espèces invasives : 3 années d`alertes et de
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espèces invasives : 3 années d`alertes et de
AFPP – COLLOQUE RAVAGEURS ET INSECTES INVASIFS ET ÉMERGENTS MONTPELLIER – 21 OCTOBRE 2014 ESPÈCES INVASIVES : 3 ANNÉES D’ALERTES ET DE SIGNALEMENTS À L’ANSES, UNITÉ ENTOMOLOGIE ET PLANTES INVASIVES J.-F. GERMAIN, V. BALMÈS, R. MOUTTET, J.-M. RAMEL, G. FRIED, P. REYNAUD Anses, Laboratoire de la Santé des Végétaux, CBGP-campus international de Baillarguet. CS3001634988 Montferrier-sur-Lez cedex FRANCE [email protected] RÉSUMÉ Au sein de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le Laboratoire de la Santé des Végétaux est le laboratoire national de référence pour l’entomologie et les plantes invasives. Il mène une action de veille sur les parasites réglementés, les résurgences ou émergences pouvant toucher le territoire. L’information diffusée aux acteurs concernés depuis 2011, via l’émission de fiches d’alerte et de fiches de signalement, est présentée. Mots-clés : alerte, signalement, invasif, insectes, plantes. ABSTRACT INVASIVE SPECIES: THREE YEARS OF WARNING AND REPORTING AT ANSES, ENTOMOLOGY AND INVASIVE PLANTS UNIT Within the ANSES (French Agency for Food, Environmental and occupational health & safety), the Plant Health Laboratory is the national reference laboratory for entomology and invasive plants. It is involved in the surveillance of regulated pests, outbreaks or emergencies that may affect the territory. The information provided to stakeholders over the past three years, through the emission of warning and reporting forms is presented. Keywords: warning, reporting, invasive, insects, plants. INTRODUCTION L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement, et du travail) assure des missions de veille, d’expertise, de recherche et de référence sur un large champ couvrant la santé humaine, la santé et le bien-être animal et la santé végétale. C’est un établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle des ministères chargés de la Santé, de l’Agriculture, de l’Environnement, du Travail et de la Consommation. L’agence s’appuie sur un réseau de 11 laboratoires de référence et de recherche dont le laboratoire de la Santé des Végétaux (LSV). Le LSV, unité entomologie et plantes invasives intervient sur les risques biologiques et les auxiliaires de la santé des végétaux, incluant la détection précoce d’insectes, acariens et plantes invasives. La transmission de l’information auprès des acteurs responsables de la santé du végétal (DGAL, SRAL, Fredon,…) est un élément important pour la mise en place de mesures de gestion du risque. Le LSV émet ainsi régulièrement des fiches d’alerte et des fiches de signalement. La fiche d’alerte représente le signal, suffisamment validé, d’une menace significative pour la santé du végétal (voire des populations ou de l’environnement), et qui nécessite une réponse adaptée. La fiche de signalement attire l’attention sur un danger potentiel et/ou une information à suivre. Ces alertes et signalements sont émis à partir d’identifications réalisées au laboratoire, d’une veille scientifique ou grâce aux échanges avec nos réseaux d’entomologistes et botanistes. Les fiches d’alerte sont émises pour signaler la présence de nouveaux foyers d’organismes réglementés ou pour informer de primo-signalement ou d’extensions d’aires de distribution sur le territoire métropolitain d’espèces jugées comme importantes. Les fiches de signalement concernent des organismes nouveaux pour la France mais qui sont considérés comme des ravageurs secondaires ou aux faibles capacités d’établissement. Elles peuvent également concerner des organismes en recrudescence ou permettre d’accroître la vigilance vis-à-vis de l‘introduction possible de nouveaux ravageurs via le commerce international. Enfin, les signalements dans les pays voisins de la France métropolitaine permettent d’anticiper le risque d’introduction de nouveaux organismes dans notre pays. Des fiches spécifiques aux DOMs suivant la même répartition sont restreintes aux territoires ultramarins. Fiches d’alerte 1. Insectes réglementés Anoplophora glabripennis (Motschulsky) (Coleoptera : Cerambycidae) Un adulte est signalé en