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Les élèves de seconde de « Littérature et Société » au théâtre
Cette année, les élèves de l’enseignement « Littérature et société » vont explorer hors des murs du
lycée le monde du spectacle vivant. La classe est en effet inscrite à un parcours de spectateurs. Il s’agit
d’assister au théâtre de Cornouaille à trois spectacles au cours de l’année : deux spectacles théâtraux ont
été choisis par le professeur. En février, Cold Blood, ovni mêlant danse de doigts, cinéma, théâtre et
musique, clôturera le parcours.
Le premier spectacle a eu lieu mercredi 12 octobre : Tartuffe, de Molière, pièce mise en scène par
Gwénaël Morin dans la veine de ce qu’Antoine Vitez avait proposé au festival d’Avignon dans les années
1970. Ni décors, ni costumes. Volonté de mettre l’accent sur le plaisir du jeu théâtral.
En une heure trente, là où d’habitude la pièce demande plus de deux heures de représentation, de
jeunes comédiens pleins de vie ont interprété Tartuffe, Dorine, Marianne, Elmire, Orgon... Les élèves ont
tout particulièrement apprécié leur dynamisme. La confrontation entre une tirade du XVIIème et un jeans
du XXIème les a surpris sans les gêner. Certains d’entre eux venaient au théâtre pour la première fois,
aussi ont-ils été attentifs à la mémorisation de ce long texte (qu’ils avaient sous les yeux, les lumières
étant allumées), à la bonne diction des acteurs. Feint ou pas, le trou de mémoire d’un acteur les a fait rire.
Il faut dire qu’un souffleur était présent sur scène, chargé de signaler le passage d’un acte à un autre. Les
interactions entre les acteurs, surgissant parfois dans l’orchestre, et le public ont été appréciées
également : spectateur câliné par-ci, spectatrice mise à contribution par-là. Le comique de situation jouait
à plein : claques qui fusent, table qui vole, mur de scène où s’accroche désespérément un personnage,
table encore, mise à l’honneur cette fois lors d’un tour de prestidigitation.
Cependant les avis des élèves sur le spectacle sont partagés. Un échange par petits groupes, en
classe, a permis de mettre au jour tout ce qui a pu les gêner. Le premier obstacle, lié à la compréhension,
tient au texte de Molière lui-même. Ecrit en vers, parlant de l’hypocrisie religieuse, composé de longues
tirades parfois, il n’est pas facile d’accès. Les élèves se sont accordés pour dire que le plaisir aurait été
plus grand s’ils avaient eu connaissance de la pièce avant. Ils ont eu du mal, par exemple, à identifier les
nombreux personnages de la scène d’exposition, à comprendre leurs relations : la distribution des rôles
s’étant faite par tirage au sort, des femmes pouvaient jouer des personnages masculins et des hommes des
personnages féminins, ce qui a troublé les élèves. En l’absence de décor ou d’accessoires distinctifs, il est
difficile d’avoir des repères. Connaissant le texte, les élèves auraient également pu mieux apprécier des
passages devenus célèbres : « le pauvre homme » (répété à propos de Tartuffe qui n’est pourtant pas à
plaindre !), « Couvrez ce sein, que je ne saurais voir » (Tartuffe à Dorine), « Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes
propres yeux vu, ce qu'on appelle vu » souvent cité comme exemple de pléonasme. Pour finir, le parti-pris
de prononcer les répliques avec un débit très rapide est discutable. Certes, cela a contribué à réduire
certaines tirades ardues pour les élèves mais rares étaient les moments calmes où la beauté des vers
pouvait être appréciée.
Changement d’époque pour la deuxième pièce que la classe ira voir le jeudi 2 décembre : le
XXème siècle, pour La Résistible ascension d’Arturo Ui de l’auteur allemand Brecht. Cette fois, plongés
dans le noir, les élèves assisteront à une leçon de politique qui aura un écho particulier dans une France
qui se prépare à voter. La pièce vient d’être créée à Annecy, le 19 octobre, avec Philippe Torreton dans le
rôle principal.
Mme Le Berre (08/11/17)

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