L`affaire Paternotte

Transcription

L`affaire Paternotte
3 016601 620100
1,10 €
N° 3039 - Nouvelle série - Mercredi 30 mai 2007 - L’Echo-Régional, l’hebdomadaire des Val-d’Oisiens -
www.vonews.fr
L’affaire Paternotte
Sylvie et Yanick
Paternotte ont été
mis en examen
ainsi qu’un notaire
et une quatrième
personne pour “abus
de faiblesse” dans le
cadre de la donation
d’un logement
par une vieille dame
de Sannois.
A la veille des
législatives, cette
“affaire privée” prend
une allure politique
à l’initiative d’élus
socialistes.
Lire pages 4 et 5
5 pages de brocantes
Lire page 29 à 33
FÊTE DES JARDINS
Toutes
les visites
du week-end.
P. 50 à 53
FÊTE DU PARC
Dimanche,
grand rassemblement
à Villarceaux.
P. 19
ROYAUMONT
Achat
de la bibliothèque
musicale.
P. 38
HANDBALL
Les féminines
de Saint Leu/Taverny
montent en Nationale 3.
P. 34
Législatives à Sarcelles : la guerre des stars SOMMAIRE
Dans la huitième
circonscription
du Val-d’Oise,
Dominique
Strauss-Kahn,
le député socialiste
sortant, a pour
challenger une autre
vedette des médias,
Me Sylvie Noachovitch,
qui s’est fait connaître
dans l’émission
de Julien Courbet
“Sans aucun doute”.
Notre dossier p 44 à 49
Faits divers
Plaine-de-France
pages 3 - 6 et 7
pages 26 à 28
Événement
Sport
pages 4 et 5
page 34 à 37
Communauté
d’agglomération nouvelle
Culture/Sortir
pages 8 et 9
Argenteuil
Vallée de l’Oise
pages 10 à 12
Le Vexin
pages 13 à 18
Sannois
page 21
Ermont
pages 38 à 42
page 43
Politiques
pages 44 à 49
Evénement
pages 50 à 53
Annonces légales
page 22
pages 59 à 66
Vallée de
Montmorency
Nouveau président
des Notaires
pages 23 à 25
page 67
Petites annonces - offres d’emploi p. 54 à 58
L’ É V É N E M E N T
L’ÉTRANGE AFFAIRE DE SYLVIE ET YANICK PATERNOTTE
bref
en
Suite de la page 4
tion sociale modeste, entre son
mari pendu à la télé et son travail
de préparatrice de pharmacie. Il
est temps d’évoquer les relations
entre Jeanine T et Yanick
Paternotte, pour comprendre
comment ce dernier, étoile montante de la politique valdoisienne,
se retrouve aujourd’hui mis en
examen en compagnie de son
épouse Sylvie, de Jeanine T. et
d’un notaire.
“AFFAIRE PATERNOTTE”
◗
Une réaction des élus socialistes et républicains
Une relation
Jeanine T était, voici une vingtaine d’années, employée de la
pharmacie du maire de Sannois.
« Une bonne employée », tient à
préciser le maire et ex-pharmacien. Lorsque Yanick Paternotte
vend sa pharmacie voici environ
16 ans, les employés sont licenciés. Quelques mois plus tard, M.
Paternotte parvient à retrouver
un emploi à Jeanine dans une
autre pharmacie.
Celle-ci lui en est reconnaissante. Elle lui aurait déjà présenté sa belle-sœur et son frère,
Casimir et Lucienne K. Ils sont
tous deux septuagénaires et en
bonne santé. N’ayant pu avoir
d’enfants, ils semblent désireux
de vendre leur part de l’indivision
de la propriété de Sannois.
Yanick Paternotte décline
d’abord la proposition. Après son
divorce, lui-même a vendu toutes
ses sociétés et s’est endetté pour
pouvoir indemniser son ex-épouse et ainsi conserver la propriété
de sa belle maison de Sannois,
où il vit toujours. Il ne veut même
pas visiter la maison, malgré
l’insistance de Jeanine T.
Une indivision
La maison en cause, sur les hauteurs de Sannois.
Placement immobilier ?
Jeanine T. aurait alors expliqué
à Yanick Paternotte que, puisque
la proposition de rachat de
l’ensemble des parts tombe à
l’eau, et puisque Casimir et
Lucienne le trouvent très sympathique, ils sont prêts à lui faire
donation de leur part d’indivision,
pour peu qu’ils puissent continuer à y habiter. Le scénario est
évidemment alléchant. Il est
cependant interrompu par le
décès de Casimir, juste après la
canicule de l’été 2003. Mais peu
après, Jeanine revient à la charge : sa belle sœur, dit-elle, est
prête à finaliser la proposition.
