II – Le courrier des mages

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II – Le courrier des mages
II – Le courrier des mages
Lauréline est assise à son bureau, mais elle ne travaille pas.
Au-dessus, les cochons d'Inde couinent et vivent leur vie de cochons d'Inde et derrière elle,
de l'autre côté du mur, Benjamin éclate de rire et maltraite la boîte à rythmes de l'orgue.
Philippe Colliard
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La normalité !
Depuis son réveil, elle s'interroge… Si maman ne l'avait pas secouée plusieurs fois, ce matin, jamais elle n'aurait
pu arriver à l'heure au collège. Le collège ! Une journée effroyable.
Samira, So-so, Pauline. Elles la regardaient sans comprendre, elles la cajolaient, puis lui demandaient gravement
ce qui n'allait pas et Lauréline les entendait comme des voix lointaines, elle ne savait pas quoi leur répondre, sauf
que tout allait bien.
Madame Bé l'avait interrogée, en maths. Enfin, avait essayé de l'interroger : " vous n'allez pas bien, ma petite
Lauréline ? " Elle avait secoué la tête avec un sourire idiot : " je ne sais pas, Madame ". Madame Bé avait haussé
les sourcils, puis les épaules et interrogé Sébastien. Quand ça allait mal, elle interrogeait toujours Sébastien.
Mais durant toute l'heure, Lauréline avait senti le regard perplexe de Madame Bé passer sur elle, comme le phare
de la tour Eiffel. Et les regards de ses trois amies. Et, plus tard, celui de son prof de français, toujours aussi gentil :
" tu es sûre que tu vas bien ? "
Une journée effroyable. Et maintenant… Elle a tout de même fait ses devoirs, consciencieusement, mais elle ne
sait pas du tout s'ils ont du sens ! Elle l'espère, sans vraiment y attacher d'importance. A-t-elle rêvé, hier soir ?
Mais ça paraissait tellement vrai. En même temps, bien sûr, complètement invraisemblable !
" Complètement, jeune damoiselle. Mais tu n'as pas rêvé ".
" Ioran ! " De soulagement, Lauréline s'est à moitié redressée, et maintenant sa chaise est par terre, et la lampe
de chevet aussi.
Papa accourt de son bureau." Qu'est-ce qui t'arrive, crevette ? Ca va ? "
" C'est rien, P'pa. Je sais pas, j'ai reculé, et… Et ma chaise s'est bloquée, je crois ! Mais c'est pas grave. "
Avec un cœur qui fait du tambour dans la poitrine, et que Papa devrait entendre de l'autre bout de la pièce. Mais
il ne l'entend pas. Gentil Papa !
" Bon, eh bien, tu n'as plus qu'à tout ramasser, crevette. Tu m'as fait une de ces peurs ! " Un sourire et Papa est
déjà reparti.
" Désolée, P'pa " ( " Et à moi, tu crois que ça m'a fait quoi ? " )
" Ioran, tu es là ? Vraiment là ? "
" Vraiment là, damoiselle crevette. Ne te l'avais-je pas promis ? ".
" S'il te plaît, Ioran, pas 'crevette' ! Il n'y a plus que Papa qui m'appelle comme ça. Mais j'ai 12 ans, quoi ! Bon, …
C'est Papa ! "
" Tu es une grande damoiselle. Je ne l'oublierai plus. Et tu sursautes avec une grande élégance ".
" Ioran ! "
" Allons, je ne me moque plus, damoiselle. Je suis également très content de te revoir. Et peut-être pourras-tu
m'aider… "
" T'aider ? Moi ? Mais je ne connais rien à la magie ? "
" Non, bien sûr. Mais tu es entourée d'animaux, n'est-ce pas ? Des cochons d'Inde, des perroquets, un chien, un
chat, des poissons… Et même ces étranges grenouilles aquatiques… Gentille Lauréline, il me faut un crapaud "
" Un crapaud ? Euh, comme ça, là, maintenant… Tu le veux avec ou sans lunettes ? " Une question idiote, mais elle
est tellement surprise !
