Revue Kyrielle - juin 2011 - PDF - IRFSS Basse

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Revue Kyrielle - juin 2011 - PDF - IRFSS Basse
JUIN 2011 # 3
Actualité des PREFAS / Recherches en cours / Etudes de terrain / Echos des revues / Animation Régionale
CORINNE CHAPUT, responsable du PREFAS Basse-Normandie
Les pôles ressource « Recherche-travail social-intervention socialeformations » deviennent les PREFAS
Par Corinne CHAPUT, Responsable du PREFAS Basse-Normandie
Le 21 janvier 2010 se réunissaient pour la première fois les
responsables régionaux des pôles consacrés à la recherche en travail
social. Une fois ce réseau ainsi constitué, est apparue notamment la
nécessaire visibilité nationale de ces instances récentes et encore
peu connues de tous alors et la question d’une dénomination du
dispositif qui permette de résumer le titre très long et très difficile à
retenir de l’appel à projet.
Le 27 septembre dernier,
l’acronyme PREFAS a donc
Pôle ressources
été retenu. La référence à la
régional de Recherche
préface d’un ouvrage, la
symbolique de la page blanche
et d’Etude pour la
à écrire, du prélude à des
Formation et l’Action
travaux futurs et prometteurs,
Sociales
apparaissait intéressante eu
égard aux missions des pôles.
La déclinaison du sigle PREFAS : Pôle ressources régional de
Recherche et d’Etude pour la Formation et l’Action Sociales, si elle
est plus simple que celle proposée dans l’appel à projet, a
néanmoins comme mérite de conserver le caractère régional et la
fonction de ressource des Pôles recherche. Il suffira en effet, dans
un logo qui reste à construire, de mettre le R en relief pour
symboliser ces deux dimensions. De la même manière, dans les
régions où les établissements ont vocation à proposer des
formations sanitaires ou médico-sociales, le S pourra être doublé ou
triplé à volonté.
En outre, ces regroupements des PREFAS, qui se sont poursuivis en
2011, ont été l’occasion de faire l’état des lieux et de mesurer
l’évolution des activités réalisées en 2009 et 2010.
Parmi ces activités, si le repérage et la valorisation des travaux
demeurent les missions centrales des PREFAS, la production directe
de recherche et d’études ou la contribution à des travaux
partenariaux s’avèrent désormais une nécessité pour asseoir la
légitimité des centres de formation au travail social à articuler des
activités de recherche, de formation et d’animation du milieu
professionnel. C’est pourquoi vous trouverez, dans ce numéro 3 de
Kyrielle, les résultats de plusieurs travaux dans lesquels l’Institut
Régional du Travail Social (IRTS) et l’Institut Régional de Formation
Sanitaire et Sociale (IRFSS) de Basse-Normandie se sont engagés.
Au sommaire de juin 2011
Recherches en cours
Pour une nouvelle gouvernance de l’entraide
alimentaire sur l’agglomération caennaise ............................. 2
Constitution d’un Réseau Recherche dans le cadre
d’un projet d’ingénierie sociale sur « territoires et
cohésion sociale » ................................................................. 4
Projet de recherche comparée France-Québec
sur l’implantation, le déploiement et les effets
des pratiques d’évaluation dans le champ de
la protection de l’Enfance ..................................................... 5
Face à la fin de vie « Demandes d’euthanasie » auprès
des professionnels de la santé ............................................... 6
Etudes de terrain
Accompagner la réponse à une commande :
Un chemin et des rencontres ................................................. 7
Les « invisibles » de l’agglomération caennaise...................... 8
Expertise sociale commanditée par la circonscription
du Bocage ............................................................................ 8
Echos des revues
Actualité du Sociographe ...................................................... 9
Animation régionale
L’intervention d’un chercheur sur les fonctions
sociales du sport .................................................................. 10
Philosophie et travail social : Peut-on penser
et agir aujourd’hui ? .............................................................. 10
Genre et travail social – L’analyse du genre
pour décoder une réalité sociale............................................. 13
Mardi de l’IRTS – Traces tsiganes........................................... 15
Institut Régional de Formation Sanitaire
et Sociale de Basse-Normandie
Juin 2011 /N°3
Recherches en cours / 2
Pour une nouvelle gouvernance de l’entraide alimentaire sur
l’agglomération caennaise
Par Marie-Thérèse SAVIGNY, formatrice à l’IRTS de Basse-Normandie
Depuis Janvier 2009, l’IRTS coordonne une
recherche-action : « Pour une nouvelle
gouvernance de l’entraide alimentaire sur
l’agglomération caennaise ». Une dizaine
de collectifs d’habitants (dont les étudiants
de l’IRTS) ont, dans ce cadre, mis en place
différentes initiatives du registre de
l’économie solidaire dans une dynamique
qui par ailleurs mobilise plusieurs
institutions, les collectivités territoriales et
différents services déconcentrés de l’Etat.
Ces avancées significatives permettent
aujourd’hui d’envisager de nouveaux
développements : développement de
circuits courts à partir des petits
producteurs
locaux
pratiquant
une
agriculture raisonnée ou biologique, mise en
place d’une monnaie solidaire locale pour
soutenir une consommation locale et de
qualité pour les personnes en situation de
précarité, aide et accompagnement à
l’autoproduction, lutte contre le gaspillage
par la mise en place d’activités de
conditionnement des produits frais pendant
la période estivale.
Mais quels sont les pré-supposés théoriques
de ce travail ?
Face aux enjeux de natures économique,
politique, sociale ou encore environnementale que pose la question alimentaire,
nous avons choisi d’aborder les choses par
la question du sens, c'est-à-dire de la
nature socio-anthropologique des défis à
relever en général et de façon plus
spécifique du point de vue du
positionnement du travail social. Jeu de
déconstruction-reconstruction qui permet
d’identifier
4
niveaux
d’analyse
constituant dans leur combinatoire, un
guide et le cadre de référence dans
lesquels se situe l’action en cours.
Premier niveau
Nous nous référons pour commencer à la
logique du don. Dans la logique du don, le
monde est limité : « Au bout du compte,
l’action humaine et son symbolisme se
déploient à l’intersection de deux grandes
oppositions : celle de la mort (le maître
absolu, la contrainte absolue) et de la vie,
celle de la guerre (de la rivalité) et de la paix
(l’alliance) » (Alain Caillé).
De ceci découle l’opposition entre
obligation et liberté, entre action pour soi et
action pour les autres. Dans ce monde limité
par la reconnaissance de ces couples de
contraires indissociables, prennent corps la
liberté et l’alliance, soi et l’autre. Cette
pensée est aux antipodes de l’effort
conjugué du marché et de l’État pour
travailler sur l’inclusion-exclusion des
individus dans la société. Ainsi, le concept
de discrimination positive repose-t-il avant
tout sur une définition en négatif des inadaptés, ou handicapés sociaux, ou encore
personnes défavorisées. Faisant fi des
circonstances
(exténuantes)
liées
à
l’environnement, ces dernières sont décrites
comme une espèce inférieure portant
(originellement) la faute. Ils constituent
l’envers du décor, l’ombre de cette époque
lumineuse, le résidu d’incapacités et de
finitude dans un univers maîtrisé et infini.
Deuxième niveau
Il convient aujourd’hui de sortir d’une vision
gestionnaire et par ailleurs centrée sur
l’individu de l’action sociale pour intégrer
une vision du développement durable à
l’interface
entre
les
champs
de
l’économique, du social et de préoccupations environnementales. Fondé dans
une période relativement intégratrice, le
travail social est fortement marqué depuis
les années 80 par une valorisation de
l’individu autonome, indépendant, capable
de réaliser son propre projet dans un univers
socio-économique devenu plus que
contraint. Cette vision traduit bien « la
fiction moderne de l’individu dans la société »
(Marcel Gauchet). Dans le champ de l’action
sociale, le bras armé de cette vision est
aujourd’hui le projet individuel avec des
effets proches du zéro en matière
d’insertion (on dit à présent inclusion)
sociale et professionnelle mais avec une
efficience certaine en termes d’intériorisation de la responsabilité individuelle
par les personnes pro-jetées. Ceci nous
ramène aux thèses développées par Jacques
Généreux dans La Dissociété .
L’important pour Généreux n’est pas
d’opposer à l’individu rationnel (égoïste) une
vision qui voudrait éradiquer toute forme
d’intérêt individuel au profit du seul intérêt
collectif. On est là dans le registre de la
morale. Pire, on peut faire l’hypothèse que
cette façon de considérer les choses résulte
finalement des mêmes fondements
théoriques qui justifient la vision néolibérale de l’homme. Dans cette conception,
l’être humain est :
un individu qui existe avant toute relation
à autrui, il est donc autodéterminé, seul
maître et responsable de ses actes
l’individu est strictement égoïste, il y a
une rivalité irréductible entre les humains
pour la possession des biens
la société est une association volontaire
et utilitaire des individus pour maximiser
la production. La loi vise à restreindre les
individus pour restreindre le conflit
permanent.
Le progrès, c’est l’abondance matérielle. La
concurrence est le principe d’organisation
qui assure le mieux cette abondance.
Opposer à cette vision son exact contraire,
c’est comme en porter l’ombre sans en
discuter les fondements. Et c’est, à
l’épreuve des faits, si l’on se réfère aux
expériences de l’Union Soviétique ou de la
Chine, favoriser des sociétés de clones.
Etrangement tout comme dans les sociétés
néo-libérales ! Ce qui disparaît dans les deux
cas, c’est l’idée même de l’autre, des autres.
Dans les deux cas, le culte (ou devrait-on
dire le mythe) de l’individu ou par ailleurs de
l’hyper-société produit des sociétés de
mêmes, où du coup la question de la
solidarité et du don ne se pose pas. Pour
cela il y faudrait des autres mais aussi
penser ensemble le JE et le NOUS.
Pour raisonner ces questions, Jacques
Généreux pose qu’ « être soi et pour soi » et
« être avec et pour les autres » ne sont pas
deux postures antagoniques mais « deux
aspirations ontogénétiques de l’homme ».
Une vie pleinement humaine consiste dans
la réalisation d’un équilibre personnel entre
les deux faces inextricables de notre désir
d’être (ce que Spinoza appelle la Nécessité) :
l’aspiration à « être soi » et l’aspiration à
« être avec ». A l’inverse, une société de
régression humaine entrave la quête de
l’équilibre personnel par un processus
politique délibéré visant à hypertrophier
l’une des aspirations ontogénétiques et à
réprimer l’autre, ou, pire, à réprimer les
deux. L’idéologie et les politiques néolibérales tendent à dissocier les deux
aspirations ontogénétiques et à enfler à ce
point la première (être soi pour soi) qu’elle
étouffe la seconde (être avec et pour les
autres). C’est le processus de « dissociation
personnelle ».
A la fois cause et conséquence, instrument
et finalité de la dissociation personnelle, la
« dissociété » est le processus d’organisation
de l’espace, des institutions et des relations
qui décompose une société humaine. D’une
part, en déliant, isolant et opposant les
communautés ou catégories sociales
relativement homogènes. D’autre part en
exacerbant la rivalité entre les individus
composant ces communautés ou catégories
sociales.
Juin 2011 /N°3
Recherches en cours / 3
Pour lire autrement le « faire société » J.
Généreux propose une méthode d’analyse :
le socialisme méthodologique.
Le socialisme méthodologique rejette dans
le même mouvement l’individualisme
méthodologique et le holisme. Le
socialisme méthodologique se réfère à une
lecture « interactionniste ».
Aucun individu n’existe avant la société dans
laquelle il est né et a grandi. La société ne
peut donc être conçue comme le résultat
d’une association à posteriori d’individus qui
existaient avant elle. Le socialisme
méthodologique postule que les deux
aspirations de l’homme (être soi, être avec)
sont indissociables. En ce sens, il se dégage
de postures morales ou éthiques qui voient
comme contraires et opposées des positions
que l’on qualifie d’égoïsme et d’altruisme. Il
considère qu’il n’y a pas de cause unique à
un acte. Le même acte peut être
simultanément égoïste (pour soi) et altruiste
(pour les autres).
