble un navire militaire est mort. Car les Allemands désirent un bateau multirôle et les Néerlandais une frégate spécialisée dans la lutte sous-marine. Chacun va donc construire pour soi, avec dʼautres partenaires. Les mêmes sources garantissent que lʼappel dʼoffres allemand sera européen, pour une commande de 4 à 6 vaisseaux à livrer à partir de 2023. Une date excessivement optimiste et qui implique, en tout cas, que lʼappel dʼoffres soit rapidement lancé. Le montant dʼun tel contrat est évalué à environ 2,5 milliards dʼeuros. ➤ Bulgarie : offre sino-pakistanaise Les Américains ne laissent aucune zone sans surveillance en Asie, selon les médias chinois qui se font lʼécho du service de renseignement naval de lʼArmée populaire de libération (haijun qingbaobu). Peu étonnant, cela donne cependant un break-up intéressant : selon ces sources chinoises, lʼUS Navy utilise douze navires de surveillance de surface. Parmi eux, des moyens identiques à ceux des Chinois : les navires océano graphiques. Tel est le cas de lʼUSNS “Bowditch” (de la classe Pathfinder), qui se spécialise dans la collecte dʼinformations concernant les îlots de la mer de Chine du Sud que tout le monde se dispute. Toujours selon la même source : «Cʼest grâce à cet aspirateur de renseignement océanique que les sous-marins dʼattaque à propulsion nucléaire américains identifient la présence de sous-marins de lʼArmée populaire de libération». Cʼest une quarantaine de navires US qui sont actifs dans ces eaux ainsi que dans celles de la mer Jaune et de la mer de Chine orientale. Exemple célèbre : lʼUSNS “Victorious”, qui sʼest retrouvé il y a quelques années, tout comme lʼUSNS “Bowditch”, dans des confrontations avec la marine chinoise. La société sino-pakistanaise PAC/CAC, Pakistan Aeronautical Complex / Chengdu Aircraft Industry Corporation, envisage de proposer le chasseur JF-17 Thunder (voir page 5) à la Bulgarie. Sofia a de fortes difficultés à maintenir à un niveau opérationnel le parc de son armée de l'air. Avec les sanctions économiques face à la Russie, la Bulgarie ne peut pas faire entretenir ses MiG-29 en Russie. Depuis 2004, les six gouvernements bulgares successifs annoncent le besoin d'acquérir de nouveaux chasseurs, sans aucune décision faute de moyens. La PAC/CAC, avec son JF-17, espère proposer un prix largement inférieur par rapport à ses concurrents JAS-39 Gripen, EF-2000 Typhoon ou F-16C/D Fighting Falcon. PLATE-FORME AÉRIENNE ELINT POUR LʼARGENTINE ➤ Matériel gratuit L'avion d'affaires Learjet 35A acheté à Bombardier en juillet 2013 par Buenos Aires, immatriculé pour l'occasion VR-24, aurait subi plusieurs modifications de structures et d'aménagements intérieurs par l'intégrateur américain Avcon Industries, dans le but d'en faire la première plate-forme Elint de nouvelle génération des forces aériennes argentines. Doté d'un radôme, de senseurs Elint en bout d'ailes et d'antennes intégrées au fuselage, c'est à Thales que les Argentins ont confié la réalisation du système. C'est la suite RESM Vigile 200, fabriquée sur le site de Brest, qui équiperait le VR-24 et le doterait d'une capacité de surveillance et de localisation de 0,5 à 18 Ghz, grâce à trois stations de contrôle à bord pour l'Elint, le Comint et le Command & Control. Fidèles au Learjet et aux performances de son système de navigation, les Argentins avaient créé, pendant la guerre des Malouines, l'escadron Fénix, doté de deux de ces plates-formes, afin de réaliser des missions de reconnaissance, de désignation et de réception. L'Ouzbékistan est en train de prendre livraison de plus de 300 engins blindés type MRAP livrés gratuitement par les Etats-Unis. Il s'agit plus précisément de MaxxPro, de Force Protection Cougar et d'Oskhost M-ATV provenant des surplus de l'armée américaine. Cette donation s'inscrit dans le cadre de la coopération bilatérale en matière de lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants, qui a permis aux forces armées et de sécurité ouzbekes d'obtenir précédemment de Washington des viseurs nocturnes, des systèmes GPS et des drones tactiques RQ-11 Raven. RENSEIGNEMENT NAVAL US AUTOUR DE LA CHINE PAGE 4 Actualité des forces TTU - N° 968 - 12 mars 2015 ➤ Accord israélo-vietnamien Début mars, le Vietnam a annoncé quʼil avait signé un accord (MoU) avec Israël portant sur la coopération de défense. Lʼintérêt