" Te moquerais-tu ? Les lunettes m'indiffèrent, pourvu que ce crapaud ait de bons yeux "
" Mais qu'est-ce que tu veux faire d'un crapaud ? Le transformer en prince charmant ? "
" Rien que l'interroger, jeune effrontée, rien que l'interroger "
Près d'une demi-heure, la jeune fille avait cherché à faire parler Ioran. Mais le vieux mage éludait toutes se
questions.
Puis il lui avait dit : " A demain, damoiselle curieuse. A demain. Et n'oublie pas le crapaud ", et l'étoile avait
disparu, dans un dernier éclat de rire, à peine audible : " Avec ou sans lunettes "
Ex-as-pé-rée, Lauréline. Exaspérée et radieuse. Elle n'avait PAS rêvé, et ce soir, Ioran lui avait même demandé son
aide. Oh là là ! un crapaud, où pourrait-elle trouver un crapaud ? Bon, peut-être qu'un tout petit mensonge… Un
tout petit, pour la bonne cause ! Mais ce n'est qu'à table, au dîner, qu'elle ose :
" P'pa, M'man, j'ai oublié : le prof de SVT , il nous a demandé qui pourrait apporter un crapaud, jeudi. J'ai dit moi,
parce que je pensais aux grenouilles…"
Maman et Papa se regardent, la regardent. Benjamin continue tranquillement à remplir sa fourchette.
" Un crapaud ? Mais ce sont des pipa-pipa, pupuce. Des grenouilles marines. Tu ne peux pas les emporter au
collège "
Bingo. Merci Maman ! Vite, un petit air désolé : " Mais c'est juste pour une journée. Ou 2, je ne sais pas "
" Non pupuce. Même pas pour une demi-journée ! Tu as vraiment de drôles d'idées "
" Je me demande… Et si on allait à Ville d'Avray, demain ? " Papa a son drôle de petit sourire.
" Tu es sérieux ? " Maman le connaît bien, elle sent qu'il ne plaisante qu'à moitié…
Et "pupuce", qui n'est pas née de la dernière pluie, se dit que c'est parti ! Et son petit cœur recommence à faire
du tambour, discrètement. Mais Papa, qui sait être aussi agaçant que Ioran, ne dira rien de plus ce soir, si ce n'est
: " mais il faudra le relâcher, d'accord ? "
Dans son lit, Lauréline les entend qui discutent, qui rient… Elle croît reconnaître le mot "crapaud", et elle s'endort.
Le mercredi, naturellement, est un jour privilégié: 3 petites heures de cours, un passage à la cantine – où l'on
chahute autant que l'on se nourrit – et… La liberté !
Mais ce mercredi-là, Maman et Papa attendent à la sortie du collège, dans la vieille Espace des grandes ballades…
Papa conduit, ce qui est plutôt rare, Maman joue avec l'espèce de filet à papillons qu'elle a confectionné et
Lauréline se dit qu'elle vit dans une drôle de famille… Mais qu'elle n'en changerait pour rien au monde !
L'Espace longe un étang, s'arrête près d'un carrefour. Droit devant, une allée sépare l'étang d'une petite forêt. Et
cette allée est – beuark – elle est recouverte de crapauds écrasés !!! Maman est dégoutée, et Papa les regarde
avec une sorte de grimace :
" je sais, cette allée devrait être interdite aux voitures… Bon, on va au moins en sauver un, non ? "
Et le filet à papillons – fabrication Maman – fait merveille : tout juste 4 ratages, dont un qui finit presque dans
l'étang, puis un jeune et beau crapaud qui faisait l'étang buissonier se retrouve au fond du filet, et de là dans le
confortable "teupère-ouaire" au couvercle troué que Maman lui a préparé. Lauréline lui parle à travers les trous :
" t'inquiète pas, samedi, on te ramène à ton étang. dans 3 jours… Mais pas là où tu étais, c'est vraiment trop
dangereux ! "
Et durant tout le retour, elle tient la boîte sur ses genoux et se dit qu'elle a un crapaud, un vrai !
