enseigner la maîtrise de soi à ses enfants

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enseigner la maîtrise de soi à ses enfants
ENSEIGNER LA MAÎTRISE DE SOI
À SES ENFANTS
PARTIE 1
Pour que votre enfant apprenne la maîtrise de soi, il faut d'abord l'aider à identifier ses
émotions.
Lorsque vous réfléchissez au développement de votre enfant, où concentrez-vous vos
efforts ? Êtes-vous impatient de le voir progresser dans l'apprentissage de la propreté ?
L'apprentissage de la lecture ? Des mathématiques ? En tant que parents, nous avons
tendance à être obnubilés par la réussite de nos enfants, par leur capacité à maîtriser des
compétences facilement mesurables telles que les aptitudes à la vie quotidienne et les
résultats scolaires.
Conseillère chez Focus Famille Canada, Wendy Kittlitz recommande aux parents de ne
pas détourner leur attention d'une autre priorité : le développement émotionnel de leur
enfant.
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« Pour bien équiper un enfant pour la vie, les parents doivent lui donner la parole. Cela
veut dire l'aider à identifier ses émotions, à bien les gérer, et à exprimer ses besoins
d'une façon saine, respectueuse et directe », affirme Wendy Kittlitz.
Un enfant qui n'a pas fait cet apprentissage risque de devenir un adulte aussi
émotionnel que Peter Pan - un être qui recourt à des comportements enfantins tels
que la bouderie, le pleurnichage et les crises de colère pour influencer les autres. S'il
n'est pas outillé, il aura du mal à gérer des émotions intenses, qui peuvent facilement
devenir destructrices.
Dans son livre, The Five Love Languages of Children, Gary Chapman écrit : « Cela vous
surprendra peut-être, mais le premier danger guettant votre enfant, c'est sa propre
colère. S'il ne parvient pas à se contrôler, cela l'endommagera ou le détruira. Son
incapacité à contrôler sa colère sera la raison de tous ses problèmes présents et futurs,
des résultats scolaires déplorables aux mauvaises relations. »
L'enjeu est donc important et les parents doivent s'investir s'ils souhaitent aider leurs
enfants à bien gérer leurs émotions et devenir de jeunes adultes capables d'exprimer
leurs sentiments et leurs besoins avec respect. Des adultes capables de gérer leur colère,
de pardonner, de faire des compromis et de résoudre des conflits.
Mais le problème c'est que bien souvent, nous ne savons pas comment nous y prendre
pour aider nos enfants à développer cette maturité émotionnelle « à la mesure de la
stature du Christ ». (Éphésiens 4.13)
Wendy Kittlitz recommande aux parents de chercher à développer la conscience de soi
de leur enfant, tout en respectant ses émotions. « Votre objectif premier est d'aider vos
enfants à être capables de s'arrêter et de s'interroger, et ce, même lorsqu'ils sont en
proie à des émotions intenses. Demandez-leur de se poser deux questions : Qu'est-ce
que je ressens ? et De quoi ai-je besoin ? »
Dans cet article, nous explorerons quelques stratégies pour aider votre enfant à être à
l'écoute de ses émotions et répondre à la question Qu'est-ce que je ressens ? Mais
d'abord, revoyons quelques principes fondamentaux.
RÈGLES FONDAMENTALES
Quand il s'agit d'aider vos enfants à gérer leurs émotions, la qualité de votre soutien
peut faire une différence énorme. Si vous souhaitez être le meilleur guide possible pour
eux, il est important que vous suiviez quelques règles fondamentales qui vous aideront à
engager des discussions saines sur les émotions :
1.
Comprenez que les émotions ne sont pas bonnes ou mauvaises - et cela inclut les
émotions qui ne sont pas très "photogéniques". L'apôtre Paul confirme ce
principe par cette phrase dans Éphésiens 4.26 : « si vous vous mettez en colère,
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ne péchez point... ». Selon Paul, la colère précède seulement le péché. Éprouver
l'émotion de la colère, c'est une attitude neutre et valable.
2.
Démontrez régulièrement à votre enfant qu'il ne doit pas avoir peur de partager
ses émotions avec vous. Peu importe comment et quand votre enfant révèle ses
sentiments - en pleurant doucement ou en éclatant de colère - il est important
que vous restiez calme, respectueux et que vous maîtrisiez vos émotions et vos
réponses.
3.
Ne portez jamais de jugement sur les sentiments de votre enfant ou n'essayez pas
de "les raisonner". Des phrases comme « il n'y a rien d'inquiétant là-dedans » ou
« les grands garçons ne pleurent pas » dénigrent les émotions de votre enfant.
Tentez plutôt de conforter ses sentiments avec respect en disant, par exemple,
« je suis désolé de te voir si triste. Je serais triste moi aussi si j'étais à ta place ».
4.
Par-dessus tout, faites savoir à votre enfant que ses sentiments sont normaux et
que vous souhaitez qu'il les partage avec vous. Lorsque c'est fait, tentez de le
convaincre qu'il ne doit pas regretter d'avoir partagé ses émotions avec vous.
(Notez que nous parlons ici de sentiments et non pas de comportements
inappropriés résultant d'émotions non maîtrisées.)