Bretagne en 2012 dans une palette de bois en provenance d’Asie. Un foyer avec de nombreux adultes est découvert en Corse en 2013 sur érable (Acer sp.). Des mesures réglementaires ont été prises pour éradiquer ce foyer. Le capricorne asiatique est très polyphage sur essences de feuillus, principalement à bois tendre. Il attaque particulièrement les érables, peupliers, saules, platanes. Galerie larvaire dans une branche Larval gallery in a branch (photo Anses/LSV) Diabrotica virgifera virgifera LeConte (Coleoptera : Chrysomelidae) Dans le cadre d’un plan de surveillance, découverte en Picardie d’un adulte de Diabrotica v. virgifera en 2013. Il s’agit d’un foyer excentré par rapport aux foyers préexistants en France, de l’Alsace à la région Rhône-Alpes. Une stratégie d’éradication avec renforcement d’un réseau de piégeage a été recommandée mais depuis le printemps 2014, cet insecte est déréglementé. Aleurocanthus spiniferus (Quaintance) (Hemiptera : Aleyrodidae) à la Réunion. À la fin du mois d’avril 2013, La FDGDON a récolté des aleurodes sur rosier à Saint-Denis. Les échantillons reçus au LSV ont été identifiés comme appartenant à l’espèce A. spiniferus, espèce réglementée pour ce département ultra-marin. Il s’agit du premier signalement pour l’île. De très nombreux pupariums étaient présents sur les feuilles de Rosa sp. constituant l’échantillon. Originaire d’Asie du sud-est, cette espèce s’est répandue dans les régions tropicales et subtropicales. Dans la sous-région elle est présente sur la côte africaine (Kenya et Tanzanie) et à l’île Maurice. Elle peut être dommageable aux cultures de citrus et roses. Sa gamme d’hôtes est plus restreinte que celle de l’espèce voisine A. woglumi mais comporte cependant Puparium d’ A. spiniferus 13 familles végétales. Une prospection ciblée A. spiniferus: puparium et une éradication du foyer ont été recommandées. 2. Premiers signalements Halyomorpha halys (Stål) (Hemiptera : Pentatomidae) Un spécimen d’H.halys est capturé par un particulier en août 2012 à Strasbourg (67) (Callot et Brua, 2013). Originaire d’Asie (Chine, Japon, Corée, Taiwan), il s’agit du premier signalement en France. Cette espèce invasive est très polyphage sur arbres, plantes comestibles et plantes ornementales (Citrus, Pyrus, Malus, Vitis, Phaseolus, Solanum, Acer…). Elle est signalée aux USA (2001), Suisse (2007) et en Allemagne (2011). Elle s’attaque aux feuilles, tiges et fruits sur lesquels elle provoque des taches qui les rendent invendables. Très mobile, elle change d’hôtes selon la saison. Des pullulements à l’intérieur des maisons sont possibles (hibernation). Son établissement probable en France pourrait avoir un impact économique, environnemental et sociétal important. Bien établie dans les pays limitrophes, son éradication semble impossible. Extension de la distribution d’Ambrosia trifida L. (Asteraceae) Des modifications dans l’aire de distribution de certaines espèces peuvent être un motif d’alerte comme cela a été le cas avec l’extension localisée mais rapide d’une plante envahissante à impact potentiel sur la santé humaine : Ambrosia trifida. Cette plante d’origine nord-américaine observée de manière irrégulière en France depuis 1901 a commencé à coloniser les cultures (maïs et soja) à la fin des années 1990. A. trifida est considérée comme une des mauvaises herbes les plus difficiles à gérer et les plus nuisibles dans son aire d’origine (Etats-Unis). A l’instar de l’ambroisie à feuilles d’armoise, le pollen de cette espèce est fortement allergène avec une production estimée à 1 milliard de grains par plante en une saison. Un récent bilan fait état d’une trentaine de parcelles envahies, localisées autour de Toulouse, auxquelles s’ajoutent quelques parcelles disséminées sur le territoire (Vaucluse, Ain). Compte tenu de sa distribution localisée, une lutte coordonnée pourrait permettre de contenir voire d’éradiquer cette espèce avant qu’elle ne devienne un problème agricole et sanitaire. Contarinia maculipennis Felt (Diptera : Cecidomyiidae) à la Réunion. Au second semestre 2011, des producteurs d’orchidée du genre Dendrobium ont observé des anomalies de floraison dans leurs productions. L’observation de larves et d’adultes d’insectes ont