Dagoba, l`un des fers de lance de notre scène
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Dagoba, l`un des fers de lance de notre scène
Dagoba, l’un des fers de lance de notre scène nationale, pourtant chahuté sur notre site, s’apprête à sortir son nouvel et 5eme album. Bras Cassé en a profité pour rencontrer le très sympathique Werther, bassiste du combo marseillais, et discuter de l’actualité du groupe. Pourquoi n’êtes-vous plus chez XIII Bis Records? On avait un album en option avec eux, mais XIII Bis Records a malheureusement déposé le bilan, ils sont en liquidation judiciaire. Avec quels labels êtes-vous actuellement en contact ? Nous sommes en négociation avec 4 labels mais je ne peux pas te donner les noms, car rien n'est signé pour le moment. Nous devrions opter pour un label qui a une énorme force de distribution et nous laisse les mains libres, ce qui est le plus important pour nous aujourd'hui. Parlons du petit nouveau à paraitre prochainement, Que signifie "Post Mortem Nihil Est" ? On peut le comprendre par : « Il n'y a rien après la mort». Il n'y a plus de vie et comment renaitre de ses cendres ? On a choisi ce titre car ce nouvel album est résolument plus Metal que les précédents. A quoi pouvons-nous nous attendre musicalement et quelle est sa thématique ? La thématique est violente, presque nihiliste, puisque nous avons des sonorités plus brutales, du chant guttural, des tempi plus rapides que par le passé. Cet opus sera moins indus que Dagoba et What hell is about, mais tout de même plus orienté vers ces albums que vers nos 2 précédentes réalisations. Il y a toujours beaucoup d'orchestrations et de chant clair aussi. L'album est homogène, on mise énormément sur la guitare, offrant un mix plus Metal que d'habitude. Ca bastonne plus qu'avant, et tout pour te dire, le poignet droit a beaucoup chauffé et le clic était élevé. Quelle est sa date de sortie ? n espère mai/juin, mais honnêtement, ça dépendra de la rapidité du label. Tout est déjà enregistré, on part à Los Angeles fin février pour le mixage et le mastering avec Logan Mader. On revient le 20 mars avec tout dans la boite. On a toujours tout peaufiné dans les moindres détails, donc on ne va rien précipiter et être pro jusqu'au bout. Pourquoi avoir choisi Seth Siro Anton de Septic Flesh, qui s’occupe de tout ce qui sort en ce moment, pour votre pochette ? Je trouve ses travaux vilains et prévisibles, mais surtout, n’avez-vous pas peur d’être un parmi tant d’autre ? On a beaucoup réfléchis, on voulait quelque chose de diffèrent, de très orienté Metal et cette fois-ci sans paysage, en gros quelque chose de moins figé et de plus agressif. Franck a proposé l'idée de travailler avec Seth, et celui-ci a tout de suite accepté nous révélant qu'il adore le groupe. Pour répondre à ta question, est ce que sa pochette va nous faire tomber dans le banal ? Non, ce qu'il a fait correspond tout à fait à ce que nous recherchions, quelque chose de brutal, radical et très Metal. On aurait pu demander à Felix Laflamme, Metastazis ou même d'autres qu'on avait en tête, mais finalement Seth nous a proposé une œuvre qui répond complètement à nos attentes. Pourquoi avoir choisi Logan Mader ? Certes, c’est un grand nom, mais pas forcément un gage de qualité. Il offre des sonorités très (trop) américaines. N’allez-vous pas perdre votre son, comme Gojira l’a fait à la sortie de The Way of All Flesh ? On souhaite aussi conquérir le marché américain quelque part, donc on voulait avoir un son avec une grosse artillerie et qui réponde aux attentes de ce marché. Je comprends ton scepticisme, car on peut en effet s'attendre à quelque chose de stéréotypé, mais vu le cv du bonhomme, qui a déjà fait ses preuves, le choix s'imposait de lui-même. Notre nouvel album n'aurait pas pu être mixé par un scandinave comme Tue Madsen l'avait fait auparavant. On voulait quelque chose qui bastonne. Et mieux vaut avoir les meilleurs cartouches dans son style de prédilection. Pour ça, il fallait vraiment entendre plus les guitares, puisque cette fois ci il y aura