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SOMMAIRE 4 NEWS Sous-marins Un nouveau système de survie 6 DOSSIER Les abysses dernier continent vierge pour les scientifiques 10 INTERVIEW NADINE LE BRIS « La Comex nous facilite l’accès aux environnements extrêmes des grandes profondeurs » 12 voyage 14 NEWS Environnement Monaco climatise à l’eau de mer Directeur de la publication : Michèle Fructus Rédacteur en chef : Frédéric Gauch Rédacteur : Jean Madeleine Photographies : Comex SA, Alexis Rosenfeld – [email protected], Marc Delauze, ZED Production, Rémi Bénali et Teddy Seguin - National Geographic / Page voyage : C. Fassanaro, A. Barroil, G. Martin-Raget Ce magazine a été conçu et réalisé par MAYA press www.mayapress.net - Tél. : 0811 651 605 ÉDITO A 2013 année Capitale croire les experts ès-prévisions, l’année qui commence pourrait être plus difficile encore que les cinq précédentes, pourtant marquées par l’une des plus graves crises économiques et financières que le monde moderne ait jamais connues. Faut-il pour autant se résigner et considérer que le pire est forcément à venir ? Certes non. D’abord parce que l’on peut toujours espérer que lesdits experts se trompent, dans le passé ils n’ont pas toujours eu la palme d’or du pronostic. Ensuite parce qu’un chef d’entreprise se doit, avec force et conviction, d’ériger l’optimisme et la foi en l’avenir en vertus cardinales, car il n’est pas de réussite sans volonté farouche de croire en ce que l’on fait. Marseille, la ville où la Comex a été fondée il y a plus de cinquante ans qui, n’en doutons pas, fera honneur à son label de « Capitale européenne de la Culture » tout au long de cette année 2013, nous ouvre ainsi les portes de la réussite. Car loin d’être un événement d’essence exclusivement culturelle, Michèle Fructus au sens le plus élitiste et Président Directeur Général le plus limitatif du terme, ce grand rassemblement populaire est l’occasion pour la ville de montrer à l’Europe et au monde son inventivité, son audace, son énergie, son talent, sa rigueur, sa joie de vivre… Au-delà de Marseille, c’est même toute la Provence qui doit rayonner une année durant, en célébrant le théâtre, le cinéma, la peinture, la photographie, la sculpture, la danse, le chant, la littérature, la musique, la poésie, la gastronomie, la technologie… bref, tout ce qui a permis à cette région d’occuper le devant de la scène depuis plus de vingt-six siècles et qui lui permet encore de compter au nombre des territoires les plus attractifs du continent européen. C’est parce qu’il était viscéralement attaché à cette terre et tout ce qu’elle offrait en termes de ressources humaines et naturelles qu’Henri Germain Delauze a créé et développé la Comex à Marseille, sans jamais envisager de déménager ailleurs une entreprise qui a pourtant atteint une envergure planétaire à l’apogée de l’exploitation pétrolière off-shore. Disparu il y a presque un an, il avait accueilli le choix de sa ville comme Capitale européenne de la Culture en 2013 avec la fierté légitime ressentie par de nombreux provençaux au moment de l’annonce par le jury. Avec d’autant plus de fierté, d’ailleurs, que cet ambitieux projet fait la part belle à ce qui demeure le trait d’union entre Marseille et le reste du monde : LA MER. Terrain de jeu familier des collaborateurs de la Comex, elle fut et reste la première source de richesse, dans toutes les acceptions du terme, pour une région qui manque parfois de confiance en elle et n’évalue pas toujours avec mesure et pertinence le foisonnement de ses atouts et la valeur de ses talents. De Marseille à Arles en passant par Aix, Avignon, Toulon, Aubagne ou Salon, la Provence a devant elle une année entière pour démontrer que ce titre de Capitale européenne n’est en rien usurpé ; que la créativité de ce territoire et ceux qui y vivent n’a jamais décliné et que la Méditerranée, berceau de la civilisation et de la culture européenne, continue de nourrir l’esprit et le corps d’une région dont le nom seul suffit à évoquer la beauté, la douceur, l’harmonie, la chaleur, la gaieté et le bien-être aux quatre coins du globe. J’y ajouterai aussi l’énergie, la combativité, la générosité et l’imagination, quatre vertus qui ont guidé de très nombreuses entreprises régionales sur les voies du succès, dans le domaine industriel, institutionnel ou culturel. Parce qu’elle a toujours revendiqué ses racines et qu’elle y reste très attachée un demi-siècle après sa création la Comex est heureuse d’appartenir à cet espace qui sera, pour les mois qui viennent, l’objet de toutes les attentions continentales. Vive notre Métropole, vive notre Provence et vive la culture européenne. 3 NEWSNEWSNEWSNEWSNEWSNE Un système novateur pour assurer la survie des sous-mariniers La Comex et Cybernétix viennent de mettre au point un nouveau système destiné à faciliter les opérations de sauvetage en cas d’avarie sur un sous-marin en plongée. Cet ensemble est le deuxième système de ventilation et de décompression sous-marin (VDS) conçu pour les submersibles. Il représente un saut technologique très sensible par rapport au premier VDS en service par la Marine Nationale française et opéré par la CEPHISMER à partir de l’arsenal militaire de Toulon (Var – France), en particulier au niveau du système de pilotage automatisé. Conçu et construit par la Comex et Cybernétix, ce nouvel ensemble a été testé avec succès, dans un premier temps au Centre d’essais hyperbares de la Comex, à Marseille, puis en pleine mer, à partir du Janus II, l’un des navires océanographiques de l’entreprise. A l’issue de ces tests, le système a été livré puis installé à bord de son navire support de la Marine Royale de Malaisie, avant une nouvelle série d’essais à la mer, fin 2012 dans l’océan Indien. Cet ensemble VDS Comex/ Cybernétix est destiné à assurer la survie et le sauvetage des équipages en cas d’accident sur l’un des deux sous-marins de la classe Scorpène construits par DCNS à Cherbourg et livrés à la marine malaisienne. La Comex avait d’ailleurs assuré le suivi des essais à la mer de l’un de ces deux submersibles avant sa livraison, en 2008. Nouvelle campagne de prélèvements dans la fosse de Cassidaigne Impliquée