israélien croissant pour ce pays pourrait être confirmé par lʼenvoi prochain dʼun attaché de défense à Hanoï. Lʼindustriel IWI (Israel Weapon Industries) y est déjà présent dans le cadre dʼun projet visant une production locale de fusils Galil 31/32 ACE. Lʼannonce intervient après quʼune délégation du ministère de la Défense se soit déplacée au Vietnam. A lʼissue, ADS (Aeronautics Defense System) avait annoncé un intérêt des autorités locales pour un nouvel Orbiter-2 en plus des deux déjà fournis ainsi que pour lʼOrbiter-3. ➤ “Un client important” Les industriels suédois sʼinquiètent des possibles conséquences du non-renouvellement par Stockholm dʼun accord de coopération militaire avec lʼArabie Saoudite. Le 10 mars, le ministre de la Défense, Peter Hultqvist, a annoncé cette mesure en la justifiant par le fait que, de toute façon, cette coopération entre les deux Etats était désormais quasiment dormante. La décision est intervenue après que Riyad ait mis son véto à la tenue, par la ministre suédoise des Affaires étrangères, dʼun discours – offensif sur les droits de lʼhomme – devant la Ligue arabe. Stockholm affirme que ce camouflet ne serait pas à lʼorigine de la résiliation de lʼaccord. Les industriels suédois, eux, avaient clairement poussé à son renouvellement. Si les affaires quʼils font avec lʼArabie Saoudite ne sont pas régies par cette coopération interétatique lancée en 2005. Mais le coup de gel entre les deux capitales pourrait avoir des répercussions. Le royaume saoudien «est un client important pour nous», rappelle un porte-parole de Saab. INQUIÉTUDE ISRAÉLIENNE EN MER ROUGE Le ministère israélien de la Défense a donné comme instructions aux compagnies maritimes israéliennes de considérer désormais les côtes du Yémen comme une zone «hostile» et de prendre des mesures de précaution. Pour l'Etat hébreu, le détroit de Babl el-Mandeb, séparant Djibouti et le Yémen, est vital. Les responsables militaires redoutent que les Iraniens et leurs alliés, qui ont pris le contrôle de la capitale Sanaa en janvier, en profitent pour tirer des missiles à partir de la côte yéménite vers les navires israéliens en route vers le port d'Eilat, au sud du pays. Pour faire face à ce danger, les compagnies maritimes ont été appelées à prendre les voies les plus éloignées possibles des côtes yéménites. Cette mesure de sécurité est également utilisée au passage des bateaux près du Soudan et de la Somalie, mais la mer Rouge à ces endroits est beaucoup plus large que dans le détroit de Babl-el-Mandeb (où la distance entre les deux rives nʼest que de 30 km), ce qui réduit la possibilité d'attaques. «Nous considérons désormais le Yémen comme un pays passé en partie sous le contrôle des Gardiens de la Révolution iraniens, qui utilisent le port yéménite de Al-Mukha et l'aéroport de Sanaa pour transférer des armes, afin dʼéquiper leurs partisans locaux», souligne un responsable israélien, qui requiert l'anonymat. «L'installation de bases de missiles sol-mer par les Iraniens n'est plus qu'une question de temps. Il faut s'attendre, dans un proche avenir, à ce qu'ils menacent d'interrompre notre trafic maritime à Babl al-Mandeb à la moindre crise politique ou diplomatique», prévoit-il. Autre motif d'inquiétude : la prise du pouvoir par les Houthis pourrait avoir pour conséquence immédiate dʼencourager le trafic d'armes de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, via la péninsule égyptienne du Sinaï. Pendant des années, les armes iraniennes destinées à cette enclave, soumise à un blocus israélien, ont transité par le Soudan. Mais les autorités saoudiennes, à la suite de plusieurs attaques de drones attribuées à Israël contre des convois dʼarmes, ont refusé que les Iraniens ouvrent une base permanente sur leur territoire, de craintes d'autres représailles israéliennes. «Au Yémen, les Iraniens n'ont désormais plus ce genre de restrictions», déplore le responsable. BATAILLON ALLEMAND SOUS COMMANDEMENT POLONAIS Une armée européenne ? Jean-Claude Juncker la souhaite. La ministre Ursula von der Leyen et sa patronne Angela Merkel aussi. La preuve : après la Brigade franco-allemande, voici que lʼarmée de terre allemande (Heer) va placer un bataillon de 600 soldats sous les ordres dʼun officier polonais, probablement à partir de 2016. Et la réciproque suivra de peu. Cʼest ce quʼa