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ÉDITO
À 40 ans, dans le sport, on est déjà un vétéran.
L’exception existe. Elle s’appelle Stade 2. L’émission hebdomadaire multisport reste la plus connue et la plus suivie par les
téléspectateurs français.
À quoi doit-elle ce succès exceptionnel et durable ?
D’abord aux exploits enthousiasmants des sportifs français et
du monde entier qui sont sa raison d’être. Dans Stade 2, tous les
sports, tous les champions, hommes et femmes, ont eu ou
auront la chance d’être mis en valeur. L’émission doit aussi
beaucoup à la passion et à l’énergie qui ont toujours animé ses
équipes. Des équipes désireuses de comprendre, d’expliquer,
de valoriser et de fêter les champions sur les plus grands terrains de sport. Le slogan du groupe France Télévisions trouve ici
son écho le plus juste.
Et ces 40 ans, nous allons les fêter !
Dès le 8 novembre, Michel Drucker animera un Vivement
dimanche prochain exceptionnel en compagnie de journalistes
qui ont marqué l’histoire de Stade 2, comme Gérard Holtz,
Laurent Luyat, François Brabant, Lionel Chamoulaud et Céline
Géraud. Plusieurs grands champions et personnalités viendront
témoigner de leurs souvenirs et de leur attachement particulier à
cette émission emblématique.
Et puis, jusqu’à la fin décembre, une série de programmes courts
diffusée le week-end sur France 2 nous replongera au cœur des
grands moments de l’émission. Nous finirons en apothéose, le
dimanche 27 décembre, avec un Stade 2 spécial qui nous fera
revivre « 40 ans d’émotions » en compagnie de quatre sportifs
emblématiques des quatre dernières décennies : Bernard
Hinault, Didier Deschamps, Roger Federer et Teddy Riner.
2
DANIEL BILALIAN
Directeur général adjoint en charge des sports
de France Télévisions
3
40 ANS
TOP
VOIR LES GÉNÉRIQUES
4
1975
1986
2001
2003
S
CHRONO !
1993
2000
2005
2013
5
SUR LE TERRAIN
40
ANS
6
1975-1985
Robert Chapatte
1985-1992
Gérard Holtz
2004-2005
Laurent Luyat
2004-2005
François Brabant
1992-1995
Patrick Chêne
1995-2000
Pierre Sled
2000-2003
2005-2008
Gérard Holtz
2008-2012
Lionel Chamoulaud
Depuis janvier 2013
Céline Géraud
Christian Prudhomme
7
8
GÉRARD
9
Figure emblématique du JT au début des années 1980, Gérard Holtz assure
la présentation de Stade 2 de 1985 à 1992, puis de nouveau entre 2005 et 2008.
Féru de courses automobiles, il couvre le Dakar à partir de 1994, ainsi que
les 24 Heures du Mans. Il présente aussi tous les Jeux olympiques depuis 2002,
et anime le Vélo Club lors du Tour de France.
Stade 2 a 40 ans. Que signifie
pour vous cet anniversaire ? C’est un honneur absolu d’avoir
dirigé et organisé cette émission.
J’ai eu la chance de recevoir la
Légion d’honneur en novembre
dernier : mais d’une certaine
façon, j’en avais déjà reçu une en
1985 quand Jean-Claude Eberlé,
le PDG d’Antenne 2, et Christian
Quidet, mon patron de l’époque,
m’ont appelé pour me demander
de présenter Stade 2.
C’est un peu comme être sélectionné en équipe de France de
football. Une sélection en tant que
numéro 10 ; car être présentateur
de Stade 2, c’est être une sorte
de chef d’orchestre. Un orchestre
formé de copains journalistes,
chacun étant spécialiste dans sa
discipline et jouant en soliste.
C’est une émission qui a marqué
des générations entières. Il n’y
en a pas eu tant que cela : Cinq
Colonnes à la Une, ChampsÉlysées, Apostrophes… Stade 2
s’inscrit dans la lignée de ces
émissions cultes.