depuis de longues années dans le suivi et la surveillance des conduites de rejet des résidus inertes de minerai d’aluminium produits par l’usine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône – France), la Comex vient d’effectuer une campagne de prélèvements en mer, afin de suivre l’extension de ces rejets profonds et leur impact sur le milieu marin dans la fosse de Cassidaigne, au large de la baie de Cassis. Conduite en collaboration avec la société Créocéan, chargée des analyses granulométriques et physico-chimiques de ces résidus inertes et missionnée pour établir la composition des peuplements benthiques dans la fosse de Cassidaigne, l’opération impliquait également le laboratoire IPL de Lille (Nord – France) et le Centre d’études de Blanès (Espagne), à qui ont été confiés les prélèvements solides, mais aussi l’Université d’Angers et la société Bio-Tox, basée à Bordeaux. Cette campagne a mobilisé les moyens techniques embarqués du Janus II, qui a déployé ses outils de prélèvements sédimentaires jusqu’à plus de 2500 mètres de fond au cours de cette campagne. Alteo est la nouvelle dénomination de l’usine d’alumine de Gardanne, qui a successivement porté les couleurs de Péchiney, d’Alcan et de Rio Tinto. Un caisson hyperbare modernisé pour le Centre Nautique de la Gendarmerie d’Antibes Propriétaire d’un caisson hyperbare d’origine Comex Pro, le Centre Nautique de la Gendarmerie Nationale (CNING) basé à Antibes (Alpes-Maritimes – France) vient de confier à la Comex la modernisation de cet équipement. Parmi les objectifs prioritaires de cette opération figure l’intégration du caisson hyperbare modernisé dans une nouvelle cellule destinée à équiper un véhicule neuf. A l’issue de ce travail, le caisson disposera d’un système de production et de stockage d’air sous haute pression complètement intégré dans la nouvelle cellule. Il sera également équipé d’un système de pilotage de nouvelle génération, capable de réaliser tout type de table de traitement ou de recompres4 sion en mode automatique. Autre nouveauté : l’ensemble des paramètres de plongée seront affichés et enregistrés en temps réel. Pour mener à bien cette opération de modernisation, la Comex travaille en étroite collaboration avec les équipes du CNING et de l’entité de la Police Nationale de Limoges, responsable des aménagements spéciaux du véhicule destiné à recevoir le caisson. Un bel exemple de la capacité des équipes Comex à répondre et à s’adapter aux demandes de ses partenaires. Les futures conquêtes spatiales se préparent en mer Vingt ans après l’abandon du programme de navette européenne Hermès et du projet de centre d’entraînement des astronautes à Marseille, la Comex investit à nouveau le domaine spatial. Une coopération entre l’entreprise, l’Ecole des Officiers de l’Armée de l’Air de Salon-de-Provence et le géologue Jacques Collina-Girard, du CNRS, vient de déboucher sur une série d’essais du scaphandre d’entraînement Gandolfi en mer, un milieu qui restitue assez fidèlement les conditions d’apesanteur qui règnent au-delà du champ d’attraction terrestre. L’objectif de cette grande première européenne était de tester la mise en place de la logistique pour des simulations de sorties extravéhiculaires dans l’espace. Pour cette mission très particulière, le scaphandre Gandolfi était configuré pour simuler de façon très réaliste une sortie en apesanteur, afin de tester notamment un système d’ancrage sur un astéroïde géocroiseur. Ces corps célestes présentent un réel intérêt pour le développement futur de l’industrie spatiale car leur surface contient des éléments datant de la création du système solaire et certains industriels, principalement américains, réfléchissent déjà aux possibilités d’y récolter des matériaux rares ou inexistants sur terre. Sans compter le danger que représentent certains de ces astéroïdes pour l’intégrité de notre planète, du fait de la proximité de leur trajectoire par rapport à l’orbite terrestre, comme l’ont d’ailleurs montré plusieurs productions cinématographiques hollywoodiennes sorties sur les écrans au cours de la décennie écoulée. Les astéroïdes figurent ainsi parmi les cibles potentielles de la NASA et de l’ESA, l’agence spatiale européenne, pour de futures missions habitées dans l’espace. Avant d’envisager le travail des spationautes en microgravité à la surface d’un tel astéroïde, il reste cependant un long chemin à parcourir, notamment pour définir une stratégie d’approche et les procédures de sécurité à mettre en œuvre pour ce type de missions. C’était le principal objectif de l’astronaute-plongeur de la Comex, Julien Bonini, lors de sa sortie en mer avec le scaphandre Gandolfi, en compagnie des plongeurs photographes de la célèbre revue américaine National Geographic et des plongeurs secouristes qui assuraient la sécurité de l’opération. Sur une paroi rocheuse immergée à 15 mètres de profondeur, Julien Bonini a pu tester un système d’ancrage pour astéroïdes développé par des officiers-stagiaires de l’Ecole des Officiers de l’Armée de l’Air. Pour les besoins de cette mission, c’est le Minibex qui a été affrété comme navire support et centre de contrôle des opérations. Outre cette démonstration réussie d’arrimage sur un corps céleste, la mission conduite à l’automne 2012 au large de Marseille pourrait permettre à la Comex de proposer des simulations spatiales pour de futures missions sur la Lune ou sur Mars, qui restent les cibles prioritaires des grandes agences spatiales existant dans le monde. Le concept global mis au point par la Comex et ses partenaires est en effet basé sur l’étude de sites analogues sous-marins identifiés en coopération avec le CNRS, principalement en rade de Marseille. Pour préparer les spationautes à des interventions en surface dans des conditions de gravité réduite (1/6 de la gravité terrestre pour la Lune ; 1/3 pour Mars), il est en effet possible de simuler de telles missions en mer sur des terrains naturels comme vient de le démontrer la Comex, dont le concept se distingue de l’entraînement classique en piscine, la géomorphologie des fonds marins pouvant aider à représenter des surfaces très semblables à celles que l’on trouve sur la Lune, sur Mars ou sur