CONNECTER AVEC SES SENTIMENTS
Comme je l'ai déjà mentionné, le premiers pas vers la maîtrise de soi pour un enfant est
d'apprendre à identifier correctement une émotion et à la nommer. Cela peut paraître
élémentaire, mais ce ne l'est pas. Sans aide, de nombreux enfants n'arrivent pas à faire
le lien entre ce qu'ils ressentent et le nom de ce sentiment. Et si votre enfant n'a pas de
nom pour nommer son émotion - et les émotions sont souvent très difficiles à décrire - il
ne parviendra pas à en parler ni à lui donner un sens. Conséquemment, vous ne pourrez
pas l'aider à gérer les comportements qui résultent de ces sentiments.
Michael Monroe, parent adoptif, présente un témoignage touchant sur la difficulté
qu'ont les enfants à se rapprocher de leurs sentiments s'ils ne sont pas guidés par un
adulte :
« ... plusieurs de nos enfants (adoptés), si l'on considère leur passé, ont un nombre
accablant de sentiments et d'émotions mélangées qu'ils ne sont pas capables d'exprimer.
Il est très difficile pour certains d'entre eux de dire « Je me sens gêné ». Certains n'ont
tout simplement pas les mots pour le dire... Du coup, bien trop souvent, vu qu'ils
n'arrivent pas à exprimer ce sentiment, vu qu'ils n'arrivent pas à l'identifier, ils
l'expriment en acte. Ils agissent de façon folle furieuse, même si la racine de ce
sentiment qu'ils ressentent est en réalité la tristesse. »
Voici quelques trucs qui aideront vos enfants à se rapprocher de leurs sentiments :
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
Jusqu'à ce que votre enfant ait deux ans, montrez-lui des images dans des livres pour
enfants qui l'aideront à reconnaître de simples émotions. Vous pouvez faire encore plus !
Faites une affiche avec de petits dessins montrant différentes expressions faciales et
affichez-la sur votre réfrigérateur. Puis, jouez avec votre enfant à essayer de deviner
l'émotion qui se cache derrière chaque expression.

Efforcez-vous de parler ouvertement et souvent des émotions. Montrez l'exemple en
identifiant vos propres émotions et invitez votre enfant à considérer les siennes. Vous
pouvez dire, par exemple « En ce moment, je suis de mauvaise humeur et je crois que
c'est parce que j'ai faim. Toi, comment te sens-tu ? » ou encore « Je suis très déçu de
cela. Es-tu déçu toi aussi ? »

H. Norman Wright, dans son livre It's Okay to Cry, propose une façon simple
d'encourager les tout-petits à entamer un dialogue à propos de leurs émotions. Mettez
votre main en l'air, doigts écartés, et dites simplement « Voici un doigt pour la tristesse,
un doigt pour la colère, un doigt pour la joie, un doigt pour la peur et un doigt pour la
solitude. Lequel se rapproche le plus de ton sentiment ? » Si le moment est propice,
ajoutez : « Lorsque tu te sens [identifiez une émotion], que veux-tu faire ? Que
souhaites-tu que je fasse ? »
DÉCORTIQUER LES ÉMOTIONS
Tourmenté et repentant, le Roi David pleura devant le Seigneur : « Tu veux que la vérité
soit au fond du cœur. » (Psaume 51.6) Il est toutefois très difficile pour nous, pécheurs,
de discerner la vérité sur nous-mêmes - et aussi en ce qui concerne nos propres
émotions (voir Jérémie 17.9). Un des concepts importants à partager avec les enfants est
que nous ressentons souvent plusieurs couches d'émotions. La colère, tout
particulièrement, cache souvent d'autres émotions que nous ne sommes pas parvenus à
identifier ou que nous ne sommes pas prêts à affronter telles que la peur, la douleur ou
la frustration. Il faut être malin et tenter d'enseigner à nos enfants comment examiner
en profondeur cette émotion de surface et à la décortiquer.
Les thérapeutes Milan et Kay Yerkovich incitent les parents à mettre une liste
d'émotions sur le réfrigérateur. Cela aidera les enfants et les adolescents à identifier et à
discuter en profondeur de leurs sentiments cachés. Cette liste permettra d'aller plus
facilement au fond du problème, tout particulièrement si elle est utilisée avec des
phrases telles que :
« Tu as l'air en colère (ou triste), mais je me demande s'il n'y a pas un autre sentiment
caché derrière cette colère (ou tristesse). Regardons la liste ensemble. »
Pour les préadolescents et les adolescents : « Il me semble que quelque chose te
préoccupe. Parlons-en ce soir. Lorsque tu es prêt, choisis quelques mots qui
correspondent à ce que tu ressens dans la liste, et viens m'en parler. »
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Norman Wright suggère aux parents d'apprendre à leurs enfants à dire « je suis blesséfâché », « je suis effrayé-fâché » ou « je suis frustré-fâché ». D’autres combos
d’émotions peuvent également être utiles : déçu-triste, gêné-triste, inquiet-triste et
rejeté-triste.