Que représente Stade 2 pour
vous, comme téléspectateur et
comme présentateur ?
Une addiction. Combien de fois,
comme des millions de gens, j’ai
tout plaqué pour regarder l’émission ! Pour les résultats, pour les
images, qu’avant on ne trouvait
pas aussi facilement avec Internet.
Et puis surtout pour les personnages, la bande à Chapatte. Robert
Chapatte a inventé quelque chose
d’extraordinaire qui a depuis été
repris partout : dans Le Grand
Journal, chez Laurent Ruquier
ou Cyril Hanouna… Dans tous
ces programmes, on retrouve ce
concept : des personnalités diffé-
« Être présentateur de Stade 2, c’est être une
sorte de chef d’orchestre. Un orchestre formé
de copains journalistes, chacun étant spécialiste
dans sa discipline et jouant en soliste. »
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Si j’étais...
Un sourire ?
Celui de Laura Flessel
La fleurettiste guadeloupéenne a été capable d’avoir
un visage de guerrière, de samouraï… Complètement
crispé. Mais quand elle sourit, c’est l’un des plus beaux
sourires du sport.
Une émotion ?
Les larmes de Surya Bonaly
Aux Championnats du monde de patinage artistique à
Chiba au Japon, en 1994. Elle refuse de monter sur le
podium et retire sa médaille d’argent.
Un podium ?
Le premier titre européen d’un club français
En 1993, le CSP Limoges de Richard Dacoury remporte
la Coupe d’Europe des clubs champions de basket en
battant le Trévise de Toni Kukoc.
Un sportif ?
Jean-Baptiste Grange époustouflant
Beaver Creek, février 2015. Après s’être classé 5e
de la première manche des Championnats du monde
de slalom, il réalise une seconde manche parfaite et
reconquiert l’or mondial à la surprise générale.
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« C’est une table d’amis, qui rient et se chambrent.
Comme au théâtre, chacun a un “emploi”. »
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rentes, réunies autour d’un chef
d’orchestre, qui, par leurs dialogues,
leur humour et l’information qu’ils
délivrent, mettent de l’ambiance sur
le plateau. C’est une table d’amis,
qui rient et se chambrent. Comme
au théâtre, chacun a un « emploi » :
le rigolo, c’était Daniel Cazal ; l’accent du Sud, c’était Couderc ; le
Titi parisien, c’était Thierry Roland.
Le chat noir, c’était Richard Diot : à
chaque fois qu’il allait sur un reportage, l’équipe perdait.
Nicolas Geay, Marie-Christelle
Maury, Patrick Montel ou Arnaud
Romera, nous avons eu au
cours de ces dernières années
des documents assez extraordinaires. Nicolas Geay, par exemple,
est allé aux États-Unis rencontrer
Floyd Landis, qui a avoué s’être
dopé, et aussi en Afrique du Sud voir
les anciens rugbymen frappés par la
maladie de Charcot... Ce sont des
sujets durs mais tellement informatifs qui m’ont beaucoup touché.
Y a-t-il une séquence de Stade 2
dont vous êtes fier ?
Nous avons dans notre équipe de
super reporters. Avec notamment
Quel invité vous a particulièrement marqué ? Il y en a eu tellement ! La rencontre
avec Kareem Abdul-Jabbar, l’an-
cien pivot des Los Angeles Lakers,
m’a vraiment bluffé. C’était pratiquement le meilleur joueur de basket
au monde. Lorsqu’il est venu sur le
plateau, il était obligé de se baisser
pour entrer dans le studio. Je crois
que c’était la première fois que je
voyais un gars aussi grand et aussi
sympathique. J’ai aussi eu la chance de devenir copain avec Björn Borg, ce
qui m’a permis de réunir pendant
Roland-Garros, sur le même plateau, Borg et McEnroe. Ils avaient
pratiquement toujours refusé de
se retrouver et de reparler de
leur finale dantesque de 1980, à
Wimbledon. Et nous, on a réussi !