des corps géo-croiseurs. L’ESA et la NASA ont d’ailleurs déjà manifesté un véritable intérêt pour de futures simulations sur les sites repérés par la Comex et le CNRS au large de Marseille. Le Centre d’Expertise en Eaux Profondes Au cours de l’été 2012, la Comex a réalisé une importante opération de survey à proximité et au large de l’île du Levant (Var – France), afin de préparer la mise en place et l’exploitation du futur Centre d’Expertise en Eaux Profondes de la société Abyssea. Porté par un groupement d’entreprises, de laboratoires et d’institutions de la région (dont la Comex et le Pôle Mer de Provence-Alpes-Côte d’Azur), il prépare l’installation de deux plateformes sous marines. La première à 1300 mètres sous la surface et la seconde à 2400 mètres, dans le but d’offrir aux grands groupes pétroliers et miniers travaillant dans l’offshore une solution pertinente et accessible pour leurs essais techniques en conditions réelles. En prévision de la mise en place de ces AbyssEa prend forme installations, la Comex a donc procédé à l’acquisition des données nécessaires à la finalisation de l’étude d’impact préalable, conduite par la société Créocéan. Il s’agissait d’effectuer les premières levées de terrain pour établir les procédures de pose du câble et déterminer le tracé définitif que le câble devra emprunter entre les plateformes sousmarines et la base d’Abyssea, sur l’île du Levant. Durant cette campagne, un relevé multifaisceaux, un relevé sonar et une inspection de la route du câble ont été réalisés jusqu’à 700 mètres de profondeur. Un inventaire biologique et géophysique a également été réalisé le long du tracé théorique du futur câble. Ces données ont permis, non seulement d’étoffer le dossier de l’étude d’impact déposé à la préfecture du Var le 17 décembre dernier par la société Créocéan, mais aussi de commencer les premières études techniques jusqu’a la profondeur de 700 mètres. Une deuxième campagne de relevés « grands fonds » est prévue courant 2013. 5 DOSSIER Les abysses, dernier continent vierge pour les scientifiques Longtemps inaccessibles pour des raisons techniques et financières, les environnements profonds sont depuis peu l’objet de multiples campagnes d’études qui ont permis de mettre en lumière un foisonnement de vie sous-marine insoupçonné, mais aussi des phénomènes biologiques, physiques et chimiques inattendus. La Comex offre aux équipes scientifiques qui travaillent sur ces milieux une plateforme idéale et des moyens d’investigations adaptés aux très hautes pressions qui règnent à plusieurs centaines de mètres sous la surface. DOSSIER U n siècle et demi après l’invention de la plongée sous-marine en scaphandre, plus de 95% des fonds marins de la planète demeurent inexplorés. Et les presque 5% que l’homme a pu découvrir en un peu moins de 150 ans se situent pour l’essentiel le long du littoral, là où la mer est peu profonde et ne requiert pas de moyens techniques considérables pour livrer ses mystères. C’est dire si le programme d’expérimentations entamé il y a seulement deux ans par les scientifiques de la station marine de Banyuls (PyrénéesOrientales - France) à partir du Minibex, l’un des navires océanographiques de la Comex, à plus de 500 mètres sous la surface, s’apparente par ses aspects pionniers aux grandes expéditions terrestres des explorateurs occidentaux de la seconde moitié du XIXe siècle. Avec le soutien financier de la Fondation Total, indispensable pour des opérations dont le coût augmente de façon exponentielle avec la profondeur, quatre campagnes d’acquisitions de données vidéos, de relevés, de sondages, de prélèvements et de mesures ont déjà été conduites en Méditerranée, grâce aux moyens techniques de la Comex. La première s’est déroulée en novembre 2010, la dernière au cours de l’été 2012, sur un « terrain de jeu » qui se situe à une quinzaine de kilomètres au large de Port-Vendres, sur la côte Vermeille. Là, entre 350 et 500 mètres de fond, se trouve la « tête » du canyon de Lacaze-Duthiers(1), une large échancrure dans le plateau continental dont les falaises descendent quasiment à pic jusqu’à près de 600 mètres, pour plonger ensuite en pente douce jusqu’à près de 2000 mètres, la profondeur moyenne du plancher méditerranéen. C’est ce milieu là, totalement privé de lumière(2), qui intéresse les scientifiques spécialisés dans l’étude des écosystèmes profonds, c’est-à-dire au-delà de 300 mètres. Et particulièrement Nadine Le Bris, professeure en écogéochimie des environnements benthiques, qui a dirigé ces quatre campagnes en Méditerranée profonde, avec à chaque fois des enseignements inattendus et des réponses aux questions que se posent les scientifiques sur ces écosystèmes. Associée à plusieurs équipes travaillant sur la biodiversité des fonds marins – le benthos, comme disent les scientifiques -, Nadine Le Bris et les experts qui travaillent à ses Nous avons de plus en plus d’éléments convergents pour dire que la vie marine près du littoral et en milieu peu profond s’influencent mutuellement. 8 A 500 m de fond, sur les pentes du canyon Lacaze-Duthiers, fleurissent de somptueux coraux blancs (à g.), dont l’écologie intéresse beaucoup les scientifiques de la station marine de Banyuls. Pour comprendre le fonctionnement de ces environnements extrêmes, Nadine Le Bris et son équipe prélèvent régulièrement des échantillons de sédiments du canyon avec un carottier opéré depuis la surface. côtés s’efforcent de « déterminer comment un ensemble d’organismes vivant à ces profondeurs est lié à son environnement et aux sources d’énergie alternatives au phytoplancton de surface, peu disponible à ces profondeurs ». Selon elle, déterminer et comprendre les interactions biologiques, chimiques et physiques qui existent entre ces organismes et leur milieu, mais aussi évaluer avec précision la biodiversité des milieux profonds, c’est aussi comprendre comment fonctionne le milieu marin dans son ensemble, car « nous avons de plus en plus d’éléments convergents pour dire que la vie marine près du littoral et en milieu peu profond s’influencent mutuellement », assure la scientifique. Parmi les phénomènes les plus étonnants étudiés lors de la dernière campagne