Les enfants ont besoin d’établir une connexion entre leurs émotions et leur état
physique. Tout en les aidant à décortiquer leurs émotions, vous pouvez leur montrer à
« faire un examen physique » et « un examen de leurs sentiments ». Pour les jeunes
enfants, dites simplement quelque chose comme :
« Tente de ne pas écouter tes pensées colériques pour le moment. Écoute ton corps à la
place. Qu’est-ce que ton corps te dit ? Es-tu fatigué ? As-tu faim ? Es-tu malade ? As-tu
mal quelque part ? » Si votre enfant ne peut identifier un problème physique, continuez
en disant : « OK, ton corps se porte bien. Vérifions autre chose. Y a-t-il des sentiments
qui se cachent derrière ta colère ? »
Des techniques efficaces servant à aider un enfant à parler de ses sentiments se trouvent
dans le coffre à outils de tous les parents. Dans cet article, nous n’avons fait qu’effleurer
le sujet, mais si vous souhaitez en savoir plus, le livre de Milan et Kay Yerkovich, How
We Love Our Kids (en anglais), est plein de sagesse et de bons conseils.
La prochaine étape, une fois que vos enfants sont capables d’identifier et
d’exprimer leurs sentiments — et de répondre à la question « qu’est-ce que je ressens ? »
— est de leur apprendre à répondre à la deuxième question qui concerne plutôt la
maîtrise de soi : « De quoi ai-je besoin ? » Nous parlons ici du concept de discipline et
de la façon dont les parents peuvent discipliner efficacement leur enfant, de façon à leur
permettre d’apprendre la maîtrise de soi. Nous aborderons ce sujet dans la deuxième
partie.
Avant de conclure, permettez-moi un commentaire rapide sur la discipline : notre
discussion concernant les couches d’émotions souligne l’importance d’entendre les cris
du cœur de notre enfant — leurs émotions les plus profondes — avant de discipliner leur
comportement. Un enfant qui a l’air fâché peut, en fait, être désespérément triste. Cet
aspect est tout particulièrement important pour les parents d’adolescents.
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PARTIE 2
Apprenez à votre enfant à réagir de façon constructive.
Vers la fin des années 1980, des psychologues se sont intéressés à un groupe d’enfants
qui possédaient des forces impressionnantes — forces qui les plaçaient bien en avance
sur leurs camarades. Le plus frappant était la capacité étonnante qu’ils avaient à gérer
leurs émotions.
Ces enfants étaient dotés d’une grande intelligence émotionnelle. Non seulement ils
parvenaient à maîtriser leurs émotions les plus intenses, mais ils en appréciaient
grandement les retombées avantageuses. Ils avaient une capacité de concentration plus
élevée que les autres enfants et ils géraient les interactions sociales stressantes avec plus
de tact (comme l’intimidation par exemple). Ils appréciaient des relations d’amitiés plus
profondes et plus durables, ils étaient plus performants à l’école et étaient en meilleure
santé que leurs camarades. Finalement, ils étaient la preuve vivante de la vérité
de Proverbes 16:32.
Une telle découverte poussa le psychologue John Gottman à déclarer que « encore plus
que le QI, votre savoir émotionnel et votre habileté à gérer vos sentiments seront
déterminants pour votre réussite et votre bonheur, et ce, dans toutes les sphères de
votre vie... » 1
Mais quelle aptitude précise donnait à ces enfants un si grand avantage ? Contrairement
aux autres enfants, normalement bouleversés par la tristesse ou la frustration, ce groupe
unique possédait une habileté remarquable à « se sortir d’un cafard » et à concentrer
son énergie à trouver des solutions productives.
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Tel que cité dans Raising an Emotionally Intelligent Child de John Gottman et Joan Declaire, 1997.
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Cette aptitude n’était pas due à un simple accident dans la composition biologique de
ces enfants. Une recherche plus poussée a démontré que leur maturité et leur maîtrise
de soi étaient liées à des stratégies parentales précises. En 1997, John Gottman révéla,
dans son livre Raising an Emotionally Intelligent Child, des conseils pour devenir ce
genre de parent exemplaire.
En fait, les parents qui réussissent à enseigner la maîtrise de soi à leurs enfants ont
quelque chose en commun : ils ont développé six habitudes saines qui leur permettent
d’aborder de front les émotions de leur enfant :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Ils sont sensibles à l’état émotionnel de leur enfant et engagent toujours la
conversation avec lui s’il y a quelque chose qui cloche.
Ils encouragent leur enfant à révéler ses émotions et profitent de cette
opportunité pour lui enseigner la maîtrise de soi et se rapprocher de lui.
Ils font l’effort réfléchi de nommer les émotions afin que leur enfant apprenne à
identifier correctement ses propres sentiments.
Ils font preuve d’empathie lorsqu’ils sont à l’écoute de leur enfant, et confortent
fréquemment les sentiments de ce dernier.
Ils encouragent leur enfant à chercher lui-même des solutions au problème.
Puis, ils établissent des normes comportementales claires et apprennent à leur
enfant à différencier les comportements appropriés (lorsqu’il exprime ses
émotions) des comportements inacceptables.
Dans la première partie de ce document, nous avons abordé les trois premières
stratégies de l’apprentissage de la conscience et de la maîtrise de soi (voir Les premiers
pas vers la maîtrise de soi : aidez votre enfant à identifier ses émotions). Dans le
présent article, nous nous concentrerons sur les quatrième et cinquième stratégies :
écouter votre enfant avec empathie et chercher des solutions.