permis de mettre en cause cette cécidomyie au printemps 2012. Originaire d’Asie du Sud-Est, elle se développe aux dépens de nombreuses plantes, les plus affectées étant des orchidées du genre Dendrobium, on peut la trouver également sur les genre Cattleya, Cymbidium, Phalaenopsis et Vanda. Des attaques ont été signalées sur Acanthaceae, frangipannier, margose, hibiscus, jasmin d’Arabie ainsi que sur plusieurs Solanaceae comme le piment de Cayenne, le piment doux, la tomate, l’aubergine et la pomme de terre. A partir de la détection par l’observation au niveau du bouton floral, en l’absence d’une lutte chimique satisfaisante, des mesures prophylactiques sont les seuls moyens de contrôle efficaces préconisés, avec destruction des plantes infestées et élimination des plantes sensibles à proximité des foyers. Drosophila suzukii (Matsumara) (Diptera : Drosophilidae) à la Réunion. En novembre 2013, la FDGDON a découvert facteur aggravant. L’éradication dans un foyer de Drosophila suzukii (diptère invasif environnement insulaire a été recommandée. originaire d’Asie) sur l’île de la Réunion, en culture de fraisier. Il s’agit du premier signalement en Afrique de ce ravageur en rapide expansion à travers le monde. L’espèce a colonisé l’Amérique du Nord et l’Europe depuis la fin des années 2000. Elle se développe à l’intérieur des fruits sains. Elle est très dommageable aux cerises, aux fraises, aux petits fruits (Rubus spp.). Son établissement peut avoir des conséquences économiques et environnementales importantes pour ces planteshôtes présentes comme les fraisiers et Prunus D. suzukii : mâle adulte/adult male persica. L’incertitude quant à son adaptabilité à des cultures plus spécifiques de l’île pourrait être un (photo Anses/LSV) cet Singhiella simplex (Singh) (Hemiptera : Aleyrodidae) en Guadeloupe. La présence de l’aleurode invasif Singhiella simplex dans un échantillon du LSV prélevé en Guadeloupe a été confirmée par J. Martin (UK). Il s’agit du premier signalement sur l’île. Les spécimens ont été capturés à Deshaies en novembre 2012 sur Ficus. Par ailleurs, des spécimens ont été interceptés en Languedoc-Roussillon en février 2013 sur feuilles de Ficus benjamina en provenance d’Israël. Originaire d’Asie (Birmanie, Chine, Inde), cette espèce a déjà montré ses potentialités d’invasion en s’installant en Floride en 2007 puis en Amérique du Sud (Brésil, Colombie). Elle est inféodée au ficus (Ficus benjamina et espèces proches). De fortes infestations provoquent une défoliation complète. Ses besoins thermiques sont proches de ceux de Bemisia tabaci. Un établissement en France métropolitaine est donc peu probable, sachant qu’elle n’est pas connue pour se développer en intérieur. En revanche, la Guadeloupe et plus largement les départements ultramarins sont concernés par le risque. Les ficus y sont bien représentés par des espèces ornementales ou bien indigènes. Une surveillance y a été recommandée. Spodoptera exempta (Walker) (Lepidoptera : Noctuidae) noctuelle présente à Mayotte. Un très fort pullulement (jusqu’à 50 larves au m2) de Spodoptera exempta (chenilles défoliantes) a été signalée à Mayotte en février 2012 sur pelouse de graminées de l’aéroport international de Pamandzi. Il s’agit à notre connaissance du premier signalement de ce ravageur pour Mayotte. C’est une espèce très polyphage, qui s’attaque principalement aux Poaceae et aux Cyperaceae. Elle a comme hôtes préférentiels l’avoine, l’orge, le riz, le mil, la canne à sucre, le sorgho, le maïs et le gingembre. Elle peut également se développer sur certaines plantes hôtes non cultivées. S. exempta est largement distribuée en Afrique (dont Madagascar), en Asie du Sud-Est, Australasie et Océanie (incluant Hawaï-USA). Les pertes à la production sont souvent significatives par attaque directe sur les jeunes plants par les premiers stades larvaires, et par l'invasion de la culture par les larves plus âgées présentes sur les graminées sauvages adjacentes. Les cultures, peuvent être totalement détruites. Ce lépidoptère pourrait trouver des cultures favorables à son développement à Mayotte. Erigeron bellioides DC. (Asteraceae) en extension dans les Antilles françaises. Un échantillon de plante récolté par la revanche, son