figure ce que les experts en océanographie physique appellent le « cascading ». Décrit en détail pour la première fois en 2005 dans les canyons à l’extrémité du Golfe du Lion (le canyon de Creus et le canyon Lacaze-Duthiers) par une équipe des universités de Perpignan et de Barcelone conduite par le professeur en géosciences marine Miquel Canals, ce phénomène joue un rôle majeur pour les écosystèmes profonds en apportant massivement des ressources nutritives. Selon les travaux conduits à l’époque et au cours des années qui ont suivi, en Espagne et en France, les « cascading » se produiraient environ une fois tous les dix ans en Méditerranée occidentale. La dernière fois au cours de l’hiver 2011/2012, précisément durant la vague de froid intense qui a frigorifié une bonne partie de l’Europe, y compris les côtes Méditerranéennes, en février 2012. Même si les scientifiques n’ont pas encore les moyens de prédire l’ensemble des facteurs qui doivent être réunis pour qu’il se déclenche, ils savent désormais que ce phénomène se concrétise sous la forme d’une brutale et massive descente d’eau froide de surface vers les grandes profondeurs, comme une gigantesque avalanche liquide balayant tout sur son passage le long des falaises immergées. Pour l’heure, les scientifiques ont démontré que ce « cascading » est la résultante d’un refroidissement accéléré des eaux de surface sous l’effet du vent et de la température de l’air, entraînant une élévation importante de la densité de cette masse liquide par rapport aux eaux plus profondes. Dès que le seuil de déséquilibre est franchi, cette masse plus dense se met brutalement à « couler » vers les profondeurs, emmenant avec elle des quantités colossales de sédiments et de matériaux de surface comme les bois charriés par les fleuves et les rivières, mais aussi les détritus produits par les activités humaines et les polluants issus de la terre. Avec des conséquences sur les environnements profonds que les études en cours s’efforcent justement de déterminer avec précision. L’exceptionnelle abondance des coraux de grande profondeur dans le canyon Lacaze-Duthiers est très probablement liée à ce phénomène, mais comment et quelles sont les conditions les plus favorables à leur croissance, cela reste à décrire. (1) Du nom du zoologiste de La Sorbonne Henri de Lacaze-Duthiers, fondateur des premières stations marines françaises à Roscoff et Banyuls, en 1880 et 1882. (2) En Méditerranée, la lumière du soleil ne pénètre pas au-delà de 100 m de fond. 9 DOSSIER interview NADINE LE BRIS « La Comex nous facilite l’accès aux environnements extrêmes des grandes profondeurs » Professeure des universités et directrice du Laboratoire d’écogéochimie des environnements benthiques (Université Pierre et Marie Curie – Paris VI), Nadine Le Bris dirige les opérations d’études et de prélèvements sur le canyon sous-marin de Lacaze-Duthiers, programmées chaque année au large de PortVendres (Pyrénées-Orientales - France), par environ 500 mètres de profondeur. Ramenés à la station marine de Banyuls (un des établissements littoraux de l’université Pierre et Marie Curie) les échantillons - prélevés in situ par les robots filoguidés et les outils spécifiques mis en œuvre par la Comex - sont en partie étudiés sur place, mais aussi confiés à d’autres équipes scientifiques, en France et à l’étranger, afin d’accélérer l’acquisition des connaissances d’un milieu dont la dynamique a été fort peu étudiée jusqu’à présent, car difficilement accessible : les fonds abyssaux. Après trois campagnes conduites sur le même site à partir du Minibex, l’un des deux navires océanographiques de la Comex, les scientifiques disposent de données nouvelles qui bouleversent l’approche de ces environnements extrêmes où la vie foisonne, en dépit de l’absence totale de lumière et de températures ambiantes très basses, même si exceptionnellement en Méditerranée, elles restent au-dessus de 13°C. Entretien. Depuis combien de temps vous intéressez-vous aux environnements profonds, dont on sait finalement très peu de choses ? Différents laboratoires de recherche de l’Université de Paris VI sont très investis depuis plus de 30 ans sur les milieux profonds et je travaille personnellement sur ces environnements depuis 15 ans. Depuis la fin des années 70, on y a découvert des environnements extrêmes, avec des organismes particulièrement adaptés à leur milieu et capables de tirer de l’énergie dans des conditions extrêmes d’obscurité, de salinité, d’acidité, de toxicité, de pression et de température. C’est tout à fait passionnant et riche de connaissances nouvelles pour les sciences marines. Quand avez-vous débuté les campagnes d’exploration in situ sur le canyon de Lacaze-Duthiers ? Nous les avons commencées en 2010, sur la base d’un programme scientifique élaboré en 2009 et qui a reçu le soutien de la Fondation Total. Ces campagnes nous permettent d’étudier un écosystème profond qui a l’avantage d’être très proche de la côte. Malgré cette proximité, il nous offre un terrain d’étude exceptionnel qui abrite, par exemple, des coraux blancs d’eaux froides, typiques de ces milieux profonds et un écosystème directement influencé par l’effet des vents et du climat. Depuis que nous avons commencé de l’étudier, nous soupçonnons que l’écologie de ce canyon est fortement affectée par les activités humaines, très importantes dans cette zone de la Méditerranée, et très vulnérable au changement climatique global. 