Le soir. Lauréline, en pyjama, assise sur son lit, regarde. Sans faire de bruit, sans presque respirer.
En voyant le crapaud, Ioran, de joie, avait dessiné 3 cercles lumineux ! Maintenant, il virevolte au-dessus de la
boîte en marmottant des incantations incompréhensibles, et le crapaud semble de plus en plus attentif. Presque
intelligent !
" Voilà, damoiselle. Nous pouvons commencer "
" Mais commencer QUOI, Ioran ? "
" Ne te l'ai-je pas expliqué ? Non ? Alors écoute : je suis retourné voir mes pairs, les mathémagiciens. Je leur ai
décrit mon voyage dans le futur, leur futur… Ton présent. Oui, oui, je leur ai parlé de toi. Mais avant tout, je leur ai
décrit les étonnantes découvertes de ce présent. Et cette surabondance de sciences dans laquelle je me perds. Je
leur ai demandé d'initier une Chapelle d'étude et de lui adjoindre un sort de ralliement. Un sort pérenne,
naturellement "
" Euh, tu veux dire quoi, là ? C'est quoi, une chapelle d'étude? Et un sort pérenne ? "
" Pardon, gentille Lauréline. J'oublie parfois que tu n'es pas tout à fait des nôtres. Une Chapelle, c'est une école de
mages qui se fixe un but, et qui existera, en s'accroissant de génération en génération, jusqu'à ce que ce but soit
atteint. Initier une Chapelle est une des prérogatives de notre Conseil, mais c'est également une lourde
responsabilité. La mienne – elle doit s'appeler Chapelle Ioran, je le suppose, a maintenant presque 1200 ans, et
doit comporter des dizaines, peut-être des centaines de mages qui cherchent comment contrer ce sort détestable !
"
" Des centaines de mages ?... Et un sort perrin ? "
" Pérenne, Lauréline, pérenne. Un sort qui ne s'affaiblit pas avec le temps. Il faut que je prenne langue avec ma
Chapelle, et le sort de ralliement me permettra de la localiser. Tu comprends maintenant pourquoi il me fallait un
crapaud ! "
" Mais non, pas du tout ! Je n'y comprends rien de rien ! Ce crapaud sait où est ta chapelle ? "
" La magie n'est pas chose facile à expliquer, damoiselle. Le Conseil s'est souvent servi des crapauds pour les sorts
pérennes, parce que c'est une espèce robuste, qui a peu de chances de disparaître de la Terre. Nous aimons
beaucoup les crapauds. D'une certaine façon, tu peux considérer que nous leur faisons porter des messages; ils ne
le savent pas, sans doute. Ces messages sont inscrits en eux, dans l'identité même de leur espèce, et les sorts de
révélation nous permettent de les lire.
Mais les crapauds ne sont pas tous égaux et certains portent mieux les messages que d'autres… Nous verrons bien
de quelle famille est celui-ci… "
" De quelle famille ? Ben, d'une famille de crapauds, non ? "
" Jeune innocente. Nous avons divisé cette espèce en familles plus ou moins fiables, et quelques-unes de ces
familles – les meilleures à nos yeux – connaissent même leur nom. Ils forment, comment te dire, l'aristocratie des
crapauds, et nous avons toute confiance en leurs messages. Mais n'espérons pas trop "
Tout en "parlant", Ioran décrivait de petits cercles, lents, autour de la tête du joli petit crapaud, qui semblait le
regarder et attendre.
" Lauréline, gentille Lauréline, peux-tu dessiner sur une grande feuille cinq rangs de cinq carrés, les uns sous les
autres ? "
" Tu veux dire un quadrillage ? Facile ! "
Elle prend une feuille de copie, sa règle, un crayon et dessine soigneusement la grille demandée. Chaque carré
mesure cinq centimètres de côté.