adaptation à la tonte (feuilles FREDON Martinique et envoyé au LSV a en rosette basale) en fait une « mauvaise permis d’identifier en septembre 2013 herbe » sérieuse des zones non agricoles de Erigeron bellioides DC. originaire du Nord des type pelouses et gazons urbains, jardins Caraïbes (Bahamas, Cuba, République amateurs, etc. Dominicaine, Haïti, Porto Rico). Petite annuelle à rosette, elle se propage de manière végétative par de minces stolons et envahit avec de forts recouvrements pelouses, gazons et jardins. Il s’agit du premier signalement de cette espèce en Martinique (elle y serait vue depuis 2010). Déjà présente en Guadeloupe depuis le début des années 1990 (mais longtemps non identifiée au-delà du genre : Erigeron sp.), elle s’y est révélée extrêmement envahissante depuis une dizaine d’années, et elle occupe désormais pratiquement toutes les pelouses régulièrement tondues de l’île. Il s’agit d’une espèce pionnière, favorisée par les perturbations (sols nus). Le risque pour les E. bellioides habitats naturels semble faible (espèce peu (photo : Dumabardon-Martial) compétitive pouvant difficilement s’installer dans des couverts végétaux en place), de même que dans les milieux cultivés. En Fiches de signalement 1. Présence sur le territoire métropolitain Callidiellum rufipenne (Motschulsky) (Coleoptera : Cerambycidae) dans le Sud-ouest. Il est signalé au printemps 2012 pour la première fois en France par l’ONF sur 2 foyers dans le Pays Basque, non loin de la frontière espagnole. Il s’agit d’anciens reboisements constitués d’essences « exotiques » mixtes (Cyprès de Lawson,….) (Van Meer & Cocquempot, 2013). Originaire d’Asie, le genre est connu du Japon, de Corée, de Taïwan et de Chine continentale. L’espèce est signalée invasive en Italie (1989) et Espagne (1995). Elle est établie en Amérique du Nord et du Sud. Elle se développe sur des arbres de la famille des Cupressaceae : Chamaecyparis, Cupressus, Juniperus ainsi que Thuja occidentalis. Elle peut également attaquer des espèces de la famille des Pinaceae. Les peuplements indigènes de cyprès pourraient être touchés, en particulier s’ils sont soumis à un stress. En pépinière, les thuyas, cyprès et genévriers sont aussi susceptibles d’être menacés comme les Cupressacées d’ornement plantés en ville et dans les jardins privés. Leptodictya bambusae Drake (Hemiptera : Tingidae) dans l’ouest de la France Une espèce de Tingidae, Leptodictya bambusae a été découverte sous serre sur des bambous (Pleioblastus fortunei) dans l’ouest de la France (Streito, 2013). C’était le premier signalement sur le territoire métropolitain de cette espèce d’origine néotropicale où elle vit sur bambous et canne à sucre. Il est peu probable que cette espèce puisse s’établir en extérieur en métropole. Elle pourrait se maintenir sous-serre mais ses plantes-hôtes n’y sont pas l’objet de cultures importantes. Par contre, une vigilance des acteurs de la Adulte/Adult L. bambusae santé du végétal dans les DOM a été (Photo A. Ferre) recommandée, L. bambusae n’étant pas signalé de ces territoires ultra marins. Aleuroclava aucubae (Kuwana) (Hemiptera : Aleyrodidae) en Corse Lors d’un contrôle en verger en Corse, la à préconiser la vigilance sur son éventuelle présence d’un aleurode à caractère invasif, expansion en Europe. Aleuroclava aucubae, est mise en évidence, s’agissant ainsi du premier signalement en France (Streito et al. 2014). Originaire d’Asie (Japon, Chine, Taiwan, Corée), cette espèce a déjà montré ses potentialités d’invasion en s’installant en Californie et en Italie en 2007 puis en Slovénie en 2012. C’est un aleurode polyphage pouvant se développer sur de nombreuses espèces végétales d’importances économiques, mais qui semble rester un ravageur très secondaire, que ce soit dans son aire d’origine ou dans les pays où il a été introduit. Compte tenu du peu d’informations disponibles sur sa biologie et le fait qu’il soit organisme réglementé pour deux pays A. aucubae : puparium (Australie et Nouvelle-Zélande) nous a conduit (photo : Anses/LSV) Première détection de Reynoutria japonica Houtt. (Polygonanceae) en Corse. Principale espèce végétale envahissante en Europe continentale, la renouée du Japon (Reynoutria japonica