Visite de Poincaré (1913) - de la carte postale ancienne

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Visite de Poincaré (1913) - de la carte postale ancienne
Visite de Poincaré (1913)
L
a visite du Président Poincaré en Limousin fut
l’œuvre de la Fédération des Syndicats d'Initiative
de la région. L'idée d'une Journée Hôtelière et
Touristique, que l'on doit à MM. Debay, Directeur du
S.I. de Limoges et Charles Lamy, Président de la
Chambre de Commerce, fut appréciée de M. Forest,
Président du Club des Cent. A l'issue d'un voyage en
Limousin où il fut frappé par la beauté et la variété des
sites, Forest s'en ouvrit à Henry de Jouvenel, rédacteur
en chef du Matin. Une commission permanente fut
créée, chargée de pressentir le Président de la
République, Raymond Poincaré, afin qu'il vienne
inaugurer une saison d'automne en Limousin, Marche,
Quercy et Périgord... La tâche n'était point impossible
puisque le rêve de certains limougeauds se réalisa. On
notera que Léon Betoulle, maire et socialiste, refusa de
le recevoir à l’Hôtel de ville.
Les concours furent, on s'en doute, fort nombreux, de
l'École des Barbichets à l'Automobile-Club limousin (le
cortège présidentiel ne comptait pas moins de 52 véhicules!), pour que la fête soit une
réussite. Partout, l'accueil fut triomphal, au sens propre du terme, puisque M. Poincaré dut
passer sous les nombreux arcs de verdure jalonnant sa route. Pas un village, pas un hameau
traversé, qui n'ait revêtu ses habits de fête. Partout, dans les villes ou les bourgs, les cloches
sonnaient à toute volée. La population entière faisait cortège, offrant des bouquets au
Président et les arrêts succédaient aux arrêts : Aixe (bouquets), Saint-Victurnien (deux arcs de
triomphe, bouquets, barbichets), Saint-Junien (bouquets, vin d'honneur, cadeaux dont une
toile de Teilliet), Oradour (bouquets, vivats), Verneuil (fleurs, acclamations, estrade pour un
discours), Limoges (autant d'arrêts dans la traversée que dans le reste du département), SaintLéonard (pavoisement, bouquets, vin d'honneur, discours, massepains et pruneaux : « On en
mangeait encore à Bergerac », note un témoin), Châteauneuf (bouquets, discours, etc.),
Eymoutiers (vin d'honneur, brioches, sandwichs, champagne, etc.), Peyrat (fleurs, vivats,
etc.)... Tout cela entre huit heures et midi. On imagine aisément la suite, l'après-midi, de
Bourganeuf à La Courtine, après le déjeuner servi à Guéret. La scène se reproduisit le
lendemain, en Corrèze, puis dans le Quercy et le Périgord. Pendant ce temps, à Limoges, on
avait organisé le banquet de la Presse, à l'Hôtel de la Paix, et une soirée de gala, à la
Préfecture. Le 9, le banquet des Maires (1622 couverts au manège de Cavalerie!) vit paraître
un couple présidentiel souriant, plus soucieux de remercier ses hôtes de leur invitation que de
triompher d'interminables acclamations.
Comme l'on dirait aujourd’hui : le Limousin avait réussi là un joli « coup » publicitaire!