lettre n°13.pub

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lettre n°13.pub
NOUVELLES BREVES
LE POINT SUR ...
n°13 – ANNEE 2003
VEILLE ECOLOGIQUE
La modernisation de l'inventaire des Zones Naturelles d'Intérêt
Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF)
L'inventaire des ZNIEFF, créé en 1982, a
pour but de recenser et de localiser les
espaces naturels remarquables sur l'ensemble du territoire national.
Les ZNIEFF sont réparties en deux catégories. Les ZNIEFF de type I sont des
zones de superficie en général limitée.
Elles sont définies par la présence d'espèces, d'associations d'espèces ou de
milieux rares, remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel régional
ou national. Les ZNIEFF de type II sont
de grands ensembles naturels riches ou
peu modifiés. Toutes les ZNIEFF sont
également caractérisées par leur
contour, par leurs statuts de propriété et
de protection, par une description physique (géologie, topographie, géographie).
La modernisation régulière de l’inventaire, financée par les DIREN, permet
d'actualiser les ZNIEFF et de suivre
l'évolution des patrimoines naturels régionaux.
Dorénavant, l'existence d'une ZNIEFF se
justifie obligatoirement par la présence
d'espèces ou de milieux remarquables,
dits "déterminants". Elle doit donc bénéficier d'un "intérêt patrimonial".
Une jurisprudence maintenant étoffée
rappelle que l'existence d'une ZNIEFF
n'est pas en elle-même de nature à interdire tout aménagement. En revanche, la
présence d'une ZNIEFF est un élément
révélateur d'un intérêt biologique et, par
conséquent, doit être prise en compte en
amont du processus d'aménagement.
Les ZNIEFF doivent maintenant figurer
dans les documents d'urbanisme (SCOT,
PLU, …). Elles jouent un rôle d’aide à la
décision et permettent de concilier l'élaboration d’un projet et l'existence d'une
zone de fort intérêt biologique.
En Île-de-France, la mise à jour de l'inventaire ZNIEFF est en cours. Elle se
base largement sur l'utilisation d'un guide
méthodologique édité par la DIREN.
L'application d'une méthode commune
offre des résultats plus homogènes, plus
rigoureux, plus fiables.
La validation de chaque ZNIEFF par le
Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) conforte la valeur de l'inventaire.
OGE participe activement à la modernisation en Île-de-France. Pour ce faire,
nous collectons des données soit par
recherche bibliographique, soit par enquête auprès de naturalistes et/ou d'organismes scientifiques. Les informations
sont validées ou mises à jour par des
prospections de terrain. Ces dernières
permettent également d'identifier de nouvelles zones susceptibles d'enrichir l'inventaire ZNIEFF. Enfin, nous rédigons
les fiches de synthèse à l'attention de la
DIREN et du CSRPN. Après validation,
ces dernières sont mises à la disposition
du public par la DIREN.
La mise à jour régulière des ZNIEFF
fournit un outil crédible et rigoureux à
tous les acteurs concernés.
Laurent SPANNEUT & Olivier ROGER
De la Haie aux bocages.
Organisation, dynamique et
gestion (Jacques Baudry,
Agnès Jouin, coord, 2003)
Les bocages sont des paysages aux
caractéristiques culturelles et écologiques marquées. Ils constituent des
milieux particuliers pour la faune et la
flore, pour la qualité de l’eau et des
sols. Le livre illustre que cet héritage
ne cesse de s’éroder du fait de l’évolution des pratiques agricoles et des
remembrements. Par exemple, en
Bretagne dans le secteur de PleineFougère, en 50 ans les haies ont diminué de 78 %.
Première synthèse en français sur
les haies et bocages, cet ouvrage
résulte des travaux menés par des
équipes interdisciplinaires composées d’écologues, de géographes,
d’agronomes et de sociologues.
La diversité et l’histoire des bocages
sont traitées selon les régions. Puis
des méthodes d’analyse à partir de
travaux de terrain, d’enquêtes et
d’études de modélisation et de cartographie sont proposées.
La productivité des haies et leur rôle
dans la circulation et la qualité des
eaux sont abordés. En outre, le rôle
biologique des haies est expliqué.
Ce travail très complet ne peut pas
être résumé en quelque lignes.