Troisième niveau
En cohérence avec ce qui vient d’être dit
(penser
le
social
en
terme
de
développement durable tel que défini
précédemment et penser ensemble « l’être
soi » et « l’être avec »), c’est nécessairement
questionner et aller dans les registres du
territoire, du développement de ce territoire
et de la recherche de modes économiques
alternatifs respectueux de l’environnement
et des personnes qui y habitent.
Penser territoire c’est déjà prendre en
compte
les
découpages
politicoadministratifs : il s’agit des territoires
conçus. Nous y reviendrons.
Mais c’est aussi introduire les notions de
territoires perçus et vécus. Il s’agit des
champs qu’explorent les sociologues de
l’environnement et des modes de vie
(Michèle Dobré). C’est enfin s’interroger sur
la notion de développement.
« Dès son apparition, le concept de
développement a joui d’un soutien indubitable
et quasi unanime (…) il se trouvait à la
convergence de trois conceptions du
changement venant de sources très
différentes : celle des nouvelles puissances
néocoloniales, celle des classes dirigeantes
des pays concernés et celle des populations de
ces mêmes pays. (…). En réalité, le résultat le
plus tangible des
programmes de
développement a consisté, au Nord comme
au Sud, à priver les pauvres de moyens de
lutter par eux-mêmes contre les misères
nouvelles et à installer les nouveaux
gagnants de l’opération aux postes de
contrôles décisifs » (Irnajid Rahnema).
Ce concept, en tout cas, met en place une
nouvelle grammaire. Cette « novlangue »
prétendument scientifique et humanitaire,
aveugle aux véritables dimensions de la
pauvreté, est d’autant moins capable d’aider
les pauvres à lutter contre les besoins
socialement fabriqués que leur fait
convoiter le marché mondial, que lui-même
est devenu une cause importante de
paupérisation.
Faute de mieux, on parlera donc de projet
de territoire et d’économie solidaire.
L’économie de marché, donc, crée du vent
(des bulles), et plus d’exclusion et de
déchets que de richesses durables. Pourquoi
continuer à raisonner (résonner ?) à l’aune
de ce seul mode économique ?
Il y en a d’autres : l’auto-production, la
réciprocité, la redistribution (qu’il faut
continuer à revendiquer) ou encore
l’économie solidaire…
Le terme économie signifie -rappelons-le ici
- mode de production et de répartition des
biens et des services. Si une personne
produit des légumes dans le cadre d’un
chantier d’insertion, cette personne est un
jardinier, pas un CUI (Contrat Unique
d’Insertion). Quand ces légumes approvisionnent une épicerie sociale et que le prix
d’achat est réduit (du fait d’aides liées à la
redistribution) ceux qui s’occupent de
l’épicerie (qu’ils soient salariés ou
bénévoles) sont des épiciers. Et si ces
épiciers ont recours au commerce équitable,
ils font du commerce international. Dire
qu’il y a bien production et répartition de
biens et de services, c’est reconnaître
l’émergence d’un mode économique social
et solidaire, « déjà là », à re-CO-naître et à
amplifier par l’hybridation des ressources
monétaires (marché), de l’ordre de la
redistribution (Etat, Collectivités territoriales, Union Européenne), et non
monétaires (engagement des acteurs, don
et contre-don).
Ce système, qui satisfait à des besoins
matériels est de l’ordre du lien, s’appuie sur
une vision politique (un projet de société)
qui bouscule les places et les rôles.
A une logique hiérarchique et segmentée
qui identifie dans l’ordre : décideursfinanceurs, prestataires et usagers, on
oppose une logique horizontale et une
nouvelle grammaire.
Les élus/responsables d’organismes sociaux,
les techniciens et les citoyens décident
ensemble des grandes orientations. Les
contribuables financent. Après quoi,
chacun, au titre de ce qui le légitime,
contribue à la mise en œuvre. Dans les
expériences de cette nature - et elles sont
nombreuses - cela passe par un
repositionnement du travail social et ce, visà-vis des usagers considérés désormais
comme des citoyens, comme vis-à-vis des
élus et/ou des responsables des organismes
sociaux.
Ceci nous amène au quatrième niveau
d’exploration.
Quatrième niveau
Vis-à-vis des personnes, on passe de la seule
relation d’aide individuelle (ce qui n’exclut
pas d’aider individuellement) à un travail qui
tend à faciliter la prise de parole collective.
Faute de mieux, mais cela ne rend pas bien
compte de ce qui est en jeu ici, on parlera de
Développement Social Local ou plus
largement de démarches participatives, les
anglo-saxons parlant d’empowerment.
Actuellement,
comme
la
société
contemporaine valorise le JE au détriment
du NOUS, la responsabilité individuelle et
l’auto-référenciation, le travail social (au
sens le plus large du terme) prône l’individu
autonome, indépendant, capable de définir
son propre projet dans cet environnement
économique plus que contraint. En
découlent des pratiques qui ne conçoivent
l’individu que dans l’espace confiné de ses
problèmes, ce qui ne peut rendre que plus
difficile la restauration de l’histoire
individuelle faute de prendre en compte le
besoin d’appartenance à un collectif, le
besoin de reconnaissance sociale ou le
besoin d’apparaître comme le dit Hannah
Arendt.
Du coup, on se retrouve dans cette situation
impossible structurée autour du face à face
de personnes engluées dans la condition
humiliante d’assistés et d’intervenants
sociaux « agis » plus qu’en capacité
« d’agir ». De cela nous pouvons sortir en
mettant en débat pourquoi et comment il
est aujourd’hui nécessaire et possible de
retrouver le pouvoir collectif d’agir sur les
territoires. Les démarches participatives
s’appuient dans ce cadre sur un certain
nombre de présupposés, à savoir :
Que par le collectif, le sentiment
« d’inutilité » au monde (et à soi-même)
peut se transformer en une colère
positive et créatrice.
Qu’il y faut des conditions : une étincelle,
une rencontre pleinement acceptée dans
cette forme très particulière de proximité
que suppose et permet l’avancée d’un
projet co-construit. On avance sur un fil et
on s’en sort en marchant.
Que pour donner forme à ce qui n’était au
départ qu’un espoir ou un rêve, une
médiation est nécessaire pour structurer
à tous les moments une démarche très
participative permettant l’implication de
tous les acteurs publics et privés
concernés sur un territoire.
L’idée, c’est que le social (le « vivre
ensemble »), c’est avant tout une affaire de
citoyens et surtout pas de spécialistes ou pire - d’experts. Mais c’est aussi de prendre
en compte le fait que nous sommes
aujourd’hui dans une société d’individus où
la perte du sentiment de classe et des
appareils qui lui donnaient forme et dignité
appellent à la reconstruction d’ espaces où
se retrouve le pouvoir d’ agir collectivement.
Juin 2011 /N°3
Mais c’est aussi et enfin, reconnaître les
formes infra-politiques de la résistance
ordinaire des groupes subalternes. James C.
Scott propose en effet le concept « d’infrapolitique » pour qualifier « le texte caché »
que recèlent les multiples actes de
résistance souterraine des populations
dominées. Des initiatives se prennent dans
l’anonymat du quotidien mais pourraient
bien, favorisées par une société en réseau,
préfigurer un nouveau modèle de société,
déjà là en même tant qu’à advenir.
Dans ce cadre, le travail social ne pourraitil pas avancer en se situant comme
facilitateur de ces pratiques émergentes ?
C’est cette voie qu’explore aujourd’hui la
recherche-action.
Recherches en cours / 4
Ouvrages :
Etudes, rapports :
Alain caillé (sous la direction de) : La quête de
reconnaissance : Nouveau phénomène social
total , éditions la Découverte/MAUSS, Paris,
2007, 302 p, col Texte à l’appui.
Michèle Dobré : L’écologie au quotidien :
Eléments pour une théorie sociologique de la
résistance ordinaire , L’harmattan, 2003, 352 p,
col Sociologies et environnement.
Loïc Wacquant, Les prisons de la misère, Paris,
Editions Raisons d’agir, 1999, 192 p.
JP Legoff : la démocratie post-totalitaire , La
Découverte, Paris, 2002, 203 p.
Jacques Généreux : La dissociété, éditions du
seuil, 2006, 445 p, col philosophie générale.
François Garibay, Michel Séguier : Pratiques
émancipatrices, actualité de Paolo Freire, Paris,
Editions Syllepse, 2009, 277 p.
Najid Rahnema : Quand la misère chasse la
pauvreté, Bayard/Actes Sud, 2003 - La puissance des pauvres, Arles, Editions Actes Sud,
2008 , 289 p, col mémoires.
Centre d’Etudes et de Recherche sur la
Philanthropie : « Les glaneurs alimentaires ».
Rapport d’étude qualitative. Remis à la
DIIESES pour le Haut Commissariat aux
Solidarités actives le 9 Janvier 2009
Etude Abena 2004-2005: « Comportements
alimentaires et situations de pauvreté. Aspects
socio-anthropologiques de l’alimentation des
personnes recourant à l’aide alimentaire en
France »
Conseil de l’Europe : « Elaboration concertée
des indicateurs de la cohésion sociale . Guide
méthodologique » Juin 2005
CELAVAR, INRA, Réseau rural, DATAR :
« Circuits courts et cohésion sociale :
Capitalisation et analyse d’expériences
conduites sur les territoires ruraux et
périurbains »
Constitution d’un Réseau Recherche dans le cadre d’un projet
d’ingénierie sociale sur « territoires et cohésion sociale »
Par Corinne Chaput, responsable du PREFAS
La circulaire du 18 septembre 2008 émanant du Premier Ministre a
défini la cohésion sociale dans le sens commun comme « le savoir
vivre ensemble », c’est-à-dire la qualité des interactions entre les
habitants. Dans une visée plus politique et plus volontariste, le
Conseil de l’Europe a envisagé cette notion comme « la capacité de
la société à assurer le bien-être de tous ses membres, incluant
l’accès équitable aux ressources disponibles des populations
vulnérables, le respect de la dignité dans la diversité, l’autonomie
personnelle et collective et la participation responsable ».
La troisième acception possible, et qui est celle que retient la Direction
Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale
(DRJSCS) est que la cohésion sociale est avant tout structurée avec et
autour du lien social, concept qu’il est important de mobiliser. Défini
comme la production de relations entre les êtres humains, il contribue à
générer un sentiment d’appartenance et à accéder au bien-être avec
d’autres facteurs. Il permet en outre de balayer à la fois le réseau
primaire des personnes, garant des besoins d’autonomie et de
solidarité, et le réseau secondaire, qui favorise la correction des
inégalités sociales et la participation citoyenne.
C’est donc dans cette direction que la DRJSCS de BasseNormandie a souhaité lancer une démarche d’ingénierie sociale
en trois temps :
une première année de travail consacrée à la définition du lien
social (et des concepts qui lui sont associés) et au choix d’une
méthodologie de recherche visant à repérer les indicateurs de
lien social à l’échelle d’un territoire de vie
Pour ce faire, la DRJSCS a contacté le
PREFAS de Basse-Normandie et
plusieurs laboratoires universitaires :
Espaces et Sociétés, Centre d’Etude
et de recherche sur les risques et les
vulnérabilités, Normandie Innovation
Marché Entreprise Consommation, Centre de recherche en
Economie et Management, et a ainsi constitué un groupe de
chercheurs issus de champs disciplinaires variés qui vont travailler
sous forme de séminaire au sein de la Maison de la Recherche en
Sciences Humaines durant un an. Chaque chercheur aura à charge de
devoir présenter au Réseau Recherche ainsi constitué un ou plusieurs
exposés à caractère scientifique cernant les contours d’un concept.
Et c’est l’emboîtement progressif de ces concepts dans un « schéma
paradigmatique » qui devrait permettre de parvenir à l’élaboration
de ce qui pourrait être un « modèle » de caractérisation des liens
sociaux sur un territoire.