Avec deux réactions extraordinaires allant de pair avec leur tempérament : Borg, très gentiment,
disait bonjour à tous les cameramen, à la maquilleuse, aux journalistes… McEnroe, lui, est directe-
ment parti s’enfermer à clef dans
la cabine de maquillage. Je suis
allé toquer à la porte pour lui expliquer le déroulé de l’émission, il ne
voulait rien savoir. Il voulait juste un
Coca-Cola, le reste ne l’intéressait
pas. Mais, sur le plateau, ils ont
joué le jeu et ç’a été une très très
belle séquence.
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14
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T
EN
UR
LA
Si j’étais...
Un sport ?
Le tennis
L’un des rares sports que je pratique en amateur.
Et aussi parce qu’avec Roland-Garros j’ai la chance
de présenter le plus grand tournoi du monde sur
terre battue.
Un sourire ?
Celui de Ronaldinho
Lorsqu’il est venu sur le plateau de Stade 2 en
2002. C’est un garçon charmant, souriant, et dont la
gentillesse n’a d’égal que l’immense talent.
Un podium ?
L’or olympique
La médaille d’or de Teddy Riner aux JO de Londres,
car il s’agit de la dernière qui manquait à son
immense palmarès. Et aussi celle de Jeannie Longo,
une Grenobloise comme moi, pour sa première
médaille d’or olympique en 1996 à Atlanta.
Un trophée ?
La Coupe Davis 1991
C’est le déclencheur des succès des équipes
françaises, qui allaient rarement jusqu’au bout.
Et ce sont les tennismen qui ont vraiment donné
le la et ouvert la voie aux handballeurs champions
du monde, puis à l’équipe de France de football.
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Le Grenoblois Laurent Luyat prend les commandes de Stade 2 en 2004
après avoir fait ses premières armes sur l’antenne locale de France 3 Alpes.
Le public retrouve également cet inconditionnel de tennis et de football
à la présentation de grands événements sportifs comme Roland-Garros,
les Jeux olympiques, ainsi que Village Départ, le talk-show de France 3
qui suit le Tour de France.
40 ans. Que vous évoque cet
anniversaire ? Stade 2 est l’une des plus
anciennes émissions de la télé­
vision française avec Des chiffres
et des lettres. Prendre part à l’aventure d’un programme qui existe
depuis quarante ans est une chose
rare et extraordinaire, que beaucoup peuvent nous envier. Mais,
aujourd’hui, la façon de faire de la
télévision a profondément changé.
Auparavant, tout le monde attendait
Stade 2 le dimanche pour connaître
les résultats ou voir un but ou un
essai. Désormais, les gens les ont
en temps réel grâce à Internet. C’est
donc une émission qui a su s’adapter à l’évolution de la société.
La première chose qui me vient à
l’esprit, c’est le générique de Bernard
Parmegiani, celui avec ce chronomètre et cette musique unique. Avec
Robert Chapatte, Thierry Roland et
Roger Couderc, qui étaient un peu
nos maîtres à tous.
Comment se sont déroulés vos
débuts à Stade 2 ?
Mon premier Stade 2, c’était le
24 juin 2001. Présenter un magazine mythique qu’on regardait
étant enfant procure une impression assez particulière. Il y a eu
beaucoup d’émotion, mais ça
s’est très bien passé. J’arrivais
de Grenoble, où je présentais le
journal du soir depuis plusieurs
années. J’ai ensuite rejoint le service des sports et l’émission Tout
le sport.
En prenant les rênes de Stade 2,
en 2004, je n’ai reçu aucune
consigne particulière. Sans doute
parce que le présentateur n’est
pas là pour être le spécialiste d’un
sport en particulier. C’est davantage un chef d’orchestre qui doit
mettre en valeur les sujets de
son équipe. À la fin de l’émission,
Charles Biétry, alors directeur des
sports, m’a simplement dit que
c’était bien. J’étais soulagé.