Mon seul regret par rapport à ce livre
est le fait, que la haie en tant que
structure abritant souvent de nombreux vieux arbres avec la faune associée, comme le fameux Piqueprune, ne soit pas assez évoquée.
A part cela, je recommande vivement
la lecture de ce document pour tous
les gestionnaires de l’espace rural,
agronomes, sociologues, et amis de
la nature. Cet ouvrage aidera à
mieux comprendre le rôle essentiel
joué par le bocage dans ce que nous
appelons aujourd’hui la nature ordinaire.
Jean - François ASMODÉ
AGENDA :
Toute l’équipe d’OGE vous
souhaite de joyeuses fêtes
de fin d’année
Le Coup d’œil d’OGE :
La lettre
INRA Éditions Collection Espaces Ruraux,
Paris, 2003, ISBN 2-7380-1050-4, XVIII et
435 p.
Canopée de Macrocystis, algue géante, poussant le long des côtes des océans à courant
froid. Californie, Aquarium de Montrey, USA, J.- F. Asmodé.
La lettre d'OGE
Ce document est réalisé par la société OGE, à destination de ses partenaires professionnels exclusivement.
OGE – 5, boulevard de Créteil – 94100 Saint-Maur-des-Fossés – Tél. 01 42 83 21 21 – Fax 01 42 83 92 13 – mél : [email protected]
Directeur de la publication : J.-F. Asmodé – Rédaction : J.-F. Asmodé, V. Vignon, C. Laury, O. Roger, S. Heckenroth, E. Brunet, L. Spanneut
Textes et photos : tous droits de reproduction intégrale ou partielle réservés.
de l'Office de Génie Écologique
Suivi des ours dans les Asturies
ÉDITO
Des continuités écologiques à l’éducation sur l’environnement
Dans cette présente Lettre OGE nous insistons sur les continuités écologiques souvent
appelées « bio-corridors ».
OGE a développé un savoir-faire sur l’analyse de ces liaisons naturelles. Un des outils
que nous utilisons et distribuons est le système de radar et de barrière infrarouge TrailMaster®. Nous vous présentons ici un
exemple d’utilisation avec l’étude d’une population d’Ours brun en Espagne.
Les appareils photographiques TrailMaster®
équipent aujourd’hui en France plus de quarante passages faune, installés sur des infrastructures de transport. Avec cet outil,
trente trois espèces de la faune utilisant ces
passages ont déjà été recensées. Par l’utilisation de pièges photographiques, les gestionnaires de routes et d’autoroutes peuvent
vérifier si leurs passages faune fonctionnent
et si les continuités écologiques sont maintenues.
Un autre point abordé dans ce numéro est
l’éducation à l’environnement avec l’interview d’Eric Alibert, peintre animalier reconnu. Ce mois-ci, il vient de terminer avec
OGE un travail d’illustration sur les milieux
naturels. L’éducation environnementale est
essentielle si nous voulons que demain nos
enfants puissent encore bénéficier d’une
nature riche et fonctionnelle. C’est pourquoi,
à OGE, nous nous y intéressons de plus en
plus.
Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin
d’année, et je vous dis à l’année prochaine.
Photo A. Hartasanchez TrailMaster®
Alfonso Hartasanchez, du Fond Asturien pour la Protection des Animaux Sauvages (FAPAS), l’emploie pour surveiller la grande faune de ce site exceptionnel, notamment la population d’Ours.
Un premier objectif de ce suivi consiste à évaluer la taille de la population par
deux techniques complémentaires. L’identification sur photos a permis de dénombrer 21 ours, mais l’exercice est limité par les ressemblances entre certains individus. L’examen des traces de pas montre qu’il y a trente individus
différents.
Le suivi permet également d’évaluer la concurrence alimentaire entre les sangliers et les ours, notamment dans les zones de glandée, de faînes ou de
châtaignes. Enfin, dans certains vallons soumis à la chasse, la surveillance
par piège photographique a permis d’éviter les battues aux sangliers dans les
sites exploités soit par une ourse et ses jeunes, soit par plusieurs ours
(jusqu’à 12 individus). Sur environ 2500 photos de 14 espèces animales, Alfonso Hartasanchez a pris 214 photos d’ours, 100 photos de loups, 840 photos de sangliers. Les informations recueillies sur les grands carnivores constituent une base documentaire exceptionnelle en Europe.
