Le Tartuffe ou l`Imposteur
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Le Tartuffe ou l`Imposteur
Le Tartuffe THÉÂTRE dès 11 ans ou l’Imposteur Voici une comédie dont on fait beaucoup de bruit, qui a été longtemps persécutée et les gens qu’elle joue ont bien fait voir qu’ils étaient plus puissants en France que tous ceux que j’ai joués jusqu’ici… MOLIÈRE 24 Comédie-Française texte Molière mise en scène Marcel Bozonnet avec Clothilde de Bayser Catherine Corringer Camille Schnebelen Véronique Vella Thomas Blanchard Éric Génovèse Gérard Giroudon Clément HervieuLéger Anatoliy Pereverzev Bakary Sangaré Igor Tyczka Daniel Znyk collaboration artistique Sophie Robin 10ans scénographie Daniel Jeanneteau assisté de Constance Arizzoli costumes Renato Bianchi lumières Dominique Bruguière assisté de François Thouret réalisation sonore Nicolas Faguet collaboration aux mouvements Joëlle Bouvier Molière a choisi de s’en prendre à l’hypocrisie religieuse. Littéralement envoûté par Tartuffe, le brave Orgon se retrouverait ruiné sans l’intervention royale. Le scandale soulevé par la pièce montre que Molière avait visé juste. Le Tartuffe est la première mise en scène de Marcel Bozonnet depuis qu’il est administrateur général de la Comédie-Française. C’est aussi la première pièce de la France moderne. C’est la première fois que s’ouvre au théâtre un véritable espace laïque. Non seulement Le Tartuffe dénonce les excès du parti dévot, mais la pièce prouve surtout qu’on peut révéler au théâtre des vérités essentielles. Y montrer ce qu’est l’humain indépendamment des tabous et des interdits de la religion. Ainsi le théâtre, autant que la religion, peut enfin dire aux hommes ce qu’est l’Homme. Dans un magnifique décor, la troupe de Molière donne ici un Tartuffe “sensuel et déluré”. Une très belle distribution réunit notamment Bakary Sangaré, pensionnaire d’origine africaine révélé par Peter Brook, dans le rôle d’Orgon, et Éric Génovèse, jeune sociétaire, étonnant Tartuffe, voyou d’une beauté provocante. Cette chair est éclatante chez Tartuffe que, en l’acteur Éric Génovèse, on a rarement vu aussi jeune, sensuel, déluré, inquiétant et anxieux. Quand il apparaît pour la première fois, il porte une chemise blanche ouverte jusqu’à la taille. La croix qui pend au bout d’un collier signe l’insolence d’une posture. C’est Don Juan qui s’annonce derrière ce Tartuffe : un mécréant bravant le ciel. Le cerne sous ses yeux avoue le combat. C’est sa peau qu’il entend sauver, et qu’il défendra mot à mot, avec l’arrogance d’un homme qui s’est cru au-dessus des lois, et se sentant cerné, attaque là où il peut, au risque de la contradiction. (…) BRIGITTE SALINO - LE MONDE samedi 2 décembre 2006 à 20h30