Elle s’est bien renseignée : pour
des raisons fiscales, la taxation
sera celle d’un bien libre. En
terme juridiques, on dit que
“l’indivision n’est pas matérialisée physiquement”. Ce qui permettra à M. et Mme Paternotte
de ne payer que 30 % de taxes.
À plusieurs reprises au cours
des dix dernières années, l’ancienne salariée de Yanick Paternotte
serait revenue à la charge. C’est
alors que Jeanine T. aurait affiné
son idée : « Mon frère et ma
Le notaire
belle-sœur sont
prêts
à
vous
Autre sujet
vendre, pour des
raisons familiales. d’interrogation : selon
C’est pourquoi ils
plusieurs sources
sont prêts à vendre
“proches
du dossier”,
à un prix très raile
neveu
qui porte
sonnable, si vous
leur garantissez
plainte contre X
qu’ils occuperont
pour
les lieux jusqu’à la
“abus
de
faiblesse”
fin de leurs jours. »
contacté hésite.
Lucienne K., alors
âgée de 90 ans,
n’est peut-être
pas en possession de tous ses
moyens intellectuels. Le notaire
exige un certificat
du médecin de
famille, attestant
que la vieille
aurait lui-même
dame a toute sa
bénéficié de la part tête. Jeanine
Rester dans
assure qu’elle va
de Lucienne K.
les lieux
s’en occuper et
de la donation
de fait, le méded’un
important
cin de Sannois
Yanick Paternotte,
fournit le précieux
bien
immobilier
qui connaît bien ce
certificat, qui sera
quelques mois
site protégé, se laisretrouvé par les
se tenter et visite
plus tôt.
policiers lors de
l’immeuble.
Il
la perquisition à
conclut que son
l étude du notaire, la semaine derintérêt serait alors de faire une nière. Certains avocats de la familproposition de rachat à le semblent persuadés qu’il s’agil’ensemble des propriétaires. Il en rait
d’un
certificat
de
parle à son notaire qui lui deman- complaisance, émis par un pratide de faire une proposition écrite. cien qui ne connaissait pas la
Mais son offre semble faible, et vieille dame. Problème : le
les occupants n’ont pas l’inten- “médecin de famille” présenté par
tion de déménager. La proposi- la belle-sœur est effectivement le
tion tombe à l’eau. À cette occa- médecin habituel de Lucienne, et
sion, tous les membres de la son avis semble donc irrécufamille qui sont dans l’indivision sable...
ont compris que Yanick
Paternotte est intéressé par un
La présence de Jeanine T. lors
éventuel rachat de leur immeuble. de la signature de l’acte achève
Sans doute pas pour l’occuper, de rassurer le notaire, car elle
car sa maison bourgeoise de s’entend visiblement très bien
Sannois est bien plus belle et avec sa tante. L’acte lui-même ne
confortable, mais dans la pers- mentionne pas la présence de la
pective d’un placement immobi- belle-sœur. Il y a d’autres sujets
lier.
de polémique dans la donation :
selon l’acte de donation luimême, Lucienne s’engage à quitter les lieux dès la signature, alors
qu’elle ne dispose pas d’un autre
logis. Sauf qu’un acte conjoint
signé le même jour stipule au
contraire que Sylvie et Yanick
Paternotte s’engagent à la maintenir dans les lieux jusqu’à la fin
de sa vie.
L’explication viendrait de l’effet
d’aubaine de taxes allégées : les
époux Paternotte ont versé environ 32 000 euros de frais de
donation, couverts par un
emprunt bancaire, pour une part
d’indivision, exactement estimée
100 000 euros.
Interrogations
Autre sujet d’interrogation :
selon plusieurs sources “proches
du dossier”, le neveu qui porte
plainte contre X pour “abus de
faiblesse” aurait lui-même bénéficié de la part de Lucienne K. de
la donation d’un important bien
immobilier quelques mois plus
tôt.