Houtt.) est déjà largement présente en France mais encore rare en région méditerranéenne et jusqu’à peu absente de Corse. Elle y a été découverte au printemps 2013. Son impact environnemental sur la végétation indigène et son coût de gestion sont très élevés. Compte tenu de la forte valeur patrimoniale de la flore corse (nombreuses espèces endémiques) et compte tenu de la détection précoce (~ 2000m² de berges colonisées), il a été conseillé de tenter une opération d’éradication. Le Conservatoire Botanique national de Corse a été alerté et encadre le plan de gestion de l’espèce. Extension vers l’est d’Alternanthera philoxeroides (Mart.) Griseb. (Amaranthaceae) Alternanthera philoxeroides (Mart.) Griseb. est une plante vivace à stolons, aquatique ou semiterrestre, d’Amérique du Sud. En France, elle n’était jusqu’à présent connue que dans le SudOuest où elle se répand depuis les années 1960 dans le bassin versant de la Garonne et depuis les années 2000 dans le Tarn. L’envoi d’un échantillon récolté le 07/07/2013 pour identification au LSV a mis à jour la présence de cette espèce à Sorgues (Vaucluse) sur l’Ouvèze (un affluent du Rhône). Il s’agit d’une plante d’origine tropicale utilisée comme plante d’aquarium (voie d’introduction supposée en France) mais considérée comme une mauvaise herbe majeure au niveau mondial. Elle peut former des tapis denses grâce à une croissance végétative rapide et une capacité d’enracinement aux nœuds. Son contrôle est très difficile car de petits fragments peuvent reformer un nouvel individu. En France, elle ne montre pas de signe d’envahissement clair à ce jour mais c’est le cas en Italie, Cette découverte constituant un second foyer indépendant de ceux déjà connus dans le Sud-Ouest doit inciter à la vigilance. A minima, une surveillance plus fine des stations connues permettrait d’estimer la vitesse de propagation et de prendre des mesures préventives si nécessaire. Naturalisation de Nasella tenuissima (Trin.) Barkworth (Poaceae) largement plantée en aménagement Nassella tenuissima est une graminée originaire d’Amérique du Sud (Chili, Argentine). Depuis quelques années, elle est massivement plantée dans de nombreux aménagements paysagers ( rondspoints, bords de routes). Des observations de 2013 indiquent que la plante se ressème facilement et parfois abondamment dans des milieux ouverts et plus ou moins perturbés à proximité des plantations : bords de routes, zones graveleuses filtrantes et milieux cultivés (oliveraie). Ces premières observations d’individus échappés de cultures (localement très nombreux) attestent que cette graminée ornementale produit un grand nombre de semences viables capables de s’établir bien au-delà des lieux de plantations (dispersion par le vent et les animaux). L’incertitude concerne sa capacité à s’établir et impacter des milieux plus naturels (pelouses sèches, garrigues) et à se maintenir dans les zones régulièrement cultivées. Son caractère invasif est cependant reconnu dans les prairies sèches et parcours en Afrique du Sud et dans plusieurs Etats d’Australie (où elle est réglementée) comme d’autres espèces du genre (N. trichotoma, N. neesiana également présentes en France). A ce titre, les parcours de la Plaine de la Crau utilisés pour le pâturage ovins sont à risque. Il a été recommandé (i) une démarche d’information et de prévention envers les pépiniéristes et les professionnels de l’aménagement du paysage visant à éviter les plantations dans les zones à risques et (ii) un suivi et un bilan plus précis des conditions dans lesquelles N. tenuissima se naturalise pour préciser le risque. 2. Anticipation du risque à l’import Megacopta cribraria (Fabricius) (Hemiptera : Plataspidae) L’interception à deux reprises en 2012 de soja et le pois, sont des cultures communes en cette punaise à deux points d’entrée Europe. communautaires différents (aéroport et port) et en provenance de deux pays américains (Pérou et USA) nécessite une vigilance accrue vis-à-vis de ce ravageur. Originaire d’Asie, elle est connue de Chine, Inde, Japon, Indonésie, Corée, Malaisie, Pakistan, Sri Lanka, Taïwan, Thaïlande, Vietnam mais également d’Australie et de Nouvelle Calédonie. Elle est présente dès 2009 aux USA. Ses plantes-hôtes sont des Fabaceae : parmi lesquelles le soja, le pois), Vigna angularis, V. mungo, etc. M. cribaria : adulte/adult Egalement signalé (probablement des hôtes (3,5 mm) (Photo Anses/LSV) accidentels) sur des Acanthaceae et des Malvaceae. Les plantes hôtes, notamment le En cas d’introduction, l’éradication sera très difficile. Sa présence au Pérou (jusqu’alors non recensé comme pays contaminé) confirme qu’elle est en pleine expansion actuellement. Les dégâts sont potentiellement importants sur les cultures de légumineuses. 