« Une émission qui existe depuis quarante ans
est une chose rare et extraordinaire. »
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« C’était une époque où il ne semblait pas y avoir
de limite. Il n’y avait pas ce filtre du politiquement
correct qui nous aseptise souvent aujourd’hui. »
Quels moments forts gardez-vous
particulièrement en mémoire ? Je me souviens surtout de deux
séquences, datant de mon
adolescence. D’abord, quand
Yannick Noah, qui venait de
gagner Roland-Garros, est venu
participer au Stade 2 spécial qui
venait d’être mis en place dans
la foulée. Toujours en 1983, mais
cette fois sur le Tour de France,
Thierry Roland, dans une interview
d’après-course, pose une question en direct à Laurent Fignon :
« À quel moment vous avez fait le
trou, Fignon ? » Ce propos illustre
l’esprit potache qui était propre à
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Stade 2. C’était une époque où il
ne semblait pas y avoir de limite. Il
n’y avait pas ce filtre du politiquement correct qui nous aseptise
souvent aujourd’hui. Et puis, il y a le Stade 2 le plus
dingue qu’il m’ait été donné de
présenter. Nous sommes le 20 juin
2010, à l’occasion de la grève des
Bleus à Knysna pendant la Coupe
du monde de football. Nous détenions les droits, à cette époque.
Après le match Italie–NouvelleZélande, je suis en plateau avec
Emmanuel Petit, et c’est alors
que se succèdent tous ces incidents : l’altercation entre Patrice
Evra et le préparateur physique,
les joueurs qui font grève dans le
bus, Raymond Domenech qui lit la
lettre des grévistes, la démission
d’un cadre de la fédération… Le
conducteur de l’émission vole en
éclats. Fabrice Colin, le responsable éditorial, reçoit en régie les
images venant d’Afrique du Sud,
et on les diffuse quasiment instantanément. Je les commente à
chaud avec Emmanuel Petit, dont
je vois le visage se décomposer en
découvrant l’ampleur de la situation à Knysna. Il avait encore plein
d’amis dans l’équipe de France et
il ne comprenait pas : « Mais que
font-ils ? Ils détruisent tout l’héritage des Bleus… » C’était fou.
nirs ; mais instinctivement, je revois
Ronaldinho. Lorsqu’il faisait le bonheur du PSG, il était passé nous
voir et avait été super sympa ! Je
me souviens aussi des adieux de
Richard Virenque en plateau. C’était
un moment très émouvant. Tout
comme une émission faite depuis
Moscou, au cours de laquelle Teddy
Tamgho avait été sacré champion
du monde à Moscou en août 2013
et Marion Bartoli s’était confiée
sur sa retraite anticipée. C’était un
Stade 2 riche en émotions fortes.
Parmi les moments gênants, il y a
eu Raymond Domenech, en 2004,
qui n’avait pas du tout apprécié
mes questions et qui était reparti
un peu furieux du studio. De quels invités vous souviendrez-vous toujours ?
En quelque 200 Stade 2, j’ai
emmagasiné pas mal de souve-
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LIONEL
Si j’étais...
Une balle ?
La balle de golf
En sport, c’est le projectile qui est lancé le plus vite.
C’est aussi un objet qu’on peut personnaliser : une
balle de golf appartient à un seul et même joueur.
Contrairement à une balle de tennis, par exemple.
Un sourire ?
Celui de Michel Platini
Surtout lorsqu’il tirait les coups francs. On percevait
toute la malice du personnage. Personne ne savait
jamais de quel côté le ballon allait atterrir.
Un trophée ?
La Coupe Davis 1991
Quand les Français soulèvent le saladier d’argent,
ils mettent un terme à cinquante-quatre ans d’échec.