" Excellent. Excellent ! Maintenant, dans chaque carré, écris une des lettres que je te dicte : A , B , C… "
" L'alphabet, quoi ? "
" Oui, l'alphabet, mais pas TON alphabet, damoiselle. Le mien conviendra mieux "
Sous la dictée de Ioran, la jeune fille compose une grille qui ressemble à ceci :
… Et sous le Y , comme il reste de la place,
elle dessine un dernier carré vide,
où Ioran lui demande de poser le crapaud.
A
F
L
Q
V
B
G
M
R
X
C
H
N
S
Y
D
I
O
T
Z
E
K
P
U
La chambre set silencieuse. Même les cochons d'Inde ont cessé de couiner. D'ailleurs, tout l'appartement semble
comme enveloppé dans du coton. Lauréline n'entend ni Maman ni Papa, dans leur chambre, et Benjamin, pour
une fois, se tait. Seuls comptent le crapaud, et Ioran, et cette phrase dans sa tête. Une phrase banale, dont seule
l'intonation laisse entrevoir la puissance du mage :
" Crapaud, gentil crapaud, donne-moi ton nom "
L'intonation… Et le fait que le petit crapaud, après une sorte de coassement soumis, saute avec assurance sur la
case du A , puis s'arrête un temps – est-ce pour se repérer ? – puis d'une succession ininterrompue de sauts
d'une merveilleuse précision, indique le Y , le M , le E , le R , le I , le C , où il s'installe enfin avec un coassement
satisfait. Lauréline en a la bouche ouverte ! A-t-elle vraiment vu ce qu'elle a vu ? Un crapaud qui …
Mais Ioran ne lui laisse même pas le temps de compléter sa pensée. La petite étoile fait des "huit" dans la
chambre et la voix exulte dans la tête de la jeune fille :
" Un Aymeric, c'est un Aymeric ! Petite damoiselle, tu me portes chance. Te rends-tu bien compte ? Tu as rapporté
un Aymeric ! "
" Euh… Oui… Je suis bien contente. Bien contente… Ioran, c'est quoi, un Aymeric ? "
" Allons, je continue à oublier que tu ne ignores de nombreuses choses. Les Aymeric sont l'une des familles de
crapauds les plus valeureuses, et celle qui fournit les meilleurs messagers - avec les Anaïs. Nous avions l'habitude
de les appeler les 'courriers des mages'. Jamais un Aymeric n'a déformé de message, jamais ! "
" C'est super, ça. Bonjour, Aymeric. Enfin, bonsoir. Mais il est où, le message ? "
" Ne t'ai-je pas dit que la magie nécessite une grande patience ? Et ne crois-tu pas qu'il serait convenable de
récompenser ce jeune messager ? N'aurais-tu pas quelque friandise ? Des mouches, peut-être, ou un beau vers
dodu ? "
" Beuark… Attends, si, les vers surgelés des grenouilles "
" Surgelés ? " Mais Lauréline est déjà partie, puis revenue, portant précautionneusement une soucoupe d'eau
tiède où flotte un cube noirâtre qui se délite peu à peu en de nombreux petits vers.
" Coâââ " dit le crapaud, qui perd toute sagesse et se précipite sur la soucoupe.
Quelques dizaines de petits vers plus tard, la jeune fille replace le crapaud-messager sous le Y . Cette fois-ci, elle a
un crayon à la main, et un petit carnet.
" Aymeric, gentil Aymeric, comment retrouverai-je ma Chapelle ? "
La voix de Ioran est à la fois douce et précise, sereine et pourtant impérative. Le crapaud, à nouveau, saute de
case en case : I – N – T – E – R – N – E – T .
" Internet ! " s'écrie Lauréline " Evidemment ! Dis-donc, ils sont branchés, dans ta chapelle ! "
… Ioran, perdu dans ses pensées, ne l'a pas écoutée :
" Je ne comprends pas. Non, je ne comprends pas ! "Sa voix semble dépitée, un peu inquiète.