Un groupe de
chercheurs constitué
par la DRJSCS de
Basse-Normandie
Ce réseau recherche a débuté ses travaux le 23 mars à la Maison de la
Recherche en Sciences Humaines qui symbolise la multidisciplinarité
et la transversalité. Parallèlement, un Comité de Pilotage (COPIL) a
été installé le 14 avril. Composé de trois collèges, un collège de
chercheurs, émanation du réseau recherche (dans lequel le PREFAS
figure), un collège institutionnel et un collège Cohésion sociale, ce
COPIL sera garant de l’ensemble de la démarche.
une deuxième année centrée sur l’élaboration d’un guide
méthodologique
une troisième et dernière année permettant l’expérimentation
de l’outil à un ou plusieurs territoires
Juin 2011 /N°3
Recherches en cours / 5
Projet de recherche comparée France-Québec sur l’implantation, le
déploiement et les effets des pratiques d’évaluation dans le champ
de la protection de l’enfance
Par Fabienne FRECHON, responsable du Pôle Formation Permanente, Accompagnement des professionnels et des
organisations
Le PREFAS de Basse-Normandie s’associe
à celui de l’IRTS de Bretagne, de l’Ile de la
Réunion et de Lorraine, le LAUREPS et
Institut de criminologie et de sciences
humaines (Université de Rennes 2), la
chaire de Travail Social du CNAM et ceci
en collaboration avec le Centre Jeunesse
Institut Universitaire de Québec, le Centre
Jeunesse de Montérégie et l’Université
Laval à Québec, pour conduire un projet
de recherche action portant sur une
« Analyse comparée en France et au
Québec du déploiement de l’évaluation
dans le secteur de la protection de
l’enfance. »
Cette activité de recherche s’inscrit dans
un projet général soutenue par le
1
FFQCD , portant sur « la mobilité francoquébécoise dans le secteur de
l’intervention sociale » (l’emploi, la
formation, les rencontres entre usagers et
la recherche).
La protection de l’enfance et de la
jeunesse
représente
un
domaine
privilégié
de
cette
dynamique
partenariale, en vue du développement
de stratégies novatrices en évaluation de
programmes et en évaluation de projet.
Un premier travail avec les partenaires
québécois et français nous a permis de
relever la place prépondérante de cette
thématique évaluative tant sur le plan des
accompagnements et des services rendus
aux usagers que sur le plan du
développement des organisations ainsi
que sur le plan du développement des
professionnalités.
Cette recherche se veut au service
du pilotage des organismes, de
l’animation des équipes professionnelles et de la formation des
acteurs et de l’intervention.
Les équipes sont aujourd’hui constituées de part et d’autre de l’Atlantique
suite à plusieurs missions en France et
au Québec en 2010 puis en 2011. Elles se
sont accordées pour engager un travail :
De repérage et d’analyse des cadres
nationaux et provinciaux à l’origine des
incitations et obligations évaluatives
dans le secteur de la protection de
l’enfance et de l’enfance délinquante
D’analyse
des
processus
d’appropriation et d’implantation dans
les
différentes
organisations
accompagnant ces usagers
De confrontation des pratiques
évaluatives et de capitalisation des
avancées méthodologiques
A partir de cette production de
connaissances, cette recherche pourra
s’inscrire dans un processus visant à :
Mieux documenter les situations, les
parcours et l’efficacité des projets dans
les organismes accompagnant des
mineurs
Alimenter les stratégies pédagogiques
des instituts de formation afin de
densifier la formation à l’évaluation
des futurs intervenants et des
professionnels en place (sur le plan
réflexif et méthodologique)
Soutenir des modes d’encadrement et
de management des équipes afin
d’accompagner les acteurs de terrain
dans une participation active et
raisonnée aux démarches évaluatives.
Les IRTS concernés par ce projet de
recherche se sont répartis les terrains
professionnels
d’investigation
et
mobiliseront :
des services et établissements de l’Aide
Sociale à l’Enfance ; structures des
fonctions publiques territoriale et
hospitalière (Centres départementaux
de l’enfance 54, 57, 55) en Lorraine
des
services
et
établissements
associatifs : Sauvegarde de l’Enfance et
de l’Adolescence 56, APASE 35,
Fondation
Macé-Trévidy
29
en
Bretagne
des services et établissements de la
2
3
4
PJJ : DTPJJ , STEMO de Caen ,
5
l’UEER de l’Association Les SourcesMontjoie de Flers, en BasseNormandie. Un groupe d’étudiants
ème
assistants de service social de 2
année y seront associés.
6
5 MECS enquêtées par des étudiants
7
en formation DEIS sur l’Ile de la
Réunion.
Voilà un projet à suivre !
2
Protection Judiciaire de la Jeunesse
Direction Territoriale de la Protection
Judiciaire de la Jeunesse
4
Service Territorial Educatif de Milieu Ouvert
5
Unité Educative à Encadrement Renforcé
6
Maison d’Enfants à Caractère Social
7
Diplôme d’Etat en Ingénierie Sociale
3
1
Fonds Franco-Québécois de Coopération
Décentralisée
Juin 2011 /N°3
Recherches en cours / 6
Face à la fin de vie « Demandes d’euthanasie » auprès des
professionnels de la santé
Par Nadia VEYRIÉ, formatrice à l’IRTS, docteur en sociologie, membre du CERREV et chargée d’enseignement aux
Universités de Caen et de Montpellier I.
La fin de vie est, aujourd’hui, en France,
souvent liée à la question de l’euthanasie au
fil de situations tragiques de personnes en
souffrance. Mais hors des couvertures
médiatiques, que savons-nous sur la réalité de
ces fins de vie et du quotidien des personnes
malades, de leur famille, ainsi que des
professionnels de la santé ? Qu’est-ce que la
fin de vie et qu’est-ce que l’euthanasie ?
Une articulation du médical et du
social
Afin d’apporter un éclairage à ces
interrogations, Émilie Mouchet (médecin en
soins palliatifs, Centre hospitalier de Lisieux),
Virginie Testu (médecin en soins palliatifs,
Centre hospitalier de Bayeux) et Nadia Veyrié
(sociologue) ont engagé une recherche,
depuis deux ans, qui articule les dimensions
médicales et sociales, ainsi que les apports
disciplinaires de la médecine et des sciences
humaines.
Cette recherche est ancrée dans un terrain,
celui du quotidien de professionnels tels que
les médecins, infirmières, aides-soignantes,
psychologues et travailleurs sociaux exerçant
dans des institutions médicales (hôpitaux,
cliniques et autres) ou au domicile des
personnes (activités en libéral, hospitalisation
à domicile). Localisés dans la région BasseNormandie, ces professionnels ont accepté
de témoigner, par entretiens semi-directifs,
des mots et silences, des dits et non-dits face
à une demande de mort réalisée par des
personnes atteintes de maladies graves ou de
grand handicap, ainsi que par leur famille. Ce
travail s’inscrit, dans sa démarche, sur une
articulation entre la connaissance régionale
d’un territoire, des savoirs et des pratiques
professionnels et des préoccupations
8
sociétales, nationales et internationales
autour d’un objet de recherche où la
transversalité s’impose.
Demandes, souffrances des malades et responsabilité
Différents axes apparaissent dans cette
recherche, notamment celui des frontières
floues pour les professionnels entre une réelle
demande d’euthanasie – c’est-à-dire directe,
8
Voir notamment les réflexions engagées par
l’Observatoire national de la fin de vie.
articulée et peut-être avec une connaissance
de la loi française – et la plainte, qui est
adressée en fonction des évolutions de la
maladie. Nombre de demandes sont
formulées autour de la « piqûre », du
« médicament » qui pourraient abréger la
souffrance. L’attention est bien d’arriver à
décrypter s’il s’agit d’une réelle demande ou
d’une plainte.
Dans les deux situations, la sollicitation des
personnes malades résulte souvent de la peur
de la déchéance du corps, de voir les
personnes
proches
souffrir
de
cet
accompagnement et, pour les aidants, de
vivre quotidiennement la souffrance de
l’Autre. Les professionnels soulignent que
chaque malade, chaque situation et chaque
demande révèlent une singularité et donc une
prise en charge singulière. Par cette
confrontation à la souffrance d’une personne,
c’est, en effet, l’articulation au général qui se
pose, à savoir comment pensons-nous
fondamentalement la mort et le mourir
aujourd’hui ?
Emmanuel Lévinas, dans Altérité et
transcendance, souligne l’importance de la
confrontation à la mort d’autrui quel qu’il soit,
notamment par le visage : « Dans cette
relation avec le visage, dans une relation
directe avec la mort de l’autre, vous découvrez
probablement que la mort de l’autre a priorité
sur la vôtre, et sur votre vie [...]. Mais surtout, il
ne s’agit plus seulement d’aller vers l’autre
quand il meurt, mais de répondre par sa
présence à la mortalité des vivants. C’est toute
9
la conduite éthique » . Nous sommes assignés
à cette responsabilité envers autrui, mais de
quelle manière ? En effet, étant donné que
plus de 70 % de la population française meurt
10
dans des institutions médicales , comment
les professionnels de la santé se trouvent-ils
confrontés, au premier plan, à cette
« responsabilité » qu’ils n’ont pas toujours
choisie ?
Identités, pratiques professionnelles et interdisciplinarité
Les
pratiques,
selon
les
identités
professionnelles qui les portent, apportent un
éclairage intéressant. En effet, le médical et
9
Emmanuel Lévinas, Altérité et transcendance,
Saint Clément, Fata Morgana, 1995, p. 168.
10
Françoise Lalande et Olivier Veber, La Mort à
l’hôpital, Rapport de l’Inspection générale des
affaires sociales (IGAS), novembre 2009, tome I.
le social se juxtaposent-ils ou s’articulent-ils
en vue d’une prise en charge plus globale des
personnes malades ?
Ainsi, les médecins, par exemple ne sont pas
formés et habilités à « donner la mort », mais
à guérir la vie comme en témoignent
certaines phases de construction de la
médecine occidentale, analysées notamment
11
par François Laplantine . Roland Gori et
Marie-José Del Volgo, dans La Santé
expropriée, précisent que « guérir, ce n’est pas
alors seulement oublier une maladie que la
médecine a traitée avec succès, guérir c’est
aussi oublier le savoir qu’elle procure sur la
12
cause et l’heure de sa mort » . Or, avec la
maladie grave et la souffrance qu’elle
provoque, la mort s’inscrit dans le domaine de
la santé. Mais comment agir et penser lorsque
la guérison est impossible ? Concernant les
travailleurs sociaux, la place et le rôle, par
exemple, de l’assistante sociale, amenée à
travailler dans une structure en soins
palliatifs, peuvent questionner une nécessaire
interdisciplinarité entre les différentes
professions.
La
construction
d’un
positionnement face à l’extrême et
l’intégration dans une équipe de soignants
nécessitent des compétences particulières.
Quelle est, par exemple, la nature de la
relation d’aide face à l’approche de la mort
d’un usager ?
On note ici l’importance des formations de
ces différents professionnels, notamment
dans le travail lié au corps et dans l’écoute où
la confiance face à la maladie grave ne se
construit pas de la même manière. Cette
écoute doit s’adapter aux frontières de la vie
et de la mort du patient ou de l’usager.
Norbert Elias souligne que « le fait que
l’agonie et la mort soient reléguées le plus loin
possible, hors de la vie sociale […], est
étroitement liée, de nos jours, à la gêne
singulière que les vivants éprouvent en
présence d’un mourant […]. Des sentiments de
gêne pénible empêchent les paroles. Cela peut
être fort douloureux pour les mourants euxmêmes. Bien qu’ils soient encore en vie, ils sont
13
déjà délaissés » . C’est bien là la difficulté,
comment amener et maintenir un « projet de
11
François Laplantine, Anthropologie de la maladie.
Étude ethnologique des systèmes de représentations
étiologiques et thérapeutiques dans la société
occidentale contemporaine, Paris, Payot, 1993.
12
Roland Gori et Marie-José Del Volgo, La Santé
expropriée. Essai sur la médicalisation de l’existence,
Paris, Flammarion, 2009, p. 135.
13
Norbert Elias, La Solitude des mourants, Paris,
Juin 2011 /N°3
vie » en évitant un écueil : le fait que l’usager
ne soit pas dans notre société considéré ante
mortem comme un mort ?
veille permanente d’une humanité présente
dans les institutions médicales et médicosociales ?