3. Signalements dans certains pays voisins de la France métropolitaine Aromia bungii (Faldermann) (Coleoptera : Cerambycidae) en Italie Un foyer d’Aromia bungii a été détecté en 2013 au niveau de l’agglomération de Milan. Ce coléoptère cérambycidé, originaire d’Asie, a déjà été signalé (pour la première fois) en Italie en 2012 dans plusieurs localités de la province de Naples où il était en cours d’éradication (Garonna et al., 2013). Ce nouveau foyer a rapproché considérablement cet émergent des frontières françaises. A. bungii s’attaque principalement aux espèces de Prunus, en particulier pêchers et abricotiers. Etant donné son expansion dans un pays frontalier de la France, un suivi de l’évolution de la distribution d’A. bungii en Italie a été recommandé. Une surveillance des Prunus en France métropolitaine, une vigilance accrue des importations de végétaux sensibles provenant de régions contaminées et une sensibilisation pourraient être envisagées. Psacothea hilaris (Pascoe) (Coleoptera : Cerambycidae) en Italie. Ce coléoptère d’origine asiatique, a été signalé pour la première fois en Europe en 2005 en Lombardie (Italie) (Jucker et al. 2006). La situation en 2013 a montré que P. hilaris y a colonisé une zone d’environ 60 km² où il occasionne de sérieux dégâts sur figuiers (Lupi et al., 2013). Pour mémoire en France, un spécimen unique vivant avait été capturé dans le département du Rhône en 2005 sans que l’on parle d’établissement. Dans son aire d’origine, P. hilaris attaque des plantes appartenant à la famille des Moraceae, en particulier les Ficus et les Morus spp.. Etant donné son établissement avéré en Lombardie et les dégâts observés, cette espèce présente un risque pour les figuiers et mûriers poussant dans les régions méridionales de l'Europe. Un suivi de l’évolution de la distribution de l’insecte en Italie et une surveillance des figuiers et mûriers en France métropolitaine ont été conseillés. Ophraella communa LeSage, (Coleoptera : Chrysomelidae) en Italie et Suisse. Cette chrysomèle nord américaine a été donné l’incertitude sur le spectre d’hôtes signalée pour la première fois en Europe d’O. communa en Europe, on ne peut exclure durant l’été 2013, sur une zone de 20 000 km² un risque potentiel pour le tournesol. Il s’étendant du nord de l’Italie (Lombardie, importe donc de rester vigilant sur l’expansion Piémont et Emilie-Romagne) au sud de la de cet agent de lutte biologique en Europe. Suisse (Tessin)(Müller-Schärer et al. 2014). Elle se nourrit de certaines espèces de la famille des Astéracées, et notamment d’Ambrosia artemisifolia, une plante exotique envahissante. Dans des conditions de laboratoire, O. communa peut compléter son cycle sur tournesol. Bien que son introduction délibérée sur le territoire soit réglementée par le Décret du 30 janvier 2012 sur les macroorganismes, O. communa peut entrer en France par dissémination naturelle ou avec assistance humaine. Cette chrysomèle pourrait être bénéfique en limitant les populations d’ambroisie à feuille d'armoise (qui engendrent des pertes de rendements sur O. communa : adulte/adult certaines cultures de printemps et émettent (4/5 mm) (Photo : Anses/LSV) un pollen très allergisant). Toutefois, étant Anthonomus eugenii Cano (Coleoptera : Curculionidae) en Italie. En novembre 2013, l’Italie a signalé la présence d’Anthomonus eugenii (Liste A1 de l’OEPP) dans la région du Lazio sur des cultures de Capsicum annuum (poivron, piment) sous serre (0,3 ha) et au champ (0,5 ha). Ce charançon, originaire d’Amérique du Nord et Centrale, avait été signalé pour la première fois en Europe en juillet 2012 sur des cultures de C. annuum sous serre aux Pays-Bas. Il est également signalé sur