APPRENDRE À BIEN ÉCOUTER
Le livre de Jacques inclut un passage sur la maîtrise de soi. Il encourage les croyants à
être « prompts à écouter » (Jacques 1:19). Paradoxalement pourtant, les parents, même
avec les meilleures intentions, font souvent l’erreur de ne pas vraiment écouter leur
enfant lorsqu’il est triste. À la place, ils le poussent à se remettre rapidement de ses
intenses émotions. En effet, l’instinct d’un parent est souvent de distraire son enfant s’il
est en colère ou triste afin que celui-ci retrouve au plus vite un « état de bonheur ».
Imaginez, par exemple, un enfant qui échappe son cornet de crème glacée sur le trottoir.
Le parent lui dit :
« Ne pleure pas. Tu pourras manger un biscuit lorsque nous serons de retour à la
maison. »
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Le problème avec cette approche est qu’elle minimise l’importance de la tristesse de
l’enfant. Au lieu de reconnaître la perte de l’enfant, on lui demande « d’arrêter de se
sentir triste ». Ce n’est pas tout : c’est comme si l’on insinuait que le sentiment de
tristesse n’est pas bien, qu’il est inconfortable et qu’il faut l’éviter à tout prix.
Lorsque vous faites preuve d’une bonne écoute, vous offrez toute autre chose à votre
enfant — en effet, des recherches ont démontré que l’écoute est très efficace puisqu’elle
permet d’être empathique. Votre empathie fait toute la différence, car votre enfant sait
que ses émotions ont été entendues et comprises par les personnes les plus importantes
du monde pour lui : ses parents.
Dans l’histoire du cornet de crème glacée, voici une réplique plus efficace et empathique
qu’un parent pourrait utiliser :
« Oh ! Mon chéri. Je comprends que tu sois triste d’avoir échappé ton cornet de crème
glacée. » [Le parent identifie l’émotion, la nomme.]
[Le parent poursuit] « Je serais triste moi aussi. » [Le parent confirme l’émotion et
montre que c’est correct d’être triste.]
« Tu avais tellement hâte de manger ton cornet de crème glacée. Tu dois être très, très
déçu. L’es-tu ? » [Le parent invite l’enfant à expliquer comment il se sent.]
Remarquez que le parent ne s’est pas empressé de résoudre le problème. En effet,
l’écoute empathique permet d’engager sans hâte une conversation avec son enfant et
ainsi, lui laisser le temps de vivre et d’exprimer son émotion. De plus, elle permet au
parent de répondre avec compréhension et empathie. Pendant ce temps, le parent doit
observer son enfant afin de déceler les signes qui montrent que ce dernier est réconforté
et qu’il est prêt à passer à autre chose. Une fois que le problème a été complètement
reconnu et que les larmes ont coulé, le parent peut simplement demander :
« Comment puis-je t’aider à te sentir mieux ? »
Le message qu’assimile l’enfant dans cet exemple est bien plus profond qu’une simple
discussion à propos d’un cornet de crème glacée. Le message est celui-ci : mes parents
me comprennent. Ils veulent discuter de mes émotions et ne vont pas balayer mes
sentiments du revers de la main ou me faire sentir gêné de ce que je ressens. Je peux
compter sur eux pour m’aider à gérer mes émotions.
Il est important, particulièrement pour les parents de préadolescents et d’adolescents,
de ne pas imposer ses opinions. Voici comment une conversation entre une
préadolescente et sa mère, qui essaie d’écouter les préoccupations de sa fille avec
empathie, pourrait se dérouler :
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Maman [d’une préadolescente qui est de mauvaise humeur depuis qu’elle est revenue de
l’école] : « Tu sembles préoccupée. Veux-tu en parler ? »
Fille : « Tu n’en reviendras pas de ce que mon amie Amanda a fait aujourd’hui ! »
Maman : « Qu’est-il arrivé ? »
Fille : « Elle n’arrêtait pas de m’envoyer des messages textes en classe pendant un
examen. Le professeur m’a surprise alors que j’étais en train de répondre à Amanda, et il
a pris mon téléphone cellulaire. Tout le monde s’est moqué de moi à cause de cela. »
Imaginez, dans ce cas de figure, que la maman est inquiète à propos d’Amanda. Elle
aimerait tant que sa fille se tienne loin de cette amie. À ce stade-ci, la conversation
pourrait se détériorer, car la mère pourrait faire la leçon à sa fille, énumérant toutes les
raisons qui font qu’Amanda n’est pas une bonne fréquentation. Toutefois, cela
empêcherait la maman de connecter émotionnellement avec sa fille. Cette dernière
réagirait fort probablement négativement à cette « attaque » envers son choix d’amis.