10 Qu’est-ce qui explique qu’il ait fallu attendre 2010 pour commencer d’étudier ces milieux de façon précise, en allant sur place ? Cela fait très longtemps que des campagnes d’exploration se sont intéressées à ces canyons profonds. Depuis la surface, dès la seconde moitié de XIXe siècle et, en plongée, depuis les premiers travaux exploratoires de l’équipe Cousteau, au début des années soixante. Mais, pour étudier ces milieux à plusieurs centaines de mètres sous la surface, le principal écueil est d’ordre technique. Parce qu’il est impossible d’y aller en plongée avec un simple scaphandre. Il faut donc mettre en œuvre des moyens matériels spécifiques et très coûteux. Ce sont ces moyens qui ont été déterminants de notre capacité à aller régulièrement sur place pour étudier les organismes dans le milieu naturel. Nous y parvenons grâce à l’utilisation des ROV, ces petits robots submersibles très souples d’emploi, mais aussi grâce à la flexibilité des moyens de la Comex, qui nous permettent d’aller beaucoup plus régulièrement sur le site des expériences et du suivi, à différentes saisons… Un travail d’autant plus intéressant qu’il s’étale sur plusieurs années, dans une zone relativement profonde mais plus accessible que la plupart des sites d’intérêt en milieu abyssal, souvent situés loin de nos côtes et où l’on peut aller une fois tous les cinq ou dix ans. Le canyon de Lacaze-Duthiers a l’avantage d’être à seulement quelques kilomètres de la côte. Cet ensemble de facteurs fait que l’on est aujourd’hui capable de travailler à 500 mètres de fond de façon presque routinière. Qu’est-ce qu’on trouve à plus de 500 mètres sous l’eau ? Pas grandchose, non ? Au contraire, ça foisonne ! Mais c’est vrai que le grand public a toujours cette image des plaines abyssales désertiques, avec très peu d’organismes, une vie quasiment invisible ou au ralenti, car déconnectée de la surface et de la photosynthèse. La réalité est un peu différente. Les grands fonds recèlent en effet beaucoup de « hotspots », des oasis de vie liées le plus souvent à des sources d’énergie non conventionnelles, qu’il s’agissent de fluides chauds venant des profondeurs de la croûte terrestre ou, comme c’est le cas dans les canyons méditerranéens, des apports de matières organiques véhiculés depuis la surface et importés de manière massive par des phénomènes de cascades d’eaux de surface. Une fois déposées au fond, ces ressources organiques vont permettre à la vie sous-marine de se développer pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. C’est notamment le cas des bois rejetés par les rivières, qu’une multitude d’organismes colonisent au prix d’adaptations étonnantes. De tels apports sont souvent le point de départ d’une dynamique de colonisation par des espèces très nombreuses pour l’exploitation de cette énergie apportée de la terre par la mer. Vous parlez de « cascades d’eaux de surface » qui arriveraient dans les grands fonds. De quoi s’agit-il précisément ? C’est ce qu’on appelle un phénomène de cascading, connu depuis les années 70, mais dont la cause et le caractère pulsé ont été mis en évidence en 2005 par une équipe scientifique de l’université de Barcelone. L’article que ces chercheurs ont publié à l’époque évoquait déjà ces apports phénoménaux de matières organiques dans les abysses. On connait cependant encore peu ces phénomènes, les mécanismes de leur survenue et leur fréquence dans le temps. C’est ce qu’étudient nos collègues du CNRS à Perpignan, mais l’une des choses qui nous intéresse surtout lors des campagnes que nous faisons avec la Comex, c’est la réponse des organismes à ces évènements extrêmes, quasi-inconnue à ce jour. Dans le courant de l’été 2012, vous avez dirigé votre quatrième campagne de mesures et de prélèvements. Quels enseignements avezvous déjà pu en tirer ? Ce qu’on a appris, c’est que les choses se passent beaucoup plus vite qu’on l’imaginait dans les grands fonds. Les coraux, par exemple, grandissent beaucoup plus vite qu’on le supposait sur la base des rares observations faites jusqu’à présent et des expériences en aquarium. On pensait qu’ils grandissaient de 1 à 2 mm par an, alors que leur croissance annuelle se situe plutôt autour du centimètre. On a aussi observé que les bois immergés sont colonisés et digérés extrêmement vite par les organismes qui s’y installent. L’échelle de temps, c’est quelques mois plutôt que quelques années, comme on le croyait jusqu’à présent. On a ainsi découvert un milieu extrêmement dynamique, alors qu’on l’imaginait au contraire très stable. A 400 ou 500 mètres sous la surface, trouve-t-on encore des traces visibles de l’activité humaine ? Bien sûr. Visibles et invisibles aussi. On trouve ainsi des sacs plastiques, comme malheureusement dans tous les océans, mais aussi des polluants, lessivés par la pluie, qui s’écoulent jusqu’aux rivières et aux fleuves, puis jusqu’à la mer et enfin, via les phénomènes de cascading, jusque dans les grandes profondeurs. La dynamique de ces transferts de polluants vers les abysses est une de nos préoccupations. Vous étudiez l’ensemble des espèces présentes à ces profondeurs ? Oui. Ce qui nous intéresse, c’est la biodiversité, c’est-à-dire un ensemble d’organismes liés les uns aux autres et avec leur environnement qui, souvent, se succèdent dans le temps. Nous essayons d’étu- dier l’ensemble des interactions entre les différentes espèces entre elles et avec leur habitat. Notamment les espèces dites « ingénieur », qui modifient l’environnement au bénéfice d’autres espèces et dont le rôle est évidemment très important. Leur disparition éventuelle devient un problème majeur pour l’ensemble de la biodiversité, car la disparition de l’habitat induit souvent la disparition de plusieurs espèces associées. Par exemple ? Prenons les coraux. Ils construisent des récifs qui sont des refuges pour les autres espèces, mais aussi des structures qui modifient l’hydrodynamique du fond. Ils ont donc un impact supposé sur l’ensemble des sédiments qui se déposent autour et, par conséquent, une influence forte sur la transformation de l’énergie et de la matière par l’ensemble des espèces présentes dans ces milieux. Comment qualifieriez-vous votre collaboration avec la Comex sur ce type de campagnes en mer ? Nous travaillons ensemble depuis plusieurs années, de façon aussi agréable qu’efficace. Ce qui est exceptionnel avec la Comex c’est la réactivité et la souplesse des équipes et des moyens, forcément plus flexibles que les moyens lourds généralement utilisés en haute mer. Associée à du matériel de pointe, cette réactivité et cette souplesse nous permettent un accès rapide au site que nous étudions et une flexibilité exceptionnelle pour opérer à la fois des outils de l’océanographie classique, comme le carottier que nous apportons, ou des équipements plus spécifiques que nous développons ou que les équipes Comex nous suggèrent pour réaliser nos travaux. Ce qui est exceptionnel