" Ca ne veut rien dire, internet. Et pourtant, c'est un Aymeric ! "
" Ioran ! You-hou ! Ioran. Ecoute-moi. Ca ne veut rien dire pour toi, c'est normal. Mais MOI, je sais ! "
" Toi, petite damoiselle. Toi ? Comment cela se pourrait-il ? " Un rien supérieur, Ioran, et pourtant Lauréline
entend comme un espoir dans sa voix.
" Oui, je sais. Mais ça n'existait sûrement pas à ton époque ! Fais-moi confiance. Tu m'as bien dit que je te portais
chance ? Demande-lui quel site, c'est tout ! "
" Quel site ? Tu es sûre de toi, damoiselle ? L'Aymeric est fatigué, et… Et moi aussi, je crois… " Fatigué et surtout
déçu, peut-être…
" S'il te plaît, Ioran, tu dois continuer. Tu vas voir. Demande-lui ! "
" Fort bien, Lauréline. Fort bien. Essayons, alors. Mais une seule fois, n'est-ce pas ? "
Et une fois suffit. Comme s'il avait attendu la question, le petit crapaud saute, saute et ressaute :
MAGISTER . DIOS
" Quel nom bizarre. Ce n'est pas un nom de site, ça ! "
" Je ne sais pas ce que tu entends par là, damoiselle, mais je reprends espoir: il s'agit bien d'un message pour moi,
et l'Aymeric n'a pas failli ! "
" Qu'est-ce que tu veux dire ? "
" Magister, Lauréline, est une partie de mon titre : Mathemagister. Et DIOS correspond aux initiales de mon
augmentatif : Dhor Ioran O'Shee. .. L'aurais-tu oublié ? "
" Euh, juste quelques minutes ! " Tu parles ! " Alors c'est vraiment super, tu vas retrouver ta chapelle ! "
" Si tu l'affirmes, petite damoiselle enthousiaste… Si tu l'affirmes et si tu m'expliques ce qu'est cet internet. Mais
peux-tu apporter de nouveaux vers à notre messager ? Il doit manger et se reposer, maintenant ! "
" Tu es encore en train de lire, pupuce ? " Aïe, Maman a vu de la lumière ! " Tu commences à 8 heures, demain.
Alors, tu éteins tout de suite ! Bonne nuit, ma grande "
" J'éteins, M'man, j'éteins. Je vais juste boire un coup… "
Maman, en passant, jette un coup d'œil dans la chambre, mais Ioran a déjà disparu, le crapaud a retrouvé son
appartement : tout paraît normal.
Et quand Lauréline revient de la cuisine avec le verre d'eau prétexte et – discrètement – une nouvelle soucoupe
de vers, Maman est repartie se coucher.
" Ioran tu es là ? "
" Je suis là, damoiselle. Mais éteins cette lampe ". La minuscule étoile se remet à briller, mais pas trop fort, et c'est
à sa lumière que l'Aymeric reçoit sa récompense avant de se blottir, apparemment très satisfait, dans un coin de
la boîte.
" Tu dois dormir, toi aussi. Tu m'expliqueras demain ce qu'est ton internet, Lauréline "
" De toute façon, si j'allumais l'ordinateur maintenant, je serais punie. Mais ça ne te fait rien d'attendre ? Je veux
dire, de ne pas pouvoir contacter ta chapelle ce soir ? "
Un petit rire satisfait dans la tête de la "damoiselle" : " tu oublies le ' tempus fugit ' , mon enfant ! Pour moi,
demain soir sera juste le temps d'un court repos. A demain, damoiselle, à demain. Vers 6 heures ? "
Et l'étoile pâlit tout doucement, tout doucement, et le crapaud s'agite, s'installe plus confortablement, et
Lauréline le regarde dans sa boîte transparente et pense encore confusément :
" Quand même ! Un Aymeric, j'ai rapporté un Aymeric ! "