La donatrice avait-elle en quatre
mois d’intervalle “perdu la tête”
en faisant une donation à quelqu’un qui n’était “pas de la famille” ? Difficile d’en savoir plus de
Lucienne : quelques mois après
la donation aux époux Paternotte,
elle se casse le col du fémur et
doit être hospitalisée. le maire de
Sannois demande alors à ses services de veiller à ce qu’elle puisse ensuite réintégrer sa demeure
et bénéficier de l’aide municipale
aux personnes âgées. Il ignore
qu’entretemps, les neveux furieux
ont déposé une plainte contre X
auprès du procureur d la
République de Pontoise Xavier
Salvat, et que Lucienne, dont la
santé décline rapidement à la
suite de sa fracture, se pose des
questions.
Rumeurs ou vérités ?
Dans la mesure où elle a alors
« toute sa tête », ou qu’elle
recouvrerait par moments ses
esprits, elle aurait laissé entendre
qu’elle croyait que la donation
était destinée à la Ville de
Sannois, et non pas au maire à
titre privé. Mais il s’agit là de
rumeurs colportées par l’un ou
l’autre membre de la famille,
Lucienne K.
n’étant plus
aujourd’hui en état de présenter
un témoignage crédible.
« Au début, nous avons eu du
mal à faire comprendre que ce
n’était pas un « coup politique »
d’ennemis du maire de Sannois »,
explique Me Castagni. On a eu
du mal à nous croire, et c’est
aussi la raison pour laquelle
l’affaire a été « dépaysée » à
Nanterre. Il a été difficile aussi de
faire lâcher prise à la belle-sœur.
Il n’y a pas longtemps que le régime de tutelle renforcée à réellement commencé à fonctionner.
Mais la famille estime que
M. Paternotte a abusé de la faiblesse de Mme K ».
Tutelle renforcée...
Yanick Paternotte et son épouse Sylvie, ébranlés par 24 heures
d’interrogatoires séparés et une
nuit dans les cellules de l’hôtel
de police de Cergy, font front à
leurs accusateurs. « C’est une
affaire strictement privée », a
d’abord expliqué l’élu. Vendredi
matin 25 mai, devant participer
de longue date à une conférence
de presse et le jour même où Le
Parisien révélait sa garde à vue,
l’homme politique a cependant
dû en dire un peu plus. Car de
« privée », l’affaire est inévitablement devenue publique alors
que les élections législatives
approchent. Une coïncidence de
date que regrette aussi l’avocat
du neveu de Lucienne K., mais
que Jean-Pierre Blazy, député sortant en difficulté, n’a pas manqué
d’exploiter.
... et exploitation effrénée
« Il s’agit d’une histoire de
donation qui a été faire à mon
épouse et à moi-même de manière tout à fait transparente devant
notaire », a expliqué vendredi
Yanick Paternotte Cette donation
provient d’une personne qui
m’avait été présentée voici une
vingtaine d’années et qui disait
vouloir me prouver son amitié.
Cette donation a été déclarée, j’en
ai payé les droits de mutation »
Cette affaire aura-t-elle des
conséquences sur les scrutins des
10 et 17 juin dans la neuvième
circonscription du Val-d’Oise ? Ce
n’est pas sûr, car son exploitation politique peut se retourner
contre leurs auteurs. Mais la véritable issue est à présent judiciaire. Même si elle se termine par
un non lieu et que la présomption d’innocence doive ici être
rappelée.
Jean-François DUPAQUIER
Page 5 - L'Écho - Le Régional - mercredi 30 mai 2007
L’Union Départementale des Élus
Socialistes et Républicains du Val
d’Oise écrit dans un communiqué
de lundi 28 mai : « Dans, ce qui
est convenu d’appeler, depuis
vendredi 25 mai "l’affaire
Paternotte", nous demandons
pendant la durée de l’instruction,
dans le respect de la présomption d’innocence, que M. Yannick
Paternotte soit suspendu immédiatement des fonctions de
Président de l’Union des Maires
du Val d’Oise et de Premier Viceprésident du Conseil général.
À un moment où l’image des
hommes politiques est ce qu’elle
est dans l’opinion publique, il est
très important que la justice puisse s’exercer en toute sérénité.
Nous déplorons d’ailleurs l’absence de réaction et de prise de responsabilités du président de
l’UMP95, Jérôme Chartier, et du
président UMP du Conseil général
dont M. Paternotte est un des
membres influent et important. »
Ce communiqué est signé de
Jean-Pierre Bequet, président de
l’Union départemental des Élus
socialistes et républicains du Vald’Oise et de Didier Arnal, président du Groupe socialiste au
Conseil général du Val d’Oise.
◗ Une réaction
de Yanick Paternotte
« Une affaire d’une grande banalité ».
