Quiz 10
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Anneaux et corps Prof. E. Bayer Fluckiger Bachelor Semestre 4 18 mai 2016 Quiz 10 Question 1. Soient p un nombre premier, et K un corps de caractéristique p. On se donne un entier n ∈ N, et on pose q := pn . Montrer que pour tous x, y ∈ K, on a (x + y)q = xq + y q . Solution. On procède par récurrence sur n ≥ 1. Pour le cas n = 1 voir le cours. Supposons que l’identité soit vraie jusqu’à un certain entier m = 1 et montrons qu’elle l’est encore pour m + 1. Pour x, y ∈ K, on a en effet (x + y)p m+1 m m m m = ((x + y)p )p = (xp + y p )p = (xp )p + (y p )p = xp m+1 m+1 + yp , en utilisant l’identité pour n = 1 et n = m. Question 2. Soit K un corps et α un élément algébrique sur K. Montrer que tout élément de K(α) est algébrique sur K. Solution. Soit β ∈ K(α). On a K(β) ⊆ K(α) et [K(α) : K] < ∞ (Exercice 1., Série 8), donc [K(β) : K] < ∞ de manière que β est algébrique. Anneaux et corps Prof. E. Bayer Fluckiger Bachelor Semestre 4 18 mai 2016 Série 10 Exercice 1. √ √ Calculer [Q(α) : Q] où α = 5 10 + 3 7. Solution. Le polynôme X 5 − 10 ∈ Q[X] est irréductible. En effet, sa décomposition dans C[X] est clairement 5 X − 10 = 5 Y (X − √ 5 10 · e2πni/5 ) n=1 et aucune composition de ces facteurs est un polynôme à coefficients dans Q. Le polynôme X 3 − 7 ∈ Q[X] est irréductible. En effet il a degré 3 et il n’a pas de racines dans Q. √ √ √ 5 3 5 On√a donc que [Q( 10) : Q] = 5 et [Q( 7) : Q] = 3. De plus, Q( 10) ⊂ √ √ √ √ √ √ 3 3 5 3 5 3 5 Q( √10, 7), de manière que 15 divise [Q( 10, 7) : Q( 10, 7) et Q( 7) ⊂ √ √ √ 5 3 5 3 Q]. On a aussi que Q( 10, 7)√ = Q( 10)( √ 7) et√X 3 − 7√est divisé par le √ 5 3 polynôme minimal de 7 sur Q( 10). Ainsi√[Q( 5√10, 3 7) : Q( 5 10)] ≤ 3 et donc √ √ Par conséquent, [Q( 5 10, 3 7) : Q] = 15. [Q( 5 10, 3 7) : Q] ≤ 15. √ √ On a que Q(α) ⊆ Q( 5 10, 3 7), donc [Q(α) : Q] divise √ 15. √ 3 Soit f le polynôme minimal de α sur Q.√ Soit g := √ (X − √ 7)5 −10 ∈ Q( 3 7)[X]. On remarque que√g(α) = 0. Comme Q(α, 3 7) = Q( 5 10, 3 7), le polynôme minimal de α sur Q( 3 7) est de degré 5. C’est donc le polynôme g. On en déduit que g divise f . Comme g 6∈ Q[X], le degré de f est au moins 6. Par conséquent, [Q(α) : Q] ≥ 6. Comme [Q(α) : Q]|15, on a finalement [Q(α) : Q] = 15. Exercice 2. (1) Est-ce qu’il existe un corps K et un f ∈ K[X], f 6= 0, tels que f (α) = 0 pour tout α ∈ K ? (2) Montrer que pour tout corps fini K il existe un polynôme f ∈ K[X] qui n’a pas de racines dans K. Solution. (1) Oui, par exemple on peut prendre K = F2 et f := X 2 + X = X · (X + 1). 3 (2) Soit K := {a1 , . . . , an }. Alors n Y f := 1 + (X − ai ) i=1 est un polynôme tel que f (ai ) = 1 pour tout i ∈ {1, . . . , n}. Exercice 3. Parmi les anneaux suivants trouver deux corps qui sont extension l’un de l’autre. Exhiber un homomorphisme entre ces deux corps. F3 [X]/(X 2 + 1), F3 [X]/(X 4 + X 2 + 1), F3 [X]/(X 4 + 2X 3 + X 2 + 1), F3 [X]/(X 3 − X 2 + X + 1). Solution. Comme 1 est racine de X 4 + X 2 + 1, l’anneau F3 [X]/(X 4 + X 2 + 1) n’est pas un corps (il n’est même pas intègre). Le polynôme X 3 −X 2 +X +1 n’a pas de racine dans F3 . Or X 3 −X 2 +X +1 est de degré 3, donc X 3 −X 2 +X +1 est irréductible sur F3 . Par conséquent, l’anneau F3 [X]/(X 3 − X 2 + X + 1) est un corps de cardinal 33 = 27. Par suite (si K ⊆ L sont des corps, alors L est un espace vectoriel sur K, et si [L : K] = n < ∞ et K, L sont finis, alors clairement #L = #K n ) — toutes les extensions F3 [X]/(X 3 − X 2 + X + 1) sont de cardinal 27n pour un certain entier n ≥ 1, — Tous les sous-corps de F3 [X]/(X 3 − X 2 + X + 1) sont de cardinal 3m avec m divisant 3 i.e. de cardinal 3 ou 27. Le polynôme X 2 + 1 n’a pas de racine dans F3 . Or X 2 + 1 est de degré 2, donc X + 1 est irréductible sur F3 . L’anneau F3 [X]/(X 2 + 1) est donc un corps de cardinal 32 = 9. 