aussi, c’est le niveau de précision avec lequel nous travaillons, comme par exemple des carottages au mètre près au milieu d’un champ de coraux. La plateforme que représente le Minibex, c’est en quelque sorte le chaînon manquant entre les prélèvements effectués à l’aveugle depuis la surface et les opérations lourdes en submersible « grands fonds » au milieu de l’océan, qui sont beaucoup plus rares et coûteuses à mettre sur pied. Avec la Comex, nous avons la capacité de travailler avec précision sur le fond pour des opérations lourdes avec la souplesse et l’adaptabilité des campagnes côtières. Nous apprécions énormément l’expertise technique de la Comex pour développer de nouveaux outils, de nouveaux instruments comme des boites à échantillons, et de mettre au point des solutions pour améliorer l’accès à ces environnements compliqués sur lesquels nous travaillons. L’interactivité que nous avons développée avec la Comex est un gage important de réussite pour nos campagnes d’exploration et d’expérimentation. Vous parlez d’opérations coûteuses. Comment avez-vous réussi à financer votre programme sur plusieurs années ? Nous avons bénéficié d‘un partenariat entre la Fondation Total et l’Université Pierre et Marie Curie. Ce partenariat a pour objet de développer des enseignements sur les écosystèmes profonds et des recherches expérimentales pour mieux connaître la façon dont les organismes réagissent aux modifications de leur environnement. La Fondation Total a ceci de particulier qu’elle soutient des approches originales, plus exploratoires que celles que l’on pourrait essayer de proposer à des agences de financement de la recherche, pour lesquelles l’aléa et la notion de risque sont plus difficile à contourner et à faire accepter. Nous avons donc mis au point un programme sur quatre ans, focalisé sur la rapidité avec laquelle s’expriment ces réponses après des évènements majeurs, ce qui est totalement exceptionnel sur des milieux profonds comme ceux que nous étudions. L’ambition finale, c’est d’ailleurs de démontrer l’intérêt d’un suivi régulier sur le terrain en milieu profond, afin de permettre à nos équipes et à d’autres de trouver les moyens de travailler de façon régulière sur ces environnements là. 11 VOYAGE La Provence en Capitales Depuis le 1er janvier, Marseille vit au rythme de son titre de Capitale européenne de la Culture, qu’elle déclinera tout au long de l’année 2013 avec ses villes-partenaires de Provence. L’occasion rêvée de découvrir ou redécouvrir les charmes maintes fois vantés d’une région riche d’un patrimoine architectural et naturel unique et exceptionnel, d’un art de vivre mondialement connu et d’un climat qui en fait l’une des destinations touristiques les plus courues d’Europe, été comme © G. MARTIN-RAGET hiver. Tour d’horizon des villes à ne pas manquer d’ici le 31 décembre. M a r s e i llE La Capitale européenne de la Culture 2013, c’est elle. Et ce n’est que justice. Car en plus d’être toujours le premier port de France, d’avoir vu naître d’innombrables personnalités de premier plan dans le domaine scientifique, littéraire, musical, pictural, politique, juridique, industriel, militaire, sportif, financier… Marseille est aussi la plus ancienne ville de France (elle a fêté ses 26 siècles d’existence quelques mois avant l’an 2000) et sans doute l’une des cités les plus passionnantes de la vieille Europe. Victime d’une réputation pas toujours méritée, trop longtemps à l’écart des circuits touristiques traditionnels et curieusement assez pauvre en monuments symboliques – à l’exception notable de Notre-Dame-de-la-Garde et du stade Arles Aujourd’hui première ville touristique du département des Bouches-duRhône, Arles récolte les fruits d’une politique culturelle audacieuse, nova- 12 Vélodrome -, la cité phocéenne entend bien profiter de cette année « capitale » pour redorer son blason et prouver à la terre entière qu’elle mérite vraiment le détour. Une multitude d’événements festifs, d’expositions, de spectacles musicaux, théâtraux ou cinématographiques labélisés « Marseille Provence 2013 » devrait y contribuer, mais il ne sera pas forcément nécessaire de coller au programme culturel officiel pour s’en convaincre. D’abord parce qu’il existe aussi un programme « off » en marge des réjouissances estampillées « Capitale européenne de la Culture » ; ensuite parce qu’il existe une foultitude de lieux, de gens et d’événements nouveaux ou traditionnels pour découvrir la ville sous ses aspects les plus réjouissants. A ceux qui ne connaissent pas (ou trop peu) Marseille et ses alentours, nous ne saurons trop conseiller une longue balade dans le massif des Calanques, classé Parc National depuis le printemps 2012, et découvrir quelques-uns des plus beaux paysages naturels de France, qui célèbrent aux quatre saisons le mariage idéal entre mer, montagne et ciel d’azur. En ville, outre la célébrissime « Bonne-Mère », qui a subi un judicieux lifting en prévision de l’année 2013, de nombreux sites restent à découvrir. De très anciens, comme le couvent de la Vieille-Charité, de plus récents, comme le Palais Longchamp, des bucoliques, comme le parc Borély, ou de tout nouveaux, comme le Musée des Civilisations d’Europe et de Méditerranée, qui vient de sortir de terre (et d’eau) à l’entrée nord du Vieux-Port ; qu’il est toujours possible de traverser à bord du « ferry boat » immortalisé par l’une des gloires locales, l’écrivain et académicien Marcel Pagnol. trice et ambitieuse, où les spectaculaires vestiges de la ville romaine côtoient les projets architecturaux contemporains les plus prestigieux, avec notamment la transformation des anciens ateliers de maintenance de la SNCF en centre d’art et de culture d’envergure internationale. Capitale française de la pho- tographie, avec l’une des meilleures écoles au monde et une manifestation, les Rencontres de la Photo, qui compte au nombre des incontournables planétaires, Arles est aussi la plus grande commune de France métropolitaine par la superficie. Elle le doit à la Camargue, cette immense étendue entre ciel et eau, © G. A. BARROIL L a C i otat Un quart de siècle après la fermeture des grands chantiers navals qui avaient fait sa prospérité