annoncé, vendredi dernier, le général Bruno Kasdorf, chef dʼétat-major de lʼarmée de terre. «Nous voulons amener nos relations avec la Pologne au même niveau que celles que nous avons avec la France et les Pays-Bas et montrer ainsi à quel point la Pologne est importante pour nous», a-t-il expliqué. Cette initiative fait suite à la déclaration dʼintention dʼoctobre 2014 et à lʼannonce du 21 janvier sur le rapprochement et la coopération entre les deux armées. Les deux pays ont prévu des échanges dʼélèves officiers, des échanges dʼofficiers dʼétats-majors pour toutes les armes dès 2016, le renforcement du nombre de troupes allemandes engagées dans lʼexercice militaire de lʼOtan qui aura lieu en Pologne, en Hongrie et dans les Pays Baltes, cette année, avec 5 200 soldats allemands, et, enfin, «lʼéchange de commandement». Pour le général Kasdorf, cette dernière expérience est intéressante car, outre la marque de confiance quʼelle représente, elle va un pas plus loin que la Brigade franco-allemande et son commandement alterné. Il nʼest cependant pas prévu de stationner les bataillons sur le territoire du pays partenaire. Pas question non plus que les états-majors disposent de ces bataillons pour un engagement quel quʼil soit. «De notre côté, cʼest toujours le Parlement qui décide», a rappelé le général Karsdorf. Remarque centrale, car bien que les dirigeants allemands soient très favorables à une armée européenne, elle rappelle que ce sont toujours les constitutions nationales qui règlent encore lʼemploi des armées et quʼune armée européenne soumise au vote du Bundestag est un modèle difficilement praticable. Industries et armement PAGE 5 TTU - N° 968 - 12 mars 2015 BRAHMOS : ESPIONNAGE INDUSTRIEL OU DUPLICITÉ ? Fierté de la collaboration russo-indienne, le missile de croisière supersonique courte portée et multi-plate-forme Brahmos a pourtant suscité la consternation des états-majors indiens, après la découverte d'un clone chinois. Baptisé par Pékin CX-1, la copie chinoise du Brahmos affiche sur les salons d'armement des performances proches en tous points. D'une portée de 280 km (contre 290), d'une vitesse de Mach 2,8-3 (contre 2,5-2,8) avec une charge utile de 260 kg (contre 200 à 300 kg), le CX-1 dispose des mêmes dimensions que son modèle indien. Seul l'écart circulaire probable situé entre 10 et 20 m serait inférieur. Bien que la phase de développement du missile chinois ne soit pas terminée, elle permettrait, à court terme, à l'APL de faire couvrir par son arsenal à courte portée des distances allant de 40 à 280 km. Mais surtout, le CX-1 semble avoir entamé la confiance des autorités indiennes, dans la mesure où la maîtrise d'un tel niveau de performance en termes de propulsion super sonique à statoréacteur (plus de trois plus rapide que le missile américain Harpoon) est un savoir-faire unique et jalousement préservé par le missilier russe NPO Mashinostroyeniya. ARMEMENT ALLEMAND : MOINS DE BOUCHONS Assainir et moderniser le système de commandes dʼarmement en Allemagne, cʼest-à-dire les rapports entre le ministère, le Parlement, lʼarmée et les industriels de lʼarmement, est lʼun des principaux objectifs de la ministre Ursula von der Leyen. Entre autres actions entreprises, la secrétaire dʼEtat à lʼarmement, Kathrin Suder, a été chargée, il y a sept mois, de simplifier les processus dʼévaluation, de consultation et de décision et ainsi de réduire lʼimportant nombre de projets en attente dʼune décision. Aucune banque de données centrale sur lʼarmement de la Bundeswehr nʼexistant au ministère, Kathrin Suder et ses collaborateurs ont pu, entre autres, constater que, dans des services en sous-effectifs, lʼavancement dʼun projet dépendait trop souvent des connaissances dʼune ou deux personnes dont le départ ou la mutation aboutissait à un ralentissement significatif du processus de décision. Une telle banque de données est donc en cours de constitution. Les projets sont désormais classés avec un système de feux tricolores, le rouge étant à traiter en urgence. Le principe de rapports intermédiaires fréquents sur les projets en cours, autorisant les avis contradictoires, a également été retenu. Cela afin que la ministre nʼait pas seulement droit à la version politiquement correcte une fois de temps en temps. De tels rapports seront également demandés aux industriels. Enfin, lʼamélioration