Alors qu’en face il y avait quand même le duo
Sampras-Agassi.
Un exploit ?
Celui de Zidane
À l’Euro 2004, au Portugal. Les Anglais mènent 1-0
contre la France lors du premier match. À quelques
minutes de la fin, Zidane plante deux buts en trois
minutes, un penalty et un coup franc, et nous assure
la victoire. C’était incroyable !
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Commentateur de Roland-Garros aux côtés d’Arnaud Boetsch, Lionel
Chamoulaud a débuté sa carrière en tant que spécialiste de Formule 1 dans
les années 1980. D’abord joker de Gérard Holtz, il devient présentateur
de Stade 2 de 2008 à 2012. Il assure également la présentation des directs
lors des Jeux olympiques.
Stade 2 a 40 ans. Quel est votre
sentiment immédiat ?
Chapeau ! Au départ, ce n’était pas
évident que Stade 2 devienne l’une
des plus anciennes émissions de la
télévision française. Ça me touche
beaucoup que l’héritage de Robert
Chapatte perdure. Je ressens aussi
une grande fierté d’y avoir participé
quasiment depuis le début. J’avais
21 ans, je pensais que j’allais rester
deux mois puisque c’était à l’occasion d’un stage d’été. J’ai très vite
ressenti une affinité, une proximité
particulière avec ces journalistes
alors que je ne les connaissais pas.
Un mélange d’admiration et aussi
de connivence.
Que représente Stade 2 pour
vous ?
J’avais l’envie absolue de ne jamais
rater la diffusion parce que j’étais
passionné de sport, d’images de
sport, de résultats… J’étais aussi
séduit par l’atmosphère décontractée de l’émission. Je me suis
rendu compte que sourire, s’envoyer des vannes ou faire des jeux
de mots n’exclut absolument pas
la rigueur, la précision dans l’information, dans la syntaxe... C’est
une rédaction avec tellement de
talents ! Professionnellement, je me
suis imprégné de leurs qualités, de
leur façon de faire. J’ai commencé
par remplacer Gérard Holtz, Patrick
Chêne, quand il faisait le Tour, ou,
l’été, Pierre Sled assez souvent
aussi. J’étais très fier quand on
m’a proposé la présentation en
tant que titulaire : j’ai ressenti une
forme d’accomplissement. J’ai
tellement grandi avec cette émission, je la connais tellement dans
ses moindres recoins, qu’il y avait
presque une sorte d’évidence professionnelle. Et cela m’a touché
quand Daniel Bilalian et François
Brabant m’ont proposé de prendre
la responsabilité et la présentation
de l’émission.
Quels moments forts de l’émission sont pour vous indélébiles ?
Ceux que le téléspectateur ne voit
pas. Ma grande fierté, c’est d’avoir
participé à des émissions où l’on a
improvisé, où l’on a mis à la fin ce
qui était prévu au début. Ça donne
« S’envoyer des vannes ou faire des jeux de mots
n’exclut absolument pas la rigueur, la précision. »
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« Ma grande fierté, c’est d’avoir participé à des
émissions où l’on a improvisé. »
le frisson. Parfois, on s’installait, le
générique partait… et on ne savait
pas ce qu’on allait faire parce que
des choses étaient en train de se
jouer ailleurs. Par exemple, l’affaire
des paris truqués au handball : je me
souviens que les hand­balleurs de
Montpellier ont été interpellés à leur
sortie du match à Coubertin, pendant l’émission. Et là, où va-t-on ?
À Coubertin ? On a l’info ou pas ?
Carlo Ancelotti, notre invité, était
stupéfait : « Whaou ! c’est un truc
compliqué que vous avez fait là ! »
On a l’habitude, car on travaille tout
le temps en direct, donc on sait
gérer nos émotions.