Voici donc une suite plus positive à la conversation :
Maman : « Cela a dû être gênant d’être pointée du doigt de cette façon en classe. »
Fille : « C’était horrible. Et maintenant, Amanda n’arrête pas d’écrire à ce propos sur
Facebook. »
Maman : « Je suis désolée que tu aies à gérer cette situation. Lorsque j’avais ton âge,
mon amie Jenny avait imprimé une photo embarrassante de moi dans l’album annuel de
l’école. J’avais eu beaucoup de difficulté à lui pardonner. »
Fille : « Mais cela ne t’est arrivé qu’une seule fois. Amanda se moque tout le temps de
moi sur Facebook. »
Maman : « As-tu répondu à Amanda sur Facebook ? »
Fille : « Pas encore. »
Maman : « As-tu besoin d’idées sur ce que tu devrais faire ? »
Fille : « Non, j’ai déjà décidé de ce que j’allais faire. Je suis fatiguée des moqueries
d’Amanda. Je vais ignorer ce qu’elle écrit sur Facebook pendant un moment. Elle
comprendra le message. »
CHERCHER DES SOLUTIONS ENSEMBLE
En analysant les deux exemples de conversation ci-dessus avec attention, vous verrez
que les parents posent efficacement deux questions clés à leur enfant. Ces deux
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questions sont primordiales pour enseigner la conscience et la maîtrise de soi :
Comment te sens-tu ? et De quoi as-tu besoin ?
De nombreux parents sont très doués pour bien écouter et faire preuve d’empathie
lorsque leur enfant exprime sa douleur, sa colère ou sa frustration. Mais soudainement,
à ce tournant de la conversation, plusieurs parents trébuchent. Pour enseigner la
maîtrise de soi à son enfant, il faut l’aider à dépasser la question Comment je me sens ?
et l’amener à se poser la question De quoi ai-je besoin ? Il s’agit ici d’un moment crucial
où l’enfant après s’être senti bouleversé, commencera à se sentir habilité à effectuer un
changement positif.
Dans cette situation, les parents doivent jouer le rôle de guide et non celui de dictateur.
Notre rôle est d’aider notre enfant à passer les différentes options au crible. La décision
finale — sur comment gérer ses sentiments — doit être prise par l’enfant.
Remarquez, dans le deuxième exemple (entre la maman et la préadolescente), la façon
prudente avec laquelle la mère propose de trouver des solutions. En effet, elle
« demande la permission » à sa fille avant de partager ses idées. Avec les enfants plus
vieux, se dépêcher d’offrir une solution peut empêcher le processus qui leur permet de
vraiment « ressentir leurs sentiments » et de saisir l’opportunité importante de trouver
leurs propres solutions.
Il est donc préférable pour les parents d’enfants plus vieux de poser des questions
ouvertes telles que « qu’as-tu l’intention de faire ? » Au fur et à mesure de votre
discussion, vous pouvez aider tranquillement votre enfant à évaluer les conséquences
possibles des solutions qu’il propose, tant les bonnes que les mauvaises.
Si vos enfants sont plus jeunes, vous continuerez à façonner et à leur enseigner la
maîtrise de soi pour quelques années encore avant qu’ils soient capables de trouver de
bonnes stratégies de direction par eux-mêmes. Entre temps, vous pouvez les aider dans
la gestion de leurs émotions en prenant soin de leur enseigner à réagir positivement face
à des sentiments intenses.
Les enfants de moins de 10 ans ont du mal à garder en tête plus d’une ou deux options
en même temps. De ce fait, une bonne stratégie est de créer un visuel, une liste de choix
positifs que votre enfant peut garder en lieu sûr. Ainsi, lorsqu’il vit des émotions
intenses et que vous avez franchi les quatre premières étapes (reconnaître et identifier
les émotions de votre enfant, puis faire preuve d’empathie et le conforter), regardez
ensemble le « tableau des choix positifs » et encouragez votre enfant à choisir une
réponse.
Vous trouverez ci-dessous différentes options à intégrer dans un tableau des « bons
choix ». La première série d’options concerne l’état émotionnel de l’enfant. La seconde
série l’aide à gérer les interactions difficiles avec autrui. Bien entendu, il est préférable
que vous créiez vous-même votre tableau et que vous listiez les activités qui calment et
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revigorent le plus votre enfant. Vous pouvez même y ajouter des images, cela rendra la
liste encore plus significative.
TABLEAU DES BONS CHOIX
Quand je suis en colère, triste ou frustré, il est aussi possible que je sois...
Fatigué
Réponse :
Faire une sieste
Lire un livre dans mon lit
Me blottir contre mes animaux en peluche
Écouter de la musique
Prendre un bain moussant
Faim ou soif
Réponse :
Demander une collation
Surexcité
Réponse :
Prendre 10 grandes respirations consécutives et
expirer tranquillement
Demander à avoir du temps tranquille pour jouer
seul
Dessiner seul
Sentiment de
rejet
Réponse :
Demander à passer du temps de qualité seul avec
maman ou papa
Plein d’énergie
Réponse :
Aller faire du vélo, courir ou nager
Inquiet
Réponse :
Demander à maman ou papa de prier avec moi
Déçu
Réponse :
Penser à autre chose à laquelle avoir hâte
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Lorsque je suis contrarié par quelqu’un je peux demander...









Du temps seul pour me calmer
Une explication (« Peux-tu m’aider à comprendre pourquoi tu... »)
Pardon (« Je suis désolé d’avoir _____. Me pardonnes-tu ? »)
Des excuses
De revenir en arrière
Un compromis (« Essayons de trouver une façon d’être tous les deux satisfaits. »)
Une idée pour m’aider à arranger les choses
Une accolade
Une trêve (« Je ne suis pas d’accord avec toi, mais je vais respecter tes opinions. »)
Si vous souhaitez utiliser un tableau comme celui-ci à la maison, rappelez-vous que
votre enfant peut choisir plus d’une option. Par exemple, décider de passer du temps
seul pour se calmer et revenir ensuite pour essayer de trouver un compromis est une
très bonne stratégie. Une fois que votre enfant a fait son choix, assurez-vous de louer et
de prier ensemble. Faites l’éloge de votre enfant pour avoir fait un choix éclairé et priez
pour lui afin que le Saint-Esprit l’aide à avoir une attitude positive dans l’exécution de sa
décision.
