Depuis une trentaine d`années, il est de plus en plus
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Depuis une trentaine d`années, il est de plus en plus
Depuis une trentaine d’années, il est de plus en plus question de la résilience dans les écrits portant sur l’expérience des individus faisant face à l’adversité. Toutefois, malgré l’intérêt grandissant porté à ce concept, il apparaît encore aujourd’hui qu’il n’existe pas de consensus sur sa définition. Pour aider à mieux comprendre en quoi consiste la résilience, les origines du concept seront décrites. Par la suite, nous différencierons ce concept d’autres qui lui sont apparentés. Enfin, nous tenterons de définir en quoi consiste la résilience et quelles peuvent être les conséquences de ce processus. À l’origine, le concept de résilience était uniquement associé à la physique et à l’ingénierie. En effet, il s’agissait de l’aptitude d’un corps à résister à un choc et à retrouver sa forme initiale suite à une compression, une torsion ou une élongation (Anaut, 2003). D’un point de vue étymologique, le terme résilience est composé du préfixe « re » qui signifie mouvement en arrière et « salire » qui fait référence à bondir (Anaut, 2003; Poilpot, 2003). Dans le domaine des sciences sociales, les premières à avoir traité de ce concept sont les psychologues américaines Emmy Werner et Ruth Smith dans les années 1980. Elles sont les auteurs d’une étude longitudinale menée auprès de 643 enfants nés en 1954 sur l’île de Kauai à Hawaï. Cette étude, qui est toujours en cours, porte sur la résilience individuelle des jeunes tout au long de leur existence. Selon les résultats de cette étude, l’environnement familial et communautaire aurait un impact sur la résilience des enfants tout comme certaines caractéristiques personnelles tels le sentiment de cohérence et le contrôle interne (Werner & Smith, 1982; Werner, & Smith, 2001). Par la suite, le concept de résilience a évolué selon différentes vagues. Les premiers auteurs ont davantage tenté de définir les caractéristiques spécifiques de l’individu résilient (Luthar, Cicchetti, & Becker, 2000). D’autres se sont davantage intéressés au processus par lequel l’individu parvient à acquérir les qualités associées à la résilience (Anaut, 2005). Il existe également des différences dans la conception de la résilience selon le paradigme dans lequel les chercheurs se situent. Ainsi, en psychologie développementale, la résilience est un processus dynamique et modulable et n’est jamais acquise définitivement (Anaut, 2003). Les études sur le stress familial ont également influencé le développement du concept de résilience en précisant que la personne, la famille ou la communauté ne peuvent devenir résilientes que si elles ont été soumises à un risque (Gilgan, 1999). En quoi la résilience se distingue-t-elle d’autres concepts comme le coping, l’invulnérabilité, les facteurs de protection, le sens de cohérence, l’empowerment et l’adaptation/transformation ? Le coping. Le coping précède le concept de résilience et a été largement développé, entre autres, par Lazarus et Folkman (1984). Tout comme le coping, la résilience fait référence à un processus d’adaptation à une situation de risque pour l’individu ou la famille. Toutefois, la notion de croissance et de rebondissement distingue la résilience du coping. (Anaut, 2003). De plus, la notion de coping fait davantage référence à une résistance, à une réponse immédiate, alors que la résilience, au contraire, implique un effet durable qui fait avancer le projet de vie (Tomkiewicz, 2003). L’invulnérabilité. L’invulnérabilité fait référence à une caractéristique intrinsèque et stable qui permet à l’individu ou à la famille d’éviter d’être blessé. De plus, l’invulnérabilité, tout comme le coping, provoque une résistance, donc une réponse immédiate. En revanche, la résilience implique un aspect dynamique (Dyer, Minton McGuinness, 1996). De plus, pour qu’il y ait résilience, il doit y avoir présence de contraintes mais aussi de vulnérabilité de l’individu. Celui-ci, en présence de ces contraintes, travaille à s’y adapter et à croître à travers elles (Joubert, 2003). Ainsi, l’invulnérabilité n’est pas synonyme de résilience puisque, pour que cette dernière se développe, l’individu ou la famille doit, en quelque sorte, être vulnérable à l’obstacle rencontré. Les facteurs de protection. Une certaine ressemblance peut apparaître entre la résilience considérée comme la manifestation directe d’un ensemble de traits de personnalité et le concept de