ROBERT CHAPATTE, L`ESPRIT D`AVENTURE

Transcription

ROBERT CHAPATTE, L`ESPRIT D`AVENTURE
Or :
n sait comment Robert Chapatte, coureur,
a fini : en tirant effrontément sur une
cigarette ! _
C'était dans un vestiaire, à
Sur la route, il gagna le championnat d'Ile-de-France
et le Grand Prix du Commerce d'Argentan. Il était
lancé.
Portrait patrimoine
Les géants du cyclisme français
BOURGOGNE
ortes ouvertes
"ganisée par Steve Arbault le 20
ril, la journée portes ouvertes i
pôle Espoirs a permis accueillir
30 personnes. Près de moitié
d'entre elles ont anifesté leur
souhait d'intégrer structure. Le
comité de otage se réunira
début juin lur examiner les
candidatures.
ecrutement
i comité de Bourgogne cherche
un entraîneur lécialisé en
cyclisme iditionnel pour le pôle
Espoirs. ;t emploi à temps
partiel 7,5h) débutera le 1er
iptembre. Si vous êtes téressé,
envoyez votre ndidature au
président du imité régional.
uniors au top
anon Bourdiaux a remporté
ipreuve de La Courtine, en lisse,
avant d'enchaîner 2 âges en
équipe de France et être la
meilleure Française sur )mloop
Van Borsele, épreuve îlge
disputée sur 3 étapes.
^autres suivent
srnier et Pacot s'illustrent
jalement. Ils ont chacun gagné
le étape sur le Tour du Pays de
lône Vingeane, Garnier s'offrant
issi le général de cette belle
ireuve qui grimpe.
r
niversité VTT
3stinée aux 13-18 ans, miversité
VTT de Bourgogne ;t un
programme de stages de
irfectionnement et de rmation.
Le 1er a eu lieu à jon en avril, le
2e en mai à jtun, sous la
houlette de colas Vuillermot,
spécialiste de al. Le 3e se
déroulera courant Met aux
alentours de Dijon et omettra de
travailler la iscente.
Détection réussie
: stage de détection Cadets et
sdettes a été particulièrement
3n mené, notamment grâce à la
sposition de stagiaires BF3 qui it
fait passer les tests durant jr
semaine de formation.
0
f édé sur internet
ROBERT CHAPATTE,
L'ESPRIT D'AVENTURE
Avant de devenir un commentateur de légende à la télévision, il fut un
authentique coureur, capable de briller à la fois sur les pistes et dans les cols.
Portrait de Robert Chapatte, champion rare né sous le signe d'Audiard...
l'arrivée de Paris-Tours 1954. À ses côtés, Pierre
Chany, son éternelle j Gauloise à la main. « Tu m'en
donnes une ? », j lui avait demandé
celui qui gardait
encore | l'air d'un champion1. Puis, de cette voix \
appelée bientôt à prendre
l'antenne, il ! avait :expliqué,
ménageant son ef- fet : «
C'est la première que je fume
depuis que je2 ne suis plus
coureur... » Manière virile, en :
somme, d'annoncer qu'il stop-i
pait sa carrière. Il le faisait sans i
regret : le cyclisme, croyait-il,
jlui avait déjà tout apporté, à !
commencer par d'irrésistibles
copains, dont Henri Surbatis...
(C'est une parenthèse, mais on ne
peut pas ne pas dire, ici, quel
personnage était Surbatis,
sprinter ! aussi habile pour le
théâtre que pour i le sport. En
1954, sur la lancée des Six-!
Jours, il s'était mis en tête de
réussir un joli : Paris-Roubaix. De
fait, il se classa neuvième, après i avoir copieusement
« salé la soupe ». Tout à sa joie, 1 et toujours
électrique, il affirma aux journalistes, des i larmes de
rire dans les yeux : « D'abord, je n'ai pas vu un
pavé ! Ensuite,
Anquetil et Bobet : gros j
comme ça... »3 Et de montrer l'épaisseur de deux i
doigts ! De quoi écrire un roman...)
Bref ! Robert Chapatte s'entourait de copains ahu-|
rissants qui n'imaginaient pas la vie sans cyclisme, et |
le cyclisme sans rire. Parmi eux, Roger Rioland, Jean
I Guégen et André Chassang, ses trois partenaires, en
j 1944, lorsqu'il devint tour à tour champion de Paris
| et champion de France en poursuite olympique. D'où
| l'idée que ce garçon, né à Neuilly-sur-Seine en 1922,
I allait incarner l'une des nouvelles vedettes de la
[piste... Mais l'intéressé, lui, ne jurait que par la route.
| Ses modèles ? Leducq et Speicher, anciens vainqueurs du Tour de France. Puis les trois frères
Pélis-sier, symboles de la tradition française. Par
réflexe, il aurait volontiers ajouté la figure
d'Antonin Magne, autre héros de son enfance, mais,
il ne pouvait se défendre de le trouver trop rigide...
Non, ce qu'il espérait, du moins pour tenter sa
chance chez les pros, c'était un esprit d'aventure,
une dissipation formidable. Il ne se sentait pas
capable de tout sacrifier pour une coupe.