Il est cependant important que vous fassiez un suivi afin de ne pas laisser un problème
non résolu en suspens. Le fait de se retirer dans sa chambre pour lire peut être très
bénéfique pour l’attitude et le comportement de votre enfant, mais ne le laissez pas
omettre de faire amende honorable avec un proche par la suite (par exemple, s’il a choisi
le « pardon » ou le « compromis » pour la deuxième étape de son plan.
Comme vous pouvez l’imaginer, passer au travers de toutes les étapes dont nous avons
fait mention jusqu’à maintenant (reconnaître et identifier les émotions de votre enfant,
puis faire preuve d’empathie et chercher des solutions) nécessite du temps et une
attention particulière. Dans bien des cas, vous n’aurez tout simplement pas le temps,
l’énergie ou le calme pour guider votre enfant à travers les différentes étapes. Dans des
circonstances difficiles, ne vous mettez pas trop de pression. Faites de votre mieux et
tentez de gérer les émotions intenses de votre enfant. Promettez-lui toutefois que vous
prendrez du temps plus tard pour discuter du problème. Respectez votre promesse,
discutez avec votre enfant de ses sentiments et guidez-le avec des stratégies positives qui
l’aideront à gérer la situation la prochaine fois.
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PARTIE 3
Il existe une approche disciplinaire très efficace pour enseigner la maîtrise de soi à
votre enfant.
À un moment donné – le plus tôt est le mieux – tous les parents devraient se poser ces
questions importantes :
Les stratégies de discipline que j’utilise sont-elles vraiment la meilleure façon
d’enseigner la maîtrise de soi à mon enfant ?
L’aideront-elles à gérer ses émotions lorsqu’il interagit avec les autres ?
L’une des approches sur la discipline fortement recommandée par l’équipe de
conseillers de Focus Famille Canada est celle développée par la psychologue pour
enfants, docteur Karyn Purvis, et son collègue, docteur David Cross, travaillant tous
deux pour la Institute of Child Development de l’Université chrétienne du Texas.
Depuis plus d’une décennie, leur méthode, appelée Trust-Based Relational Intervention2
(TBRI), offre aux parents adoptifs et de foyers d’accueil des stratégies de discipline pour
les enfants en difficulté. Les résultats ont changé des vies. Les enfants qui, dû à leur
passé, éprouvaient de la difficulté dans leurs relations ont amélioré de façon
spectaculaire leur comportement et leur capacité à faire confiance à leurs parents
adoptifs.
Une force fondamentale de l’approche de Purvis et Cross est qu’elle maintient un lien
d’affection et de tendresse entre le parent et l’enfant durant tout le processus
disciplinaire. Plutôt que d’opter pour le scénario du parent qui se dresse contre son
2
Tel que cité dans Created to connect, un guide explicatif complémentaire au livre The Connected Child.
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enfant, « Tu as fait ça ! Donc ta punition sera ça… », le parent et l’enfant travaillent
ensemble, ils s’allient dans un combat pour résister au péché et pour pratiquer la
maîtrise de soi. L’objectif de la discipline est de former et non pas de punir. Il s’agit,
pour le parent, de mettre l’emphase sur le modelage des comportements privilégié et
d’offrir à l’enfant des opportunités de s’entraîner en suivant l’exemple de ses parents.
Purvis et Cross ont pris soin de façonner leur méthode en se basant sur les SaintesÉcritures et en s’inspirant de la grâce et de la miséricorde que notre Père bien-aimé
déploie sur nous. Docteur Karyn Purvis, après « avoir passé des années à tenter de
comprendre et d’appliquer la miséricorde pratique de Dieu », écrit : « Je crois que le
style parental de cette méthode reflète tout l’amour que Dieu a pour nous, Ses enfants.»3
Dans cet article, nous nous penchons sur quelques-unes des stratégies de discipline que
les docteurs Purvis et Cross recommandent. Si vous souhaitez en apprendre plus sur
leur approche, procurez-vous leur livre, The Connected Child (en anglais). (Bien que ce
livre ait été créé spécifiquement pour les parents adoptifs ou de foyer d’accueil, il s’agit
d’une lecture intéressante pour tous les parents.)
REVOIR NOTRE PERSPECTIVE
Avant toute chose, Purvis et Cross incitent les parents à être pleinement présents
lorsqu’un problème de discipline survient. Plutôt que de considérer la discipline comme
un inconvénient ou une interruption de vos besognes, voyez-la comme étant votre tâche
la plus importante de la journée. Les deux auteurs exhortent les parents de « changer
leur mentalité afin d’arriver à voir qu’un mauvais comportement n’est pas un casse-tête,
mais une opportunité d’enseigner de nouvelles compétences à leur enfant ».