piment de Cayenne et aubergine. Les larves s'alimentent à l'intérieur des bourgeons et des fruits, provoquant leur chute prématurée. Une sensibilisation de la profession ainsi qu’une vigilance sur les cultures de poivron, piment et aubergine ont été recommandées. Il est à noter que des discussions sont en cours au niveau européen pour réglementer cet organisme. Rhagoletis suavis (Loew) (Diptera : Tephritidae) en Allemagne. L’Allemagne a informé l’OEPP du premier signalement de Rhagoletis suavis en 2013 dans la région du Brandebourg. Ce diptère nord américain de la famille des Tephritidae (mouches des fruits) est très proche de Rhagoletis completa et s’attaque comme lui aux noyers (Juglans nigra, J. cinerea, J. regia et J. sieboldiana). Ces deux espèces sont inscrites sur la liste IAI de la directive 2000-29 du 08-052000 (Tephritidae non européens). Rhagoletis completa et R. suavis sont très proches morphologiquement. Il y a risque de confusion entre ces deux espèces. R. completa faisant l’objet d’un arrêté de lutte en France (Arrêté du 5 juin 2009), il a été souhaité que les responsables des réseaux de surveillance et de lutte soient informés du risque de confusion. Thaumastocoris peregrinus Carpintero & Dellapé (Hemiptera : Thaumastocoridae) en Italie Trouvée pour la première fois en Europe dans le Latium en Italie fin 2011 (Laudania et Sasso, 2012). Cette punaise invasive en dehors de son aire d’origine (Australie) a déjà colonisé l’Amérique du Sud et l’Afrique du Sud où elle provoque des dégâts sur Eucalyptus pouvant aller jusqu’à la mort des arbres. Un suivi de l’évolution de la distribution de l’insecte en Italie et une surveillance des eucalyptus en France métropolitaine a été conseillé. Cette espèce fait partie du cortège des insectes invasifs originaires d’Australie lié au commerce des eucalyptus (Cf. les Phoracantha spp. ou les nombreux psylles récemment introduits en Europe). Les eucalyptus d’ornements pourraient être affectés tout comme les zones de productions de pâte à papier de la vallée de la Garonne ou des Landes. Hishimonus hamatus Kuoh (Hemiptera : Cicadellidae) en Slovénie. En 2013, la Slovénie a signalé la présence sur vection évaluées. L’impact direct sur ses sa frontière avec l’Italie d’une cicadelle plantes-hôtes en Europe reste inconnu à ce originaire d’Asie (présente de la Chine au jour. Japon en incluant les Corées) (Seljak, 2013). C’est le premier signalement de cette espèce en dehors de son aire d’origine. En Slovénie, elle a été récoltée sur de nombreux arbustes d’ornement (Ligustrum, Lagerstroemia, Euonymus, Cupresssus, Thuya). Le genre comprend des espèces connues pour transmettre des maladies à phytoplasmes (Cf. H. phycitis et le lime witches broom phytoplasma ou H. sellatus et jujube witches broom, mulberry dwarf phytoplasma). Devant I. hamatus : adulte/adult (photo G. Seiljak) la recrudescence de telles maladies, toute introduction d’un insecte potentiellement vecteur doit être surveillée et ses capacités de Delottococcus aberiae (DeLotto) (Hemiptera : Pseudococcidae) en Espagne. Fin 2013, l’université polytechnique de Valencia a publié un article sur une nouvelle cochenille invasive pour l’Europe (découverte en Espagne en 2009) (Beltra et al. 2013). Cette cochenille est originaire de la partie sud du continent africain (du Kenya à l’Afrique du sud). Elle est polyphage et signalée nuisible sur caféier, goyavier, olivier et poirier. Dans son aire d’origine, elle n’est pas nuisible sur citrus. Par contre en Espagne elle provoque des déformations des jeunes fruits sur clémentinier. Elle est par ailleurs réglementée par l’Israël, la Corée du sud et les USA. Son introduction en France pourrait être préjudiciable en Corse, importante zone de production d’agrumes. Une vigilance sur les cochenilles du verger Corse a été recommandée. Amaranthus palmeri S.Wats. (Amaranthaceae) en Espagne. Première détection en Espagne (Lleida, Catalogne) en culture de maïs dans une zone de traitement de semences introduites (soja, maïs), A. palmeri est désormais en bordure et à l’intérieur de deux parcelles de maïs et se répand le long des voies de communication (Recasens & Conesa, 2011). L’espèce a déjà été observée en France mais non revue depuis