« C’est comme si nous réservions superbement
la mort aux gens qui passent dans la rue. C’est
cela la tricherie essentielle, appliquer la mort
aux autres par un report perpétuel et un
14
ajournement » , écrit Vladimir Jankélévitch.
e
En ce début du XXI siècle, même si le
discours sur la mort est moins tabou, ne
sommes-nous pas aussi les garants d’une
Cette recherche – à l’initiative du Docteur Pierre
Delassus, médecin en soins palliatifs (14) – est
soutenue par le Centre hospitalier régional
universitaire (CHRU) de Caen et l’Unité mobile
Douleur et soins palliatifs (UMDSP), le Centre
de recherche et d’étude sur les risques et les
vulnérabilités (CERREV, EA 3918) de
l’Université de Caen, la
Étude de terrain / 7
Fondation de France, la Ligue contre le Cancer
du Calvados, la Fondation de la Miséricorde
(Caen) associée à l’Unité régionale de soins
palliatifs Maurice Abiven (14), le Conseil
régional de Basse-Nomandie et l’Institut
régional du travail social de Basse-Normandie.
Un article, détaillant les premiers résultats de
cette recherche vient de paraître, dans le horssérie n° 4 (« Morts sociales »), juin 2011, du
Sociographe.
Etudes de terrain accompagnées par l’IRTS et l’IRFSS de BasseNormandie dans le cadre du Diplôme d’État d’Ingénierie Sociale
Accompagner la réponse à une commande : Un chemin et des rencontres…
Par Marie-Thérèse SAVIGNY, formatrice à l’IRTS de Basse-Normandie
Lors d’une réunion à la DDICS (Direction Départementale de la
Cohésion Sociale) en décembre 2009, les professionnels présents
(directeurs de structures principalement et représentants de l’Etat)
constatent qu’en dépit de la mobilisation de l’ensemble des acteurs,
le nombre moyen mensuel des nuitées d’hôtel s’est stabilisé
largement au dessus de l’objectif fixé. Ils décident de passer
commande à l’IUP (Institut Universitaire Professionnel) de
l’Université de Caen pour qu’un groupe d’étudiants engage une
étude quantitative et qualitative à partir de la base de données du
115.
Au titre du partenariat qui lie l’Université et l’IRTS, je suis chargée
d’accompagner le groupe.
Un contact avec l’Université me permet de comprendre le cadre
général et la place de l’étude dans le cursus de formation. Mais qu’en
est-il de la commande exacte ? Un rendez-vous est pris avec la
coordonnatrice du 115. Avec les étudiantes enfin… Groupe restreint
au demeurant : 3 , puis finalement 2 personnes résidant dans la
Manche.
Une première rencontre permet de s’approprier la commande et
son contexte localement mais aussi au regard des évolutions
législatives et réglementaires. On est en pleine mise en place de la
RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques), en pleine
« refondation sociale » suite aux 20 propositions de Benoist
Apparu concernant l’accueil et l’hébergement, à la veille de la
mise en place des SIAO (Services Intégrés d’Accueil et
d’Orientation). Au niveau du Calvados, le cabinet Rhizome s’est
vu confier depuis décembre 2009 l’animation de l’évaluation du
dispositif AHI (Accueil Hébergement Insertion).
Le contexte, on le voit, est chargé d’enjeux .
La « matière » sur laquelle travaillent les étudiantes est la base
ACCES du 115 (remplacée en 2010 par le progiciel national 115
PRO G DIS). A chaque appel, les écoutants doivent remplir une
fiche sur les raisons de la demande. En 2009, on compte 78 212
nuitées d’hôtel !!!
Les étudiantes se donnent une stratégie et s’attaquent au fichier. Il
faudra 2 mois (et beaucoup d’appels à l’aide) pour trouver les
solutions techniques à l’utilisation des données et quelques jours
pour constater que beaucoup de fiches sont peu ou
insuffisamment renseignées.
Un certain nombre d’hypothèses semble pourtant se dégager,
hypothèses dont nous pensons qu’elles doivent être vérifiées
auprès des personnes concernées - c’est à dire les bénéficiaires.
Que faire puisqu’il n’est pas possible par définition de rencontrer
un public fluctuant, a fortiori un an après ?
On fera le choix de s’appuyer sur une Commission composée
d’usagers et de professionnels de la FNARS (Fédération Nationale
des Associations d’accueil et de Réinsertion Sociale). Cette
commission est fondée sur le parti pris de la participation et l’idée
qu’au-delà du statut, on a tous une expertise sur les situations
vécues et des idées sur la façon de les faire évoluer. Les étudiantes
ont ainsi participé à deux réunions de la commission et ont pu
mener des entretiens, parfois en allant retrouver les personnes
dans les structures et en partageant des moments de vie avec
elles. Elles sont allées par ailleurs à la rencontre des usagers du
115, à la Boussole, notamment… Plus que des réponses (elles sont
plurielles et relatives), elles y ont rencontré des personnes et des
histoires de vie. Produire du savoir, c’est aussi se confronter au
réel… Un réel complexe et en l’occurrence ici profondément
humain. Leur écrit, je pense, en rendra compte.
Christian Bourgois, 1998, pp. 37-38.
14
Vladimir Jankélévitch, Penser la mort ?, Paris,
Liana Levi, 1994, p. 29.
Juin 2011 /N°3
Étude de terrain / 8
Les « invisibles » de l’agglomération caennaise
Par Hélène CHARRON, intervenante à l’IRFSS de Basse-Normandie
L’étude a tenté de répondre à une commande locale de la FNARS sur
les invisibles qui font uniquement une démarche de domiciliation et
ne s’impliquent pas dans les différentes propositions de la FNARS :
pourquoi ? De quoi ont-ils besoin, qu’attendent-ils… ?
menés avec les personnes concernées
hypothèses ci-dessous :
L’enquête ne s’est pas réduite à rencontrer seulement les personnes
en demande de domiciliation mais aussi les responsables des
différentes structures amenées à rencontrer des personnes en rejet
et/ou en manque de toute réponse sociale relative à l’hébergement
sur le territoire de l’agglomération caennaise
Les personnes sont en rejet de tout dispositif à cause, en partie,
d’un passé institutionnel important (placement à l’Aide Sociale à
l’Enfance, passé carcéral….) et ne souhaitent plus être enfermées
dans un carcan institutionnel
Les personnes ne souhaitent pas entrer dans un principe de
contractualisation : cela renvoie à l’idée aujourd’hui d’une absence
de liberté individuelle et à la notion de harcèlement social.
Les personnes sont en rejet de la solidarité nationale au profit de la
« solidarité de la rue » : le lien social est ici informel et correspond
aux attentes des personnes (c’est le fameux système D)
Les échanges avec les étudiants nous ont amenés à nous arrêter sur
deux sortes de personnes pouvant être concernées par cette
étude avec la notion d’invisibilité choisie ou subie :
Soit les personnes sont en rejet de tout dispositif
Soit les personnes ne rentrent pas dans les critères d’admission
(par exemple les personnes en situation irrégulière, les personnes
accompagnées d’un animal …) en somme, toute personne en
demande non satisfaite
La méthode utilisée pour conduire cette étude à savoir, les
rencontres avec les structures, les questionnaires et les entretiens
a permis de vérifier les
Concernant l’invisibilité choisie :
Concernant l’invisibilité subie :
Les structures sont saturées, il manque des places tant dans
l’hébergement, que dans le logement. Ainsi, les personnes ne
trouvent pas de réponses adaptées à leur situation
Expertise sociale commanditée par la circonscription du Bocage
Par Nadia VEYRIÉ, formatrice à l’IRTS
Dans le cadre de la formation au Diplôme d’État d’Assistant de
ème
année de l’IRTS, se voient
Service Social, les étudiants en 2
proposer un exercice d’expertise sociale visant à l’exploration d’un
territoire, en fonction d’une thématique et d’une population. Ce
travail collectif, engagé sur cinq mois et accompagné par des
formateurs, doit leur permettre d’acquérir des capacités et des
compétences en vue de la réalisation d’une expertise sociale, de
favoriser les relations avec les partenaires liés à un territoire et
également de s’initier à une démarche de recherche. La
combinaison de ces trois composantes fondamentales a été pensée
et mises en application par Pascal Troussier, responsable de la
filière. Cet exercice peut répondre à des commandes d’institutions
et de partenaires. En vue du renforcement des liens avec les sites
qualifiants, toute proposition de collaboration sera la bienvenue et
étudiée d’une année sur l’autre.
C’est ainsi que Madame Sophie Albérola, responsable de la
Circonscription d’action sociale du Bocage (Condé-sur-Noireau, Le
Bény-Bocage, Saint-Sever, Vassy et Vire) a proposé cette année
2010-2011 un travail d’expertise sociale permettant d’envisager des
« actions de prévention, d’insertion, et de traitement des difficultés
sociales » sur le territoire de Condé-sur-Noireau. Ce sont certains
éléments qui sont à l’origine de cette demande, notamment le
« nombre de demandes d’aides financières et éducatives », les
« changements fréquents de locataires du parc public » et la
« difficulté de mobiliser les usagers sur des actions d’insertion
(sociale ou professionnelle) ». Huit étudiants ont pu alors travailler
cette commande afin de proposer une étude et un débat sur les
bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active et les difficultés
d’insertion sociale à Condé-sur-Noireau. Ils témoignent de cette
« aventure »
dans
l’encadré
ci-dessous.
BARBE Valentin - BOULLAY Sarah - BROISSAND Lydie GODEMENT Johan - GONANO Hélène - GUEGUEN Sophie HENOT Christel - RENAULT Julien
ème
Étudiants Assistant de Service Social 2
année à l’IRTS
de Basse-Normandie
« En tant qu'étudiants en travail social inscrits dans une formation
qualifiée d’alternance intégrative, nous devons être attentifs à
relier la théorie d’une part, dont nous pensons (souvent à tort)
qu’elle n’est dispensée qu’à l'IRTS, et la pratique d’autre part, que
nous pensons aussi ne pouvoir rencontrer qu’en stage.
D’ailleurs, il n'est pas toujours aisé de créer des liens entre ces
deux entités, pourtant complémentaires, et certains travaux, très
théoriques, attendent parfois plusieurs mois avant de trouver tout
leur sens sur le terrain.
Or, conduire une démarche d’expertise sous la mission du Conseil
Général du Calvados, via la responsable de circonscription du
Bocage, a facilité ce va-et-vient. Pour tous les membres du
groupe, ce travail a d'abord été un choix. Celui de se confronter à
une problématique territoriale réelle et de pouvoir réfléchir – en
collaboration avec le mandataire – aux enjeux existants. Il a
surtout été vu comme une possibilité de se saisir pleinement de la
notion d'alternance intégrative, à ce moment charnière de notre
formation qu’est la deuxième année, en mettant en œuvre une
démarche d'expertise qui réponde à la fois aux attentes de l'IRTS,
qui a pour vocation à nous former à l’Intervention Sociale
d’Expertise, et aux nécessités et/ou volontés d’une institution
sociale partenaire de parfaire ses pratiques auprès des usagers.
En ce sens, la concrétisation d'un tel travail contribue à faire de
notre formation une formation qualifiante. »
Juin 2011 /N°3
Écho des revues / 9
Actualité du Sociographe …
N°35 / Vieillir vieux, vieillir mieux ?
En ce premier semestre 2011, sont sortis trois numéros :
en janvier, « Racismes ordinaires ? »
en mai, « Vieillir vieux, vieillir mieux? »
et en juin, un numéro Hors-Série, intitulé « Morts sociales »
La rencontre avec les auteurs de ce Hors-Série aura lieu le
vendredi 30 septembre 2011, de 9 heures à 12 heures 30 à
l’IRTS de Basse-Normandie. L’entrée est libre et gratuite.
Paraîtront durant l’année scolaire 2011-2012 :
en septembre 2011 : « Malaise dans la relation : les
sentiments dans le travail social»
en janvier 2012, « Mots dits : le travail social sur paroles »
en mai 2012 : « Du sport dans le travail social »
En plein chantier politique sur la
dépendance, la vieillesse est encore
perçue sous le prisme des déficits :
incapacité,
coût,
perte
d’autonomie…
Pourtant sur le terrain, entre
prescriptions politiques ambitieuses
et prise en compte de la parole et
des attentes d’adultes citoyens très
âgés et de leurs aidants, se crée une
autre dynamique de l’aide, du
service, du souci de l’autre, de
l’attention
réciproque.