2 Pour vérifier que X 4 + 2X 3 + X 2 + 1 est irréductible sur F3 , il faut vérifier qu’il n’a pas de racine dans F3 et qu’il n’est divisible par aucun polynôme de degré 2 irréductible sur F3 . Les polynômes unitaires de degré 2 irréductibles sur F3 sont X 2 + 1, X 2 + X − 1 et X 2 − X − 1. En effet, ils sont les seuls polynômes unitaires de degré 2 sans racines dans F3 . Aucun de ces trois polynômes ne divise X 4 + 2X 3 + X 2 + 1. Par conséquent, le 4 polynôme X 4 + 2X 3 + X 2 + 1 est irréductible sur F3 (puisqu’il n’a pas non plus de racines dans F3 ). Ainsi F3 [X]/(X 4 + 2X 3 + X 2 + 1) est corps de cardinal 34 = 81. Puisque 34 = (32 )2 , le corps F3 [X]/(X 4 + 2X 3 + X 2 + 1) est le seul qui peut être une extension de F3 [X]/(X 2 + 1). On cherche un homomorphisme, en particulier on cherche (voir l’Exercice 3 de la Série 8) un élément β de F3 [X]/(X 4 + 2X 3 + X 2 + 1) tel que β 2 + 1 = 0). On a X 4 + 2X 3 + X 2 + 1 = (X 2 + 2X + 1)X 2 + 1 = (X(X + 1))2 + 1. Par conséquent l’évaluation des polynômes en X(X + 1) induit un homomorphisme (injectif) de corps F3 [X]/(X 2 + 1) −→ F3 [X]/(X 4 + 2X 3 + X 2 + 1) X 7−→ X(X + 1). Donc F3 [X]/(X 4 + 2X 3 + X 2 + 1) est bien une extension de F3 [X]/(X 2 + 1). Exercice 4. (1) Donner la liste des polynômes irréductibles unitaires sur F2 de degré 2 et de degré 4. (2) Donner une décomposition en facteurs irréductibles de X 16 − X ∈ F2 [X]. Solution. (1) Les polynômes irréductibles unitaires de degré 2 sur F2 sont les polynômes de la forme X 2 + aX + b ∈ F2 [X] sans racine dans F2 . Il n’y en a qu’un seul : X 2 + X + 1. Les polynômes irréductibles unitaires de degré 4 sur F2 sont les polynômes X 4 + aX 3 + bX 2 + cX + d ∈ F2 [X] sans racine dans F2 et non divisibles par l’unique polynôme irréductible unitaire de degré 2, c’est-à-dire tels que d 6= 0 et a + b + c + d 6= 1 et X 4 + aX 3 + bX 2 + cX + d 6= (X 2 + X + 1)2 = X 4 + X 2 + 1. Les polynômes irréductibles unitaires de degré 4 sur F2 sont donc X 4 + X + 1, X 4 + X 3 + 1, X 4 + X 3 + X 2 + X + 1. (2) On a que tout polynôme unitaire irréductible dans F2 [X] de degré 1, 2 ou 4 divise X 16 − X. En effet, si α est un racine d’un polynôme unitaire irréductible f , alors son polynôme minimal, qui est clairement f , divise tout polynôme qui a α comme racine. Si f a degré m ∈ {1, 2, 4}, alors α appartient a un corps (qui est isomorphe à F2 [X]/(f )) de cardinal 2m . Alors soit α = 0 soit α ∈ (F2 [X]/(f ))∗ , qui est cyclique (par le cours). En particulier, α15 = 1 (car 2m − 1 divise 15 pour m ∈ {1, 2, 4}). Ainsi, α est une racine de X 16 − X, de manière que f le divise. 5 On a clairement 2 polynômes unitaires irréductibles de degré 1, à savoir X et X + 1, et on a montré dans (1) qu’il existe un seul polynôme irréductible unitaire de degré 2 et qu’on a 3 polynômes irréductibles unitaires de degré 4. Le degré du produit de tous ces polynômes est 2 · 1 + 1 · 2 + 3 · 4 = 16. Donc X 16 −X = X·(X+1)·(X 2 +X+1)·(X 4 +X+1)·(X 4 +X 3 +1)·(X 4 +X 3 +X 2 +X+1). Exercice 5. Soit K un corps et soit G un sous-groupe fini de K ∗ . Montrer que G est cyclique. Solution. Le groupe G est abélien, car K est un corps. Pour le théorème de classification de groupes abéliens finis, on a donc G ' Z/d1 Z × . . . × Z/dr Z (?) pour certains di ∈ N tels que di |di+1 pour tout i. Ainsi, tout élément g de G est tel que g dr = 1 (la loi de G est la multiplication !). Tout élément de G est donc racine du polinôme X dr −1 ∈ K[X]. On sait (Exercice 3, Série 3) qu’un polynôme de degré dr a au plus dr racines (K est un corps). Donc #G ≤ dr . Mais de (?) on a que #G = d1 · . . . · dr ≥ dr . Alors r = 1 et #G = d1 . En particulier G ' Z/d1 Z qui est cyclique.