Tel semblait donc l'homme recruté en 1945 par Génial-Lucifer, dans un pays où les vendeurs de boyaux
se comptaient sur les doigts d'une main. Sans parler
du calendrier des courses, aussi maigre que les cartes
de rationnement... Faute de mieux, il chercha des
contrats sur les pistes, disputant des américaines à
Paris, Nice et Saint-Etienne, associé soit avec Emile
Ignat, soit avec Francis Grauss. Puis, l'année suivante, en compagnie de Raymond Goussot, il remporta les Six Heures d'Alger, termina deuxième des
Six Heures de Paris, puis deuxième, encore, du Prix
Dupré-Lapize. Pour être honnête, rien de très exceptionnel, sauf que Robert Chapatte confirmait, à
vingt-quatre ans, sa réputation de coureur facile, au
style étonnamment délié. Ne le surnommait-on pas «
Chapatte de velours » ? Un compliment réel, mais à
double tranchant, signé par des observateurs réclamant davantage... Le jeune homme ne se déroba pas.
Lancé, oui. Si bien qu'il s'enrôla,
pour trois ans, sous la bannière
violine du groupe Mercier, où
régnait en sage un certain
Antonin Magne... Preuve que
ce Chapatte-là n'était plus un
gosse ; il avait mûri, au point de
multiplier les performances,
dont une victoire dans le Circuit
des cols pyrénéens en 1949,
une deuxième place dans le
Grand Prix de L'Echo d'Alger
1947, une deuxième place dans
le Tour de Corrèze 1948, une
troisième
place
dans
Grenoble-Turin
1947,
une
quatrième
place
dans
le
Critérium national 1949. Places,
soit dit pour mémoire, qu'il
narrait derechef avec une aisance
incroyable, décrivant les différentes phases de course comme
un correspondant de guerre eût
raconté des combats... Toujours
est-il que cet athlète intelligemment bavard décrocha,
en 1949, sa sélection en équipe nationale, pour
attaquer son deuxième Tour de France. Et quel Tour !
L'un des meilleurs du siècle, dominé par un mythe
vivant, Fausto Coppi. Dans le peloton, on croisait
également Bartali, Ma-gni, Ockers, Van Steenbergen,
Kubler, les frères La-zaridès, Robic, Bobet,
Géminiani et Vietto : des champions de légende,
contre lesquels Robert Chapatte, grimpeur opiniâtre,
fit mieux que se défendre, finissant seizième à Paris.
Ce serait son chef d'ceuvre. On passe sur le reste,
hormis sur l'édition des Six-Jours de Saint-Etienne
1951 que le Parisien, revenu à la piste, disputa avec
son pote Louis Caput. Édition impayable, puisque
tenue, selon Jacques Augendre,4 pour « le plus grand
bide de l'histoire du cyclisme » . A un moment, il ne
se trouva même qu'un seul spectateur dans l'enceinte
du vélodrome ; et le fantasque Surbatis, descendant
de machine, courut lui demander un autographe ! De
son côté, Chapatte, déprimé par ces banquettes
vides,
décida de « casser la baraque »5. Un geste
chevaleresque, un rien expiatoire, qui lui valut de
terminer ligoté sur une chaise, ses adversaires
refusant de s'épuiser en pure perte ! Tels étaient les
pistards de ce temps, dont Jacques Augendre
admirait, dans une autre formule d'Augendre, qu'ils
fussent doués d'« une spontanéité
authentique, la
spontanéité d'un Audiard »6.
De Michel Audiard à la presse, il n'y avait qu'un
pas. Robert Chapatte le franchit dès 1955 en empoignant le micro pour commenter, sur les ondes de Radio Monte Carlo, les étapes du Tour de l'Ouest. C'était
le début d'une nouvelle et phénoménale aventure,
prolongée à la télévision, pour des millions de fidèles,
jusque dans les années quatre-vingt. Teddy Chapatte,
sa femme, la résumerait d'une
tirade : « II a inventé
tous les mots du direct. »7
Christophe Penot
1
FierreChany, l'homme aux 50 Tours de France, Éd. Cristel, 1996, p. 240.
Ibid.
Jacques Augendre, la mémoiredu TourdeFrance, Éd. Cristel, 2001, p. 153
4
Jacques Augendre, la mémoire du Tour de France, p. 61.
5
Ibid.
6
Ibid., p. 53.
7
In Le Monde du 12 juillet 2003.
2
3
Chapatte en bref
1
Né le 14 octobre 1922 à Neuilly-sur-Seine. Décédé le 20 janvier 1997 à Paris.
Professionnel chez Génial-Lucifer (1945 et 1946), Mercier (1947 à 1949), Olympia-Dunlop (1950), Helyett (1951), Vanoli (1952), Rochet (1953 et 1954).
Principales victoires : Route : Championnat d'Ile-de-France 1946; Grand Prix du Commerce d'Argentan 1946; Circuit des Pyrénées 1949; Grand Prix
Esperaza 1952. Piste : Prix Goullet-Fogler 1945 (avec Ignat).
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