Les
travailleurs sociaux, dans leur métier
comme dans leur formation, doivent
intégrer ces nouvelles perspectives,
où imaginaire et créativité tentent de réinventer des pratiques de
gérontologie. En France et au Québec, zoom sur des discours
humanistes et des pratiques volontaristes. Mais peut-on, pourra-t-on,
malgré tout, vieillir vraiment vieux, mieux ?
(les deux derniers titres sont provisoires)
Un appel à auteurs est en cours et n’attend que vos propositions
d’articles. Il s’agit de : « Pratiques et usages de drogues » qui
arrivera à échéance le 5 décembre 2011. Vous pouvez
télécharger l’appel à auteurs sur www.lesociographe.org
CONTACT
Corinne CHAPUT, Correspondante
[email protected]
du
Sociographe
–
N°34/ Racismes ordinaires ?
Il n'y a pas un racisme, mais des
racismes. Ancien et toujours actuel,
ils ne cessent de s'actualiser. Parce
que certains tabous ont sauté, le
racisme s’autorise même à revêtir
les figures du bien-pensant et de la
nécessité.
La gestion des places et des espaces
– du scolaire aux espaces dits publics
–
obéissent
à
des
règles
racialisantes ; ce processus de
catégorisation tendant à légitimer
une dynamique dangereuse.
Les tensions communautaires, les
modalités de gestion politique du
racisme « classique » ne doivent pas
masquer que la diffusion de la pensée racialisante est plus profonde,
plus rampante, plus ambivalente.
Ici, quelques tentatives pour démonter ces processus de
« racialisations », pour déshabiller un racisme parfois « normalisé » tant
ses formes sont ordinaires, tant le racisme peut paraître finalement
banal.
Hors série / Morts sociales
Dans une société d’abondance,
des personnes vivantes, en
situation
de
pauvreté,
d’isolement ou atteintes de
maladies
graves,
sont
symboliquement
considérées
comme mortes.
La place accordée, aujourd’hui,
à la mort interroge alors notre
quotidien
privé
et
professionnels, ainsi que nos
représentations collectives.
Pour dénoncer ces morts
sociales,
différentes
thématiques sont déclinées : la
fin de vie et les demandes d’euthanasie, la mort des sans abri, les
institutions médico-sociales, les identités professionnelles, les
traces, le marché de la mort, les rituels funéraires, la mort et
l’immigration, la mort de l’animal. Accédez au sommaire ….
Dernière minute… !
La première de couverture du
n°36 : « Malaise dans la
relation »
Juin 2011 /N°3
Animation régionale / 10
Journée d’étude à l’IRFSS de Basse-Normandie
10 octobre 2011 - L’intervention d’un chercheur, Christophe PÉCOUT, sur les fonctions
sociales du sport
Christophe Pécout, Docteur en Histoire du
sport, sera reçu le 10 octobre 2011, à l’IRFSS
de Basse-Normandie, pour y présenter
l’état des lieux de ses recherches sur les
bénéfices que procure l’activité sportive sur
les plans éducatif, sanitaire et social mais
aussi sur les risques de déviance qu’elle
génère.
Il proposera une contribution au numéro 38
du Sociographe à paraître en mai 2012 (voir
Actualité du Sociograpphe) et nous
reviendrons sur ses travaux de manière plus
complète à cette occasion. Dans cette
attente, vous trouverez ci-dessous le
résumé de l’exposé qu’il tiendra à l’automne
prochain à Alençon.
Le sport apparaît dans l’opinion publique
comme une activité bénéfique. En ce sens,
il occupe différentes fonctions dans la
société. Une fonction éducative à travers
l’éducation physique et sportive à l’école,
une fonction sanitaire dans la lutte contre
les
maladies
(sédentarité,
obésité,
Alzheimer), une fonction de bien-être social
par son caractère dé-stressant, une
fonction sociale par son pouvoir
intégrateur, une fonction symbolique par
son phénomène de starisation et
d’identification. Cette communication aura
donc pour objet, dans un premier temps, de
présenter les fonctions sociales du sport.
Néanmoins, la réalité sportive est
complexe, c’est pourquoi l’exposé, dans le
dessein d’être complet, abordera, dans un
second temps, les déviances sociales liées
au sport. Car si le sport est le plus souvent
paré de vertus, il peut être aussi porteur de
violence, de discrimination, de tricherie.
Les thèmes abordés lors de l’intervention
seront :
Les grands paradigmes sociologiques
et leur application au champ du sport :
le structuralisme génétique (Bourdieu),
l’individualisme (Boudon), la sociologie
des organisations (Crozier)
La sociologie des pratiques sportives :
évolution des pratiquants et des
pratiques, évolution des manières de
pratiquer, distribution sociale des
pratiques.
La fonction éducative : Education
Physique et Sportive à l’école,
citoyenneté et sport
La fonction sanitaire : lutter contre les
maladies sociales (obésité)
L’amélioration du bien-être social :
stress, image du corps, esthétisme
corporel
Le sport, l’insertion et l’intégration
sociale : apprentissage de valeurs, de
normes
Les fonctions symboliques : modèles
d’héroïsme, d’identification
La sociologie critique du sport :
violence,
déviance,
discrimination,
idéologie
Journées d’étude à l’IRTS de Basse-Normandie
Par Muriel LEBARBIER, responsable de l’animation régionale à l’IRTS de Basse-Normandie
11 octobre 2010 - Philosophie et travail social : Peut-on penser et agir aujourd’hui ?
Cette journée d’étude est le fruit de
belles rencontres :
rencontre avec un philosophe très
engagé dans son temps et dans les
dynamiques d’action sociale : Miguel
Benasayag,
rencontre avec d’autres philosophes
15
normands
extrêmement impliqués
sur les dynamiques locales et
intervenant, entre autres, à l’IRTS dans
la formation des travailleurs sociaux,
rencontre
avec
des
étudiants
particulièrement mobilisés et acteurs
dans l’animation des ateliers de la
journée,
rencontre
avec
de
nombreux
professionnels à l’écoute et en quête de
sens.
La genèse de cette histoire remonte à une
volonté de formateurs de l’IRTS et de la
Direction de faire valoir la philosophie
15
Société Normande de Philosophie :
www.snphi.org
comme un des apports incontournables
au sein des formations initiales et
continues.
Volonté
renforcée
par
l’introduction de la philosophie comme
contenu de formation lors des récentes
réformes de différents Diplômes d’Etat).
Volonté aussi d’offrir aux professionnels
de terrain, inscrits dans des dispositifs de
plus en plus nombreux et contraignants,
dans des rythmes d’accompagnement et
de travail effrénés, un espace de réflexion
partagé.
Dans cet esprit de croisement des savoirs
(ou des non-savoirs comme dirait Miguel
Benasayag), l’idée a alors été de mettre
en place :
le matin, des ateliers à partir de dix
thématiques « agitant » le monde du
social, avec une animation par un
professionnel, un philosophe et 2
étudiants rédacteurs de la synthèse
puis de (re)lancer le débat avec Miguel
Benasayag l’après-midi.
Altérité et subjectivité
Puis-je prétendre à la connaissance de
l’autre ?
C’est avec humour qu’Hélène GaussotFautras, philosophe, et Pascal Brière,
assistant de service social ont interpellé le
public : « En tant que travailleur social, je suis
un professionnel de la relation. Pour
accompagner, éduquer et aider l’autre, il faut
le connaître ; je fais un diagnostic de ses
ressources et difficultés, au sein de son
contexte de vie. De là, des pistes
d’intervention sont proposées et explorées. Si
elles amènent le changement souhaité, je les
poursuis. Si ça coince, j’invente de nouvelles
hypothèses, comme autant de lectures
possibles d’une réalité qui m’échappe : celle
de l’autre. Je dois identifier ses croyances,
manières d’agir, de voir et de penser… mais il
est réel, il me résiste. Zut, il a encore fait
n’importe quoi, pas du tout ce qui était
prévu ! Immergé dans la relation, j’ai à faire
preuve d’empathie, car comment connaître
quelqu’un sans être proche de ce qu’il
ressent ? Mais ce que je lui attribue, c’est ce
Juin 2011 /N°3
que j’ai moi-même éprouvé à son écoute …
Alors celui que j’apprends à connaître, ne
serait-ce pas plutôt moi ? Pourquoi cette
situation me touche-t-elle particulièrement,
alors qu’une autre, pourtant aussi dure, me
laisse de marbre ? Peut-être ne connais-je de
l’autre que ce à quoi je suis sensible, ce que je
veux bien aller chercher, regarder ? Ou alors,
n’ai-je accès qu’à ce qu’il veut bien me
montrer, me dévoiler de lui ?
Difficile de faire la part des choses entre ce
qui lui est propre, et ce qui relève de ma
perception personnelle…»
Morale et loi
Faut-il toujours obéir à la loi ?
Aurélien Ollagnier, philosophe, et Elodie
Dodard, éducatrice spécialisée, se sont
interrogés avec les participants : « Peut-on
ne pas obéir aux règles et aux prescriptions
lorsqu’elles sont appréhendées comme une
gêne à l’exercice d’une profession ? … La
question est encore plus préoccupante quand
il ne s’agit pas d’un désaccord entre théorie
et pratique, mais entre des registres
d’impératifs différents, comme entre la
morale et la politique. Lequel prime alors ? »
Ils remarquent par ailleurs que : « la loi fait
aujourd’hui aussi bien l’objet d’une confiance
que d’une défiance. Faut-il toujours obéir à la
loi, à toutes les lois ? Le peut-on seulement ?
Questions d’une brûlante actualité. »
Engagement et militantisme
Travailleur social, un métier
engagement et militantisme ?
entre
Cet atelier a été animé par Olivier Chiche,
philosophe,
et
Marie-Odile
Goret,
éducatrice spécialisée. Les débats, lancés
après une présentation limpide, ont été
denses. « S’agit-il ici d’engagement ou de
militantisme ? La frontière qui les sépare
demeure souvent indécise. Le militantisme,
sans nul doute, est une modalité de
l’engagement qui, historiquement n’est pas
étrangère au développement de l’action et
des politiques sociales. Cependant, le
militantisme porte la question sociale au-delà
des limites des cadres institutionnels
d'intervention.
L’engagement d’un travailleur social relève-til uniquement de son action professionnelle ?
Son militantisme, au contraire, ne peut-il se
réaliser que dans une forme d’action
politique ? N’est-il que l’expression de sa
conscience morale ? »
Résistance et créativité.
Conjuguer le collectif, un pari clinique
Par Alexandra Vétillard, psychologue
clinicienne, et Ingrid Gallienne, chef de
service éducatif.
« Les mises en œuvre de la pensée
postmoderne envahissent nos espaces de vie,
de travail, engendrant souvent fatalisme et
désillusion pour nombre de professionnels du
travail social et du soin. Que cela soit d'un
point de vue sociétal ou institutionnel, les
images et les représentations de la réalité
comptent désormais davantage que la réalité
elle-même
(construite
et
empreinte
d'historicité). Le langage, les concepts
perdent alors leur sens au profit des
amalgames, de la confusion, où priment
l'image, l'instant et l'oubli de l'histoire.
Comme si la pensée pouvait exister hors de
toutes réalités culturelles et socioéconomiques, faisant table rase des
traditions
humanistes,
démocratiques,
républicaines, ou encore de la pensée
marxiste et de toute la pensée du social.
Au cœur d’une civilisation désidéologisée et
morcelée, organisée par juxtaposition, le
collectif est trop souvent nié voire considéré
comme dangereux. »
Ethique et responsabilité
Comment bien agir ?
C’est avec cette question d’entrée que
Benjamin Ouedraogo, philosophe, et
Amélie Coué, assistante de service social,
ont introduit le débat.
« S’il existe bel et bien une question dont la
réponse ne va de soi, c’est bien celle-ci :
comment savoir que mon action est le reflet
du bien ou du juste, autrement dit comment
juger de la bienfaisance de mon action ?
Sur le plan de la morale kantienne, la
question admet certes une réponse, selon
l’impératif catégorique de la morale : « agis
de telle sorte que tu puisses ériger la maxime
de ton action en loi universelle ». Cependant,
nous savons tous que cette morale est
inopérante dans les faits… »
Normal, pathologique et handicap
Peut-on être autrement capable ?