Autre exemple. Au milieu des
années 1990, on avait fait un pari
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insensé avec Patrick Chêne à propos de la ville qui serait désignée
pour organiser les Jeux de l’an
2000. Ça pouvait être Pékin, Sydney
ou une ville europénne. Et on voulait faire Stade 2 depuis cette ville.
Donc en attendant la décision du
CIO, on est allés à Singapour afin
d’être à égale distance de Pékin,
Sydney et de l’Europe. Quand on a
su que ce serait Sydney, on a pris
l’avion le vendredi matin. C’était fou
car on a eu deux jours pour faire
l’émission ! Mais on a eu beaucoup de chance. L’équipe australienne de rugby, championne du
monde en titre, a accepté de tourner quelques séquences devant
l’opéra ! Le week-end se déroulait
la finale du rugby à 13, le plus gros
événement sportif qui existe là-bas,
et nous n’étions pas accrédités. On
s’y est rendu au culot. Sur place,
je tombe sur un cadre de la communication du rugby à 13. Il avait
vécu et entraîné en France, et il
nous a fait entrer sans problème.
À la mi-temps, nouveau coup de
chance : Tina Turner tournait un clip
et elle a accepté aussi de nous parler. On se disait : « C’est pas possible
que ça se goupille aussi bien ! » C’est
ce que je retiens de Stade 2 : une
émission qui a la « baraka » et qui est
capable de prouesses techniques,
d’improvisations, de changements
de programme, de réactivité… On
peut le faire, car on traite le direct
tout le temps, en permanence.
Si vous ne deviez retenir qu’un
invité ou une interview…
Celle de Laurent Fignon, notre
consultant cyclisme, quand il est
venu parler de sa maladie sur le plateau. C’était une interview assez
lourde sur le plan émotionnel. Il
était très direct. Il n’attendait pas
d’apitoiement ou de compassion
de la part de qui que ce soit.
Il m’était déjà arrivé de devoir gérer
des choses comme cela à l’occasion du décès de Jean Mamère.
Ça fait déjà plus de vingt ans qu’il
n’est plus avec nous. Il était très
jeune (44 ans) et c’était la veille
d’un Stade 2 que je présentais. À tel
point que quand on a fait les sujets
sur lui, sur les bons moments
qu’on avait vécus ensemble, j’ai
demandé à toute l’équipe de venir
voir les images avant pour ne pas
avoir trop d’émotion sur le plateau.
Il était vraiment l’ami de tout le
monde. Il fallait quand même faire
l’émission et être capable de gérer
ses émotions.
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C
E
N
I
L
É
En quarante ans, elle est la seule femme à avoir pris les rênes de Stade 2.
Ancienne judoka de haut niveau (vice-championne du monde en 1986),
Céline Géraud intègre le service des sports de France Télévisions en 1993.
Après avoir participé à la couverture de plusieurs grands événements, elle
succède à Lionel Chamoulaud à la présentation de Stade 2 en janvier 2013.
40 ans. C’est un anniversaire rare
pour une émission de télévision…
C’est la preuve qu’elle a su évoluer.
Elle a connu plusieurs retouches
mais pas de révolution. Elle n’a
pas perdu son âme, celle insufflée par Robert Chapatte et son
équipe. C’est un véritable exploit
aujourd’hui, quand on voit toutes
ces émissions qui cherchent à
suivre la mode ou à changer de
formule en permanence. Stade 2
a traversé les époques en gardant
« la table » c’est-à-dire les chroniqueurs. Nous sommes passés
dans l’ère de l’instantanéité, de
l’hyperinformation et des réseaux
sociaux, mais on a su garder notre
signature. Stade 2 reste, et j’en
suis très fière, le seul magazine
hebdomadaire omnisports du PAF
et conserve ce côté « vintage »
sympa tout en accompagnant le
virage numérique et digital.
Que représente Stade 2 pour
vous ? En tant que téléspectatrice,
c’est l’émission qui a bercé mon
enfance, avec laquelle j’ai grandi.