De plus, il est très important que vous embrassiez le rôle de guide compatissant, patient
et encourageant lorsque vous disciplinez votre enfant. Purvis et Cross encouragent les
parents à se remettre en question : « Ai-je le réflexe de le pointer du doigt ? Est-ce que
j’adopte une posture agressive, mâchoire serrée et mains sur les hanches ? Quel message
prend-il au premier degré ? Est-il contre moi – ou est-ce que nous formons une équipe,
lui et moi ? »
Si vous avez tendance à vous emporter, à crier ou à menacer votre enfant lorsqu’il a un
écart de conduite, dites-vous que votre approche ira probablement à l’encontre de ce
que vous tentez de réaliser. Comme Purvis et Cross prennent soin de le mentionner, un
enfant, qui se sent menacé ou qui a peur, a de la difficulté à maîtriser une nouvelle
habileté. La physiologie humaine est ce qui pose problème ici – bien plus que
l’entêtement de l’enfant. Le stress et la peur provoquent une cascade biochimique
physique qui réduit notre habileté à penser clairement et qui ainsi sabotent toute
tentative d’apprentissage.
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Tel que cité dans Created to connect, un guide explicatif complémentaire au livre The Connected Child.
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METTRE UN FREIN AUX MAUVAIS COMPORTEMENTS
Lorsque le comportement de votre enfant est inacceptable, Purvis et Cross
recommandent une stratégie qui, en règle générale, ressemble à ceci :
1. Mettez un frein au comportement immédiatement et placez-vous à côté de votre
enfant.
2. Obtenez sa pleine attention en vous mettant à genoux et en le regardant droit dans
les yeux.
3. Indiquez simplement à votre enfant ce qu’il a fait de mal.
4. Encouragez-le à exprimer à haute voix ses besoins.
5. Montrez-lui une façon plus appropriée de satisfaire ces besoins.
6. Offrez-lui la chance de s’entraîner.
Pour en apprendre davantage sur cette stratégie, visionnez cette vidéo (en anglais) dans
laquelle le docteur Purvis explique comment s’assurer que notre ton, notre langage
corporel et nos actions vont de pair ensemble et comment avoir ce qu’elle appelle « la
réaction I.D.E.A.L. » : http://empoweredtoconnect.org/the-ideal-response-for-parents/
QUOI DIRE ?
Dans leur livre, The Connected Child, Purvis et Cross proposent des scénarios simples
que les parents peuvent utiliser lorsqu’ils engagent le dialogue avec leur enfant à la suite
d’un mauvais comportement. Voici l’un de ces scénarios, utilisé par une maman :
« Jacob, ce n’est pas acceptable de frapper Sam. Je peux voir que tu es en colère parce
qu’il a pris ce jouet, mais nous traitons les gens avec respect. Sers-toi plutôt de mots
pour exprimer tes besoins. »
La stratégie derrière ce scénario est bien plus importante que ce que nous pouvons
imaginer. Décomposons-le et voyons voir pourquoi un scénario comme celui-ci peut être
utile.
SOYEZ SIMPLE ET CONCIS
Avez-vous remarqué que la maman utilise des phrases courtes et un langage simple ?
Cette attitude renvoie à la notion de stress abordée précédemment. Sous l’emprise
d’émotions fortes – telle la colère envers une personne de la famille – votre enfant aura
du mal à comprendre ce que vous lui dites si vous lui faites part de réflexions complexes
(comme, par exemple, si vous lui faites la morale). Des phrases simples et concises sont
beaucoup plus faciles à comprendre et à mémoriser.
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Dans l’exemple ci-dessus, la mère commence en disant « ce n’est pas acceptable de
____ ». Brièvement et simplement, elle s’assure que son enfant comprend exactement
ce qu’il a fait de mal. Le problème qu’elle soulève est le comportement, et non pas
l’enfant.
Par la suite, la maman aide son enfant à faire un lien très important dans l’apprentissage
de la maîtrise de soi : reconnaître l’émotion qui a précédé le mauvais comportement.
(Pour plus de détails sur l’apprentissage de la maîtrise de soi, consulter le premier
article de cette série.)
La maman termine en disant : « Sers-toi plutôt de mots… ». De cette façon, elle aide
l’enfant à assimiler un autre concept crucial dans l’apprentissage de la maîtrise de soi :
pour satisfaire mes besoins, je dois en parler avec les autres – et non pas commettre
des actions inappropriées.
RENFORCER LES RÈGLES DE BASE
Nous avons mis de côté l’une des phrases du scénario ci-dessus, mais elle est tout aussi
importante. L’affirmation « nous traitons les gens avec respect », renvoie à une autre
stratégie clé présentée dans The Connected Child. Purvis et Cross encouragent les
parents à établir des règles maison de base, de les répéter souvent, et d’aller plus en
profondeur au fil des différentes situations qui surviennent. Voici quelques-unes de ces
règles, que Purvis et Cross appliquent fréquemment dans leurs interactions avec les
enfants :
•
•
•
•
•
•
Nous traitons les gens, et leurs effets personnels, avec respect.
Les gens ne sont pas là pour que nous les blessions.
Nous ne faisons pas souffrir les gens.
Nous traitons les jouets avec respect.
On se concentre et on finit ses tâches.
En famille, il faut se serrer les coudes.
Lorsque vous devez intervenir et discuter d’un mauvais comportement, répétez la règle
concernée à votre enfant, ce qui l’aidera à se rappeler quel est le comportement à
adopter dans une telle situation. Cette stratégie peut sembler très simple à première vue,
mais elle est très efficace.