Jusqu’où penser la différence ?
« Fous à lier, aliénés, possédés, illuminés,
débiles, pervers, handicapés, limités… La
liste est longue des vocables qu’on utilise
pour désigner une partie de la population.
Elle est sans doute révélatrice de notre
positionnement par rapport à cette dernière.
Nommer les choses et les êtres différemment
au fil du temps, c’est sans doute les penser
différemment. Et donc penser son rapport
aux autres de manière différente. Quelle est
la limite entre le fou (terme choisi
volontairement, car vague) et moi ? Quelle
est la nature de cette frontière, si frontière il y
a ? Comment penser cette démarcation qui
existe dans les mots, qui s’incarne dans la
géographie et la toponymie de nos villes et
institutions, qui façonne nos pratiques et
l’image (souvent bien rassurante) de nousmêmes ? ».
Ces contenus ont été abordés avec tact et
conviction par Laurence Spies-Robbes,
éducatrice spécialisée, et David Dubourg,
philosophe.
Animation régionale / 11
Subjectivité et objectivité
Faut-il avoir peur d’être subjectif dans
notre travail ?
Ingrid Hayton, éducatrice spécialisée, et
Bernard
Montaclair,
Docteur
en
Psychologie et Philosophe, ont « invité
chacun à se poser la question, comme Jean
Oury se/nous la pose traditionnellement
partout où il passe : « Qu’est-ce que je fouslà ? ». Cette question est éminemment
philosophique et banalement quotidienne.
Le petit enfant la pose, quand il ose la poser.
(La naissance… la mort…l’Autre…Qui suisje ?)
Ses parents, ses éducateurs se la posent,
sans le dire.
Le psychanalyste Jacques Lévine, après
Henri Wallon, affirme que l’humain est
génétiquement philosophe, de par son état,
dès sa naissance. Un être immature, jamais
fini. Son drame et sa grandeur. Les origines,
la finalité, le sens de la vie, sont sources
d’angoisse,
mais
d’étonnements,
de
recherche. Les réponses sont des hypothèses,
parcellaires, incomplètes, contradictoires. »
Ethique et management
Gérer des hommes et des professionnels,
est-ce gérer des moyens ?
Valérie Leys, directrice des formations à
l’IRTS, et Fabrice Liégard, sociologue, sont
utilement revenus sur la notion de
management avant de développer une
réflexion plus philosophique. « Le terme
anglo-saxon de « management » s’est
largement répandu dans le domaine de
l’intervention sociale. Cette diffusion
s’accompagne parfois d’une utilisation
abusive : on ne « manage » pas sa vie, son
couple, induisant de la confusion autour de ce
terme ainsi qu’une certaine suspicion. Cette
suspicion est renforcée par les affaires
récentes qui mettent en cause la gestion des
hommes dans les grandes organisations (cf.
« Affaire France Télécom »).
Dans ce contexte, l’articulation des deux
notions, éthique et management, peut
paraître abusive ou, au moins, susciter des
réserves et des questionnements. On peut
rencontrer, chez certains professionnels de
notre secteur d’activité, l’idée selon laquelle
quand on devient « manager » on quitte la
sphère du travail social, donc de l’éthique. »
Mort et souffrance
Quelle place accordons-nous aujourd’hui
à la mort ?
Nadia Veyrié (docteur en sociologie) et
Anne Chevalier (assistante de service
social), formatrices à l’IRTS, ont animé cet
atelier en proposant aux participants
d’interroger à nouveau deux thèmes
fondamentaux de la philosophie : la mort et
la souffrance.
Juin 2011 /N°3
« Dans une société où la performance, la
vitesse et la consommation prédominent,
quelle place accordons-nous à la mort ? Ainsi,
pourquoi la mort et le mourir sont-ils
camouflés et déniés ?
Notre rapport à la mort, en tant qu’altérité
radicalement
effrayante,
se
doit
effectivement d’être décrypté. Car le
délitement de la dimension sociale face au
mourir, à la mort et à la vieillesse met aussi
en péril notre devenir humain. En
interrogeant la mort, c’est alors la vie qui est
source de réflexion.
Comment les institutions prennent-elles en
charge la douleur et la souffrance des
personnes atteintes de maladies graves ? Le
débat engagé avec les participants a permis
de poser des mots sur le quotidien de
travailleurs sociaux et de soignants face à la
souffrance et à la mort ».
Affectivité et rationalité
Quelle peut être la place de l’empathie
dans le travail social ?
« Dans le travail social, l’affectivité a
mauvaise réputation » ont d’emblée
annoncé Frédéric Bisson, philosophe, et
Florence Ribot, assistante de service
social. « On se méfie des affects et des
sentiments qui risquent de faire perdre au
Animation régionale / 12
travailleur la neutralité censée marquer son
professionnalisme, et ainsi de confondre la
relation d’accompagnement social avec une
relation d’attachement personnel. On se
méfie de l’empathie qui menace la souveraine
lucidité du sujet et qui, comme par contagion,
le rend à son tour vulnérable et fausse ses
décisions. L’homme qui souffre, lui-même,
semble aujourd’hui ne plus vouloir de notre
pitié, comme si elle lui faisait offense. « Tu
me fais pitié » est devenu une insulte. Dans
cette logique, la Raison nous protège contre
les illusions et les impudeurs du Cœur, en
nous faisant gagner en distance, en
abstraction, en éclairant la pratique par la
généralisation théorique ».
Conférence-débat de Miguel Benasayag
« Philosophe et psychanalyste, Miguel
Benasayag est aussi un ancien
combattant de la guérilla guévariste en
Argentine, où il a passé plusieurs années
en prison. Depuis son arrivée en France, à
sa libération, il réfléchit inlassablement
aux moyens de rester fidèle à l’exigence
de liberté et de solidarité des luttes
révolutionnaires passées, tout en tirant
les enseignements de leurs échecs et de
leurs errements »16.
Les frontières de l’apartheid d’aujourd’hui
Ce postulat renforcerait l’idée que notre époque est bien celle de la
montée des frontières d’apartheid : le monde des « par-terre » et le
monde des « debout » …
C’est l’échec de l’homme normal. La crise actuelle ne serait que le
reflet de la crise du projet de l’homme normal, celui qui est régi par la
raison. La société actuelle est marquée par une puissance d’agir sans
modèle référence à l’homme normal. Tout ce qui était auparavant
caché (le pulsionnel, l’obscurantisme …) réapparaît et l’être humain
est questionné : qui est-il ?
Pour Miguel Benasayag, le travail social et les travailleurs sociaux
sont confrontés en permanence à des doutes, à des questions, à des
problèmes.
Leur mission attendue serait de donner des réponses, souvent dans
l’urgence.
Dès lors, nous questionne-t-il, quelles pensées complexes peuvent-ils
développer face à cette urgence ?
Dans les temps anciens, l’homme est un homme à l’humanité
inaccomplie. Doivent alors intervenir pour le faire naître à lui même :
le colonisateur, le civilisateur, l’éducateur … « C’est vrai, l’autre n’est
pas vraiment comme moi mais il peut y arriver si je l’y aide ».
Il y a 30 ans, l’éducation avait pour objectif l’intégration (se hisser au
mieux). Aujourd’hui, l’éducation est une promesse non tenue pour un
futur menaçant. Le vécu immédiat des gens, c’est quoi ? L’insécurité
et la peur. Et par rapport à cette insécurité, que fait-on ? Les réponses
logiques et réactionnaires sont la sécurité qui tend à mettre des
limites, des barrières, des barbelés.
Sortir du culte de la réponse
On écrase le symptôme.
Les travailleurs sociaux seraient ainsi « coincés » par une sorte de
« dur moi moral » les incitant à agir.
Pourtant, s’il s’agit souvent de situations d’urgence, cela ne signifie
pas qu’ils doivent eux-mêmes être dans l’urgence et que leurs
réponses ne peuvent être qu’urgence. Mais il se dit et se « colporte »
qu’un « bon » travailleur social est celui qui est dans l’action, qui est
débordé et dans une « hyperactivité professionnelle ». Ainsi, le temps
de la pensée ne leur serait pas accessible et dès lors, des frontières
apparaissent. Il y aurait d’une part ceux qui « ont » les concepts : les
sociologues, les philosophes, les psychologues … et qui, eux ,
peuvent penser et d’autre part, les autres : ceux qui ont la pratique.
Comment ?
Par exemple en installant des caméras de contrôle … ou en
prescrivant de la Ritaline. On va rester tranquille, on n’a plus le droit
de bouger ni même de s’agiter. Ainsi, on isole, on individualise, on
diagnostique, on étiquette, on détermine et on discipline les désirs de
l’étiqueté. L’étiquetage est réducteur … on se refuse « à se coltiner »
l’incertitude. L’homme est reconnu sans qualité propre, il doit se
mouler, se conformer à la société … au nom d’un principe de réalité.
Mais quelle réalité ? A quoi donc peut bien servir l’autre ?
Alors, que faire ?
« Comment agir aujourd’hui dans une société où tout
est possible ? »
Dans l’Antiquité, la philosophie, ce n’était pas connaître, c’était vivre,
vivre philosophiquement …
Cette dichotomie, ancrée dans les esprits et les pratiques, pose une
double ignorance entre deux mondes : celui des Travailleurs Sociaux
affectés par les situations qu’ils accompagnent dans une expérience
concrète et peu réflexive et les universitaires qui considéreraient ces
expériences pratiques comme un savoir « sale », non
conceptualisable …
16
Apprendre à apprendre, en oubliant ce que j’ai appris.
Refuser l’idée d’une utilité immédiate et profitable pour moi et pour
les autres
RESISTER
Résister à l’écrasement des symptômes.
Résister à l’écrasement des conflits.
Légitimer des temps de NON SENS face au sens unique néo-libéral.
Se garder des moments de complexité.
Accepter l’incertitude.
Produire des questions, des doutes et surtout pas … de réponse.
www.peripheries.net
Juin 2011 /N°3
Animation régionale / 13
Accepter la différence : nous ne sommes pas pareils mais embarqués
sur un même bateau !
Accompagner les gens pour qu’ils essaient de construire des savoirs
sur leur vie
Se méfier de la norme si elle s’apparente au dévoilement du bien.
Prendre des risques et accompagner l’autre à en prendre si cette
prise de risque vient aussi de ce qui est désirant chez l’autre.
Accompagner les professionnels pour qu’ils construisent des savoirs
sur leurs pratiques
Pratiquer la négativité : « non, ça ne va pas ».
La liberté, c’est déployer sa propre puissance dans chaque situation.
Si on pense librement, on trouvera des choses valables.
Croire dans les « micros-pouvoirs » collectifs.
Faire surgir des pratiques concrètes solidaires ( faire ensemble à un
moment donné) et en réseau pour favoriser le développement.
« La liberté c’est : où que tu sois, tu peux agir ! »
Partager avec l’autre (quel qu’il soit) le non savoir pour arriver au non
savoir partagé.
11 avril 2011
D’après la conférence de M. Benasayag et avec les notes précieuses de
Pascal BRIERE …
15 mars 2011 - Genre et travail social - L’analyse du genre pour décoder une réalité sociale
La thématique du genre reste peu exposée
et médiatisée en France.
Alors que cette thématique est très explorée
et traitée chez nos voisins du nord
(Scandinavie, Danemark , Suède, Belgique
…), la France reste un pays latin, peu enclin
finalement à se préoccuper des effets de la
17
féminité et de la féminisation des pratiques
et des métiers du social.
Pourtant il nous semble que les « choses »
bougent : quelques institutions se lancent
dans l’organisation de journées d’études. Y
aurait-il une prise de conscience que cette
thématique sensible a des enjeux et des
répercussions
majeurs
dans
notre
organisation sociétale et professionnelle ?
Ainsi, la MiRe (Mission Recherche) de la
DREES (Direction de la Recherche, de
l’Evaluation, des Etudes et des Statistiques
du Ministère de la Santé et des Sports) en
collaboration
avec
l’ETSUP
(Ecole
Supérieure de Travail Social) a organisé en
novembre dernier, une journée d’étude
intitulée : « Parcours de vie & intervention
18
sociale : l’impensé du genre ».