et sa notoriété internationale, le second port du département renait peu à peu de ses cendres, avec la reconversion de l’ancien site de construction navale en chantier spécialisé dans les unités de grande plaisance et le développement graduel de ses infrastructures touristiques, au cœur des paysages enchanteurs de l’une des plus belles baies de la côte méditerranéenne. Mais pour industrielle et touristique qu’elle soit restée ou devenue, la Ciotat est également une capitale culturelle historique, car c’est ici qu’est né le cinéma, avec la première projection du premier film des frères Lumière, en l’occurrence « L’arrivée du train en gare de la Ciotat ». Longtemps laissé à l’abandon, le cinéma Eden, lieu de ces balbutiements d’une industrie qui pèse aujourd’hui des centaines de milliards de dollars tous continents confondus, a non seulement été classé à l’inventaire des monuments historiques, mais il est promis à une réhabilitation qui en fera le lieu de mémoire et d’histoire qu’il mérite d’être. A ce titre, la Ciotat s’inscrit très légitimement dans le programme de la Capitale européenne de la Culture. Capitale historique des Comtes de Provence, la cité du Roy René a beau s’épanouir à seulement 35 km de la cité phocéenne, elle n’en demeure pas moins son exact opposé. Aussi ramassée que Marseille est étendue, aussi calme et paisible que Marseille paraît canaille et turbulente, Aix-en-Provence jouit également d’une réputation exceptionnelle qui attire chaque année des centaines de milliers de touristes des quatre coins du monde. Tous louent le charme incomparable de ses rues délicieusement animées, la beauté blonde et majestueuse de ses hôtels particuliers, le bruit et la fraîcheur de ses innombrables fontaines, l’atmosphère bucolique de sa proche campagne constellée de châteaux et de mas traditionnels parmi les plus élégants de Provence… Un héritage qui a depuis longtemps hissé Aix au sommet du palmarès des villes les plus « glamour » de France pour les Européens du nord, les Américains, les Japonais et les Français eux-mêmes… et les plus chères aussi sur le plan de l’immobilier. Pour l’année Capitale, Aix a prévu de jouer une partition originale, en s’appuyant sur ses propres atouts – c’est la ville natale de Cézanne, la plus ancienne université de Provence, la ville la plus cinéphile de France…- et sur des événements à fort retentissement culturel, comme la célébration du génie d’Albert Camus, l’un des rares Prix Nobel de littérature français, dont le fonds documentaire est aussi conservé entre les murs des bibliothèques aixoises. Le musée Granet, devenu en quelques années l’un des plus courus de province grâce à une politique volontariste d’expositions événementielles, est également un lieu-phare du programme labélisé Marseille Provence 2013 et, à coup sûr, un rendez-vous estival de première importance pour les visiteurs de la Capitale européenne de la Culture. © C. FASSANARO Aix-en-Provence M a r s e i ll e P r o v e n c e 2 0 1 3 U t i l e Pour tout connaître des lieux, du programme, des horaires et des manifestations officielles labélisées Capitale européenne de la Culture 2013, une seule adresse : www.mp2013.fr. On y trouve tous les liens directs et les contacts. On peut également se renseigner au Pavillon M, vaste et belle structure éphémère située à proximité de l’Hôtel de Ville de Marseille, qui sera également la vitrine de l’excellence de Marseille et de sa région, mais aussi l’interface pertinente entre la programmation culturelle et le grand public. lovée entre les bras du Rhône, avec une culture propre, un langage à part, des coutumes spécifiques et des paysages à couper le souffle… sauf celui du Mistral, qui souffle ici plus fort, plus longtemps et plus vigoureusement que partout ailleurs en Provence. Première ville à avoir adhéré à la proposition Marseillaise de partager la programmation, les lauriers et les coûts de la Capitale européenne de la Culture, Arles sera sans aucun doute à la pointe de cette année foisonnante, où elle s’inscrit pleinement mais sans rien renier de son identité. 13 NEWSNEWSNEWSNEWSNEWSNE Anniversaire(s) Une pluie d’anniversaires s’est abattue sur la Comex au cours de l’année 2012. A commencer par celui qui a marqué son premier demi-siècle d’existence, un événement qui avait d’ailleurs été le thème unique du précédent numéro de Comex Magazine, le dernier qu’Henri Germain Delauze aura eu le plaisir de tenir entre ses mains. Célébré tout au long de l’année, ce cinquantième anniversaire a toutefois donné lieu à des réjouissances particulières, notamment un grand week-end d’émotion co-organisé par le Club des Anciens de la Comex (CaCx), en septembre dernier au siège marseillais de l’entreprise, en présence de la quasi-totalité des anciens et actuels collaborateurs de la Comex. Deux mois plus tard, c’est le 20e anniversaire de l’opération Hydra X qui a été commémoré, au Centre d’essais hyperbares de l’entreprise, sur les lieux mêmes de l’exploit de Théo Mavrostomos, qui avait atteint la profondeur phénoménale de – 701 mètres le 20 novembre 1992, un record jamais approché depuis. Théo était bien entendu présent à cette célébration, comme la majorité des membres de l’équipe technique et médicale qui avait préparé et suivi l’opération Hydra X, ainsi que les chefs de services des différentes unités hospitalo-universitaires qui avaient participé au programme. Le Minibex tourne sur l’épave du U-455 de la Kriegsmarine Régulièrement sollicitée par des sociétés de productions audiovisuelles pour des tournages en milieu sous-marin, la Comex a récemment conduit une équipe de ZED Production sur le site où repose le sous-marin de guerre allemand U-455, par 120 mètres C’est à lire 14 de fond au large du port de Gênes (Ligurie - Italie). Redécouvert au cours de l’été 2008 par deux spécialistes italiens de la plongée profonde, Lorenzo del Veneziano et Roberto Rinaldi, ce redoutable U-Boat de la Kriegsmarine avait disparu sans laisser de trace moins de six mois avant le débarquement allié sur les côtes de Provence. C’est en effet le 22 février 1944 qu’il avait quitté le port de Toulon pour sa dixième patrouille de guerre, après avoir reçu l’ordre d’attaquer les navires