C’était le rendez-vous incontournable de tous mes dimanches
d’enfant, je me dépêchais de finir
mes devoirs pour être à 18 h 30
devant le poste. Plus tard, quand
on m’a proposé de présenter
l’émission, ç’a été à la fois un honneur et un challenge permanent.
On ressent le poids de l’héritage
et la mission de perpétuer « l’esprit
Stade 2 » chaque semaine, avec
de l’engagement, de l’exigence et
beaucoup d’énergie. C’est aussi
un travail d’équipe que je suis
fière de pouvoir incarner tous les
dimanches.
Quelle séquence forte en émotion retenez-vous ?
Les adieux en direct de Roger
Couderc, l’un des 4 Fantastiques
(avec Robert Chapatte, Daniel
Cazal et Thierry Roland), lors du
match France-Pays de Galles du
Tournoi des V Nations, en mars
1983. Le départ de « la » voix du
rugby a marqué la fin d’une
époque, d’autant que ça coïncidait
« Stade 2 a traversé les époques en gardant “ la table ”, c’est-à-dire les chroniqueurs. »
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Si j’étais...
Un sport ?
Le judo
C’est mon sport de prédilection. Je continue de le pratiquer.
J’ai passé mon 6e dan l’année dernière. Ce sport m’est toujours
aussi utile, notamment au bureau, avec mes collègues.
Un podium ?
Le skicross olympique
C’était aux JO de Sotchi. À la fin de la course, les Français ont
décroché les trois premières places. Depuis, tout le monde les
appelle les triplés.
Un exploit ?
Une course folle
La finale du 4 x 400 m féminin aux championnats d’Europe
d’athlétisme à Zurich en 2014. La France est quatrième, loin
derrière la Russie, l’Ukraine et la Grande-Bretagne. Mais, dans
un dernier relais incroyable, les Bleues font leur retard et
arrachent la première place.
Un présentateur sportif ?
Robert Chapatte J’ai commencé à regarder Stade 2 en 1975. J’avais 7 ou 8 ans.
Pour moi, c’était hallucinant de voir Robert Chapatte et son
équipe annoncer autant de résultats de sport. Il reste le maître
incontesté. Le véritable gardien du temple, c’est lui.
29
« C’est ça aussi Stade 2, c’est Jonah Lomu,
la légende, et Amane Draméra, l’anonyme, c’est
tous les sports et tous les sportifs. »
avec le moment où je m’apprêtais
à entrer en sport-études.
Et depuis que vous êtes passée à
la présentation ?
L’interview de Jonah Lomu en
octobre 2013. Le légendaire ailier
des All Blacks était venu sur le plateau alors qu’il était très malade
et souvent en dialyse. Il avait vraiment l’air fatigué mais, quand le
générique est parti, la lumière dans
son regard s’est allumée et il a été
hyper pro. Nous avons senti après
coup que ça lui avait demandé
un gros effort. Ce dimanche-là,
nous recevions également François
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Cluzet, pour son film En solitaire sur
le Vendée Globe, et ils avaient été
très complices. Au-delà de l’interview, l’échange inattendu survenu
entre le rugbyman et l’acteur était
très fort.
Je me souviens aussi des retrouvailles entre Laure Manaudou et
Philippe Lucas, le 12 octobre 2014.
Ils ne s’étaient pas réellement
revus depuis leur brouille, même
s’ils avaient quelque peu correspondu. C’était émouvant parce
qu’il était content de la revoir et
elle, de son côté, était comme une
petite fille avec son père. On sentait un peu de pudeur entre eux,
au milieu des remarques taquines.
Nous nous étions arrangés pour
qu’ils ne se voient pas avant d’être
sur le plateau, on avait vraiment
créé l’événement.