« Voici quelques années, une
amie Sannoisienne que je
connaissais depuis longtemps a
souhaité me faire une donation à
titre privé. J’ai accepté cette donation par amitié et non par besoin,
car j’ai toujours honorablement
gagné ma vie. Aujourd’hui, une
personne se présentant comme
ayant-droit indirect conteste cette
donation. J’attends avec sérénité
la décision de la justice ».
◗ Jean-Pierre Blazy
se dit “choqué”:
Jean-Pierre Blazy, député (PS),
maire de Gonesse, communique :
L’AFP vient de révéler la mise en
examen de Yanick Paternotte,
candidat de l’UMP dans la 9e circonscription du Val d’Oise, pour
abus de faiblesse.
« Bien que je respecte pleinement
la présomption d’innocence, je
suis consterné de constater que
des soupçons d’une telle gravité
se portent sur Yanick Paternotte.
Le délit d’abus de faiblesse pour
lequel il est mis en examen est
particulièrement choquant.
Ses responsabilités publiques
importantes l’obligent à la plus
grande probité. Ses prétentions
à devenir député devraient lui
imposer la plus grande rigueur
morale.
Aujourd’hui Yanick Paternotte est
face à sa conscience. C’est à lui
que revient la décision de poursuivre ou non sa candidature aux
élections législatives.
Il revient également au patron de
l’UMP dans le Val d’Oise, Jérôme
Chartier, candidat aux élections
législatives dans la 4e circonscription, de prendre les responsabilités qui sont les siennes.
La candidature de Yanick
Paternotte illustre aujourd’hui
l’urgence de rénover la vie politique française et d’imposer plus
de transparence, plus de respect
et plus d’éthique dans le débat
public.
C’est ce à quoi je contribue en
rendant publique ma déclaration
de patrimoine. »
L’ É V É N E M E N T
PLAINTE POUR “ABUS DE FAIBLESSE”
L’étrange affaire de Sylvie et Yanick Paternotte
À 18 jours des élections législatives qu’il semblait en mesure de gagner, Yanick Paternotte, maire de Sannois, a été placé en
garde à vue et mis en examen pour « abus de faiblesse ». Il est accusé d’avoir bénéficié, dans des conditions troubles, de la
donation d’une vieille dame. Son épouse, un notaire et la belle-sœur de la donatrice sont également mis en examen.
- Ben voyons ! Et pourquoi elle
n’aurait pas dérobé un yacht et
un avion aussi, vous pouvez l’écrire.
’est un véritable choc pour
le monde politique valdoisien
et pour les habitants de
Sannois : vendredi 25 mai, Le
Parisien Val-d’Oise-Matin révélait
que le maire de Sannois, âgé de
55 ans, et son épouse sortaient
tout juste d’une garde à vue pour
une « affaire privée ». Le mercredi 23 mai au matin, agissant sur
commission rogatoire d’un juge
d’instruction de Nanterre (Hautsde-Seine), des hommes de la police judiciaire s’étaient présentés
au domicile du maire de Sannois,
par ailleurs Premier vice président
du Conseil général et président
de l’Union des maires.
C
- Répondez sérieusement, vous
n’avez pas intérêt à ce qu’on écrive n’importe quoi !
- Je n’ai rien à vous dire, je vais
raccrocher !
- Vous n’avez pas un avocat ?
- Ouais, elle a eu une avocate
commise d’office.
- Et je peux avoir son nom pour
l’appeler, si vous ne voulez rien
dire ?
Perquisition
au petit matin
Pour Yanick et Sylvie
Paternotte, c’était la stupéfaction.
Les policiers procédaient à une
perquisition et emmenaient le
maire et son épouse à l’hôtel de
police de Cergy, où ils étaient
interrogés séparément toute la
journée, avant d’être placés en
garde à vue dans la soirée. Le
lendemain jeudi 24 mai au matin,
ils étaient présentés au juge d’instruction qui les mettait en examen pour « abus de faiblesse ».
Deux autres personnes, un notaire et une femme âgée d’une
soixantaine d’années, se voyaient
notifier au même moment une
inculpation similaire. Tous étaient
ensuite remis en liberté sous
contrôle judiciaire.
Quatre personnes
mises en examen
Intervenant à 18 jours du premier tour des élections législatives où Yanick Paternotte (UMP)
paraissait bien placé pour
l’emporter dans la 9e circonscription du Val-d’Oise contre le député socialiste sortant Jean-Pierre
Blazy, l’affaire ne pouvait manquer de frapper les esprits.