des ressources et savoir-faire juridiques internes et externes à la Bundeswehr est une autre priorité, ceci afin de mieux formuler et négocier les contrats passés. Chaque année, lʼarmée allemande en négocie environ 7 000. THAÏLANDE : CONCURRENCE POUR LES SOUS-MARINS Le sud-coréen Hyundai Heavy Industries (HHI) aurait proposé un sous-marin HDS-500 à la marine royale thaïlandaise. Cette offre, dont les détails ne sont pas connus, serait actuellement à lʼétude. HHI ferait la promotion de sa solution en vantant ses faibles dimensions, qui seraient particulièrement bien adaptées aux eaux peu profondes du golfe de Thaïlande. Un autre sud-coréen pousse une offre vers Bangkok pour le même besoin. Il sʼagit de Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering (DSME) avec une solution dérivée du Type-209 allemand. Toutefois, compte tenu de la présence de TKMS sur ce marché, qui plus est avec le même sous-marin, les chances de DSME sont données comme assez faibles. ➤ PME innovante Spécialiste de la réalisation de pièces de systèmes d'assaut (notamment les échelles d'assaut de l'Aravis de Nexter), de caisses blindées à haute protection balistique et de faces avant protégées, la société lyonnaise TRA-C Industrie est la seule à proposer en France et en grande série le procédé de soudage par “friction malaxage”. Un procédé qui offre de nombreux avantages : pas de préparation des joints ni dʼapport en métal, peu de déformation, cordons de soudure constitués du même métal que les parties soudées, soudage dʼalliages difficiles ou hétérogènes, faible consommation énergétique, économie de rivetage... LʼOnera, Airbus et Dassault utilisent déjà, avec des moyens propres, ce procédé pour les besoins de leur R&D. Une technologie qui intéresse la DGA, qui a notifié à TRA-C un projet RAPID sur celle-ci. TRA-C a récemment conclu un accord de coopération avec IBD Engineering France (filiale du spécialiste allemand de la protection des véhicules militaires) pour répondre aux besoins du marché de défense français, quʼil sʼagisse des programmes nationaux ou de lʼexportation du matériel de fabrication française. ➤ Quel moteur pour le JF-17 ? Anatoli Punchuk, directeur adjoint du Service fédéral russe pour la coopération militaro-technique (FSVTS), a précisé, lors du dernier Salon Aero India-2015, que la Russie ne fournira pas de moteurs au Pakistan pour ses avions de combat. La Chine le fera, en revanche, selon le schéma déjà en place. Ce faisant, le responsable russe a démenti les informations récentes annonçant que Pékin avait autorisé Islamabad à se procurer des moteurs RD-93 pour ses JF-17 Thunder directement auprès de Klimov. Cette annonce, tombée en plein Salon, revient dans les faits à ménager lʼInde mais aussi la Chine, marchés stratégiques pour lʼindustrie de défense russe, contrairement au Pakistan. PAGE 6 Repères TTU - N° 968 - 12 mars 2015 ➤ Les armes de Boko Haram Les autorités tchadiennes ont annoncé, à l'occasion de la visite au Cameroun, en début de semaine, du ministre tchadien de la Communication, Hassan Sylla Ben Bakari, que 40 % des armes saisies par les forces tchadiennes dans leur offensive transfrontalière contre Boko Haram étaient de fabrication française. Cette affirmation, immédiatement infirmée par l'ambassadrice de France au Cameroun, Christine Robichon, reflète les interconnexions entre réseaux de fournitures issues des anciens stocks libyens et la forte capacité financière de la secte islamiste... recruter des informateurs au sein du ministère russe de lʼIntérieur, dans les services de police locaux et au sein des régions clés de la Russie. En effet, la CIA étudierait les différents scénarios de crise interne en Russie, ainsi quʼaux actions quʼentreprendraient alors la police et les troupes intérieures. Simple boutade ou “avertissement” se basant sur des informations provenant des services russes de sécurité ? ➤ Pour amateur de petits calibres Les nouveautés en matière d'armes de petits calibres ont été à l'honneur au Salon Idex 2015. Des grands groupes du secteur aux ➤ Les chars sont “légers” PME, tous ont présenté de nouveaux modèles en Si les “pro-Russes” et les avant-première. Rendez Ukrainiens annoncent que vous sur le site internet de les “armes lourdes” ont été retirées des zones de conflit, TTU (www.ttu.fr) pour une analyse complète. il apparaît