quelque soli. Concernant la batterie, il est difficile de restreindre Franck, avec tout le talent qu'il a, et surtout c'est une des marques de fabrique de Dagoba. Donc on voulait quelqu'un qui sache nous offrir un gros son de batterie et de guitare. Logan Mader est très pro pour ça et c'est ce que l'on recherche. On est très appliqué, minutieux, on fait très attention à tout. On n'est pas un groupe de pro-tools, avec une batterie ultra triggée, on est un vrai groupe de rock qui balance et qui a des orchestrations. Logan nous a demandé de jouer pour de vrai, de montrer ce que l'on a dans le ventre, et il va en retirer le meilleur. Pourquoi partir à Los Angeles au Darth Mader Studio pour faire mixer et masteriser votre prochain album ? Les studios français ne sont-ils pas de qualité ? Les studios français sont de grande qualité. Mais il y a peu de personne en France qui sachent offrir le son que l'on voulait. Et puis, on avait envie de nouveauté. Dagoba ne met pas beaucoup en avant la basse dans le mix, ce qui était flagrant sur les 2 dernières galettes. Pourquoi ? Je sais, tu as complètement raison. J'aimerais qu'il y en ait plus, c'est évident, mais jamais je ne râlerai à ce sujet. C'est vrai qu'aujourd'hui les groupes reviennent à plus de basse dans le mix, comme Mastodon l'a fait par exemple avec The Hunter, ça fait plaisir aux amoureux de cet instrument, mais ça ne correspond pas à tous les groupes. Notre manière de composer est assez old school avec couplet/refrain, et la basse n'est alors pas l'élément vital d'un titre. Notre groupe veut un son propre et les résidus de basse plaisent à certains mais moins à Dagoba. Combien Dagoba a-t-il vendu d’albums depuis le premier album ? Aux alentours de 45 000 albums. Cela met-il une pression dans le processus de création de savoir que des milliers de fans attendent un nouvel album ? Votre page facebook est submergée de fans hystériques. Aucune. On le fait pour le plaisir et c'est clairement le groupe qui se met la pression tout seul. La vraie peur est de savoir si les titres vont marcher en live, car nous sommes vraiment un groupe de scène et on aime voir le public sortir du concert avec la banane. Est-ce qu’Izakar te manque ? Pourquoi est-il parti ? Bien sûr ! On est amis depuis le collège, c'est évident qu'il me manque. Et c'est surtout très triste qu'il ait fait ce choix, même si je le respecte. Il y a avait des dissensions au sein du groupe, il avait besoin de tourner la page et est parti. Mais c'est évident que ça m'a fait très mal. Comment se passe la collaboration avec Yves ? Ou l’avez-vous trouvé ? Yves jouait dans un groupe local qui s'appelle Caedes et faisait de la fusion. La scène marseillaise est restreinte, et il est très pote avec Shawter, donc le choix fut évident. On a tout fait pour l'intégrer du mieux possible, et ça se passe bien. Il a endorsé le groupe avec sa marque Diamond Dust depuis quelque temps, donc on le connaissait bien. Certains labels se sont d'ailleurs rétractés dans les négociations voyant que le groupe n'avait pas un line-up stable, mais pour les concerts, aucun souci majeur puisque c'était dans une période creuse, et Yves a vite pris le train en marche. Dagoba qui vit de sa musique, ça doit énerver, non ? Ça énerve énormément. Surtout qu'on est soutenu par personne, surtout pas par les medias. On a 300 000 vues de nos clips sur youtube, on a été dans le top 50 français pour notre précèdent album, mais la presse papier, audiovisuelle et même les radios ne nous mettent pas en avant. On se débrouille seul, mais on arrive à s'exporter, vendre des albums, faire de belles tournées, être en couverture de magazines, et c'est clair que cela crée de la jalousie. Je vous ai vu 4 fois en concert, dont le Hellfest devant 8000/10000 personnes mais aussi dans ce pub à Toronto devant 20 personnes. Ce qui me marque est que vous avez la même hargne, le même désir/plaisir et professionnalisme quelle que soit l’affluence ! Vous tournez énormément, qu’est-ce qui vous maintient motivé ? Avezvous la même niaque qu’á vos débuts? On a toujours