Parée d`un parfum de luxure et de volupté, la «fée verte» est en fait

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Article: Le mythe de l’absinthe: la magie verte
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Le mythe de
l’absinthe: la
magie verte
Parée d’un parfum de luxure et de volupté, la «fée verte» est en fait un spiritueux on ne
peut plus suisse. Un brin d’histoire…
Les paysans du Val-de-Travers en furent les premières victimes. Vinrent ensuite les badauds des boulevards
parisiens et les soldats envoyés dans la lointaine Indochine. Des artistes tels que Picasso, Gauguin et van Gogh
ont également voué un culte à cet élixir vert, avant qu’il ne soit interdit dans de nombreux Etats européens (en
Suisse notamment) ainsi qu’aux Etats-Unis au début du 20e siècle. Depuis sa légalisation en 2005, cette «femme
fatale» parmi les alcools a retrouvé une seconde jeunesse.
Selon la légende, l’absinthe aurait été inventée par une « Mère Henriod », mi-sorcière mi-guérisseuse du Val-deTravers, non loin de la frontière française. Un médecin local du nom de Pierre Ordinaire prescrivait à ses patients
un élixir d’absinthe préparé par elle. Et, miracle, dans bien des cas, les maux de toutes sortes disparaissaient
comme par magie.
La France aussi sous l’emprise du breuvage
En 1797, la famille Henriod vendit la recette à un officier du nom de Dubied, qui, avec l’aide de son fils Marcelin et
de son gendre Henri-Louis Pernod, allait créer à Couvet (NE) la première distillerie d’absinthe. Henri-Louis Pernod
allait à son tour construire à Pontarlier, en France, à deux pas de la frontière suisse, sa propre distillerie, de
manière à échapper aux taxes et aux droits de douane. Les Français tombèrent rapidement sous le charme de la
fée verte, comme ce sera le cas plus tard avec le légendaire pastis «Pernod».
Une légère amertume
La magie de l’absinthe réside dans son goût légèrement amer et dans sa combinaison unique d’essences: l’anis
favorise la digestion, l’hysope soulage les problèmes pulmonaires, la mélisse atténue les douleurs d’estomac
ainsi que la migraine. Mais la vedette du breuvage est la grande absinthe, dont le nom latin est artemisia
absinthium. Cette plante, qui peut atteindre un mètre de haut, pousse particulièrement bien dans le Jura. Elle a des
vertus stimulantes et diurétiques et permet de lutter contre les vers. Il y a 150 ans, on en plaçait encore un bouquet
dans les cercueils pour protéger les dépouilles.
L’effet corrupteur de la bohème
L’absinthe atteignit son pic de popularité fin du 19e siècle, début du 20e, en particulier dans le milieu de la
bohème parisienne. Mais les ligues antialcooliques et le lobby des producteurs de vin ne tardèrent pas à monter au
créneau, arguant que la fée verte portait atteinte à la moralité et à la santé physique et psychique de l’homme.
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S’ajoutèrent à cela l’abus que l’on en faisait ainsi que, dans bien des cas, une piètre qualité due à l’énormité de
la demande. Tant et si bien que, peu avant la Première Guerre mondiale, l’absinthe fut interdite dans la plupart
des pays d’Europe.
Le retour de l’ensorceleuse
Il faudra attendre 2005 pour que la production d’absinthe soit de nouveau autorisée en Suisse, avec, cependant,
une teneur réduite en extrait de grande absinthe. Le Val-de-Travers est toujours resté fidèle à la fée verte. De plus
en plus nombreux, les amateurs ne jurent d’ailleurs que par les produits suisses. Les meilleurs du monde,
affirment-ils. Certaines marques, telles que la «Clandestine», font encore référence à l’interdiction. Et sur les
étiquettes, la fée verte, cette grande ensorceleuse, est omniprésente.
Le président et ses amours secrètes
Les experts s’accordent sur ce point: c’est la prohibition qui a fait de l’absinthe un mythe. Bravant
l’interdiction, le Val-de-Travers en distillait et produisait chaque année jusqu’à 15 000 litres. Les
perquisitions étaient rares. Les amendes encore davantage. La fée verte devint donc l’«amour secret»
de nombreux Suisses. Il ne manquait donc plus qu’un président de la République français pour
compléter le tableau: quand, en 1985, un restaurateur audacieux proposa à François Mitterrand, en
visite officielle à Neuchâtel, de déguster un «soufflé glacé à la fée» contenant possiblement de
l’absinthe, il y eut dans l’air comme un léger parfum de scandale. Mais le procès pour violation de
l’interdiction de l’absinthe fera long feu; le cuisinier admettra en effet n’avoir mis que du pastis dans
son dessert et la preuve du délit avait de toute façon été digérée depuis longtemps. Quoi qu’il en soit, le
Président Mitterrand ne fit qu’une bouchée de son soufflé et l’anecdote amusa fort les Suisses.
Accessoires pour connaisseurs
Cuillère percée, carafe, brouille, fontaine, tel est l’outillage du connaisseur d’absinthe. Ces accessoires
n’ont été imaginés que dans un seul but: faire en sorte que l’eau se marie le plus lentement possible à
l’absinthe, idéalement goutte à goutte. Et ce, pour deux raisons: le mélange de l’eau et de l’absinthe
produit un changement de couleur et confère ainsi un petit côté magique au processus. Les différents
arômes de l’absinthe s’expriment mieux et gagnent en complexité. L’explication chimique est que
chacune des huiles contenues dans le breuvage précipite à un degré de dilution différent. Dès lors, la
lente addition d’eau permet à chaque arôme de se développer pleinement. Si vous souhaitez ajouter
une petite note sucrée, versez l’eau sur une cuillère où vous aurez posé un morceau de sucre.
Vous trouverez de l’absinthe, les accessoires et des tas d’infos sur la fée verte sur Internet. Notamment
ici: www.schweizerdestillat.ch (Ce site Internet n‘est diffusé qu’en allemand et
en anglais.) ou www.absinthedistribution.com (Ce site Internet n’est diffusé qu’en allemand et
en anglais.)
Comment reconnaître l’absinthe suisse
Contrairement à la Suisse, où l’interdiction fut discrètement contournée, la France de la première moitié
du 20e siècle abandonna toute production d’absinthe au profit du pastis, ce qui fait qu’il est
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aujourd’hui très facile de distinguer les absinthes produites de part et d’autre de la frontière.
Absinthe suisse: Les recettes ont été améliorées au fil des décennies. Les absinthes suisses se
distinguent par un taux d’alcool relativement faible (généralement de l’ordre de 53 à 55 %) et un goût
très doux. Elles contiennent moins de grande absinthe et davantage d’anis et de fenouil.
Absinthe française: La plupart des recettes remontant aux origines de la culture de l’absinthe, les
absinthes françaises sont amères et ont un taux d’alcool plus élevé (généralement entre 68 et 75 %).
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