[ci - 27] prj/30.pages 26/12/16

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Sports
SPORTI
TENNIS BILAN ET PERSPECTIVES
"Les qualités de compétiteurs sont
généralement dans notre ADN..."
Candidat à la présidence de la Fédération Française de Tennis, le président de la Ligue Corse, Bernard Giudicelli,
dresse un bilan de la saison écoulée et évoque certains objectifs. Tant sur le plan régional que national
L
a culture de la "gagne". Voilà
ce que Bernard Giudicelli souhaite instaurer. Aussi bien sur
les courts de la ligue de tennis insulaire, qu’à la tête de la FFT, s’il venait à être élu. Mais avant
d’aborder le scrutin du 18 février
prochain qui déterminera le successeur de Jean Gachassin, le candidat
bastiais ratisse large...
l’élimine quasiment de la course.
Tout se jouera donc entre Jean-Pierre Dartevelle, vice-président délégué de la FFT, et moi.
Quelle est la différence
entre vos deux programmes ?
Nous avons des visions totalement différentes sur le bilan actuel.
Il est très optimiste et ne souhaite
vraisemblablement rien changer,
alors que je pars d’un constat plus
décevant. La France n’a plus gagné
de titre majeur depuis trop longtemps, et nous enregistrons une
érosion constante de nos effectifs.
À mes yeux, ce sont deux bonnes raisons pour apporter un vent de changement.
Notre idée est de passer d’une
structure pyramidale, en place depuis 30 ans, à une véritable approche en réseau. Pour ce faire, nous
renforcerons la proximité avec les
clubs sur les territoires. Nous établirons de véritables accords de territoires avec les conseils régionaux
pour développer la pratique, équiper les clubs et former notre élite de
demain.
En votre qualité de président de la
Ligue corse de tennis, quel est votre
sentiment sur l’année écoulée au vu
des résultats obtenus ?
À ce jour, nous ne pouvons pas affirmer haut et fort que nous avons eu
des résultats exceptionnels. Toutefois, grâce aux tournées initiées par
nos entraîneurs de ligue, nos jeunes licenciés ont acquis beaucoup
d’expérience. D’autre part, nous finissons l’année sur une note positive puisque notre joueur le plus prometteur, Lisandru Rodriguez, dont
la présence en tennis études avait
été interrompue, vient d’être associé à une tournée fédérale au mois
de janvier à Poitiers. Nous pouvons
donc allègrement constater qu’il
recolle au peloton, puisque dès
qu’un jeune est associé à une tournée de cet acabit, ça signifie qu’il
fait partie des meilleurs de sa catégorie.
"Seulement trois
ligues, la nôtre
comprise, ont vu
leur effectif
augmenter"
En ce sens, le centre de Ligue
de Lucciana, inauguré le 23 août
2014 aide-t-il à l’épanouissement
du tennis insulaire ?
Après avoir bataillé durant deux
ans à cause des intempéries et de la
qualité de la terre battue, en 2016
nous avons pu en profiter pleinement, et ce, grâce à des courts qui
s’apparentent aujourd’hui à de véritables billards. Le centre nous a permis d’asseoir notre politique de formation et de préparation de l’élite.
Pendant toute l’année et même en
soirée, nos meilleurs joueurs peuvent ainsi s’entraîner sur terre battue. C’est une dimension supplémentaire qui était importante à nos
yeux, ne serait-ce que pour les préparer au mieux pour les grands rendez-vous.
Est-ce un outil indispensable
pour éclore un futur Lokoli ?
Un Lokoli ou une De Bernardi,
bien évidemment. Aux côtés de nos
jeunes générations, nous allons
vraiment insister sur cette culture
de la compétition et de la "gagne".
Au quotidien, nos entraîneurs vont
d’ailleurs faire en sorte que les qualités de compétiteurs, qui sont généralement dans notre ADN, se retrouvent sur le court. Au vu de ces attentes, et grâce au centre de ligue,
Bernard Giudicelli veut insister sur la culture de la compétition et de la "gagne". Comme président de la Ligue régionale,
et demain à la fédération s’il accédait à la plus haute fonction.
/ ARCHIVES CORSE-MATIN
nous avons donc beaucoup de raisons d’espérer.
Sur ces trente dernières années,
la FFT a enregistré une perte conséquente de licenciés (moins 350 000
en 30 ans). Quelle est la situation
sur l’île ?
Avant toute chose, il faut relativiser. Nous avons peut-être perdu
350 000 licenciés en trente ans,
mais il y a quatre fois plus de gens
qui jouent au tennis de manière régulière. Évidemment, il y a toujours
une espèce de psychodrame autour
de la licence, mais aujourd’hui,
nous devons nous concentrer sur
une donnée : le tennis est la deuxième discipline la plus pratiquée en
France, et ce, par les deux sexes et
tous les âges. Ceci reste d’ailleurs
un point fort de notre sport.