alliés croisant près des côtes italiennes. Le sous-marin n’était jamais rentré de cette mission. Embarquée à bord du Minibex, l’équipe de ZED Production a tourné de superbes images de l’U-455 depuis le sous-marin biplace Rémora 2000. Réalisé par Stéphane Bégoin, un film documentaire retraçant l’histoire de ce submersible allemand et le tragique destin de son équipage devrait être diffusé prochainement sur la chaîne culturelle franco-allemande Arte. L’Or du ville de Grasse Gérard Loridon pourrait revendiquer un nouveau genre littéraire : le thriller subaquatique provençal. Son dernier roman, l’Or du Ville de Grasse, en est un délicieux avatar, avec une galerie de portraits truculents, un trésor englouti et de mystérieuses épaves près de Porquerolles. L’intrigue se noue en 1942 pour ressurgir 60 ans plus tard. A siroter comme un verre de rosé frais, les pieds dans le sable. Aux éditions Presse du Midi. A commander à l’auteur, 722, chemin des Hoirs. 83 140 Six-Fours-les-Plages. 15 € + 2 € de frais de port. Une année d’hommages à Henri Germain Delauze La disparition du président fondateur de la Comex, début 2012, a été le point de départ d’une longue et émouvante série d’hommages qui ont touché au cœur l’ensemble des anciens et actuels collaborateurs de l’entreprise. Impossible de citer toutes les initiatives qui ont rappelé tout au long de cette année 2012 le rôle majeur joué par Henri Germain Delauze dans le développement de la plongée industrielle profonde, dans la maîtrise des techniques de plongée et dans l’avènement de l’ingénierie sousmarine. Nous citerons néanmoins la célébration du dixième anniversaire de la Cité de la Mer de Cherbourg (Manche - France), où un espace dédié à Henri Germain Delauze a été créé, en complément des salles d’exposition où sont présentés les matériels, les images et les objets que le président fondateur de la Comex avait gracieusement offert à ce magnifique établissement pour retracer la petite et la grande Histoire de la pénétra- Le Prix de l’Innovation 2012 du Groupement des Entreprises des Hydrocarbures baptisé « Prix Henri Germain Delauze » En hommage au président-fondateur de la Comex, disparu le 14 février 2012, le Groupement des entreprises et Professionnels des Hydrocarbures et des Energies Connexes (GEP-AFTP) a décidé de baptiser son Prix de l’Innovation 2012 « Prix Henri Germain Delauze ». Destiné à récompenser le talent que manifestent les PME/PMI françaises dans l’innovation, ce trophée a été remis par Michèle Fructus, Pdg de la Comex, à l’entreprise Saltel Industries pour son nouveau paker d’isolation de zone en acier expandable, lors d’une cérémonie organisée le 27 septembre dernier à Paris, en présence des principaux acteurs de l’industrie pétrolière et parapétrolière dans l’hexagone. Outre son trophée, le lauréat du « Prix Henri Germain Delauze » a reçu un chèque de 4500 € de la société Alfa Laval, sponsor de ce prix de l’innovation. Les actuels et anciens collaborateurs de la Comex ont été très touchés par cette initiative des professionnels du pétrole, aux côtés desquels l’entreprise s’est beaucoup investie au cours de ses cinquante années d’existence. Lors de cette cérémonie, le GEP-AFTP a décerné trois autres trophées : le Prix du Développement International, le Trophée GEP- ATFP et le Prix Energia Challenge, organisé par l’Amicale de l’Offshore Pétrolier (AOP) et parrainé par le GEP-AFTP, qui récompense des élèves ingénieurs sur un thème lié à l’industrie des énergies, en l’occurrence les énergies de la mer pour l’édition 2012. Iles Pionnières Philippe Vallette, directeur de Centre national de la Mer – Nausicaa et président du Festival mondial de l’image sous-marine de Marseille, vient de co-signer avec l’océanologue Christine Causse, un superbe ouvrage consacré aux îles menacées par les périls environnementaux. Magnifiquement illustré par Alexis Rosenfeld, ancien collaborateur de la Comex et photographe sous-marin réputé, ce livre devrait inspirer les habitants des villes littorales, qui devront tôt ou tard affronter les mêmes dangers que les insulaires. Iles Pionnières, aux éditions Actes Sud, 251 pages, 37 € tion sous-marine par l’être humain. Nous citerons également le Festival de l’image sous-marine de Toulon, où le souvenir et l’œuvre d’Henri Germain Delauze ont été brillamment évoqués par Paul Gavarry, Directeur de L’institut National de la Plongée Professionnelle (INPP), installé à Marseille dans une partie des locaux occupés par la Comex au début de son histoire, il y a un demi-siècle. Un autre motif de légitime fierté pour les Comexiens d’hier et d’aujourd’hui. La boucle d’eau de mer de Monaco est en place Très impliquée dans la promotion des énergies nouvelles et des techniques respectueuses de l’environnement, la Principauté de Monaco a récemment mis en place une boucle d’eau de mer, un système qui consiste à pomper de l’eau en profondeur à température constante (entre 12 et 13° C sous la thermocline, été comme hiver) et utiliser ce fluide abondant et gratuit pour produire des calories en hiver et des frigories en été, afin de consommer le moins d’énergie possible pour chauffer ou climatiser les bâtiments. Une fois installée à proximité de la côte, il a fallu intervenir sur la bouche de sortie de cette conduite et tronçonner son extrémité. Une opération confiée à la Comex par la SPAC, responsable de ce chantier novateur. A partir de son navire Janus II, la Comex a déployé un outil de coupe équipé d’une chaine diamantée à 120 mètres de profondeur. L’outil a été mis à l’eau avec les moyens de levage du Janus (voir le schéma ci-dessus), puis mis en place sur la conduite à l’aide du ROV Super Achille pour en assurer le positionnement précis. Une fois l’outil de coupe correctement mis en place, il a été verrouillé sur la conduite d’eau de mer à l’aide de gros clamps hydrauliques, puis la découpe a pu débuter, toujours sous l’œil vigilant du ROV Super Achille. L’opération de coupe proprement dite a duré 40 minutes, pour une conduite d’un mètre de diamètre. 15 Comanex SYSTÈMES de PLONGÉE PROFESSIONNELLE CONCEPTION ÉTUDES et RÉALISATIONS MAINTENANCE RECERTIFICATION MODERNISATION PIÈCES DÉTACHÉES et SOUS-ENSEMBLES Comanex www.comanex.fr