que les chars nʼont pas été pris en compte ➤ Cap au Nord lors des négociations de A lire sur le site de TTU Minsk. Les troupes pro(www.ttu.fr) un entretien russes qui se concentrent avec Hakon Lunde Saxi, vers Marioupol pourraient chercheur au Centre pour donc bénéficier de leur la sécurité norvégienne et appui-feu... européenne, sur lʼétat de ➤ LʼUkraine dans la défense norvégienne. un exercice Otan ➤ Libye : trafic de pétrole LʼUkraine prend part à L'adoption de la résolution lʼexercice “Crisis Manage2174 du Conseil de sécurité ment Exercises 2015”, organisé par lʼOtan du 4 au de lʼOnu concernant la Libye, en août dernier, qui 10 mars. Selon le scénario “élargit lʼembargo” sur les élaboré, deux Etats non armes et le gel des avoirs à membres de lʼOtan situés toute personne apportant un dans lʼocéan Indien se appui à des actes contre la retrouvent en conflit armé. paix» dans ce pays, a donné Lʼexercice portera sur les satisfaction aux compagnies aspects humanitaires et pétrolières, en particulier maritimes. américaines et britanniques. ➤ La CIA redécouvre Mais elle nʼa pas eu raison la Russie du trafic dʼarmes et de la Selon lʼexpert militaire russe vente de pétrole libyen de Igor Korotchenko, la station contrebande, malgré les menaces de poursuite par la de la CIA à Moscou aurait renforcé ses efforts pour CPI. Environ six millions de Criminalité et terrorisme A lʼoccasion dʼun séminaire organisé conjointement par le CEVIPOF, la Revue Civique et lʼIPSE, Louise Shelley, directrice du programme TRACCC dʼanalyse du crime organisé (Université George Mason, Virginie) est venue présenter les nouvelles formes de criminalité en lien avec les organisations terroristes. Les intervenants ont notamment souligné le parallélisme des modes opératoires entre les frères Kouachi et lʼAméricain converti Jeffrey Chesser, en lien lui aussi avec le yéménite Anouar Al-Awlaki. Chesser avait menacé, il y a quelques années, des membres de la communauté juive et des caricaturistes (lʼéquipe de South Park avait caricaturé le Prophète Mahommet dans un épisode de la série). Il avait été arrêté à temps, en juillet 2010. Le terrorisme fonctionne aujourdʼhui avec des temps dʼincubation longs (5 ans entre lʼaffaire Chesser et les attentats de Paris) et sʼadapte aux environnements de chaque pays : ainsi, Chesser, issu dʼun milieu aisé, nʼa pas trouvé de mode de financement pour ses activités, contrairement aux frères Kouachi ou à Amedy Coulibaly, marginalisés et qui se sont financés grâce à la petite criminalité. Une criminalité (petits trafics de drogues, vente de contrefaçons, de cigarettes, de mobiles volés...) très répandue et donc difficile à détecter par les services antiterroristes. Un «monde illégal dans le monde illégal», notait un intervenant. Aux Etats-Unis, ces phénomènes seraient particulièrement surveillés dans New York. Une menace protéiforme qui joue moins sur des organisations complexes que sur les liens personnels et qui semble privilégier les assassinats ciblés contre le monde politique et de la culture (les explosifs sont délicats à opérer et le commerce de leurs composants étroitement surveillé). Autre point : les organisations terroristes travaillent aujourdʼhui comme de véritables commerces et nʼhésitent pas à diversifier leurs activités, comme Daech qui, pour compenser les pertes des revenus pétroliers suite aux frappes de la coalition, participe au trafic dʼune puissante drogue de synthèse très prisée des marchés saoudiens et américains. Enfin, aux Etats-Unis, le Southcom sʼinquiète tout particulièrement de la situation sécuritaire en Amérique centrale (notamment au Salvador), minée par les bandes criminelles et le narco-terrorisme et qui pourrait être le point de départ de futures attaques contre lʼAmérique. barils de brut libyen, d'une valeur de 1,2 milliard de dollars, ont été vendus sur des marchés parallèles depuis la chute de Kadhafi. Les commandants des milices armées seraient derrière ces transactions illicites, où seraient également compromis des membres des deux gouvernements libyens rivaux. La contrebande de pétrole se ferait par lʼintermédiaire de courtiers basés au Caire, Cannes, Londres et Rabat, qui chargeraient des entreprises chinoises, grecques, chypriotes et italiennes dʼassurer la vente sur les marchés. 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