Seigneur, suscite de nombreux Simon de Cyrène - Notre

Transcription

Seigneur, suscite de nombreux Simon de Cyrène - Notre
« Seigneur, suscite de nombreux Simon de Cyrène ! »
Récemment, avec un petit groupe, je visite un EHPAD ; et dans cette maison, le service pour
les personnes désorientées : croisement de regards, poignées de main de malades,
question déroutante d’une personne en traitement, impossibilité d’entrer en relation avec
une autre, mutisme, détresse. Des frères et sœurs en humanité. La maladie les a atteints, on
ne sait pas pourquoi. Humanité blessée et souffrante. Pendant la visite, je rencontre des
membres du personnel soignant. La charge de travail est lourde. Mais une passion pour leur
métier les habite. Ils connaissent, de manière étonnante, la personne humaine, sa
complexité, sa fragilité. Ils ont du respect pour chacun.
L’Eucharistie réunit personnes soignées et équipe de l’aumônerie. Après la messe, un temps
d’échange avec l’équipe de l’aumônerie. Je demande : ce n’est pas trop dur ? Et chacun des
membres, avec émotion, me parle de Roger, Isabelle ou Bernard, personnes malades dont ils
ont reçu beaucoup. « C’est beau et difficile, me confie un membre de l’équipe. Il y aurait tant
à faire. C’est important qu’une communauté chrétienne se rassemble là ».
« Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,
40). Le Christ nous révèle qu’il demeure avec nous, dans la personne des plus faibles d’entre
nous. Aujourd’hui, discrètement, des chrétiens de Loire-Atlantique donnent de leur temps,
leur amitié, dans les hôpitaux, maisons de retraites, près des personnes malades ou âgées de
nos quartiers. Ils disent leur joie de vivre cet engagement ; ils évoquent leur souffrance de
n’être pas assez nombreux, d’être de moins en moins aidés financièrement par les pouvoirs
publics pour les postes d’aumôniers.
Le carême conduit à nous interroger sur notre engagement au service des personnes en
difficulté. Il y a, en effet, un lien indissociable entre le culte chrétien et la vie des hommes, en
ce qu’elle a de plus fragile et de plus menacé. On ne peut pas servir et aimer Dieu que l’on
ne voit pas sans l’honorer dans les plus démunis de nos frères. Le carême est l’occasion de
remettre au Seigneur les péchés d’omission que nous évoquons dans la prière du « je
confesse à Dieu ». Le Seigneur nous aide à regarder en face nos défauts d’engagement, ces
occasions manquées où « ça crevait les yeux qu’il y avait besoin de moi et j’ai préféré faire le
mort, me cacher ».
Dans quelques jours, nous allons méditer la Passion du Christ. Arrêtons-nous sur les
personnages qui l’entourent. Je retiens Simon de Cyrène, un immigré de l’époque. Simon de
Cyrène est requis pour porter la croix du Christ ; il ne se dérobe pas ; le geste est modeste
mais il est essentiel ; il soulage Celui qui souffre. Seigneur, suscite dans notre diocèse, de
nombreux Simon de Cyrène !
+Jean-Paul James, évêque de Nantes