Nous avons aussi vécu un moment
très fort à l’occasion d’un reportage
de Fabien Lévêque sur le calvaire
des footballeurs africains, à qui certains agents promettent monts
et merveilles, mais qui finissent
SDF. Amane Draméra, un jeune
footballeur malien que l’on voyait
dans le sujet, était sur le plateau ;
quand je reprends la parole après
le reportage pour lui demander
où il en est actuellement, il s’effondre complètement ! Le fait de
se revoir, de revivre son échec et
celui d’autres jeunes lui revient en
boomerang ! C’était très dur, mais
l’histoire a connu un dénouement
heureux. Thierry Braillard, le secrétaire d’État chargé des Sports, se
trouvait aussi sur le plateau et… je
l’ai appris il y a très peu de temps,
lui a trouvé un travail dans le bâtiment ainsi qu’une place dans un
club amateur de la banlieue lyonnaise. C’est ça aussi Stade 2, c’est
Jonah Lomu, la légende, et Amane
Draméra, l’anonyme, c’est tous les
sports et tous les sportifs.
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AUTOUR DES 40 ANS
LES PROGRAMMES
STADE 2, 40 ANS D’ÉMOTIONS
LES PROGRAMMES COURTS
Les samedis et dimanches à 20 h 40
du 7 novembre au 27 décembre 2015 sur France 2
16 programmes courts évoqueront, à l’occasion des 40 ans de Stade 2, les
moments marquants de l’émission, de 1975 à nos jours, grâce à des images
d’archives et de beaux témoignages.
STADE 2, 40 ANS D’ÉMOTIONS
L’ÉMISSION SPÉCIALE
Dimanche 27 décembre 2015 à partir de 17 h 25 sur France 2
À l’occasion de cet anniversaire, Céline Géraud reviendra sur 40 ans de
sport et d’émotions en compagnie de quatre des plus grands champions
des années Stade 2. Bernard Hinault, Didier Deschamps, Roger Federer
et Teddy Riner évoqueront chacun leurs souvenirs de carrière et leurs
impressions sur les grands moments qui ont marqué leur décennie de succès.
Images d’archives à l’appui, Céline Géraud fera revivre aux téléspectateurs
les séquences mémorables qui ont fait la légende de Stade 2 depuis son
lancement, le 28 décembre 1975.
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SPÉCIALE 40 ANS
DE STADE 2
VIVEMENT
DIMANCHE
PROCHAIN
Sur son célèbre canapé rouge,
Michel Drucker recevra
plusieurs des journalistes
emblématiques de Stade 2, dont
notamment François Brabant,
Lionel Chamoulaud, Céline
Géraud, Gérard Holtz, Laurent
Luyat, Jean-Paul Ollivier,
Christian Prudhomme, qui
seront accompagnés d’invités
exceptionnels comme Pierre
Albaladejo, Philippe Candeloro,
Nicolas Canteloup, Christian
Constant, Tony Estanguet,
Luis Fernandez, Jean
Gachassin, Marie-José Pérec
et Bernard Pivot.
(Sous réserve de modification)
LIVRE
Dimanche 8 novembre 2015
à partir de 18 h 30 sur France 2
STADE 2,
40 ANS
D’ÉMOTIONS
Écrit par Lionel Chamoulaud
avec Bruno Godard
(éditions Solar)
Stade 2, le rendez-vous de
tous les passionnés de sport,
fête ses 40 ans ! Structuré par
grandes périodes correspondant
aux différents présentateurs
de l’émission, ce bel ouvrage,
magnifique album souvenir
concocté par Lionel Chamoulaud,
retrace à la fois 40 années
d’émission racontées de l’intérieur
et aussi 40 ans de sport. Toutes
les figures mythiques de Stade 2
(Robert Chapatte, Gérard Holtz,
Daniel Cazal, Pierre Fulla, entre
autres) se mêlent aux grands
sportifs français et internationaux
invités en plateau et qui ont
fait l’actualité sportive de ces
40 dernières années.
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CONTACTS PRESSE
Jennifer Armand
01 56 22 22 90
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