Vincent VIGNON
SOMMAIRE
Page 2 :
LES DOSSIERS D’OGE
Page 3 :
ENTRETIEN AVEC ….
Page 4 :
NOUVELLES BRÈVES
Bonne lecture.
Jean - François ASMODÉ
Depuis 1995, OGE utilise le
système TrailMaster ® pour
effectuer des inventaires de
la faune sauvage et réaliser
des suivis de population dans
diverses situations en France
et à l’étranger.
Dans le Parc Naturel de Somiedo, situé au nord-ouest de
l’Espagne dans la province
des Asturies, ce matériel est
utilisé intensivement depuis
1998.
Les continuités écologiques
Éric ALIBERT
Le point sur …. La révision des ZNIEFF
Veille écologique
LES DOSSIERS
PARLONS-EN...
ENTRETIEN AVEC : Eric ALIBERT, dessinateur et naturaliste à Paris, et
Les continuités écologiques
partenaire d’OGE
L
a croissance de l’urbanisation et la mise en place d’infrastructures entraînent la
fragmentation et le mitage des milieux naturels. Cette évolution rend le déplacement de la
faune et de la flore difficile ou parfois impossible. Cette problématique est à l’origine
d’études spécifiques qui analysent la fonctionnalité de ces "bio-corridors". OGE a réalisé
plusieurs missions qui consistaient à identifier et à étudier les continuités écologiques et à
formuler des recommandations pour leur pérennité.
Les continuités écologiques contribuent à la pérennisation des habitats
de la faune et de la flore
Les continuités écologiques sont des
éléments importants pour assurer les
déplacements, et donc les échanges de
populations animales et végétales, entre
différents milieux. Il s'agit de liaisons ou
de continuités de micro-habitats.
Les continuités écologiques peuvent
donc être définies par l’ensemble des
composantes naturelles du paysage qui,
par leur nature attractive et leur rôle de
guide naturel, permettent aux animaux
de cheminer.
En se déplaçant, les animaux concourent au transport des diaspores et des
graines des végétaux fixées à leur pelage, dans leur système digestif et/ou
par la récolte des pollens. Ils participent
donc à la dispersion des végétaux.
Chaque espèce, selon ses besoins et sa
mobilité, utilise ces espaces interstitiels
pour se nourrir, se reproduire et pour
coloniser de nouveaux territoires.
Ces déplacements peuvent être
quotidiens (par ex. pour trouver de la
nourriture), ou saisonniers (par ex. pour
se reproduire).
La fonctionnalité
écologiques
des
continuités
Ces continuités écologiques sont effectives dans les espaces disposant d’une
mosaïque de milieux naturels. La
"connectivité" d'un paysage dépend à la
fois de la surface des parcelles et des
structures (fossés enherbés, arbres,
haies, lisières…). Une espèce, en fonction de sa mobilité et de son rayon d’action (par ex. les tritons comparés aux
chevreuils), doit pouvoir traverser des
zones hostiles en ayant l’assurance de
pouvoir rejoindre un refuge.
Un autre facteur déterminant de la fonctionnalité d’un corridor écologique est la
qualité des éléments naturels qui le
composent. En effet, des espaces verts
jardinés caractéristiques des complexes
de loisirs (par ex. gazon), ou des parcelles de culture intensive n’exercent pas la
même attraction pour la faune sauvage
qu’une friche naturelle, qu’une prairie de
fauche ou encore qu’une haie champêtre.
Si la connectivité est faible ou inexistante, nous pouvons supposer qu'un certain nombre d'espèces ne peut plus se
déplacer et ses populations sont alors
isolées ce qui peut engendrer des risques d’extinction locale.
Les espèces qui volent, comme les oiseaux, les chauves-souris, quelques insectes comme les papillons et les libellules, ont peu de difficultés à se déplacer.
À l'inverse, les espèces de petite taille
qui se déplacent essentiellement par
voie terrestre (amphibiens, reptiles,
micro-mammifères, un grand nombre
d’insectes), sont souvent incapables
d’effectuer la traversée des grandes
parcelles.