En région, les choses avancent aussi, modestement. L’IRTS a, lui, pensé le genre dans le
cadre du programme ERASMUS.
Ainsi, le comité de pilotage a invité deux
conférenciers : Marie-Thérèse Coenen,
historienne, intervenante à l’Université et à
17
« Féminisation = métiers historiquement et
culturellement considérées comme féminins ;
Fémininité = processus social et économique où
des métiers, antérieurement masculins, sont
devenus féminins car délaissés par les hommes ».
F. Blondel, « Les métiers de l’aide sociale : travail
de femmes ou exploitation des femmes ? »
témoignage entretien avec Frédéric Blondel,
sociologue, université de haute Alsace –
http://avecegalité.com
18
Article du Journal de l’Action Sociale – mars
2011
la Haute Ecole en Travail Social de Louvain
en Belgique et Marc Bessin , sociologue,
chargé de recherche au CNRS, Directeur de
l'Institut de recherche interdisciplinaire sur
les enjeux sociaux (IRIS), et planifié huit
ateliers réflexifs animés par des chercheurs
et des professionnels du champ.
Retour sur une journée dense.
Présentation des deux intervenants
Marie-Thérèse Coenen, titulaire d'une
licence en histoire, est directrice du Centre
d'Animation et de Recherche en Histoire
Ouvrière et Populaire (C.A.R.H.O.P).
Elle a récemment coordonné un ouvrage
collectif compilant un certain nombre
d’interventions présentées en juillet 2007,
lors du deuxième congrès international des
formateurs en travail social et des
professionnels francophones, à Namur,
19
Belgique lançant le débat . Elle enseigne à
la Haute Ecole Louvain en Hainaut (HELHa)
au sein de l’institut Cardijn à Louvain-laNeuve. Elle est, par ailleurs, conseillère de
formation et présidente de l’Université des
femmes et du groupe Josaphat de Bruxelles.
Marc Bessin a mené des recherches sur les
soins en prison, la justice des mineurs, ou la
"parentalité tardive". Il poursuit actuellement des recherches sur les enjeux de
sexuation dans le travail social. Il y
développe une sociologie de la présence
sociale qui analyse les capacités de
temporalisation des activités auprès
d’autrui. Les approches du care et du genre
permettent d’apporter de nouvelles
perspectives pour la sociologie de la
protection sociale et de l’intervention pour
autrui. Plus largement, il s’agit de
s’interroger sur ce qu’il advient de l’État
social quand les politiques de la présence et
de l’individu tendent à remplacer les
19
www.congres2007.org
politiques de protection. Il dirige L’IRIS
20
.
Conçue en deux temps (conférences le matin
21
et huit ateliers réflexifs l’après midi) cette
journée d’étude mérite que l’on s’y attarde
quelque peu.
Que retenir de ces interventions ?
Etymologie et histoire abordées par
les conférenciers
D’origine Anglo - Saxonne « gender », le
concept a été traduit en français par « le
genre ». « Le genre a d’abord la valeur latine
de « catégorie, type, espèce » . C’est l’idée
20
Iris - EHESS, 190 avenue de France 75244 Paris
cedex 13 - Tél. : 01 49 54 25 59
21
« Le travail social n'échappe pas à la dualité
du genre humain que ce soit du coté des
professionnels ou des personnes concernées
par l'intervention. Il est constitué de métiers
fortement sexués avec une main-d’œuvre
largement féminine qui opère sur des sujets
sexués. Le travail social n'est pas au dessus de
tout, neutre et abstrait. Il est encastré dans une
histoire qui traverse aussi bien les institutions
que la société dans lequel il s'exerce. Il est le
reflet de son temps et en particulier des
politiques qui le façonnent, à leur image et à
leur ressemblance. » de MT Coenen / « la
division sexuée du travail social à l’epreuve de
l’esprit gestionnaire. Pourquoi la division sexuée
du travail social demeurent un non dit de ce
secteur professionnel ? Il s'agit pourtant d'un
milieu très féminisé et dont les activités
s'appuient bien souvent sur des stéréotypes
sexués pour appréhender leurs usagers. On
tentera de répondre à cette question en
analysant les processus de rationalisation du
travail social, aujourd'hui à l'œuvre avec l'esprit
gestionnaire qui domine les transformations du
secteur. On observera les ambivalences des
professionnel/les face à cette évolution qui est
traversée par des enjeux de sexuation. »
M. BESSIN.
Juin 2011 /N°3
générale de regroupement de catégorie qui
domine. Genre s’emploie en philosophie au
sens « d’idée générale d’un groupe d’êtres
ou
d’objets
ayant
des
caractères
22
communs ».
Ce mot « fourre-tout » ne traduit cependant
pas son amplitude réelle. Cette traduction
politiquement
correcte
évite
tout
simplement d’utiliser le mot sexe, trop
connoté
« marxiste »
et
polémique.
« Pourtant, cet outil, véritable grille de
lecture du social, permet de sortir les
23
femmes du silence de l’Histoire » .
Il nous oblige à prendre acte du fait que les
différences
biologiques
sont,
certes
naturelles, mais transmises et renforcées par
le culturel, l’éducation et que les rôles
sociaux hommes / femmes, « naturellement » attribués aux uns et aux autres,
sont enfermants.
Un petit retour en arrière nous permet de
constater que l’origine du travail social
s’inscrit dans le développementd’œuvres
charitables où des femmes, philanthropes et
issues de la bourgeoisie, sont très présentes,
trouvant ainsi un champ d’occupation
« honorable », socialement attendu.
Ainsi, les métiers de l’intervention pour
autrui sont historiquement et socialement
assignés du côté des femmes à qui l’on prête
des qualités intrinsèques de sollicitude,
d’attention à l’autre, de disponibilité, de
présence sociale, d’assistance à autrui,
d’écoute et de bienveillance.
La dimension religieuse et morale a été
fondamentale dans ces choix de société. Les
femmes exerçaient leur fonction maternelle
dans un souci de contrôle. Au nom des
valeurs familiales et maternelles, il fallait
éduquer et socialiser les femmes des
ouvriers et leur descendance, dans une
acception hygiéniste et médicale.
Ces enjeux assignés se retrouvent dans les
dimensions pratiques (le soin…) et morales
(valeurs de l’aide…) et aussi dans les
formations.
Et les formations ?
La formation est, à ses débuts, une
professionnalisation de la charité élargie
mais c’est aussi un moyen stratégique que
s’arrogent les femmes face à leur rejet des
sphères politiques. Intervenir auprès des
populations les plus pauvres, les plus
marginalisées et stigmatisées devient un
enjeu et un défi politique.
Pourtant les formations sont, dés l’origine,
en tout cas en Belgique, mixtes, ne serait-ce
que parce que les mouvements ouvriers
syndicaux ont un besoin criant de cadres. Les
jeunes hommes quittent ainsi rapidement la
formation, sans passer les certifications : des
postes syndicaux leur sont dores et déjà
réservés. Aujourd’hui, les femmes sont surreprésentées dans les filières de formation.
A l’IRTS de Basse-Normandie, les dernières
statistiques des étudiant(e)s en cours de
formation sont sans appel : certaines
formations restent ultra féminisées comme
celles des Techniciennes de l’Intervention
Sociale Familiale (100% jusqu’en 2007) les
CESF (93.14%)) ou encore traditionnellement les Assistants de Service Social (90
%). Les Educateurs Spécialisés, dont on
pouvait penser encore à une certaine
masculinisation, n’échappent pas au
24
mouvement : 77% sont des étudiantes.
A contrario, les Educateurs Techniques
Spécialisés très féminisés en 2006 (61%)
inversent la tendance deux ans avec un pic
en 2009 à 81% d’hommes inscrits.
Ce fut l’objet de l’atelier «La construction
d’une identité professionnelle comme
étudiant masculin dans des formations et
des professions féminines» animé par
Arnaud Hubert, étudiant Assistant de
ème
Service Social de 2
année et Gracia
Batista, formatrice à l’IRTS.
Les stéréotypes sexistes de genre
fonctionnent à fond et pourtant les
pratiques sexistes ne sont jamais
analysées comme telles.
Les rôles sexués sont appréhendés à partir
d’un paradigme dichotomique s’appuyant
sur des schèmes de pensée polarisés :
D’un côté, une polarité masculine avec des
notions accolées comme : la raison, le privé,
le politique, le professionnel, la théorie,
l’impartialité, la distance, le savoir, l’autorité,
la vitesse...
De l’autre, une polarité féminine basée sur :
l’affectif, le public, la morale, le profane, le
pratique, l’arbitraire, la proximité, le savoir –
être, l’émotion, la famille, l’anticipation,
l’engagement dans la durée, la capacité à
temporiser …
Derrière cette dichotomie intégrée, se
profile aussi la question de l’assignation des
rôles sexués liés à une hiérarchie de l’ordre
de la domination masculine. Aux hommes
concepteurs et dirigeants de prendre les
directions et le pouvoir dans les
25
institutions .
Propos qui furent repris dans l’atelier
« Discriminations en tous genres »
présenté Nadia Veyrié, docteur en
sociologie et Corinne Chaput, responsable
du PREFAS, à partir de textes édités par la
revue le Sociographe. Dans cet atelier le
féminin, le masculin et la sexualité ont été
interrogés à partir de textes parus dans les
n° 31 et 34. Comment, par exemple, les
discriminations envers les femmes et les plus
démunis ou entre les générations sont-elles
24
22
Le Robert, dictionnaire historique de la langue
française, sous la direction d’Alain Rey
23
Marie Thérèse Coenen
un document statistique complet et commenté
est en cours d’élaboration par l’IRTS et la Chambre
Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire
(CRESS)
25
Marc Bessin
Animation régionale / 14
présentes
dans
les
imaginaires
contemporains ? Ensuite, un échange a été
engagé sur les liens possibles entre ces
imaginaires et la réalité : la prostitution, la
fonction d’assistant sexuel et autres sujets à
débat.
Aujourd’hui, les métiers de la relation
d’aide sont féminisés à 97 % 26
On constate que, plus les établissements
sont proches d’un modèle éducatif, scolaire
et professionnel, plus le taux d’hommes est
accentué, tandis que dans les structures
médicales ou liées au handicap, les
personnes âgées ou la petite enfance, les
personnels
sont
essentiellement
et
majoritairement féminins : « les soins et la
27
souillure éloignent les hommes ».
Par exemple, construite au départ dans un
registre d’autorité plutôt masculin, la
profession
d’Educateurs
(éducatrices)
Spécialisé(e)s se féminise davantage.
Et si les institutions sont attentives à la
mixité dans les équipes, cependant, elles ne
sont pas neutres dans la gestion de leurs
effectifs.
Souvent, selon des raisons inavouables,
certaines embauches vont privilégier les
hommes : ce qui reste contraire à la loi. Ou
vont refuser l’embauche de femmes :
« risques de grossesse », gestion des
absences pour enfants malades… Ou,
encore, vont privilégier la mixité pour aider
les « aidés » à sortir par le haut et avoir des
modèles identificatoires pluriels.
Un homme éducateur dans un foyer
d’accueil de femmes victimes de violences
conjugales peut apporter une image
positive des hommes. Ce sera d’ailleurs le
propos tenu l’après-midi dans l’atelier « la
féminisation du métier du social et ses
effets sur une pratique » par Paul Hairon,
Educateur Spécialisé au CHRS Louise
Michel dans la Manche, en compagnie de
Dominique Devieilhe, formateur à l’IRTS et
dans une autre acception par Ronan David,
doctorant en sociologie et attaché de
recherche et d’enseignement à l’université
de Caen dans l’atelier « Adolescence,
genre et sexualité a l'époque de
l'hypersexualisation».
Prochainement, ce sera également l’objet
d’une publication de recherche conjointe
28
CRESS et IRTS .
Certains intervenants sociaux jouent
avec conscience de la différence
biologique
26
F Blondel, sociologue in site internet cité
« Dés l’origine de l’humanité : identification des
soins à la femme », Marc Catanas, Cadre de santé
formateur - Infirmier DE - Responsable du comité
de rédaction de cadredesante.com
27
Juin 2011 /N°3
On peut assister à une connivence toute
masculine ou féminine où les intervenants
sociaux vont chercher à s’appuyer sur une
figure maternelle ou paternelle….