les années 1950. Elle est en revanche naturalisée et très envahissante dans les cultures maraîchères en Israël. A. palmeri peut atteindre 2 mètres de haut et un seul individu peut produire 600 000 graines. Elle est potentiellement problématique dans les systèmes utilisant à répétition du glyphosate (vignes, vergers) : elle a en effet développé des populations résistantes à cet herbicide. Elle est ainsi devenue l’une des principales mauvaises herbes dans les cultures OGM de maïs et de soja aux Etats-Unis où les populations résistantes couvrent déjà 28 Etats et plusieurs centaines de milliers d’hectares. Elle a fait à ce titre l’objet d’une médiatisation importante en lien avec les cultures OGMs. 4. Signalements dans certains pays voisins des DOM Crypticerya multicicatrices Kondo & Unruh (Hemiptera : Monophlebidae) invasif dans la Caraïbe. Depuis 2010, l’archipel de San Andrés (îles citrus, et à de nombreuses cultures colombiennes au large du Nicaragua) est légumières et ornementales. envahi par une cochenille Crypticerya multicicatrices (Kondo et al. 2012). Cette espèce est originaire de Colombie métropolitaine où elle n’a jamais provoqué de dégâts. Dans les îles, elle génère pourtant des dégâts jugés considérables par les autorités, à la fois sur des productions agricoles, ornementales et dans le milieu naturel. Si une espèce voisine, Crypticerya genistae introduite en Guadeloupe au début des années 2000, ne C. multicicatrices : femelle adultes et larves semble pas avoir posé de problème, l’arrivée /adult females and larvae (photo T. Kondo) éventuelle de C. multicicatrices au vu de la situation à San Andrés, pourrait nuire aux productions d’avocats, bananes, mangues, À noter que d’autres unités du LSV émettent des fiches d’alerte et de signalement, comme par exemple l’unité des ravageurs et pathogènes des plantes tropicales de Saint-Pierre de la Réunion. En 2013, cette unité a signalé la présence de Tephritidae appartenant au complexe Bactrocera dorsalis sur l’île Maurice. CONCLUSION Depuis 2011, 27 fiches d’alerte et de signalement ont été produites par le LSV, unité d’entomologie et plantes invasives, concernant 21 espèces d’insectes et 6 espèces de plantes. Les insectes appartiennent à des ordres bien connus pour contenir des ravageurs des cultures : 10 Hemiptera, 7 Coleoptera, 3 Diptera et 1 Lepidoptera. Pour les 6 plantes, il s’agit de nouveaux signalements ou d’extension d’aires de distribution. Pour les insectes menaçant la France métropolitaine, 10 espèces sont originaires d’Asie, 3 d’Amérique du Nord, 1 d’Afrique et 1 d’Australie. L’Île de la Réunion est uniquement concernée par des espèces d’origine asiatique. Les Antilles sont intéressées par une espèce originaire d’Asie et par une espèce néotropicale en cours d’extension. Le signalement à Mayotte relève du développement sur l’île d’une espèce africaine en cours d’extension. En métropole, pour les plantes, les espèces concernées sont surtout américaines (2 néarctiques et 2 néotropicales), une seule provient d’Asie. Ces fiches d’alerte et de signalement, permettent aux gestionnaires du risque d’être rapidement informés des nouveaux risques phytosanitaires pour la santé des plantes. Ainsi, des actions adaptées peuvent être prises par le ministère en charge de l’agriculture, soit : Saisir l’Anses pour approfondir le niveau de risque (Evaluation du risque simplifiée [ERS], Analyse du risque phytosanitaire [ARP], …) Mettre en place des plans officiels de surveillance ou de contrôle par l’intermédiaire des Services Régionaux de l’Alimentation (SRAL) Préparer des plans d’éradication ou de confinement en anticipation du risque. BIBLIOGRAPHIE Beltra A., Garcia Mari F., Soto A., 2013. El cotonet de Valls, Delottococcus aberiae, nueva plaga ? de los cítricos. Levante Agricola, 4, 1, 5. Calot H., Brua C., 2013. Halyomorpha halys (Stal, 1855), la punaise diabolique, nouvelle espèce pour la faune de France (Heteroptera, Pentatomidae). L’Entomologiste, 69, 2, 69-71. Garonna A. P., Nugnes F., Espinosa B., Griffo R., Benchi D., 2013. Aromia bungii, a new Asian worm found in Campania. Informatore Agrario, 69(1), 60-62. Jucker C., Tantardini A., Colombo M., 2006. 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