la niaque parce qu'on y croit, parque notre musique est notre vie, parce qu'on est des passionnés. T'abandonnes pas tout, tes études, ta vie sociale si tu ne crois pas en toi et que tu n'es pas fou de la musique que tu fais. Et puis le fameux concert à Toronto devant 20 personnes, si tu n'as pas les couilles de monter sur scène pour tout donner, sachant que personne ne te connait et ne t'attend, personne ne le fera pour toi. On a mis nos tripes dans ce show, autant que dans n'importe quel autre concert, on avait faim, et le jour où on n'aura plus faim, on arrêtera, tout simplement. Et puis lors de nos tournées, il y a un public devant nous qui paye sa place et se déplace. Rien que pour eux, on se doit d'être toujours à fond. On veut faire plaisir et que les gens repartent du show avec le sourire. Et je suis sûr que tu as déjà assisté à des concerts où les musiciens se faisaient chier, baillaient, et là, ça fait foutage de gueule. Ces morceaux, ce sont nos bébés, on les a composé, on les a en nous, c'est excitant de les jouer live. Et pour nous, un artiste, c'est d'abord du live. On vit notre concert comme si c'était le dernier. Dagoba a tourné avec les plus grands. Quel est le groupe dont vous êtes le plus fier et celui qui manque à votre tableau de chasse pour totalement vous comblez ? Ouvrir pour Metallica à Bilbao devant 70 000 personnes, c'était inimaginable, le rêve d'une vie, clairement un honneur. On n'en a pas dormi 3 jours avant…et aussi 3 jours après. Qui manque à notre tableau de chasse ? Slayer, voire GNR. On sera d'ailleurs au Sonisphère avec Slayer cet été. Mais un fest, ce n'est pas pareil. A titre personnel, mon rêve serait d'ouvrir pour Nine Inch Nails. Reznor est tellement libre, fou, talentueux, anticonformiste…et j'en passe. Quel est ton album de Dagoba préféré ? Pourquoi ? Le premier, tout simplement car c'est notre première sortie. Quel sont tes albums Metal de 2012 ? Français et internationaux ? Le dernier Mastodon a été tellement incroyable que je l'ai écouté encore toute l'année 2012. Sinon Meshu ou The Mars Volta. En français, j'ai bien aimé Mass Hysteria avec un bon son, ils sont revenus à quelque chose de plus Metal. Par contre, déçu par Lamb of God, Soundgarden et Testament. Daboga et VS ont un point commun, le fait de se faire souvent chahuter, insulter, jalouser, ce qui est souvent le cas de ceux qui sont tout en haut. Qu’est-ce que ça te fait de lire des commentaires de mecs qui défoncent Dagoba quelque que soit l’info et souvent juste pour le plaisir? Ça fait 13 ans que Dagoba se prend des parpaings dans la gueule tu sais, et on vit avec. Tous les groupes qui ont du succès se font un jour ou l'autre matraquer, et c'est surtout le cas car on est en France. Dagoba est clairement une des cibles préférées, un vrai défouloir qui réunit toutes les frustrations. Et le metalleux n'aime pas qu'un groupe ait du succès. Mais c'est vrai qu'on canalise les rancœurs du Metal français. On est un des premiers groupes à avoir eu du succès, et en France, ça ne passe pas ce genre de choses. Mais les gens nous critiquent lorsqu'ils sont derrière un ordinateur, en face à face, nous n'avons que des messages de soutien. Et surtout je pense qu'une grande partie n'a jamais écouté une seule note ou n'est jamais venu nous voir en concert. Il y a des parti pris, et on vit avec. Mais on est des passionnés de Metal. Je vais d'ailleurs tous les jours sur VS. Mon cher Werther, on s’est connu avant que Dagoba n’existe. A cette époque, tu portais des baggys et écoutais System of a Down. Quel regard as-tu sur les 15 années passées ? Es-tu fier d’être un des fers de lance du Metal français ? Je me rappelle de ces vertes années où on trainait et écoutait déjà du Metal, pas forcément les mêmes groupes qu'aujourd'hui mais la passion était déjà là. Finalement, nous sommes restés fidèles à notre musique chérie. Fer de lance ? Je ne sais pas, mais nous sommes de gros bosseurs, donc très fier d'être allé au bout de mes idées, de m'être toujours donné à fond, et d'être là où nous en sommes aujourd'hui.