Dans leurs pratiques, les intervenants
sociaux ont intégré le risque plus important
que courraient les filles et ainsi seraient dans
un système de surprotection de ces jeunes
filles.
Les exigences éducatives et d’accompagnement sont beaucoup plus fortes à
l’égard des filles ! Par exemple, pour un
même type de délit, on va séparer la jeune
fille de son milieu pour mieux la protéger
(placement en foyer, en famille d’accueil …)
et on ne prévoira pas du tout ce type de
mesure éducative pour un garçon…
Autre exemple, dans une même institution
accueillant des personnes en difficultés, il y
aura un foyer femmes et un foyer hommes :
chacun d’entre eux aura un règlement
spécifique afin de favoriser l’insertion sociale
et professionnelle :
pour les femmes est mis l’accent sur les
occupations à avoir au sein du foyer
d’accueil : partage des tâches ménagères,
des repas, accompagnement éducatif
pour aller chercher les enfants à l’école …
pour les hommes, l’insertion passera par le
respect du règlement, des horaires …
Le contrôle sera informel pour les femmes
et formel pour les hommes… Ces
thématiques auront été traversées lors de
l’atelier « La prévention et lutte contre les
discriminations liées au sexe : un levier
pour l’insertion sociale et professionnelle »
présenté par Thérèse Bazhere et Magali
Doron du Planning Familial 14 et animé
par Danielle Villette, formatrice à l’IRTS.
En conclusion
Bien qu’au niveau des politiques, le Fonds
Social Européen, par exemple, incite à la
mixité et oblige à une certaine ouverture, les
stéréotypes de genre marquent encore
fortement l’intervention sociale. Les
institutions restent marquées par l’histoire
sexuée des professions. Le secteur produit
toujours des modèles maternalistes ou
patriarcaux et entraîne ainsi un mécanisme
d’exclusion et d’inégalité entre les femmes
et les hommes.
Les métiers du social ont un genre qui est
féminin, les carrières se déclinent au
masculin.
Dans les formations, à l’heure actuelle, la
question du genre n’est pas du tout abordée
alors que la question même des
discriminations et des diversités ont leurs
lettres de noblesse.
Pourtant, faire l’analyse du genre n’est pas
faire du féminisme mais oblige à regarder
différemment et à promouvoir l’équité entre
les femmes et les hommes et finalement à
porter à terme un certain changement
social.
Finalement, c’est ce qu’auront abordé à
Animation régionale / 15
Charlotte Letellier, Docteur en Sociologie
l’université de Caen, et Nathalie Gaumer,
formatrice à l’IRTS dans un atelier très
original : « Genre et démocratisation au
Venezuela : une approche méthodologique
et analytique, de l’observation de la vie
publique aux récits sexuels de la vie
privée ».
Ces enjeux liés au genre sont
prédominants dans nos institutions…
Cette journée d’étude n’aura été qu’un
prémice d’un sillon qu’il faudra continuer à
creuser.
Pour aller plus loin encore :
Genre et travail social, travailler le social et
chronique féministe, collectif sous la direction
de MT Coenen, N° 41/2008, université des
femmes
Bifurcations. Les sciences sociales face aux
ruptures et à l’évènement , dir. Bessin
M.Biadart C et Grosseti M. , La découverte,
Coll. recherches, Paris 2010
Les métiers de l’aide sociale : travail de
femmes ou exploitation des femmes ?,
témoignage entretien avec Frédéric Blondel,
sociologue, université de haute Alsace –
http://avecegalité.com
« Cachez-moi ce genre que je ne saurais voir
.. » Brigitte Bouquet, professeure, titulaire
de la chaire travail social-CNAM,
http://www.cainr.info/artcile_p.php,Id
12 avril 2011 – Mardi de l’IRTS spécial « Traces tsiganes »
Ces séquences pédagogiques ont été
pensées par un groupe de pilotage,
constitué
de
formateurs
et
d’étudiants en formation, sous forme
d’« ateliers rencontres » avec des
professionnels, des experts, des élus, des bénévoles mais aussi
des usagers.
Ce sont des temps d’échanges, certes destinés aux étudiants issus
de toutes les formations dispensées à l’IRTS, mais aussi à un large
public intéressé par les thématiques proposées.
Les Mardis
de l’IRTS
de Basse-Normandie
Ces ateliers thématisés se déroulent chaque deuxième mardi du
mois, de novembre à avril avec la volonté de valoriser des pratiques
innovantes, de favoriser la rencontre des personnes, des projets, des
actions, des spectacles... au niveau régional, et de provoquer une
réflexion professionnelle différente sur les « autres façons de
travailler » le Social.
Il s'agit donc de promouvoir des initiatives et qu'à leur tour, sur les
terrains, en stage mais aussi dans leur future pratique
professionnelle, les étudiants s'autorisent à se lancer dans des
dynamiques de travail social originales et participatives.
Le comité de pilotage a choisi, après consultation des étudiants, de
thématiser chaque Mardi sur une programmation annualisée et en
lien avec des événements locaux et/ou nationaux. Ainsi en 20102011, ont été abordés : la grande pauvreté et les exclusions (dans le
cadre de la journée nationale du refus de la misère), le handicap
(journée international du handicap), les violences faites aux femmes
(journée internationale pour l’élimination des violences faites aux
femmes et droits des femmes), la francophonie, la langue et le
patrimoine, le logement social, les discriminations.
Par ailleurs, grâce à un partenariat local solide avec l’Association
pour une Citoyenneté Active entre les Sédentaires Et les
Voyageurs (ACASEV), depuis plusieurs années, l’IRTS consacre
chaque dernier Mardi de l’IRTS à la communauté tsigane.
Pourquoi ce lien étroit ?
La Basse-Normandie accueille une nombreuse communauté de gens
du voyage, sédentarisée, ou en voie de sédentarisation, mais aussi
de passage. La situation est décrite comme catastrophique car pour
l’ACASEV, entre autres, « on assiste à une volonté politique et
institutionnelle de remettre les gens du voyage dans les dispositifs
Juin 2011 /N°3
de droit commun sans tenir compte des droits spécifiques de cette
population ».
Si les relations se passent bien (quand il y a entrée en relation), les
travailleurs sociaux se mettent eux-mêmes des barrières,
notamment à cause d’une méconnaissance certaine de la population
de ses droits, de ses singularités et éprouvent des difficultés à
mobiliser des outils et des solutions adéquats en matière de
scolarisation, de logement, d’insertion par l’économique,
d’assurance. De fait, très peu de travailleurs sociaux osent aller vers
cette population.
Animation régionale / 16
voyage inscrits au CNED (Centre National d’Enseignement à
Distance) à raison de quelques heures par semaine avec un
accompagnateur scolaire dédié. Intervenante : Sylvie Trochu,
Principale du collège et un enseignant.
L’expérience d’un Camion Ecole itinérant dans le
département de la Manche, une initiative de l’Association pour
la Scolarisation des Enfants Tsiganes vivant en roulottes .
Intervenants Olivier Desheulles, enseignant et un
administrateur de l’ASET (Aide à la Scolarisation des Enfants
Tsiganes).
Et l’accompagnement pour une réussite scolaire en lien avec les
écoles et les familles au travers de l’exemple du Relais scolaire à
Caen. Intervenante : Pascale Houdan.
Les intérêts mutuels d’une coopération vont donc de source :
Valorisation ; connaissance et reconnaissance mutuelle ; structuration et mise en synergie des réseaux locaux existants.
Traces tsiganes
Cette année, nous avions axé les ateliers sur la question de la
scolarisation des enfants des voyageurs.
En effet cette question est cruciale pour les gens du voyage d’une
part et pour les intervenants éducatifs et sociaux d’autre part.
Nous remarquons qu’il est extrêmement difficile de quantifier le
nombre exact d’enfants scolarisés. Il est tout aussi difficile pour
l’Éducation Nationale de préciser le taux de scolarisation des enfants
du voyage. «S’il lui est possible de rendre compte du nombre d’élèves
que l’on trouve dans les classes (sauf lorsque les parents sont
sédentaires), il lui est en revanche impossible de dénombrer les élèves
non scolarisés.
Dans cette étude, il est relevé que les plus jeunes enfants du voyage
sont de plus en plus scolarisés en maternelle, mais cette préscolarisation reste encore largement insuffisante pour favoriser une
scolarisation performante.
De plus, des études plus précises sur les taux de scolarisation comparés
au positionnement des aires de stationnement démontrent des
inégalités importantes en fonction des lieux. « Les voyageurs restent
très attachés à quelques lieux, peu nombreux, qu’ils considèrent comme
"leur école". Tous les enseignants notent un grand retard scolaire des
enfants du voyage qui arrivent sur des scolarisations occasionnelles ».
(Étude de 2002, le Comité Régional de Coordination de l'Observation
Sociale : CRCOS - site internet : basse-normandie.sante.gouv.fr) ».
Lors de ce Mardi de l’IRTS, Sébastien Bertoli, vice-président de
l’ACASEV et Joseph Le Prielec, chargé de formation à la Fédération
Nationale des Associations Solidaires d'Action avec les Tsiganes et
les Gens du voyage (FNASAT) ont animé un premier temps de
conférence intitulé : « Gens du voyage : une identité à multiples
facettes », suivi d’un propos introductif : « La question des apprentissages dans le monde du Voyage, un rapport aux savoirs comme
reflet du rapport des Voyageurs au monde sédentaire. Une
problématique culturelle, sociale, politique et pédagogique. »
4 ateliers ont ensuite permis de présenter aux participants
diverses expérimentations :
Un « apéro » dînatoire et un concert de jazz manouche ont clos cette
journée au cours de laquelle nous avons également proposé la visite
guidée de l’exposition « Une mémoire française. Les Tsiganes
pendant la Seconde Guerre mondiale, 1939-1946 ». Une table de
presse, organisée par le Centre de Ressources Documentaires de
l’IRTS, a permis d’offrir une large palette d’apports informatifs et
théoriques …
A retenir
La programmation des Mardis de l’IRTS est en cours d’élaboration
est sera disponible sur le site internet dès la rentrée de septembre,
mais notez dores et déjà les dates :
8 novembre 2011
13 décembre 2011
10 janvier 2012
7 février 2012
13 mars 2012
3 avril 2012 : Traces Tsiganes : l’insertion professionnelle des
voyageurs
L’entrée est libre et gratuite, sous condition d’inscription
préalable.
Contact :
Muriel Lebarbier, Responsable de l’animation régionale
Tél. 02 31 54 42 22 - [email protected]
Une pédagogie adaptée en milieu ordinaire, l’exemple de
l’École maternelle et primaire des Cormorans. Cette école
située à proximité du terrain d’accueil des gens du voyage de
Caen (Boulevard Poincaré) accueille depuis des générations des
enfants de cette aire. Intervenante : Sophie Rachel, Directrice de
l’école.
Un accompagnement à l’intégration scolaire, l’exemple
du "Dispositif enfants du voyage" du Collège Guillaume
de Normandie. Le dispositif accueille des adolescents du
Juin 2011 /N°3
Juin 2011 #3
Direction de la publication :
Maquette:
Jean-Michel GODET, Directeur Général de l’IRTS de BasseNormandie et Christine COURTY, Directrice de l’IRFSS de
Basse-Normandie
www.aprim-caen.fr
Comité de rédaction :
Annick BELZEAUX, Corinne CHAPUT, Fabienne FRECHON,
Gaëlle MÉDOT, Marie HAUGMARD, Marie-Thérèse
SAVIGNY, Nadia VEYRIÉ
Secrétariat du PREFAS :
Corinne GENDROT, assistante - Laurence CONRY, Secrétaire
à l’IRTS de Basse-Normandie
Responsable de la Communication :
Irène BOUDARD – IRTS de Basse-Normandie
Mise en page :
Irène BOUDARD – IRTS de Basse-Normandie
Publication annuelle :
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Tél. 02 31 54 42 00 - Fax 02 31 54 42 10
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Contact KYRIELLE
Corinne CHAPUT, responsable du PREFAS Basse-Normandie
IRTS de Basse-Normandie- 11 rue Guyon de Guercheville
BP 10116 – 14204 Hérouville Saint-Clair Cedex
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