Le président de l’Union des
maires semblait tout proche de
l’apogée d’une carrière politique
jusque-là sans faute. Et si l’affaire judiciaire qui le visait était officiellement « strictement privée »,
son retentissement sur la campagne électorale suscitait de nombreuses interrogations.
Affaire “strictement
privée”, mais publique
Comme le faisait remarquer
notre confrère Le Parisien, Yanick
Paternotte est un « homme politique incontournable » dans le
Val-d’Oise. Responsable du budget et des finances au Conseil
général, président du Comité
d’expansion économique du Vald’Oise, inventeur d’une solution
pour transporter le fret de Roissy
à grande vitesse sur des rames
TGV de nuit spécialement équipées (CAREX), et en même temps
mobilisé contre les nuisances de
Roissy, l’homme bouillonne
d’idées, de projets. Il est apprécié
bien au-delà de sa famille politique, il est connu pour son opiniâtreté, sa méticulosité et son
sens de l’organisation.
La semaine dernière, l’Écho
racontait son dernier « coup » :
- C’est elle qui vous appellera.
Écoutez, vous me dérangez pendant que je regarde la télé. je raccroche.
Sylvie et Yanick Paternotte, éprouvés par les accusations d’ordre privé
dont ils font l’objet, ont décidé de réagir.
grâce à un panel de subventions,
il venait de faire démonter le
moulin de Sannois pour un lifting
complet en Belgique avant remontage. Le 29 septembre 2006, il
s’était vu remettre la croix de chevalier dans l’ordre national de la
Légion d’honneur par JeanFrançois Lamour, alors ministre
de la Jeunesse, des sports et de la
vie associative, au musée de la
boxe Jean-Claude Boutier, le plus
récent musée ouvert à Sannois.
Et il s’apprête à lancer un ambitieux projet de Maison de
l’Environnement à Sannois.
Comment cet élu dynamique et
imaginatif peut-il si brutalement,
sans qu’il s’y attende, se retrouver
« dans le ruisseau », obligé, avec
son épouse Sylvie, de défendre
leur honneur ?
“Dans le ruisseau”
Pour comprendre l’événement,
il faut revenir en arrière. À la fin
de l’année 2005, une plainte
contre X est déposée par le petit
neveu d’une riche vieille dame de
Sannois, Lucienne K. Nous évoquerons les différents protagonistes de cette affaire par une
simple initiale, car ils ont refusé
de nous répondre sur leur propre
cas, même si certains semblent
intarissables pour parler « des
autres ».
Nous évoquerons donc avec
prudence la situation de chacun,
par souci de la présomption
d’innocence et du fait que nos
recoupements ne nous ont pas
permis d’éclairer tous les coins
d’ombre sur une affaire suivie par
un juge d’instruction et des policiers depuis un an et demi, sans
que Yanick Paternotte et son
épouse en aient été avertis.
La surprise
Curieuse histoire que celle de
Lucienne K, dont le mari, Casimir
est décédé des suites de la canicule de 2003. Elle n’a pas
d’enfants. Elle habite une maison
de Sannois où elle-même est née
en 1913. Il s’agit d’une bâtisse
pas vraiment élégante, mais
située dans un endroit favorable,
tout en haut de la butte, au milieu
d’un espace boisé d’environ un
demi-hectare, dans un secteur
aujourd’hui protégé et nonconstructible.
Un secteur boisé
de la “Butte”
La propriété a été édifiée à la
fin du XIX e siècle par le père,
M. Pardigon, qui avait fait fortune
dans des activités minières « dans
les colonies ». De cette fortune
subsistent de beaux restes. Au fil
des successions, des donations
et héritages, Lucienne K est propriétaire de 30 % de l’indivision
de la maison de Sannois, entreautres. Cela lui donne droit à un
appartement qu’elle occupe toujours, dans une maison désormais
divisée en quatre : au rez-dechaussée son neveu, Rénato P ;
au 2e étage, son petit neveu
Alexandre V. Et entre les deux, un
locataire, Daniel B., qui fait
presque partie des meubles,
réglant depuis des dizaines
d’années son loyer à Lucienne.
30 % de l’indivision
Aujourd’hui Lucienne est une
très vieille dame de 94 ans à la
mobilité réduite. Elle nous reçoit
ce dimanche en prenant son petitdéjeuner, son déambulatoire à
portée de main.