La fonctionnalité des continuités écologiques peut être affectée par plusieurs facteurs
• les différentes infrastructures linéaires
(lignes de chemin de fer, routes) ;
• les extensions urbaines ;
• la fragmentation et le mitage des espaces naturels (par ex. distance entre
deux bosquets trop élevée) ;
• l'absence d'éléments naturels (par ex.
disparition de haies) ;
• les perturbations induites par les postes d’éclairage et sources lumineuses
permanentes, ainsi que par les dérangements sonores (par ex. chantiers,
trafic).
Paysage agricole dans la Mayenne avec des
"connectivités" denses (réseau bocager).
Photo V. Vignon.
Et qui sont vos principaux clients ?
J’ai ainsi pu travailler aussi bien avec le
Muséum d’Histoire Naturelle de Paris
que celui de Genève, les maisons d’éditions, des Parcs Naturels. Partout où les
gens communiquent autour de la nature.
Infrastructures de transport fragmentant les milieux
naturels. Photo V. Vignon.
Les expériences d’OGE
La fonctionnalité des bio-corridors est de
plus en plus étudiée et peut s’avérer être
un facteur déterminant qui aide à la décision pour des projets d’aménagements.
Deux passions complémentaires :
dessinateur et naturaliste, en quoi
consiste votre travail ?
Illustrateur scientifique, mon travail s’oriente maintenant dans une voie plus
personnelle. Pourtant mon souhait reste
le même : Témoigner de la beauté et de
la fragilité du vivant avec rigueur et poésie.
Votre travail vous mène beaucoup à
l’étranger. Quelles ont été vos missions préférées ?
Je rentre de Syrie où j’ai pu mener quatre missions pour la société TOTAL.
L’objectif de ce travail est le témoignage
de la richesse du patrimoine naturel et
humain. Toutes ces peintures font partie
d’un livre à paraître chez SOMOGY éditions d’art au début 2004.
Je serai au Japon en février puis au
Bhoutan en avril prochain.
Chaque projet à ses couleurs, ses
odeurs, mais toujours les mêmes doutes et les mêmes espoirs. Ici, comme
ailleurs, le monde nous parle mille langues que nous nous efforçons de comprendre.
J’ai aimé le désert, l’accueil des bé-
douins et toutes ces mains tendues et
ces sourires offerts.
Le voyage comme la peinture sont portés par le désir d’humanité et par notre
devoir de transmettre aux générations
futures.
Vous avez réalisé dernièrement dans
le cadre d’une mission d’OGE pour le
SAN du Val Maubuée les dessins
pour quatre panneaux pédagogiques.
Est-ce que la collaboration avec OGE
vous a ouvert sur d’autres horizons ?
Chaque travail a son intérêt. En tant
qu’ancien instituteur, je sais qu’il est
extrêmement important d’intervenir
dans l’éducation à l’environnement surtout dans les zones périurbaines où le
"sentiment de nature" régresse.
De la fragile orchidée au discret batracien tout est important.
La mission d’OGE dans le cadre des
panneaux pour le biotope de l’étang de
Beaubourg est exemplaire et je suis très
heureux d’y avoir participé.
Silke HECKENROTH
En Île-de-France, OGE a analysé pour le
compte de l’IAURIF (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Îlede-France) quelques zones sensibles
pour la circulation des grands mammifères. L’objectif était de définir celles qui
nécessitent une intervention pour conforter leur fonctionnalité biologique. De
plus, des recommandations opérationnelles pour réhabiliter ou pérenniser les
voies de passage ont été formulées.
A une échelle plus fine, OGE a évalué
pour la DIREN Picardie et la Communauté de Communes de la Basse Automne, l’impact des projets d’aménagement dans le corridor écologique qui relie les forêts d’Halatte et de Compiègne.
Dans ce cas, nous nous sommes non
seulement intéressés à la grande et à la
petite faune, mais également aux invertébrés et aux plantes.
En général, dans chaque étude d’impacts concernant des infrastructures,
nous analysons la perméabilité des futurs ouvrages à la faune et à la flore.
Avec le concept de corridors biologiques, il ne s’agit plus seulement de protéger la nature, mais de l’intégrer au
quotidien dans l’aménagement du territoire. Ce concept s’appuie sur un raisonnement qui consiste à maintenir les
continuités écologiques nécessaires et/
ou à restaurer les espaces existants
pour assurer les déplacements et les
échanges de la faune et flore.
Silke HECKENROTH
Un des quatre panneaux réalisés pour le SAN du Val Maubuée