PERMETTEZ À VOTRE ENFANT DE S’ENTRAÎNER
Dans leur livre, Purvis et Cross mettent l’emphase sur l’importance, lorsque vous
disciplinez vos enfants, d’offrir des opportunités de s’entraîner à bien se comporter. Les
deux auteurs ajoutent que « des recherches ont démontré que la mémoire motrice peut
surenchérir sur la mémoire cognitive des enfants en bas âge. Aussi, le fait d’exploiter la
mémoire motrice améliore la capacité de compréhension et la mémoire chez les enfants
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plus âgés et chez les adultes. […] Parler, écouter, toucher et mettre en pratique… Voilà
de très bonnes façons pour les enfants de bien assimiler une nouvelle leçon ».
Revenons à notre scénario initial pour un instant. Voici à quoi peut ressembler une
discussion qui permet à un enfant de se pratiquer à mieux interagir avec les autres :
Maman : Jacob, ce n’est pas acceptable de frapper Sam. Je peux voir que tu es en
colère parce qu’il a pris ce jouet, mais nous traitons les gens avec respect. Sers-toi
plutôt de mots pour exprimer tes besoins.
Jacob : Je veux ravoir ma voiture !
Maman : Comment pourrais-tu expliquer cela à Sam avec respect ?
Jacob : Sam, est-ce que je peux ravoir ma voiture s’il te plaît ?
Maman : Bien joué, Jacob ! Voilà qui est très respectueux.
Un autre outil que recommandent Purvis et Cross est la reprise : refaire l’action. Si un
enfant est « pris en flagrant délit », le parent devrait répondre, légèrement et de façon
plaisante, une affirmation du genre : « Wow ! Reprenons-nous, mais avec respect cette
fois-ci ».
La reprise vous permet de « reculer dans le temps » si nécessaire. Par exemple, vous
pourriez dire : « Ok, je retourne me placer où j’étais, juste ici. Et toi, tu étais debout,
juste là. Reprenons la scène du début ». Si l’enfant se soumet au jeu, il n’y a pas de
drame, pas de punition ; la situation ne s’aggrave pas. Le parent a simplement
encouragé son enfant à adopter un comportement plus approprié et l’a aidé à assimiler
cette leçon par la pratique.
ENSEIGNER LA NÉGOCIATION
Même si votre enfant devrait toujours obéir à vos demandes directement, il est très
important de lui enseigner que vous êtes aussi ouvert à la négociation, si les
circonstances s’y prêtent. Purvis et Cross appellent cela un compromis. Par exemple, à
un enfant qui est triste, car il est temps d’aller au lit, vous pouvez dire : « Aimerais-tu
que l’on fasse un compromis ? Tu peux rester encore 10 minutes. Toutefois, ta part du
marché est que lorsque le temps sera venu, tu iras te coucher rapidement sans te
plaindre et sans traîner ».
Une fois que votre enfant comprend le concept, vous pouvez introduire la notion de
compromis dans ses interactions avec les autres. Par exemple : « Sam veut l’auto. Alex la
veut lui aussi. Pourriez-vous vous mettre d’accord et trouver un compromis ? »
Pour obtenir plus de détails concernant les concepts de reprise et de compromis, écoutez
cette présentation dans laquelle Amy et Michael Monroe discutent, entre autres, de ces
deux stratégies (en anglais) : http://empoweredtoconnect.org/connecting-whilecorrecting/.
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CHAQUE CHOSE EN SON TEMPS
Vous concentrer sur la discipline et le réapprentissage n’a de sens que si votre enfant est
en état de recevoir ce que vous tentez de lui inculquer. Lorsqu’un enfant a un mauvais
comportement, demandez-vous toujours, avant de faire quoi que ce soit : de quoi mon
enfant a-t-il le plus besoin tout de suite ? Voici une liste qu’il vaut parfois mieux revoir
mentalement avant d’agir :
• Mon enfant a-t-il besoin de moi ? Du temps de qualité avec maman ou papa est peutêtre plus important que la discipline. Parfois, les enfants réagissent mal s’ils se sentent
délaissés.
• Est-ce que des émotions intenses masquées telles que l’anxiété ou la tristesse
peuvent provoquer ce comportement ? Si oui, l’écoute empathique est probablement la
meilleure approche. (L’écoute empathique est expliquée dans le deuxième article de
cette série.)
• Est-ce que mon enfant est fatigué ou malade ? A-t-il faim ou soif ?
Remettre la discipline à plus tard pour donner une collation à votre enfant ou pour lui
laisser le temps de se reposer ne veut pas dire qu’il s’en tire à bon compte. Vous devriez
toujours faire en sorte de revenir sur l’incident pour en discuter. En fait, une pause pour
se ressaisir est une opportunité d’enseigner à votre enfant le concept de conscience de
soi qui précède la maîtrise de soi. Par exemple, imaginez tous les bienfaits d’enseigner à
un enfant à dire à son frère : « Je suis désolé, Sam. Je suis trop fatigué pour jouer en ce
moment. Pourrions-nous jouer un peu plus tard, lorsque je me serai reposé ? »
Catherine Wilson est éditrice et auteure chez Focus Famille Canada.
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