Elle nous invite à entrer. Elle
souffre à l’évidence d’une maladie dégénérative du grand âge qui
obère ses facultés. En même
temps, elle est très heureuse de
recevoir une visite et devient
bavarde comme une pie. « Je suis
un peu dans le cirage aujourd’hui,
revenez me voir un jour où je
serai plus en forme. » Nous évitons de lui parler de « l’affaire »
mais lui demandons des nouvelles
des gens qu’elle connaît et dont
on parle tant en ce moment. « Le
maire de Sannois ? Oh, c’est un
homme gentil, très gentil. Parlezen à ma belle-sœur, Madame
T. Elle est au courant de toutes
mes affaires. Elle s’est bien occupée de moi. Le maire est très bien
aussi. Mais vous savez, je suis
très fatiguée, ça ne m’est pas facile de parler ».
Ce qu’il fait, sans prendre la
peine d’écrire notre numéro de
téléphone, pour que l’avocate rappelle. La télévision semble davantage passionner M. T que l’opinion qu’on peut avoir de son
épouse.
La passion de la télé
Dommage. Jeanine T. a sûrement beaucoup à dire. Bénéficiant
d’une procuration sur les comptes
de sa belle-sœur Lucienne, elle
connaît forcément tous les détails
de l’affaire en cours qui, à la fin
de 2005, a conduit des membres
de la famille à porter plainte, à
alerter le Parquet de Pontoise, et
à réclamer pour Lucienne K. un
statut de personne sous tutelle
renforcée.
Sur ces entrefaites surgit le
neveu Rénato P. En
découvrant un jour- Sur ces entrefaites
naliste qui discute
« On a eu les pires
avec sa tante, ses surgit le neveu. En
peines
du monde à
découvrant un
yeux semblent sortir
comprendre l’étendue
de leurs orbites,
journaliste qui
des détournements »,
comme dans une
discute
avec sa affirme, toujours sous
bande dessinée. Il se
tante, ses yeux couvert d’anonymat,
maîtrise à grandpeine. « Sortez, vous semblent sortir de un des membres de la
famille.
voyez bien qu’elle
leurs orbites,
n’a pas toute sa
Rien à voir avec une
tête ». Le neveu, lui, comme dans une
n’a rien à dire. « Je bande dessinée. Il « gentillesse » dont
croit se souvenir
ne
veux
pas
se maîtrise à
Lucienne. Et si cette
employer un mot qui
grand-peine.
dernière réussit à vivre
se retournerait contre
«
Sortez,
vous
aujourd’hui à son
moi. Vous verrez
domicile, alors que
voyez bien
avec mon avocat. Je
état de santé
ne vous donne pas
qu’elle n’a pas son
semblerait
nécessiter
son nom. C’est lui
toute sa tête ». une institution spéciaqui vous contactelisée, c’est grâce à ses
ra ». Ce que Me Luc
Castagni, avocat à Paris, avenue neveux, qui viennent la voir quode l’Opéra, fera effectivement le tidiennement, et… au maire de
lundi, de bonne grâce, mais sans Sannois, qui a demandé à ses servouloir dévoiler le secret de l’ins- vices de s’en occuper, après
qu’elle a été victime d’une fractruction.
ture du col du fémur, peu après
Il nous reste à rencontrer la sa donation.
belle-sœur Jeanine T, qui selon la
« C’est le seul point sur lequel
vieille Lucienne est « si gentille, si
serviable ». Ce sont des qualités je rends grâce au maire de
qu’elle ne réserve pas à la presse, Sannois, concède Me Luc
car « tout ça ne vous regarde pas, Castagni. Il aurait pu la placer
je n’ai rien à dire », crie-t-elle au dans une maison de retraite après
téléphone avant de passer le com- la signature de la donation de sa
biné à son mari. Comme nous lui part d’indivision, et il ne l’a pas
suggérons qu’il n’est pas inutile fait. »
de faire connaître la version d’une
Mais revenons à la belle-sœur,
femme que beaucoup accusent Jeanine
T., née K. Son frère avait
sous couvert d’anonymat -, il le
prend de haut : « Tout ça, on s’en épousé la riche héritière, mais
fout, écrivez ce que vous voulez » elle-même n’occupait qu’une posi- Mais c’est de l’honneur de
votre épouse qu’il s’agit ?
Page 4 - L'Écho - Le Régional - mercredi 30 mai 2007
Suite page 5

Documents pareils

Secrétariat Général

Secrétariat Général Allocution de Monsieur Yanick PATERNOTTE : Mes chers collègues, « La morale et l’action politique locale sont-elles compatibles ? ». Non, ce n’est pas le sujet de philo d’une épreuve du bac, mais ...

Plus en détail