facteurs de protection. Toutefois, les facteurs de protection sont présents chez l’individu et agissent de façon constante alors que la résilience ne s’active que lorsque les problèmes surgissent (McCubbin, 2001). En même temps, si l’on envisage la résilience comme un processus se développant à travers le temps, les facteurs de protection font partie des caractéristiques de la personne résiliente. (Gilgan, 1999). Ainsi, les facteurs de protection, sont des éléments à considérer parmi les facteurs contributifs à la résilience mais ne sont pas les seuls à mobiliser les impulsions de résilience. Le sens de cohérence. Le sens de cohérence incite une personne ou sa famille à envisager l’existence comme étant structurée, prédictible et explicable tout en percevant les ressources comme étant disponibles et les demandes comme des défis à relever (Greef, Van der Merwe, 2004). D’un point de vue strictement familial, pour Patterson et Grawick (1998), le sens de cohérence devient une habileté familiale à mettre de l’équilibre entre le contrôle et la confiance. Il est certain que le sens de cohérence est lié à la résilience. En effet, selon Greef, & Van der Merwe, 2004, plus le sens de cohérence est élevé, plus l’adaptation en est facilitée. En revanche, la plupart des auteurs traitant de résilience considère le sens de cohérence comme une conséquence de la résilience. En effet, une fois le processus de résilience traversé, l’individu ou la famille augmente son sens de cohérence (Greef, Van der Merwe, 2004). D’autres recherches sont donc nécessaires afin d’approfondir les liens possibles entre ces deux concepts. L’empowerment. L’empowerment renvoie à l’acquisition, par l’individu, la famille ou la communauté, du sentiment de compétence et de confiance en leurs ressources (Bouchard et al, 1996, 1998). Dans cette perspective, l’empowerment est un concept pouvant faciliter le processus de résilience. En effet, plus l’individu, la famille ou la communauté reconnaissent leur compétence et ont confiance en leurs moyens, plus ils sont susceptibles d’être proactifs dans la recherche de solutions à leurs difficultés et d’avoir une vision positive de l’avenir. De plus, comme l’empowerment se développe au sein d’une relation de partenariat entre intervenants et personnes, il est primordial de favoriser cette approche auprès des individus qui font face à l’adversité. Adaptation/transformation. Dans le cadre du PRIFAM, la résilience est définie comme la capacité de chacun des membres de la famille à se prendre en charge, à être proactif et à s’engager dans le processus de transformation individuelle et familiale pour faire face à la situation de stress, lui donner un sens constructif et permettre à chacun de trouver un nouvel équilibre pour lui-même afin de participer au renouvellement du bien-être familial. La résilience représente à la fois le moteur et le préalable de la phase de transformation. La transformation consiste en « la capacité de la famille à se sentir compétente et confiante à utiliser de façon proactive ses ressources et ses savoir-faire dans la gestion de sa vie quotidienne, à s'autodéterminer et à actualiser ses nouveaux objectifs de vie ».( Pelchat, D. & Lefebvre, H., 2002, p. 11). Le concept d’adaptation/transformation fait référence à la transformation que vit la famille suite à son adaptation à la situation. Cette étape fait également référence à la capacité de la famille à se fixer de nouveaux défis et à développer une nouvelle vision de la situation. Ainsi dans une certaine mesure l’adaptation/transformation peut être une forme de processus de résilience. En quoi consiste la résilience intra- ou interindividuelle ? La résilience peut être intra- ou interindividuelle. Lorsqu'elle est intra-individuelle, les auteurs font référence à la résilience propre à l’individu. La résilience interindividuelle, elle, fait référence à la résilience familiale ou communautaire. Même si ces deux formes de résilience sont distinctes, il n’en demeure pas moins qu’elles sont interdépendantes et complémentaires (Anaut, 2003, 2005; Hawley, 2000). Malgré le manque de consensus entre les auteurs sur la définition de la résilience, certains points sont communs tels les facteurs déclenchants, les caractéristiques essentielles et les résultats du processus de résilience. En effet, l’élément de base pour qu’il y ait résilience est la présence d’un événement de vie perçu, par l’individu ou la famille, comme un défi nécessitant une mobilisation d’énergie (Anaut, 2003, 2005; McCubbin, McCubbin, Thompson, Han & Allen, 1997). Ainsi, dans le cadre de l’intervention en réadaptation, le traumatisme est une situation de défi auquel l’individu ou la famille sont confrontés et qui pourrait les amener à développer leur résilience. Actuellement, les auteurs font mention de plusieurs caractéristiques essentielles à la résilience intra-et interindividuelle. En ce qui concerne la première, les caractéristiques sont : • la souplesse dans le choix des stratégies de réponse (Anaut, 2003); • le sentiment d’un contrôle interne qui amène l’individu à croire qu’il a du contrôle sur une situation (Joubert, & Raeburn, 1998); • l’ouverture vers le futur qui permet à l’individu de demeurer déterminé et de s’engager dans le processus de résilience car il a un espoir positif et réaliste quant à ce que lui réserve l’avenir; • les attitudes prosociales qui font référence à l’importance, pour l’individu, d’avoir des attitudes prosociales et des aptitudes relationnelles, lui permettant d’établir des contacts avec les autres. D’ailleurs Cyrulnik (2003) met en évidence l’importance des tuteurs de résilience pour arriver à développer sa propre résilience; • la capacité de donner un sens à une expérience. Certains auteurs rapportent même que le degré de résilience des individus varie en fonction du sens qu’ils accordent aux événements de la vie (Joubert, 2003). En ce qui concerne la résilience interindividuelle, elle comporte les caractéristiques énumérées ci-dessus plus celles qui suivent : • les attitudes prosociales qui, dans ce contexte, font référence à la clarté de la communication au sein du groupe. De plus, la présence d’attitudes prosociales permet au groupe de résoudre les problèmes de façon collaborative (McCubbin, & al., 1997; Walsh, 1998). Par ailleurs, tout comme dans la résilience individuelle, les attitudes prosociales permettent également au groupe d’avoir recours à des ressources et à du soutien social venant de l’extérieur; • les interrelations entre les membres de la famille ou de la communauté caractérisées par le maintien de frontières souples et perméables ainsi qu’un leadership partagé, permettent le développement de la résilience interindividuelle (Walsh, 1998). De plus, selon certains auteurs, la cohésion entre les membres du groupe est essentielle pour qu’il y ait résilience interindividuelle. La majorité des auteurs rapporte que pour qu’il y ait résilience, il doit y avoir présence de conséquences positives inattendues (Dyer & Minton McGuiness, 1996; Glantz & Sloboda, 1999; Luthar & al., 2000). Pour certains, les conséquences positives font référence uniquement au maintien d’un processus normal de développement malgré les conditions difficiles (Anaut, 2003). Par contre, pour la plupart des auteurs, la notion de rebondissement face à l’adversité est une des conséquences caractéristiques de la résilience (Hawley, 2000; Joubert & Raeburn, 1998; Poilpot, 2003). Ainsi, pour qu’il y ait résilience, il doit y avoir croissance de l’individu ou de la famille suite à l’ajustement face à la situation de vie. En effet, après qu’il y ait eu résilience, il est possible de remarquer une augmentation des ressources personnelles, une amélioration des habiletés de résolution de problèmes et de recherche d’aide ainsi qu’un plus grand sentiment de contrôle (Kulig, 2000). De plus, comme nous l’avons mentionné précédemment, la résilience peut entraîner une augmentation du sens de cohérence chez l’individu ou la famille (Greef & Van der Mewer, 2004). Ainsi, il est possible de constater que la résilience, autant intraqu’interindividuelle permet un ajustement à la situation mais aussi un rebondissement qui se perçoit à travers la croissance et l’apprentissage positif. Ce résumé sommaire montre que la résilience intra- ou interindividuelle permet un ajustement à une situation traumatique mais aussi un rebondissement qui s’accompagne d’une croissance et d’un apprentissage positif. Toutefois, il reste à déterminer de façon plus spécifique de quelle façon les intervenants et les structures organisationnelles du domaine de l’adaptation/réadaptation peuvent favoriser le processus de résilience chez les personnes vivant avec des incapacités. Références Anaut, M. (2003). La résilience: Surmonter les traumatismes. Saint-Germain-du-Puy : Nathan. Anaut, M. (2005). Le concept de résilience et ses applications cliniques. Recherche en Soins Infirmiers, 82, 4-11 Cyrulnik, B. (2003). Le tissage de la résilience au cours des relations précoces. 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