D’autre part, s’il y a eu une petite
érosion globale, à l’échelle régionale, le bilan est tout autre. Nous
avons enregistré une augmentation
de 2,5 % de nos effectifs, tant chez
les jeunes que chez les adultes.
C’est tout de même un motif de
satisfaction ; seulement trois ligues,
la nôtre comprise, ont vu leur effectif augmenter de la sorte.
Comment expliquez-vous
ce phénomène ?
Cela tient essentiellement au dy-
namisme de certaines structures et
à la création d’autres clubs. Je pense notamment à celui de Borgo, qui
a vu le jour sur un territoire où il n’y
en avait pas. Logiquement, il a permis d’amener sur les courts des
gens qui y jouaient peut-être auparavant, mais qui n’entraient pas
dans le cadre fédéral.
Pensez-vous qu’il sera possible de
continuer sur cette lancée en 2017 ?
Ça va être difficile de maintenir
une augmentation à ce rythme.
Nous avons clôturé l’exercice 2016
en septembre, donc il est encore
trop tôt pour s’aventurer dans des
estimations. Pour l’instant la tendance est à la baisse, mais nous devons attendre avant de tirer toute
conclusion.
Pour cette nouvelle saison,
quels sont vos objectifs sur
le plan sportif ?
Notre équipe technique de ligue
a été repositionnée à trois niveaux.
Dans un premier temps, nous leur
avons demandé de multiplier les
rassemblements et les compétitions afin de générer plus
d’échanges sportifs entre les
joueurs. Nous n’allons pas nous lamenter en permanence sur le fait
que nous n’avons que 3 900 licenciés.
De toute façon, nous devons
jouer au tennis entre nous. Ensuite,
nous entendons être plus présents
dans les clubs, notamment par notre CTR, aussi bien auprès des enseignants que des dirigeants. Puis, notre troisième axe entend mieux cibler les déplacements sur le continent. Nous aurons peut-être moins
de compétiteurs, mais ils seront
mieux préparés à affronter les différentes échéances.
"Tout se jouera
entre Jean-Pierre
Dartevelle et moi"
Au niveau national, l’année sera toute aussi importante avec l’élection
de la présidence de la FFT prévue
pour le 18 février prochain. Où en
êtes-vous à l’heure qu’il est ?
Aujourd’hui, et ce, après une première série d’élections de délégués
organisées durant le week-end du
17 décembre, nous comptons plus
de voix de délégués que la liste de
Jean-Pierre Dartevelle.
À ce jour, Alexis Gramblat, malgré tous les moyens mis en œuvre,
n’a réussi à décrocher le vote d’un
seul délégué, ce qui représente, de
mémoire, moins de 1% des voix, et
Les récentes révélations dévoilées
par le site Mediapart, selon lesquelles vous étiez, tous les deux, au courant des malversations menées par
Jean Gachassin, accusé notamment
de trafic de billets, vous ont-elles
particulièrement inquiété ?
La seule chose que je peux dire et
que je répète à chaque fois, c’est
que tout ce qui ressort aujourd’hui,
n’est qu’une remise en ordre que
j’ai réalisée entre 2009 et 2010. 2011
a été l’année de changement de règles de la billetterie et en 2012 tout
était d’équerre y compris dans la
loi. Aujourd’hui, c’est une véritable
machination, rôtie depuis de longs
mois. On nous sort tout ça au moment voulu, à savoir deux jours
avant un week-end électoral capital. Ici, chez nous, tout le monde
me connaît pour mon honnêteté et
ma rigueur. Pourquoi voudriez-vous que je change en descendant de l’avion ? C’est pour cela que
j’ai été choisi par celles et ceux qui
m’entourent. Je suis un bosseur qui
a su faire changer les choses. La
billetterie, le projet de nouveau stade en passe d’aboutir, la réforme
statutaire ça n’est pas rien.
Toutes ces années m’ont permis
de prendre conscience de tous ces
facteurs de blocage auxquels on
s’attaque. On doit changer en profondeur. Partout où je passe, mon
message soulève l’adhésion et
l’envie de changement. Et les clubs
ne s’y sont pas trompés : partout
nos candidats ont été élus contre
ceux qui brandissaient ce rapport
contre nous.
Les résultats du 17 décembre
nous placent d’ailleurs en tête. On
veut faire gagner le tennis français
et ça bouscule l’ordre établi. Et on
va aller au bout. Et vous savez quel
est le mot le plus utilisé dans notre
équipe : Forza !
INTERVIEW RÉALISÉE PAR
STÉFANIE PISANO